Full text of "Annales"
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ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ ACADÉMIOUE.
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ANNALES
DE L4
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE
DE NANTES
BT DU
DfiPARTElINT DK LA LOIRI-INFÉRIEURB.
TOME XXI.
TOME 1.*' DE LA TKOÏSIÊAIE SÉRIE.
IMPRIMERIE DE M.-« V.« CAMILLE MELLINET,
lapriineaT de li Soeiéti AciMniqur.
1850.
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Acy6c
ANNALES
DE LÀ SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
SwffièmefM au i^oc^verM de to itefioe. du S Hnmkrt
1849.
DISCOCBS D'iNStÀLLlTlOIf ET JD'àDIEDX BE V. EUGÈNE
LAMBERT « PBÉSIDENT DE Ll SOCIÉTÉ ACIDÉMIQVE
DE LA LOIBE-IHFÉBIEURE.
Messibveb ,
Dans toute autre position que celle qui m'est faite , |)ar
mon élévation, dans la hiérarchie judiciaire, au siège de
conseiller à la Cour d'appel de Rennes , je n'aurais eu à
vous adresser aujourd'hui que Texpressbn d'une reconnais-
sance sans bornes et d'une satisfaction sans mélange. Pour-
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— 6 —
quoi fiiutnl « mes cbers collègues , que ce qui agrandit ma
carrière de magistrat soit en même temps la source de
bien yik et bien profonds regrets. Pourquoi faut-il que je
ne vienne prendre possession du fauteuil de président au-
quel vos suffrages jont biep voulu m*app^er , que pour le
quitter aussitôt et* vous invitera le eonler à Tun de nos
collègues plus heureux que moi. C*est qu'il ne saurait ja-
mais y avoir pour l'homme de satisfaction complète. —
DaQs la ^fUbtt des idées, comme daiis le eérclb cfes alTec-
tioDS ou des sentiments , labsolu n'est pas de ce monde.
Je le regrette d'autant plus , Messieurs , que je croyais
comprendre , à ma manière , la mission attachée à la pré-
sidence de la Société Académique ; et tous mes efforts eus-
sent tendu à lui maintenir .sou rôle, à la fois acientiiiyue et
littéraire , à la faire persévérer dans la voie de fusion , de
protectorat artistique , et de travail en commun qu'elle a
déjà entreprise, et surtout à sauver son avenir du décou-
ragement ou plutôt de riudifférence à laquelle se sont
laissé entraîner une ou deux de ses sections.
Ce n'est pas, en définitive, pour rester chez soi, les
jours de réunion générale ou de réunion partielle des sec-
tions; ce n'est pas pour s abstenir de tout travail^ de toute
communication intellectuelle avec ses collègues, qu'on
s'est fiiit recevoir à la Société Académique. — Noblesse
oblige , selon un vieil adage féodal qu'appliquait si ingé-
nieusement H. Foulon à l'un de nos poètes qui , par cela
seul qu'il publiait des poésies , prenait , selon lui , l'obli-
gation, bien remplie d'ailleurs, de revêtir des pensées
élevées d'une forme par excellence.
Messieurs , il est un mot fatal qu'il fi^t prononcer toutes
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les fois qu*on veut explk|aer le mal qui afflige nôtre épo-
que et leà signes d'effaiUissement moral qui frappent tous
les yeux. C*esl le mol : InêivldualiBme. Égoiime serait
plus juste et mieux compris* Sous sa dissolvante influence,
les droits et les devoirs perdent leur équilibre , le faisceau
des doctrines se divise, et le flot des idées générales s'é-
puise sans rien lëconder dans le$ canaux trop multipliés
des théories personnelles.
Heureusement, chaque époque aussi porte en etle-
raéme un principe de sauvegarde, et dans votre organisa-
tion , dans votre existence qui date de plus de cinquante
années , je trouve un autre mot consolateur et qui remplit
toutTavenir, c'est oelut d'association , car il représente le
principe le plus fécond et le plus salirtaire pour Torga-
nisationet la perfectibilité des sociétés humaines.
Les entreprises isolées, les travaux individuels ne sau-
raient suffire à une situation pareille , et pour la part qu'il
nous est donné de prendre à son amélioration , il est cer-*
tain que si elles n'existeiênt pas déjà , la création des So<-
ciétés académiques , ces associatioi» désintéresuées de tra-
vailleurs lîuéraires et scientifiques, serait une précieuse
conquête sur le fractionnement intellectuel du temps où
MOUS vivons, et sur cet individualisme fiital qui aCEnbUt en
les divisant les forces ntales du pays , car il laisse flotter
au hasard les liens brisée des idées et des croyances, saas
puissance pour les rattacher entre elles, sans une main
qui las rassemble, un nœud qui les concentre
Chacun s isole dan^ son cabinet d'étude et de travail ,
l'habite avec sa seule pensée et en fiiit le centra du monde
inteUectueL — Chactm a sa tliéorie piiilosophtque , son
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sysâème littéraire /son utopife politique; ~ On invdnte
UD9 religion , comme si une révélfttioii ptovideatieUe pou-^
vwt tomber et s'égarer sur le front isolé d'ua orgueîUeua^;
— on (srée «ne forme noovdie de sociobilité , sans tenilr
compte ni des traditions ni des mœurs ^ ni des Uens sa-
crés de la &miUe , ni des sentiments religieux des mas^
ses : — Chacun apporte pour uti écfifiee idéal urn pieroe
qu'il a taillée à sa manière , qu'il a choisie sans contrôle
et ^'il adapte sans ciment : -^ Ce n'est plus comme aux
temps bibliques la confusion des biagues , c'est celle des
doctrines et des idéea; c'est .tottjours. la tour dcBabel^
Eh bien , Messieurs , fortifier et perfectionner des as--
soeiatioDS telles que la n6tre , n'est^œ pas créer , pour
tous les hommes de savoir et d'étude d'une même con^
trée , et qui devraient avoir k direction de l'opinion dans
les grands centres de populatién , robligatîoii de. cher-
cher à détruite cette diffusion d'idées, ce oonflit étraage
de doctrines , cet essor despotique des intérêts , ce dé**
cousu de vœux et de sentiments qu'on ne saurait tropdéplo^
rer 7 — N'est-ce pas appeler un eoncours de volontés vers
un même but qui, à défaut de gloire , a du moins son
utilité^ et ramener avec la tempe une déâirable fusion
des principes, les meilleurs, par une sorte de travail d'as-
simihition qui enrichit tout le naonde sans appawrir per-
sonne.— L'idée ainsi, marclie plus souveraine et iitt son
oeuvre plus grande; et lorsqu'elle se mêle à une autre
idée, c'est pour la féconder si elle a de Taveair , ou pour,
la rectifier dans ce qu'éite a de systématique et de trop
absolu : les angles trop saillants s'effacebt ; les théories se
pUent à la possibilité de leur réalisation ; et o*est ainsi
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qu'avec de la foi dans la miaiiefi qai leur est donnée , et
de la perséféranoe dans leurs travaux , les Sooiétés Aea-
démique» de la pvovince peuvent acquérir assee d'imtorité
morale pour donnetr aut esprits une même impirtsion, aux
âmes une mônse espéi^ance.
Et savez vous , Messieurs , quels sont ii;s éléments de
cet heureux résultat ? — Ooi ^ sans doute, puisque vous les
possédez. — Ce sont les sciences , les lettres et les arts
qu'il &ttt aiaier et cultiver, non'^seulettient poor enx«-
mènes^mais pour les jouissances qu'ils prooorentet Ta*
paMement qu'ils apportent à une époque aussi lounnentée
que la nôtre, — L'art ^ la anience) la poésie ne sont pas
seulement des questions d'orgueil national et d'avenir in-
tellectuel, mais d'admirables instruments de bten-^lreet
de moralisation sociale.
Conservez donc, Messieurs, cet admirable terrain neutre
de la science et de Tart sur lequel les partis peuvent en-
core s'entendre et peut*étre opérer leur réconciliation ;
— et que, dans un coin obsbur de cette cité industrieuse et
bruyante , il y ait au moins un sanctuaire calme et in*
spidrateur où les études apécuiatives et le euke de l'art ne
soient pas oomplétemeni abandonnée; où puisée se con-
server , pure et sereine , la foculté d'oublier le bruit dis-
cordant qui se fiiit au dehors , et de s'y réfcgîer contre
l'intoléranoe des partis, leurs puériles exigences et Imt
dédaigneose partialité. -^ Ne .vons laisscts pas envahir par
les passions politiques de notre âge de bruit et de ma-
térialisme brutal : vous d€( vous appartiendriee phis à vous-
mêmes, et ne seriez phls amttres de votre route, déjà si tonguo
et chaque jour mieux éclairée; oar> po«lr guétirnos bles-
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sures sociales , il fout l'idée qui coneenire, plutôt que l'ac-
tion qui divise ; le chant qui calme et endort les passions,
plutôt que le cri qui les irrite et les aigrit* — Quand vous
serez seulement trois réunis , disait le Christ aux Apôtres ,
comptez que j'y serai avec vous ; eb bien , réunissez trois
lK»nmes sur le terrain de l'art et de la science , et vous
verrez naître aussitôt l'élément de sympathie, la corde har-
monique ; et s'ils sont inconnus les uns aux autres , ils
se reconnaîtront aussitôt pour des frères, appartenant à la
même origine. -^ Mais jetez au milieu de ces mêmes faom*
mes une des questions sociales et politiqaes du mo*
ment, et sur trois, il surgira tout-àcoup deux ennemie ir-
réconciliables. — Oui , si TÀrioste composait aujourd'hui
son admirable poème , ce n'est plus l'amour , c'est la po-
litique qu'il jetterait avec la discorde dans le camp d'A*
gramaut.
Vous commissez, Messieurs, ma prédilection pour les
études littéraires dont la poésie est l'objet; vous les avez
quelquefois encouragées ; — eh bien ! permettez-moi ,
quand je vous parle pour la dernière fois , de recom-
mander encore cet élément supérieur de la pensée bu*
maine à vos méditations , abstraction foite de telle ou
telle forme.
11 est bien phisfiicile de direceque n'est pas la poésie, que
de la définir complètement; cela se sait plutôt que cela ne
s'exprime : n'est-il pas en chaque chose un élément intime,
profond, générateur t précieux et nécessaire à sa oonser-
vation : c'est dans la nature une perspective choisie , dans
la plante une essence , dans le cûMir de l'homme un s^tt>*
ment inné, qui le porte sans cesse à sortir de lui-^mème ,
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- H ^
et lui ùÀi eqpérer une eiisUnee meilleure «t plu» pure que
celle-ci ; comme il est dans chaque siècle uu monument
plus digne de lui marquer sa place ^ dans chaque histoire
une page plus merveilleuse, promise à la postérité; et
dans les arts enfin, un plus sublime eflbrt, une forme plus
idéale qui saisissent tout d*abord , notre àme a^^ant l'aver-
tissement extérieur des sens — eh bien, c*e9l là la poésie I
C'est l'essence même des choses , c'est Texpression de
tout ce qui se dég^e pour remonter : Fàme du corps , la
flamme du foyer , le parfum de la fleur , Tencens des autds,
la prière à la fin du jour; — c'est ce qui plane sur toute
chose pour la colorer d'une auréole et lui donner le soufSe
de la vie. — Idiome intermédiaire entre Thomme et Dieu!
langage entendu de tous deux.
Comment se &it-il donc, Messieurs, que ce grand mot
de poésie I ainsi compris, ne soulève autour de nous que
dérision , indifférence et mépris, lorsque c'est peut-être la
seule chose de notre époque qui lui devra de fixer l'atteu*
tion de la postérité ! -^ C'est qu'aujourd'hui la Bourse est
le seul temple où se presse encore la foule, que les intérêts
ont remplacé les principes, que le fait l'emporte sur l'idée,
les affaires sur les sentiments, les droits sur les devoirs et
I activité du corps sur la méditation de l'esprit. --r Oh!
malheur à nous alors, car le matérialisme des faits conduit
naturellement au matérialisme des idées; et de là vient ce
dédain du plus grand nombre pour toute pensée qui s'é-
lève, pour toute inspiration qui remonte, pour tout fî'ont
qui rayonne , pour tout œil où brille une espérance. —
Comment voulez-vous que l'on crpie au génie ici bas, quand
on ne eroit plus à Dieu là haut? Coaunent voulez-vous qu'on
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ak foi à revenir et à rimmarlÉlHé ât la péhêé« humaine ,
quand la ym habhueiie de chacun et de toAs est la négation
constante de l'àme et de la vie future.
Messieurs, tout, autour de nous, se laisse entraîner dans
ce ftital courant : l'histoire, qui se fiit récote du fetalisme ,
la glorification eu bit accompli ; — la phrloso]^ie que le
pknthéisine domine et qui'se laisse envaiitr et absorber par
les sectes politiques ; — le drame , qui ne parle qu'ftnx yeux
et ne vient présenter que le jeu de brutales et miitérielfes
pasSHMis; leroman^qui fie sait ménager, en pénétrant la
vie intime de chacun, que des capitulattotis de conscience,
et abaisser vers le mal des pentes plus fletiries ; — * l'art
enfin, presque tout entier, qui se matérialise, stimule la
sensation et néglige Tidéal. — Eh bien, au milieu dé tous
ce8dé8ord?es du domaine de la pensée^ s'il est une chose
qui soit restée pme , digne , élevée , spiritualiste enfiti , c*est'
encore la poésie. — Étudiez-la dlins les grandes œuvres
qu'elle a produites, vous la verrez, à délkut du mondé qui
s'abandonne lui-même, se réfugier dans la nature, tout
animer «n elle , spiriiualiser te création , et l'admettre
sans cesse en tiers dans nos pensées pour les élever à sa
tnmqville majesté, et ta mêler à nos tristesses pour tes
enivrer de ses étemels sourires. -— Elle exprime partout
que les beautés sans nombre, dont la nature e^t remplie,
répondent à nos plus secrètes et intimes impressions, et
qu'elle est feite pour le développement de nos instincts
moraux , bien phis encore que pour la satis&ction de nos
besoins physiques, parce qu'elle parle incessamment à
notre cœur pour en épurer la -flamme , à nos passions
pour calmer le paroxisnrre, à nos souvenirs pour adoucir
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leurs regrets, à nos espérances pour alléger leur ailes.
Théorie ebarmante et <iouee, philosophie consolante et vraie
que cette fusion de nos deux natures pour les purifier Tune
par l'autre , et pour endormir les souffrances de celle qui
est périssable par le dégagement de celle (|ui est éternelle,
lien mystérieux entre nous et la création , lieo brisii trop
souvent par I^ main glacée de ce sceptre myope et 90urd
ifïon appelle le scepticisme, par le souffle desséchant de
la philosophie de l'esprit , mais rattaché puissaminent par
la philosophie du cœur , c'est-à-dire par la poésie.
Pardonoe^-moi, mes chers collègues, de m'ètre ainsi
laissé entraîner sur cette pente si attrayante pour moi. —
J*ai bien peur c|Ue vous ne voyez là qu'un artifice ingé-
nieux du langage pour retarder d'autant notre séparation.
— Je ne m'en défend» pfts, ^i je puis vous persuader par
là de quel prix étaient pour moi vos suffrages, et avec
quel sentiment de regret je vais quitter la posiitîen que
vous m'aviez donnée parmi vous. — C'était en effet un
événement pour mot que votre présidence; c'était une
date à ma vie, une signification à mon passage à Nantes.
— Et croyez bien , Messieurs, que si dans toute autre
occasion je n'eusse abordé qu'avec une grande hésitation
les graves et importantes fonctioiis auxqiwAles je ^\m ap-
pelé dans une aovff souveraine, j'aurais, grâce à \q^^
bien moins de défiwce de. moi-cpén^i fMurae.qiie vai«»
venez de me rehausser à in^a propres yeux, et que, dios
toutes les circonstances , je oip^tm tous mes soins à mé-
riter rhonneur d'avoir porté , ne fut-ce qu'on seul jouv*
le titre de votxe Présent*
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— 14 ~
Séance extraordinaire du 19 décembre 1849.
PHÉSIDSIICS DB M. LAMBERT.
La Société procède à Télection d*ua président, en rem-
placement de M. Lambert , démissionnaire.
M. Gély , vice-président, est éla président pour 1850.
M. Grégoire , membre du Comité central , est élu vice-
président, en remplacement de M. Gélj.
M. Vandier est élu membre du Comité central pour la
Section des Lettres, en remplacement de M. Grégoire.
Séance du mercredi 9 janvier 1850.
ntAailKENCS BB M. 6ÉLT.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté
après rectifications.
M. Gély, en prenant place au Bureau , 8*exprîme en ces
termes :
Mbssibubs^
En m*appelant à Thonneur de vous présider, vous
m*avez donné une preuve d'estime et de bienveillance dont
je suis vivement ému et pour laquelle je ne saurais assez
vous exprimer toute ma gratitude. Je ne me dissimule point
combien cette tâche honorable est au-dessus de mes forces,
et j'allais dire en opposition avec les travaux professionnels
qui devraient seuls avoir le droit de me détourner des exi-
gences de la pratique. Mais le témoignage de confiance
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~ 15 —
que vous m*avez donné n'est pas de ceux qu'on décKne,
et si je ne devais pas rainl>itioBn|srf je dois l'accepter, en
y puisant la celitude que votre tudidgente bonté me ser-^
vira d'appui, et me rendra facile les fonctions qu'elle me
confie aujourd'hui. Je dois craindre, Messieurs, que l'Aca-
démie ne trouve point en moi un organe digne d'elle,
surtout quand je me rappelle le nom de ceux qui se sont
succédés à la présidence depuis quelques années. Naguères
encore vous aviez trouvé un brillant interprète, dans If.
Lambert, dont je dois plus qu'un autre regretter l'ab-
sence, car j'espérais profiter de son exemple avant d'a-
border une position pour laquelle il était si naturellement
disposé.
D'intéressants travaux littéraires, consignés dans vos
Annales, Tavaient depuis longtemps désigné à vos suffrages.
Vous savez. Messieurs, quel était le caractère dominant de
ces écrits, quel frais coloris, le talent de notre collègue
savait répandre sur tous les sujets qu'il traitait. Vous avet
ccmservé la mémoire de son compte rendu^oomme secré-
taire général, dans lequel il déploya, malgré l'aridité natu-
relle à un pareil sujet, toutes les ressources d'une riche
inoagination et d*un style fleuri. Il vous a donné une nou-
velle preuve de son talent. Dans cette brillante page, qui
sera entre vous et lui comme un dernier lien, et dans la-
quelle il a tracé avec de si vives couleurs, une conviction
si grande et un si complet suceès, l'utilité et le but de la
poésie au sein d'une société qui s'oublie. Mais ce n'était pas
seulement le littérateur distingué que vous aviez trouvé dans
H. Lambert, c'était encore le collègue afiectùeux, le juris-
consulte éminent, l'ami sûr et dévoué. C'est à tous ces titres
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- 16 -
^M Sun élûignement sem plas vivement senti, et que je
suis Assuré d'être rinterprèie de vos eenitmeats en disant
de lui, ^u*il emporte toute notre estime et nous Imse de
bien sincères regrets.
La Société a reçu :
1.^ Institut des Provinces, et Société française pour la
conservation des monuments hi8toriques. 1849.
2.*' Mémoires de TAcadémie des Sciences, Arts et Belles**
Lettres de Caeo. 1849.
3.^ Procès-verbaux des séances de la Société d'Agrioiil^
ture, Sciences et Arts d'Angers. 1849.
4."* Mémoires de TAcadémie des Sciences, Lettres et
Arts de Lyon, Section des Sciences, 1849, t« 11»
5."" Comptes-rendus et Extraits des procèa«verbaux des
séances de 1* Académie des Sciences, Lettres et Arts de
Lyon. 1849.
6."" Biographie bretonne, par M. Levot; 4/ , 5/ «t 6.*
liv.
7."* Dissertation sur les deux rocs branlants du Nontro-*
nais, par M. Ch. Desmoulins.
Le secrétaire de la Section de Médecine lait connaître
la composition du bureau de cette Section pour Tanoée
1850.
Préddmi^ MM. PiH4if-DiiFfiUj[.AY*
Yke-Présidml, BoaAAir.
SecriUxire^ Db Bostâihi^ de Rivas.
Seerétaire aifoint, Rouxbau.
Trésorier^ Més^m».
Bibliothécaire , Duiouis.
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~ 17 —
Comiié de rridodiM.
MM. Mahot, Mabcé, Héus, titulaires; HiGifiBi) et Gély,
adjoints.
Comité d'administration.
MM. Lb Roux, Magitébo, Mabbschal, Saulart, Mab-
CHAND.
Comité de vaccine.
MM. Habbschal; Saluon père; Mabcé, membre sortant
réélu.
Comité de topographie.
MM. BoRAMT , Allabo ,
Composition du bureau de la Section des Lettres pour
1850:
Président, MM. Hubttb.
Yice-Président j Le baron de Wismbs.
Secrétaire, Talbot.
Secrétaire adjoint j Vaubibb.
M. A. Duplessix demande à échanger son titre de mem-
bre résidant en celui de membre correspondant.
MM. L. Guéraud , Charyau , Légal et Rouillard adres-
sent leur démission de membres de la Société.
M. Simon offre à la Société les deux numéros de sep-
tembre et d'octobre 1849 du bulletin de l'Association
agricole du Sig.
Le même membre lit ensuite une proposition ayant pour
but de modifier la teneur de l'article du règlement de la
Société relatif aux concours. Après la lecture, la propo-
2
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~ 18 —
sition est déposée poor être, soifant l'usage , renvoyée
au Comité ceaUral.
M. Berlin donne communication à la Société d'un in-
téressant travail sur les engrais et l'importance de leur
choix pour assurer l'abondance des récoltes.
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— 20 ~
toujours trouvé leurs premiers germes dans les sociétés sa-
vantes, toujours ils y ont reçu une vigoureuse impulsion.
Aussi , dans toutes les villes où un certain nombre d'hom-
mes studieux se trouvent réunis, rencontre-t-on de ces so-
ciétés au sein desquelles se discutent les questions du
moment, où s'élabore l'histoire des temps passés. Ces
réunions sont surtout profitables aux naturalistes, car, pour
eux , il ne s'agit pas seulement de se communiquer des
travaux écrits, chaque jour ils ont encore à faire l'échange
de quelques échantillons , résultat de l'excursion de la veille
ou de l'envoi d'un correspondant bienveillant. Aussi , ce se-
rait une erreur, si l'on pensait que la Société d'Histoire
naturelle n'existe de fait, que depuis son adjonction à la
Société Académique; il y avait déjà plusieurs années que
les naturalistes de notre ville se réunissaient; mais, il est
vrai, sans avoir de séances régulières. Nous nous rappe-
lons tous encore, avec un plaisir mêlé de reconnaissance,
ce jour de chaque semaine que nous consacrait M. Desvaux.
Avec quelle complaisance ce botaniste éminept mettait à
notre disposition sa vaste érudition , sa riche bibliothèque ,
et ses collections, trésors accumulés par de longues et pé-
nibles recherches.
Mais, lorsque ce savant s éloigna de Nantes, combien
ses disciples se trouvèrent isolés! Ce fut alors que quel-
ques-uns d'entre eux résolurent de fonder une Société d'His-
toire naturelle permanente; et, pour atteindre ce but, ils
firent appel à tous les hommes qui s'occupaient de l'étude
des phénomènes de la nature. Une première réunion eut lieu
dans le cabinet de M. le baron Bertrami-Geslin, notre savant
collègue.
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— 21 —
Quoique cette assemblée fut encore peu nombreuse,
on nomma cependant, afin do régulariser la discussion,
M. Bertrand-Geslin , président, et M. Ducoudray-Bour-
gault, secrétaire. On résolut, tout d'abord, que, dans la
société qu'il s'agissait d'organiser, on ne s'occuperait que
de zoologie, de botanique, de minéralogie et de géologie.
Sur ce point, nulle difficulté. Il n'en fut pas ainsi, lorsque
l'on traita la question financière. Et une longue discussion
n'ayant servi qu'à démontrer qu'une société particulière ne
pouvait marcher avec ses seules ressources, la majorité
arrêta qu'une demande serait adressée à la Société Acadé-
mique de la Loire-Inférieure, afin qu'une section, consa-
crée exclusivement aux sciences naturelles, soit organisée
dans son sein. Seulement, on remit à faire les démarches né-
cessaires, jusqu'au moment où la Société Linnéenne serait
définitivement constituée ; on voulait , par ce moyen, présen-
ter à l'admission un corps organisé, et non des individus
isolés. On nomma donc une conunission composée de MM.
Moriceau, Moride etDelamare, pour préparer un règlement
provisoire. Ces messieurs firent connaître leur travail , dès
la séance suivante, qui eut lieu le 4 janvier 1847. Aucun
obstacle n'existant plus , il fut convenu que le bureau s'oc*
cuperait de faire agréer par la Société Académique l'ad-
jonction dont le vœu avait été émis précédemment.
Bientôt, nous apprîmes que notre requête, admise d'a-
bord par votre Comité central , venait de letre également
par la Société entière, réjunie en assemblée générale,
après, toutefois, l'audition d'un de ses rapports remarqua-
bles, comme sait si bien les faire M. le docteur Gély.
La Société Linnéenne, devenue Section des Sciences
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naturelles , se réunit, pour la première fois, dans le local
de la Société Académique, le 17 février 1847. Dans
cette séance, elle composa ainsi son bureau : M. le baron
Berlrand-Gedia , président ; M. Moriceau, vice-président ;
M. Ducoudray-Bourgault , secrétaire ; M. de Tollenare , se-
crétaire adjoint , et M. Delamare , trésorier-archiviste. Une
commission fut, en outre, désignée pour préparer un règle-
ment dont les articles ne fussent pas en désaccord avec
ceux de la Société-mère. MM. Moriceau, Deiamare, de
Boissy et Ducoudray-Bourgault furent chargés de ce travail.
Pendant cette môme réunion , plusieurs anciens membres
de TAcadémie annoncèrent qu'ils viendraient partager les
études de la Section.
Cette première année fut, en grande partie, consacrée
à la discussion des règlements. Cependant, nous lûmes à
la Section un mémoire sur les annes et défenses des ani-
maux, et M. Pradal fit hommage de la série complète des
graminées et des cypéracées de la Loire-Inférieure , col-
lection préparée avec le plus grand soin. M. Ducoudray-
Bourgault communiqua la liste d'un certain nombre de
végétaux découverts, pour la première fois , dans notre
département , ou du moins qui n'y avaient été trouvés ,
jusqu'à cette époque, que rarement. Nous rappellerons,
entre autres : VOrchis chlorantha custor , VBesperis ma-
IronaliSj Lin., et YAvena pubescens, Lin., recueillies dans
les environs du Fallet ; puis les Carex sîrigosa, Huds. , et
Maxima > Scop. , ainsi que six beaux échantillons du Se-
rapias iriloba viviani ! de la forêt de Toavois ou de ses
alentours.
Le 20 décembre 1847 , la Section procéda au reilou-
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vellement de soir bureau , qui se trouva akiri eonstitué ;
HH. Moriceau, présideot; Dneoudniy-Bourgault , vice-
président; Delaœare, secrétaipe; de Rostaing de Rivas,
secrétaire adjoint, et de Tolienare, trésorier-archiviste.
Dans le courant de Tannée où Ton veneiit d'entrer, les es-
prits furent beaucoup plus pt éoecupés de la lutte , chaque
jour renaissante, de la civilisation contre la barbarie , que
de travaux académiques^ Aussi n'avoos^nous à vous vap^
peler qu*un seul mémoire, celui de M. l'abbé Delaiande,
intitulé : Première excur$i0H boianique à. Poitiers ^ dans la
CharenU-Jnfériêure et aux SaUeê-d'Ohnne^ en septfembre
1847.
Telle est, Messieurs, rhisloire semaiaire de Torgaiiisa-
tion de la Section des Sciences naturelles et le titre des
différents travaux qui y ont ont été lus avant i'aanée iS49.
Aucun rapport ne vous ayant été fait, à ce sujet, jusqu'à
cette époque, nous avons cru devoir commencer par cet
exposé, avant de voi» entretenir des travaux de Tannée
qui vient de s'écouler.
Dans la séance du 18 décembre 1848 , les suffrages de
la Section pwtèrent au bureau : MM. Duooudray-Bour*
gault, président; Delamare, vioe*président ; de Aostaing
de Rivas, secrétaire; Delalande , secrétaire adjoint; el Pra-
daU trésorier.
M. Fr. Cailliaud, auquel la seience est déjà redevable
de plusieurs mémoinesremarqwbies, nous a lu nBeNotkê
sur le genre ClausUie, de la cUme des moUtéê^ues 7ra-
chaudes Phytophages (herbwêres)^ de ta fasmUe des
CoUmaeiSi Le nom de ClausHie, nous i^ipraid M» Cail-
liaud, fut d'abord signifioatîf; on l'appliqua à des coquiUks
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dont rouvertare, à une certaine profondenr de son en-
trée, est fermée par une pièce particnlière.
En 1825, M. de Blainville ne citait, dans ce genre,
quedouae espèces seul^nent, et aujourd'hui on en compte
plus de 150, Plusieurs naturalistes ayant bit connattre
Textérieur de ces singulières coquilles , Fauteur que nous
analysons a surtout eu pour but de décrire le clausilium ,
pièce iutérieure fort peu connue, et qu'il regarde comme
un caractère constant. Aussi pense-t-il que toutes les co-
quilles qui ne sont pas pourvues de cette pièce opercu-
laire, doivent être retirées du genre. M. Cailliaud a encore
observé que Tanimal ne construit cet appareil , ainsi que
les Jamelles et les dents qui obstruent son ouverture , que
lorsqu'il a complété sa coquille , et que , jusqu'à cette
époque, il reste dépourvu de ses moyens de défense.
Notre savant collègue ne se borne pas aux descriptions
anatomiques , entrant dans le domaine de la physiologie ,
il signale ce iait , jusqu'à lui inconnu , que les Clausilies
sont vivipares : « Les petits , dit-il , rejeté? vivants par la
Clausilie minime , et dès la naissance pourvus de co-
quille, ont une taille telle , qu'ils ne peuvent être recon-
nus qu'au microscope. » Cette nouvelle notice renferme
des observations du plus haut intérêt ; aussi , nous n'en
doutons pas, viendra-t-elle bientôt se placer dans l'opinion
dés conchyliologistes, auprès des mémoires si populaires
dans la science , et que M. Cailliaud a publiés, sur les
genres Éihérie, CkmigeUe et Gastrochène.
En terminant le récit de sa Première excursion bota-
nique dans la Charente-Inférieure, M. l'abbé Delalande
nous avait annoncé un second voyage dans les mêmes
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contrées. II a, en effet, tenu sa parole, en nous commu-
niquant, cette année , de charmants souvenirs , ayant pour
titre : Une seconde excursitm botanique dans la Charente-
Inférieure^ en août et septembre 1848. Notre excellent col-
lègue qui, comme il le dit lui-même, n'd jamais pu com-
prendre l'avarice dans aucun cas, encore moins en histoire
naturelle , ne se contente pas d'enrichir les collections de
ses amis du fruit de ses explorations , il veut encore les
initier à ses émotions de touriste naturaliste; et, disons-le
de suite, ce but, il Ta parfaitement atteint dans le travail
dont nous allons vous entretenir. Tout en s'étendant
sur les productions naturelles des localités qu'il par-
court , M. Delalande ne dédaigne pas de parler des mœurs
des habitants , des monuments remarquables qu'il trouve
sur sa route , ou des faits historiques qui s'y sont passés.
Le i 6 août 1847, il arrive à la Rochelle , et, dès le
lendemain, il commence ses explorations ; mais bientôt il
quitte cette ville pour retourner dans ce bois de Surgères
d*oû, l'année précédente, il nous a rapporté une si abon-
dante récolte. Le 22 , il fit une course dans les bois de
Vandré , mais sans grands résultats. Puis, après avoir tra-
versé la Charente, à Soubise, il se trouve bientôt devant
Brouage , patrie du célèbre Champlain, fondateur et pre-
mier gouverneur de Québec. Cette petite ville, d'une
grande insalubrité, est aujourd'hui déserte. Quittant enfin
ce triste pays, il traverse , par mille circuits, les Maraù-
GaU, recueillant toujoura plantes et animaux , et arrive
dans Marennes, si renonmiéepar ses huttres vertes, dont
le oommerce y est évalué à plus d'un million de francs
chaque année. 11 s'embarque ensuite , à la pointe du Gha-
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pufi, pour passer dans riIe-d'Okron. Le S septembre, il
retourne à Rocbefort, et après avoir exploré les bois si-
tués entre Nancraset Sabianceaux, il arrive, le 12, à
Saintes. Après être retourné à Surgères, et quoique les
vacances fussent sur le point de finir, il voulut cependant
encore parcourir File Ré. Quelques rapides que furent ces
excursions, elles permirent cependant à M. Delalaude d'a-
jouter à la Flore du département de la Charente-Inférieure»
un grand nombre de plantes qui avaient encore échappé
aux botanistes de la localité. Il trouva , de plus , le ser-
pent d'Ësculape à Nancras, et, à Surgères, deux iqdividus
de la couleur glaucoïde.
La seconde communication que M. Tabbé Delalande ait
faite à la Section, est une Notice mr l'Ue d'Hmtai {Mor-
bihan) , et sur son histoire wUwéUe^ — Une chaloupe de
Houatais devait mettre à la voile et rentrer dans le port
dllouat, de cette ile située
Sous ua ciel rigoorsuz.
An «ein des flots impétaeux ,
rioa loin de l'Armorique j^ge.
Notre zélé collègue ne pouvait laisser échapper une aussi
bonue occasion de visiter une localité, dans laquelle le
PQncrBiium mariiimum et le Crufnbem^iUma^ poussent
en abondance. La traversée fut longue; le vent étant très*
faible, il fallut treize heures pour franchir la dÂstance qui
sépare le Palais de Houat. Mais déjà le curé, à laide de
sa longue-vue , avait reconnu Téquipage et aperçu 1 étran-
ger auquel il offrit la plus cordiale hospitalité , et qu'il
voulut accompagner dans toutes ses courses , pendant le
séjour sur son territoire.
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Houat , &it partie de cette ligne granitique de rochers
et derécife <foi, de la pointe de Quibéron, s*étend jus-
qu'aux Grands et Petits Cardinaux. Dans cette île , ne se
trouve pas un seul arbre; les hommes né connaissent que
leurs bateaux et la pêche ; aux femnles seules est abandon-
née la culture des terres , le soin à donner aux bestiaux ;
ce bienheureux pays ne connaît pas le crime , aussi n'y
fait-on ûBâge ni de verroux ni de serrures. Le bourg est
CMDposé d'une cinquantaine de pauvres chaumières.
De cette étrange résidence
Le curé ^ saiu trop d^embarras,
exerce tout^à-la foisles fonctions de maire, de syndic des
gens de mer, de capitaine de port, de notaire et déjuge
de paix» De tous les côtés de son tle , on vient Ini deman-
der des cDOseils pour soigner bêles et gens. Malgré le
cumul de tant de fonctions, il est vrai, non rétribuées,
M. Deklande fait observer que la cure de Houat est peu re-
cherdiée. Nous citerouB, entre autres plantes, découvertes
par notre collègue dane cette localité : Air^x litîoraKs L.,
LoxHUÊta arb^ea I., Damus carola, tar. tMriiima,
MeOcago marina et i(rtcM> olhanîhus maritimusj etc.
Il nous reste à vous rendre compte d*nn dernier travail
de M. Delalaude, intitulé : Nolit^e biographiqtJLe sur M. Jean
Bwmipdj huksmr^^audienoiér prii le îrUMnàl dvU de
Natdes^ et botanitèe. Pour ce mémoire, Fauteur s'est
grandement aidé des souvenirs de M. Renou, avocat ac*
tuelleàient à Caen et, lui-même, botauistç distingué.
Toaihoame utile sent qu'il a le droit d'occaperunepfaice
parmi ses semblables ; el quelque petite qu'on la sup-
pose, ^ur peu qu'il soit juste, il en sera satisfait, car
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elle est son ouvrage. C'est ainsi que les jalousies s'éteignent
par le travail , et que, malgré Tinégalité des parts , la con-
corde se forme entre les citoyens. Oui , la première récom
pense du travail, ce n'est pas la nourriture, c'est la paix ,
le contentement, la vertu. Tel fut toujours, Messieurs, le
sentiment de Jean Bornigal, né à la Bénate, commune de
la Loire-Inférieure, le 2 mai 1785. Cet homme de bien a
exercé pendant près de 36 ans, conmie huissier-audiencier
près le tribunal civil de Nantes , et, pendant cette longue
carrière, il a su acquérir et conserver une réputation sans
tache. Le temps que n'exigeait pas les devoirs de sa pro-
fession , il le donnait à Tétude de la botanique et surtout à
la partie cryptogamique. Ce fut un des premiers qui, dans
ce département, donna l'impulsion à cette science, encore
si obscure. Quelle reconnaissance ne devons nous pas avoir
à ces hommes savants et modestes nommés Hectot , Pes-
neau » Bornigal qui , traversant les orages révolutionnaires,
transmirent à notre génération les traditions botaniques,
qu'eux mêmes avaient reçues du docteur Bonamy, dont
les travaux avaient ouvert la carrière, et qui avait ensei-
gné la science des^plantes, à Nantes , pendant 45 ans, sans
jamais avoir reçu dédommagements ou récompenses.
Retracer lalvie de Bornigal , énumérer ses utiles travaux,
c'était foire acte de justice. Aussi la Section des Sciences
naturelles, voulant s'y associer, a-t-elle raaaercié vive-
ment H. Delalande d'avoir été , en cette circonstance , l'é-
diteur de ses propres sentiments.
Dans des notes recueillies pendant un txqfdgre fàU en
France et en Algérie j autnois dCaaût 1847 , H. Auge de
Lassus nous a donné de' curieux détails sur l'histoire na-
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torellede notre colonie africaine, et sur quelques-uns des
établissements qne le gouvernement français y a fondés.
Pendant son excursion , notre collègue a eu occasion de
voir la carte d'Algérie, travail immense et qui avance ce-
pendant rapidement , sous la savante direction du colonel
de Rorières. A Staouêll, il a visité les trappistes : ces pion-
niers chrétiens ont dans ce lieu un établissement qui,
précédé par une allée et un faisceau de trois palmiers ,
est composé d'édifices dont la propreté est le seul orne-
ment. Le gouvernement donne à ces religieux des secours
en bestiaux , semailles , etc. ; non sans exciter la jalousie
des colons. A Médéah, il put parcourir le jardin d'accli-
maCation , que l'administration fait cultiver par les troupes ;
les soldats laboureurs qu'il y rencontra , lui offrirent plu-
sieurs beaux échantillons botaniques. Cet établissement ,
parfaitement entretenu et arrosé par des sources nom-
brenses, est précieux pour le pays. M. Auge de Lassus, à
son retour à Alger, fut visiter le jardin d*essai, situé entre
la route et la mer, à une demi-lieue environ de Musta-
pha. Pour cette belle institution , le gouvernement a fait
les plus grands sacrifices; elle est aujourd'hui la pépinière
des colons. Des rigoles en pierre font circuler dans le jar-
din de nombreux cours d'eau , et un de ses cdtés est orné
par une allée de Casuarina. Un emplacement considérable
est réservé aux Cactus Nopals^ qui réussissent très-bien, et
sont couverts de cochenilles de bonne qualité ; enfin , un
grand nombre de carrés contiennent des arbres fruitiers.
Vous vous rappelez tous , Messieurs , le prix élevé que les
céréales atteignirent, pendant le cours de Tannée 1846.
Alors, certains commerçants, pour lesquels tout lucre est
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bon, même quand il est prélevé sur la santé des popula^-
tions, ne craignirent pas de se livrer à des fraudea criminel-
les. Les administrateurs en appelèrent à la scianœ, pour
découvrir ces mélanges funestes. Â cette époque, M. Pra-
dal fit des observations microscopiques sur lee différentes
farines livrées au commerce , sur le pain qœ ces fiurioe9 pro-
duisent. Le résumé de ce travail, ai éminemment philan-
thropique, il Ta (ait connaître à votre Section des Scien-
ces naturelles, sous le titre de: Import(mc€ d$$ Mudês
cryptogamiques. 11 constata tout d*abord que chaque espèce
de farine donne naissance à un champignon particulier;
ainsi, dans le pain fabriqué avec la farine da mais, il re-
connut Y oïdium aureum ; dans celui fait avec uo mélavge de
farine de froment et de fëverolles , il aperçut un petit agaric
mêlé au mucor sphasrocephalus. Une seule fois, sur un
pain de munition qui, à un aspect dégoûtant , joignait un
goût détestable, il constata, en outre des trois produotions
végétales dont nous venons de parler, le ^f$rotrioum omê^
reum, A cet intéressant mémoire, M. le docteur Mallierbe
a joint un charmant dessin représentant, avee la plus
grande exactitude, les champignons qui y sont décrite.
Les membres de la Section ne veulent pas se borner k
des lectures, ils veulent encore réunir dans le local de la
Société Académique tous les végétaux du département de
la Loire-Inférieure; et mén^e, c^te collection terminée,
travailler à un herbier général. Une oonunission a été nom-
mée, afin d'étudier ce projet, et M. Ducoiidray-Boarg«ult a
fait connaître les bases qu'elle propose povr son exécu-
tion.
Messieurs, vous pouvez voir, d*aprè$ U résumé que nous
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venons de vous lire, que votre Section des Sciences natu-
relles se livre enfin à cette activité intellectuelle qui est
Tâme des sociétés. L'études des êtres créés étant Tunique
objet proposé à son assidue contemplation , nous avons lieu
d*espérer qu'elle s'effoscera 40 f énétrer de plus en plus dans
les mystères de leur organisation, de leur texture. Elle sait
que, malgré les belles acquisitions faites par les naturalis-
tes, dans ces derniers temps, le champ qu'ils exploitent est
encore loin d'être épuisé.
Nantes, 24 octobre 1849.
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HISTORIQUE
ET ÉTAT ACTUEL DE LA QUESTION
DBS
FOURNEAUX FUMIVORES,
PAR M. WOLSRI,
INGÈHIBra CITIL.
Utilité des fourneaux fumivores.
Aujourd'hui que le prix de revient des produits fitbri-
qués est Tobjet d*études incessantes, la réduction de la
quantité de combustibles que les moteurs a vapeur con-
somment est une question de première importance.
D'autre part, il est à désirer que les nombreuses che-
minées des usines, vomissant une fumée noire et épaisse,
cessent de couvrir les quartiers populeux des villes d'une
atmosphère malsaine, et, de plus, nuisible à certaines
industries.
Les fourneaux fumivores sont destinés à résoudre ce
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-^ 55 —
problème sous les deux points de vue de réconomie et
de la salubrité publique.
Division du mémoire en trm chapitres, savoir : partie
théorique j l'historique et les eondueions.
Un grand nombre de savanfe et d'industriels ont , par
des inventions ingénieuses , cherché {i trouver ta solution
de cette double question. Avant de nous livrer h l'analyse
de leurs travaux, nous étudierons la théorie delà combus-
tion , les causes et les quantités des pertes de chaleur par
l'emploi des cheminées, et, dans nos conclusions, nous
exposerons les principes qui doivent être adoptés dan^ la
construction des fourneaux ordinaires , pour obtenir une
diminution dans la consommation du combustible et dans
la quantité de la fumée, tout en donnant les moyens d*aiv
river à la fumosité absolue à ceux qui , par leur position
exceptionnelle, auront un besoin indispensable dy avoir
recours.
Nous serons heureux si, en développant quelques appli-
cations de la théorie de la chaleur , nous pouvons être utile
aux personnes dont l'esprit infatigable tend à sortir da la
sphère de la routine , et offrir un guide salutaire à celles
qui voudraient suivre strictement les principes sanctionna
par la pratique.
Lois de laphysique industrielle relatives au chauffage.
D après les lois delà physique industrielle, les combus-
tibles employés dans les arts sont tenus à remplir les con-
ditions suivantes :
!.• Ils doivent- être facilement brûlés à la température
3
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de l'air ambiant , leur combustion pouvant se soutenir par
elle-même.
2.<* Ils doivent être abondants et au prix peu élevé.
3.^ Les produits de la combustion ne doivent pas alté-
rer les corps sur lesquels la chaleur agit; et, répandus dans
l'atmosphère, ils ne doivent pas être nuisibles àTéconomie
animale ou végétale.
Ces conditions n'admettent, dans le rang des combusti-
bles utilisables dans Tindustrie , que ceux qui contiennent
en grande quantité du carbone et de l'hydrogène, tels
sont:
Le bois, la tourbe et la houille.
L'usage du bois dans Hnéustrie.
L'emploi du bois pour le chauffage industriel diminue
de plus en plus à cause de la rareté de ce combustible ,
qui provient de la dévastation de nos forêts. La fiibrica-
tion des métaux, qui n'employait autrefois que du char-
bon de bois , change chaque jour ses procédés métallur-
giques pour arriver a s'en passer complètement, et pour
y substituer un chauffage moins coûteux. Et malgré cela,
si la législation n'intervient pas pour faire boiser les terres
non cultivées , il viendra un jour où TappAt de la réali-
sation des capitaux appauvrira tellement le pays de ce
combustible, qu'il ne pourra être abordable que pour le
service domestique des familles riches.
Lusage de la tourbe.
La tourbe, qui n*est que le bois en décomposition mêlé
de terre et de matières accidentelles , étant peu répandue
sur récorce du globe , n'a pas été l'objet de grandes ap-
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~ 35 —
plications iodustriellë». A quelques exceptions près , elle
est généralement en usage cbez les familles pauvres des
populations agglomérées dans le voisinage de ses gise-
ments.
Vusage de la houille.
L*usage de la houille augmente de jour en jour ; son
prix est le régulateur industriel ; c'est à son bon marché
que l'Angleterre doit sa prépondérance dans le monde ci-
vilisé. Cette matière étant seule employée pour le chauf-
fage de machines^ nous nous arrêterons un peu sur sa
transformation par la combustion.
Coinbustion de la houille.
La combustion des houilles n'est autre chose qu'une
combinaison de ses parties constituantes avec Toxygène de
l'atmosphère, combinaison qui ne peut avoir lieu qu'à
une haute température. L'oxygène étant indispensable pour
la combustion, on doit renouveler l'air au fur et à mesure
qu'il lui est enlevé ; il en résuite la nécessité d avoir des
fourneaux dans lesquels on puisse entretenir un renouvel-
lement d'air suffisant.
La houille se compose de carbone constituant à lui seul
75 à 96 parties pour cent, d'hydrogène de 5,45 à 0,44 , et
d'autres matières volatiles ou pouvantétre volatilisées comme
oxygène et soufre, en proportions très* variables, suivant
la nature de la houille. L'espèce de bouille la plus inflam-
mable est celle qui contient le plus d'hydrogène. L'an-
thracite et le coke le sont peu , par cela même qu'ils ne
contiennent que des traces d'hydrogène. Les matières ter-
reuses qui se tromvept dans la houille sont : la silice,
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Taltimine, la ch«ux, le fer et une foule d'autres corps qui
s'y rencontrent aceidenlellemeiit.
Après la combustion parfaite qu'on n'atteint jamais diiis
rindustrie , on recueille les produits volatils tels que l'acide
carbonique, vapeur d*eau, l'acide sulfureux et l'azote; le ré-
sidu porte le nom de cendres.
Ce qu'il y a de remarquable dans cette combinaison du
carbone avec Toxygène, c'est que le volume primitif de ce
dernier reste le même , la densité seule étant altérée. Or, la
densité de l'acide carbonique étant de 1,5277, il en ré-
sulte que 1 volume de la nouvelle combinaison pèse environ
comme 1 1/2 volume d'oxygène, ou que 3 kilogrammes
d'acide carbonique contiennent 2 kilogrammes d'oxygène et
1 kilogi de carbone. Â cet effet, les analyses cbiiniques
ont été vérifiées par des expériences sur la houille du pays
de Galles, qui est une espèce de coke, on a trouvé qu'il
fallait environ 2 kilog. d'oxygène pour saturer 1 kilog. de ce
combustible. Mais comme l'air est un mélange de 21 par-
ties d'oxygène gaz comburant , et de 79 ptrtie^ d'aasote qui
passe par le fourneau , et , loin de produire un efet fiiv o-
rable, absorbe une certaine quantité de cbaleur en s'é-
chauffiint au degré de la température do lieu, il en ré-
sulte que 9,6 kilog. euviron d'air doivent entrer dans l6
foyer pour fournir tes 2 kilog. d'oxygène par chaque kilo-
gramme de charbon brûlé, et cela, en supposant que tout
l'oxygène soit employé utilement, ce qui n'arrive jamais,
même dans la combustion conduite arec le plus grand
soin.
En langage ordinaire, on dit qu'un fourneau ne fîune
pas, lorsqu'on n'aperçoit pas s'éclmpfier des nuages plus
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ou moins ooîrsdu haut des ctMMdûn^; OMiis, dans^oe der-
nier cas , il peut e»eore y avoir une grande perte de com-
bustible, par suite de la formation d'oxide de carbone,
que 1 Qp peut appeler une fumée invisible , et qui entraîne
néanmoins dans l'atmosphère des quantités notables de
carbone, qui pourrait développer encore de la chaleur en
se saturant d'oxygène , et passant ainsi à l'état d'acide car-
bonique.
En pratique, la houille, par sa combustion , donne nais-
sance à des produits volatils tels que : acide carbonique ,
oxide de carbone, oxygène, hydrogène, azote et souvent
quelques produits sulfureux. Ces gaz sont accompagnés de la
fumée provenant de la combustion non achevée des matiè-
res bitumineuses qui se trouvent dans la houille, et qui
n'ont pu brûler, soit par suite d'un manque d'oxygène, soit
par un mélange imparfiiit de ce gaz comburant avec les
particules combustibles, soit enlin parce que la tempéra-
ture n'était pas assez élevée. On a trouvé que celte fumée ,
pour être brûlée, exigeait une chaleur au moins de 800
degrés centigrades ; elle se compose de carbone, d'acide
carbonique et d'oxide de carbone, de vapeurs aqueuses et
bitumineuses, et enfin d'autres produits volatils de la
houille , en proportions variables, comme de l'air et de l'a-
zote. On y rencontre souvent un mélange de soufre, d'am-
moniaque et de cyanogène.
La matière charbonneuse qu'on appelle suie est un amas
de fumée qui se dépose sur les surfaces froides , humides,
ou dans les coudes qu'elle rencontre dans son passage.
Quant à la quantité des cendres, elle varie depuis trois
jusqu'à 15 pour cent.
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Nous ne parlerons |>as des escarbilles, qui, par leur ri-
chesse en coke et houille, peuvent être utilisées.
Tirage des cheminéei.
La combustion plus ou moins parfaite se fait sur des
grilles composées de barreaux en fer ou en fonte , entre
lesquels passe Tair frais; celui-ci, après avoir été dépouillé
d'une portion plus ou moins grande de son oxygène, circule,
en suivant une galerie nommée carneau , autour du géné-
rateur, ou passe à travers les tubes, et s'échappe enfin par
la cheminée qui est destinée à produire le tirage, et à por-
ter à une certaine hauteur dans l'atmosphère les produits
volatils de la combustion. Ce tirage s opère par la dilatation
de Tair chaud , qui , à volume égal, devient moins dense que
Tair non chauffé , et, en vertu du principe de physique gé-
nérale qui dit: Un corps plongé dam un fluide perd, en
poids ^ le poids d'un égal volume du fluide déplacé, tend à
s'élever avec une vitesse d'autant plus grande que la diffé-
rence des densités est plus considérable , et que la hauteur
de la cheminée est plus grande. Les calculs et les nombreu-
ses expériences de M. Peclet, savant des plus compétents
dans cette matière , prouvent que la dernière condition est
moins rigoureuse que la première. La diminution de la
température, à Taide d'un tirage factice produit par un ven-
tilateur à force centrifuge, pourrait donner des avantages
notables, comme cela se voit au bain Vigier de Paris, où
un homme , en faisant aspirer les produits de combustion
refroidis au dépend de réchauffement de l'eau , économise
environ pour 35 francs de charbon par jour.
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Autel du fourneau.
Entre la grille et le carneau , on établit un autel du foyer;
c*est un petit mur en briques réfractai res , élevé de 10 à 1 5
centimètres; cette élévation a pour but de retenir le com-
bustible sur la grille et d'empêcher les fragments d'être en-
traînés dans le carneau par le courant rapide de la flamme ,
ou par toute autre cause.
Cottff de la perte de (Aakur dam les fourneaux*
Nous avons établi, tout à l'heure , qu'il fallait théori-
quement 9,6 kîlog. d'air pour brûler I kilogramme de
houille «^en convertissant tout son carbone en acide carbo-
nique; en pratique, cette quantité est toujours trop fai-
ble, quoique une portion de carbone soit convertie «en
oxide de carbone au milieu de l'acide carbonique , parce
que :
i."La rencontre d'oxygène ïivccle c^irbone ne se fait
pas atome à atome.
2.^ La combinaison de ces atomes manque souvent à
cause de FinsufiSsance du degré de la chaleur du lieu.
M. Peciet a reconnu que, dans des foyers bien disposés ,
où l'épaisseur de la couche de combustible et le tirage sont
convenables, il fiilhit 18 kilogr. (23,50 mètres cubes) d'air
par kilogramme de houiHe. Nous rapporterons plus bas, à
cet égard , les résuhats des expériences de M. Combes ,
inspecteur général des mines.
Il résulte de l'étude que nous venons d'exposer que les
causes essentielles de la perte de chaleur dans le chauflhge
des chaudières à vapeur sont :
l.<* La tafnpératufe élevée des gaz provenant de la com^
bastion de la houille qui s'échappent par la cheminée.
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— 40 -
2.° L'admission dans le foyer d'une quantité d'air
plus grande que celle qui est indispensable.
Enfin, il existe une troisième cause de la perte de cha-
leur, pour l'exposition de laquelle nous ferons une petite
digression, sans nous écarter du sujet.
D'après une expérience de Rumford il paraît que tous
les corps, quelle que soit l'activité avec laquelle ils brù*
lent, peuvent être éteints lorsqu'on les soumet à un re-
froidissement suffisant. On peut même arrêter l'eiplosion
de la poudre à canon et Ëdre disparaître toute inflamma-
tion , en dirigeant sur la flamme , qui commence à se pro*
duire , un violent courant d'air. Voici une expériy ce fort
simple qui constate, d'une manière assez éléganie, l'ac-
tion du froid pour éteindre la flamme. Soit une flamme
au^i tenue que possible , d'un millimètre et demi environ
de diamètre , produite par un fll de coton , plongeant par
un bout dans de l'huile. Si on abaisse sur la flamme un
anneau de deux millimètres et demi de diamètre formé
d'un tild'exceileut fer d'un dixième et demi de millimètre
tout au plus, la flamme disparaîtra instantanément si
l'anneau est froid; et cela en quelque point de la flamme
qu'on le place. Mais si l'on tient cet t^qoeau au-dessus de
la flamme, de manière aie chauffer légèrement, la flamme
passera dans l'intérieur de l'anneau lorsqu'on viendra à
l'abaisser. Ce qui prouve que l'effet dépend entièrement de
la faculté que possède le métal d'enlever la chaleur à la
flamm«, c'est que, si on remplace ce petit anneau par un
anneau capillaire en verre, de môme dimension , la flamme
ne disparaîtra point , comme dans le cas précédent » lors-
qu'on abaissera l'annoau froid , le verre ét^pt très-mauvais
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— 41 -
cooducteur du c(dorique« GâfHBDdaoi si Ton fugmeote la
grosseur de.^et annee^u, en idiininuaal son diamètre, il
agira comme le premier anneau 4e métal, et il faudra le
chauffer légèrement pour que la fianune puisse continuer
à passer. D*autre part , si Tair n'amve à la flamme d'une
bougie ou d'une chandelle qu'en quantité insuffisante , il
se produit de la fumée , parce qu'alors Foxygëne sera ab-
sorbé en totalité par Thydrogène de la flamme, et que le
carbone en excès s'échappera sous forme de suie. Il en sera
de même si, par une cause ou par une autre, la tempéra-
ture de la flamme se trouve abaissée ; car, dans ce cas, il
ne restera plus, après la volatilisation et la décomposition
des matières gazeuses, assez de chaiedr pour produire-
Fignition du carbone.
Le même phénomène s'observe d'une manière plus
complète au moyen d'une toile métallique en fils de fer en
mailles serrées. Si Ton présente cette toile au milieu de la
flamme, elle se cpuvre au^Uôt d'une oouc|ie de suie, à
cause de son action réfrigérante , qqi epnnpéche rjgpition
du carbone provenant de la décompos^ition ; mais si la
toile est placée au sommet de la ilamme, on ne.reo^arfjp^
plus ^ucun dépût de carbone , Içs diverses pi^riicules ayant
eu le temps, dans leur ascension, de briUer etdei^e con-
vertir eu acide carbonique , en se combinant avec l'oixy-
gène de l'iair.
Ces exemples suffisent po|u* se rendre compte de ce. qui
se passe dans les fourne^u^ ordinaires, où la surface de
chauffe se : trouve toujours près du lieu de U cqmbustion ;
l'absorption de la chalei^r e$t tellenjient forte , qu'une por-
tion des produits volaitîls ae di$ti(le «t iepn$tit|iie des^o-
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— 42 ~
con& noirs qui se dégagent par la cheminée. La distance
verticale de la sarfiice de chauffe à la grille doit donc être
robjetd*une étude approfondie; les bases de cette étude
sont : 1.» la vitesse du courant de la flamme , 2.<* la qualité
et la quantité de la houille en ignition.
Carneaux.
Il arrive souvent que , si malgré te grand tirage engen-
dré par une forte température de la cheminée^ sa section
ou celle des carneaux est trop faible pour laisser éva-
cuer librement tes produits gazeux; ou, si ces gaz, avant
d*avoir fini leur combustion , rencontrent des coudes ,
leur frottement et le changement brusque de la direction
du mouvement font naître une nouvelle cause du dépôt
de la suie , et du dégagement de la fumée par la chemi-
née.
GriUes.
L'exiguité de la surface de la grille et celle des vides
laissés entre ses barreaux est extrêmement nuisible ; elle
expose le chauffeur à être obligé d*y maintenir une épais-
seur très-grande de combustibles ; les gaz qui s*en déga-
gent ne sont pas assez nourris en oxygène pour développer
une flamme suffisamment intense et propre à la combus-
tion du carbone.
Si Ton considère toutes les imperfections qui peuvent
se rencontrer en quantité plus ou moins grande dans les
constructions des fourneaux des chaudières à vapeur , on
trouve les causes des énormes quantités de charbon qu'ils
consomment, et de la fumée noire et opaque que leurs
cheminées répandent dans l'atmosphère.
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— 45 —
A^lÂlYSB DE TOUTBS LES INVENTIONS DES FOUBNEAUX ET
APPAREILS FVMIVORES.
Dimion des procédés employés pour rendre les fourneaux
fumicores.
Tous les procédés employés pour prévenir le dégage-
ment de la fumée qui se produit dans les fourneaux ali-
mentés avec la bouille bitumineuse^ peuvent être divisés
en deux parties. La première comprend l'absorption de
la fumée , et la seconde sa combustion. L'absorption, en
supposant même qu'on pût en rendre le succès complet,
laisserait toujours subsister la double perte de calo-
rique que fait éprouver la production de U fumée ; savoir :
1.* perte d'une portion du calorique existant , absorbée ,
sans utilité , par la fumée et les autres gaz combustibles
qui l'accompagnent ; 2.* perte du calorique rpie dévelop-
perait la combustion de ces produits.
A ces pertes on doit ajouter celle qui doit nécessaire-
ment résulter de la croûte de suie qui , dans les car-
neaux supérieurs, ne tarde pas à se former sur les parois
de la chaudière , et dont Teffet est de paralyser Faction
de la chaleur sur la surface de chauffe.
Par la combustion, au contraire, le problème pour-
rait être résolu sous les deux points de vue de la salu-
brité et d'économie publique.
PEBHIÈBE PARTIE.
Appareil Numphry Jeffrey.
Le premier procédé avait été l'objet d'une patente que
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- 44 —
y. Humpbiiy Jeffrey, de Bristol, a pris en 1&24. C*cst
une condensation ou plutdt une précipitation de la fumée
par le moyen d'une pluie d'eau. Ce procédé , qui fut ap-
pliqué avec succès dans différentes circonstances , con-
siste dans l'emploi de deux cheminées ou d'un plus gvand
nombre , fermées à leur sommet , où elles sont reliées
ensemibie p^r un tuyau transversal de comoiunication ,
de manière à présenter. la forme de b lettre grecque n.
La fumée ou les gaz non brûlés s'élèvent dans la pre-
mière de ces branches verticales, et arrivent dans la partie
supérieure de l'autre bi;ancbe en traversant le tuyau boci-
eontal. Une pluie d'eau , qui tombe constamment d'un
réservoir placé au haut de la seconde branche , reiicontre
alors cette fumée quelle entraîne avec elle dansua bassin
inférieur.
Ce procédé est un des plus ^ffiqaces poqr condenser
ks vapeurs délétères qui se dégagent dans les .ateliers où
l'on se sert de vitriol , dans les fcuri^eaiix où Ton fond
le cuivre , et en général dans toutes les manu&ciures qui
donnent des produits iuaestes pour la santé des ouvriers.
On pourrait l'employer avec avantage dans la oiétallurgie
des métaux précieux pour condenser leurs vapeurs, afin
d'augmenter le rendement des minerais.
Pour tirer de ce pcQoédé tout le parti .possible, il fau-
drait faire passer la fumée et toutes les autres .vapeurs
par une série de tuyaux cylindriques ^p [fer, disposés vier-
ticaiement et reliés alternativement par le haut et par le
bas. Chacun des tuyaux descendants serait pourvu d'un
jet d'eau froide, et le dernier tuyau ascendant devrait at-
teindre uoe, hauteur auffisante pour remplir l'offiqe dTune
cheminée.
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— 45 -
Per^oûne, à notre oonnaissatiee , n*a cherché à modi'-
fier rinvenlion de M. Humpbry Jeffrey. Son emploi ,
connue nous venons de le voir , se trouve très-limité.
SSCOIIBE PABTIB.
Sa iixmtm en deux catégùries,
La seconde partie qui consiste dans les moyens à em-
ployer pour consumer la fumée, a été le sujet d'une grande
quantité d^inventions. Nous nous bornerons à analyser'
les principaux systèmes pouvant être considérés comme
types, sans nous étendre sur leurs modifications quî pré-
sentent peu d'intérêt.
Ces systèmes peuvent être (Kvisés en deux catégories :
Tune comprenant les moyens de faire brûler la fumée
en l'obligeant de passer soit à travers , soit sur le com-
bustible incandescent ; lautre , menant au même résultat
au moyen de l'admission dans le carneau ou conduit de
la cheminée , et quelquefois dans le foyer lui-même ,
d'un courant d air destiné à compléter la combustion des
éléments imflammables de la fumée ; mais , dans le pre-
mier cas , l'air , qui doit fournir la quantité voulue d oxy-
gène , est obligé dé se frayer passage à travers le feu, ce
qui peut se faire aisément , si la couche du combustible
est peu épaisse et le tirage considérable ; et , dans le
second cas , l'admission de l'air a lieu par le moyen d'un
ou de plusieurs orifices ménagés tout exprès.
PBBHlÈftB C4TtiS0Ott.
Fourneau d» Papin.
Papin^, savant physicien français, à9oîlas naQhiAesà
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- 46 ^
vapeur doivent leur origine applicable, projeta le principe
de la première catégorie des fourneaux fuinivores. Il pro-
posa de faire descendre la fumée à travers le feu au moyen
d'un tirage permanent, obtenu à l'aide d'un ventilateur à
force centrifuge. L'histoire nous apprend que H. Cheetham
de Staley-Bridge a appliqué le système Papin, et qu'il a
effectué la combustion des parties inflammables de la fumée
en l'arrêtant, au moyen d'un ventilateur, dans la partie su-
périeure du canal qui conduit à la cheminée, et en la re-
foulant, mélangée avec l'air atmosphérique, dans le cen-
drier, d'où elle remonte en traversant le combustible
incandescent. L'acide carbonique qui, en vertu de sa pesan-
teur spécifique occcupe la partie inférieure du canal, n'est
point refoulée par le ventilateur dans le cendrier, mais
s'échappe par la cheminée.
L'année dernière, un des filateurs de la Loire-Inférieure
fit l'usage de ce système, mais sans succès ; le ventilateur
dont il s'est servi, avait bien les dimensions suffisantes pour
éviter l'obstruction des flocons de la fumée, mais le feu
s'éteignait toujours au bout de quelques minutes de marche.
En se rappelant la composition des gaz qui accompagnent
la fumée, on ne sera pas étonné de ces résultats. En effet,
M. Debette, ingénieur des mines, en faisant leur analyse
suivant les procédés de M. Ebelmen, a trouvé qu'il se
composait de 12,97 d'acide carbonique.
0,75 d'oxide de carbone.
6,30 d'oxygène libre.
0,58 d'hydrogène.
79,40 d'aEQte presque pur.
En tout. 100,00
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— 47 —
Admettons^ pour Tinstant, qu'il soit possible de séparer
tout acide carbooique à cause de sa pesanteur spécifiqueii
il n'en sera pas de môme pour Tazote qui est un peu plus
léger que Tair, et dont la grande quantité doit nécessaire-
ment étouffer le feu. En second lieu, les moyens méca-
niques» dans un fourneau à courant d'air, ne sufiisent pas
pour éliminer tout l'acide carbonique, et la portion qui
revient sur les combustibles aide l'action de Tazote. Nous
croyons , en conséquence , que ce système n*a pas d*a«
venir.
Procédé de Watt.
Le célèbre Watt, qui, en continuant l'œuvre de Papin,
nous a légué les bases qui sont restées immuables jusqu'à
ce jour dans la construction des machines à vapeur, a pris
patente, en 1785, pour obvier aux inconvénients de
la fumée. Son procédé consistait à introduire le com-
bustible par un tube conique, en forme de trémie, fixé
dans le massif du fouraeau immédiatement derrière la
porte du foyer, et à faire passer un courant d'air à travers
cette porte pour alimenter la combustion. Son appareil ne
comportait point de barreaux de grille ; la houille était
disposée sur une voûte en briques, et à mesure qu'elle
tombait de la trémie, n'étant encore qu'échauffée, elle
était traversée par le courant d'air. Par ce moyen , les gaz,
que la chaleur faisait dégager, se mêlaient avec l'air et tra-
versaient, dans toute sa profondeur, la partie incandes-
cente du combustible que l'on devait pouvoir pousser avec
le ringard au fur et à mesure qu'il entrait en ignition.
Cette disposition de fourneau fut abandonnée par Watt
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— 4« —
lui-même , à cause de ta difficulté de conduire le feu avec
de la houille collante qui '^ en s'aglutjnant « obstruait le
passage de l'air. 11 eut alors recourB à une plaque fixe ou
plateau qu'il disposa entre les barreaux de la grfMe et la
porte du foyer. La grille et le plateau se trouvent dalis une
direction inclinée à partir de la porte, suivant un angle
d'environ 25<>. Le charbon est d'abord mis sur le plateau ,
les produits gazeux et floconneux qui s'en dégagent pas-
sent au-dessus du combustible incandescent de la grille ,
où ils sont consommés par l'air qu'ils rencontrent en quan-
tité suffisante pour accomplir leur combustion. Le coke,
qui reste sur le plateau comme résidu , est repoussé sur
la grille pour remplacer la couche qui a été brûlée.
Ce procédé est très'^efficace pour prévenir la fumée, quand
on entretient le feu avec soin. MM. Bôulton, Watt et
compagnie l'ont appliqué avec stoecës dà^ns les ateliers de
la manufacture de vivres à Deptford. D'après MH. Batail
et Julien , cette nnéthode a été mise en usage à Saho de-
puis un demi-siècle , et jamais on n'a vu de fumée sortir
de la cheminée.
Dêuœ fourneaux accouplés de William Lash.
En 1815, M. WilKaano Losh, de Newcastel, prit une
patente pour une ingénieuse combinaison de deux four-
neaux; ce système a été essayé vers llannée 1840 sur les
vaisseaux de la compagnie des bateaux à vapeur de l'Es-
pagne.
Le bateau à vapeur le Wiiliam Fanxicetk avait la dispo-
sition suivante : les fourneaux étaient placés deux par
deux, et une ouverture se trouvait ménagée dans Pespace
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- 49 -
laissé libre eatre chaque paire de fouraeaux , de manière
à ce que la fumée , provenant d*un des deux fourneaux,
put traverser un tuyau qui venait débaucher dans le cen^
drier du second fourneau. Elle se mélangeait alors à Tair,
et en remontant à travers le combustible incandescent difr*
posé sur la grille, elle se trouvait consumée. L'un des
fourneaux opérait ainsi comme une espèce de cocnue
chargée de produire et de dégager des gaz, tandis que
Tautre agissait comme un véritable foyer fumivore. Il y
avait un registre disposé entre les deux autels; ce registro
était fermé lorsqu'on veniiût de jeter une charge de houille
sur la grille , interceptant ainsi le passage vers la cheipi-
née, de manière à ce que la fumée fut renvoyée dans l'au**
tre foyer; mais aussitôt que la bouille qu'on avait intro^
duite se trouvait dépouillée de tous ses gaz , le registre
était ouvert , et le tirage vers la cheminée s'établissait im*
médiatement par ce fonroeau. C'était dans le second fourw
neau que l'on jetait alors le combustible , et un regisUpe
pareillement disposé forçait, en se refermant, la fumé^
à s'écouler par le premier fQurneau. Durant cette opérar
tion on n'apercevait aucun dégagement de fumée par la
cheminée. Cependant- il était fort inconunode, dans la
pratique, de régler le jeu des regi^res, et , sous ce rap-
port, les foyers fumivores 4e William Fawcette sont
moins avantageux que beaucoup d'autres.
Deux autels dits Vénitiens.
Sur le bateau le Tage on a employé un autre système.
Deux autels , dits Vénitiens, sont formées de tuiles in*
clinées en sens contraire , et séparées Tune de l'autre de
4
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— 50 ~
2 à 2 1/2 centimètres. Ces autels ont une épaisseur de 3
décimètres environ, et laissent entre eux un espace li-
bre. Les tuiles s'éliauffent rapidement par la flamme qui
les traverse, et si Ton a soin de n'avoir qu'âne couche de
combustible peu épaisse sur les barres de la grille, il
pourra passer une quantité suflP.sante d'oxygène , à travers
la masse enflammée , pour effectuer la combustion des
gaz inflammables , au moment où ils traversent les espaces
laissés libres entre les parois chaudes des tuiles. Les
autels sont établis sur une voûte, fermée par une porte ,
de manière à ce qu'on puisse pénétrer au-dessous des pas-
sages de fumée. Nous croyons qu'eu établissant une sé-
rie d'autels de la même manière, avec un fourneau garni de
briques réfractaires et un bon tirage, on pourrait eflectuer
la combustion complète de la fumée, si, toutefois, l'on
avait soin de maintenir sur la grille une couche peu épaisse
de combustible^ et de n'employer que des barreaux très-
étroits et assez distants l'un de l'autre. Il vaudrait mieux
que les tuiles, au lieu d'être plates, fussent concaves, afin
que le courant fut à flamme renversée. On sait, en eflêt,
que les changements de direction , dans l'écoulement de la
fumée, aide puissamment en agitant ses diverses couches,
à la combustion de ses parties inflammables, en supposant
toutefois une température propre à cela.
Grille de Nathan Waddington.
M. Nathan Waddington a disposé les barreaux de la
grille suivant deux plans inclinés , dont l'intersection est
parallèle à l'axe de la chaudière. La houille est placée à la
partie supérieure de chacun de ces plans inclinés , de ma-
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— Bl —
nière qu'elle a perdu déjà une assez grande partie de son
gaz avant de tomber sur les barreaux. On doit ménager
un écartement assez grand entre les barreaux de la grille ,
an point d'intersection des deux plans, de manière à ce
qu'il puisse passer toute la quantité d'air nécessaire à la
combustion des gaz. Cette disposition de fourneau ne
nous paratt pas être très-heureuse, et nous ne croyons pas
qu'elle soit dénature à obtenir un grand succès. D'ailleurs,
Fentretien du feu, sur les bords de la chaudière, esta peu
près impossible dans certaines circonstances.
Chaudière sans cameauœ de John Smith.
Le système de chaudières que M. John Smith, de King-
town, près de Dublin, a présentéà l'association britannique
de Manchester est celui-ci. La chaudière affecte la forme
d'an four,et n'est point traversée par des carneaux ordi*
naires. C'est dans une vaste chambre centrale que se ren-
deant la flamme et la fumée , en sortant du foyer ; elles y
arrivent par la partie supérieure , suivent le plafond , et re-
viennent sur la sole pour se rendre dans la cheminée pla-
cée près du foyer. En supposant môme l'accomplissement
de la combustion de tous les produits inflammables, que
nous n'osons pas admettre, nous ne sommes pas partisan
de cette disposition, surtout pour la haute pression de la
vapeur , à cause de son peu de solidité.
Grille tournante de John Steel.
Un procédé qui présente beaucoup de chances de suc*
ces pour arriver à la combustion de la fum^e est celui qui a
pour but l'emploi de la grille tournante, il est fréquemment
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-- «a —
appliqué dans les districts manufiicturiers de la Grande-
Bretagne. Il a été décrit , pour la première fms, en 18t9,
par M. John Steel, de Darimouth; il a été présenté par lui
devant la commission spéciale de la chambra des commu-
nes; mais, au mois de décembre de la même année, il &it
breveté au nom de M. Brunton , de sorte qu*on ne sait trop
auquel de ces deux mécaniciens Ton en est redevable.
MM. Boulton Watt et compagnie ont pertectionné ce sys-
tème et Tout appliqué en 1843 aux chaudières des ma-
chines de la banque d'Angleterre. Dans celte combinaison,
la grille circulaire^ supportée par un arbre vertical, est
mise en mouvement au moyen d*un rouage , cette grille
reçoit la houille qui est projetée du iond d'une trémie.
L'ouverture inférieure de la trémie affecte une forme
oblongue, de môme longueur qu'un des rayons de la grille,
afin de régler uniformément la quantité de houille qu'elle
laisse tomber, suivant ce rayon, par intervalles égaux*
La grille opère une révolution complète dans une minute,
et la trémie laisse échapper une charge de bouille par in-
tervalle de quatre à cinq secondes, ce qui permet d'obte-
nir une grande régularité dans Talimentation du feu. Afin
de proportionner la quaqtité de cbai4>on aux besoins de la
machine, un tiroir à coulisse, dont la tige est mise
en jeu par la machine elle-même, augmente pu diminue
le passage du charbon, suivant le degré de tension de la
vapeur dans la chaudière.
Immédiatement au-dessus du foyer se trouve une chau-
dière supplémentaire , assez basse pour qu'on ait pu dis-
poser la trémie par dessus, et présentant une ouverture
dans son milieu pour laisser un passage libre au ohaièoQ
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— 65 —
qui tombe de cette trémie. La cbtydière supplémentaire
est mise en communication avec la chaudière principale
par dfô tuyaux à vapeur. L'air chaud provenant du foyer,
après avoir agi sur ce premier récipient , passe dans les
carneaux de la chaudière principale^ qui n'est autre chose
qu une chaudière ordinaire en chariot de Watt, et va se
perdre dans l'atmosphère en traversant la cheminée. Une
boîte en fonte, scellée dans le massif inférieur, sert i
contenir les rouages d'angle dentés , s'engrenant à angle
droit, qui transmettent le mouvement à la grille. La roue
principale, qui communique directement le mouvement,
est placée immédiatement au-dessous des barreaux. La
sortie des gaz chauds est précisément opposée au côté de
la grille où le charbon est projeté ; de sorte que les pro-
duits gazeux , qui se dégagent du charbon nouveau, sont
obligés de passer sur le combustible incandescent , placé
de Tautre côté de la giille, et se trouvent ainsi consumés.
L'ensemble de cette construction gagnerait en simplicité
qu'on doit chercher dans toutes les combinaisons, si la
grille tournante était placée dans un fourneau de même
forme que ceux des locomotives du système Stephendson
ou autres, contenant les boîtes à feu. Un mur assez épais^
en terre cuite , percé de trous pour livrer passage à la
fumée se rendant dans les tubes, devrait être interposé
entre la plaque, où les tubes sont adaptés, et le foyer, dans
le double but de préserver la plaque des tubes de l'action
immédiate de la chaleur, et de rendre la combustion plus
complète. II est très-présumable que des chaudières, que
Ton établirait sur ce plan, oflVi raient de grands avan-
tages.
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— «4 —
Trémie Stanley.
M. Stanley fut patenté, en 1822^ pour une trémie des-
tinée à recevoir la houille. Le coi de la trémie est muni
de cylindres à canelures, mis en mouvement de rotation
par la machine, à TefFet de broyer les morceaux de char-
bon, pour le réduire à la grosseur convenable^ avant qu'il
ne tombe dans la trémie. L'écartement des cylindres est
réglé au moyen d'une vis. Les morceaux de charbon tom-
bent au fond de la trémie sur une plaque de fer, d*où ils
sont projetés par un appareil rotatoire, pour retomber en
s'éparpillant uniformément sur le feu. Le mécanisme qui
communique le mouvement à cet appareil est disposé de
manière à ce que sa vitesse propre se trouve ralentie lors-
que celle de la machine devient plus rapide. La quantité
de charbon qui tombe sur le foyer, se trouve être ainsi en
rapport avec les besoins de la machine, pour la production
de la vapeur.
M. Payen, un des plus célèbres chimistes manufacturiers,
a appliqué le système Stanley dans ses fabriques de Gre-
nelle, et il a trouvé dans son emploi de notables avantages,
comme conséquences naturelles de la suppression de la
porte du foyer, qui le refroidit à chaque fois qu'on l'ouvre,
et de la distribution uniforme et régulière du combusti-
ble. M. Payen a donné à cet appareil le nom de distri-
buteur.
Appareil Juckes.
L'appareil inventé en Angleterre par M. Juckes et ex-
ploité en France, depuis quelques années, par M. Tailfer
et Comp., propriétaire du brevet d'importation, a pour but
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~ 55 ~
de remplacer la grille ordinaire par une autre, se mouvaAl
comme nue large courroie et pouvant, par conséquent ,•
prendre le nom de grille sans fin. L'appareil qui la contient
est porté par quatre roues mobiles sur un petit chemin
de fer, ce qui facilite son mouvement pour être retiré, soit
à cause de sa propre réparation, soit à cause de celles de
la chaudière.
Il se compose d'un bâti formé de deux flasques en fonte;
il porte, à chaque extrémité, deux tambours prismatiques,
et intermédiairement, haut et bas, deux séries de rouleaux
et de galets de friction. La grille est formée d'éléments en
fonte de 0 m. 30 c. de long sur 0 m. 02 c. de large, qui se
succèdent dans une série longitudinale etse juxtaposent en
séries consécutives dont les joints se croisent; elle présente
deux plans à jour, se réunissant par deux demi-cylindres;
le combustible repose sur le plan supérieur, et l'air destiné
pour sa combustion passe à travers les deux plans; cha-
que série d'élément forme une chaîne articulée, qui s'en-
roule sur les deux tambours et la grille toute entière peut
être assimilée à une étoffe tendue sur deux rouleaux, dont
l'un lui imprime un mouvement de courroie qu'elle trans-
met à l'autre. L'articulation est produite au moyen de
tringles en fer passant, au nombre de deux, à travers cha-
que élément , et le reliant avec lextrémité de chacun des
deux éléments voisins de la série adjacente.
La grille fait saillie en dehors du devant du foyer; Tune
des flasques de son bâti porte une transmission du mouvement
an premier tambour^ qui imprime à la grille elle-même
son mouvement de translation*
Au-dessus de la grille et contre la paroi antérieure du
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- 66 -
liyarneau se trouve placé une trémie, qui reçoit le com-
bustible ; une vanne en tôle, dont la hauteur est fixée pdr
)e chauffeur, règle son introduction. L'esctrémité opposée
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— 57 —
viennent à jouer les uns par rapport aux autres, et à se
disjoindre momentanément par leurs extrémités; il est re-
cueilli, avec quelques escarbilles de houille qui passent à
travers la grille, dans le cendrier ; ces escarbilles encore
propres à la combustion sont séparées facilement par le
chauffeur et rechargées en mélange avec de la houille, de
telle sorte qu'aucune partie du combustible n'est perdue.
Pour chaque appareil et pour chaque effet à produire,
le chauffeur a trois éléments à sa disposition : la hauteur
de la vanne ou l'épaisseur du combustible, la vitesse dé
la grille etTouverture du registre de la cheminée ; en outre,
it peut faire marcher momentanément la grille à la main
pour parer à quelques irrégularités naturelles, par exem-»
pie lorsqu'il faut remettre le feu en pleine activité aprèi
les arrêts nécessités par la durée des repas. Au moyen de ces
éléments, il est &cile de régler promptement, par tâtonne-^
ment, les meilleures conditions de la combustion, qui dé-^
pendent, pour la même chaudière, de la quantité de vapeuf
à fournir et de la nature de la houille.
Une grille mécanique de cette nature a été adaptée , en
1844, pour essai aune des chaudières de la manufacture
des tabacs , à Paris , par M. Tailfer lui-même , sous là
direction de M. Combes, inspecteur général des mines. Cettd
chaudière avait 46 m. car. de surface de chauffe.
La surface totale de sa grille était de 2,"- <l- 3368. Elle
était formée de 51 files de barreaux réunis par des
boukuie.
Les barreaux avaient 0, "** 02 de largeur; les vides
entre eux avaient une largeur égale au 1/6 de la leur. Ce
qui donne pour la smfaoe tdtde des vides 0, "^* 4* 40.
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- 88 —
On brûlait environ 200 k., par heure, de houille grasse
d'Anzin. On a commencé à régler la vitesse de lagrille sans
fin, de manière à ce que le charbon qui s'y distribuait ne
brûlât pas complètement avant d'arriver à Tautel, mais aussi
à ce qu'il ne produisit pas de m&chefer par sa trop grande
quantité.
Pendant les essais comparatifs des deux chaudières
identiquement semblables, communiquant avec la même
cheminée, dont une a été pourvue de la grille sans fin et
l'autre de la grille ordinaire, recevant la même qualité de
charbon, les gaz échappés par la cheminée contenaient:
CHAUDIÈRE
CHAUDIÈRE
k
k
GRILLB SAIfS FUI.
GRILLB ORDIIIÂIRB.
Acide cabonique. . •
de 10,39 a 6,16 p. Vo
14,10 k 9,10.
Oivffène
12,57 k 8,45 p. Vo
10,80 k 6,52.
^^•jb^"^ ••
Ce qui donne pour
l'air libre en moyen-
ne •
63 p. Vo
43p.o/o.
La plus grande fu-
mée laissait, dans les
r
produits de la com-
bustion, la plus gran-
de quantité d'acide
carbonique, et la plus
faible d*oxygène, et
vice versa»
Un kilogramme de
charbon vaporisait.
de 7 k. à 5,k. 5 d'eau.
6,k.8ftk6,k.4S
Pendant ces expériences, M. Combes a observé des fietits
qui lui ont permis de tirer les conclusions suivantes:
l."" L*appareil de Juckes est, en général, et sauf les cas
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— 69 —
où la section de la cheminée senûl extrêmement petite,
complètement fumivore.
2.** Le charbon menu doit être employé de préférence;
il Ëiut casser les gros morceaux, qui n'auraient pas le temps
de brûler dans le trajet de la grille.
3.® Pour une vitesse de grille donnée^ la hauteur du
r^istre la plus GEtvorable à Téconomie du combustible n'est
pas toujours celle pour laquelle le mâchefer se détache d«
lui-même à Textrémité de la grille; il convient de régler
Tépaisseur de la couche de houille , de manière à ce que
Textrémité de la cliauffe soit recouverte par une quantité
de ni&chefer suffisante pour prévenir Tintroduction d'un trop
grand excès d'air, et alors il est quelquefois nécessaire de
décrasser la grille avec le ringard, toutes les quatre ou cinq
heures*
4.® Les grandes vitesses, avec de bibles épaisseurs de
houille, donnent de meilleurs résultats que les faibles vi-
tesses avec de fortes épaisseurs. Il n*y a de limite à la
vitesse, que le point où l'inflammation latérale ne peut plus
se propager assez rapidement, de sorte qu'une partie du
charbon est amené à l'état noir jusqu'à une distance assez
grande du registre, ce qui oblige, soit à lever fréquenunent
ce dernier, pour ramener le charbon avec un ringard, soit
à débrayer de temps en temps la grille.
Généralement on peut dire qu'il convient d'employer
une vitesse d'autantmoins considérable que le charbon est
plus gras. Avec le charbon d'Anzinlavitesse maximum était
celle d'environ 32 millimètres par minute: elle a donné les
meilleurs résultats avec une épaisseur de couche de 8 cen-
timètres 1/2.
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— 60 ~
En 1849, kft ihgéniMrs de FUsine halionale dln^ret
ont soumis cet appareil aux expériences comparatives à
bord d'un bateau à vapeur de TÉtat. M. du Chalard , in-
génieur des constructions maritimes, a eu l'obligeance de
nous communiquer leurs résultats, dont nous extrayons les
passages suivants :
<r Les grilles de M. Tailfer avaient été montées dans les
» foyers des deux chaudières de l'avant du PronuéthéB^ ba-
ji teau à vapeur de 200 chevaux ; les deux chawlières de
» l'arrière étaient munies de grilles ordinaires.
» La machine donnait le mouvement à un arbre ré-^
» gnant sur toute la fiiçade des chaudières, lequd le tran-
» smeltait lui-même à un système de z6nes d*engrenage
» destinées à faire marcher, avec une faible vitesse , les
» tourteaux sur lesquels viennent s*enrouler les grilles mo*
È biles.
» On a marché pendant plusieurs heures et dans les mè-
» mes circonstances de vent et de mer, tantôt avec les
» grilles Tailfer, tantéi avec les grilles ordinaires.
j» L'emploi des grilles Tailfer permet de réaliser unre
É véritable économie 'de combustible. La commission es-
i> time qu'à poids égal de vapeur produite , cette économie
â doit monter à 10 ®}o*
» En outre , l'emploi de ces griHes réduit notablemeni
» la fatigue des chauffeurs et abaisse beaucoup la tcmpé-
ji rature ordinairement très-éievée de là chambre des ma-
A chines. L'opinion gétiérale , à Indret , est néanmoins que
» le mécanisme des engrenages est trop compliqué pour
j» l'usage à la mer, et qu'il serait souvent sujet aux répara-
» tions. Ce système de grilles est plutôt applicable auic
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~ 61 —
t chaudières de machines fixes. Qo l'a mis eo activité dans
B le port de Cherbourg , pour une chaudière d^ $^i^^ cbe-*
» Taux, qui économise du charbon, j»
En présence du iéoioignage de MM. Conibes et du Cba*
lard, Dous avons peu de choses à ajouter :
L'appareil de Juckes nous paratt plus avaniagew que
celui de la grille circulaire, d'abord parce qu'on s'y débar-
rasée plus facil^mept des résidus solides de la combustion i
«asuitç par<:e que lagglutMiation de la houille gvasse y est
plus difficile , et p^rce ii}u'il joint encore Tavanlsage du pla*
teau de Watt , qui sert pour échauffer la houille, et la cou?
vertir en coke avapt sa combustion.
Nous terminons les observations sur cet appareil en indi-
quant les inconvénients qu'il peut présenter dans son em-
ploi à la longue.
l."" ^vant chaque mise en train de la machine, il feut le
fiiire marcher à la main précisément pendant le temps oA
le conducteur de la machine doit s'occuper de la graisser et
visiter.
2.'' Son service exige réellement moins de travail qpe
celtti d'une griHe ordinaire ; mais comme sa construction
est assez compliquée, et que la vitesse de la machine ne
peut pas régler celle de la ^ille , sa conduite demande plus
d'ÎDteUigence, si on vent conserver une marche conveqable
pour réconomie du combustiUe , et pour éviter TenAasse*
ment des gros morceaux du mâchefer sur {'auteUube , qu|
occasionne un décrassage plus pénible que ealui à'um grîUe
ordinaire.
3.^ La majeure partie de c^ appareil étant couverte de
poussière au mjliea d'une température très-élevée, doit se
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— 62 ~
détériorer assez promptement , et, la plupart des fois, d'une
manière imprévue, et, par conséquent , doit présenter des
chances de chômages qui sont souvent funestes à l'industrie.
Pour éviter ces chômages, il est absolument utile d'avoir
des pièces de rechanges, ce qui expose les propriétaires à
de certaines dépenses.
Les frais occasionnés par Tentretien de cet appareil et
par les arrêts des machines pendant les réparations, n*étant
pas encore étudiés suffisamment pour pouvoir se rendre
compte de leur valeur relative à Téconomie des combustî*
blés qu'il offre, nous nous abstenons de porter un juge*
ment sur sa supériorité, sous le rapport industriel
Grille de Cutler.
Une méthode très-ingénieuse pour brûler la fiimée
consiste à allumer le charbon par le haut. Il y a queicpies
années, qu'on introduisit dans les foyers des appartements
une grille , dite grille de Cutler, disposée de manière à ce
qu'on pût y appliquer cette méthode. L'inconvénient prin-
cipal de ce système est la difficulté que l'on éprouve à in-
troduire la houille nouvelle au-dessous de la masse en-
flammée.
En 1815 , M. William Moult établit un fourneau d'aprèa
ce principe , et son perfectionnement consistait à fiûre
passer la flamme au-dessus de la houille nouvelle, que l'on
plaçait sur un plateau. Ce perfectionnement ne parait pas
avoir obtenu un grand succès.
M. Georges Godson a repris ce procédé et Ta appliqué à
Woolwicb. Il consiste en ce qui sûit:
La houille est introduite dans un coffire placé aiwlesBOus
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— as —
du fourneau , et muni (fun piston mobile , sur la tête du-
qviel on dispose le combustible. L'ouverture , qui est mé-
nagée dans la grille pour recevoir le coffre, se ferme au
moyen de deux tiroirs à coulisses, lorsqu'on vient à retirer
celui-ci pour le remplir de bouille. Quand le cofre est plein
et placé dans sa position habitueUe , on ouvre de nouveau
les deux tiroirs, et la bouille s*enflamme par le haut. A
mesure que le feu gagne , le piston s'élève dans le coffre
afin de conserver le même niveau au combustible incan-
descent. Les gaz que la chaleur fait dégager sont brûlés
dans le passage à travers la masse enflammée répandue sur
la grille. Ce genre de fourneau agit, en quelque sorte,
comme une torche qui brûlerait de la houille. Tous les
avantages qu'on y trouve sont dus à ce que les gaz qui se
dégagent de la houille entrent en combustion sans être au-
paravant mélangés avec Facide carbonique et Tazote, qui
proviennent de la combustion des parties bitumineuses.
L'air arrive par un grand nombre d'orifices , ménagés tout
autour du sommet de cette espèce de torche, pour accom-
plir la combustion des gaz. Nous craignons cependant que
dans les grands fourneaux , il ne soit difficile de régler ren-
trée de l'air de manière à le mélanger avec les gaz en pro-
portion suffisante ou du moins convenable. Dans les foyers
d'appartement, cette difficulté n'existe pas; Ciir le feu étant
peu considérable, l'air arrive en quantité surabondante
dans le foyer, et dans tous les feux ouverts , il n'y a aucun
inconvénient à ce que de l'air en excès s'échappe par la
cheminée. Mais, dans les fourneaux de machines à vapeur,
une trop grande quantité d'air agit d'une manière très-
nuisible, en refroidissant la chaudière ; et un fourneau qui
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— 64 -
présenterait cet inconvénient ne fonctionnerait jamais swec
avantage. Le perfectionnepient de M. Georges Godson aurait
dû être mis dans la seconde catégorie, nous Tavons classé dans
la première, à cause du principe de son invention primitive*
L'air chaud.
M. Samnet Halle et M. Joseph Williams proposent de
faire brûler la fumée par Talimentation du foyer avec l'air
chaud. N'ayant pas d'autres renseignements sur cette in-
vention , nous ne nous y arrêterons pas , car elle se trouve
implicitement employée dans beaucoup d'autres contenus
dans ce travail.
Vapplieatitm du sysUtne Watt par John Walker junior.
Dans le rapport fait en 1819 par une Commission spé-
ciale de la Chambre des Communes, on trouve la des-
cription d'un projet de fourneau combiné avec un four à
coke de M. John Walker junior. Son système consistait à
réduire la houille à l'état de coke , avant de la faire passer
sur la grille du foyer , où elle devait être consumée. Ce
procédé n'a rien de neuf, la priorité de la conception de
l'idée principale , comme nous l'avons vu , est due à W^att,
et l'application de M. John Walker junior ne fait que com-
pliquer la construction des fourneaux de machines à va-
peur. Cependant il est indispensaj^le pour la cuisson de
la chaux à l'aide de la houille grasse , qui , par le moyen
ordinaire de fabrication , ferait des amas avec la pierre
calcaire dans le fourneau , et occasionnerait ce qu'on ap-
pelle des rimures ; aussi il est généralement employées
Angleterre. A cet effet , autour d'un four à chaux, on éta-
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— 6B —
blit ane grande quantité de petits founs à coke , d*où ia
chaleur se rend pour cuire la chaux ; le coke menu, qui
tombe à travers des grilles , est mélangé avec la pierre
calcaire , qui , par sa combustion , en arrivant dans Tespace
bien cbaud du fourneau , facilite le dégagement d*aeide
carbonique de la pierre calcaire, et la réduit ainsi en chaux
vive.
Chauffage à flamme perdue.
Un système qui ressemble beaucoup au précédent est
quelquefois mis en pratique , c'est celui du chauffage des
chaudières à vapeur à flamme perdue des fours à coke.
Tous les fondeurs qui emploient de grandes quantités de
coke, et qui ont besoin de moteurs, mettent à profit cette
chaleur perdue , qui contient une énorme quantité de pro-
duits combustibles.
Mais dans des circonstances ordinaires , il serait très-
vicieux, à notre avis, d'avoir recours à ce procédé, à cause
du surcroît d'embarras, et parce qu'ensuite Ton n'est pas
toujours sûr de vendre avantageusement le coke.
La chaleur perdue des hauts fourneaux ainsi que celle
des fours à puddier ou à affiner le fer, est très-souvent
employée comme moteur des souffleries , des laminoirs ou
autres outils. Dans cette application une grande quantité
de fiimée est détruite , tantôt par un petit foyer addition-
nel et tantôt par une simple admission d'air frais.
Chaudières de Cornouailles.
Nous finirons la description analytique des fourneaux
de la première catégorie par l'indication des dispositions
spéciales des chaudières de CornouailleSi qui ont toujours
5
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— 66 —
excité un intérêt légitime. Le principal mérite de ces
chaudières est d'engendrer la vapeur en ne produisant que
fort peu de fumée , et en réalisant une grande économie
de combustibles. On attribue généralement ce résultat à
la lenteur de la combustion , ainsi qu'aux grandes pro-
portions que présentent le fourneau et la chaudière ; et
il est inconstestable, en effet , qu'un des points importants
à observer pour arriver à la combustion de kt fumée ,
consiste à ménager le plus long espace de temps et de lieu
possible à Taccompiissement de la combustion, aussi bien
qu'à rendre parfaitement homogène le mélange des diffé-
rents gaz qui se trouvent dans la fumée. Cependant, une
des principales causes de la propriété fumivore des chau-
dières de Cornouailles doit être attribuée à la nature de la
houille que Ton emploie dans ce pays. Cette houille , étant
presque dépourvue d'hydrogène, ne contient, qu'en faible
portion, les matières bitumineuses qui constituent la fumée.
Quoiqu'il en soit de l'importance relative de ces diverses
circonstances , il n'en est pas moins vrai que les chau-
dières , établies sur le plan de celles de Cornouailles, en-
gendrent une très-petite quantité de fumée.
DEUXIÈME CATÉGORIE.
La seconde catégorie comprend les systèmes de four-
neaux , qui , pour diminuer la quantité de combustibles ,
et pour consumer la fumée, font arriver un courant d'air
dans les carneaux ou dans la cheminée.
Procédé de WiUiams Thompson.
Nous citerons en première ligne Finvention pour laquelle
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- 67 —
M. Williams Thompson , de Bow-Lane , prit une patente
en 1796 ; elle consiste dans l'admission d'un courant d'air
derrière Tautel , à l'effet de brûler la fumée. C'est le pre-
mier projet , fondé sur ce principe , qui paraisse avoir été
mis à exécution. Des patentes furent accordées plus tard
à Scheffield Gregson et autres , pour diverses modifica-
tions insignifiantes apportées au système. Il y avait une
grande difficulté à proportionner la quantité d'air à ad-
mettre indépendamment de celle que réclamait l'alimen-
tation du feu* En effets quand le fourneau venait d'être
chargé de charbon , il se produisait plus de fumée, et une
admission d air plus considérable devenait nécessaire pour
sa combustion. Si donc le registre du soupirail à air était
réglé de manière à fournir la quantité d'air voulu, l'ou-
verture du registre* n'était plus convenable quand la fumée
avait diminué. Ainsi, à moins que le chauffeur ne fut ca-
pable d'une attention plus soutenue qu'on ne peut l'espérer
dans la pratique , la quantité d'air admise dans le foyer
était généralement ou trop grande ou trop petite, ce qui
entravait la marche de la combustion.
Régulateur de Murray.
M. Murray , de Leeds , a inventé un mécanisme très-
ingénieux qui sert à régler l'ouverture du soupirail , afin
de faire varier l'admission de l'air dans les proportions
nécessaires. Ce mécanisme a été décrit dans le London
Journal de l'année 1H21. Dans ce système, l'air nécessaire à
la combustion de la fumée pénètre par un tube muni d'une
valve à étranglement. Cette valve s'ouvre lorsqu'on ouvre
la porte du foyer par suite d'une liaison convenablement
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— 68 —
établie ; elle se ferme au moyen d'une roue à girouette
faisant l'office d'un régulateur à fumée. Là girouette est
mise en mouvement par le courant d*aif qui traverse le
tube pour se rendre dans le foyer ; et | en tournant , elle
tend à fermer la valve. Lorsque la porte du foyer est ou-
verte et la grille chargée de charbon , la valve s'ouvre
comme nous Tavons dit, et livre passage à une quantité
d*air suffisante ; mais Tair , en entrant , fait tourner la
roue y et ferme graduellement la soupape à mesure que la
fumée diminue; de sorte que, au moyen d'un mécanisme
bien approprié à là qualité du charbon employé et à la
quantité introduite à chaque fois , on peut arriver à régler
l'admission d'air avec un assez grand degré d'exactitude.
Régulateur de Pritchard.
M. Pritchard, de Leeds, se proposa, dans la même
année , d'atteindre le même résultat que H. Hturray au
moyen d'un piston descendant, sous l'action delà gravité,
dans un cylindre à air , muni d'un petit orifice qui lais-
sait sortir lair en quantité nécessaire pour obtenir la vi-
tesse du piston qui serait en rapport avec la quantité d'air
à introduire dans le carueau. La remonte de ce piston est
probablement occasionnée par l'ouverture de la porte du
foyer.
C'est une véritable cataracte des machines à vapeur à
simple effet de Cornouailles.
En 1844, M. Debette, ingénieur des mines, a expéri-
menté, sous la direction de M. Combes, aux frais de
l'État, le $}-stème de Williams Thoinpson , dans deux éta-
blissements de Paris. Voici l'extrait de ces opérations :
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— 69 -
1.'' Fourneau de VmÈrepôt dei markres.
La chaudière étail cylbdriquo, à deux bouUIeors en
tôle, timbrée pour une pression de 8 atmosphères, pré-
sentant une surface de chauffe de 1 5 niètres carrés.
La sur&ce de la grîUe était de 0,6525 ■°- ^*
La somme des vides entre les barreaux de 0,165 "■• ^'
La cheminée en briques élait conique, de la hauteur de
20 mètres.
La section de son orifice supérieur était de 0, "* 19&
On ménagea, dans la partie du massif de maçonnerie
du fourneau, comprise entre la grille et la cheminée, au-
dessous des bouilleurs de la chaudière , un vide intérieur
ou chambre à air , qui fut recouverte par des plaques en
fonte percées de trous. Elle communiquait avec l'air exté-
rieur par un tuyau en fonte de 0,"^* 16 de diamètre.
Afin d'apprécier le degré d'influence qu'exerçait la dif- >
fusion de l'air introduit par un grand nombre de trous et
obtenir un terme de comparaison avec un mode d'intro-
duction plus simple , deux conduits furent ménagés dans
l'épaisseur de la maçonnerie, un de chaque côté de la
grille; ils s'ouvraient sur le devant du fourneau, à droite
et à gauche des portes du foyer, et débouchaient au-delà
de Tautel, à 0,"* 195 au-dessus du niveau de b grille;
l'entrée de chacun de c^s ouvreàux, à l'avant du fourneau,
était un rectangle de 0,*"- 13 de base, sur 0,"* 11 de hauteur; .
leur débouché derrière la grille était également un rec-
tangle de 0, ^' 195 de base sur 0, "- 065 de hauteur. L*air
pénétrant par ces conduits jaillissait ainsi en lames minces
des deux côtés opposés du fourneau, dans une direction
perpendiculaire au courant des produits gaseux de la
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— 70 —
combustion. La section du débouché de Tair par les deux
conduits était de 254 centimètres carrés ; c'est un peu
moins que le sixième de la somme des vides existant en*
tre les barreaux de la grille. Ces conduits pouvaient être
fermés à volonté par des. briques munies de poignées en
fer.
On brûlait sur la grille de 42 à 92,7 kilogrammes de
houille, suivant l'activité du feu.
Cela correspond à :
l.<* De 0,66 à 1,42 kil. de houille par décimètre carré
de sur&ce de grille ;
2.® De 2,65 à 5,74 kil. par décimètre carré du vide
compris entre les barreaux de grille ;
S."" De 2,19 à 4,74 kil. par décimètre carré de lair de
Torifice supérieur de la cheminée, par heure de chauf-
fage. Chaque charge se composait de 13 kil. de houille en
moyenne.
Les premiers essaies démontrèrent que Faction de lair
introduit par les ouvreaux ménagés des deux côtés de la
grille.» était au moins aussi efiicace pour brûler la fumée
que celle de Tair introduit par les trous des plaques de
fonte. En conséquence, dans les expériences ultérieures,
Tair fut toujours introduit par les ouvreaux, et le tuyau
mettant la chambre à air en communication avec l'atmos-
phère , fut tenu constamment fermé.
Lorsque les ouvreaux adducteurs de l'air étaient fer-
més, la cheminée émettait une fumée noire et épaisse «
immédiatement après la charge et après le ringardage.
La fumée s'éclaircissait graduellement, à mesure que la
houille était brûlée ou transformée on coke , et finissait
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— 71 ~
par devenir ualle. La moyenne des observations a donné
les résultats suivants :
GOHBUSTIOff
LBlfTB
produisant une évaporation
de 24 à 30 kilog.
14 kilog.
d'eau par un mètre carré de surface
de chauffe et par heure.
Dans l'espace d'une heure on a remar-
qué l'émanatioa de la
Fumée noire pendant..
Fumée légère id*
Fumée nulle
Total du temps de
comparaison......
18 \/1 minutes.
14 i2
27
60 minutes.
2 1/2 minutes.
10
47
60 minutes.
Si Ton ouvrait les carneaux adducteurs de Tair au mo-
ment où la fumée était la plus noire, on voyait, par le
regard ménagé à la partie postérieure du fourneau , les
particules charbonneuses qui chargeaient le courant de
gaz et le rendaient entièrement opaque , s'enflammer im-
médiatement par le mélange de l'air atmosphérique, de
sorte qu'une flamme longue et brillante succédait brus-
quement à Tobscurité. La cheminée, une fois purgée de
la fumée dont elle s'était remplie pendant que les carneaux
étaient fermés, ne dégageait la fumée noire que pendant
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— 72
une minute, k fumée légère jaunâtre pendant 25, et la fu-
mée invisible pendant 34 , en prenant toujours une heure
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— 75 —
qu*a?aDi la charge suivante il s'élevait à 17 2/3 m. cub.
Parles ouvreaux, il arrivait ea quimtité de 11 1/3 m* cub.
euviroo par minute. Ce qui dpnne en moyenue une con-
soromatioa d ur de 20 1/3 m* cub. environ par kilogramme
de cbarboQ brûlé avec une combustion d'ii^tensité paie-
ment moyenne.
IjSl quantité d*eau évaporée par kilogramnte de bouiUe
brûlée peut, être comprise psur ce taMeau.
COMBUSTION LëUTB.
GOMBOSTIOM AGTiVfi.
GUVREàUX, govusaux
FIRMES. OUTSETS*
OUVKBAUX
F£Elf£S.
OUVBEA(iX
0CV£KTft.
5, k. 371 j 4,k. 874
5 k 5 , 30
5k. k5,k.30
On y voit qu'il n'y a pas de différence considérable
entre les quantités d'eau va|K>risées par la combustion d'une
même quantité de hoyiUe , suivant que ks ouvre«ux ad-
ducteurs de l'air étaient tenus ouverts ou Sârmés, bien
que, dans le premier cas, la quantité d'air introduite fut
beaucoup plus considérable. Il devait donc s'opérer une
compensation entre la chaleur développée par la combus-
tion de la Aiinée et b déperdition de chaleur occasion^
née par Técoulement d'une plus grande quantité de gaz
échauffé.
2.>' Manufacture des tabacs à Paris.
Pendant les expériences &i(es ultérieurement à la ma-
n(\(acture des tabacs , on à été obligé de brûler plus que
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— 74 —
7 kilog. de charbon de terre par décimètre carré de la
surface supérieure de cette cbeminée, pour foire fonctionner
convenablement le moteur. Dans le but de faire varier à
volnnti^. Ia vnlnnne d'air atmosnhérinue . on fit appîvi^r r-ftt
Digitized by CjOOQ IC
— 76 —
gazeux du foyer sans déterminer la combustion de la fu-
mée , refroidissait le courant , et diminuait le tirage et la
quantité d'air aspiré à travers la grille. Ces phénomènes
étaient d'autant plus visibles, que la quantité d'air affluant
par les ouvreaux était plus considérable, et il fut même
impossible de soutenir une marche continue avec tous les
ouvreaux constamment ouverts : le courant refluait quel-
quefois vers les portes du foyer quand on les ouvrait.
Il résulte de ces remarques que le défaut du tirage est
dû à Fexiguité de la section supérieure de la cheminée
comparativement à la quantité de combustible sur la
grille.
Fourneau Lefroy.
Vers Tan 1830, M. Lefroy, ingénieur en chef des mines,
a été chargé de faire construire un fourneau pour la des-
^cation du ciment romain , opération qui se réduit à sou-
mettre la matière avariée à une forte température, pour
en dégager l'eau et le peu d'acide carbonique qu'elle a ab-
sorbé par suite d'une longue exposition dans un lieu hu-
mide. Pour effectuer ce travail au meilleur marché pos-
sible , il s'est proposé de brûler la fumée sortant du foyer,
et à cet effet il a combiné un fourneau comme suit :
Le ciment à revivifier se mettait dans une moufle très-
allongée, chauffée seulement à sa surfoce extérieure par
des cameaux qui Tenveloppaient. La chauffe était placée
en avant et sur le côté de la moufle ; le point de serre-
ment pour opérer le mélange immédiat de l'air atmosphé-
rique avec lu fumée était pratiqué à l'entrée des carneanx
inférieurs , au sortir du foyer; ainsi , c'est l'ouverture par
laquelle la flamme se rendait sous la moufle qui était le
point d'étranglement.
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— 7Ç —
L'admission de Tair à aptioa périodique se Cjùsait au
moyen de trois ouvertures munies de registres » pratiqués
sur les flancs et dans la partie supérieure de la chauffe ;
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n
2.'' La somme des espaces libres laissés entre les
barreaux de la grtUe , et la distance d'un barreau à
l'autre; la grandeur de la grille et sa position relative;
3.* La grandeur de la section de chacune des colonnes
d'ahr atmosphérique à action continue et intermittente;
4.^ La grandeur de la section du point de serrement ;
Ont établi que :
Sur une grille deO m., 14 en contre-bas du point de
serrement , et ayant d'une barre à Pautre un intervalle de
0 m. , 025 , avec une intermittence entre les charges de 5 à
6 minutes, la combustion complexe d'une quantité N x (16
kilogrammes) de houille peu grasse ou sèche, mais à flamme
longue, pouvait avoir lieu dans une heure, en donnant les
dimensions suivantes :
DÉGIMËTRES.
GABUto
pour
16 kil.
de houille.
pour
10 kil.
de houille.
!•• 1 la secliOQ de la che-
minée.... 0,91 X W
'!.• A la teclioo de la co-
loone d*air atmosp. à ac-
tion cooiiQue 0;32 X K
3.<» A la section de la co-
lontie d*air atmotp. & ac-
tion périodique 0,14 X ^
4.« A la section du point
de tarremeot 0^14 X N
14,6
5,1
2.3
9,1
3.2
1.4
1,4
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— 78 —
On a aussi trouvé :
l.*" Que dans le moment de la charge l'admission de
Tair à action périodique ne devait avoir lieu que pendant
une à une demi minute, et que les registres de ces ouver-
tures devaient se fermer , à moitié au bout d'une demi
minute, au 2/3 au bout d'une minute, et entièrement au
bout d'une minute et demie. Même on a reconnu que
l'ouverture pratiquée à la partie supérieure de la chauffe
n'aurait pas d effet dans certaines circonstances , on aurait
donc pu la supprimer et diminuer ainsi d'un tiers la quan-
tité d'air intermittente.
2.^ Que , quand on fourgonnait le feu , il suffisait d'ou-
vrir les registres à moitié pendant une minute environ.
En plaçant un thermomètre, à air comprimé, dans la
partie supérie?}re de la cheminée , il a été constaté que
la température de l'air chaud qui s'en dégageait , s'élevait
seulement dans le moment de la charge, de 25 à 30 de-
grés centigrades , tandis que, entre les deux charges, elle
était moyennement de 245 degrés.
M. Lefroy ajoute , qu'en regardant , par l'un des trous
pratiqués à l'extrémité des carneaux inférieurs , il a observé
que la fumée disparaissait et reparaissait de nouveau par
suite de l'ouverture ou la fermeture des registres adaptés aux
ouvertures destinées aux passages d'air intermittent. Il en
conclut que c'est bien au point de serrement que s'opère la
combustion de la fumée. Il me semble que la section des
ouvreaux destinés pour l'admission intermittente d'air était
trop grande , et que , si les expériences avaient eu poar
but la recherche de la quantité comparative du combus-
tible, elles auraient démontré son augmentation à cause du
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— 79 —
refiroidissement dans les carneaux, augmenlation qui est
d'ailleurs démontrée par riodication thermométrique à la
partie supérieure delà chemitiée. Eofin, M. Lefroy, par
des recherches théoriques , à l'aide des analyses chimiques ,
est arrivé à déterminer que la fumée , qui se dégage dans
des fourneaux ordinaires, peut développer 28 centièmes de
la quantité de chaleur que serait susceptible de produire
la houille brûlée totalement. Les résultats des expériences
de M. Combes sont de nature à guider les industriels qui,
par leurs recherches,, voudraient arriver à une solution
complète du maximum de l'économie qu'on puisse atteindre
en consumant cette matière floconneuse.
Fourneau Cartereau.
Il y a environ deux ans que M. Cartereau aîné a été
breveté à Paris pour une combinaison de fourneau très-
ingénieuse. La disposition de son foyer est la même que
celle qu'on adopte ordinairement, sa grille est sensible-
ment inclinée vers un premier autel nommé faux-autel,
qui forme l'arrière du cendrier, et contre lequel elle s'ap-
puie. Cet autel est élevé de manière à ne laisser à la
flamme qu'un passage égal au tiers environ de la distance
de la grille aux bouilleurs. Sur son sommet vient s'appuyer,
en se recourbant , une plaque en fonte percée d'une quan-
tité de petits trous placée presque horizontalement dans
Tintérieur du fourneau, et formant ainsi avec lui une ca-
vité inférieure dite chambre chaude sur toute la largeur
du fourneau à un tiers enTiron de sa longueur; son bord
postérieur s'appuie sur le sommet d'une cloison qui li-
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— 80 —
mite cette chambre (1). A une certaine distance de cette
cloison s'élève, depuis la sole jusqu'aux bouilleurs, une
cloison en briques réfractaires nommée Tautel proprement
dit; elle est percée , depuis sa base jusqu'au deux tiers
de sa hauteur, de trous dont les sections correspondent
avec celles des cameaux dé la chaudière. Une troisième
chambre communiquant avec la première par sa partie
supérieure se trouve ainsi renfermée de trois côtés par la
sole, la cloison delà chambre chaude et celie que nous
venons de citer. Les trous de cet autel , qui se trouve en-
viron vers le milieu de la longueur de la chaudière , com-
muniquent directement avec le cameau qui circonscrit la
chaudière.
Lorsque la fumée, en s'éloignant du foyer, a dépassé
le faux-autel et le dessus de la plaque crible, elle rencontre
la cloison qui coupe sa marche directe, et la force à se
renverser dans Tintérieur de la troisième chambre pour
s'échapper par les trous de cette cloison ; c'est au moment
de ce renversement qu'elle subit Tinfluence du procédé de
M. Cartereau. La chambre chaude est destinée à échauffer
l'air avant qu'il ne passe à travers la plaque crible , pour
ajouter une nouvelle quantité d'oxygène nécessaire à la
combustion des parcelles charbonneuses qui se sont échap-
pées de la grille sans être atteintes par le courant d'air.
L'introduction d'air dans la chambre chaude est &ci-
litée par deux tubes d'un diamètre proportionné à la force
(i) La chambre chaude n'est catre chose que la chambre k air
de la disposition de OiM, Débatte et Combes, du Sonmeaa de Ten-
trepôt de marbres.
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— M —
da générateur que t^on place àun^ le cendrier, de telle
sorte que l'un des orifices soit en communication avec l'air
pmh l'avant du faurneau, et que l'autre pénètre à travers
la cloison des briques dans Tîntérieur de la chambre
cbaode. Des Tegistres , dont chacun de ces tobes est muni ,
aervent à régkr le passage de l'air.
L'appel de l'air dans fa chambre chaude» est d'autant
plus énergique que la température de cette chambre se
trouve constamment maintenue à un degré trës-élevé par
l'aetien de la flamme du foyer qui se renverse le long des
{Mirois de la plaque crible, il s'ensuit qu^eix sortant des
tubes qui hii oui donné passage, l'air se dilate avec rapi-
dité et acquiert un volume considérable qui jfeciltte son
égale f^Mfftition par la nombreuse quantité de trous dont
la plaque eat peroée; puis il se mèie avec ia flamme , et en
passant enseaoble à travers les ouvertures de l'autel , qui
sont autant de carneaux brûlants, son oxygène achève la
eombostion des molécules charbonneuses de la fumée.
Nous manquons dé données positives sur tes résultats de
Ywpçikttàcm de ce' procédé.
Nous présumons que sa construction ofl^e quelques
diaiiees âiverables à ia feunostté et à l'économie de com-
bustibles, mais nous croyons qu'pile est impraticable dafis
rindustrie ordinaire à çausedesa oomplication et de Tim-
possibilité de la eonaerviition intégrale de ses détails.
D'aillenrs , dans .no&eonclasiens, nous donnerons les ob-
servations qui sant appltcaUes à tous les procédés de
cette catégorie. :
Fùuniiàii de Çhwf1$$ Wf/e WiOiam.
Le foyer Carnivore dç M. Charles WyeAViUiims a été
6
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— 82 •—
^, il y a quelques années, avee le plus grand re-
tentissement.
Messieurs Debette et Combes ont appliqué « en 1844,
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— 85 —
foyer de droite pataait devant le cendrier du foyer
ganche.
A ce fourneau, on a adapté un appareil du système de
M. Gb. Williams Wye , en choisissant la disposition qui pa-
raissait la plus appropriée à sa forme. Cet qipareil se com-
posait de :
t.* Un tuyau de prise d'air en fonte ayant 0 m. 28 de
diamètre, et traversant le cendrier de droite, son extrémité
qui débouchait dans ratmoqphère était terminée jpar un
èraaement de forme rectangulaire propre à recevoir un re-
gistre; l'autre extrémité était ouverte dans une chambre à
air ménagé dans le massif de maçonnerie du fourneau , der-
rière le cendrier et Tautel.
2.® Trois plaques en fonle, assemblées à feuillures,
recouvrant la chambre ci-dessus et placées au niveau des
grilles.
3.» Quatorze tuyaux prismatiques à 6 pans, dont deux
étaient ei^gés dans le mur de refend qui séparait la sole
en deux compartiments; ces tuyaux étaient coiffés de cha-
peaux pleins, et étaient percés sur leurs fiices latérales de
trous de 15 millimètres de diamètre, par lesquels Fair at-
mosphérique , arrivant de la chimibre située aunlessous des
prismes, se répandait dans l'intérieur du fourneau et se mê-
lait aux produite gaaeux de la combustion de la houille.
Lea chapeaux de ces tuymix se trouvaient à 0 m. 35 en
contre-bas du fond de la chaudière.
L'empbi de cet appareil a produit une augmentation
dans la consommation de combustible et pas de dinmiuiion
sensible dans la quantité de fomée; les gaz non brûlés pro-
venant de la combustion imparfeite de la hooiUe ne s'en-
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— SA —
flamimient que d'une maaière itieeniplète au-desbus de la
sole, et s'éteignaient totalement à leur entrée dans le todbe
îmérieur en tôle; tonte la flamme cessait d'ailleurs de pa-
raître lors du ehapireiBfint du emnbustibie sur les srilles.
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— 85 —
gnait dans le compartiment de droite à cause du mapique
de tirage.
5.** Que la flamme s^éteignait complètement en eatrant
dans le tuyau horizontal à FintérieuF en tôle, dont les pa-
rois étaient constamment rafraîchies par le contact d^ l'eau
de la chaudière.
D'après M. Combes, la différence si grande, entre Ips ré-
sultats qui précèdent et ceux qu'on a obtenus à F£ntf epôt
des marbres, doit être attribuée au défaut du tirage d^ à de
trop petites dimensions de la cheminée et à la disposition
du fourneau. Il appuie son opinion sur ce que la timée
s'enflammait et se brûlait partiellement daais la chaufTe de
gauche, tandis qu'elle ne s'enflammait pas du tout d^ns la
chaufFe de droite, où le tirage était moins' actif qi^e ckns la
première. Nous ajouterons que« dans cette disposition du
fourneau, Timpossibilité de régler la quantité d'air ad-
mis dans les cendriers était tipès-pré|udiciable pour cette
étude.
En comparant les dimensions du fourneau et de 1^ che-
minée de Chaillot à celles du fourneau et de la chemioée de
l'Entrepôt des marbres, on arrive aux résultats saWants :
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86 —
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— 87 —
quantité de bouille brûlée et aux autres dimensions du four-
neau , une section beaucoup plus petite que celle de l'en-
ttepbt des marbiies ; une quantité d'air beaucoup moindre
passait dans le foyer pour une même quantité de char-
bon brûlé, et le tirage de la cheminée était probablement
insuffisant pour amener derrière la grille , par le tuyau de
fente , un volume d'air suffisant pour la combustion com-
]dète de la fumée. Tdie est la cause qui parait avoir prin-
cipalement contribué an résultat négatif des essais tentés
à Chaillot.
Il est à désirer que les expériences sur ce système de
l'appareil fumivore soient reprises, celles que nous venons
de rapporter fourniront aux expérimentateurs les données
nécessaires pour leur efficacité.
Fourneau d'Argaud de WUUams.
On a frit récemment des expériences à Saho afin d'é-
prouver l'efficacité d'un fourneau de M. C. Williams , dit
fourneau d'Argaud. Ce fourneau était destiné à produire
la combustion de la fumée au moyen de l'admission d'un
courant d'air dans le conduit de la cheminée, percée à cet
effet d'un certain nombre d'ouvertures. La chaudière or-
dinaire qui était en usage à Saho, fut chauffée avec de la
houille d'une certaine qualité , pendant une période de
quatre mois ; on nota avec soin l'effet obtenu et la cùù-
sommation du combustible. On appliqua ensuite les per-
fisctionnements de M. Williams en employant la même es-
pèce de houille , en conservant le même chauffeur , et en
rendant toutes les autres circonstances aussi identiques que
possible. Ce fiit à la suite de cet essai comparatif que
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— 88 —
MM. BoUltea et Walt eonstatèneot que la cûUsèniiiiaftîon
du combustible , loin d'avoir dimioué , s*é(ait accrue d'un
demi-kilogramme par heure pour cheval de vapeur. Le
fourneau primitif qui était muni d'un plateau an avant de
la grille du foyer, d'après lé plan ordinaire de MM. Boul-
ton et Watt , ne produisait pas de fumée ; dans le sgralème
de M. Williams, au contraire, il se produisait quelquefois
une assez grande quantité de ftimée. D'après la disposi-
tion du fourneau, c'est le refroidksement des gaz com-
bustibles qui empêche leur combinaison avec ToxygèDe.
John Chanter.
De toutes les personnes qui ont fait des recherches dans
le but de brûler la fumée , il n'en est pas une seule qui
se soit livrée à cette étude avec autant d'opiniâtreté que
que M. John Chanter. Un grand nombre de patentes lui
ont été accordées pour difierentes espèces de fourneaux ;
et, en effet, ses méthodes varient si fréquemment, qu'il
est bien difficile de s'en former une idée exacte. 11 est
même douteux que M. Chanter puisse se reconnaître dans
la multitude de ses inventions qui ne présentent pas de
chances de succès dans la pratique.
L'emploi de la vapeur.
Une patente a été prise en 1824 , par M. Evans, pour
faire disparaître les inconvénients de la fumée par le moyen
de Tadmission de la vapeur d*eau dans l'intérieur du four-
neau. Ce procédé a été l'objet de beaucoup d'essais : il a
été appliqué dans les usines à gaz d'Edimbourg , il y a
quelques années , par M. Nasmyth, de Patrlooff, et remis ,
plus tard , en vigueur, par M. Ivîson. Mats noua ne pré^
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— 89> —
Yoyoos pas qu#. ra^ifisiop de U vapeur ^arimérieutf
du fourneau», ou dans le e0^(liw^{>ai$8ej9i«ai& être avimia-
geuse , quant à son emptoi» |hwi{ la ddsUuciion deda ^aaiée,
bien qu'il puisée en èire au|pe«»efi( dana d'aulma ciroons-
taoces. En effet, la Tapeur par son contact Avee la Aimmef
qui ne peut exiater qu'à la tempéri^tui!^ aMpérieuffe-à celie;
de SOG*" centigrades ) diminue son* iolensité, et aftiblît:
sa capacité rayonnante , qui produit à égale température ,
trois fois autant de chaleur que le courant d*air chaud. Elle
peut même, parfois, éteindre la flamme et baisser telle-
ment la températiffe du fiiélâpge que les flocons charbon-
neux humides s'attachent aux parois mouillées , soit de la
cheminée , soit des carneaux, soit même de l'extrémité de
la chaudière. Il en résulte une perte notable de chaleur
pour évaporer cetle enu chaque foia qi^etta se condease.
Généralement , dans les maobines à haute pression et
sans condensation « comme celle des Jipcomc^tlves , où les
conduits de chaleur sont peu développés, ou utilise la^ va-
peur sortant des cylindres pour augmenter le tirage des
cheminées. Hais , si on prend cette vapeur dirjectement
dans le générateur « les frais de sa formation dépassent
le bénéfice produit par l'augmentation de tirage.
En général» l'eau qu'on met souvent dans le cendrier»,
eu s'évaporisant doucement et sans frais par les escarbilles
embrasées » ralentit la détédorfttion de la grille , et em-
pêche une certaine quantité de la poussière du cbarbon
de terre de tomber dans le cendrier ayanl d'être brûlé.
4a-delà de cette action » Q0.U6 ne connaissons p^ d'autres-
avantagea à son emploi , car , si ujae portion de cet^e e^,
se décoa|pos^ par la b^u^ température qui existe au-
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— 90 —
dessus de la grille « il y a autant de chaleur absorbée par
sa décomposition , qu'il y en a de dégagée dans sa for-
mation par suite de la combustion de rhydrogène.
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~ 91 —
Uté, et tantôt nous avons émis la nAtre. CSen de b se*-
conde catégorie , présentant tous un inconvénient du môme
genre, noos le défvelopperons ici brièvement.
Si leurs soupiraux sont en foi^ ou fer, ils sont bientôt
brûlés ; s'ils sont en briques réfractaires, ils sont exposés
à être brisés, quand on nettoie les carneaux; et même
dans les fourneaux de bateaux à vapeur, qui sont très-
rétrécis , ils sont fréquemment démolis par le ringard du
chauffeur. Il fimt aussi remarquer que la portion de la chau-
dière , qui est plus directement exposée à l'action de ces
soupiraux , est soumise à de nombreuses alternatives de
chaud et de froid ; car, lorsqu'il y a une grande produc-
tion de fumée dans le fourneau, cette fumée s'enflamme
vivement au point où elle rencontre le courant d'air, et
c'est alors de la flamme qui vient porter contre la portion
correspondante de la chaudière, tandis que s'il y a peu
ou point de fumée, le courant d'air refroidit la même por-
tion. La tôle, soumise alternativement à ces deux actions
contraires, souffre plus que dans les chaudières ordinaires,
^ il est arrivé bien des fois que des chaudières se sont
crevassées et ont été mises hors d'usage par la cause que
nous venons de signaler. Il est encore douteux si l'explo-
sion qui a eu lieu, il y a peu de temps, dans Tusine de
Bfooke, à Bolton, n'est pas due à l'altération de la chau-
dière, provenant de cette action nuisible d'un fourneau
de Williams , sur lequel la chaudière se trouvait placée.
Ce système de la conobustion a tant eu d'admirateurs ,
que nous avons jugé opportun de soumettre à leur atten-
tion les inconvénients qu'il peut présenter. Cependant,
nous ne voulons pas le condamner aussi sévèrement qu'il
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— 9S —
Taélé patf certobies petaonnafi^lioBS cnoyonsqa'on pourrait
dÎBiinner etmitaifi peut-être éviter ks cau^de la prompte
détérioration des ofaaudtères, en donnant de grandes di-
mensiûins aux fovers et en dianosaiil eoBvenaliIeaient les
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— 9f3 —
ttents qui suivent les chargements du coïnbustrble frais
sur la grille, est 'dû prineipalefmentà ce que i*air ne péiit
alors pénétrer en quantité suffisante à ttravers les inter-
stices existant dans la masse de ce combustible qui re-
courre la grille. Peur éviter ou en nK)ins diminuer cette
iutï^nstté de la fuméej il-fiiut donner k la grille et surtout
au vide intérieur de la cheminée les dimensions iiéces-
aaîres, eu égard à la quantité de conubu^lible brûlé dans
un temps donné , pour que le passage d'air se Ibsse fiiei-
lement , même aUBsHAt après le Chargement de la grille.
Règles pour établir les dimensions des fourneaux*
M. Combes, dans le^ conclusions du rapport qu'il a
présenté à la commission centrale des machines à-wipiBur,
dans la séance du 3 juillet 1846, concernant les ei^pé-
rieoces dont nous avons rapporté les extraits, 4pnne les
règles suivantes pour la construction d'un fourneau qi|iiie
produirait que très-peu de fumée. La sonmie. des vides
compris entre les barreaux étant le quart de la sur&ce de
la grille, la surface de la grille, en décimètres carrés, de-
vrait être égale à une fois et demie à ta quantité de houille
à brûler par heure, exprimée en kilogrammes, et Tair de
rorifice supérieur de la cheminée devrait être égal à la
moitié environ de la quantité de houille exprimée eu Lilp-
grammes, ou bien au tiers delà surface totale de la grille;
une hauteur de 20 mètres et même probablement upe
hauteur moindre de la cheminée serait suffisante; les^r-
neaux déviaient d'aiHeurs avoir une, section à peu près
égale à Tair de Torifice supérieur delà, cheminée. Ces di-
mensions coïncident avec cellçs fue M. Peclet a données
dans son traité de la chaleur. Si Ion voulait avoir le tirage
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— 94 —
pins grand , il suffirait d'augmenter ia aection de la che-
minée : d'après les expériences de M. Lefroy, elle pour-
rait être portée jusqu'à 0«9 de quantité de charbon brûlé
exprimée en kilogrammes.
Dans un fourneau qui serait construit d'après les règles
précédentes, on pourrait brûler « par heure, une quantité
de houille à peu près double de celle qui a été indiquée
ci-dessus, sans produire sensiblement plus de fumée, en
ayant recours aux dispositions suivantes : Deux conduits
armés en fonte, pouvant être facilement changés , débou-
cheraient à 0 m. 15 ou 0 m. 20 de distance en arrière
de la grille , de &çon à ce que les courants d'air jaillissent
en &ce l'un de l'autre , dans le conduit des gaz inférieurs
à la chaudière, suivant des directions opposées et perpen-
diculaires au courant gazeux ; le débouché de ces con-
duits aurait une surface totale d'environ un sixième de
celle des vides laissés entre les barreaux de la grille. Il
serait convenable que ces conduits fussent munis de re-
gistres, de manière à ce que l'entrée de l'air pût être ré-
glée à volonté, ou même interceptée. Les registres seraient
ouverts à l'aide d'un mécanisme simple , au moment de la
charge et après le ringardage ; ce mécanisme les fermerait
graduellement, en sorte que le courant d'air fût totale-
ment interrompu, après un temps déterminé par l'expé-
rience, dans chaque cas; et lorsque , par suite de la con-
version partielle de la houille en coke, le dégagement des
produits gazéiformes résultant de la distillation de la houille
aurait été ralenti, en même temps que Tair trouverait un
passage suffisant à travers les barreaux de la grille.
La distance verticale entre la sur&ce de chauffe et la
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— 96 —
grille devrait être auflhante pour que la flamme puisse se
développer sans être refroidie brusquement^ et en consé-
qurnioe, pour qu'une petite portion de la chaudière ne soit
pas exposée aux variations subites et fréquenunent réité-
rées de la chaleur. Par la même raison le débouché des
soupiraux devrait se trouver le plus près possible de la sur-
fiice supérieure du charbon en combustion.
Résumé et appréciation des procédés fumvores.
Dans la disposition ordinaire d'un foyer «destiné à con-
sommer de la bouille grasse, il est convenable pour sa
bonne combustion d'avoir au moins recours au systènoie de
Watt, qui consiste en addition devant la grille d'une pla-
que en fonte sur laquelle la houille se distille avant d'ôtre
poussée sur la grille.
Nous croyons également que la fumée pourrait être pré-
venue par la combinaison de deux foyers disposés de ma-
nière à ce que la fiimée développée sur l'un deux passU,
soit au-dessus , soit à travers de l'autre , au moment où le
combustible , dont celui-ci serait chargé , serait entièr^neat
transformé en coke. A cet effet , la disposition du bateau
à vapeur de William Fawcett devrait être étudiée avec plus
de détails qu'elle ne l'a été.
Lorsque le tirage d'un fourneau est insuffisant, par
suite de la disposition des carneaux ou d'une trop fiiible
section de la cheminée , il n'est pas possible de prévenir
la fdmnation de la fumée par les moyens qui viennent
d*ètre indiqué. Plusieurs constructeurs ont obvié partiel-
lement à ces inconvénients pttr l'emploi de ventilateurs
soufflant l'air dans les ceodriers fermés. La force néces-
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— 96 —
sairepour les mouvoir eftt payée et an-cMà par la idiminu-
lion de comboatiblei et par la possibilité ée pouvoir se
servir de leur qualité la plus inftrieiire. Mme aïKMisniéiiie
vu quelques chaudières chauffées avec des escarbilles
provenant d'antres feurneaux, à l'aide de remploi d'un
ventilateur.
L'énorme diminution de la température de l'air chaud,
sortant de la cheminée pendant la charge du foyer, ob-
servée par U. Lefroy, et une foule d'autres remarques,
nous feurnissexit roccasion d'engager l'emploi d'un méca-
nisme propre è distribuer le charbon de terre à couvert
au fcr et à mesure qu'il se consume sur la grille.
•Suivant M. Combes, le dégagement de fumée dans la
combustion des bouilles grasses peut être prévenu par Tu-
sage de grilles mobiles. De tous les appareils de ce
genre qui ont été proposés, à notre coanaisaanee, la grille
mobile , patentée de Juekes , nous paratt donner les meil-
leurs résultats» C'est un appareil iumivore par excelienoe.
Il nous semble que le foyer à grille circulaire et tour-
nante, toutefois disposée plus simplement que celle de
MM. Boulton, Watt , et compagnie pourrak préMnter des
girands avantages là où on rencontrerait des obstacles pour
établir l'appareil de Juekes.
Le système des autels dits Vénitiens demande à être
expérimenté avec plus de soins quHl ne l'a été dans le
bateau à vapeur le Toge.
Il est à regretter que les circonstances, indépendantes
du système de l'appareil que M. Combes a essayé à la
pompe à feu de iGi^ilk)t,f aient empêché d*arriver àux ré-
sultats coniparàtifs de sa s^MM«rité#
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— 97 —
Toutes nos recherches , des chiffres comparatife re-
présentant les effets obtenus par la combustion de la
bouille de la même qualité dans les fourneaux , ou ap-
pareils des nombreux systèmes que nous avons étudiés,
ont été infructueuses , il nous est donc impossible de les
classer suivant l'avantage qu'ils sont susceptibles de pro-
duire. L'insuffisance des expériences faites par les personnes
désintéressées, nous empêche de traiter la question pécu-
niaire sur le même pied que celle de salubrité publique.
Les renseignements que nous avons produits venant de la
part de M. du Chalard , sur les expériences comparatives
de la grille Tailfer , sont les seuls que nous puissions pré-
senter comme notoires, et encore nous croyons qu'une
grande portion de l'économie de 10 pour cent, accusée
par la Commission , git dans l'emploi de la trémie qui em-
pêche le refroidissement des foyers occasionné ordinaire-
ment par l'ouverture des portes de charge.
La qualité de la houille a une grande influence sur la
fumosité des fourneaux ordinaires, et à ce titre celle du
pays de Galles doit avoir la préférence.
Ainsi le charbon de Cardiff est très-prise par les indus-
triels qui l'ont une foi^ essayé , car ils savent bien que,
malgré son prix élevé, il produit dans les fourneaux bien
installés le plus faible prix de revient de la vaporisation
d'eau. A côté de cet avantage qu'il offre aux consomma-
teurs , il répand le moins de fumée dans l'atmosphère , et
ne donne presque pas de résidu solide.
En voyant la minime quantité de fumée qui s'échappe de
la cheminée monumentale de la manufacture de M. Thomas
Cubitt, à Wauxball-Bridge , à Londres, personne ne se dou-
7
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~ 98 —
terait qu'il y a là une chaudière qui engendre un grand tra-
vail mécanique. Néanmoins l'obligation oùl'on est d'employer
de la houille du pays de Galles, pour obtenir ce résultât, est
sérieuse ; car , à Londres , cette houille est beaucoup plus
chère que celle de Newcastle. Cesurcroît de dépense n'en est
pas moins une considération secondaire , lorsqu'on a égard
aux inconvénients et à l'insalubrité qui résulte de la fumée
dans une grande ville , et nous pensons que TAdministra-
tion compétente devrait forcer tous ceux qui n'ont pas
d'autres moyens pour se préserver de la fumée, d'employer,
pour l'entretien de leurs fourneaux , de la houille du pays
de Galles ou bien toute autre houille jouissant des mêmes
propriétés.
La pénalité serait peut-être le meilleur moyen à em-
ployer pour diminuer, d'une manière notable, la quantité
de fumée qui se répand sur les grands centres industriels;
mais avant d'arriver à cette extrémité , ne convient-il pas
d'éclairer les populations sur les causes d'un inconvénient
si fâcheux et si nuisible ; de donner la plus grande publi-
cité aux moyens qui peuvent le combattre , et de propager
les méthodes les moins coûteuses et les plus efficaces?
C'est pour arriver à ces résultats que nous avons entrepris
cette étude ^ puisse-t-elle servir de guide aux hommes
éclairés dans une matière si digne de leurs méditations.
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rives, ou plutôt nous avons si bien fait, entassé l'un sur
l'autre tant de systèmes bizarres, amoncelé tant de théories
f*C%T\v»i^\»Atta r*o rtttfk ly> éirj-km%tVwtrk t\ A^/% 4«r\«v«rvl/> fini a^v ■tnv>4rk«*«k
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— 101 ~
a imprimé à ses œuvres un cachet grandiose, une physio-
nomie saisissante ; mais elle étonne sans ravir, elle effiraie
sans émouvoir. De nos jours, elle s'est mesquinement ré-
fugiée dans le style coquet et puéril de nos édifices reli-
gieux, dans les toiles gentilles, proprettes, faciles, de no»
peintres illustres, dans les combinaisons plus savantes que
profondes des symphonistes en renom. Née à Tépoque de
la virilité du monde, fille de la Grèce, dont elle éternise
la mémoire et la splendeur, retrempée dans les eaux vives
de la foi chrétienne, fécondée au moyen-âge par l'enthou-
siasme religieux, l'école de l'abstrait, de l'idéal en est ar-
rivée de nos jours. ... A quel point. Messieurs, je vous
le demande? Quels en sont les représentants? Quelques
odes de Lamartine, quelques soupirs échappés à Hugo,
quelques larmes sincères^ quelques cris d'amour arrachés
àBéranger, voilà pour la France! Hélas! la même école
voulait poindre en Italie, elle commençait à rayonner en
Allemagne ; mais la voilà écrasée à cette heure sous des
lambeaux sanglants, et sous des débris qui fument! C'est
donc encore la France , et la France seule , qui conserve
quelques étincelles précieuses de ce qu'on a si justement
nommé le feu sacré.
Ne devons-nous par craindre. Messieurs, de le laisser se
consumer en vain et disparaître pour ne plus revivre. N'est-
il pas urgent de sauver l'art de sa perte , de sa ruine totale,
en proclamant hautement qu'il existe encore , et en sou-
tenant sa vie par l'enthousiasme même de notre espérance?
Qui voudrait s'y opposer?
Cette conviction me conduit. Messieurs, à une protes-
tation nouvelle contre l'école, dont le système est la néga-
tion de la poésie. Si la poésie est l'expression la plus élevée
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- loa —
et la plus complète de l'art, il n'est pas, selon moi , d'er-
reur plus fatale que cette négation. Parlons à coeur ou-
vert* Quelle est la lèpre qui nous ronge? Le oiatérialisme.
Les écoles de réformateurs, dont Février a dévoilé la face
et démasqué le but , ne se sont évidemment préoccupées
que des intérêts matériels de l'homme. Elles ne lui promet-
tent que des biens purement sensuels; elles ne lui propo-
sent que la satisfoction complète de ses appétits. L'une
d'elle va jusqu'à rêver pour lui une sorte de sens nouveau ,
un appendice destiné à compléter son être par Te^Ltension
du champ de la vue. Pourquoi s'arrêter en si beau chemin?
Pourquoi ne pas donner à l'honmie un nouvel estomac , uu
supplément de mains, de bouche, d'oreilles? Pourquoi,
enfin , fieiisant de lui un autre Briarée , ne pas aller jusqu'à
réaKser en sa Cciveur le vœu du don Juan de Byron? Ainsi ,
l'idéal d&ces écoles est le développement absolu des capaci-
tés physiques. Elles ont inventé, pour parler leur langage,
con^me une chimie passionnelle, qui combine les instincts
et les convertit en jouissances. N'est-ce pas là, je le de-
mande, un dissolvant funeste du sentiment du devoir, une
insurrection permanente contre l'autorité et contre la jus-
tice, la substitution de lecole du concret à celle de l'ab-
strait et de l'idéal, la mort enfin de tout spiritualisme?
Que devient l'art dans la société phalanstérienne? Un seul
art peut-être est encouragé, prôné, exalté, triomphant;
l'art culinaire. Triste refuge des nobles facultés de l'homme,
écueil repoussant de ses aspirations vers l'infini I Eh bien!
Messieurs , n'y a-t-il pas un danger très^érieux à tolérer,
même au point de vue de la seule esthétique, ces théories
étroites, à pactiser avec elles, en recoooaissant que l'in-*
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— 105 -
dustrialisme a désormais étouffé la poésie. C'est pourtant
ce qu'on a fiEiit , Messieurs, dans notre Société. Je m'inscris
en faux contre cette tendance que je crois funeste, et
sous une autre forme, je proteste de nouveau contre elle.
Ce n'est pas. Messieurs, que nous devions nous dissi-
muler l'état des esprits à Tépoque où nous sommes. Les
illusions, et ce qui est pis encore, les croyances se sont en-
fuies. On reste en face d'une réalité triste, nue, désolante.
Le scepticisme a envahi bien des âmes; il a tué bien des
dévouements, brisé bien des convictions sacrées. Ceux qui
disent que la poésie a péri , ou qu'elle se meurt dans des
convulsions galvaniques, font moins de la critique que de
l'histoire. Ils constatent plutôt qu'ils ne combattent. Seu-
lement, fut-ce la vérité, toute vérité n'est pas bonne à dire,
et celle-ci est du nombre des vérités qu'on doit taire. Mais
il y a plus, nous en nions l'évidence manifeste , absolue ,
incontestable; et, ce qu'il y a de plus étrange, ou plutôt
d'excellent, ce sont nos adversaires eux-mêmes qui nous
fournissent les armes nécessaires pour lutter, sinon pour
vaincre.
En effet , Messieurs , si nous avons bien compris leur
pensée , vers quel point se tournent leurs espérances ? Le
progrès. Ils disent qu'il y a impiété à méconnaître l'ac-
tion de la Providence sur le monde , et blasphème à mau-
dire la loi du mouvement progressif. Ils croient à l'avenir
de leur patrie, ils aiment la France , ils professent le
culte du beau ; mais alors comment concilier cette éléva-
' tion de sentiment , cette noblesse d'intelligence, cette sin-
cérité d'amour , avec la pensée sombre et navrante qu'ils
ont émise , les grandes époques littéraires sont fermées
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— 104 —
powr nous ? 0 hérésiarques , j'en appelle à vous-mêmes !
Vous ne le croyez pas. Vous dites que la poésie montre
la route à l'humanité , et que son souffle puissant enfle
les voiles des générations , qui voguent sous Tœil de Dieu.
Et vous pouvez soutenir que , si la poésie guide le monde,
elle cessera d'être. Comment donc accorderez*vous son
action avec son néant ? Non, quand je devrais me tromper,
plus j'étudie vos œuvres, plus il me semble que votre pen-
sée se renie elle-même , pour se confondre avec la nôtre.
Que dis-je ? Vous servez notre cause avec plus d'éloquence
encore que nous , et vous ne niez la poésie qu'en lui dres-
sant, dans votre style, de magnifiques autels. Car, je vous
le demande , où avez-vous puisé vos formes colorées, vos
images émouvantes, votre vivacité pittoresque et originale,
si ce n'est dans le sentiment poétique, qui vit en vous,
malgré vous? Soyez-en certain. Qu'ils le sachent ou qu'ils
l'ignorent, les hommes de cœur, comme vous, les hommes
dévoués à l'humanité^ ne peuvent pas ne pas être spiritua-
listes. Il leur faut un idéal; car , sans idéal , l'humanité ne
peut vivre ; et , croire à la vie de l'humanité , c'est croire
au spiritualisme. Ce n'est donc que par une fiction , qui
tient du paradoxe , que vous glorifiez l'industrie aux dépens
de l'idéal. Et cela est si vrai que , dominé par la généro-
sité de vos instincts, vous êtes les champions de la doctrine
même que vous combattez. Vos propres pensées, votre style
sont en opposition directe avec votre système. Vous ne pou-
vez donc pas vous retrancher dans une citadelle que vous-
mêmes avez ouverte à l'ennemi.
Ainsi, Messieurs, loin d'ébranler notre conviction , To-
pinion contradictoire ne fait que la confirmer encore, puis-
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~ 105 —
qu'elle se trouve absorbée « si Ton peut le dire, dans celle
doDt nous prenons ici la défense. C'est que la poésie ,
c'est que Tart tout entier ne dépend ni de la fantaisie ni des
oscillations politiques d'une époque. Ses bases sont inva-
riables , inaltérables sont ses lois. Le monde esthétique est
gouverné par l'union intime, par la fusion complète des
principes généraux qui ont fondé et qui soutiennent Tordre
physique, l'ordre intellectuel, l'ordre moral. L'art ne pro-
cède point par voie d'exclusion , mais il arrive à l'unité par
une sorte de généralité complexe. C'est , en un mot , l'in-
carnation de la nature dans l'éternité d'un type divin et
infini. Telle est aussi la poésie dans son acception pleine
et franche, c'est-à-dire une puissance créatrice, un rayon
immortel qui &it de l'homme une image de Dieu.
Je n'abuserai pas davantage. Messieurs, de l'attention
que votre bienveillance m'a prêtée. Encouragé plusieurs
fois par vos suffrages , j'ai résolu de ne jamais abandonner
le drapeau que j'ai arboré dans cette enceinte. Je crois à
la poésie , je crois au sentiment vivace de l'art , je crois à
l'éternité de Fart. C'est là ma profession de foi esthétique.
Les évolutions successives de la société m'ont convaincu
que jamais ce sentiment n'avait péri , que plusieurs fois
éclipsée par des nuages , cette brillante splendeur avait
toujours reparu au ciel de la civilisation. Ne nous effrayons
donc pas de ce qu'à notre époque elle s'est encore cachée.
Le matérialisme sceptique va tantôt s'évanouir, comme ex-
pirait tout à l'heure l'agiotage financier. Hais la mort,
a-t-on dit , enfante la vie. Meure donc le matérialisme ,
c'est le spiritualisme qui renaît !
E. Talbot.
Mars 1849.
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Il y a quelques mots , rÂcadémie nantaise s*est iocrt à
coup souvenue, et j'avoue que je me tiens assez fier de lui
avoir à ce sujet réveillé la mémoire, s*est, dis^je, souvenue
d'un des 60 articles de son règlement, qui l'autorise et ren-
gage à décerner des encouragements aux travaux d'art ou
d'industrie de quelque importance exécutés dans le dépar-
tement.
Cet article était, en cela semblable à ceux de beaucoup
de maintes Constitutions, demeuré jusqu'ici presque à l'état
de lettre muette ; mais l'Académie a noblement réparé son
oubli. Elle a décidé qu'une commission choisie dans son
sein irait visiter les ateliers de ceux de nos artistes et de
nos industriels qui lui en feraient la demande , et que des
médailles seraient décernées aux plus dignes. Plusieurs ce-
pendant ont négligé ou méprisé cet avis de l'Académie, à
diverses fois répété dans les journaux : s'ils ont à regretter
aujourd'hui de n'avoir aucune part aux récompenses bien
moins matérielles qu'honorifiques que nous allons accorder,
ils n'ont à s'en prendre qu'à eux.
Il a suffi , du reste, à la commission des visites fort nom-
breuses qu'elle a faites , et dont l'intérêt a , et au-delà ,
compensé la fatigue, pour se confirmer dans lidée précon-
çue des progrès considérables accomplis depuis quelques
années par notre cité dans les arts et dans l'industrie. D'une
part, Nantes tend, de jour en jour, à devenir la métropole
artistique de l'Ouest de la France. De l'autre, cette viHe
tient incontestablement aujourd'hui le premier rang parmi
les cités industrielles de second ordre, et si elle ne saurait
encore rivaliser avec Lyon, Rouen, Saint-Étienne, Lille,
Mulhouse, il ne faut point oublier que ces villes situées à
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rintérieur, n'ont point , comme Nantes , pour attirer les ca-
pitaux avantureux, la double voie de Findustrie manufactu-
rière et du commerce maritime.
Vnlr.i «tiiaI.q &nnt cpiit Ha nn<« flrf.ÎRtp.s At. Ha nos înHiiAfrîpJft
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— 109 —
nuMrique peut seule, peut-être encore aujourd'hui en pré-
senter en France.
Quand la commission visita l'atelier de M. Fortin, la plu-
part des jolies compositions que nous avions peu de mois
auparavant admirées à l'Exposition triennale avaient dis-
paru, empressés qu'avaient été leurs acquéreurs de les ré-
clamer et d'en jouir à l'instant. Hais un nouveau tahleau
était sur le chevalet, et qui suffit seul à ravir tous nos
suflrages ; il est exposé , en ce moment , au cercle des Arts ,
chacun peut aller le juger. Le sujet en est bien simple : une
chaumière délabrée, une vieille femme, qui file à la porte,
près d'elle un gars breton tout déguenillé et aux cheveux
ignorants du peigne; enfin, deux ou trois poules, qui pi-
cotent leur maigre nourriture, voilà ce dont Tartistea su
faire un chef-d'œuvre. Ce délabrement , cette misère , cette
saleté , l'ont vivement ému , et c'est parce qu'il a peint ,
non avec sa brosse, mais, comme il le fait sauvent, avec
son cœur, que Paris , juge intelligent de ce qui est vraiment
beau , a décerné à M. Fortin , notamment pour ce tableau ,
une médaille d'or de première classe. Si notre budget aca-
démique nous eût permis de la doubler, nous l'eussions fait
sans aucun doute; mais nos premières médailles ne sont
que d'argent; c'est avec un vif plaisir que l'Académie en
décerne une à M. Fortin.
M. Suc (statuaire). — Médaille d'argent.
Est-il besoin, Messieurs, de rappeler longuement devant
vous les œuvres originales et émouvantes de notre plus
éminent sculpteur, du moins parmi ceux qui n'ont point
été chercher au soleil ide Paris des rayons plus brûlants
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~ no —
pour échauffer leur génie? Sa Mendiante ^ son Aveugle bre-
ton et sa Mélancolie ne sont-elles pas de ces créations qui
vont droit au plus intime de notre ftme et y gardent à tout
jamais une place choisie et abritée des vents de l*oubli?
Aucun de vous ignore-t-il que peu d'artistes de la capitale
égalent M. Suc dans le buste, ce genre si simple au premier
abord et cependant si difficile 7 Que de vie , que d'expression,
que de sentiment dans toutes ces tètes, qui formeront un
jour une si curieuse galerie!
Quel est cet homme dont l'œil plonge vers Tborizon, fixe
et hardi comme celui de laigle ? C'est Henehel, l'illustre as-
tronome. Cet autre, sur le front duquel reluit un si émî-
nent caractère d'imagination? C'est le docteur Cruépin. Et
celui-ci au regard calme et bienveillant, et dont la tète car-
rée dut se plaire dans les patientes investigations de la
science? C'est Poisson j le grand géomètre. Voici Rachel,
la sublime tragédienne; H.^^' Masson^ dont les chants vi-
brent encore dans nos cœurs; LUz^ le pianiste inimitable;
M. Fourré, ce médecin d'un tact si sûr, d'un esprit si juste
et si profond , d'une grâce qui ne s'est point affaissée sous
le poids des années; M. Lafont, l'habile chirurgien;
Mm de Hercé^ notre saint évêque d'illustre mémoire ,
et dont les vertus de son successeur ont pu seules atté-
nuer pour nous les regrets de la perte; Mellier enfin,
l'honneur de l'antique Mairie de Nantes.
Ces travaux divers, auxquels nous devons ajouter un
buste gracieux de la propre fille du sculpteur et une char-
mante tète de Vierge, sont surtout, parmi ceux en trop
grand nombre de M. Suc, que nous regrettons de ne pou->
voir rappeler, ceux qui ont déterminé l'Académie à l'una-
nimité à décerner à M. Suc une médaille d'argent.
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— m —
M. ÀHàBÉB MàNÀBD (statuaire). — Médaille d'argent.
H. Ménard est ud de nos sculpteurs les plus éminents.
La eorrection et une heureuse facilité d'invention sont les
caractères distinctifs de son talent. Parmi ses bustes, on a
surtout reoaarqué, à nos diverses expositions, ceux de
M. de Saint-Aignan, du général de Lamoricière, du géné-
ral Cambronne^ de M.gr Soyer, ancien évêque de Luçon;
de H. Drioliet, architecte de la ville, etde M."** AnnaThillon,
la charmante cantatrice dont Nantes encouragea les débuts.
Un buste de Baco^ ce digne émule de Mellier à la mairie
de Nantes, et que M. Ménard exécute en ce moment, s'an-
nonce pour devoir être digne des précédents.
Parmi les vingt et quelques statues déjà exécutées par notre
compatriote, et dont plusieurs, placées aujourd'hui en Poitou,
en Lorraine, à Lyon et dans d'autres lieux éloignés, nous sont
malheureusement inconnues, nous devons vous signaler
sommairement le Forban, ouvrage acheté par la mairie de
Nantes et qui orne le Musée ; Sara la baigneuse^ ouvrage
récompensé par le Ministre de l'intérieur; le beau groupe
du Condamné^ qui obtint à Paris d'unanimes suffrages;
Haydée^ esclave à vendre dans un bazar d'Orient ; Armide^
statue non terminée, mais dont la partie supérieure pres-
que achevée nous a paru d'un heureux modèle; Gilbert^
mourant à l'hôpital , une des meilleures œuvres, comme
sentiment et comme exécution, de M. Ménard; enfin ,
plusieurs statues pour des églises, et les modèles fort
remarquables de deux figures colossales, la Force et la lot,
destinées au Palais- de- Justice de Nantes. Tant de travaux
sérieux» et dont le nombre nous empêche de pouvoir £iire
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- H2 -
ressortir toutes les qualités en détail, ne pouvaient laisser
pour TAcadémie aucune porte à l'hésitation , et c'est avec
hnnhpiir iiii'pIIa di^ri^me à M. Am<^rlpA M^narti nnp. nkjÂdm'Ujt
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masse informe, et ne Ta quitté qu'avec le dernier coup
d'ébauchoir. £n pouvait-il être autrement, lorsqu'il s'agis-
sait de reproduire, pour la postérité, l'image d'un martyr
de la civilisation et de la liberté? En l'exprimant ainsi avec
une si rare intelligence et un si pieux recueillement,
lartiste a &it mieux qu'un beau buste, il a &it acte
d'un bon citoyen; c'est l'un et l'autre que l'Académie
récompense en décernant à M. Grootaers fils une midaUle
iargenU
M. BouRGEBEL {arcMtecte et dessinateur). — Médaille
d'argent.
De M. Grootaers à M. Bourgerel, la transition se fait
sans peine; car des deux bustes du général de Bréa exé-
cutés par M. Grootaers, l'un est destiné à figurer au som-
met du remarquable mausolée élevé à la noble victime, sur
les plans de H. Bourgerel. Fils de la cité, M. Bourgerel,
riche d'études sérieuses feites à l'école de Paris, et perfec-
tionné par de longs voyages en Italie et en Grèce, est re-
venu chez nous il y a quelques années. Le rare mérite de
ce jeune architecte, non moins que l'aménité de son carac-
tère, ne tardèrent pas à déterminer M. Chaigniau, hélas! que
le choléra a si fatalement enlevé, à le prendre pour associé.
M. Ghaigniau n'eût pas à s'en repentir. Déterminer la part
exacte qui revient à H. Bourgerel, dans les divers monu-
ments élevés pendant son association avec M. Chaigniau,
serait assez difficile ; cependant nous savons positivement
que le beau mausolée du marquis de Goulaine, en style
ogival, l'église de Ghavagnes, en style byzantin, et enfin le
tombeau du général de Bréa, lui appartiennent presque
8
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— H4 —
exclusivement. Dans ce dernier monument se révèle surtout
tout ce qu*a d'érudit et d'original, dans son imitation, le
talent de M. Bourgerel. Constamment occupé pendant ses
voyages à dessiner avec le plus admirable talent les plus
beaux restes de rarchitecture grecque, il a su, tout en y
mariant ce que la croyance catholique y réclamait impé-
rieusement, se servir de ces admirables éléments de Tart
hellénique pour élever un monument marqué au coin du
goût le plus pur et de la plus exquise élégance. L'Académie,
jalouse de récompenser en M. Bourgerel un architecte déjà
fort distingué, et un de nos meilleurs dessinateurs, lui dé-
cerne une médaille d'argent.
M.Henri Villainb (peintre). — Médaille de bronze.
M. Henri Villaine appartient à cette génération de jeunes
peintres nantais, parmi lesquels brillent encore MM. Picou,
Luminais, Charles Leroux, Chérot, Olivier Merson et quel-
ques autres qui, si la ville et le département comprenaient
toute leur valeur, donneraient bientôt de si beaux fruits sous
Tinfluence de larges encouragements.
M. Villaine a longtemps étudié à Paris et en Angleterre,
et n'est revenu à Nantes que depuis deux ans. Hais déjà
son remarquable tableau de la Conspiration des poudres et
plusieurs portraits en pied, lui ont créé parmi nous une
juste et solide réputation. Son dessin est généralement
correct, ses poses naturelles, sa toucfie large et vigoureuse,
son coloris agréable. Il compose facilement, et le don de
l'expression ne lui est pas inconnu. Est-ce à dire que M.
Villaine soit déjà un artiste consommé ? Non, sans doute,
mais, comme à d'heureuses dispositions, M. Villaine joint
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— It5 ~
le goût ardent de son art et le cultive assidûment, nous ne
faisons nul doute qu'une des premières places ne lui soit
un jour assignée dans l'histoire de la peinture en Bre-
tagne.
L'Académie décerne à M. Villaine une nMaiUedebranze.
M. Chalot (peintre). — Médaille en bronze.
11 y a un an passé, M. Chalot > récemment sorti de l'a-
telier de M. Ingres, exposa un tableau d'Àrmide et Jle-
naïuf , qui, nous devons le rappeler, loin d'obtenir les
suffrages du public, fut critiqué généralement, peu^étre
même avec trop d'amertume. Nous-méme, dans un rap-
port qui nous fut alors demandé par l'Académie , crûmes ,
tout en reconnaissant des qualités réelles dans l'œuvre de
H. Chalot, devoir donner quelques conseils un peu sévères
à ce jeune artiste. — Chose étrange, et me croirez-vous,
Messieurs , loin de mettre son amour propre entre ma
critique et ses deux amoureux transis pour les protéger
contre des traits trop bien lancés, M. Chalot me fit prier
d'aller le voir. Je vous remercie, Monsieur, me dit-il,
vous m'avez rendu un grand service. Armide et Renaud
n'existent plus ; j'ai déchiré mon tableau, il était vrai-
ment fort mauvais. — Quoi, vous en convenez? — Oui,
Monsieur ; oubliez-le comme une erreur de ma jeunesse ;
mais veuillez jeter les yeux sur cette nouvelle toile; sans
être totalement terminée, elle est, je crois, de nature à
me réhabiliter dans votre esprit.
— M. Chalot avait raison. Non-seulement ses éminentes
qualités de paysagiste saiUaient encore dans son nouve&u
tableau, ainsi que sa rare habileté de brosse puisée à l'école
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du mattre en ce genre; mais en outre le sujet était dis-
posé avec une grande habileté. Quelques incorrections
prétentieuses et volontaires faisaient bien encore tacbe ,
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nottir, et rêve mos fio^ger^ béhs! que ce eouraat Ten-
tratne irrévocablement vers le sombre abtme, que le ciel
va se charger d'orages , les arbres perdre leur épaisse feail*
iure et les roses se flétrir ; -^ là une autre de ces char-
mantes créatures tresse avec des fleurs ime longue guir-
lande qui court le leog de la barque et va se rattacher au
gouvernail de la iiçoû la plus gracieuse. — Je l'avoue, ce
tableau d'un ordre élevé, où l'idéal, quand il &ît début
dans l'exécution t se devine tougours dans la pensée de
l'artiste, me surprit, me plut, et peu de jours après je ius
heureux de voir la commission partager mon impression.
Aussi l'Académie , sur notre proposition, accorde-t-elle
à M. Cbalot une midaille de bronze.
M. F. Dàiwiean (peintre). — Médaille de bronze.
M. F. Dandiran est un très-bcile et agréable dessinateur.
U bit l'aquarelle avec un goût infini. Ses mines de plomb
sont habilement touchées, le crayon noîr et le fiisin n'ont
pour lui aucun secret , la gouache a des charmes à ses
yeux, le pastel le tente souvent, et rbuile aussi quelquefois.
Paysage, marine , architecture, figure au besoin, M. Dsn-
diran s'est essayée tout ,et a presque toujours réussi.. U n'a
Ulu rien moins que cethabile homme pour consoler tous
nos jeunes amateurs du départ de M. Jules Noëlj cet ar-
tiste bas-breton auquel , sans conteste, revient la gloire
d'avoir créé dans notre ville le goût et l'étude si répandus
aujourd'hui du paysage. Plus artiste, dans le sens, pour
ainsi dire , spirilualiste de cette expression , que H. Dan-
diran , et plus propre à communiquer le feu sacré de
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— H8 ~
l'art, M. Noël, faute d*étades personnelles sofifisamment
approfondies, laissait généralement ses élèves tout au
plus au tiers du chemin. M. Dandiran les a pris à ce point,
et, plus riche à son tour de règles et de principes, il a
su leur &ire fieiire un nouveau pas dans la carrière. Puisse-
t-il , acquérant lui-même ce qui peut manquer encore de
vigueur et d'originalité à son talent, les pousser vers le but
final! Appréciant donc non moins son talent en lui-même
que les progrès dont la jeune génération lui sera redeva-
ble , TÂcadémie décerne une médaiUe de bronze à M. Dan--
diran.
M. GaooTÀEBs père {statuaire). — Mention honorable.
Depuis longues années, M. Grootaers père emploie un
ciseau qui n'est pas sans valeur à orner nos édifices cirils
et religieux ; c'est à lui notamment que sont dues en grande
partie les statues de style gothique qui décorent la nouvelle
église de Saint-Nicolas. Son fils, nous l'avons déjà dit, l'a
aidé dans ces importants travaux. Peut-être dans cet élève,
dans cet émule , dans ce rival rencontré et cherché même
à son propre foyer , H. Grootaers a-t>il aujourd'hui trouvé
son mattre. Hais dans cette noble lutte des arts , quel père
n'est heureux d'être vaincu par son fils? et des lauriers du
jeune triomphateur ne tresse-t-il pas la plus belle couronne
de ses cheveux blancs?
L'Académie décerne avec un vif plaisir à H. Grootaers
père une mention honorable.
M. GiovAinîTTT fils {statuaire), r- Mention honorable.
Les ouvrages du jeune et modeste artiste que nous ve-
nons de nommer, ont fixé aussi les regards bienveillants
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de la commission. Elle a surtout remarqué une statuette
représentant la mère du Sauveur empreinte d*un senti-
ment fort religieux et dont le l\pe ne manque pas de dis-
tinction. Les draperies en sont traitées avec goût ^ et la
même observation s'applique aux autres productions de
H. Giovanetty. Dues à une main encore peu exercée, il
serait inutile de vous les signaler en détail, mais leur en-
semble justifie d assez de qualités et de belles promesses
pour motiver la mention honorable que l'Académie ac-
corde à M. Giovanetty.
Quelques-uns nous trouveront peut-être bien indulgents.
— Ah ! ne craignons point de prodiguer à la jeunesse des
visites amicales, des motsélogieux,de salutaires encourage-
ments. Sous le souffle de l'acquilon se dessèche et tombe ,
avant de s'être épanoui , le fragile bouton de la rose. Il en
est ainsi des premiers produits du talent. Ce sont des fleurs
que l'envie, la jalousie, l'oubli surtout et Tindifférence
étiolent , faneut, et qu'aucun fruit ne vient remplacer.
ra0170TlllKUi.
MM. CflARPEnTiER père et fils {imprimeurS''lithographes).
— Médaille d'argent.
L'établissement de M. Charpentier est incontestable-
ment le plus beau en son genre, non-seulement de
Nantes, mais de toute la Bretagne; ni l'Anjou ni le
Poitou n'en ofirent aucun non plus , croyons-nous , qui
paisse lui être comparé. Lorsque M. Charpentier père,
champenois d'origine , arriva à Nantes , la gravure en
taille-douce était à peine pratiquée dans cette ville , et
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c'est à son initiative que nous devons Télan imprimé dès-
lors à cette branche intéressante de l'art. Plus tard, lors-
que la lithographie révéla ses étonnants procédés, M.
Charpentier s'empressa d'en faire iouir nos artistes. Ce
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parmi les diverses publications de la maison Charpentier ,
le Keep$ake breton , imprimé en couleur, dessiné et litho-
graphie par M.»^ loé Coste.
V Album de la Bretagne , par M. Hippolgte Lalame ,
élève de Charlet et professeur à l'Ecole Polytechnique.
La Galerie armoricaine , précieux recueil de cent cos-
tumes bretons, par le même artiste et auxquels sont venues
se joindre des vues précieuses de soin, d'exactitude et de
fini, par M. Félix Benoist, autre artiste de talent attaché
comme M. Delahaye à la maison Charpentier. Des notices
solides d'un spirituel écrivain qui cache son nom sous le
pseudonyme de Le Heder, complètent ce bel album , au*
quel M. Charpentier se propose de donner bientôt un digne
pendant, sous le titre de la Galerie Normande.
Sous peu paraîtra aussi un ouvrage fort remarquable
sur Nantes et le département , que M. Charpentier s'oc-
cupe à préparer depuis deux ans. U. Benoist en a dessiné
toutes les vues , qui , reproduites sur pierre par les pre*
miers artistes de Paris , seront imprimées à deux et même
jusqu'à trois teintes chez M. Charpentier. Le texte sera
dû à des plumes aimées du public nantais, telles que celles
de MM. Emile Souvestre , Pitre Chevalier , de la Goume-
rie, dlzarn, Eug. Carissan fils, Drioliet, Berger, etc.
Aucun, parmi tous les beaux discours entendus depuis
un an sur la décentralisation artistique et littéraire , lui
a-t-il fait fiiire un pas semblable à ces importants travaux
de MM. Charpentier? L'Académie la parfaitement com-
pris , et le leur prouve en leur décernant une médaille
d'argent.
Baron de Wisns.
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— 122 —
M. Alfbed Dbzàunày (architecte-ingénieur.) — Médaille
d'argent.
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— 123 —
d'une qualité supérieure. Avec Tégrappoir de H. Dezaunay,
uD seul homme Texécute avec une promptitude suffisante
l__ ^l - -1a_^ I .
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— 124 —
L'Académie décerne une médaille d'argent à M. De-
zaunay.
A. CàiLADD.
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— 125 —
compteur indUpensfibld pour \a^ apiratîoûs des expériences
des machines à Taide d'un frein de Prony.
3.^ Pour la constraction très-ingénieuse d'une machine
à vapeur iocomobile, appliquée au battage du blé.
WOLSILT.
MM. Guichet atné et F. Rdssbil (fonderie et ktminerie). —
MédaiUe d'argent.
On aperçoit au loin dans la canipagoe une tow monu-
mentale qui s'élève au milieu du quartier de Launay. C'est
dans cette tour que MM. Guichet et Russeil fobriquent je
plomb de chasse, dont ils opèrent le triage par un procédé
aussi simple qu'ingénieux. A cette branche d'industrie,
MM. Guichet et Russeil joignent la fabrication du minium
et le laminage du zinc; ils ne tarderont pas à pouvoir livrier
en outre au commerce le blanc de zinc, s'ils persévèrent dans
leurs premiers essais qui promettent un succès complet. Le
blanc de zinc peut être employé dans la peinture comme la
céruse, mais il ne présente pas dans sa fabrication les dan-
gers que cette dernière substance bit courir aux malheu-
reux ouvriers qui la préparent. — Le laminage du zinc est
une industrie nouvelle à Nantes ; MM. Guichet et Russeil
ont monté cette fabrication sur une grande échelle et y
consacrent une machine à vapeur de la force de vingt che-
vaux. — La Société Académique est heureuse de décerner
une médaille d'argent à ces habiles industriels.
Cm. w Tojluhuu.
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— 126 —
CONSTRUCTIOIV NATAEC.
M. GuiBERT {constructeur). — Médaille d*argent.
Parmi les grands travaux qui intéressent à un haut
Aarn»^ la m*/\eni&ritA Ha \u vÎIIa Ha Nanf ac lu r»AnfifmiP.tî/\n
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d'une probité irréprochable, et comme homme utile au
pays par suite de la grande quantité de travailleurs à Texis-
tence desquels ses importantes commandes de l'État ont
procuré le bonheur de pourvoir pendant trop peu de
temps.
Depuis vingt-cinq ans M. Guibert a construit à Nantes ,
à Cbàlons (sur Saône) , à Lyon et à Paris , 54 bateaux à
vapeur de la force de 1 5 à 240 chevaux. Dans ce nom-
bre, 18 ont été affectés au service de la mer, les autres à
la navigation fluviale.
Dans le même espace de temps , il est sorti des chan-
tiers de H. Guibert 65 navires à voile du port de 80 à
1,400 tonneaux.
La partie la plus importante des travaux de M. Guibert,
et celle qui a le plus particulièrement fixé l'attention de
votre commission, se rapporte à ses grandes commandes
de Tannée 1844. A cette époque, ce laborieux et intelli-
gent ingénieur civil, ayant appris que le Gouvernement
paraissait disposé à essayer de l'industrie privée pour ses
constructions navales , crut devoir employer tous ses
moyens pour faire jouir le port de Nantes de cette précieuse
&veur.
Il s'agissait alors de la construction des navires en fer,
et bien que les conséquences d'une entreprise de cette na-
ture, résultant d'un premier marché passé avec le Gou-
vernement , dussent entraîner notre constructeur nantais
dans d'immenses frais d'outillage, il ne recula pas devant
de si grands sacrifices, et se mit sur-le-champ à l'œuvre
pour créer son matériel.
Pendant trois années, la construction des navires en
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— 13^ —
fer, réunie à celle des navires à voile en bois pour le
compte de l'Etat , a mis en circulation sur notre place plus
de deux millions de valeurs. L*un et Tautre, comme nous
venons de le dire , avaient occasionné pour Tentrepreneur
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— 129 —
compenser les grands travaux utiles dans la personne de
leurs auteurs.
Nantes, 15 octobre 1849.
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— 150 —
parvenu, par son industrie et son assidu travaiU à fonner
à Nantes une des plus belles imprimeries de France. La
fonte des caractères exceptée , cette nurison offire toutes
les ressources typographiques désirables. A de belles
presses à bras elle vient d'ajouter une presse mécanique du
plus grand modèle, tirant par heure de mille à douze
cents feuilles imprimées des deux côtés.
Dansitout cela , il n'y a rien pourtant que , dons des pro*
portions moins grandes toutefois, ne possédât depuis long-
temps notre ville; ce dont il &ut surtout féliciter M. Gaîl*
mard, c*est d'avoir doté Nantes de' fourneaux et de moules
à cUcber au papier. Ce nouveau procédé de stéréotypage
offre de grands avantages pour la corraotion des épreuves ,
et procure le moyen de livrer à des prix réduits les im-
pressions qui doivent se renouveler souvent et se tirer k
un grand nombre d'exemplaires.
La Sodété Académique décerne une médaille de bronze
à M. Charles Gaifanard.
MM. Yàllet (JUateurs). — Médaille de bronze.
La filature de MM. Louis Vallet père et fib e6t> sans
contredit, dans Fouest de la France, un des plus beaux
établissements de ce genre. Une maebine à vapeur de la
force de vingt-cinq chevaux y met en mouvenent no»
moins de cinq mille brochés» et donne la Tie à Tappareil
complet des machines nécesisaires à h convwaon du cotMi
brut en fil de diverses grosseurs. Ce fil est ensuite livré à
plus de quatre cents ouvriers tisserands , qui en fabriquent,
pour le compte même dei'usine, ces excellentes et chaudes
ftttaines nantaises , connues de la Fraiioe entière et em-
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— 151 —
ployées pour doublure par toutes les clauses de la so*
ciété.
Nous ne pouvions fiiire moins que d'accorder une mé-
daille de bronze à MM. Vallet; ils ont d'autant plus de
droits à cet encouragement, que, dans les jours de crise
traversés par l'industrie, ils n'ont voulu reculer devant
aucun sacrifice pour que leurs nombreux ouvriers n'eussent
point à souffirir des douleurs et des misères du eJiâmage.
SmoEi.
M. DvGii*m-BBtTniGi& (FaMqtÊe de fleun). — Médaille
de bronze.
En sortant des sombres et bruyants ateliers de MM. Voruz
et Guichet , quel aimable contraste se présente aux yeux de
la commission en pénétrant chez M. Duchêne-Bettinger ! —
Du l'oyaume de Vulcain nous pénétrons dans l'empire de
Flore. — Est-ce la nature ou l'art que nous devons ici ad-
mirer?— la nature qui a fourni les originaux, l'art qui a
su les imiter au point de nous faire hésiter entre les mo-
dèles et les copies. — J'ai dit l'art ; oui , ce terme élevé
n'est pas hors de proportion lorsqu'il s'applique au fabri-
cant de fleurs. Que de goûi se révèle dans l'agencement
du branchage , dans la courbure d'une feuille , dans l'in-
clinaison d'une rose ! quel tact est nécessaire ! quelle con-
naissance approfondie des curieuses recherches de M. Che-
vreul dans la juxta-position de tant de fleurs différentes
de formes et de couleurs. Aussi qui ne connaît , au moins
de réputation, les Nattier , les Bâton, les Constantin? M.
Duchéne-Bettinger est le digne rival de ces hommes de
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— 132 —
talent; ce génie, aux yeux des élégantes de Paris, vaut
bien, voire mieux que celui des Kepler et des Newton. M.
Duchéne-Bettinger , qui a fondé pour l'étude des fleurs ar-
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— 153 -
Ce qui appartient personnellement à M. Bobierre, c'est :
1.^ L'addition du sulfate de plomb, comme fondant, au
sol&te de soude destiné à la fabrication du verre ;
2.*" L'emploi des résidus de chaux dans l'agriculture;
S.*" L'utilisation du chlorure de manganèse : 1/ pour
désinfecter les fosses d'aisance, opération qui s'exécute en
grand à Nantes ; 2.'' pour coaguler le sang destiné à l'en-
grais, comme cela se pratique à l'abattoir de Grenelle.
En raison du grand développement pris par l'établisse-
ment dans ces dernières années, et des perfectionnements
dont nous venons de parler , la Société a cru devoir lui dé-
cerner une médaille de bronze.
Le Docteur Màlhbbbb.
Fabrique de chandelles et de bougie stéarique de MM. Thi-
bault FBÈBES. — Médaille de bronze.
Cet important établissement se recommande , tant pour
la bonne confection que pour l'écoulement considérable
de ses produits. MM. Henri et François Thibault , occupés
spécialement de sa direction, ne cessent d'y apporter les
soins les plus assidus et les plus intelligents.
La commission de la Société Académique , qui a été in-
ritée à visiter la fabrique de MM. Thibault, a constaté avec
une grande satisfaction que , sur les bons avis publiés par
le Conseil de Salubrité de Nantes , ces honorables indus-
triels n'avaient reculé devant aucun sacrifice dans la mise à
exécution et l'application réalisable des moyens indiqués
par la science pour fondre les suife en branche, sans aucune
manifestation d'odeur insalubre ou incommode.
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1
— 154 -
Les incoQtefttables succès dont les efforts de MBI. Thi-
bault ont été couronnés dans cette circonstance , joints à la
distribution ingénieusement entendue du travail dans leurs
ateliers et à la qualité supérieure des produits de leur h-
brication, ont déterminé votre commission à proposer à la
Société qu'il kur soit décerné une médaille de bronze.
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— 156 —
3.® Une lettre du Ministre de l'instruction publique in-
diquant les formalités à observer pour Tenvoi des journaux
échangés entre les Sociétés savantes, pour que cet envoi
puisse avoir lieu sous le couvert du Ministre.
4.® Une lettre de la Société des Sciences, Lettres et
Arts de Valencieonies, et une autce de la Société d'Agri-
culture du Puy (^aute-Lpira^, tputâB deux relatives au
même objet.
5.^ Une lettre du Cercle maritime de Nantes; remercf-
mçnts pour les lettres d'inviti|tion à |i| ^j^ Pl4^vae
adressées par la Société.
6.® Deux Mémoires sur l'Organisation de la Médecine
des pauvres, question mise au concours pour 1850. —
Renvoyés provisoirement h la Section de Médecine pour
être remis, plus tard, à la commission des prix.
7."* Tableau oompacatif du poids du bétail à la nourri-
ture et à la production du fumier et du froment, par M.
Neveu-Derotrie.
8.^ Discours prononcé par M. Marchand à la distribu-
tion des prix df l'École préparatoire de Médecine , en no-
vembre 1849.
9.'' Assemblée générale de la Société philanthropique de
Niort, 13 janvier 185Q.
lO."* Mémoires de l'Académie nationale de Metz, lettres,
sciences, arts et' agriculture. XXX.* année, 1848, i&49.
1 i ."^ Séance publique annuelle de la Société d'Agricul-
ture de la Marne, sujet de prix pour 1850.
12.'' Bulletin de l'Athénée du Beauvaisis, séance pu-
blique de 1849.
13.*" Éloge historique de Lesson, pharmacien en chef
de la marine , par M. A, Leièvre.
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~ 157 —
14.* Étude des intérêts réciproques de l'Europe et de
rAfflérique. — La France et P Amérique du Sud, par Ben-
jamin Poneel.
i5.' Congrès central d'agriculture, invitation à la So-
délé d'envoyer des délégués.
16.^ Société d'Agriculture^ des Sciences et Arts d'An-
gers. — Travaui du Comice horticole de Maine-et-Loire.
1848.
17.® Bulletin de l'Association agricole du Sig, novembre
1849, oifert par M. Simon.
Composition du bureau de la Section des Sciences na-
turelles pour 1850.
Président, MM. Delaiiarbb.
fke-PriHdent , Moriceau.
Secrétaire^ de RosTimc de Rivas.
Secrétaire adftrintj DEiAiAimE.
Trésorier^ Pradal.
Bibliothécaire archiviste^ Auger de Lassus.
M. Simon continue ses intéressantes communications
sur la Littérature persane* — Histoire de Kourroglou , ban-
dit turcoman.
SéMce au 6 man 1$50.
PRàSlDERCE DE K. 6ËLY, .
Lecture et adoption du procès-verbal de la précédente
séance.
M. Lambert demande à échanger son titre de membre
résidant en celui de membre correspondant.
M. Dubochet, membre correspondant^ demande à de-
venir membre résidant; ces deux demandes sont agréées.
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— 138 ~
La Société a reçu :
l."" Une lettre de H. Neveu-Derotrie accompagoant plu-
sieurs exemplaires de deux projets de loi, Tuo sur les
caisses de retraite pour la vieillesse , l'autre sur les Caisses
de Secours mutuels.
2."* Bulletin de la Société d'Agriculture, des Sciences
et Arts d*ADgers; 1/S 2.% 3.« et 4/ livraison.
S."" Bulletin de l'Association agricole du Sig , décembre
1849 , offert par M. Simon.
La Société s'occupe ensuite d'une proposition du Co»
mité central relative à un changement de locah
Après une discussion à laquelle plusieurs membres
prennent part , la Société autorise le Comité central à trai-
ter en son nom avec le propriétaire du nouvel apparte-
ment, et à donner congé de son local actuel*
Sur un rapport de M. Talbot, au nom d'une commission,
la Société admet au nombre de ses membres résidants
M. Carissan (Eugène-Pierre- Vincent) , né à Nantes , le 6
juillet 1830, professeur d'histoire et de langue française à
rÉcole primaire communale supérieure , collaborateur lit-
téraire du journal V Alliance , et auteur d'un Essai sur les
chants populaires des différentes nations européennes,
comparés à ceux de la Bretagne, publié en feuilletons
dsim VAUiance, 1849.
Le Château et les anciennes fortifications de Nantes,
publié dans Nantes et la Loire-Inférieure , 2 vol. in-f'*.
Séance extraordinaire du 20 mars 1850.
PIVÉSinE^XCE BB H. GRÉGOIRE, VICE-PRÉSIDENT.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
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— 139 —
Correspondance:
1.* Lettre de H. A. Guéraud accompagnant un portrait
de M. l'abbé Lechat , offert à la Société.
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VOIE ROMAINE
DE RENNES
VERS LE MONT SAINT-MICHEL,
PAR H. BIZEDL.
Cette voie devait sortir de Rennes par la porte Saint-
Michel , puis aller par la rue Haute , traverser la rivière
dllle au Pont-Saiot-Martin, où débouchaient plusieurs
autres voies , et entre autres celle de Rennes à Gorseul.
Elle se rend au bourg de Saint-Grégoire , en passant par
le village de la Chaussée , qui lui doit son nom , et en
suivant d'assez près la rive droite de Tille. Elle est connue,
dans la paroisse de Saint-Grégoire , sous le nom de Che^
min de la Chèwe , et les habitants Fattribuent à la
bonne duchesse Anne. L'ancien pavé ou empierrement est
souvent recouvert par des alluvions; mais elle est encore
visible en beaucoup d'endroits , au témoignage de M. Du-
plessix de Grenedan, qui a fourni plusieurs renseigne-
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— 141 —
ments sur celte Voie au savant H. de Gerville , de Valognes,
en 1S39. Une autre personne a signalé, sur le bord de la
▼oie , au nord et à t kilomëtre du bourg de Saint-Gré-
goire , tell vestiges d'un fort où camp romain.
M. de Gèrville, qui s'est beaucoup occupé de cette voie ,
parce qu'elle lui paraît être le prolongement de celle qu'il
conduit de la côte dé Normandie à la côte de Bretagne ,
aa travers des gt^èves du llfont-Saint-Micbel ; M. de Ger-
viHe nous donné , à son sujet , à la fm de sa notice sut les
viOes et voies romaines de la Éùsse-Normandie ^ Valognes,
1838, in-8 , p. 91, des renseignements qu'il dit avoir
reçus d'une personne très-édairée de Itennes , et qui sont
le résultat d'une rechercbe attentive et applrofondie , faite
depuis plusieurs années entre Rennes et Feins.
La foute romaine, d'après cette personne, a laissé des
tractô trës-mariquées et très-abondantes entre Rennes et
Feins. Elle est connue, dans le pays, sous le nom de che-
min de la duthesse Anne. Ce nom donné , dans toute la
Haute-Bretagne, aux voies antiques , suffit pour démontrer
que celte dont nous' cherchons la trace, est bien véritable-
ment Foéuvre des RoYnains.
Ihi bourg de Saint-Grégoire , la voie va passer au village
du Vivier-Louis , puis à celui de la Bretesche , dont le
nom , dans notre vieux langage , signifiait forteresse^ camp,
tout ouvrage âe' fortification; de là aux villages de la Pierre,
d'Evrati ^ As la Êtatietais en Bettou , dont elle laisse le clo-
cher à 2,300' mètres à YÉ. Elle doit, en quittant la Haue-
lai^, traverser un affluent de la rivière d'IUe, au moulin à
eau de la Hardrouyère, à très-peu de distance de la
maison dit même nom. Elle remonte ensuite le coteau
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~ 142 ~
entre les villages de la Goufrais , qu'elle laisse à VO. , et
celui delà Hazure, à TE.; puis, prenant la dirçctîoa N.
plein , elle se rend au village de la Michetièrc , laissant à
un peu plus de 2 kilom. les bourgs de Cheveigné , à TE. ,
et de Melesse, à TO. Elle doit passer à la queue de l'étang de
la Grimaudais , dont le manoir , situé en Melesse, reste
à 2 ou 300 mètres , à TE. de la voie^ qui doit, dans le
même intervalle , passer aux villages de Sérvaude et de la
Spetière, ou au moins dans leur voisinage trèç-rappvoché,
La voie laisse un peu à TO. la ferme du Chastelier^ dont
on sait que le nom annonce toujours une enceinte forti-
fiée , qu'il conviendrait d'explorer.
L'observateur qui nous a guidés jusqu'ici, conduit tout
d'un trait la voie depuis la Michetière jusqu'au bourg de
Saint-Germain-sur-Ule. Dans ce trajet de 2,500 met. ^ elle
traversait deux très-petits affluents de Tille , et cette ri-
vière elle-même , par un gué qu'on croit avoir existé près
du château du Verger. De là elle gagnait, en gravissant le
coteau , le bourg de Saint-Germain , placé sur la sommité ,
et y passait près de l'église. Lorsqu'on a creusé le canal
d'IUe-et-Rance, en dérivation de l'ancien lit de la rivière ,
sous Saint-Germain , on a dû reconnaître les vestiges de la
voie, que Ion coupait dans sa largeur.
Du bourg de Saint-Germain , notre guide nous conduit,
sans observations intermédiaires, jusqu'à celui d'Aubigné ,
et dit que la voie arrive à l'ancien château ruiné , qu'indi-
que la carte de Cassini. Nous parcourons ainsi 5 kilom. , et,
cette carte sous les yeux , tirant une ligne droite de Tun à
l'autre clocher , nous pensons que la voie devait passer très-
près des villages de la Fouche et du Rocher , de la maison
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— 143 —
ou manoir de Brin, des villages de la Croix, du Bas-Gis*
seul et du Tertre-au-Bouvier. Elle laisse ainsi à un kilom.
à rO. le bourg de Saint-Mard , ou plutôt Saint-Médard*sur
nie.
Le château ruiné , dont nous avons parlé , est situé tout
près et au S.-E. du bourg d'Aubigné. Il serait bien à
propos qu on en levât le plan. Il y a lieu de croire qu'il
fut , dans l'origine , un camp romain , destiné à défendre la
voie. Quoiqu'il en soit, ce château, au moyen-âge, donna
son nom aux seigneurs d'Âubigné, dont le plus ancien,
nommé dans les preuv« de Thist. de Bret. , par D. Morice ,
t. 1, 491, est Raduif, qui attesta et scella de son sceau
une donation faite à labhaye du Mont-Saint-Michel, par
Guillaume Boterat, en 1095, à Tinstant du départ de ce*
lui-ci pour la croisade. Le titre était conservé au chartrier
de l'abbaye , et il portait encore le sceau , qui a été donné
par nos bénédictins , ayant pour légende : Sigillum Ba-
dul/i de albineio^ avec Técussou de gueules à 4 fusées d'or
posées en fasce.
Un seigneur d'Aubigné, qui vivait dans le même temps
et que les chroniques de Robert du Mont et de Mathieu
Paris nomment Guillaume , parait être de la même fa-
mille, puisqu'on le donne comme chevalier du pays de
Bol. II se trouvait parmi les Bretons qui, sous les ordres
d'HéUe, comte du Mans, combattirent, à la bataille de
Tinchebray, pour Henri L", usurpateur du trône d'Angle-
terre , contre Robert, duc de Normandie, son frère aine,
qui devait légitimement succéder à Guillaume*le*Roux ,
leur frère commun. Cette bataille fut donnée, dit-on, le
27 septembre 1106. Guillaume d'Aubigné s'y distingua
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1
- 444 -
tellement qu'on assure qu'il eût la meilleure part à la yic
toire que Henri remporta.
On trouve successivement dans nos chartes bretonnes :
Juhel d'Aubigné , en 11 22 ;
Raduif ou Raoul d'Aubigné, en 1149;
Guillaume d'Aubigné, en 1151, 1162, et pobablement
en 1183, date d'un titre de l'abbaye de la Vieux- Vfllé,
portant que, par suite d'accord sur toutes leurs querelles,
ledit Guillaume reçoit d'ArscuIf de Soligné cent souldées,
centum solidatas, de rente.
On trouve, sous la môme année, 1183, Raduif d'Au-
bigné, qui paraît être le fils de GuHIaume. Il devint sei-
gneur de Landal , en la paroisse de I^aboussac , par son ma-
riage avec Maliaud de Mont-Sorel, unique héritière de
Guillaume de Mont-Sorel. Nous aurons occasion de parler,
dans un autre chapitre , de ce chftteau de Landal , Tune des
places les plus importantes de la frontière de Normandie.
Le P. Aug. Dtt Paz, p. 453, nous apprend que Raduif
fit le voyage de la Terre-Saincte et alla en Hierusalem, ap-
paremment avec Philippe-Auguste , en 1190; mats il ne
nous dit point s'il en revint. Sa veuve remariée à Jean Pay-
nel (Paganelhis) , chevalier d'une noble et ancienne mai-
son de Normandie , était veuve une seconde fois, eti 1228.
(V. Du Paz, p. 453.)
Le P. Du Pas donne pour fils à Raduif un autre Raduif,
2.' du nom. Mais je crois qu'il se trompe. On trouve, en
li99, 1200 et 1204, un Guillaume d'Aubigné, qui avait
dès lors deux enfents, Raduif et Guillaume (1), et qui de-
(1) V.D. Mor.pr. 1.776.
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— 145 ~
vait être ffls do Radulf marié à Mabaud de Mont-Sorel. Son
sceau portant un écuseon de gueules aux quatre fusées d'or
posées en fasce, comme celui du Raduif, i.^^du nom, que
nous avons mentionné ci-dessus, mais brisé de 6 bezants
d*ar, 3 en tête eti en pointe, était joint à un acte de 1200 ,
tiré des archives de Marmoustier (1). Ces bezants pour-
raient donner à penser qu il aurait suivi son père à la
croisade. (V. D. Mor. pr. 1. p. 784 et n.« LXV, des
sceaux.)
Radulf, que |e crois fils aîné de Guillaume, se trouve
dans les mêmes chartes, en 1226, 1247, 1267 et 1272.
Cependant, je serais porté à croire qu'il y a eu successive-
ment deux Radulf; c^r, en 1247, Raduif d*Âubigné,
seigneur de Landal , qui présenta à l'ôst du duc deux che-
vaiiers pour cette terre , n'était pas lui-même encore che-
valier,
.... Qut\ tune non erat miles»
Ce qui prouve qu'il était encore fort jeune. (V. D. Mor. pr.
i. 931.)
Ce doit être de ce dernier Radulf, que sortit Guillaume
d'Aubigné, en qui paraît s'être éteint le nom de sa maison.
Il n'eut quune fille, Mahaud ou Mathilde, qui épousa Oli-
vier, sire de Montauban , et lui porta les terres de Landal
et d*Âubigné.
Ce fut Mahaud qui, en 1388, dans l'acte de partage
donné par Olivier de Montauban à Jehanne de Montauban,
sa sœur, consentit à ce que la seigneurie d'Aubigné lui fut
(1) y. D. Mor. 784.
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— 146 —
concédée en propre. Ce même acte nous apprend que Je-
hanne de Montauban était alors veuve de messire Jehan
de la Tailleie ou Teillais. On ne sait si elle avait des en-
fants qui possédèrent après elle cette chaste'ainie , qui re-
levait du sire de Chastillon , ni comment cette terre fut
réunie à celle de la Magnanne , qui en est voisine. Je pré-
sume qu Aubigné passa, avec la Magnanne , dans la maison
de Mont-Bourchier, par le mariage de René de Mont-Bour-
chier, seigneur de Chassé, avec la dame de la Magnanne.
C'est tout ce que nous apprend d'elle la généalogie jointe
à la réformation de la noblesse de Bretagne de 1668.
Cette digression sur l'antique maison d'Aubigné ne pa-
raîtra peut-être pas déplacée ici à ceux qui aiment à remon-
ter à l'origine de nos anciennes seigneuries bretonnes, ou,
pour parler plus exactement, à l'époque où elles sem-
blent sortir de la nuit des temps. Revenons à la voie ro-
maine.
Les renseignements du guide qui nous a si bien conduits
depuis Rennes jusqu'à Aubigné, ne vont pas au-delà. Il
ajoute seulement que près des ruines du vieux château et
surtout vers Feins, on rencontre des traces considérables
d'anciennes habitations. Mais quelle est la situation précise
de ces débris? Quel est le caractère de leur maçonnerie? Il
serait très-intéressant d'étudier cette localité, d'autant plus
que nous arrivons à Feins, et que cette petite bourgade a
acquis , depuis un siècle, une certaine célébrité dans les
dissertations des savants.
L'itinéraire d'Antonin donne une route se rendant
d'Alauniumk Condate, et il l'indique de la manière sui-
vante :
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~ 147 —
lier ab AUmnio Condale
H. p. Ixivij. Sic:
Cosedias m. p. — xx.
Fanum Marlis m. p. — xxxij.
Ad'Fines • ....... m. p. — xxvij.
Condate m. p. — xxix.
Od est à peu près d'accord à reconnaître Aleaume, près
de Valognes, dans Alaunium, et Rennes dans Condate.
Hais on est loin de Tètre sur l'empkcement de Cosedias et
surtout de Fanum Marlis et à'Ad'Fines. Je ne m'occuperai
point ici des deux premières de ces stations intermédiaires;
je les crois du territoire normand , et je ne veux point em-
piéter sur les droits que le savant M. de Gerville s'est si lé-
gitimement acquis par ses recherches et ses écrits sur le
Cotentin.
Reste X Ad'Fines, dont je ne puis m'empécher de parler,
étant arrivé à une localité dont le nom a , par sa grande
analogie, attiré Tattention des explorateurs d'antiquités ro-
maines.
Le premier qui se soit occupé de noire ad-fines, est
le géographe Sanson , qui le plaça à Pont-Orson , sur la
limite actuelle de la Bretagne et de la Normandie. Cette
opinion est rappelée dans la note iij jointe à THist. de
Bret. de D. Morice, 1, 856, et donnée comme extraite
des mémoires de l'abbé Gallet. Celui-ci attaque Sanson
sur les distances qu'il a fournies entre les lieux où il
place les stations romaines, et ajoute que, d'ailleurs, Pont-
Orson ne paraît pas avoir été anciennement une frontière
d'aucuns peuples ; qu'ad^ fines convient mieux à la ville
de Fougères, qui était sur les confins des Rcnnoisetdes
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— 148 —
Diablintes. C'est par des raisonnements de cette force que
le bon abbé Gallet croyait éclaircir la question. C'était
ainsi que, dans leXVII.* siècle et au commencement du
XVIII.^, on traitait de la géographie ancienne : la note de
Gallet, reproduite par D. Horice, en 1740, est un inex-
tricable cabos de conjectures, qui doivent toutes dispa-
raître au flambeau qu'une saine critique commence à faire
luire dans les recherches d'antiquité. Malheureusement, ce
système déplorable a été suivi depuis Gallet, et il est
eocore de nos jours celui de bien des gens.
L'avis de Gallet prévalut, et dans la carte de fArroori-
que jointe à son Histoire de Bretagne , D. Mortce place
Yad' fines à Fougères, et on peut voir quelle singulière
ligne il donne à parcourir pour aller de Rennes à Cou-
stances, où l'on place le cansediœ de l'itinéraire. En partant
des autres voi^ romaines de la Bretagne, nous aurons
bien d'autres observations à iâire sur cette carte , pitoyable
es^i de ^ens fort savants, du reste (je dirais presque trop
savants), mais qui ne travaillaient que sur des hy|)othèses,
sans avoir, et, ce qu'il y a de pis, sans s'inquiéter de ces
observations locales et matérielles, qui vous servent de (il
conducteur et vous font aller du connu à l'inconnu.
Antérieurement à 1750, le président de Robien avait,
dans le chap. xvj d'un ouvrage de Recherdies sur la Bre-
tagne (mss. à la Bibl. de Rennes), traité, le premier, de
quelques voies romaines de la province. H en avait signalé
un fragmeat dans les landes de Romasy , dont j'ai parlé
dans mon chapitre : De la voie de Rennies à Àwanehes.
11 ajoutait que ce fragment « se rendait, de même que
» pl«Muis autres, au bourg de Faine ^ qui parahrait
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— U9 —
» «voir tifé 900 Dop) de b jonotion de toas ces d^emins,
» qui se|Qbl^Pt y prendre fin. » On voit que M. de Ro-
biea ne soDgeafil eiUleaient, en parlant de Fains, à Yad-
fine$ de ritînér^ire d'Aotonin , et que ce nom ne lui a
inspiré autre chose qu'un mauvais calembourg qu'on ne
devait paa atiendre, comme je Tai déjà fait observer, de
ce savant magjs^raA*
M. de Rabien était en correspondance avec un bcnnme
qpi a rendu de bien giande services à la science des an-
tiquités, le comte de Caylus. Il lui envoya une copie de
son chapitre sur les VQÎes romaines , et Caylus l'inséra par
extraits, et en y ajoutant quelques notes, dans le t. vj de
sou Recueil d'antiquité, p. 369-370. C'est au commence-
ment de cet extrait que cçt illustre antiquaire a écrit le
passage suivant, qui devrait être gravé dans la mémoire
de tous ceux qui s'occupent de pareilles recherches : a Le
9 plaisir de parler des premiers sur les antiquités d'un
j» pays si considérable , aussi intéressant et aussi inconnu
» que r AroKurique , ne m'éblouit point assez pour ne pas
A sentir que les indications de ces anciens chemins sont
» très-vagues* On the peut en porter convenablement fti'o-
9 prés avoir parcouru un pays la toise à la main, et levé
9 des cartes sur k terrain. »
}e n'ai pas besoii;i de dire que M. de Caylus, en citant
le bourg de Feins, se garda bien de reproduire le malen-
contreux rapprochement de notre président breton. Use
contenta d'ajputer : « On sait assez que ce no^i vient de
9 finss^t confil^ » L'itinéraire d'Antonin flit encore ici
i^is en ou|))i , et cependant l'induction arrivait naturelle^
m^t.
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— 150 ~
A peu près dans le même temps, d'ÂnviUe s'occupait
de sa notice de la Gaule , qui parut en 1760. Il y parie
assez longuement de notre ad-fines. Son système consi-
stait à calculer les distances de l'itinéraire et de la Table
théodosienne, qu'il a bien rarement trouvées concordautes
avec les localités que lui faisait choisir, comme stations
romaines, une analogie , plus ou moins rapprochée, dans
les noms, qu'il recherchait, sur les cartes modernes, avec
une attention toute particulière. On peut croire que cehiî
du bourg de Feins ne lui aura pas échappé. Cependant, il
n'en foit aucune mention. En effet, il n'aurait point trouvé,
entre ce bourg et Rennes, la distance XXIX, marquée
par l'itinéraire entre ad-fines et Condate. Cette différence en
moins lempéche même d'adopter la conjecture de Sanson ,
qui, comme nous l'avons vu, place ad- fines à Pont-^Orson,
quoique d'Anville reconnaisse que cette petite ville est vé-
ritablement placée sur la limite des diocèses de Rétines et
d'Avranches, et que la règle générale étant que les diocèses
ont remplacé les cités gauloises, on se trouverait ici aux
confms des Redones et des Abrincalui. Pour avoir ces 29
lieues gauloises, il se trouve obligé de pousser au-delà de
Pont-Orson , jusqu'à un petit bourg nommé Huines , et
qu'il écrit aussi Wines , afm d avoir la facilité de changer
le w en /*, bien que, dans tout le pays, le w ne soit Yiul-
lem^nt en usage. 11 paraît enchanté de la découverte , et
comme le prolongement de cette ligne le forcerait de tra-
verser la partie des grèves du Mont-Saint-Michel où vien-
nent se décharger , par une commune embouchure , les
rivières de Sée et de Selune, il n'hésite pas à en supposer
la possibilité , soutenant qu'en cet endroit la grève, res«
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— 151 —
serrée entre deux pointes de la terre-ferme, n'a pas plus
de 700 toises de largeur , quand , d'après toutes les cartes,
elle en a plus de 2400^ Je ne suivrai pas l'auteur dans sa
dissertation sur 1'^ et le tD, afin de trouver /Inas dans
kuine$i c'est un exemple trop déplorable des erreurs où
la manie ded systèmes entraîne les meilleurs esprits.
L'abbé Déric, dans^ son introduction à YHist. Ecclisiast
de Bretagne, p. 7, 1777, in-12, a été le premier à
battre en brèche l'opinion de d'Ânville sur Yod-fines. 11
eut recours aux archives de la paroisse de Huines, et il
y trouva un registre avec ce titre : Regislrum spansaHO"
nm, baplistnarum t mairimoniorum et inhumationum
fer me faetum jacobum Fouehais presbyterutn vicarimn
paroehiœ dm pétri de hymnis^ anno 1521. Il en tira la
conséquence que la paroisse de Huines s'appellait autre-
fois Bymn ou Hymne. Je n'iTài point aussi loin , car je
crois que le vicaire Fouehais a donné au mot Huines une
interprétation forcée. Mais au moins peu^-on conclure de
tout cela que personne , excepté d'Anville , n'y a trouvé
le mot fines.
Ce bon abbé Déric , malgré sa manie d'expliquer tous
les noms de lieu par le bas-breton dont il ne savait pas
un mot , ou plutôt par une langue prétendue celtique que
personne ne connaît et qu'il forgeait apparemment au be-
soin , l'abbé Déric ne manquait ni d'érudition ni même ,
en bien des cas , d'une certaine critique. Il présenta, dans
le même ouvrage , sa conjecture sur Vad- fines j et fut le
premier à l'établir à Feins (1). cr II existe , dit-il , près de
(1) Dans M8 Oéservations sur les deux votes romaines qui
11
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~ 158 —
D Bazouges et de Cooibourg, à sept ou huit lieues de
" Condaie des Redones « «ne paroisse dépend^oie de oe
j» diocèse , qui conserve encore actueDemeot le D<Hn de
M Fim. C'est là ce que roulait dire rilioéraire d'Antonin.
» Les confins des Redones s'y tenntfient ainsi que ceux
» des DiabUnles. La route qui prenait de Condmtê à Fins,
9 conduisait de là vers les Moustters-d*Aloniie (eroplace-
» ment iïAlaunium^ seloa d'An ville). Nous aomioes sur-
conrfuisatent de Condaie {^Rennes en Bretagne\dans ie fond
du Cotentin , lues en 1774 , k l'Académie des lascriptioDS et insé-
rées dans le t. xlj, p. 536 et sm. du Beeneil des Mémoires de cette
Compagnie, l'abbé Bellay parle du bovrg de Fains, mais seulement
pour tirer do sa sitaaiion, à qaatre lieues et demie de la limite des
évêchés de Rennes et d'Avrancbes , la preuve que celte limite a
été changée. Ce qu'il en dit est assez obscur, comme ce qu'il ajoute
en finissant sur l'emplacement qu'il donne k Vad-fiines entre
Rennes et Saint- lames de Bcuvron, où il place X^fanumMortU,
One mauvaise carte , jointe à son mémoire, n'en apprend -guèies
plus.
Mais une remarque fort intéressante consignée dans ce mémoire
et que je n'ai vue reproduite nulle part, c'est que de quatre ma-
nuscrits de l'itinéraire d'Antonin, que l'abbé Belley a compulsés
h la bibliothèque du roi , aucun n'est conforme \ Téditionde Wes-
Bcling qui donne le nombre nix entre Ad^Fines et Condaie. Le
premier , du 1X.« siècle et portant le n.* 7330 a donne le nombre
xvij. Lesecond^da X.« siècle, n.<> 4806, donné k nombre zviij.
Le troisième, du X.« siècle, n.» 4807, donne le nombre Kviiij ,
ainsi que le quatrième, du XII.« siècle, n.<> 4808 Malgré cette re-
marque , la leçon do Wesseling est la seule suivie par les disser-
tateûrs.
Je puis ajouter qu'une petite édition que je possède , Lvgduni
ap. hmr. sim. f'rnceniù^ I621,in S.S porte aussi le nombre six.
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~ 153 —
» pris que l'on n*ait pas bit plutôt cette découverte. . .
9 La seule chose qui pourrait embarrasser eu plaçant Fines
o de k manière que nous &isons , c'est que la distance
9 xxix dans Titinéraire entre Candale et Fines , ne con-
• vient pas au local que nous désignons. Hais cette ob-
• jection se résoudra facilement , si Ton considère comme
9 certain qqe les nombres de l'itinéraire sont souvent fau-
• tils et qu'ils ont besoin de correction, a ( Déric. ibid.
p. 9 et (6.)
On voit que l'abbé DéHc retombe' dans le système de
d'Ânville, quant au calcul des distances , et aux mauvaises
excuses tirées de la faute des copistes de Titinéraire, quand
ces distances ne concordent pas avec les conjectures sur
tel ou tel lieu. Il parle vaguement d'une route qui passe
à Feins , sans en rechercher les traces. Il ne paratt pas
même avoir eu connaissance de l'ouvrage manuscrit de M.
de Robien , ni du vj.* volume du Recueil d'Antiquités du
comte de Caylus , et conséquemment du fragment de voie
de deux lieues de long dans les landes de Romazy , frag-
ment qui , k mon sens, en dit plus que toutes ces distances
calculées sur des localités fort ^incertaines.
La conjecture d^ l'abbé Déric resta longtemps sans être
accueillie par les antiquaires bretons. Ogée, dans le tom. 2
de son Dictionn. de Bretagne, qui parut en 1779, n'en
parle aucunement à l'article Feins^ et même il ne men-
tionne d'antiquités d'aucun genre dans cette localité. Feu
H. Rallier, de Fougères, membre de la Société des Anti-
quaires de .Fram^ , s'était occupé de la voie que nous re-
cherchons, quant à son parcours dans le département d'Ille-
et- Vilaine: «On ne peut douter, dit-il, d'après l'itiné-
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— 154 —
» raire d'Antonin , qu'une route romaine ne conduisit de
j> Condale (Rennes) jusqu'au lieu nommé alors Fines^ et
)> aujourd'hui Huynes^ à deux petites lieues au N.-E. de
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— 155 —
ligne qui est la représentation de la voie mentionnée par
l'itinéraire. Cette ligne n'est pas précisément la voie elle-
même, mais M. de Gerville &it observer, avec quelque
raison, que ce sera dans un voisinage assez rapproché de
cette ligne droite, qu*on pourra rencontrer les vestiges de
la voie et les stations intermédiaires. C*est un moyen fort
ingénieux, surtout quand ou travaille, comme il le fait, sur
la carte de Cassini. C'est ainsi que partant d'ÂUeaume, il
est arrivé à Coustances, Camedire ; de Constances à Saint-
Pair, à 1 1. S.-E. de Granville, où il croit devoir placer le
fanum Marlis; de Saint-Pair, traversant la baie du Mont-
Saint-Micbel qu'il croit avoir, du temps .des Romains,
donné passage à une ou deux voies, il est conduite par sa
ligne droite au bourg de Fçins, où il place Vad-fines. On
peut voir le détail d& cette investigation, dans sa Notice des
viUes el voies romaines en basse Normandie , Valognes ,
1838, in-S."", et dans le supplément qu i] y a ajouté.
Reste à savoir, pour la confirmation de cette conjecture,
si la voie passe véritablement au bourg de Feins. On va
voirparce que je vais dire, que, jusquà plus ample infor-
mation, il y a quelque raison d'en douter.
La personne qui a fourni de si bons rensergnements à
H. de Gerville et qui nous a conduits jusqu'au vieux châ-
teau d'Aubigné, remarque que l'église actuelle de Feins
resté un peu a TO. de la direction de la voie. Ceci con-
corde merveilleusement avec l'observation suivante donnée
par M. Delafosse, de Bazouges-la-Peyrouse, dans le ^ mé-
moire qu'il lut à la séance de la Société Française, du 5
juin 1840, à Rennes, et consignée dans le procès-verbal,
p. 9. « A quelques centaines de mètres vers l'E. de 1 é-
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n
— 156 —
» glise de Harcillé-Raoul, ilexigte, dit-il, une motte d'une
» surbee et d*une élévation considérables, qui, suivant le
» té/noignage des habitants ,du pays, aurait été couronnée
» de constructions. Cette butte porte le nom du CkasteL
» Elle est entourée de fossés, et était probablement une
» motte féodale (1). De son pied part un$ route assez
» large que Von désigne sous le nom de cHBimi db la du-
» CHBSSB Àims, et qui se dirige au sud. Cassini désigne cet
» en^lacement sous le nom de château ruiné. »
Voici donc encore ici le cliemin de la Duchesse Anne. On
se rappelle que nous sommes venus de Rennes à Aubigné,
en suivant un chemin du même nom. Serait-ce trop forcer
la conjecture que de dire, qu'au lieu d'aller au bourg de
Feins, la voie ou chemin de la Duchesse se rend par le N.-
N.-E. au bourg de Harcillé-Raoul, ou plus tôt à ce chastel,
qui en est voisin et qui présente une grande ansAogie avec
le vieux château d' Aubigné. Elle laisserait ainsi à 700 toises
à rO. le bourg de Feins, distance trop iaible pour taxer
d'erreur H. de Gerville.
On le pourrait avec d'autant moins de raison , qu'une
exploration de ce pays, feite avec soin, amènerait peut-être
d'intéressants résultats. On ^e rappelle les nombreuses
constructions, signalées ci-dessus, entre le bourg d' Aubigné
et celui de Feins, d'après le rapport de cette personne de
Rennes, dont nous regrettons bien sincèrement de ne pas
connaître le nom. Un autre renseignement nous apprend
que sur leslimites de Marcillé, de Feins et de Sàint-Remy*
du-Plain, il existe des restes de fortifications en terre.
(1) J'ai déjà dit qao je no oonnais point les mottes féodales.
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— 157 —
Le dJetioimaire d*Ogée en &it mention^^ do rappelant la
bataille livrée par Conan à quelques-uns de ses barons re-
belles, en 1136, et ajoute queee sont les retranchements
oocapé6 pat lés deux armées. Mats, coniBie le remarque
M. de la Fosse, dans ses excellentes observations, qu'il a
bien vottlu me coHUBuniqiier, « cette qpinion d'Ogée prouve
» non-seulemeut qu'il n'avait pas vu ce retranebemeni,
tt mais ménie qu'il n'avait pas la moindre notion de ses
9 dimensions. Ce n'est pas dans des ouvrages de 50 mètres
» de longueur que peuvent se retrancher deux années. Le
• petit camp de la La$ide-diê-ChQ(èaux n'a pu Atre qu'un
» poste, une vedette. • . . C'est un pûrallélogramme de 45
» mètres sur 50. Ses dotives n'ont pas plus de 3 à 4
• m^res de profondeur, au<-de^ous de la crête du petit
» talus, qui entoure l'intérieur du camp, et sur lequel il est
» probable que des palissades étaient établies. Cet ouvrage
9 est par&itement conservé et, malgré ton peu d'élévation,
» il se dessine très-nettement sur la sur&ce unje de la lande
» qui l'entoure, et où rien absolument n'indique l'existence
• d'autres retfanchemeuts ayant appartenu à des armées
• en présence. Ce petit camp n'était pas, conmie on le
9 voit, un ouvrage bien redoutable. J'en donne ici le profil,
» qui est aussi aisé à comprendre qu'à tracer :
» Un millimètre pour mètre. «
Or, dans les 11 kilom. que la voie a à parcourir pour
se rendre d^Aubigné «^ Marcillé, elle doit passer parmi ces
constructions, malheureusement encore inexplorées, puis
au village de la Bigotais, puis au travers de la grande lande
des Châteaux, platée entre le bois du Roi et celui deGou-
bon, et daiis laquelle se rencontrent nécessairement et le
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— 158 — .
point délimitatif des trois paroisses, et le petit camp dont
nous venons de parler.
Ce camp, d'après les indications de H. de la Fosse,
paraîtrait placé vers le point d'intersection de la voie dont
nous cherchons la trace et d'une autre voie, courant du
N.-O. au S.-E., que M. de la Fosse a reconnue le premier
et qui parait se diriger de Corceul vers le Haine. Nous
nous occuperons dans un autre chapitre de cette impor-
tante découverte, en traitant des voies romaines sortant de
Corseul.
De cette lande , point culminant entre le bassin de la
rivière d'IUe «t celui de la rivière de Coêsnon, la voie doit
passer par le village de la Lavelais, puis arriver au chastH
de Marcillé, en suivant la rive gauche et assez élevée d'un
grand étang , par le village de la Fontelais.
Ce chastel semble, à M. de la Fosse, l'indice le plus con-
cluant de la présence de la voie que nous suivons. « Son
origine romaine, dit* il, est démontrée non-seulement par
les débris que j'ai remarqués à Marcillé, qui esta 700 mè-
tres du chastel, mais aussi par les fragments* de tuiles à
rebords et de briques qui* se trouvent tout autour de ces
fortifications. » H. de la Fosse ajoute que pendan longtemps
il a cru que ces ouvrages de fortifications étaient en terre,
contrairement à la tradition locale qui y plaçait d'anciennes
constructions, mais qu'un éboulement récent lui a &it
découvrir les fondations d'une muraille, qu'à diverses épo-
ques on a exhumé des marches d'escalier, des grilles en
fer, des ustensiles de cuisine rongés par la rouille et des
pièces de monnaie, dont quelques-unes d'une forme carrée,
a La description de ce qui reste de cette fortification,
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- 159 -
continue M. de la Fosse, n est pas difficile; c'est toujours la
motte conique, ses douves, le préauetles glacis. Mais je ne
connais aucun ouvrage de ce genre dont les proportions
soient aussi vastes. Le montiiJule qui est au centrOy ne s'é-
lève pas à moins de 20 mètres et dépasse la crête des
glacis de la moitié de sa hauteur. Le préau est au S.-S.-0.
et vient s*appuyer à un vaste étang, qui servait de' défense
de ce côté -ei alimentait les douves du ciiâteau. Dans les
deux tiers de la circonférence, le revers du talus d'enceinto
est d'un escarpement considérable, mais vers' le N.-E. se^
jardins et les maisons du hameau qui a emprunté son nom
au vieux Chastel^ sont venus dénaturer la ligne d'enceinte
et la douve seule est restée intacte* » .
H. de la Fosse nous apprend encore qu*avant d'arriver
au village de ta Fonteiais, la voie quitte le chemin vicinal
allant au bourg de Marcillé et va passer à la chaussée de
l'étang du Chastel, sous la forme d'une route large et assez ,
droite et sous le nom de chemin de la Duchesse Anne. Il
présume qu'ensuite elle côtoyait le ruisseau de Tétang du
Chastel, passait sous le coteau de la Boisnotière , puis à
droite des villages de Taille Pied et de la Fauveiais et
venait passer le ruisseau de Leurmont, auprès du moulin
de ce nom, sur un point où l'on a trouvé les débris con-
sidéiables d'un pont en granit, qui ont servi à en recon-
struire un sur la route nouvelle. Plusieurs larges tronçons
de ce chemin délaissé^ en indiquent clairement la di-
rection.
Nous devons donc à M. de la Fosse ce nouveau jalon
planté à Marcillé. Mais ce n'est pas tout. Cette localité
lui a offert, dans le cimetière du bourg, fouillé récem-
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— 160 —
ment pour l'élargissement (Tune route, des fragments de
tuiles à rebords, et une couche horizontale de ciment de
6 pouces d'épaisseur sur une largeur de 25 à 30 pieds,
légèrement convexe et donnant Tidée de la» coupe trans-
versale d'une voie romaine. Toutefois, H. de la Fosse D*a
remarqué ni au-dessus ni au-dessous de cette couche de
ciment, rien qui puisse confirmer cette hypothèse. Je crois
en effet que cette couche n'appartient point à une voie
romftine : dans nos provinces, on n'employait point le
ciment pour ces constructions. J y verrais plutôt le rez-
de^hoîmée d'une maison ; on sait quel soin les Romains
apportaient à la préparation de cet ouvrage , qui devait
assainir le bas étage des habitations ; travail beaucoup trop
négligé de nos jours dans les campagnes.
Ces débris romains ne sont pas les seuls qui aient été
remarqués à Marcillé. M. de la Fosse nous a encore appris
qu'il existe des briques romaines dans les murs de l'église,
dont une partie est du genre romain.
En prolongeant la ligne droite au-delà de Marcillé, nous
allons passer à un kilom. à TO. de la petite ville de Ba-
fOuges-Lapeyrouse. Là nous retrouvons M. de la Fosse,
qui pense qu'il est probable qu'une voie romaine, allant de
Rennes vers le Mont-Saint-Michel , passait k peu de dis-
tance de Baftouges (i). Malheureusement it n'a point encore
donné l'indication précise d*un fragment de la voie dans
le prochain voisinage de cette lecalhé, et les noms de vil-
lages qu'il a cités, Vieux^Viel, Monl-Viel, Ville-Montûise,
(1) Proc. vn^. d0 la Soc. Franç^ ci-dei8«s citét p. 9
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— 161 —
k
MÊoniayt le Pae-Blanc, le Pas-au-Comte, ne me paraissent
(MIS avoir un rapport bien direct avec la voie, et se trouvent
d'ailleurs jetés à de grandes distances les uns des autres,' et
ne soot pas moins éloignés de la ligne que nous avons
tracée. Dans de nouvelles recherches auxquelles M. de la
Fosse s*est livré à Touest de Bazouges , il n*a rencontré
aucun vestige de la voie, et cependant il pense, comme
nous, qu'elle ne devait guère passer à plus d'un kilomètre
à ro. de ce bourg, et il ajoute ^ue cette opinion lui parait
confirmée par les nombreux débris de briques romaines
qu'il a remarquées dans les champs de la métairie dfe La
JGTaye, située à un kilomètre au S.-O. de Bazouges, lors de
Touverture de la route de Fougères à Dinan. Ces champs en
sont remplis, suivant l'expression de M. de la Fosse , et il
me paraîtrait intéressant de connaître retendue de la su-
perficie ainsi jonchée de débris , parce que> cette étendue
pourrait nous faire apprécier l'importance de rétablissement
romain qui a existé à La Haye.
Continuant la prolongation de notre ligne dans la tra-
verse de la paroisse de Bazouges, elle doit passer vers les
villages de la Ckarrière^ de la Horimère, du Lavoir, puis
entrer dans la forêt de Ville-Cartier.
C'est dans cette forêt que nous allons trouver un nou-
veau jalon. H. de Vigan , aloi*s garde général des forêts
royales dans le département d*Ille-et-Vilaine , consulté par
M. de Gerville sur la direction de la voie qui nous occupe ,
répondit « qu'un garde intelligerit , attaché depuis long-
» temps à la forêt de Ville-Cartier, y connaissait un an-
9 àea chemin empierré,. allant dans la direction de
» Rennes au MontpSaint-M icbel , appelé Chemin Montais,
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- 162 -
» et un autre semblable qui s'embranche avec le premier
» et se nomme le Chemin de la duchesse Anne: et que ces
» deux chemins sont très-connus des bûcherons de la fo«'
» rêt. » (M. de Gerville. — Villes et voies r(nn.ySupp.^
p. 22.)
J'imagine qu il doit y avoir quelque confusion dans le
rapport que le garde de Ville Cartier a &it à H. de Vigao.
La ligne du Chemin de la duchesse Anne^ daprès les
traces reconnues sous ce qpm depuis Rennes , tend direc*
tement de cette ville au Mont-Saint-Michel, et il serait
peu probable que dans la forêt de Ville-Cartier elle chan-
geât de direction , et fut remplacée par lé Chemin Montais.
Au surplus, c'est une vérification à faire; mais le rensei-
gnement de M. de Vigan n'en a pas moins une grande im-
portance , et il no is signale un repère qui facilitera sin-
gulièrement les recherches ultérieures desquelles il est
fort à désirer que s'occupe M. de la Fosse , qui , demeu-
rant sur les lieux, et ayant la science et le goût de la chose,
réunit toutes les facilités désirables.
Au sortir delà forêt de Ville- Cartier, la ligne passe au
village de la Molte^ et laisse à 12 ou 1,500 mètres, à l'O.,
le bourg de Frans. A peu près à cette hauteur, elle laisse à
l'E. , à 7 ou 800 mètres , le manoir du Chastelier^ dont le
nom , comme nous l'avons souvj^nt remarqué , indique
l'emplacement d'un camp ou d'une fortification quel-
conque.
Un peu au-delà , au village de la Lande des Vaux , la
ligne laisse , à 1 kilom. , à l'E. , le bourg de Vieux-Viel ;
puis ^ après une demi'lieue, celui de Pleine- Fougères, à
l'O. et à 5 ou 600 mètres. Je remarque , sur la carte de
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— 165 —
Cassinî, le village du Chastelei à 2 kilom. , à TE. , placé
sur une pointe de terre entre deux affluents duCoësnon,
à Tendroil même où ils viennent se réunir dans les ma-
rais qui bordent cette rivière. Cette situation et le nom de
Chfutelet^ font croire a Texistence d'un camp romain dans
cet endroit. Le village de Four-Chemin^ situé entre le
Chastelet et \ehetuvg de Pleinè-Fougères, semblerait, d'a-
près son nom, avoir quelque rapport avec la voie.
A moins de 2 kilomètres de Pleine-Fougères, nous
arrivons sur la grande route moderne de Dol à Pont-Or-
son, à trois-quarts de lieue de cette dernière ville, un peu
à l'ouest du village de la VillcrChérel. Cette grande route
délimite au Nord la commune de Pleine-Fougères et k sé-
pare de celle de Saints. Il y a lieu de croire qu'elle' a été
tracée sur la voie qui, de»Corseul, venait à Pont-Orson pour
se porter de là probablement sur Avranches. Nous en par-
lerons plus amplement en traitant des voies romaines sor-
tant de Corseul. Pont-Orson aurait donc été le lieu de réu-
nion de deux voies ainsi que nous le dirons ci-après.
La directionN.-N.-E. que nous avons con^laniment suivie
depuis Rennes où, pour plus d'exactitude, depuis Saint-
Grégoire, nous a mis, surtout depuis Feins, en désaccord
avec M. de Gerville, et plus nous nous sommes rapprochés
de la baie du Mont-Saint-Hichel , plus nos lignes se sont
éloignées. La sienne portant sur Saint-Pair va passer à
rO. du bourg de Ros-sur-Coësnon , et la nôtre, se rendant
directement au Mont Saint-Michel , passe près et à TE. du
bourg de SaintGeorgesde-Grehatgne; ce qui forme, entre
ces deux lignes , à la hauteur où eHes entrent dans la baie ,
un écartement d'environ 5 kilomètres.
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— 164 —
Nous voici arrivés au poiat où il me paratt à propos de
donner une idée des ingénieuses conjectures de M. de Ger-
viile.
M. de Gerville bit traverser la baie et les grèves du
Mont-Saint-Michel par deux voies. La première, celle d'ul-
launium à Condate ou d'Alleaume a Rennes, doit, sui-
vant lui, suivre une ligne parCiUement droite^ d'Alleaume
à Constances, de Constances à Saint- Pair, et de Saint-
Pair, suivailt la côte jusque vers la pointe de Carolles où
elle entre dans la baie , puis va aborder la c6te de Breta-
gne , à Touest du bourg de Ros-sur-Coesnon , sur le terri-
toire d'une ancienne paroisse de Paluel submergée vers le
commencement du XVll/ siècle. La seconde, celle de
Bayeux à Rennes, arrivait sur la côte du Cotentin entre Ge-
nest et Vains, traversait la baie çn passant au Mont-Saiut-
Michel, et allait aborder, comme la première efa Bretagne,
dans la paroisse de Ros-sur-Coêsnon , au hameau de la
Rue.
Reprenons Texamen de chacune de ces Ugnesl M. de
Gerville affirme que la première passait précisément au
point où Paluel est présenté comipe un hameau sur la
carte de Cassini , et que c'est sur ce point que les chartes
de Tabbaye de Mont-Morel placent Tancien chemin perré ,
Viens Pelrosus ^eVlà pierre de Repues, Petra de Redoniê,
et la voie Sous-Marine, Via de Sub'-MarL 11 est fort à re-
gretter que M. de Gerville n'ait pas donné le texte même
de ces chartes , dont les énonciations citées paraissent fort
intéressantes. Car je ne puis ro'empècher de conserver un
doute sur cette directi<yi donnée de Saint-Pair, ou plutôt
de la pointe de Carolles à Paluel, dans l'ouest de Ros-sur-
]
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— 165 —
CoôsDOQ , et laissant le M OQt-Saint-Michel à pcès de deux
lieues à f E. , c'est-à-dire que la voie ainsi tracée aurait tra-
versé un véritable bras de mer. Bien que j'admette la sub-
mersion du territoire de Paluel et de quelques autres loca-
lités de la même côte, je ne crois nullement à lexistence
de la forêt de Scicy, qui s^étendait, suivant M. de Pomme-
reail (Uict. d'Ogée,art. Ool.)^ des environs de Coustances,
jusque par de là Saint-Malo^ occupant toute la baie du
Mont-Saint-Micbei , ses grèves et les marais de Dol, et qui
aurait été détruite.par une invasion de la mer au commen-
cement du VIII/ sièûle. L'établissement d'une chaussée
dans celte traverse me parait^ impossible, et il faudrait,
fibur démontrer son existence, trouver sur le point d'arri-
vée à la côte de Bretagne, des vestiges incontestables d'une
voie qui se perdit sous la mer dans la direction donnée. Or,
je ne vois pas que H. de Gerville en signale .aucun ; car ce
qu'il dit d une chaussée aperçue il y a cinquante ans, sous
le sable , en face du hameau de la Rue , en la paroisse de
Ros, n'e;$t pas fort concluant, d'autant plus que M. de Ger-
ville ne rapporte pas ce fragment à la voie d'Âlleaume à
Renhes , mais bien à la portion du chemin de Bayeux à
Rennes, passant au Mont-Saint-iVlichel, et qu'il amène de
ce Mont à travers les grèves, se réunir à Ros à la première
voie : détour que je ne puis encore admettre, par les mo-
tife que je vais déduire en examinant la seconde voie, de
M. de Gerville.
*M. de Gerville la nomme chemin de Bayeux à Rennes.
Il la fait arriver, comme je l'ai déjà dit, sur la côte du Co-
tentin, entre Vains et Genest, puis la dirige au Mont-
Saint-Micbel, et enfin la réunit, à Ros, à la première vole
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— 166 —
pour se rendre à Rennes. Je ne discuterai point sur le nom
qu'il lui donne, ni sur le parcours qu'il lui assigne jusqu'au
Mont-Saint-Hichel. Une voie pouvait fort bien avoir été
amenée vers Genest, qu'on dit être un lieu rempli de débris
romains. Mais ce que je ne puis admettre, c'est le prolonge-
ment de cette ligne vers {'ouest jusqu'à Ros et Paiuel, à
plus Ide deux lieues du Mont , ptfr une partie de grève fort
dangereuse , et ayant la rivière de Coësnon à passer. Indé-
pendamment de la très-douteuse existence d'une chaussée
allant de Saint-Pair ou de CaroUes à Paliiel ou à Ros, com-
Tnent se serait-on plu à vaincre de très-grandes difficultés et
aurait-on pris un pareil détour quand la voie ou chemin de
la Duchesie Anne^ que nous avons conduit jusqu'à la porte
de Pont-Orson, et qui certainement sa rendait au Mont-
Saint-Michel, offrait une route beaucoup plus facile et plus
directe pour se rendre à Rennes.
Ceci me ramène au point où je me suis arrêté, celui d'in-
tersection de la voie avec la route moderne de Pont-Orson
à Dol, près du village de la Ville-Cherel, et, en même
temps, comme je l'ai déjà dit, de la voie de Corseul à Pont-
Orson.
En continuant la direction N.-N.-E. que nous avons
suivie jusqu'ici , nous irions passer pour nous rendre au
Mont-Saint-Michel, près et àl'E. du bourg de Saint-
Georges-de-Grehaigne, traverser le Couesnon à pltis d'une
lieue au-dessous de Pont-Orson, et nous jeter , s^ns une
.nécessité fort apparente, dans une assez grande étendue
de grèves.
J'ai pensé au contraire ( et c'est une question qu'une
exploration locale résoudra plus tard } que la voie , à par-
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— 167 —
lir du Toismagtt de Pleine-Fongère , pouvait fort bien in-
diorr un. peu à i'£.. par une di^ ces belles courbes que
traçaieniat )>ien tes ingénieurs romains, et que j'ai tant de
fois admise», et v^ir passer le Coêsnon à Pont-Orson.
Une obsisrvalion qtri pourrait passer pour règle, c*est
qtte4a plus granile partie des lieux qui ont conservé dans
leur nom ie. mot Pdnf, ont été très-anciennement habités,
et étaient le ptissage d'une voie romaine. Tout porte à
croire qu'il .en était ainsi -tfe Pont-Orson. M. de Gerville
(Fjil« et voies rom.^ p. 21.) nous assure « qu'on trouve sûr
9 la carte des Friangles , près de ce passage , fréquente
ji dans toos.les- tem[is, Tindication d'un pavé et d'une
A «haussée; il ajoute (pag. suiv.) que les ducs de Norman-
M dJê aivaieBt construit le chftteau de Pont-Orson sur une
» voie vonfiftine. » Tout <ielâ est un peu conjectural, mais
ee qui vient fartement à l'appui , c'est , je le répète , Tar-
riv^ du Chemin de ta Dwchesse*^ ou voie romaine dans
un voisinage tcès-«rappro0lié de Pont-Orson;
De la, il rï*]r a plus qae deux lieues pour se rendre au
Moot'Saiat-jHîcbel. o Le voyageur qui va au Afouf-Saint-
a Micbdl par Poot-^Orson , n a aucun danger à craindre ,
a soit qu'il s'y rende à pied , à cheval ou même en voi-
» ture;de€e*c6fté, le Mont n'est isolé de la terre ferme
a que par une demi-lieue de grève , et cette grève , qui
j» o'est eoupée par'aacune rivière, n'offre point de danger
a grave.» {BùLpiU. du JUont-S.lUkk., p. 21)
.On doit.igoùter. que eette demi-lieue de grève n'est
couverte {tories e^ui qtfe lors di^s fbftes marées de chaque
mois et par qeUesdes équinotes: {Stont-Saint- Michel , par
JL.4e ItodMiy , p. 136^) '
12
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— 168 —
Cette partie de chemin présenle donc une frcilité in-
comparablement plus grande que partout aiiieure , et ce
qui fait .penser que les Romains en auront profité , c'est
que, un peu avant d'arriver à la grève, on rescontre une
ferme nommée la Mare ou le Haut-Chemn^ et ce dernier
nom est des plus significatifs pour indiquer une voie ro-
maine. Il est à regretter que dans un terrain aussi sain que
doit Têtré celui de Pont-Orson à la grève , dans les envi-
rons des bourgs de Hoidrey *et de Beauvoir, on n'ait pas
recherche les vestiges de la voie que nous supposons y
avpir été tracée.
Quant à tout ce qui est grève, il ne faut pas songer à y
rencontrer ^cun vestige de voie, car si l'on admet le pré-
tendu engloutissement delalbrétde Scicy, on admettra en
même temps, et à bien plus forte raison , celai des chaus-
sées romaines; si'i au contraire, on se eontente comme
moi de croire à un empiétement successif de la mer, au
moins depuis les temps historiques, on avouera encore
que cet empiétement, qui a submergé, au XVII.* siècle, la
paroisse do Paluel , a bien suffi pour (aire disparaître tons
les travaux de communication pratiqués dans les grèves
pendant l'occupation romaine.
C'est donc sur k rivage de ces grèves 'que doit être
faite l'exploration des anciennes lignes routières. On doit
la découverte de deux de ces lignes à' H. de Gerviile : La
première est celle qu'il conduit de Constances à Saint-Pair,
bourg situé sur la côté au sud de GranviUe; puis, de là ,
au camp du Chaielier , placé sur la poinle dç Carolles,
et sous lequel un lrè$-ancien chemin va se perdre dans la
baiedtt Mont-Saint-Michel. {YHl. e^ «• f ofn., p* 16.) La se-
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— 169 —
conde est celle que M. de Gerville nomme le Chemin^Mon''
tois^ et qu'il amène à la côte entre Vains et Genest. Tout
porte à croire que ces deux voies se rendaient au Mont-
Saint-Michel , et comme la ligne de Coustance$ à Carolles
parcourt la direction N.-N^-E. que la voie ou Chemin de
la duchesse Anne a tenue deptûs Rannesje l'en croirais
la continuation.
Mars 1843.
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CRÉATION
D'UNE CAISSE AGRICOLE,
VAA M. YAIVDIER.
Chaque époque a son typé : les inventions, les décou-
vertes, les beaux-arts, les belles-lettres , impriment un ca-
chet particulier à chacune d'elle.
Mais avec son développement , le progrès a sa mesure ,
et l'esprit humain , mobile par essence et impatient du
repos, descend dès qu'il ne peut plus monter.
Scnèque comprenait cette vérité; il a dit :
ce Dès que la place manque au progrès y oa touche k la chute.»
Aam uùi incremento locus uonesi^ vicinùs occasus est*
Consola ad Marciam* XXI II.
Tel est le principe de la décadence des nation^. L'his-
toire en fournit des exemples.
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~ i7l —
Loisqa'uit peopte a épurâé \ùs itése^ de h cfrittsalioR ,
lorsque la corruption et le luxe 9^ sont élevés au m^^mc
niveaa , lorscfue rurimiiité des fernnes a- remplacé la droi-
ture dnooeur, lorsque régolsme s'QSt substitué à k bien-
faisance « et la passion des richesses à la charité , âitors ce
paople se ptaeefiitaleAient sar le veiosant de là dégénéres-
cence , et par un mouvement rétrograde , insensible et
inaperçu, il revient à son point de départ, s'enyeioppant
de pbis en plus dans ks langes de FignoraYïce, de ia gros*
sièreté et de. la barbarie.
Notre époque, à nous, a un double caractère : elle se
fait remarquer d'abord par l'application de la vapeur,
remploi de Télectricité , la fixation de la lumière , et en-
suite par des systèmes sociaux qui tendent à transformer
brusquement la société.
Tout a été mai fiiit, disent les novateurs, et tout est à
refiiire. A nous la micron d'effactîr le vice par la vertu ,
rinjustice par Féquité, et de remplacer les soûlfrances
indmdiielles par le bienrôtre général.
Sans doute le biit est lonable; personne ne le nie, et
les âmes honnêtes sont disposées à concourir h fœnvre.
Todtefaîs, H finit se défendre des* tifustons; if faut se dire
que si la raison a ses lueurs, elle a aussi ses écHps'és ,
et tia*il ne fimt pas confondre le créposculc dû matin qui
prépare la Itimlèfe avec le crépuscule du soir qui conduit
à Tobscurité.
Et pourtant la précipitation i^pportée à cette œuvre ac-
cose PoubBde cet axrAme, — que ce qu'H y a dé plus
difficile à £Etire , c'est le bien. — On semble ignorer que
toiKe forée a sa résistance , et qii^H y a une distinction
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— 178 r-
entre aioéliarer et bouleverser , entre déiiouer patiemment
et trancher tout 4' un coup.
Aussi le.s hommes sages et véritablement «mis de Thu-
manité oe songent-ils. pas à proc^éder avec cette impé-
tuosité qui strait la ruin^ de leurs plans d'améliorations.
Ils agissent sous Tioppiration de cette pensée de Quiuie-
Curce:
« PliisDn se presse dtnslo tronUe , moins on avancei »
In tumuitu feêHnattù fyoque tarém êjt L. IX. C. IX.
Et ils adoptent la maxime de Tite-Live :
« La précipitation est impré^ojanto et aveugle. »
Fesiinatio improvvia est et cœca. L. 22. XXXIX.
Ils se bornejit à poser quelques principes avoués par
la justice , se réservant de propager et d infuser leurb doc*
trines avec modération , avec réserve, lentement, succès*
sivement, en se donnant le temps pour auxiliaire, per-
suadés qu*ils sont que le rajeunissement d'une vieille so*
ciété est une œuvre de haute difficulté , et d'autant plus
difficile, que les maximes subversives récemmt^nt émises
seront, pour .leurs n^aximes philanthropiques, ce que le
mélange de Tivraie est au bon grain ; et de là la répulsion
du bien par la crainte du mal.
Les plus ardents de nos réformateurs ont cru suffisant
de jeter quelques mots obscurs et comminatoires dans 'e
courant de la publicité, pour justifier l'excellence de leurs
réformes.
Ils se sont abusés : au lieu de convaincre, ils ont ef-
frayé.
Quand on parle aux masses, il fitut leur parler claire*
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— 475 —
ment, et si l'on veut qu'elles changent de route, il faut
les engager dans la route nouvelle et ne pas se borner à
une simple indication susceptible de les égarer.
En pareil cas, ilne&ut ni incertitude, ni temporisa-
tion.
Kepler a pu dire, dans la préface de son livre de 17/ar-
monique du Mande: — « Mon livre sera lu pjir Tâge
» présent ou la postérité, peu m'importe; il pourra at-
9 tendre son lecteur: Dieir n'a-t-il pas attendu 600 ans
j> un contemplateur de ses œuvres? j) .
Mais notfs, dans la position où nous sommes, nous ne
pouvons pas attendre si longtemps.
Nousdemandons TexpUcation des"principes posés comme
bases de la société régénérée.
Nous voulons savoir ce que c'est que le droit do vivre, ,
le droit au travail, Forganisation du travail, et autres
maximes incomprises.
Nops voulons savoir où Ton nous mène, et par quejs
moyens on veut nous meneiv
Vous avez parlé au peuple en énigmes , et vous avez eu
tort , car le peuple ne vous comprendra pas ou vous com-
prendra mal, et ce sera un danger égal à celui de lui don-
ner des espérances impossibles à réaliser.
Gardez-vous de faire naître, chez la multitude, des
idées qu'elle na pas, des idées qu'elle ne doit pas avoir,
• *
des idées q«i te tireraient de son milieu sans utilité, et
qui la feraient passer du calme à Témotion, caV Tacite
nous dit : • '
• « La moUitado est excessive en toyt. » *
Bsivytgtis uiroqne immodicum. Hist! L. ii.
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- 174 —
Nos professeurs d'économie sociale , du baaji.de leurs
chaires qu'ils ne doivent ni au concoure ni au choix, ont
prouvé de Tesprit, du talent, de la verve; mais nialheo*-
reusement de leurs bouches éloquentes la parabole s^ule a
coulé à flots pressés.
On s*est ému de symboles, d*imagfi$ et de figures d'une
portée et d'un but équivoques, et Ton s'est demandé:
Nos maîtres ^ trompent-Us , ou veulent «^ils nous trom-
per? — Question grave, car il y a péril dans les deux
hypothèses^ attendu que le mal est .le môme, soit qu'il
vienne de Terreur, soit qu'il procède' de la mauvaise foi.
Par un sentiment de prudence ou de timi((ité, oa a eu
peur de ce que disaient les novateurs, et plus encore peut-
être de ce qu'ils ne disaient pas. Alors on leur a tenu ce
langage: ^
Vous croyez pétrir l'esprit d'un grand peuple cemme
le potier pétrit l'argile : c'est de la vanité.
Vous croyez votre parole pûîssaqte quand elle n'est
quliudaciéuse : c'est de la pregomption.
Vous voulez gouverner nos affaires quand vous u'aves
pas su gouverner les vôtres : c'est de l'orgaeii.
Vous avez destiné nos épaules à vous servir d'écbeiooft
pour atteindre à la grappe que vous vouiez cueillir : c'est
de l'ambitioç.
Si donc vous êtes vaniteux, présoippUie^x^ «Mtgueillmx
et ambitieux, trouvez bon que nous aiournions notre
confiance ^n vous.
Ce n'est pas tout. ' »
Vous oppoi^ez les uns aux autres les intérêts des qloyens<
par là , vous préparez le règne de la violeocet^et vous as-
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— i75 —
sarei le triomphe de la doetrine de Hobbes , qui voulait
tout diriger et tout légitimer par le principe de la force.
Enfia vous tendez èr détruire, en un instant, un ordre
de choses consiicré par quatorze siècles , et vous provo-
quez la raison publique à voi^ menacer du formidable
quo$ ego,...
Ne préjugeons les intentions de personne en particulier,
n accusons personne nonunément/mais usons d'un droit
acquis à tous, du droit de ranger les novateurs de nos
jours dans les deux classes suivantes.
La classe de ceux qui aspirent à leur bien-être indivi-
duel aux dépens du bien-ôtre général, et qui* veulent
bire la nuit si obscure dans la société bouleversée, qu eux
seuls conserveront le privilège de vT)ir clair dar.s les té-
nèbres.
La classe de ceujt qui cherche/it le bien-être universel
avec un cœur droite une conscience pure, une louable
abnégation et un ho'norable désintéressement.
Cette distinction établie, la conduite de Tbonnête homme
est tracée.
L'honnête homme combat les novateurs turbulents qui
immoleraient tout à leurs passions. ^ •
U s'associe loyalement aux hommes généreux qui veu-
lent améliorer et non détruire.
Et il doit^toujours penser que la meilleure innovation a
quelquefois ses dangers quand elle est trop hâtée.
En effet , chnnger les mœurs, les idées, les lois d'un
people avant le temps c^iovenable, c'est cueillir le fruit
avant sa maturité, c'esT ne rien &ire pour avoir fait trop
vite; c'est plus encore, c'est disperser les matériaux du
nouvel édifice qulind le vieil édifice* est abattu.
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— 176 ~
Je me vois, à mon insu, sur le terrain politique, ter--
rain que les usages académiques nous interdisent d'explo-
rer. Par soumission à la règle» j'ahandonneraî ce «sujet
élevé pour un sujet plus humble, aiais peut-être plus
utile.
Que me suis-je proposé? — De secourir Tagriculteur et
de venir en aide à l'agriculture par la création d une CaiSie
agricole. " •
C'est donc uniquement de ces trois points dont je dois
m'occuper. .
Quoique la matière soit vaste, je resserrerai mon cadre,
et je supprimerai les détails. Je masserai mon exposé
comme une colonne serrée.
De deux choses Tune, ou mon idée est bonne ,^ ou elle
est mauvaise.
Si elle est boonc, elle se montrera telle sans être dé-
layée comme une goutte de teinture mère amenée par
l'homéopathe à la 30.' dilation.
Si elle est mauvaise, j'en aurai toujours trop dit*
On comprend, dès lors, que je ne veux ni remontera
Torigine de Tagriculture , ni suivre ses progrès dans les
différents siècles et chez les xlifierenls peuples.
Je la prendr<y telle qu elle est aujourd'hui.
> Timide dans son allure , réservée dans ses essais, Tagri*
culture aime le sentiei de ia routine. Pour elle, il n'y a
point d'influence de mode. Elle ferme roreilkaux conseils
qui tendent à la sortir de la vieille pratiqui^, et son incré-
dulité ne saurait être vaincile qu'à lu vue d'un succès ré*
pété. -
Lui parle-t-on d'une culture nouvelle, d'un nowelen-
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— 177 ^
grais, de fourrages nouveaux , dw meilleur assolement ,
d'une meilleure race de bestiaux , d'instruments plus com-
modes? — Elle écoute, mais elle reste immobile.
L'engage-t-on à défricher des terres iaeiUtes, à amen-
der des terres &ibles, à dessécher des terres humides? —
Alors elle n'^écoute plus , elle fuit.-
Voilà ce qu'on observe dans les campagnes. Aux abords
des villes, mais dans un petit rayon, on a été redeyabie
de quelques progrès , dus aux soins éclairés de riches pro- .
priélaires. Quelques comices ont aussi obtenu dçs succès ;
mais, en général , les ^nélioralions n ont profité qu-à un
petit espace de terrain , et à un petit nombre de per-
sonnel.
A quoi tient celte apathie , cl cet élat slatipnnaire de
Fagriculture ?
Il tient à Tétat d^ gène, à l'état de souffrance de 1 agri-
culteur ? • •
Et cet état de gêne et de souffrance , à quoi le rap-
porter ?
La répoivse se pressent : — Au dé&ut d'argent.
Or , ce défaut, d'argent se fait souvent sentir , et qo-
tamment dans lescas suivants:
Insuffisance de repolie ,
Perte de bestiaux ,
Mévenf^ de produits ,
Acquisition d'instruments aratoires ,
Paiement de fermages.
l!e fermier demande alors des ressources à l'emprunt ;
maïs l'emprunt , dans les campagnes , c'est l'usure ; une
usure exorbitante, insatiable , hideuse ; une usure dotit on
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— 178 ~
n*a une idée vraie qu'en soulevant le voile qui couvre ses
honteux mystères.
Si le fermier emprunte, l'intérêt le ruine ; s'il n'em-
prunte pas, la terre est ruinée par défaut de culture. —
Voilà l'alternative.
L'usurier des campagn'es est inaccessible k la compas-
sion. Sa joie est dans le malheur d^autrui , sa prospérité
dans la ' détresse de ses semblables. Son âme d'airain n'a
d'élan que pour le gain illicite. Il est capable de tout , hors
le bien , et quoique abject , on peut appliquer à son ac-
tion , le vers si^ connu de Virgiie : •'
« A qael crime Tardcnte soif de For ne conduit- elle pas ? »
.... Quid non mortétlia pectora cogis
Aurt sacra famés, Œnei\ L. III. v. 56 et 57.
Je ne ueciis pas ce. que j'ai appris des usuriers de cam-
pagne. Je craindrais qu'on ne m'accusât d'exagération.
Et voila les hommes entre les mains desquels le fer-
mier tombe , quand les ressources pécuniaires lui font
défaut.
Si au contraire le fermier pouvait se procurer de Tar-
gent à ua taux modéré , il entretiendrait ^ terre en bon
état de culture , il achèterait des engrais , des instruments
perfectionnés, il utiliserait des fonds improductifs, il dé-
fricherait de petites parties de terrain , il hasarderait quel-
ques essais , enfin , il améliorerait le sol , en agissant dans
son intérêt, il agirait dans Fintérét de tous.
En prêtant au fermier à un intérêt modique , on le mot
à même de dépenser trois francs pour en gagner quatre , et
c'est lai rendre un sehice signalé.
On a beaucoup parlé d^agriculture depuis la révolution
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— 17^ ~
de Février. On lui a témoigné l^eaucoup de synpftdiie «
on lui a £iit beaucoup' de proniefi^s, ^n a même poussé
la libéralité juaqu*à la vqulqir doter de ^i hy/Mkicmires.
Les bons hypothécaires put sans doute de la vakur ,
puisqu'ils ont la propriété pour garantie , aoU la propriété
bfttie, soit la propriété runil^. *
Toutefois^ ces bons ont leur cOtéfaiMa, kw cftté dé-
favorable , ils ont Icuf revers comme la oaédaiUô.
La propriété bâtie peut hinUer pu tomber de vétusté;
la propriété rurale peut se djéigrader par mauvaise culture ,
ou par incurie du fermier* Ejofin , Tune et Taytre peu-
vent manquer d'acheteurs quand il y aurait nécessité de
les vendre.
Mais le plus gra^e inoont énient , c'est que le ferjiûer
ne peut placer son bon hypot^iécair^ pi à la foire ni au
marché , et qu'il ne peut le faire ac^^pter en paiement p«^
aucun ouvrier , par aucun marchand ou f<>urnÂsfi«ur<,
Poi^ les petites transactions usaeUçs il &ut de l'argdnt
et non du papier. Nous avons vu réceipment des fermiers
refuser la livraison de leurs bosufs en échange de billets
de banque. Que serait-ce poUr des bons hypothécaires ?
Donner cours forcé à un papier , ce n'est pas lui, don-
ner ce que Ton pense , car on i;ie peut empêcher cette
convention impoate par le ven*deur : — « ÀrgeM ou mar-
thé nul. i» — Le coqrs forcé ^st une précaution 'ill^sDire
pour tout marché débattu*
Me dooBons ni pj^r , ni iEls^gQa^ , ni bons hypothé-
caires au cultivateur qui a besoin d'avances. Itonnons-lui
deTargent. • • .
Mettons entre ses mains le levier qui soulève tous. Ic^
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— 180 —
lardeaux , la clef pour laquelle ih n V a pAs de serrure à
secre^ , la planche qui saure du naufrage.
Donndns-Iui de Targenl ; de l'argent, dans lequel tout
est stérile , comme le dit Boileaa; de l'argent, qui, au sen-
timent d'un esprit judicieux^ compreiid à lui seul les trois
moyens exigés pour faire la guerre.
Mais où prendre l'argent ?
A qui le demander?
- A VÉtat? — Mais l'État est obéré et emprunte.
Aux capitaliBteê? — Mais les capitalistes ne domient
rien , et c'est un don qu'il nous faut.
Au. commerce? — Mais le commerce se suffit à peine à
lui-même. ^
« A qui donc nous adresser ? * * > '
A la terre. -^ A la terre seule , parce que seule elle bé-
néficiera de l'institution d'une Caisse agricole.
Combien demanderons-nous à la terre , et comment em-
ploierons-nous les fonds qu'elle nous donnera ? — C'est ce
que je vais expliquer le plus brièvement et le plus claire-
ment possible, en tâchant d'éviter l'écneil signalé par
Horace :
» « Je tâche d'être court , je deyiens obscnr. »
.... Brevisesse laàoro^
Obscuruê fio. * Do Aite Pœtica. Y. 35 et 36.
La France possède 50 millions d'hectares de terre de
toute nature.
Imposez chaque hectare à tinq francs , payables en cinq
ans , a raison d'un franc par an ,- par hectare.
A la fin de l{^ première* année la Caisse agricole aura 50
milltdns; elle en aura 250 après la révolution des cinq
ans.
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- 181 —
Ghacno des 2,846 cantons de la France aurait sa Caisse
particulière, coûiiéeau percepteur du chef-lieu de canton.
Avant d*aller pinç loin, prévenons deux objections.
La première objection est celle-ci :
Un irapdt de cinq francs par i^ctare est un fmpôt
énorme.
. Je répends:
Ce D'est pas un impôt; o*est. un don limité dans sa
quotité; c'est un don Mégé par sa division en cinq an-
nuités.
Et- j'ajoute:
Vous aver promis de ^courir Tagriculture qui , en effet,
a besoin d'être secourue; or, vous ne h secourez ni avec
des mots, ni avec du papier-monnaie; donc, si vous vou-
lez accomplir vos promesses, il faut un sacrifice effectif,
réel , matériel.
Voiâ la seconde objeotion :
Les fonds ne seront pas en sûreté entre les mains du
percepteur.
Et d'abord , voudriez^vous les mettre entre les mains
de l'État, pour qu'ils prissent le chemin qu'ont pris les
cautionnements et les dépôts aux Caisses d'Épargne?
Non , probablement.
Eh bien ! rassurez-vous à Tendroit du percepteur, car le
percepteur serait tenu à fournir caution , et sa caisse d'ail-
leurs ne contiendrait jamais que de faibles sommes.
Maintenant, passons.
En supposant les 2,846 cantons égaux en superficie,
chacun aurait dans sa caisse, au bout de cinq ans, 87,84!^
franc8«
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— 183 ~
Mais en considérant Ife peu d'étesdiae territoriale des
cantons urbains, on peut «asurer que chaque canton ro-
rai aurait, en moyenne, cent miUe francs à sa disposi-
tion.
Cette somme sutSr&ît aux beaoifts, et f emplirait le but
proposé.
Alors, vous n*en seriez plus aux promes^ décevantes,
mais à l'assistance réelle^ Après l'ékige stérite de la frater-
nité, vous en seriez à un acte dePvéritabie fraternité; à on
acte qui prouverait que celui qui possède sait compatir aux
maux de celui qui souffre.
Un pareil acte aurait un effet moral immeilte. Il change-
rait les idées de ceux qui voient leur bonheur dane le dé-
sordre. Il prouverait au pauvre que le riche n'est pas indi-
gne de st's richesses , et que, plus une source estabundante ,
plus on y peut puiser abondamment.
Enfin , la culture s'améliorerait, et les cultivateurs, main-
tenant découragés, cesseraient de craindre ce que craignait
un chef des Germains, à qijii Tacite fiiit dire:
« Si la terre nous manque povr vivre, oUe ne peut nous man-
» qacr pour mourir. »
Déesse nobis terra , inquâ vivamus; in quà moriamurnon
pofest, Ânnalium. Lib. Xill.
Supposons nos cent miUe (ïrancs en caisse.
Comment en userons-nous?
Rendons la chose simple et facile. Écartons les lenteiira,
les embarras, et surtout les frais.
Ayons , dans chaque chef-lieu de canton, un comité gra-
tuit de sept membres; savoir : le Juge de Faix, le Maire, le
€uré , quatre citoyens désignés par le Conseil municipal.
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- 185 -
C'est à c^ Comité que le fermier emprunteur adresse sa
demande signée de lui et d'un/époudant.
Le Comité donne, s il y a lieu, un bon au fermier, et
le percepteur délivre a celui-ci (a somme indiquée au bon.
Si le prêt dépiissait le prix annuel de fermage, le fer-
mier emprunteur fournirait deux répondants au lieu d'un.
Le taux de l'intérêt serait a 4 p. "fo par an; et le produit
de cet intérêt serait ainsi employé :
t P' % serait affecté au traitement du percepteur, soit
1,000 francs, à la charge de fournir les registres et les im-
primés, tels que demandes de prêt, bons pour toucher, let-
tres de rappel , etc.
Les 3 p. **fo restant , serviraient :
i.^ X réparer les pertes résultant de Tinsolvabilité de
Femprunteur et de son répondant, circonstance qui se pro-
duirait rarement;
2.*» A donner des primes 'd'encouragement pour les dé-
frichements,
Les dessèchements,
Les cultures nouvelles,
L'élètre des bestiaux; * ' •
3.® Enfîn, à récompenser, dans chaque commune, le
zèle, Tinteltigerice et la bonne conduite de deux serviteurs :
un valet de ferme, une servante de ferme.
Tel est mon plan de Caisse Agricole. Il n'est pas ingé-
nieux, j'en conviens; mais, si je ne m'abuse, il a du moins
lemérjtedela simplicité, et voici comment:
La base des cotisations, qui n*est autre chose que la
contenance, existe déjà ; elle se lit sur la matrice cadastrale,
à côté du nom de chaque contribuable. Quant à Tadminis-
13
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— 184 -
tration des fonds , elle est dégagée de toute e;ptrave , de toate
formalité onéreuse.
Quoiqu*il en soit , j(^ ne nierai pas que le sacrifice d'un
franc par hectare, pendant cinq ans , ne soit un lourd sa-
crifice; mais, je le demande, comment faire beaucoup
avec peu? Sufiit-il de donner de fallacieuses espérances?
— Non , et cent fois non , car manquer à la promesse ,
c'est éveiller la défiance, et irriter les esprits.
On n'avait jamais autant parlé de Tévangile qu'on en
parle depuis plusieurs mois : c'est-très-bien , sans contre-
dit. L'évangile est la loi par excellence; une loi que tous
invoquent, et que nul ne veut abroger. Seulement, quel-
ques-uns l'espliquent à leur point de «vue.
Toutefois , je ne parlerai pas de cette loi divine que
personne ne respecte plus que moi , et je me bornerai
à rapporter les par(»les de saint Paul , parlant aux Galates :
c( Portez les fardraiu^ les uns* des autres, et vous accomplirez
» ainsi la loi de J.-C. »
Aller a Lier lus oncra porta te , et sic ^adimpUbitis legem
Christi, VI. 2.
Peut-être alléguesa-t-on que cent mille francs par can-
ton, en moyenne , formeraient un fonds ^périeur aux be-
soins de l'agriculture. Cette allégation serait en désaccord
avec l'opinion de ceux qui connaissent l'étendue de ces
besoins , et qui sont désintéressés dans la question comme
emprunteurs.
D'un autre côté , il faut considérer que Tintérët n'étant
.qu'à 4 p. "/o, soumis au prélèvement de 1 p. 7o pour
le percepteur et les frais d'administration ,. il ne resterait
que 3 p. 7o» ou 3,000 fr., pour couvrir les pertes pos-
sibles, et accorder des primes d'encouragement.
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- 185 —
Et si vous n'accordez pas des primes d'encouragi^ment ,
ou. si c«*s primes sodI insuOisaotes , vous n'excitez pas i*é-
mulatioû , vous lai&sez le cultivateur dans sa somnolence ,
vous atténuez le bienblt , vous limitez votre action quand
il &udrair retendre , enfin , vous n'êtes utiles qu'à quelques-
uns , lorsqu'il Ciudrait vous rendre utiles à tous.
Il est donc évident que l'intérêt à 4 p. 7» ^^"^ ^^
intérêt £iible , le capital qui le produit doit être un fort
capital, d'abord pour assurer Tinvariabilité de ce même
capital , et ensuite pour distribuer des récompenses et aux
maîtres et aux serviteurs.
Le paiement des 5 fr. par hectare pourrait se diviser en
dix annuités pu lieu de cinq, cela est vrai ; mais le terme
de dix ans «erait trop long. L'assistance ainsi reculée per-
drait de son prix; et, eu égard à la situation, l'a'liance de
la politique et de l'humanité ne saurait se foire trop tdt.
L'unique moyen d'adouchr la charge des 5 fr. serait
dans la coopération des villes d'une population de cinq
mille âmes au moins, par une légère addition à leurs im-
pôts directs , pendant une période de cinq ans.
Les villes n'ayant de superficie que l'emplacement de
leurs maisons , coDtribaeiaient pour peu à l'établissement
de la Caisse Agricole ; et cependant les villes , centres du
commerce et de l'industrie, profiteraient delà prospérité
des cam|>agnes , qui , devenues plus riches , consomme-
raient davantage, et tireraient des villes l'excédant de leur
consommation:
Du reste, je n'émets cette idée que comme idée acces-
soire, et comme n'ayant qu'une liaison trèfr-foible avec mon
plan. Les habitants des villes qui sont propriétaires ter-
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— 186 —
riens , et qui paieraient pour leurs terres , seraient sur-
taxés , si , n'étant pas oômmërçants , ils payaient encore
pour la ville.
SiiDDOsnns la Caîssi» AcrpirnlA <&.tfih1n> ; trftnsfinrinnfi nnns
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MÉMOIRE
SUR LE LIEU DE LA NAISSANCE
DE DUGUESCLIN,
PAR H. E. DQGRBST DE VILLENEUVE ,
BfSMBRB GORRESPOIfDAUT.
1 MESSIEUBS LES KEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ACADÉBUQUE
DE NAIfTES.
Messieubs,
UopinioD généiale^ basée sur celle de quelques histo-
riens qui ont écrit de seconde main ta biographie de Ber-
trand Duguescliii, a |is|â, vous le savez, la naissance du
héros bre^ près de la petite ville de Si3>qqs, dans le
département des Càies-du-Nord* En étudiant à sa source
cette opinion h J8jU>ri(pie , il m'est venu quelques doutes
que je désire soumettre à votre judicieuse appréciation.
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1
— 188 —
Le plus ancien des biographes de Duguesclin, et son con-
temporain, le trouvère Cuvelier, dont la chronique rimée
à servi de base à tous les récits postérieurs, dit en parlant
de la naissance de son héros, vers 49-51 :
De Bretaigne fut nez, ce scevent li auqnaot ,
A VI lieues de Besne$ , une cité vaillant ,
De la Motte de Bron , où il a chastel grant.
Deux châteaux, existaient alors sous le nom de la Motte
de Broons, Tun à six lieues, Tautre à dix ou douze lieues
de Rennes; le premier aujourd'hui dansTUIe-et-Vilaine, le
second dans les Côtes-du-Nord. L'affirmation du chroni-
queur contemporain est précise. Ce n'est point à dix ou
douze lieues de Rennes, c'est à «io; que nous devoos trou-
ver le lieu qu'il désigne. Ce n'est donc pas à Broons dans
les Côtes-du-Nord , c'est à Broons-sur-Vilaine, dans l'arron-
dissement de Vitré > et le canton de Chàteaubourg , qu'il
faut chercher le château où est né Duguesclin. Il y existe
encore des traces d'un manoiiv fprtifié, qui n'a été détruit
que depuis 1767, et qui ne. fut pas sans importance. Ce
manoir appartint, avant et depuis le XIV.' siècle , à la fa-
mille Duguesclin , au père même de Bertrand, et une tra-
dition locale , qui a persisté malgré l'opinion commune ,
veut que le héros breton y ait pris naissance.
Comment donc se fait-il que l'opinion contraire ait pré-
valu?
Le meilleur moyen de s'en assurer est d*en suivre les
diverses phases dans les historiens qui ont succédé au plus
ancien, à celui dont le témoignage est le plus authentique,
et à la véracité duquel tous rendent hommage sans l'i-
miter.
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— 189 —
Mais avant d'entrer dans ces détails, je crois devoir dis-
cuter une objection préliminaire sur la question dea di-
stances. La manière de les évaluer a varié sans dcrute selon
les sièeles ; mais la lieue commune de Bretagne équiva-
lente à 2,400 toises, environ 4,800 mètres, a-t-el!e jamais
été le double de notre lieue métrique actuelle ? Je ne le
pense pas. Les douze lieues que Ton compte maintenant
de Rennes à Broons , dans les Côtes-du-Nord , ni les dix
lieues un tiers qui séparaient ces deux villes, suivant Ogée,
n'ont donc jamais pu n'ùlTe comptées que pour six. Dira-
t-on que le chroniqueur a pris le chiffre qui convenait le
mieux à la mesure de son vers , ou qu*on a lu six au lieu
de dix ? Je répondrai que le biographe , de peur qu'on ne
s y trompe, écrit le nombre en chiffres rom^ilns, VI (sic),
et que s il eut sur ce point altéré la vérité connue de tous
ses contemporains, ceux-ci n'auraient pas fait tant de cas
de sa véracité , si estimée entre autres de Jean d'Estoute-
ville, lurt des compagnons de'guerre de Duguesclin , qu'il
fit faire une copie en prose de la chronique rimée de
Cuvelier, sept ans après la mort du grand connétable,
sons les ordres duquel il avait combattu.
Ceci nous ramène à Texamen des biographes de seconde
main : Le premier en date est un anonyme , dont la chro-
nique en prose a été imprimée au XV. « siècle, à Paris,
pour Johan Bonfons , libraire, demeurant en la rue Neuve-
Notre-Dame^ à l'enseigne Saint-Nicolas (1), et réimpri-
mée en 1830 , à Paris , par un élève de l'Ecole des Chartes,
^ _____^^^__— ^—
(i) Il existe à la bibliothèque de Rennes an exemplaire très-
nre, qai t appartenu aux Pères angnstins de Vitré.
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— 190 —
M. Francisque Michel , dans la bibliothèque eboisie pu-
bliée sous la direction de Laureutie. Cette chronique qui,
peut-être ,. n*est que la copie en prose faite par ordre de
Jean d'Estouteville , a conservé fidèleoient les indications
du trouvère Cuvelier sur la situation du château ou naquit
Duguesclin :
c( En ce temps estait en Bretaigne ung chevalier nommé
» Renauld du Guesclin, seigneur de. la Motede Brou, ung
)> fort chastel à six lieues de Règnes. »
Cette indication est répétée avec la même précision
dans le titre de Tœuvre :
« Les &its et gestes du noble et vaillant chevdier Ber«
» trand du Guesclin , fils de Regnault du GuescHn , «ei*
n gneur de la»Mote de Bron , qui est ung fort chastel à six
» lieues de Règnes en Bretaigne. »
Le second biographe , Claude Menars » qui a écrit en
1618, est devenu trop rare pour que pous ayons pu le
consulter; mais il est probable que, s'il ^t moins affir-
matif que son prédécesseur sur le point qui nous occupe,
il ne le contredit pas du moins plus que son successeur
immédiat, Paul Hay du Chastelet, qui dit (édition de
1666) :
«r Bertrand du Guesclin nasquit au chasteau <ie la Ifioiie
» de firoon , auprès de Rennes. *»
On voit que le vague commence à naître. Le i^j^ pri-
mitif est déjà altéré. L'erreur va germer dans, cette pre-
mière déviation. Nous n'avons pu encore en observer le
progrès dans le successeur de Hay du Chastelet. La chro-
nique de Lefèyre, prévôt et théologal d'Ârras, n'existe pas
à la bibliothèque publique de Rennes; mais cette lacune
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— 191 -
D'est pas« je crois, plus importante que celle de Claude
Menars. Nous retrouvons» en effet, dans le .biographe qui
la suivi , la même expression vague que chez celui qui Ta
précédé. Guyard de Berviile écrivait en 1779:
«r Bertrand Duguesclin naquit vers Tan 1320, dans le
» château de la Hotte Broou , près de Jiennes* d
Ogée est le premier qui ait modiAé complètement Tin-
dication primitive. Dans son Dictionnaire de Bretagne,
publié en 1778, il disait à l'article Broons (des Côtfô-du-
Nord) , en parlant de Bertrand du Guesclin , le Conné-
table :
a II fit bâtir à un quart de lieue de Broons , au bord
ji du grand chemin qui conduit à S.^-Brieuc , un château
» flanqué de quatre grosses tours , qui fut nommé le châ-
9 teau de Bertrand du Guesclin. »
L*auteur avait dit quelques lignes plus haut, dans le
même article :
or 11 naquit au château de la Motte de Broons, Tan
» 1326. i>
Ce n*est donc pas, selon Ogée, dans les Côtes-du-Nord
que naquit Duguesclin. Il reconnaissait implicitement qu il
existait un autre château de la Motte-Broons, dont il n'in-
dique pas la situation. Or, les Côtes-du-Nord ii'en ont
jamais possédé d*aulre de ce nom , ^que celui dont Ogée
attribue la construction à Duguesclin. Force est donp de
revenir à celui qui existait sous la même dénomination
dans la paroisse de Broons-sur-Vilaine. Cependant Ogée»
en parlant de ce dernier lieu , n'i(^di^ue pas Texistence de
ce château , qu'il ignorait sans doute.
La nouvelle édition du Dictionnaire de Bretagne, sans
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— 192 —
rectifier Fopinion d'Ogée au sujet de la construction du
château de Broons (Côtes-du-Nord) , par Duguesclin ^ y
place la naissance de ce dernier coninje une chose incon-
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- 195 —
lepoque où se forma, en 18t4, sous les auspices peu lit-
téraires du maréchal Soult, une société bretonne , pour
éle?er un monument à la mémoire du bon connétable. On
ne se montrait pas difficile alors en fait d'opinions historié
qoes^et le but de cette commémoration n'avait rien de com-
mun avec la vérité archéologique.
La dernière biographie de Duguesclin, publiée en 1841,
par H* de Fréminvillc, reproduit l'opinion émise par HL
Habasque, sans s'inquiéter de la mettre d'accord avec l'as-
sertion précise du biographe primitif et xïontemporain en
ce qui concerne les distances , après avoir dit , p. 4 :
« Bertrand Duguesclin naquit en 1320, au cl1àt,^au de
» la Motte Broons. »
Il ajoute en note :
« Ce château était situé entre Lamballe et Montauban ,
» tout près de la ville actuelle de Broons et sur le bord
• de la grande route qui conduit de Brest à Paris. »
N'est- il pas permis de croire que cette erreur a eu pour
source première le défaut de précision des biographes de -
pub Cuvelier et son abréviateur anonyme , puis la tradi-
tion née dans les Côtesdu-Nord , par suite de l'oubli où
se perdait celle d'Ille-et-Vilaine , et enfin le monument lui-
même élevé à Duguesclin , sur la foi d'une croyance popu-
laire, confirmée par les assertions de deux historiens es-
timés ? N'est-ce pas là un exemple de plus de cette facilité
avec laquelle, en passant par des modifications successives,
la vérité se dénature jusqu'à l'erreur complète?
Noos ne croyons jpas nécessaire de grossir notre liste
des noms des autres biographes modernes de Duguesclin,
qui, ne parlant de lui qu'-accessoirement, ont tous mon-
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— 194 —
tré le roéme défaut de précision sur le poioi en litige, ou
bien ont copié sans examen l'opinion de MM. Habasqoe et
de Fréminville.
Supposons que tous les biographes de Duguesclin eus-
sent reproduit fidèlement, jusqu'à nos jours, l'assertion de
Cuvelier sur la situation du château où naquit le grand
connétable , aurait-on eu Tidée de chercher à dix ou douze
lieues de Rennes ce château , qu'un contemporain place à
six lieues, en écrivant ce nombre de manière à ce que la
critique la plus scrupuleuse ne puisse s'y méprendre?
Il est donc juste de restituer à la commune de Broons-
sur-Vilaine un fait historique qui lui appartient, et qu'on
ne lui a ravi que parce qu'il s'est laissé oublier. Si elle eut
protesté à l'époque de l'érection du monument, celui-ci
n'en eût pas moins été élevé, ajuste titre, spr remplacement
d*uii château qui a aussi appartenu à la femille Duguesclin;
mais on eût, peut-être, consacré un autre souvenir au héros
breton, sur le lieu où, d'après le témoignage des contem-
porains, il est le plus probable qu'il vint au oionde.
On eut pu objecter, en insistant, au nomde la tradition
des Côtes-du-Nord, sur ces mots du chroniqueur primitif:
où il a chastel grant^ que cette désignation semble s'ap-
pliquer plus convenablement au château rftppelé par le
monument moderne, qu'à celui dont le nom avait été pres-
que oublié, hors du lieu où il avait existé. Cet oubli, eût-
on pu dire, semblerait attester son peu d'importance, et le
titre de chasM grani ne pouvait lui convenir. A cette ob-
jection secondaire, un simple examendes lieux eût répondu
en démontrant, par. des traces apparentes, que l'ancien
château de Brpons-sur-VUaine n'avait pas été moins impor-
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— 195 —
lant que celui de Broons dans lf*s C6tes-du-Nord. Ce der-
nier, selon M. de Fréminvilte, n'était qu'un simple manoir
€ orné, plutôt que défendu, par quelques tourelles et nids
» d'hiroodeiies, a totrs en flèches. » M. Hahasque dit, au
contraire, « qu il était vaste et fortifié, m Admettons ces
deus épithètes, dans la mesure indi(|uée par l'aspect des
lieux et le souvenir des débris disparus depuis trente ans.
Nous nous sommes-assurés, par nous mémt*s,qu*elles n'étaient
pas moins applicables au château de Broons-sur-Vilaine,
dont l'enceinte, l'étang et la butte seigneuriale sont encore
visibles. Un ancien recteur de la paroisse, H. Hacard, qui
y vînt en 1767 et y mourut en 1821, a vu enlever les
restes du <:bâteau de la Motte-de*Brjons, pour la rerôn-
siruction de celui de la Bainère, dans la même paroisse. On
y peut encore juger de leur importance.
Les deux contemporains ont donc succombé presque en
même tentps, et les débris de leur vieillesse ont pu té-
moigner qu'ils furent égaux en for<:e comme en durée. *
Qui sait, d'ailleurs, si Ton doit prendre à la lettre cet
hémistiche: où i7 achastel grant, et si le bon chroniqueur
ne l'a pas m s pour la rime? La chose n'était pas plus
rare au XIV.* siècle que de nos jours.
Je ne pense pas que l'on veuille puiser une nouvelle
objection dans cette particularité de la tradition des Côtes-
du-Nord qui , selon M. de Fréminville , avait conservé le
souvenir de la chambre dans laquelle Duguesclin vint au
monde, et la désignait enoore aux curieux dans le «XYIL*
siècle. L'imagination populaire a seule &it les frais de
cette découverte, qui n'(^st appuyée sur. aucune preuve, et
que Ton retrouve partout où l'on dit qu'est né un grand
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— 196 —
borame. Le château de la MoUe-de-Broons-sor «Vilaine
n*a pourtant jamais élevé une pareille prétention, et sa tra-
dition plus modeste, ignorante des preuves qui en garan-
tissent 1 authenticité, se bornaitàraconter, à ses rares visi-
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— 197 —
foi de cette tradition, confirmée par deux seuls historiens
modernes.
Y a-t-il encore quelque raison de douter, en présence
de cet examen, que j'ai tâché de rendre aussi complet et
aussi impartial qu'il a dépendu de moi? Vousen jugerez,
Messieurs; votre correspondafit na voulu que s éclairer
près de vous par cette nouvelle communication, afin que
vous l'aidiez à réparer un injuste oubli.
Rennes, le 20 janvier 1849.
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Ce frH, poufsuit l(. ftiertst; estconvfiinrquaut;on don-
nait l'exactitude de Cuvelier : Jean d'Esftouleville rattesté,
et, si une erreur s'est accréditée sur le point en discussion,
il bttt l'attriiMier prinoipalQinefit h MM. Hab«sque et de
Fréittiifilie, qui oat éerii «ans s'inquiéter s'ils étaient ou
itn d'aecofd avec leèiographe primitif, avec récrivaih
contemjpooiîn.
Képorse.
Cuvelier, dussoa manuseril, avaitpeut^ètre écrit dix, -et,
par uae erreur de typographie, on aunt imprimé six. Des
Ilotes plus graveS' sont }ourDeliémenl comnviëes par les im-^
primèuts: il' n'est pas un auteur qui n'en puisse témoî^et;
naisCuveiiffir était PrpTenc^^ il vivait 'dans un temps où
ÏM ne voyageait guère; jamais probablement il n'était
vcmien Binôtagne, il n'en o^^naissait que tes points prtnh
eipau: EeoDea, Nanties, Saint-M$lo, et îl s'occupait, sans
doute, fort.peude8distaaeeBqui, sansdoute aussi, lui étafient
très-peu familières.
Ia prendre du peu de ca& que l'on peut faire sur ce qui
se trouve dit sur les distances, par les auteurs qui ont écrit
à des. épçques déjà veeulées, s» tire die oeque M. Ducirest,
lui-même, prête à> déux>d^eot#e eux', Hay du Chetelet et
fiujraad deBervUle. Ne disent^Is pas, en éfflsC, Tun et l'au^
tsevqaeBerCranil DufDeaelin' est né pr^ àe Be^mès? Or,
fbt-ilinéà'la*Mol|et4e*Broon9^sur «Vilaine, il serait né au
ia0iii6à.si£ lieuetî}eAfnne8.^'Uiief dislance de quelques
lieiies parati (bqc pev de ebose à ces' auteurs. Or, si des
liûiBnies^ dont l'un écrivait en 1666, et t'attire en 1779^
entpa taniréi peqde^mpte des «dldàndes, est-il rationnel
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dû penser qv^e Cuv/dlier y ait apporté (ilus de soin, y aîlatla-
ché plus d'impertanee?
M. Ducrest nous fournit .eneone, dans son écrit, im
e%eipplelrapp^t chipeu d'iinportanos de ces légères dif-
férences qui se rencontrent entre «les auteurs , diSteences
qui sont en quelque sorte inévitables, quand il s -agit et
faits éloignés de nous de plusieurs siècles , do bits qui
se sont accomplis! dans des temps où Ton sortait à peine
des ténèbres du moyen-âge; c^est ainsi que M. Ducrest
nc^is feit voir Gugaodde'Berville, fitifiafitiultre Dagues-
clin vers r^ 132Q , et Ogde assignant à cette naissance
la date de 1326; mais doitron s'en .étomier sérieoseiiiaDt,
quand on voit que côImi dont nous avoAs fiiit Duguet*
p(in^ était appelé, 'par se$ <jonti»nporaiiiSf otf du raoim
d^ns uQ t^soips voisin de. sa mort ; Memirt BntrwalhL^
guaqgut , ainsit qi^ le constate le tùmbeau trouvé dans
un§ salle . placée diHis l'épaisseur du mur de la tiiapeUe du
Rosaire, au couvent des Jacobins , à Dînan^ tombeaH sur
lequel on lisait :
c( Ci gU le cneiir de Messire Bertran D^gmoifKi , en aon
vivant coneslable de franco, qui Irespassa le Xill jo«m'
de juillet, l'an mille (Il cent IIII, dont son corps repose
avec ceux des Roys à Saint^Denis en France. »
, Eh bieii ! quelqu'un s'est-il aviaé de' cobleater rideotité
de Bertran Dugueaqui et de Dugueedin ? JKûH, aisufé*
nient ; on s'est bonne à dire t l'orthographe des noms de
Cunille n'était pas, encore f»ée irrévocablement an coib*
mencement du XIV*.* siècle; Dugueaqui, par une suite de
transformation qu'il .serab aujourd'hui difinile de lepro*
duire, est. devenu Duguesclin, et sanipius de wAmt^bM,
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«
ToD a écrit en lettres d'or, sur le couvercle du tombeau
où repose maintenant ce cœur, le mot unique : Dugues-
dm (1).
2.* ObJBCTIOI!!.
Ogée dit à Tarticle de la petite ville de Broons , danà
iesCMes-du-Nord, en partant de Bertand Duguesclin :
c II fit bfttir , à un quart de lieue* de Broons, au kord
du grand chemin qui conduit à Saint-Brieuc, un château
flanqua de quatre grosses tours qui fut nommé le château
de Bertrand Duguesclin. »
Quelque^ lignes plus haut , il avait dit :
« Duguesclin naquit au château de la Motte-Broons ,
raQl326. »
Ce n'est donc pas, fait observer M. Ducrest, dans ce
château que naquit Duguesclin. Or, les Côtes-du-Nord
n'ont jamais possédé d'autre château du nom de la Motte-
Broons. Donc ce n'est pas dans les C6tes-du-Nord , mais
bien au château de la Motte, en la commune de Broons,
canton de Châteaubourg^ arrondissement de Vitré, dépar-
tement dllIe-et-Vilaine^ qu'est né le bon connétable.
Réponse.
Le fiiit que Duguesclin aurait fait bâtip auprès de la
ville de Broons, au bord du grand diemin, un château
avec quatre grosses tours, ne prouve rien en fitveur de
{}) Notions hist. , 3 vol. , p. 304 et 305.
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ropîâion de M. Ducrest» car, s'il est un fiMt constant , o'«8t
que le château bâti par. DoguesoUn , le fut sor Teniplaee*-
ment d'un autre château du même nom, qui était entré
dans la maison Duguesclin par le mariage de Bertrand
IV, son bisaïeul, avec Jeanne, fiHe de Robert, seigneur
4e Broons. ^
L'existence de ce premier c)iâteau est telleipent cer-
taii^ que nul n'ignore qu'en 1158., un différend , pour le
droit d'aînesse, ayant éclaté entre deux frères jumeaux de
la maison de la Motte-Broons , à l'efiet de savoir lequel
serait regardé comme Tafné et aurait, en cette qualité, la
seigneurie et le château de la Motte-Broons « Conan de
Richement , surnommé le Jeune, mit d'accord les deux
frères, en ordonnant que la seigneurie serait partagée
entre pux, et qu'il serait construit un nouveau château
portant le nom de Éroom dit Nmf^ château qui existe
encore à présent en Sévignac , où il est connu soûs le
nom de Brpndineuc, nom qui dérive, par corruption ,
du premier.
3." OBiscTiom
Le cbât^u dé la Motte~de-Broons-sur-ViIaine a disparu
complétenient; les dernières pierres en ont été enlevées en-
tre 1767 et 1821, et ont servi à la' reconstruction du châ-
teau de la Baloerre , dans la même commune.
• Malgré ee qu'en j^uvent penser les habitants des Côtes-
du-Nord, ils savent que c'est dans leur- commune que
Duguesclin est né, et ils montrent avec orgueil, aux rares
visiteurs , les ruines de leurs cRâteaux , les lieux témoins
des exploits de l'enbnce du héfos Hrèton, une* métairie
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Yoistne qui porle encore son nom ; ils citent aussi l'é-
gUie ife BkroonB FeooQsiruile , afirèfi an incendie , par les
soins aft au >compte èe la ffiimilte du connétable.
Réponse.
Si r^ dit à Broûos-^ur-iVilaiDe ^oe Dugaesçjin y na-
quit, cat&e tradition^ qui ne s'appuie sur rien de solide , n'a
sucuiie valeur ) et , en tous cas , n*en aurait pas plus as-
surément que celle qai veut qu'on aiticonsenré, à ^oons^
dans les Côtas-du-Nqrd , le souvenir de la chambre dans
laquelle JDug!i^8c(în vint au monde ; entre ces deux tradi*-
tions i\ est au moîps permis de garder la neutralité.
Quant à ce poiut , .qua Broons-sur«Vilaine, on montre
des lieux témoins des jeux de son enfance^ une métairie
fui .porte son pom , .une église reconstruite aux frais de
safamille, tout cela ^ réfute ;facilemeBt, et s'explique tout
Daturc|Uement, ;puisquB la fieignauffe de Broon$-sur*Vi-
laine, étant la propriété de sa famiUe» Duguesdin a pu ,
sans y être né^ j aller dans son enfanœ* Les rapports du
seigaeur au vassalexpliquent aussi suffisamment la recon-
struction de l'église de Broons ou de rabbtffede Fayotte,
aux frais du sejgneur dominant.
Ici^ Djucrest va au devant d'uoe^kbiervalÂoD qu'on n'eût
pas manqi|éfleluirfaiF/Q :
On aurajt(pu, dit-«U, objecter en laveur de la traditian*
des Côtes^du-Jiord , j|ue ces mots da cbromiqueur pri-
mitif :
ff De la. M^Ue^de^Brpops oà il y a chasVel.gnaQt^ s'adop-
tent mieux ^au^teau désigné par le mo)iiuQ|^nt moderne
comme é^tlelieu de naissance de Bertrand Du^uesclin^
qu'à (^hii fialaïU^ttord^Brooos-suriVilaioe. »
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Qui sait pourtant , continue M, Ducrest, si Ton doit
prendre à la lettre cette histoire du bon chrosiqueur, etû
le bon chroniqueur ne Ta point mis là pour la rime ? La
chose n'était pas plus rare au XIV.« siècle que de nos
jours !
Nous en demaïidons pardon i noire confrère de la So-
ciété Académique de Nantes, mais nous lui répondrons :
Si le trouvère Cuvelier a pu commettre Terreur dont
vous parlez et la faire volontairement , nous vous deman-
derons où est cette exactitude, cette fidélité historique que
vous vantiez tant, et comment pourriez-vous vous fonder
avec quelque apparence de réussite , sur la légèrr erreur
de distance que vous avez signalée, pour venir combattre
une opinion admise jusqu'ici sans controverse , opinion qui
veut que Duguesclin soit né au lieu où le Conseil général
a fait élever une colonne commémorât ive.
Mais, poursuit H. Ducrest, Cuvelier s'est-il entièrement
trompé en disant que Duguesclin était né dans un chastel
grant ? On pourrait soutenir le contraire; et , là-dessus ,
il nous apprend que l'enceinte, l'étang et la butte seij^neu-
riale de ia Motte-sur- Vilaine, oflrent des témoignages
incontestables de l'importance qu'eût jadis ce château.
Nous ne connaissons pas les lieux et nous ne pouvons^
rien affirmer, ni rien nier à cet égard ; mais il est permis
da croire qu'un château, dont Texistence n'a été connue
ni d'Ogée , ni de son continuateur, un château dont aucun
des membres du Conseil général qui a fait élever le monu-
ment n a eu connaissance , an château dont nous avons
Aous-méme appris pour la première fois lexistence, en li-
sant les pages de M. Ducrest, qu'un tel château n'a jamais
dû avoir une grande importance , même relativement.
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Qualmoyeo d'ailleurs de crdire que le curé, le maire,
le juge de pabi et le notaire de Broons^wir^Vibifie, anment
gtfdé Bn silûDce absoltt, quand le Conseil général des
Côtes-du-Nord ordonna réreclion delà colonne momntten-
taie, si leur eommune avait eu quelque droh de prétendre
àrhoaaeur d'avoir donné naissonee anptas grand homme
dé guerre de. la Bretagne, à Tun des plus grands généraux
delà France , a'auraienfr*ils par élevé la voix ot crié sur tous
les tons; mais vous vous irompes , mais vous allez commet-
tre une injustice révoltante. '
Les «populations sont , à juste titre , jalôuse& et llères de
eas sottvenira glorieux , et, puisque'les habitante de Broone*
sur-Vilaine n'ont pas alors réclamé ^ c'est qu'ils ont^compris
que leurs réclamations n'aumieirt été assises sur aucune
base solide.
M. Ducrest ne se contente pas d'accroître les proportions
du château de la Motte de Broons-surw Vilaine ;'pour mieux
établir ^que œ castel avait, matérieUen^ent parlant, au
moins autant d'importanoe que le cliAteaa de la Motl^-
de-Broons des GAle8*-da-Nord , il che ce passage de
H. de FréminVilk où -il est dtl,en parhot de ce dermer
château: . ^
« Un diâlen peu étendu, orné plutM qoe défendu pat
quelques tonrettas et nîdë d'hirondelles à toits «n flèh-
chc. »
léi , farpns-ndus remarquer à M. Duorest , il Tant prendre
garde à la confusiop. Le diÂteau où est né Dugoesclin
disparut; nous croyons l'avoir prcové, pour faire place à
celai mentionné par Ogée, lequef était flanqué de quatre
grosses tours, et fut démoli par suite d'ordres donnés, la
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8 nm 1430.1 yar ièhanae^idiKheisede Arategoe, oomtasse
de Mootrori el de EUdieinoat, ordres que i'attlear des Nd-
UoQS BîstAriqeefrsur les Côtes^-Biord a trw¥és et lus éam
les r€igisti:es.seorets dti Paptèment de Bretagne.
Nous oe oroyofls pas qu>aiiettB auteur ontemponaÎB «H
laissé une descrîfAioB du cbàteau que 'fit démolir Oogoes-
olin» et où, selon novs« SI avait dâ nallre.?bius ne *|MMons
donc pas qu'on puissle lui afip(ic||uer «e :que ^it Frémin-
viUe, qui ne &it pas, au sarfdiiSveonoattre ta source oà il a
puisé.
Nous serions toutefois pmrté i eeohre que eç qu'il dit
du eiiMeau à ionrelibs £ù poivriènr , dont il vient d>ltre Cm!
état, s*appKqUerait^ noaiM» «ucfaAtMitt piinnitif où est né
Dugeesclin , non pas noD plus a o<*lui <|u11 ^t codstraire
plus tard sur cet icmplacement, mais bien à un itroésième
cb&teau restauré « existant au:niénie tien qui vseion M^Ou-
orest, aurait été démoli, en l616,'parordredes£t«ls.
Ce qui nous porté à adopter cette opinion , o^est que te
diMeau cottstrvit par Duguesiiio avait dû être détruit en
1420, ainsi qu*onirîentde le foir,etqBe, pourtant. Fau-
teur des Notions Hssljoriques a 'trouvé sur tés regislrva se-
crets do Parlement, une ordonnance du 16 février iB98,
portant qoe les tmrénu et oiiirtfs^ltThiatiMMdhieUirau
de BP09nê aéraient .rd$ieê , ensewMe t$ p&Êiit*1mM ie iàéU»
place, fi les fouis comblés.
On aurait' donc, depois la destsuotion de 44SO, rétébli
les fortifications. du ohâSean, !mais sans doute dlune ma-
nière inoomplète., saiisdoute^au cpmmencenientdes giier*-
res de la ligue, et nniquepieot poiér le mettre a même de
résister à un coup de main«
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Voilà ce que nous avions à répondre à fattaque de M. E.
I>ucrest de Villeneuve.
Nous Aous sommes bornés , .dans cet écrit , à réfuter les
arguments tie H. Ducrest, nous réservant de répliquer, s'il
jugeait à propos (i^|jf»i^er sen-oj^kiioii ^ur de nouveaux
moyens.
Nous terminerons par cette remarque , que , quand il fut
giieslion d'ériger à Do^ueselin un «nôiuAnent reposant «u
lieu même où il était né, il y avait au Conseil général de»
Côtes-du-Nord , qu npmbte des jnen^bjces .qui yotèrant l'é-
rection du monument, un neveu ou un descendant du par-
rain 'de Duguesclin ; c'était le comte de Saint-Pem. Ce
membre du Conseil général sarvait, sans doute, par tradi-
tion de bmille, en quel lieu était néCuguesclin.Eh bien!
il est mort, sans avoir pbangé d'opinion à oet «égard, et ,
jusqu'à présent, aucune voix nes'ét^ait élevée pour protester
bontre jin sentiment généralement admis..
Ce n'est donc pas paf suite d'une tradition .erronée qu'on
place le berceau de Duguesclin à là Motte-^Bvoons, près la
petite ville dé ce nom, parce que c'est là qu'il est né en ef-
fet ; la^ qu*il a poussé ses premiers vagissements; là, qu'il a
formé ses {premiers pas, et Broons-sur-Vilaine devra se
contenter d'avoir vu , par fois , les divertissements de
son jeune âge, et d'avoir été l'une des propriétés dé sa
maison.
SiiioV-Biieuc,l% 17 lévrier 1849.
habasodï:
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; SUPPLÉMENT
AU MÉMOIRE HISTORIQUE
RELATIF AU IlÉU DE NAISSANCE
DU CONNÉTABLE DUGUESCLIN,
itmtUÉ A. LÀ SOCfltTt LCJMUIQVU OB ^A!«TB8,
I
. 18 22 iÂMViBR 1849 ,
FAR M. DUCJtEST DE VILLEIfEUVE.
Messieurs ,
Un de nos honorables collègues, dont j'ai cru devoir
consulter les lumières sur la question que je vous ai sou-
mise, m'a fait l'honneur de m'adresser une réponse, qu'il
ro'autorifiûà vous,€ommuniquer; mais je vous demande la
permission de répondre, à mon tour» à ees o))jections, par
quelques nouveaux arguments , qui compléteront ceux que
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je vous ai déjà soumifi^ et qui exposeront du moins la ques-
tion sous toutes ses faces. D'ailleurs, la contradiction de
bonne foi n*est-elle pas un des chemins qui conduisent à la
férité?
H. Habasque dit que a Cuvelier, dans, son manuscrit,
» avait peut-être écrit dr^, et que,* par ut\e erreur de typo-
« graphie, on aura imprimé «fo;. » J'ai déjà fait remarquer,
prévoyant cette objection , que le chroniqueur avait eu
soin d'écrire dans son manuscrit Vf en chiffres romains.
L'erreur typographique n'était dono guère possible, et ce
qui la rend tout à înh invraisemblable, c'est le soin avec
lequel a été imprimé ce manuscrit, dont la première et
Tunique édition fuit partie de rexcellente collection des
documents inédits sur l'histoire de France, et a 'été dirigée
par *M. E. Charrière , entouré de l'appui et des conseils de
M. CbampoHion et des savants bibliothécaires de Paria.
D'ailleurs, cette objection de M. Habasque est. détruite
encore par ce fait qu'il existait, à siK lieues de Rennes, un
château du même nom que celui qui est siFuéà dix lieues, et
que cette existent implique vérité en faveur de celui des deux
châteaux situé à la distance indiquée par le chroniqueur.
Pourqubi supposer une erreur de typographie, quand on a
sous la main une interprétation naturelle?
Quant au cas que Ion doit faire du trouvère picard
Cuvelier, son éditeur nous l'apprend dans une savante
dissertation qui précède la chronique, source commune
de toutes celles qui ont été écrites sur Duguesclin, et qui
D6 sont, dit H. Cbalrière, que de faibles copies d'un ex-
Ment originaL
Serait il plus juste de conclure, avec M. Habasque, que
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Cuvaiier n'a pas dàiattaober plus dlimponlance à ee qui
conc/orne la distanoe , que Bes succeiaseiHrs Hay du Chastelet
et Giiyàtd de Berville, qui ont cru être suffisamment
exacts, en disant que Duguesclin était né pris de Rennes?
Si Cuvelier n'avajit pas attaché plus dlmporlaace qu'eux à
ce sujets otftnako eux, \l n'eut pas précisé la distance.
Mais, nous est-il permis de douter de son intention et du
s6in qu'il mettait à l'exprimer , en présence de ce chiffre
F/, qui. aurait pu tout auesi bien être remplacé par le
ciii&e A*, si le chroniqueur n'avait eu des raisons pour tenir
au premier? On connaît, d'ailleurs, le .peu de valeur Jiis-
torique de Hay du Chastelet et de Guyard de Berville ; mais,
indépendamment de la place que leur a Tait la critique, on
peut -répondre que ces deux auteurs ont dû s'exprimer
conmie ils lont fait. Toute distance qui n'excède .pas six à
sept houes n'est-elle pas considérée comme peu de chose
relativement au voisinage d'une ville importante comme
ttenne«? Ils dut donc .pu dire que Duguesclin était né près
de cette capitale tle la Bretagne. Ils eussent dit. plus exac-*
tement près de Uinan, où Duguesclin a voulu que son
corps fut inhumé, et qui n'est distant que de quatre à cinq
lieues de Brpons. Dans tous ks cas, Teur inexactitude bien
connue n'infirme en rien l'exaotitude^e'Cuvelier.
Sans éite venu en Bretagne, ie chroniqueur picard, qui
écrivait à Paris , a pu avoir entre les mains des documents
tirés dupays.méme de son héiK)s, documents auxquels il
s'est d'autant plus strictement conformé qu'il ignorait les
lieux* Ajoute^ àcela que sa cbrooique<a été copiée à Vamies
au XV*' siècle, pour la bibliothèque .d'un seigneur bieton,
et qu'elle a été aîfisi soumise à 4les Jugea eompéteiilSi qui
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n'y ont rien trouvé à redire, et la tenaient en grande
68ultie.-
L'objection tirée jiar M*. Habasque de Terreur d-Ogée,
au sujet de' ia date de la naissanoe de DuguescHn et de
fînoertitude de rortbographe de son nom, malgré celfe
adoptée par soo contettiporâin, le trouvère CUvelter, me
semble peu eoaoluante, relativement à la question dés dis-
iancesi. J^ m'empresse de passer à oelle beaucoup plus im-
pcMTtante qui la suit, et sur laquelle roule, je crois, en grande
partie, k difflculAè.
L'histoire nous appread que le chàleàu de Broons, dans
les €<>tesHlu-Nond , eiilra par un marittge dans la. famille
Duguesoiin, aenleount au Xili," siècle, en 1270, époque
à laquelle Taieui de Bertrand, Robert, épousa la fille du
seigneur de Broons* De cette union naquit le père de Bl6r-
trand, Robert^ qui, comme aîné, dut boiter du cbâiteau
paternel. C'est ainsi que Bertrand y aurait, dit-on, pris
naissance à son tour. Cette opinion n'est pas appuyée de
preuves inconteslables. E^ effet, le père de Bertrand, en
épousant Jeanne de HalleBmins , dame de Sens, prit-il
immédiatement possession du ob&teau paternel? En avait^l
bérité précédemiiBnt? Rien n'atteste à quelle époque H
devint seigneur de Btoons. On peut donc conjecturer qu'en
atlendant la mort de son père , il a dû baniler un autre
château de kifiimi)le, celui-là mémequi était situéà Broons-
sur- Vilaine, et à six lieues de la seigneurie de Sens, le
patriqioiinè de sa fiamime* Cette tongecture prend- une oer'-
taîne vraisemhlabee, si on la rafiproche des dates connues:
c'est en 1270 qos fàîeul de DugueseKn épousa Itiéritière
deBreonà, prt$ Dinàn; sonfib àthé,*RÀbert, épousa, oh
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ne sait à quelle date, la baronne de Sens, daiis l'IIle-et-
Vilaine; cène peut être vraisemblablement que vers 1295.
Son père était-il mort à cette époque, et lui avait<*il tran-
smis la seigneurie de'Broons? C'est un fait qu'il faudrait
constater par un document écrit; mais 25 ans plus tard ,
en 1 320 , époque de la naissance de Dugueselin , ce même
fait devient plus probable, sans être prouTé davantage,
puisqu'on n'indique pas d'une manière précise la date de
la mort de l'aïeul de Duguesdin, et que cet aïeul pouvait
vivre encore , car il ne s'était écoulé que 50 ans au plus
depuis son mariage avec riiéritière de Broons.
Jusqu'à ce qu'on ait donc produit ces dates de la mort de
l'aïeul et du mariage du père de Bertrand Duguesclin , le
lieu de la naissance de ce dernier reste toujours douteux.
La question demeure indécise, à moins qu'on ne veuille,
on labsence de preuve contraire, tenir compte de Tindi^
cation de Cuvelier, qui fixe la naissance du héros breton
dans le voisinage de Rennes et non de Dinan.
Après cela, je n'insisterai pas sur les objections secon-
daires produites par M. Habasque et q[ui n'influeraient en
rien sur la solution de la question. Qu'importe, en effet, la
construction du château de Broons attribuée par Ogée à
Bertrand Duguesclin, le connétable. Ce n*était évidemment
qu'une reconstruction , et je n*ai cité cette assertion que
comme une preuve nouvelle du peu de fonds qu'il faut (kire
sur cet historien.. Que d'omissions et d'erreurs signalées
dans son texte! On ne. peut rien /conclure de son silence sur
l'existence du château de Broons^su^-Vilaine, non plus que
du dé&ut de protestations des notables de la paroisse où
il était situé. Ces 'bohs villageois auraient clamé dans le dé-
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sert; et qui pourrait dire d*ailleurs s'ils savaient ce qui se
passait dans le département des Côtes-du-Nord ? Eussent-
ils eu parmi eux un juge de paix et un notaire, ils n'en
auraient pas été plus éclairés sur ce sujet. Puis, 'après tout,
il n'y a pas de prescription en fait de souvenirs histo-
riques.
Il n'en reste pas moins acquis, et M. Habasque ne con-
teste pas ce point, que*le château de Broons-sur-Vilaine a
été la propriété de la famille Duguesclin,et que Bertrand a
pu y séjourner daps son enfance. Hais faut-il affirmer, avec
M. Habasque , que le berceau du grand connétable ne peut
être placé ailleurs que dans les Côtes-du-Nord? Je crois
qu'il y a lieu de douter encore, malgré la conviction du
Conseil général et celle de M. le comte de Saint-Pern.
Attendons, pour trancher la question « que le temps et
la patience des archéologues nous aient apporté d'autres
preuves que celtes qui résultent d'une tradition. Il ne suffit
pas, pour réfuter l'assertion précise de Cuvelier, de lui at-
tribuer une erreur de distance; car il y a une naissance
indiquée dans les enxirons de Rennes et non de" Dinan ,
dont le nom était alors aussi connu des chroniqueurs fran-
çais que celui de la capitale de Bretagne.
Je dois dire, en terminant, que je regrette que M. Ha-
basque ait donné lé nom d'aUaqûe à l'exposé de mes doutes,
et que, sous cette impression, il leur ait attribué une in-
tention affirmative qu'ils désavouent ; car je tiens moins à
réclamer pour J'Ille-et-Vilaine l'honneur d'avoir vu naître
Ouguesclin, qu'à préciser le lieu où il est né en Bretagne,
et à troaver les preuves de la tradition qui fixe ce lieu dans
les Côtes^fai^Nord.'
Rennes, le 31 mai 184-9,
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LITTÉRATURE PERSANE.
CHAPITRE* VIII.
LE LITBB BES BOIS.
MoH d'Afrasiab et de KeïKhosrou, — hfendiar. — Son
combat ateê Rustem: — Sa mort. — Mort de Rûs-
tem. — De^itruction de la famille de Sam et de Aeri-
mon.
Oa rencontre rarement des poèt^ 4e i'ordke de Firdouâî
et bien moins encore des poèmes composa sur d'«iufi$i.va8^
tes proportions que le Livre de$ Boi$: je n'ai donc point à
m'exouser de consacrer six chapitres entiers à l!eiB9^ de
cette œuvre colossale. Ce.^ue j'en ai dit et cité jmaqu'ieiauf*-
firait sans doute pour la faire apprécier, et me penneUraîl
de passer à un autre sujet; je crois devoir cependant m'y
arrêter un instant encore. Le Ject«ur qpi aqra suivi av^
quelque intérêt les divers épisodes que nous avons mcontés
de Thistoire de Rustem, sera curieux 4e trouver m% dans
une rdpide analyse, les derniers traita de saloi^gue^arritee
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de labeur et de gloire. Nous consacrerons, en même temps
et forcément, quelques pages aux deux héros couronnés,
dont ia destinée s'est liée si constamment à celle du fils de
Zal Zer, Afrasiab son in&tigable ennemi , Keî Khosrou , stbn
magnanime souverain. Isfendiar , autre héros célèbre chez
les Persans et peut-être plus célèbre encore chez les Grecs,-
qa'il combattit sous le nom de Xerxès, viendra enfin com-
pléter la liste de ces illustres personnages, immortels hé-
ros d*ut](e immortelle épopée. Mais si , jusqu ici , nous avons
marché d'un pas sur, guidé par la belle traduction française
de M. Jules Hohl , il n'en sera plus ainsi désormais. Cette
excellente traduction s'arrête malheureusement à cet instant
où la fm tragique de Bahram est vengée par le père et les
frères de ce valeureux jeune homme ; nous n'avons donc
plus maintenant, pour fournir une base à nos appréciations
sur le poème de Firdousi , que l'insuffisante et assez médio-
cre analyse qu'en a faite, en langue anglaise» H. James At-
kinson. Ce n'est plus le flambeau d'un parfait traducteur
qui éclairera notre marche, mais un très-pâle et très-iofi-
dële reflet. Et pourtant le génie poétique de Firdousi a jeté
des éclairs si vifs et si puissants, qu'on ^n sent encore l'éclat
même à travers tous ces nuages.
Malgré le grand désastre éprouvé par les Perses, la guerre
se soutint opiniâtre. contre les Touraniens, car c'était mie
guerre de races. De nouvelles batailles sont livrées; et l'une
d'elle, après avoir duré sept jours et sept nuits avec un^
acharnement sans exemple, ^e termine par une nouvelle
dé&ite de l'armée de l'Iran qui , réduite à la dernière extré-
mité , est heureuse de trouver un refuge précaire dans une
place forte des monts Amavends.
15
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— 216 -
Aussitôt qae Kei KbosrM reçtrt la notitelle de la situa-
tion désespéréft àes siens, il se hftta d'envoyer à Tbous dé
noRibreuK renforts comnf»ndës (>ar ftustem. De son côté,
Afrasiab, pressé de porter tm dernier coup i la puissance
iranietitie, adresse à tousses tributaires etaHiés une con-
vocation qui sembleiés appeler à un partage assuré des dé-
pouilles d'un vaste empire.
La lufte recommence donc avec une nouvelle fureur, et
fou»nK à Rustem l'occasion d'ajouter des lauriers nouveaux
à ses anciens trophées. Tout change de fece sous cette main
constamment victorieuse. Après plusieurs batailles rangées
et autant de combats singuliers à la manière antique, Ten-
nemi est abattu. Afrasiab délaissé par des troupes qu'ont
démoralisées ses défaites successives, se réftigie précipitam-
ment aiix extrémités les plus orientales de la Tartarie chi-
noise, abandonnant au vainqueur ses drapeaux , ses tentes,
ses arntes , ses coursiers et d'imnienses trésors qui allèrent
grossir ceux du roi de Perse.
Inutile de dire les fiâtes triomphales dont le fils de Zal
fut l'objet à son retour, d'énumérer les riches et nombreux
présents dont il flit comblé par le roi. Suivi de la recon-
naissance et des acclamations de la Perse entière, il re-
tourna dans le Sefetan jouir d'un repos qu'il avait bien
mérité. 11 entrait alors, dit la tradition, dans la quatre-
centième année de son âge. Mais le repos pouvait-il être
de longue durée pour un homme de la trempe de Rustem?
Dans la Perse, comme dans Tlndé, se trouvaient trop
constamment quelque rebelle à châtier, quelque monstre à
réduire; quelque mauvais Divâ combattre, pour qu'on né
lui revit pas souvent en main le gfaiive iet le hcet. ChacUûê
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— âi7 —
de ces expéditions, de ces aventure» fournit à Firdousi
Fcttcasion de consacrer de nouveaux chants à ia gbire de
son héros de prédilection. Toutefois, il ne perd pas de vue
fieœ n'est pas à on seul personnage, quelque grand soiu
il, mais à rhistotre d*un peuple entier que ses vers appar*
tiennent Le cours des événements Tentraîne. Ceux que
BOUS allons raconter d'après lui sont cufteux sous plus dTuft
rapport r ils rectifient et complètent du poial de vue per-
an les récit» obscurs et qn^^elois coptradictoifes des
èsrirains de ia Grèce ^ et nons donnent tant sur Afrasiab
que Keï Khosrou , c*6st^à^dire sur Astyage , roi de Médje
et Cyrus-le^rand , des notions un peu différentes de «elles
que nos études elassiques nous ont inculquées.
La débite subie par les Touraoiens ne pnoduistt
qu'on eiei temporaire pouv le repos de la Perse : la haine
indomptable , fia&ti^ble activité d' Afrasiab eurent bien-
tôt trouvé nooyen de reprendre Toffensive. De son c6té,
Keï Khosrou confia à Gouderz le sc»in de réduire de nou-
veaa son étemel ennemi, a La lâche de Rustem contre
t Afrasiab est accomplie, lui dit*iL La prudence et la
t haute valeur de ce héros lui ont acquis une gloire sans
» égale: Maintenant c'est toi, Gouderz, qui dois vaincre
a et triomphera ion tour. »
i Gouderz, eo conaéquence, marche droit at\;c frontières du
I Tonrsn, à la tfte d'une puissante arn»ée; tandis qu'un
aatre îHuMre Stpefabed ,8'avançanl, vers TEst, à lii con-
quête de rinde, doit se rabattre, par le Nord , aur les
eonHns de la Tartarie cfaiBoise, de manière à placer Afra-
siab entre don corps d'armées qui kd rendent tonte éva«-
sion impossible.
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— 21» —
En dépit de ces prudentes combinaisons et de la va-
leur des guerriers de l'Iran , la lutte se soutint deux an-
nées entières avec des chances variées. Enfln, dans une
dernière et grande bataille, i'armée touranienne, taillée
en pièces, perdit, avec une foule de guerriers en renom,
son vénérable chef, le sage et brave Piran Wiseh , oncle
d'Afrasiab ; et avec lui s'éteignit la fortune de ce prinoe.
Keï Khosrou n'eut pas plutôt appris la dé&ite et la
mort de Piran , qu'il vola à 1^ frontière , traversa le Djihoon
et , passant par Bokhara. et Samarcande , s'avança rapide-
ment à la rencontre de l'ennemi. De son côté, Afrasiab
n'était pmnt resté oisif. Tous ses trésors cachés avaient
été sortis de terre et employés à soudoyer, une nouvelle
et formidable armée , dont il plaça la cavalerie sous les
ordres de l'un de ses fils nommé Schaïdeh Poscbeng.
Dans le même moment, KeS Khosrou mettait à la tète de
ses troupes son parent Lohrasp , son futur successeur ao
trône , et allait en personne au Seifstan prier Rustem de
venir prêter à ce jeune chef, novice encore dans l'art de
la guerre , l'appui de ses conseils et de sa vieille expérience.
Quanta Afrasiab, privé du prestige de la jeunesse, en
proie à de sombres pressentiments, ce n'était plus qu'avec
défiance qu'il voyait approcher l'heure de la lutte. Hésitant
À combattre , jl résolut d'envoyer son fils faire au roi de
Perse des' propositions d'accommodement. — « Annonce
» à Keï Khosrou , dit-il au jeune ambassadeur, que s'il
n veut signer un traité de paix avec le Touran , une par-
j» tie de mon armée passera au service de la Perse, et que
» je lui livrerai un de mes propres entants comme gage de
» de ma sincérité Hais encore un mot à ton oreille ,
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— 2t9 —
» A Sohaîdeh : si Keî Khosroa repousse ces ouvertures ,
9 propose lui , afia d'éviter une inutile fusion de sang ,
9 de vider entre nous deux seuls cette grande querelle.
» — S'il refiise d'entier en lice contre moi , demande alors
» à prendre ma place dans le combat, nvee cette corïdi-
» tion que si les étoiles se tournent contre toi ^ que si tu
» es vaincu, je lui céderai l'empire et fuirai en exil loin
9 de te monde trompeur. »
Conformément à ces instructions , Schaideb se rend au
€amp des Perses où il est admis à présenter ses dépêches
avec toute la solennité que comporte son rang et Tim*
portance de sa mission. Keï Khosrou l'invite ensuite à se
retirer dans l'appartement qui lui a été préparé et lui pro-
met de lui faire bientôt connaître sa réponse. Dès que le
prince tcuranien se fut éloigné , Keï Khosrou ex]>osa l'ob*
jet du message à son eonseil et dit : — « Je ne puis ni ne
» dois accepter des offres de paix qui m'ôteraienl tout es-
» poir de jamais tirer vengeance de la mort de Siawusch ,
n mon père. Mais si je repousse ses offres, Afrasiai) do-
9 mande que nos mutuelles prétentions soient abandonnées
9 aux chances d'un combat singulier entre lui ou son fils
9 et Dioi. J'ai vu Schaideh ; son regard est fiarouche , son
9 œil injecté de sang ; si je m*expose avec lui dans l'arène,
• il s'en faudra de peu jque son redoutable cimeterre ne
9 tranche le fil de ma vie. Que l'on courre donc préparer
9 ma plus solide cotte de mailles et mon casque de Roum. »
Mais Rustem et tous les grands présente au conseil s'é-
crièrent : — a II n'en peut, être ainsi. Àfrasiab est rem-
9 pK de ruse et d'artifice. Il ne recule même pas devant
• l'emploi maudit de la magie, et n'a jamais craint de
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— 210 —
» rompre sa foi jwée^ L'amkBsaie de Schaîdeh ne peut
D pas ne pas cacher quelques projets de trahison. Si ,
D d'ailleurs, le combat avait Heu et devenait fatal à ce
» prince, eh! bien, quy aurait-4i alors, qu'un guerrier
» turc de moins pour affliger ce monde, et quelle gloire
0 le prince souverain de Tiran obtiendrait-il de oette fu->
» tile victoire?-^ Si, au contraire, le roi des rois suc-
» combait sous le fer de la lance ou deTépée de ce jeune
a audacieut , dans quel abîme de ruine et de malheur ne
a -tomberaient pas ce glorieux royaume et ses peuples
» affligés ! a
Ces observations étaient parfaitement sa^es; Keî Khos*
rou le comprit : de i'avis même de Rustttn , il donna à
Sch«iideh son audience do con^é, et lui dit quil ferait
porter sa répons^e à son père. — ^ « Ne suis-je donc pas venu
a ici pour te combattre ? » répondit avec hauteur Tor-
gwilleux jeune homme.
Irrité de ces paroles provoqijantes comme de la piqûre
d*un frelon , le souverain de Tlran réplique aussitôi ; « £h
a bien donc ! qu il en soit aiiisi que tu le désires et que
a ta destinée s'accomplisse I A demain le combat, a
Après avoir vaillamment engagé ainsi sa parole, Ket
Khotrou fit dresser pour Afrasiab le message suivant :
<r Notre querelle se teint de sombres couleurs. C'est en
» vain que tu engages ta foi pour que la guerre cruelle
a cesse entre nous deux. La modération de tes parolea
é d aûjourd'huixèle mal la fAïude de ta pensée. Mais cette
j» couronne impériale qui orne ton front, et cette massue
a qui arme ton bras, et ces trésors dont tu es si'fier^ et
a ton royaume, et ta puissante armée , et tout ce que lu
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— 251 —
» posées eiUia 4ait m^^ppartopir ! (iOraque das ^astres
9 bvorables' tournaient $ur tatéte^ tu pouj^ais bien', au
» milieu d'im featin , entoui'é des enclaves d^ ta cour « te
» dire : Je mis fort. Je suis pumant ; mais aAJÎaurd'bui
i> Dieu le Tout Saint a fait passer daoa nos oiains cette
9 force et cette puissance , car elles viennent de kii^ de
» lui sâul ! ties palmes de la victoire, le poepitre de Tarn*
» pire, l'autorité suprénie, sont à qui lui plait. Perdu pour
j> toi , roi perfide , bientât ton trône sera le siège de Keï
j» Khosrou. »
Un second me3sagei destiné à Scbaïdeh, s*e3(pmnait
ainsi :
« Es-tu déjà si las du palais de ton père et du doux
» bien de la vie, téméraire jeune homnae, qpe tu veuilles
» affronter les basards d'un combat mortel ? Le nuage du
» malheur s'abaisse sur toi ; ta robe royale sera ton lin-
n ceul ; et ton père sur son fijs pleurera du sang» comme
B sur Siawuscb en a pleuré Kaous. i^
Le lendemain, dès Paube du jour , \a gnuod Khasrau
descendit dans l'arène, et quand il fuir à portée de la voix,
Schaïdeh lui cria ; — « Tu arrives à piedt roi de l'Iran!
» C'est bien ! que notre combat ait donc lieu à la lutte! j>
— Pour toute réponse , Keï Khosrou saisit son agresseur
à la ceinture, le terrasse en dépit de ses efforts, et se pré*
cipitani sur lui tel qu'un lion furieux sur un onagns , lui
ouvre la poitrine de son poignard.
L^ roi, après avoir ainsi vengé son honneur outragé,
ordonna que le cadavre du malheureux Schaïdeh fut lavé
avec du musc et de Teau de rose, et inhumé avec tous les
honneurs que lui méritaient et son sang royal et san cou-
rage digne d*un meilleur sort.
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~ 222 ^
La nouvelle de la mort de son fils porta la rage et le
désespoir dans le cœur»d*Afrasiab. Renonçant sur le champ
à toute idée de paix , il s*avança contre les Iraniens à la
tète d'une armée exaspérée par la perte de son jeune prince.
La lutte fut désespéi^e. Toutefois , la fortune se prononça
en &veur de Khosrou , qui ne négligea rien de ce qui
pouvait lui assurer tous les fruits de sa victoire. L*armée
vaincue fut poursuivie dans toutes les' directions et le
vieux roi du Touran que ses soldats fugitifs avaient con-
traint de fuir avec eux, repoussé par ses alliés les plus
anciens, abandonné de ses plus fidèles serviteurs, traqué
de retraite en retraite comme une bête fauve , ne trouve
de refuge, après mille fatigues et mille dangers, que dans
Tobscure profondeur d'une caverne sauvage. Pendant quel-
ques jours, il vécut en paix dans cette sombre demeure;
mais un homme du nom de Houm , originaire de la Perse,
remarquable par sa force et son courage et qui vivait
près de ces lieux d'un vie solituire , étant un soir à la pro-
menade , entendit Je sourds gémissements sortir du sein
de la montagne ; s'élant approché, ces plaintes en langue
turque parvinrent distinctement à son oreille : — « Roi du
» Touran et delà Chine (1), que sont devenues ta puis-
» sance et ta gloire? Ton trône , tes armes; tes trésors, la
j» fortune cruelle a tout jeté au vent ! d — Houm n'hésita
pas à croire que ces paroles sortissent de la bouche
d'Âfrasiab, et, comme il avait eu personnellement à souf-
frir de sa tyrannie, voyant luire l'heure de la vengeance,
(1) La Tartarie chinoise.
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— 253 —
il s'avaoçB plus près ettcore de la caverne poar vérifier
l'exactitude de ses conjectures. Les mêmes lamentations ne
tardèrent pas à se faire entendre de nouveau et détrui-
sirent ses moindres doutes sur la présence du monarque
fugitif. Toutefois, il attendit patiemment jusqu'au lende-
main, et, au lever du jour, se penchant au-dessus de la
grotte, il' s'écria : — «r Afrasiab, roi du monde! sors de
» cette caverne et que tes voeux soient accomplis! J*ai
»• quitté pour toi les sphères invisibles. Parle ! ^ue dé-
» sires-tu ?» — L'illustre fugitif, trompé par ces paroles
et croyant répondre à l'appel d'un envoyé des cieux,
s'empressa de sortir de sa retraite. Mais Houm , qui ie re-
connut à l'instant, le frappa de sa maçsue et profitant de
Févanouissement causé par la violence du coup, lui lia
fortement les mains derrière le dos.
Lorsque le vieux roi , reprenant ses sens , se vit ainsi
garrotté , il se plaignit amèrement de la trahison de Houm,
et lui demaada ee qu'il avait pu foire à un étranger pour
s'attirer un semblable traitement. — « Ce que tu as fait ?
» répliqua Houm. As-tu donc oublié tant de' princes du
9 sang de Ft*rfdoun sacrifiés a ta lâche ambition , tant de
9 cœurs généreux par toi brisés i — Et mai-même , ne
9 m'as-tu pas contraint de fuir ici tes injustes persécu-
» tions, de me réfugier dans ces retraites désolées, où de-
9 puis tant d'années je traîne ma misérable vie, deman-
» dant à Di^u la chûto de l'odieux tyran qui m'a privé de
» mes biens , de ma famille , de ma patrie. Enfin, le ciel
9 vengeur t'a mis en mon pouvoir et je l'en remercie.
0 Hais quels revers t'ont conduit dans ces déserts , a quels
Il merveilleux événements dois^je l'accomplissement de mes
ji vœux? D
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Alors Afrasiab lui raconta la suite de ses malkeiirs et,
eu terminant, le supplia de mettre par la mort une Gn à
ses maux plutôt que de le livrer à soo eonemi. Mais Houm
u'était pas homme à foire le sacrifice d'une vengeance de-
puis si longtemps désirée ; il se hâta> au contraire , de con-
duire son prisonnier au roi de Perse.
Ce fut avec une joie difiiciie à dépeindre , que Keî Khos*
rou vit enfin tomber» eu sa puissance,' l'irréconciliable en-
nemi de l'Iran , le meurtrier de son père. La mémoire
toujours oppressée du souvenir de ce crime odieux, il or«
donna que ses auteurs, Afrasiab et le féroce Guerouiiereh ,
unis dans un même supplice , subissent ensemble Tignomi ^
nieiix ti^itement infligé par eux jadis à l'infortuné Sia-
wusch.
Après avoir accompli cette ceuvre de haute justice, trop
violente de la part d un petit-fils, même pour venger un
père , Kef Khosrou retourna dans sa capitale et permit à
Rustera de partir pour sa résidence ordinaire dans le Seîs-
tan.
Telle fut la déplorable fin (l'Afrasiab, roi du Tonran, où,
-^si l'on préfère les dénominations helléniques, — d*As-
tyage, roi des Mèdes. Sous Tun ou l'autre de ces noms ,
les historiens persans et grecs sont assez d'accord pour
reconnaître qu'il fut reoveirsé du trône par Khosrou -le-Grand.
Mais cette concordance €fst bien loin de se retrouver en ce
qui concerne les derniers instants de celui-ci. 'Suivant Xé-
Dophon, qui s'éloigne le oioins de la tradition persane ,
Cyrus mourut à Bahylone, après une vision qui lui annop*
çait sa fin prochaine.' Hérodote dit que de tous tes réehs di»
vers qu'il a recueillis sur la motft de ««.prinee , le plus vni^
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— 285 --
semblable, seloû lui, «icelot d'après laq'iel îl aiirail péri
dans une expéditioD contre ks Massagètieft. Son corps ayâai
été apporté a leur reine Thcmyris^ceUs-Ci aurait, séparé la
tète du troac , et la plongeant dans un bassin plein de saQj$,
lai aurait dît: — « Toute victorieuse que je suis» tu as pour
» jamais délruH la paix de mon cœur par ton strata^teie
a cttntre mon fils (i). Je remplis au)ouffdbtti oia prraiessa
a en t*abre«vanl de ce sang dont tu as été touîours altéré. »
Clésias dit au contraire «pie Gyrus fut tué par la jave-
line d'un guerrier de Tlode , comme il faisait la guerre
aux Brahmanes. Et, pour compléter les variantes qui ré-
gnent entre ces Uisloriens , Lucien assure que Ion trouve
sur quelques colonnes indiquant les limites de la Médie^
une inscription qui donne à entendre que Cyrus moitf ttt
de chagrin a Tàge de cent ans , en apprenant des cruautés
commises par un de ses fils.
Notre prétention n'a jamais été de faire ici beouco^ de
critique historique y nous ne ch^^erons donc pas à mettre
d*accord ces récits contradictoires (2) , et rev^ant au
Sdioh Nameh purenoeot et simplement. nous allons lais*
ser Firdousi raconter à sa manière la fin de Kei KhQsrou.
Les. traditions qu*il a suivies ne sont ni moins curieuses «
ni moins intéressantes que l^8 autres, et ont certainement
(,1) Ce pfioce, an dire de raateur grec, fait prisonoier par Gyrua,
avait été renda ^ la liberté, mais il s'était tué lui-même eosuitc, ne
voulant pas survivre b la boilte d'une défaite.
(2) Le lecteur, curi'UxdVclaircissemcDts, pourra consulter, avec
fruit, la savanite dtasertaUsa de sir lelM MalcoHm mt ce sajei , ot
pfanieaTB aotros faHa damèoie ftaare. {,ëist9ry a/* FersivJ)
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-- 226 —
séduit son imagination de poète par un côté- merveilleux
qui se prétait admirablement aux exigences de Tépopée.
Le Livre des Ast^^jeledis à regret, est tràs-paavre ;
beaucoup trop pauvre de détails sur les exploits et tons les
actes d'un com|uérant d'autant derenom que le Grand-Cyrus;
il semblerait, à lire Firdousi, que ce prince illustre considé»
rant sa t&che en ce monde comme accomplie après avoir
pacifié ses frontières et vengé la mort de Siawuscii , ne dut
plus songer, ainsi que Taurait pu foire un prince chrétien
du temps des croisades ou un Charles-Quint, par exemple,
qu*au salut de son àme.
<r A la fin , nous dit le ckautre de Tlran , Kéï Khosrou
se sentit pressé d'une invincible vocation pour la vie reli-
gieuse et contemplative. Sous l'influence de ces sentiments,
ou nouveaux ou qui se réveillaient en iui avec plus de
force , il abandonna exclusivement à ses visirs le soin
d'administrer son vaste empire. Affligés de cet état de
choses, les grands et tous les officiers du royaume lui
adressèrent de respectueuses remontrances, o — Seigneur,
0 disaient-ils, les meilleurs ministres peuvent s égarer;
0 et, pour lé bonheur de son peuple, un grand roi doit
» sans cesse tenir sur- eux Tœil de la vigilance. Donnez
» donc chaque matin quelques heures au moins aux af-
» faires d'État et vous pourrez ensuite consacrer le reste
)) du jour aux exercices de piété et à la prière. » — Mais
il répondit toujours : — « Un seul cœur est insuffisant
» pour Taccomplisseroent d*un Rouble devoir. MesaiTec-
D tiens ne sont plus pour ce monde qui passe ; tous mes
» vœux sont pour un mande impérissable. »
Alors les seigneurs et tous lea grands forent plongés dans
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— 227 ~
la consternation. Ils n'eurent plus d e^ir que dans Tiu-
tercession du Zal et de Rustem qu'ils pressèrent vivement
de se rendre à la cour. Lorsque ces deux vénmbles Peble-
wans parurent dans la capitale , le peuple se pressait sur
leurs pas et criait : — «Un mauvais œil s*est fixé sur Ifi
» roi. Par sa malice et ses ruses maudites, Iblis lui a ravi
» la raisojfi. Toute notre joie est flétrie. Dissipez, oh! dis-
» sipez cet épais nuage de douleur et d'affliction qui as-
» sombrit nos âmes. Arrôtez-nous sur le bord de. Ta-
i> bfmel Quelle désolation de voir ce grand roi, en
» proie à la morne tristesse, négliger les soins et les
j» pompes de l'empire! Rendez-le à lui-même. Faites que,
n pour son peuple, il soit encore Kbosrou le victorieux,
» Kbosrou le juste , le vaillant ,1e magnanime I »
Pleins de tristes pensées , escortés de ce lugubre cor-
tège, Zal et Rustem arrivèrent aux portes du palais. Le
roi ordonna sur le champ qu'on les. introduisit en sa pré-
sence et leur demanda pour quelle cause ils avaient quille
le Seîstan. Us répondirent respectueusement que l'uni-
que désir d'appeler de nouveau sa sollicitude sur les af-
faires de l'empire, les avait arrachés à leur retraite. —
« Je suis las des misères de cette périssable vie^ répliqua
» Keî Kbosrou, du ton le plus grave, et n*ai plus qu'un seul
» souci , me préparer à la vie future. Je ne puis endurer
» plus longtemps les perfidies d'un monde plein de frau-
» des et de déceptions. Mon désir du. ciel est si grand,
» que je ne puis rester un moment sans lui adresser mes
» ardentes prières. Cette nuit enfin , cette nuit même. ,
» une voix mystérieuse, une voix d'en bapt a ipurmuré à
» >moQ oreille : — « Ton départ est prochain, songe aux
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— 238 —
» préparati6 do voyage. Surtout ne méprise pas cet avis
» de ton bon ange : l'oecasion perdue ne renaîtra pas. «
Lorsque Zal et Rustem furent bien convaincus de f îné-
branlabie résolution de KefKhosroQ, ils gardèrent tin instant
le silence , puis enfin Zal Zer reprit : — « Je suivrai le
» seigneur dans sa retraite ; à ses prières f unirai mes
« prières ; et par ses mérites, son serviteur espère obte-
n nir son salut du Dieu très-miséricordieux. » — « Hon!
» d]t le roi à son tour. Ma place n*est plus dans cette de-
a meure impériale : c*est une humble et solitaire cellule
» qu'il me faut désormais , afin de pouvoir y remettre en
» paix mon ftme aux mains du Créateur de runivers. »
— Après ces mots, Rustem et son père se retirèrenl en
répandant des larmes abondantes; et tous les braves
guerriers qui les accompagnaient demeurèrent' dans Faf-
firction.
Le lendemain ,' Keï Khosrou sortit de ses appartements
intérieurs, manda près de lui les chefs de ses armées,
les seigneurs de sa cour et tin» les sages mobeds de la
capitale; et quand ils furent tous réunis, il leur adressa
ainsi une dernière fois la parole : — « Ge que j'ai si ar--
» demment désiré m'est enfin accordé. Il ne me reste plus
n rien des folles espérances de ce monde , rien qui puisse
» décevoir et troubler mon cœur. Rassasié des grandeurs
X» humaines, je renonee à rectal du trdne, aux vafaes
» pompes de la royauté. Ainsi le veut ma destinée! Adieu
9 donc braves et prudents amis qui, toujours fidèles,
» m'avez rendu plus l^r le poids de la suprême puis«
» sance. J'abdique à eet instant les devoirs du 'souverain
V et vous laisse à tous le tribut d*ane reconnaissance mé>-
» ritée et profonde. »
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— 239 ~
Cela dit, il ordonna ^oa allM dresser ses tentes dans
le d^rt. il oantt ses trésors et , sept jours durant, lit
eéiébrer des fetes sofenneUes; et pendant ces fôles il vou-
lut que des viwes et d'abondantes amndnes fessent dtstri-
buéa aux pauvres, aux orphelins et à tous les indigents
du royaume , de telle sorte qu'ii n'y en eùi pas un seul
dont les besoins ne fussent point satisfaits. H veilla aussi
à ce que cfoaoun de ses officiers fut généreusement ré-
compeneé : à Rustem il abandonna le Zaboulistan , le Ka<
bonlistan et le Nimrouz. Enfm, il choisit Lohrasp, l'un
des gendres de Kel Kaous , pour lui succéder au trAne ,
et invita les g^nnds et tous les guerriers présents à servir
le nouveau prince aussi fidèlement et avec autant de 2èle
qu'ils l'avaient servi lui-même. Et, quand ils en eurent
bit sonnent , il désigna Géuderz pour remplir les fonc-
tions de grand visir et Guiv |K)ur commander l'armée. A
Tfaous il donna le Khorassan, et dit à Feribourz, son
oncle : — « Sois soumis à l'autorité de Lohrasp que j'ai
9 élevé et instruit avec une paternelle sollicitude, car je
» n*en connais pas de plus digne de gouverner un grand
a empiré. »
Les guerriers de Tlran demeurèrent étonnés de ce dé-
cret et murmurèrent devoir Lohrasp élevé am^ au-dessus
du Als atné de Keî Kaous ; maie Kef Khosrou apprenant le
mécontentement de ses oflioiers , les fit appeler et leur
dit: — « Feribowz, nul de vous ne l'ignore, esl inea-
a pable de supporter le fiirdeau ée la courenne. Loh^^
a ra8p,au contraire, est un prince éclairé, brave etclé*^
a ment; désQendanrt du grand Hoaeeheng, il comprend
9 tous les devoirs de la royaMé et ealira laaaeoomplir.
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^ 250 —
D Le ciel d'ailleurs m'en est témoio, je le crois seul ca-
j» pable ti'assurer le bonheur et la prospérité de l'Iran. »
Cédant à Tautorité de ces paroles ^ les murmures ces-
sèrent, et chacun n'eut plus de vœux que pour la grandeur
et la félicité du nouveau souverain. Keï Kbosrou reprit
encore : — « Je dois maiDienaiH vous parler d'autre chose.
B Une fontaine sacrée vers laquelle je dois diriger mes pas
» m'a été indiquée dans un songe; aussitôt que j'aurai
j» touché ses bords, mon âme retournera à son créateur. »
Cela dit, il prit congé de sa cour et se mit en marche ; puis,
le soir étant venu, il fit dresser sa tente. Le lendemain il
continua son voyage après setre séparé dç Rustem et de
Zal Zer , qui ne le quittèrent» pas sans verser des pleurs
d'attendrissement et de regret. Plus loin , il voulut congé-
dier aussi etGouderz, et Guiv,et Tlious, etKustehem;
mais ils ne consentirent point à se séparer encore de lui.
Après quelques jours de marebe le oèrtége impérial at-
teignit enlia le terme du voyage. Keï Kbosrou reconnut à
des signes certains la fontaine qu'une voix du ciel lui
avait indiquée, il y prit un bain sur le champ et dit à ceux
qui l'entouraient : — « C'est bien à cette heure qu'il faut
» nous séparer, a — Mais ils continuèrent de rester, et
Kbosrou reprit : — a Si vous tenez à la vie i partes sans
j» re^rd. L'ouragan va s'élever, il souiOeraet la neige et
i> la mort, et tous vous périrez dans la temple. » — Di-
sant ces mots, il se plongea de nouveau dans la fontaine
et disparut subitement aux yeux de tous; et pas une trace
de lui ne fut laissée , et pas une ride ne vint plisser la sur-
face de Tonde , et nul ne put retrouver la place qui aer-
vit de tombe au grand Kbosrou»
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— 251 —
Après cette diaparitioft extraordinaire du roi, un long
cri d'étoniienient et de douit* ur s'éleva parnrti les siens.
Enfin , lorsque ie sentinietit de stupeur causé par ce nner-
▼eilleux événement se fut dissipé^ Peribourz engagea ses
compagnons à prendre un peu de nourriture et de repos.
liais 9 peine avaient-ils eommeneé a coûter les douceurs
du sommeil, que, suivant la prophétie^ du roi, le vent
commença, de souffler avec tant de fureur et la neige de
tomber si épiiisséque tous ceux qui se IroovHiênt la fu*
rent ensevelis sous ses flocons gUtés. Ainsi périrent et
Thous et Feribourz, et Guiv et Bijen; et pas une âme
vivante n'échappa à ce grand désastre.
Cependant Gouderz, qui avait été contraint de prendre
les devants , inquiet de ne recevoir aucune nouvelle du
reste de ki caravane , envoya un cavalier à la découverte,
liais celui-ci, arrivé au bord de la source mystérieuse^
ne put que oontempler avec bonpeur la foule des compa*
gnons de Khosrou étendus sans vie soùs leur blanc et
Iroid liaceuL o
On me pardonnera, je Pespère, d'avoir reproduit avec
quelque étendue ce passage remarquable. 11 est empreint
d un caractère de sentimeot et de spiritualité qui contraste
singulièrement avec le ton habituel de ces vieux classiques
païens qui nous ont appris le peu que nous savons des
peuples et des souveraips de l'Orient , à cette époque recu-
lée de rbistoire. Vrais ou ^supposés cependant , les récits
que ces auteurs nous ont laissés ont reçu la sanction des
Ages : loogtenips encore, sinon toujours, ils seront des vé«
rites de convention dont on se contentera iaute de mieux»
Pour nous, d'ailleurs, n0 sont-ils pas ce quHis ont été
16
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âfisi.
pour nos ancèttoes^t ce qu'ils seronl pcNornoB nevein, d'u-
tiles, d^.hMtfislacoiM de manie et de politique; cela suf-
fit pour les rendre, étenaalleMient respectables.
Ainsi que T^vait ordoaoé Keï Khœtottf Lcdiraap s*essit
après lui sur le tftee de Aevse. Son règne lut hedtCQx et
paisible, et à ce titre tiaol peu de place dans rhietoire.
Firdouisi eu dit peiu de chose, nissen revincke il s'étend
lotnguemeat sur les AfHdures roaanesqites q«î attendirmt
dapareulGttsehtaap,rvnde8 fils du roi, et, plus tard, son
sucees^i^ur.
Loitfiisp régna ceci vingt aas* Âfpràe avoir dépose la cou-
ronne sur la tête de .son fils, saisi du même sentiment de
pi(9t4 et de. renoscement qui avait décidé de rabdieatiûn de
Keï KfcosroUf ii alla, ^us rkumble roiie id*an reclus, ter-
miner ses jours .dans un manastère célèbre de la Baictriane.
Cette ferveur asoétique dans Kei Kkosrou' et dans son suc-
cesf»eiur doit avoir ube cause: la Bible nous a appris que
c'est au premier de oea prîneea que les Bébreux durent la
lin de leur captivité : il n'est pas impossible que le long
séjour du peuple de Dieu dans hfiabylonie etles conversa-
tions da roi et des grands avec le. prophète Daniel aient
contribué a un niouveinent religieni qui prépam l'avéne*
ment du célèbre Zecdoscbt^ lé Zoroaatre des nations de
rOccideat.
Ce fut sous le .règne de Guacblaqfi que le nouveau pro^
phètç co(n[neiiOa. aes prédioaliens* Nons nous occuperons
ailleurs de lui et de ses doctrines; ici noos nous bornerons
à dire qu'elles fiir^ent accueilkes avec anprfMsekoent par le
roi, qui en fiEm>risa la propagation de tout son pouvoir*
Ruslem, aussi lui, les/adûplade bon^ielieure et devint ua
de leurs plus fervents prosélytes.
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— 233 —
Le règne de GMSchtasp.dumsoifltante années. Sa gloire
fut tout entière dfu^s les exploits dlsit^odinr, Tun de ses fils*
Tout porte a croire, ainsi qvi»' nous l'avons dit déja^ que ce
prince n'esst au(;*6| ^u^ le fameux Xerxèfi. Soci père, mû par
ce Sr*ntimenlid'it)quiète et sombre jalousie^ qui a. causé tant
de crin^es en Orient, i^v cessa de l'éloigner du centre de
l'empire et de l'engager dans dt^ espéditioas et desguerr
res dangereuses où il.devait ef^fm trouver Janoiort; mais où
il s'acqpit au;^ yeiix. de U Perse entière ci4te immortellq
renommée qui en a fait, un des plus f(iraads.bér(^ de rir«n.
Il n'a doçc Jamais porté la couronni^ impériale, et si les
écrivains grecs lui ont décerné le titre de roi , cVst que chez
le^ Perses .qe. titre s't^ppliquait indjfféri'mment à toot
homme , gpuvernf ur ou général , berçant le pouvoir d'a-
près une baut^ délégation di) monarque. Quant au titre de
«o/rape, pour lequel c'est p^ut-ôtre ici le lieu d'une courte
digression , il n*a point chez les Orientaux la signification
spéciale qui lui a été donnée par les bisloriens d'Europe.
Poiir nous, ce mot éveil^le l'idée de vieerroyauté , mais en
réalité il s appliquait en P^se , et probablemeat dans Tlnde «
du moins avant la conquête d' Alexandre ^ à toute personne
revêtue d'une a\))OFJt^^upérieur#, et signifie littéralement
Seigneur de rombrelU (i). En ce sens, il n'est pas en Afri-*
(1) Tschatirapa^ par contractioa du sanscrit TschaUra-patif
TschaVra ombrelle, pati seigoear. Le titce de Tjchattra-^Pati
distitfguait récemmeat encore une des plus grandes charges . du
gonvemement fédéral de FÉtat des Mahraites, absorbé mainte-
Dutpftrle goa? ornement britannique des Indes. (Sir John MaU
co/mJ)
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— 254 —
que aujourd'hui de chef arabe de quelque importance et fai-
sant tenir sur sa tète le parasol «traditionnel, signe de son
attbdrité^qo] ne paisse légitimement prétendre à ce titre
d'honneur,
An début de sa carrière, IsfenâNir eut comtee Rustem
ses sept traicaux en sêpijouméeê: FirdouBi leur a consacré
autant de ch^itres de -ses plus beàtrx Ters. Le cadre
que nous nous somnies tracé, ne nous permet pas de
nous y étendre, mais il j a obligation pour nous de re-
produire la dernière lutte de ce héros, lutte mortelle où il
eut Rustem pour adi^ersaire et pour vainqueur.
AuUuit au moiiis qu'lsfendiar^ le fils de Zal Zer était de-*
venu, par sa puissance, un snjet de terreur jalouse pour
on prince aussi soûp^nneuxqueGuschtasp; l'idée de dé-
truire ces deux grands hommes Tun par l'autre devait donc
lui sourire , bien que ùi l'un ni l'autre ne lui eussent jamais
donné que des témoignages de respect et d'obéissance : mais
commande-t-on à la peur?
Le roi, dit Firdoosi, dissimulant ses projets odieux,
ordonna les préparatife d'un somptueux festin , auquel fu-
rent conviés tous les membres de sa famille et tous les
grands de la eour; et quand le banquet fut près de sa fin,
il dit à Isfendiar : *-- « Le trône et la touronne sont à
» toi, car qui plus que toi s^est rendu digne de l'empire!
D Une chose cependant te reste à &ire : le jour où je ira-
» versai le Seïstan pour conduire nos braves soldats contre
» Ardjasp l'infidèle, je dis à Rustem : — « Mon père tohrasp
» a été' tué , ma femme et mes en&nts prisonniers ont été
» tratnés'en esclavage , viens m'aider à punir le meurtrier
» et l'oppresseur » — Mais lui sedéfimlit de me suivre,
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— 235 —
9 et demeura honteusement dans son palais. Depuis cette
9 époque, de graves et nombreux dangers ont souvent
1» meiuuîé ma couronne, et il s est néanmoins toujours
jè gardé de m'offrir le secours de son bras*. Bien plus en^
j» core , fier de ses possessions du ZabouUst^n , du Kabou-
j» listan , du Seïstan et idu Nimrouz, qq*!! ne doit qu'à la
* j» munificence du grand Kliosrou, il refuse ajqourd'kui de
o reconnaître notre autorité souveraine. Qui soumettra oe
m su].et révolté ?.... C'est à toi Isfendiar que revient cet
» honneur ? Pars sur le champ et ramène avec toi Rustem
9 OU chargé de fers, ou mort. Cette t&che accomplie, jo
B pourrai renoncer au monde, et, sans crainte ni regrets»
o déposer sur ta tète la couronne de l'Iran pacifié. >>
Un murmure dapprobation parut accueillir ce discours.
Le roi se hâta de reprendre : — « Aussitôt que Rustem
» sera soumis , j'abdiquerai entre tes main^ la suprême
n puissance ; j'en iais serment sur le Zend Avesta. n
Mais Isfendiar avait trop souvent appris à ses propres
dépens combien il devait se défier de l'hypocrite dissimu*
lation du roi ; loin donc de se montrer empressé de dé«
férer à ce désir, il. lui reprocha amèrement ses ancienn^a
perfidies. Mais Guschtasp , sans en nier aucune , s'efforce
d*en atténuer la portée ; il peint à Isfendiar les difficultés
du trône et l'impérieuse nécessité de s'assurer d'un honame
dont les provinces appanagères couvreat près de la moitié
de l'Iran. Isfendiar, à son tour, rappelle les immenses ser-
vices rendus par Rustem et sa famille ; il prouve qu'on na
pourrait sévir contre lui sans la plus noire ingratitudes-
Mais Guschtasp insiste et dit : — a Je ne permets aucun
» retard. Tu es mon successeur désigné , défends donc une
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- 236 -
D couronne et on trône qui n'appartiennent plus qu'à
» toi. *
Ainsi contraint d*obéir, — car la parole d'un roi d'Orient
est un décret ailssi irrévocable qu absolu', — Isfendiar prend
le comnaandement d'une nombreux armée et se met cù
marche pour le Selstan.
Or , il arriva que Tun des chameaux de Texpédition
s'étani coufhé sur la route, ne voulut jamais se relever,
quelque violence qu'on lui ftt. Isfendiar voyant l'obstina-
tion de cette béte, ordonna de la tuer et dépasser outre.
Cependant l'armée ne put s'empêcher de considérer cet
accident comme un sinistre présage ; de toutes parts on
engageait Isfendiar à renoncer à cette périlleuse entre-
prise; mais lui , soumis aux ordres -du roi ^ ne tint compte
de ces observations superstitieuses et poursuivit sa marche.
Toujours l'homme courra au devant de sa destinée.
Arrivé à une faible distance de la résidence de Rustem,
il le (it prier de le venir voir dans son camp ; et celui-ci,
sans défiance , toujours dévoué à ses princes, s'empressa
de déférer à cette invitation. Mais , lorsque Isfendiar lui
eut exposé le but de son expédition et lui eut dit qu'il
devait se remettre entre ses mains pour être conduit charger
de chaînes ù GUschtasp , le vieux guerrier frémit d*indi*
gnation. D'un autre oôté , il répugnait à Isfendiar d'user de
violence contre tin héros tel que Rustem. Entre eux deux
s'établissent alors de longs pourparlers : mais quelle di-
plomatie pouvait vaincre h trop légitime susceptibilité de
Rustem, lui fafire subir rfaumiliation des fers? Il fut 'donc
résolu que les deux champions en viendraient at)x armes,
et se rencontreraiedt dans un 'conàbat singulier.
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— 237 —
Lorsqu'ils ^r^t en présence, iU Firdoasi, tons deux
bandèreat leur arc et firent pleuvoir (un rar Tautre une
grêle (le flèches. Hais celles d'isfendiar seules produisirent
de l'effet. Raksch fut si gnèyeipeût atteint , que f^ustem,
sentant son coursier fléchif , mit pied à terre bien que
blessé lui-noôme et contijaua d'assaillir de traits sou en*
nenû.
Cependant Zouara , Fun des frères de Rustem , ayant
aperçu le noble animal errant à laveature , fût frappé
d'une stupeur mortelle ; le cceur plein d'Ungoisses, il ac*
courut sur le lieu du combat et put coolempler son va-
leureux frère luttant toiyours , mais le corps couvert de
san^^lantes blessures, tandis que la cotte de mailles d'is-
fendiar ne paraissait pas roènie avoir été efleurée. Rustem
aidé de Zouara parvint, malgré sa&ibiesse, à monter sur
le cheval qu'il lui avait amené, non pas toutefois sans être
exposé aux brocards insultants d'IsCendiar : — o Te voilà
a donc enfin vaincu, preux RustepI disait-iL Hais il ne
a suffît pas de reconnaître ta défaite , il but venir ici pré-
» senter tes mains aux fers que je leur ai pt'éparés, à
a à moins que tu n'aimes mieux qnie j'ailLe te tes mettre
• moi- même; » Mais la souffrance et b pectedeson sang
n'avaient pas tellement a&ibli Rustem qu'il ne pUt ré-
pondre : — ff Si j'étais vaincu comme tu le dis, je devrais
» en eàet me laisser eochatoer comme un vil esclave :
9 mais tttt'abu^ea, Isfendiar, et sans la nuit qui tombe je
a te le prouverais sur l'heure. A demain , à demain la
a fin de oe combat ! a En di;sant Ges^nu>ts le vieux guer-
rier se retira sous sa tente. Quant m prince, se flattant
du succès, il se hâta d'écrire au roi son père: — « Tes
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— 23« —
» ordres seront remplis. La journée d'aujourd'hui est
» mienne : seul cependant le seigneur du ciel sait ce qui
» doit arriver demain. t>
Lorsque Rustem fut de retour au camp , Zal sonda ses
plaies et s écria dans sa douleur : — « N ai-je donc tant
» vécu ^ hélas! que pour être témoin d'un pareil malheur,
• que pour toucher les blessures de mon fils ! » — Alors
il frotta les pieds du héros, couvrit ses plaies d*un baume
salutaire et les pansa lui-même avec l'adresse du plus ha-
bile mobed. Et Rustem lui dit : — c( Je n'ai jamais ren-
D contré d'adversaire, soldat, div ou démon , fort et vail-
» lant comme celui-ci ! On dirait d'airain son corps. Mes
D flèches qui percent une enclume n'ont pu seulement lui
» effleurer la poitrine. J'aurais arraché une montagne de
» sa base, et lui , ferme sur la selle de son destrier, s'est
» rit de mes vains efforts. Bénie soit l'ombre propice
» qui m'a dérobé à son poignard ! Hais demain , demain,
» comment pourrai-je renouveler ce combat? Le mieux,
i> pour moi, est de fuir honteux, inaperçu dans quelque
» retraite éloignée et inconnue des hommes ! d — a Hélas!
» reprit Zal Zer, s'il en est ainsi, le vainqueur va fondre
» sur nous et nous réduire en esclavage , moi, triste vieil-
» lard, et tous ceux de ma famille. Cependant tout n*est
» pas désespéré peut*ètre : le Simurgh n'a-t-il pas dit
D que toutes les fois que le malheur planerait sur nos têtes,
D il suffirait de brûler une des plumes quil m'a laissées en
» réserve pour l'appeler à notre secours ? Dans cette ex-
» trémité invoquons donc sa puissance in&illible l » — Et
aussitôt le vénérable fils de Sam monta sur un coteau voi-
sin, plaça sur des charbons embrasés une plume de Toi-
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- 239 -
seau mystérieux , lequel ne tarda pas à paraître au plus
haut du ciel. Lorsqu'il se fut abattu près de son ancien
élève, celui-ci lui exposa leur cruelle position, mais le
Simurgh Tinterrompant : — « Bannis tes alarmes , lui dit-
» il. Tu ne m^auras pas appelé en vain. » — Alors il s'ap-
procha du fîdèle Raksch, arracha une à une les flèches qui
tenaient au corps du noble animal et les nombreuses
plaies dont il était couvert se fermèrent au simple contact
de son aile. Il alla trouver ensuite le désolé Rustem et par
de bonnes paroles adoucit Tamertume de ses angoisses. Il
arracha également les flèches qui perçaient sa chair, suça
le sang des plaies, les guérit d'une seule parole de sa vo-
lonté toute puissante et dans le sein du valeureux cham-
pion de Seîstan fit renaître à la fois la vigueur et la vie.
Rustem remis sur pied par cette magique influence
sollicite encore l'aide du Simurgh pour la lutte qui doit
être reprise contre Isfendîar. Mais Toiseau merveilleux ne
peut satisfaire ce dernier vœu. — « Jamais, dit-il, le
a monde ne vit un héros aussi brave, aussi accompli qu'ls-
9 fendiar. La faveur du ciel l'environne. En mettant à fin
» sa tâche des sept jours ^ il a su vaincre et immoler un
» Simurgh môme. Ne demande donc qu'à une prompte
» fuite le salut que tu ne peux espérer obtenir à un moin-
» dre prix. » — Mais Zal exprimant de nouveau sa
frayeur de rester, par cet abandon, exposé lui et tous les
siens à un esclavage inévitable , le sage Simurgh demeura
quelques instants plongé dans une silencieuse méditation,
puis, frappé d'une inspiration soudaine, il ordonna à Rus-
tem de se lever et de le suivre.
Ils s'avancèrent au loin tous deux dans le désert, tra-
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— 240 —
versèrent un large fleuve et arrivèrent enfin dans un endcoit
couvert de roseaux, parmi lesquels s élevaient plusieurs
pieds de Tarbre appelé Kaizou. Ils firent halte en ce lieu,
et le Siinurgh touchant de son aile les yeui de Bufitem, lui
indiqua le Kaizou dont il allait cueillir un rameau qu il
dresserait ensuite et durcirait au feu, pour en façonner un
dard à double pointe, destiné à priver de la vue son ennemi
en lui perçant les deux yeux d un même coup. — a Une
j!> flèche de ce Kaizou, dit Toiseau fatidique, n*a jamais
» manqué son but. Celle-ci ôtera la lumière du jour à
D Isfendiar , mais quiconque aura fait couler une goutte du
» sang de ce preux aimé du ciel, ne devra plus attendre
» en ce monde que misère et calamités. » — Cela dit, il
ramena Rustem au camp et reprit son vol , après avoir
reçu du vieux Zal et de son fils les témoignages de la plus
vive reconnaissance.
Rustem , se conformant aux instructions du Simurgb, se
hâta de préparer la flèche enchantée et le lendemain, au lever
du jour, il s'avança dans la plaine monté sur son rapide des-
trier. Bientôt il aperçut Isfendiar qui dormait encore, et la-
postropha de la sorte : — « Holà! valeureux prince, som-
» meilleras tu longtemps ainsi? Allons, debout! Voici
» Rustem. » — (-.e prince réveillé en sursaut par ceHe
voix formidable se leva et courut prendre ses armes. —
« J'ai cru, dit-il à un de ses officiers, que Rustem roour-
» rait infailliblement cette nuit de ses blessures ; cepen-
» dant cette voix de tonnerre ne peut sortir que d'une
j» poitrine saine et puissante. Va donc et assure-toi si
» c'est réellement Rustem qui s'avance* ^
Le fait était trop vrai : Isfendiar, frappé d'un tel prodige,
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- 241 ~
aurait volontiers évité le combat; à cet effet, il adresse à
Rustem de nouvelles instances pour le décider à se sou-
mettre spontanément au désir du roi. Mais Hustem répond:
>- « Tu tirerais dix mille flèches contre moi, quelles
ê tomberaient impuissantes à mes pieds. C est toi que
» cette lutte injuste menace. Renonces-y donc , et viens
• avec moi dans mon palais prendre part à nos fêtes. Je
» jure par le Seigneur tout-puissant, par Zerdoscht et le
» Zend Âvesta son saint livre; je jure par le soleil et par
B la lune, que je te livrerai ensuite tous mes trésors, que je te
» suivrai^ — mais les mains libres, — à la cour, et me sou-
» mettrai humblement à la volonté de Guscbtasp, quoi qu'il
» lui plaise d'ordonner de moi. » — « Ce n'est point assez,
h reprit Isfendiar, il faut que tu portes des chaînes. J'ai pu
» trop souvent m'écarler des voies du ciel , mais je dois
» obéir à mon père afin d obtenir de lui la couronne et le
» trône. » — « Et c'est dans l'espoir d'un troue et d'une
» couronne^ répliqua Rustem, que tu viens ici t'offrir à
M une perte assurée! » — <r Nous verrons! » dit a son
tour Isfendiar, et il saisit son arc pour recommencer le
combat.
Rustem alors dut se mettre en défense; il plaça sur son
arc la flèche de Kaizou , éleva ses yeux au ciel et dit d'un
cœur plein de foi : — « Dieu miséricordieux , tu sais si
A j'ai proposé une conciliation d'une volonté sincère; tu
» sais ce que j'ai souffert et tout ce que je donnerais pour
» éviter ce funeste combat ; mais toutes mes offres ont été
ê rejetées; on persiste à exiger ma honte. Grand Dieu,
9 appui du juste et consolateur de Tafiligé, guide à son
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— 242 -
A but cette flèche mystérieuse et ne permets pas que le
» sang que j'aurai répandu contre mon désir retombe ja-
D mais sur moi! »
A peine il achevait cette prière, qu'Isfendiar impatient
lâcha la corde de son arc; mais Rustem sut éviter le trait et
ripostant par la flèche de Kaizou , frappa dans les yeux son
rival selon qu'il lui avait été prédit. Ainsi se termina cette
lutte fatale, entreprise par l'unique volonté d'un roi.
Les compagnons d'isfendiar emportèrent ce malheureux
prince dans sa tente et Rustem s'empressa de retourner à
son camp où Zal Zer l'attendait en proie à une doulou-
reuse anxiété. En revoyant son fils, le noble vieillard ne
put contenir sa joie et cependant il s'écria : — « 0 mon
0 fils bien aimé, tu as vaincu, mais de sages mobeds et
» de savants astrologues m'ont appris que le meurtrier
I) d'isfendiar ne tarderait pas à périr lui-même d'une mort
I) misérable. Que Dieu le tout saint te protège donc! » A
quoi Rustem répondit; « — Je n'ai point péché : que le
» sang d'isfendiar retombe sur sa propre tête! »
Tous deux, dès le lendemain, allèrent visiter le prince
aveugle et lui offrir Ihommage d une douloureuse condo-
léance; mais celui ci dit à Rustem: — <r Ce n'est pas toi,
D mais le ciel qui tourne au-dessus de nos tètes qu'il faut
» accuser de mon mallieur. La destinée le voulait ainsi , il
» fallait que cela fut!.... Voici mon fiIsBahman , je le confie
» à ta sage tutelle. Enseigne-lui l'art du gouvernement, les
D usages des rois , la science des batailles et le courage du
» soldat, car tu es plein de raison et d'expérience , et tu ex*
D celles en tout. » — Rustem se hâta de répondre : —
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— 243 —
«r J'accepte ces devoirs nouveaux , ils seront sacrés pour
n moi. J'asseoirai ton fils sur le trône (1). »
Isfendiar se sentit alors défaillir; comprenant que son
heure approchait, il murmura : — « Le pas de. la mort
» est rapide : rien ne peut plus me retenir en ce monde.
» Désormais je n'ai plus besoin de ces armures , de ces ri-
» cbes vêtements, de ces robes royales, mais d un linceul.
» Au lieu d'un palais, qu'on prépare mon tombeau, et
j» qu'on aille dire à nnon père que les désirs de. son cœur
» n'ont point été formés en vain. Le malheur auquel il a
» voué nm tête en me chargeant de cette injuste mission a
» reçu son sceau : son fils va nriourir !.... Et toi , ô ma mère
» chérie! puissent ceux qui t'annonceront la fatale nour
ji velle , adoucir, par leur tendre sollicitude , la douleur
(I) On a vu, pages. 14 7 et 180, des détails qui parmettooi de
Mipposer qçe c'est en Orient .qu'on doit aller chercher la véritable
drigine du blason : on peut croire encore que l'institution de la
Chevalerie^ qui se divisait en trois degrés, ceux de page ou da-
moiseau , ^écu'yer et de chevalier^ dérive des anciennes sociétés
secrètes de la Perso. L'éducation de Bahman confiée en ces termes
\ Rustem, qui l'accepte , et avait accepté déjà celle de l'infortniié
Siawasch, ne serait-elle point un fait \ l'appui de cette opinion
adoptée par le savant auteur de V Histoire pittoresque de la
Franc^maçonnerie? Le page, en effet, ne demcurait-il pas, jus-
^'k l'âge de quatonse ans , auprès de quelque seigneur renommé
et surtout de quelque noble dame chargée de lui donner ses pre^
Dières leçons: attaché ensuite au service d'un preux chevalier, as^^
socié k tous ses travaux, le page, devenu écfijer, recevait de lui lo
complément des instructions particulières à son grade et qui le
préparaient \ recevoir bientôt l'ordre de la chevalerie.
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— 244 —
x> qaa te causera le trépas de ton Isfendiar! » Le malheu-
reux prince sentit alors le froid de la mort se gii^ser dans
ses veines , et ces derniers mots s échappèrent de ses lèvres
avec fffort: — © Poursuivi par l'inflexible destiuée,je
D meurs victime de la haine aveugle d un père! »
Lorsqu'Isfendiar eut rendu le dernier soupir, son corps
fut déposé dans un cercueil et conduit dans la capitale au
milieu des larmes et des lamentations du peuple entier.
Quant à Rustem , conformément au dernier vœu du prince,
il accepta la tutelle de Bahman et le garda avec lui dans le
Seîstan. Cependant Zouara, trop fidèle prophète de Taye-
niV, ne pouvait voir sans regret cette giénéreuse. conduite
de son frère. — <r Tu as tué le père de cet enfant, «.isait-
B il , ne le nourrit donc pas dans ton sein ; car, crois-le
» bien, il voudra être, un jour, le vengeur disfendiar. *
— Mais Rustem lui répondit : — cr Isfendiar mourant ne
» ne m'a*t-il pas confié la tutelle de sot) fi|s? Comment
» pourral-je m'y refuser actuellement?.... Le ciel d'ailleurs
» Ta voulu ainsi et nul ne peut échapper à ce qui est
n écrit. D
On voit déjà, dans la pensée du poète ^ la main de la
fatalité s'appesantir sur son héros. M. Atkinson, sans
doute sur quelque autorité respectable, est porté à croire
que les principales circonstances de la mort de. Roatenii
vers laquelle nous marchons rapidemeai, ont été racon^
tées àFirdousî par un descendant de Sam et de Neriman,
c'e8t*à*dhre par un arrière neveu de Rqstem lui-même,
lequel avait fait une étude particulière des chroniques rela-
tives aux souverains de Tlran et surtout aux grands
hommes de sa famille. Le récit qui va suivre serait donc
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— 243 —
ain celui d^une des traditions les plus complètes et les
mohfis altérées dû Livre dn Bois.
Cliaqtre année , raconte Firdousi, Rustem avait Iliabi*
tade de se rendre à Kaboul . pour y recueillir les tributs
de la province. La dernière fois qu'il fit ce voyage , il avait,
dil^n, exigé une contribution plus élevée que de coutume^
ce q«ii avait causé une grande affliction parmi le peuple.
Le roi de Kaboul en éprouvait un vif mécontentement,
et MO- irritation se manifestait dans des termes peu mé-
nagea que reeueillaU Snboghad son gendre. Or , ce Scho-
ghad n'était autre qu^un fils même de Zal Zer par une
dea servantes de Roudabeh. A sa naissance, les astrologues
coneulfés sur son horoscope avaient prédit qu'il serait un
jour la cause de la ruine de la glorieuse fomille de Sam.
Cette sinistre prédiction, que nous verrons s'accomplir,
n'empêcbB cependant pas d'élever l'enfant avec un grand
soin. Ayant été envoyé plus tard à Kaboul , il avait fixé sa
demeure dans cette ville après avoir épousé la propre fille
du roi. Dans la circonstance qui nous occupe , Schoghad,
voyant le mécontentement de son beau-père, lui dît: —
a Bien que je sois son frère, Rustem ne m'en a pas moins
» toujours traité comme un ennemi , et depuis longtemps
» je. n'attends qu'une occasion Csivorable pour satisfaire
• ma juste vengeance. Si vous le voulez permettre , sei-
» gneor, je feindrai d'avoir reçu devons une grave injure,
» dont j'irai porter plainte à Zal et à Rustem. Il n'est pas
» douteux qulls ne s'empressent de venir ici réclamer la
» ré|>aration qu'ils croiront m'étre due. Vous, dans l'inter-
» valle, sous prétexte d'une grande partie de chasse,
9 bileë ereu^r dé nôkiibi^usé^ fosses, suffisanunent grandeis
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— 246 —
» pour ensevelir à la fois et Rustem et son cheval. Vous y
» placerez des épéesla poiate en haut, et ensuite les fe-
0 rez recouvrir de branchages et de gazon, de manière à
» en bien dissimuler Touverture. EnGn, toutes choses étant
» ainsi disposées, nousinviteronsRustem à chasser avec nous
» et nous diiigeronsces pas de manière à le faire tomber
» dans un de ces pièges qui deviendra infailliblement son
o tombeau. »
Le roi goûta fort cet exécrable projet, et voici comment
ils s y prirent tous les deux pour le mettre à exécution. Un
jour de grand festin, Schoghad prononça, en présence de
toute la cour , quelques paroles désagréables pour 1 oreille
du roi , lequel s'empressa de répondre : — « D où te viens
A donc cette insolence? Te croirais-tu par hasard de la
I) race de Sam et de Neriman?.... Mais Zal ne ta ja-
» mais traité comme un fils, et Rustem nie que tu sois son
» frère. Tu n'es qu'un vil esclave , (ils d'esclave. • — A
ces mots, Schoghad simula un grand courroux, et se le*
vaut précipitamment , il partit pour aller trouver Rustem
et se plaindre à lui des paroles offensantes de son beau-
père. Rustem lui fit un accueil affectueux, écouta sa plaiinte,
et, partageant son indignation, lui promit d'aller sur le
champ déposer le roi de Kaboul pour le mettre à sa place
sur le trône.
Au bruit de leur arrivée , celui-ci , pieds nus et cou-
vert de cendres , courut à leur rencontre solliciter , dans
les termes les plus humbles^ un pardon qui lui fut ac-
cordé sur l'hypocrite intercession de Schoghad. Cepen-
dant les fosses avaient été creusées et disposées mécham-
sfient comme il avait été convenu entre les deux corn-
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~ 247 —
pUces. Rustem, conduit à la chasse par son frère, s'a-
vançait sans défiance, lorsque tout à coup son intelligent
destrier refuse de marcher davantage et se cabre ; mais
Rustem le sollicite, et tous deux se précipitent dans une
tranchée profonde, hérissée d'épieux et de lames cou-
pantes. Cependant Raksch, d*un énergique eiFort, s^élance
avec son cavalier hors de la fosse meurtrière, mais pour
aller, à quelques pas plus loin, retomber dans un nouveau
piège. Sept fois de suite ils tombèrent ainsi, et sept fois
le généreux coursier put sortir de Fabîme; mais enfin,
épuisés de forces, déchirés de blessures mortelles, ils
restèrent ensemble inanimés sur T herbe de la forêt toute
rougie de leur sang.
Lorsque Rustem eut repris ses sens^ il reconnut trop
bien Fauteur de cette inftme trahison , et appelant Scho-
ghad , il lui adressa ces paroles de reproche : — c< Ce
j» peut-il que tu m'aies traité ainsi ? Et devais-je m'at-
» tendre à périr par la perfidie d'un frère ! » — Schoghad
répondit: — « De quoi te plains-tu?... Tu as versé le
» sang. Dieu venge le sang versé! »> — Rustem alors
d'une voix défaillante supplia son frère de lui mettre en-
tre les mains son are et ses flèches , en guise d'épouvan-
tatl, afin que les oiseaux de proie et les loups ne vinssent
pas dévorer son cadavre. Schoghad ne lui refusa pas cette
dernière satisfaction , mais joyeux de le voir mourir^ il
lui présenta ses armes, insultant en même temps à sa
mort par un infernal sourire. Cependant Rustem saisit son
arc arec un tel reste de vigueur que le traître Schoghad
en pâlit d'effroi et courut se réfugier derrière un cèdre :
c'est en vain, le trait a volé, et le tronc de larbre et
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— 248 —
le frère coupable sont transpercés du même coup. Alors
Fceil de Rustem se tourna versie ciel, brillant d'un der-
nier éclair de joie. — « Puissant Créateur du monde ,
» s écria le vieux guerrier mourant , sois béni , toi qui as
» laissé à mon bras assez de force pour venger moi-même
» mon trépas! » — Et en prononçant ces paroles, le
glorieux vétéran de la Perse expira.
Malgré la mort de Rustem les rois de Perse nourrirent
encore une inquiète et jalouse défiance contre l'illustre
famille de Sam , devenue trop puissante à leur gré. Bah-*
man en particulier, passé maître dans toutes les pratiques
de la cauteleuse hypocrisie, lorsqu'il fut parvenu au trône,
se fit le cruel persécuteur de Zal et de tous les siens. Sous
prétexte de venger la mort d'Isfendiar son père, il con-
fisqua leurs biens, fit pendre à un ignominieux gibet
Faramours, valeureux fils de Rustem , et après avoir com-
plètement ruiné toot son pouvoir, laissa par une sorte de
pitié dérisoire, une liberté peu compromettante au véné-
rable Zal Zer, alors cassé de vieillesse et plus accablé
encore par le chagrin que par les années.
a 0 Bélisaire! — s'écrie Camoens vengeant des persécu-
» tions qu'il a souffertes un des plus vaillants capitaines du
» Portugal, — toi qui seras toujours grand parmi les filles
» de mémoire; si l'impure calomnie a flétri tes lauriers, si
» ta gloire a connu l'outrage, viens te consoler avec Pa-
» clieco. Vous aviez tous deux servi glorieusement le
j» prince et la patrie : d'injustes rigueurs vous ont payés
)y tous deux.... Voilà l'œuvre des rois! »
C.-G. Smoii.
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ANNALES
DE Lk SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
Séance du 3 avril 1850.
PHÂSIBEIVCE DE H. 6ÉLT.
Le procès-verbai de la précédente séance est lu el
adopté.
La Société a reçu :
l.^" Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et
Arts de Nancy, 1848.
2*^ Organisation du service médical pour les indigents
des campagnes , par MM. les docteurs Chauvin , membre
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_ 250 —
de TÂssemblée législative, médecin du service médical à
Châteaubriant, et Verger, médecin du même service mé-
dical.
3.® Lettre de l'Institut des Provinces de France, relative
à Torganisation d'un centre pour la publication des œuvres
des sociétés de province, et à la contribution pécuniaire
de chaque Société pour cette fondation.
M. le Président rend compte à la Société de la manière
dont le Comité central a rempli le mandat qui lui avait
été confié relativement au changement de local.
Le Secrétaire donne ensuite lecture de la proposition
de M. Simon , relative aux concours, telle qu'elle a été
modifiée par le Comité central.
Âpres une discussion sur l'ensemble et l'adoption de
plusieurs amendements sur les détails, la Société décide
que la proposition dont la teneur suit sera annexée au
Règlement. *
A la fin de l'article 41 du Règlement ainsi conçu :
Chaque année et autant que les finances de la Soeiéti
pourront le permettre^ des questions rédigées par le Comité
central sur toutes les éludes dont la Société s'occupe^ seront
proposées à titre de sujets de prix qui seront décernés en
séance publique , seront ajoutés ces mots : aux auteurs
des mémoires jugés dignes de cette distinction.
DISPOSITIONS ADBITIOKrŒLLES.
Abticle pbehieb. Les sujets de concours sont annoncés
dans la séance publique de fin d'année , et les prix décer-
nés, soit un an, soit deux ans après, selon que le peut
exiger la nature du sujet de concours.
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— 3S1 —
Abt. 2. Dans Tun et l'autre cas, les manuscrits des con-
currents devront être adressés au Secrétaire de la Société
avant le 15 juillet de Tannée dans le courant de laquelle
les récompenses seront décernées*
Abt. 3. Dans la séance qui précédera immédiatement
le terme iixé pour la remise des mémoires , le Comité
central désignera les membres qui composeront la commis-
sion chargée d'examiner les travaux des concurrents.
Le Secrétaire adjoint fait de droit partie de la commis-
sion et la préside.
Abt. 4. An 15 septembre, la conmiission aura discuté
le mérite des travaux soumis* son appréciation^ décidé
quelle récompense peut être décernée à chacun de ceux
qui kii paraîtront dignes de recevoir, soit un prix, soit
nne mention, et nommé un ou plusieurs rapporteurs, selon
que l'exigera la nature spéciale des sujets mis au con-
cours.
Abt. 5. Le travail des rapporteurs devra être terminé
au 20 octobre et immédiatement soumis au jugement de
la commission.
Abt. 6. Le Comité central sera ensuite convoqué à bref
délai, en séance extraordinaire, pour entendre la lecture
des rapports approuvés par la commission, et en discutera
les formes et les conclusions.
Les membres de la commission seront appelés à cette
séance ; ils pourront y prendre la parole , mais ils n'auront
voix délibérative qu'autant qu'ils feront partie du Comité
central.
Les décisions prises dans cette séance seront défini-
tives.
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H. Champenois, docteur-médecin , né à Rexé, le 4
avril 1824, est admis au nombre des membres rési-
dants de la Société, sur un rapport £ût au nom d'ooe
commission, par M. Rouxeau. (Thèse inaugurale sur
rhydropisie.)
M. Pierre-Âdolpbe Bobierre , chimiste , né à Paris, le
7 juin 1823^ est admis au nombre des membres rési-
dants de la Société, sur un rapport fait au nom d'une
commission , par H. Malherbe.
M. Bobierre a débuté dans ses études chimiques, au Ta*
boratoire de chimie organique de H. Dumas, à la Faculté
de Médecine. Là, il a été chargé de diriger les manipula-
tions chimiques des étudiants à l'École pratique.
Ilfut^plus tard) nommé préparateur, puis profeaseui^ sup-
pléant à rÉcoIe municipale Turgot, fondée par la ville de
Paris. A cette époque, il fil paraître son premier ouvrage, ia-
titulé: Traité des JUanipulalions Chimiques, un vol. in-8.*
de 400 pages.
Un an plus tard, il fit un travail sur la conservation des
substances animales, dans lequel il proposa le premier, et
bien avant le docteur Sucquet, l'emploi des sulfites, comme
moyen efficace d*emp6cher la putréfaction de cea substances.
Sur un rapport finit à l'occasion de ce travail, l'auteur fut
nommé membre associé dj3 la Société de Médecine
d'Amiens.
Peu après, il fit paraître un travail sur l'air atmosphéri-
que considéré au point de vue de la salubrité, ouvrage qui
fut honoré d'une souscription de la préfecture de la
Seine.
II fut, en même temps, collaborateur à plusieurs reeueib
scientifiques de Paris.
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^ 253 —
Appelé à diriger les travaux chimiques de l'usine de
Nantes, M. Bobierre fit paraître quelques mots sur Timpôt
du sel destiné à Tindustrie. A la suite de cette publica*
tioo, il fut admis comme membre correspondant de la
Société industrielle d*Angers. Dans le même temps, il fit
publier à Paris uu travail relatif aux avantages du vaccin
constamment régénéré par le Cou) pox, et à la nécessité,
pour le Gouvernement, d'avoir des étables où celte maladie
fut entretenue. A Foccasion de ce travail, l'auteur reçut
une médaille de bronze de la Société Nationale de
Vaccine.
UAbeUle Médicale et les Complei-rêtidM de l'Académie
de$ Sciences renEerment un travail de M. Bobierre, qui fut
lu par M. Flourens à Tlnstitut, et dans lequel sont étudiés
les phénomènes chimiques qui s'accomplissent dans le
traitement de la phthisie par le chlore.
M. labbé Hoigno, dans la Revue scientilique de Quesne-
vUlCj rendit un compte très-favorable de cet ensemble d'ob-
servations.
Une médaille de bronze de la Société Industrielle d'An-
gers et une mention trës-flEivorable de la Société d'encou-
ragement lui ont été accordées pour un procédé de
coagulation du sang destiné à Tengrais.
11 découvrit, plus tard, un moyen d'améliorer la clarifi-
cation du sucre par un mélange préalable du noir animal
avec le sang. M. Payeo, dans son traité de chimie, ap-
prouve ce moyen, qui fut cité avantageusement dans le
Moniteur IndmlrieL le Nationale plusieurs journaux bel-
ges, et eut un succès constant dans le bel établissement de
HBf. Saint-Omer et Baré, à Nantes.
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~ 254 —
Uû remarquable travail de M. Bobierre, intitttié : Éludes
chimiques sur les cours d'eau du département de la Loire-
Inférieure^ publié en 1847, en collaboration avec H.
Moride, vient de remporter, à l'Institut, le prix de statis-
tique Monthyon.
Ce .travail commence par des considérations générales
sur le grand intérêt qui s'attache à la connaissance de la
composition chimique des eaux pour l'agriculture , Thy*-
gîène et l'industrie.
L'eau est, en effet, le principal agent de la végétation;
c'est elle qui fournit à la plante la plupart des substances
nécessaires à son développement, soit par ses principes
constituants, soit par les sels minéraux et les gaz qu'elle
tient en dissolution. De là ressoii; l'importance des irriga-
tions, pour lesquelles l'agriculture de la France est dépassée
de bien loin par celle de quelques autres pays.
Il est constant, d'un autre côté, que toutes les eaux qui
existent à la surface du Globe ne sont pas propres à servir
de boissons, et que, parmi celles qui sont potables, toutes
ne sont pas également salubres.
Certaines affections endémiques, le goitre, par exemple,
sont attribuées à cette seule cause. Suivant M. Boussîngault,
le gottre serait produit par l'usage d'eau manquant d une
aération suffisante et par conséquent d'oxygène : c'est pour
la même raison que dans les étangs situés à une certaine
hauteur au-dessus du niveau de la mer, les poissons ne
peuvent plus vivre, l'eau ne retenant pas assez d'air pour
leur fournir l'oxygène nécessaire à la respiration. Enfin, b
connaissance de la composition des eaux importe à l'in-
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— 255 —
dustrie, soit qu'elle doive servira alimenter une chaudière
à vapeur, soit qu'on l'emploie à la teinture ou au blanchis-
sage. Dans tous ces cas, en effet, les matières que l'eau tient
en dissolution peuvent modifier profondément le résultat
des opérations.
Après ce préambule, les auteurs insistent sur la nécessité
d'étudier les gaz contenus dans les eaux dont on cherche
à connaître la composition et exposent dans quelles con«-
ditions ils se sont placés pour se procurer celles qu'ils vou*
laieot soumettre à l'analyse.
Vient ensuite un exposé détaillé des procédés qu'ils ont
employés dans toutes leurs opérations, et qui nous ont sem-
blé, en raison de leur délicatesse et de leur rigoureuse
exactitude, pouvoir servir de modèle dans toute investiga*
tion de même nature.
Avant d'aborder l'analyse chimique, les auteurs ont
étudié avec soin, pour chaque cours d'eau, la constitution
géologique des terrains qu'il parcourt, ainsi que la présence
ou l'absence de végétaux dans son lit, et dans le premier
cas, l'état d'intégrité ou de décomposition de ces végétaux,
suivant que le courant est rapide ou l'eau stagnante. Ils ont
tenu compte, dans leurs expériences, des circonstances mé-
téorologiques au milieu desquelles elles ont été accomplies,
et sont arrivés à des résultats très-intéressants au point de
vue hygiénique, particulièrement en ce qui concerne les
eaux de la Loire et de TErdre.
Ils ont constaté , pour la première, la différence de com-
position qu'elle présente, prise à la hauteur du Château et
au-dessous de la ville, vis-à-vis Trentemoult; et, chose
bien plus importante, ils ont signalé l'inconvénient de
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— 256 —
remploi , dans la filtration de l'alun , comme moyen de
clarification, et du sable siliceux trop fin comme filtre,
puisque l'eau filtrée contient une plus grande proportion
de matière minérale dissoute que celle prise dans la ri-
vière ; de plus, son aération n'est pas suffisante ; l'air qu'elle
contenait ayant été absorbé par le charbon.
Un autre ouvrage, plus important encore que le précé-
dent , fait également en coliaboratiou avec M. Moride , a
paru.en 1848 sous le nom de Technologie des Engrais. Ce
travail fut honoré d'une médaille d'ai'gent du Comice agri-
cole de la Loire-Inférieure^ d'une médaille d'argent de
la Société nationale et centrale d'Agriculture, et de deux
souscriptions ministérielles. 11 commence par une classifi-
cation des engrais et par d'intéressantes considérations gé-
nérales sur les phénomènes de la vie végétale, et en par-
ticulier sur la nutrition des plantes , considérations dans
lesquelles sont résumées, avec talent , toutes les connais-
sances que nous devons aux progrès récents de la chimie
organique, et où sont appréciés, avec clarté et précision,
suivant leur importance relative, les difierents agents qui
oonconrent au développement des végétaux.
C'était là, en effet, un préliminaire indispensable à
l'étude des engrais, puisqu'il importe de reconnaître,
dans chacun d'eux, la proportion respective des principes
dont l'utilité est reconnue.
Les auteurs donnent l'historique de l'emploi, dans l'a-
griculture, du noir de raffinerie, et démontrent qu'il
agit à la fois par les substances azotées et par lespbospha*
tes qu'il contient, et que la diminution de l'un ou de l'au-
tre de ces principes est également fâcheux. Ils signalent
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— 257 —
tout ce que l'agriculture de la Bretagne a trouvé d'avan^
tages dans l'emploi des eugrais phosphatiques , et déplo-
rent les inconvénients de la fraude, qui leur fait subir de si
fréquentes etsi préjudiciables altérations.
Enfin, ils apprécient la valeur des différentes espèces de
noirs utilisés dans ragriculture, et donnent des procédés
d'analyse rigoureux pour en reconnaître la pureté et les
altérations diverses.
Viennent ensuite des études très-exactes sur les diffé-
rentes espèces d'engrais employés dans l'ouest de la France,
et des indications très-précises sur leur valeur relative.
Enfin, en 1846, M. Bobierre a soutenu, devant le
jury médical des Boucbes-du-Rhône , une thèse sur Fat-
traction universelle. Cette dissertation est divisée en deux
parties. Dans la première , l'auteur s'élève aux plus hautes
considérations philosophiques sur cette force merveil-
leuse, découverte par Newton, qui régit tous les phé-
nomènes qui se passent dans la nature ; qui règle la mar-
che des astres , aussi bien que les mouvements moléculaires
qui s'accomplissent sans cesse dans Tintimité des corps. Il
établit que cette loi représente, dans l'univers, le prin-
cipe de l'unité, qu'il désigne sous le nom d'unitéisme, et
soumettant les phénomènes intellectuels à cette môme loi ,
il distingue comme trois formes, trois tendances de l'attrac^
lion, qu'il appelle attraction moléculaire, organique et
intellectuelle.
Nous avouons n'avoir pu comprendre complètement ,
l'explication que donne l'auteur de l'attraction intellec*
tneile. Nous trouvons bien « sans doute , dans les manifes-
tations du principe immatériel de l'homme , des faits d'at-
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— 258 —
iraciioQ et de répulsion ; mais ils sont loin , selon nous , de
donner la solution de tous les problèmes que soulève une
sérieuse méditation sur la nature de rame ; et ici « comme
sur bien d'autres points, la science doit s*arrêter devant
Tinconnu et confesser son ignorance.
La seconde partie de la thèse présente, comme con-
séquence des principes philosophiques exposés dans la pre-
mière, un résumé de la théorie des Équivalents chimiqties
et de la loi des nombres proportionnels. Cette partie , que
nous nous abstenons d analyser, est telle qu'on devait
l'attendre d'un homme aussi versé dans les études chimi*
ques que l'est M. Bobierre.
Séance extraordinaire du 20 avril 1850.
PAÉ$IDEr«iC£ DE H. GÉLV.
Le procès-verbal do la précédente séance est lu et
adopté.
Correspondance :
l.'' Lettre du Président delà Section de Médecine, pour
réclamer, au nom de la Section, contre l'oubli fait par
H. le Secrétaire général de mentionner , dans le compte-
rendu annuel, le don fait par M. le docteur Palois ;
2.'' Observations lues à la tribune après avoir entendu
le rapport d'une commission spéciale sur l'Enseignement
agricole ;
3."" Histoire de l'Association agricole , solution pratique,
par H. Bonnemère.
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— 259 —
. M. Delalande continue la lecture de sa notice sur les
îles de Hooat et d'Hœdic.
M. Renool donne communication à la Société d'un mé-
moire statistique sur le mouvement comparé de la popu-
lation des villes et des campagnes en France^
Cette lecture donne lieu à la discussion suivante :
M. Goupilleau, tout en approuvant le but que s'est pro-
posé Tauteur, bit remarquer que les stutistii|ues , en gé*
néral , sont pleines d incertitudes, et qu'en particulier, les
recensements faits dans les campagnes sont , la plupart du
temps, inexacts.
M. Renoul rappelle à quelles sources il a puisé ses do-
cumeots , et s'il n invoque pas pour eux la certitude ma-
thématique, il pense que les erreurs qu'ils pourraient
contenir sont trop faibles pour modifier sensiblement les
résultats.
H. Ménard dit que , de tout temps , les campagnes ont
servi à recruter les villes , et que ces dernières dissimu-
lent leur population pour payer moins d'impôts; il ajoute
que la domesticité est la principale cause du mouvement
en question.
M. Simon pense que l'auteur a très-bien fiiil d'opérer
sur les vingt dernières années^ parce que, dq)nis vingt ans,
les recensements sont très-bien faits.
M. Moriceau partage cet avis: il ajoute que les immenses
travaux faits depuis quinze ans ont attiré les ouvriers des
campagnes dans les villes ; l'organisation de l'assistanoe
publique est aussi plus avancée dans ces dernières; étendre
ce bîenfiût aux campagnes serait peut<4tre un des n^oyens
à mettre en pratique pour y retenir le^ populations.
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— 260 — .
M. Lucas-ChioapioQnîère est d'avis que ce ne sont ni
les travaux , ni les hôpitaux , mais bien les plaisirs de la
ville qui attirent les paysans. Beaucoup d'Jiabitaiits de la
campagne prennent d'autres métiers que celui de labou-
reur , parce qu'ils sont moins durs ; puis, si dans leur
nouvelle profession l'ouvrage vient à manquer , Ils sont
obligés de retourner au travail de la terre , qu'ils ne con-
naissent plus, et qu'ils trouvent d'autant plus pénible. Pour
échapper à cette nécessité, ils émigrent vers les villes où
ils espèrent trouver de l'occupation.
Les titres du XVII/ siècle prouvent, qu'à cette époque, le
même mouvement s'opérait dans la population bourgeoise,
qui venait chercher dans les villes les avantages de la d*
vilisation , qu'elle ne trouvait pas dans les cam^^agnes ; ces
dernières, qu'enrichissait la présence des boui*geois, se srat
appauvries par leur éloignement.
Perréciot , qui écrivait à la fin du siècle dernier , dit
qu'en Bourgogne , au XVII/ siècle , les populations étaient
plus instruites que de son temps. H. Lucas-Championnière
a vu la même chose danssa conomune : eu XVII.« siècle, les
laboureurs savaient presque tous écrire ; au XV1II.<', il était
rare d'en trouver qui eussent cet avantage ; depuis vingt
ans seulement on retrouve dans les actes des signatures
de paysans.
Dans la mtxae commune , au XVII.* siècle , existaient
huit attisons boui^eoises et cinq chapellenies ; de tout
cela, une seule maison bourgeoise reste aujourd'hui. Le
mouvement actuel n'est donc que la continuation d'un phé-
nomène qui a commencé depuis longtemps, qui dépend
sans doute d'une cattoe plus génénle qoe celles qu'on a
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— 261 —
invoquées ^ et à laquelle il est peut-être impossible de re-
médier.
H. Simon fait remarquer que les travaux de la terre
donnent au laboureur une tournure grossière , taudis que
l'ouvrier est plus leste et plus d^urdi , ce qui excite
Fenvie du premier. L'instruction donnée à tous rétablira l'é-
quilibre. La Révolution a détruit des chftteaux et dépeuplé
les campagnes de gens riches , le perfectionnement des
voies de communication les y rappellera. Enfin , lasso-
dation rendra les travaux agricoles moins pénibles en
augmentant les produits et neutralisant les inconvénients
du morcellement de la propriété ; mais oe progrès aura
nécessairement une marche lente.
H. Aubinais voit la cause du mal dans le relâchanent
des liens religieux et dans la corruption des mœurs, et in-
sisle sur la nécessité de moraliser les pqiulations.
Séance du 1." mai 1850.
PBÉSIDENCE DE H. GfiLT.
Le procès-verbal de la précédente séance est la et
adopté.
La Société a reçu :
l.^" Une lettre de M. le Ministre de Vinstruction publi-
que, relative aux envois de livres et à des réclamations
faites par la Société pour des envois qui n'étaient pas ar-
rivés à leur destination. Les recherches faites dans les bu-
reaux du ministère ont démontré qu'il fallait en accuser
l'Administration des postes.
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— 262 —
2.'' Apiculture simplifiée, par M. A.-N. Desvaux.
3.® Philosophie, par Victor Jubien.
4.^ Revue du progrès de T Algérie, n.»' 1 et 2 , janvier
et février 1850.
5."" Paris eu Bretagne, romance, paroles de M."' ÉUaa
Morin, musique de M. A. Bondu.
6."" Bulletin de la Société archéologique et historique
de la Charente, année 1850 , 1.'' semestre*
H. Bizeul fils, docteur-médecin, né à Blain, le 7 juin
1811 , est admis au nombre des membres résidants de la
Société, sur un rapport fait par M. le docteur Baré, au
nom d'une commission.
Ses titres sont : l.<> Une thèse inaugurale, soutenue à
Paris, le 19 avril 1836, et intitulée : Qurique$ fragments
médico-philoiophiques sur Viducalionphysiqtie de Vh&mms;
2.® Une étude manuscrite sur les préjugés et les soper-
stitioDS des habitants des campagnes au sujet des maladies
et de la médecine.
M. Delalande lit la fin de sa notice sur les îles de Houat
et d'Hœdic.
M. Galliiud termine également la série de ses intéres-
santes lectures sur l'histoire de la division du ten^ par un
aiticle sur les pendules.
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I
HOEDIG ET HOUAT,
HISTOIRE, MOEURS, PRODUCTIONS NATURELLES
DE G£S DEUX ILES DU UOBBIHAN,
PAR M. L'ABBÉ J.-M. DELALANDE.
Messieurs,
Gr&ces à la généreuse hoepitalité des recteurs de Belle*
Iie*en*Mer, j'avais pu« pendant un mois entier^ me livrer
à l'exploration de cette belle localité et y recueillir des
documents de tout genre. J'avais pu vivre quelques instants
en contact avec ce peuple encore aux mœurs patriarcales.
Ma récolte botanique avait été fruotuease, vous le savez.
Cependant, bien des fois, du sommet des rochers de £o*
maria ou des jardins si pittoresques de Palais ^ j'avais
jeté mes r^^ds sur deux tlots oubliés au milieu de
rOeéaQ« J'y savais le PancraHutn^ le Crambe, le Lagu^
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— 264 —
rm^ plantes que j'avais vainement demandées aux sables
de Donant ou à la base des rochers de la patrie de Chastes
de la Touche et du capitaine Lucas. Là , de plus , se trou-
vait un peuple à part, un gouvernement tout exceptionnel,
le seulj peut-être, de ce genre en Europe. J'avais des plantes
à y recueillir , des moours pures et simples à y étudier. Le
spectacle de la vie innocente d'une petite peuplade, heu-
reuse sous un régime à la fois monarchique , constitution-
nel, républicain, communiste même (dans un sens que
nous ne pouvons réprouver) , ou , plus exactement , sous la
direction d'un père commun qui veille à tout , où chaque
enfant , tout en jouissant des joies de la &mille , aime
cependant tous les autres comme ses frères et travaille avec
eux pour le bien de tous; ce spectacle, dis-je, devait
consoler mon cœur attristé par celui du froid égoîsme qui
glace notre société. J*avaib besoin de retremper mon âme
dans ce fortuné séjour. Je ne devais point, il est vrai, y
lire sur les monuments la fastueuse inscription qu'on ne
voit que sur les nôtres ; c'est dans le cœur des habitants
que j'allais trouver gravés Liberté ^ Égalité^ Fraternité^
mots qu'ils ont toujours su comprendre. Avec quelle joie
donc , après trois jours d'attente , je sautai dans la barque
qui devait me conduire à Bouai et à Hœdicf
La traversée fut longue, mais sans ennui pour moi.
Tantôt, dans mon impatience, je demandais à l'avance
des détails sur le pays et sur les habitants; tantôt, les yeux
abaissés sur la vague, je contemplai» les tiges si rameuses
du Cysloseira fibrosa voguant à la surface , ou bien encore
j'admiraia nager et se soulever , par les contractions de
leur ombrelle Y de nombreuses Méduses aux formes élé*
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gantes et régulières. Ce n'était plus ces masses gélatineuses,
informes, que les flots viennent abandonner sur nos ri-
vages: ici, cette masse demi -transparente était décorée
de tentacules qui, dans leurs mouvements onduieux, de-
venaient autant de prismes vivants par la décomposition
de la lumière, ou bien encore autant d'arcs-en-ciel aux
couleurs tendres , variées et brillantes , qui semblaient en-
velopper l'animal.
Bientôt , à la clarté du jour, succède le pâle reflet de la
lune , et me voilà témoin d'un autre phénomène. Nous
sommes encore à un ou deux kilomètres du port de
Houat , et mon odorat me signale avant mes yeux la terre
voisine : les douces émanations du Lys d^Houat {Panera-
tium marilimum) mélangées aux parfums de l'œillet de fa-
laise (Dianthus galliciui) et de la rose à feuille de pimpre-
nelle, me sont apportées par la brise du soir. Je chantais,
et, dans ma surprise, le gracieux refrain de la romance de
Naples^ par Masini , expire sur mes lè\Tes. Je suis muet
d'étonnement ; mais tout à coup sortant de mon extase ,
j'entonne ce passage, si bien de circonstance, du beau
chœur de Christophe Colomb:
Ils rasent quelque plaine ,
Ces zéphyrs odorants :
Humez leur douce haleine ^
C'est le parfum des champs.
(ORl»HÉ05,n.ol91.)
Longtemps avant que le jour tombât, M. Le Capitaine,
curé de Tlle, avait, à Faide d'une longue-vue, reconnu
l'équipage et aperçu un étranger. Il m'attendait au rivage,
pour m'offrir une cordiale hospitalité. Il voulut, mdme
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pendant mon séjour sur son territoire , être le compagnon
de toutes mes courses. Je retrouvai, plus tard, à Hœdic, le
même accueil , les mêmes prévenances de la part de son
confrère, M. Stephano.
J'ai puisé dans les annales manuscrites et dans les chartes
locales d'utiles renseignements ; les conversations soit avec
les indigènes , soit avec les BeUilois , m*ont été précieuses ;
la lecture des notes que j'avais pu recueillir à l'avance , et
surtout l'examen sur place ^ si je puis dire, des articles
d'Ogée (1) et des annotations plus curieuses dont l'a en-
richi M. A. de Francheville , ont fourni matière à des dis-
cussions et à des développements très-instructifs soit à bord
des chaloupes, soit dans les salons de Palais (2). C'est le
résumé de tous ces documents que je viens en ce moment
offrir à la Société Académique. Voici, en deux mots,leplaa
que je vais suivre :
Après quelques détails géographiques et topograpbîques
empruntés en grande partie au consciencieux annotateur
d'Ogée, — je raconterai brièvement les événements dont
{{) Dictionnaire de Bretagne ^^zx Ogée, nouvelle édition ,
Bennes, 1843, 1. 1, pages 383 et soir.
(2) Les observations jndicieuses, les rëfleiions critiques de
MM. Maurice ^TtclvoiT de Palais; i7fo, aujourdlrai rectenr de
Bangor et naguère d'HœdiCf SiepAano^wm snccesBeur à Hœdic;
Ze Capitaine fTeciQXu: de Ilouat, ni'ont été d'un puissant se-
cours.
Je mentionne encore avec plaisir être connaissance MM. Lanco^
maire de Palais*, de Chappedelaine^ commandant du génie; de
Générès^'ourtiiié'^ commissaire de marine , et le capitaine Saivi^
df ralai9.
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eestles forent ou le théAtre ou les témoins; — puis vien
dront des détails sur leur système de gouvernement, sur les
différentes branches d'industrie auxquelles se livrent les ha-
bitants, sur leurs mœurs , usages , etc. ; — enfin , Thistoire
naturelle terminera mon récit, et, bien entendu, le bota«
niste fera une large part à la Flore.
§ f • — Aperça géograpliiqiae*
Suivez des yeux, sur la carte de Beautemps-Beaupré,
cette loogue suite de rochers noirâtres, à formes et déno-
minations diverses, qui, de la pointe de Quiberon, se
prolonge aa-delà des Petits et Grands-Cardinaux. Elle devait
former, dans les temps les plus reculés, une presqu'île en
demi-cercle de plus de 8 lieues de long sur une de large,
comme le prouve la base de son ancien territoire devenu la
proie de TOcéan, et qui surgit encore au milieu des
flots (1). Derrière cette magnifique chaussée naturelle, la
Vilaine et le golfe du Morbihan venaient majestueusement
mélanger leurs eaux, et des flottes entières y trouvaient
m abri sûr contre la tempête. Mais, à La longue, la mer
unwage a déchiré ces masses granitiques et s^est frayé de
larges chemins qu'indiquent aujourd'hui les îlots et les
rochers qui ont pu résister à sa fureur. Par les plus beaux
temps, les lames du large viennent y déferler et blanchir,
tandis que, sur leurs flancs opposés, la baie, large de
(1) Les anciens Flambeaux de la Mer^ qui ne remontent qu'à
deux siècles, disent qu'il n'y a pas de passage entre Bouat et Qui-
beron. — De Penhouct, lycée Jrmoricain ^X, 9, page 135.
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quatre lieues, se montre calme et unie. On peut fecilenieDi
suivre en bateau cette redoutable ligne de resciis. Elle
commence à la pointe de Quiberon , aux îlots de Beg Con-
guelj En Toul-Bihan et En Toul-BraSj et se compose du
plateau de la Teignotue (i) , sur lequel on a construit an
phare , de la chaussée des B$cUusiers , de la chaussée du
Béniguet, de Tîle Glazic.de l'île Yalhttee^ de l'île Senis^
de Tîle de Houat^ de la chaussée du Melvan ou Er
Valhuen (2), de l'île d'Hœdic, des Petits et Grands Cardi-
natAX. Pour franchir ces dangereux écueils, il n'existe que
trois passages pour les grands navires : le Passage des
Sœurs y entre Houat et Hcedic (peu fréquenté même par les
chasse-marées étrangers au pays) , le passage du Béniguet
(17 brasses d'eau en basse mer) et le passage de la Tei-
gnouse^ le plus profond et le plus ancien. La rade de Quibe-
ron , protégée par cette défense naturelle et garantie en se-
conde ligne des vents du S.-O. par la terre élevée de Belle-
Ile, offre encore aujourd'hui, par les plus mauvais temps,
tin des meitteurs mouillages et des mieux abrités qu'il y ait
au monde (3).
Bouat et Hmdic sont, de toutes les îles que nous venons
d'énumérer, les seules habitées et les seules habitables.
HOUAT (4) est situé au moins à 7 lieues S.-S.-O. de
(1) Et non Tagouse , comme rappelle GaMiai.
(2) C'est le Maievant ou ile aux Chevaux , de Gaasini.
(3) Ghasle do La Tonche, Relation du désastre de Quiberon.
Paris, 1838, page 16.
(4) Houat ^ en breton, signifie canard. Ces oiseaux viennent ,
en effet, s'abattre en hiver par bandes nombreuses sur les rochers
qui bordent cette ile. Son nom latin eaiHorata.
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Vannes, à 3 lieues S.-E. de la presqu'île de Quiberon , à 4
1^ de Sarzeau, à 3 N.-Ë. de Belle*Ile, à 47 • 22 ' à 24 ',
Il fiiut peu de temps pour prendre connaissance de l'ile,
car elle a à peine 4 ,000 mètres dans sa plus grande longueur,
da N.-O. au S.-E., et 1,100 mètres dans sa plus grande lar-
geur de TE. à 1*0. Sa superficie cadastrale est de 600 hec-
tares. Sur ce nombre, on trouve 115 hectares 71 ares 78
eentiares de felaise ou pâture qui appartiennent à tous et
sont communs; le reste est divisé en plus de 4,000 par-
celles dont les habitants sont seuls propriétaires , comme
ils le sont d'ailleurs de toutes les constructions qui s'y
élèvent.
L'Ile est protégée par d'énormes rochers, non- seule-
ment au large , mais encore près du rivage ; au N.-O. sur-
tout, des masses granitiques de toutes dimensions, de
tontes formes, s'élèvent immobiles au milieu de l'agitation
perpétuelle de l'Océan. La vague vient se briser avec fureur
contre elles et ruisselle en larges nappes d'écume sur leurs
flancs polis et dénudés. Le botaniste , désireux de cueillir
sar leur sommet verdoyant le Lavatera arborea , YAspara-
guij YAtriplex littoraliSj s'arrête avant de les gravir, con-
temple cette harmonie sévère, ce coup*d'œil grandiose et
pittoresque. Les côtes sont plus sauvages, plus déchirées et
beaucoup plus élevées que celles d'Hœdic. En plusieurs en-
droits , la hauteur est de près de 30 mètres. On y rencontre
de belles grottes creusées par les vagues et de petites baies
remplies de sable fin.
Le bourg ou village est l'unique hameau de l'tle. Il
est situé dans la partie N.-E. et formé par une agglomé-
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ration irrégulièrB d'uoe cinquantaine de pauvres maisons.
Ogée les comfMire aux cabanes de saumgês ; j'ignore pour-
quoi cette épithète aux maisons de Houat, car elles sont
semblables à celles d'Hoedic, semblables à celles de ioai le
Morbihan. Vous n'y trouverez pas , je l'avoue , les naaisons
proprettes des lies de Ré et d'CMeron ; mais c'est aussi en
vain que vous y chercheriez les mêmes mœurs.
On compte à JSouat 48 ménages, 220 habitants (1).
L'Ile a l'avantage de posséder un moulin à vent. En dehors
du village se trouve la maison du Génie , la Forge , et
dans la partie plus rapprochée du port, sur les sables, une
autre habitation destinée à loger les. nombreux ouvriers
des fortifications.
L'église actuelle, construite en 1766, sous l'invocation
de Saint-Gildas , n'a rien qui mérite de fixer l'attention de
l'archéologue , et je dirai la même chose de celle d'Hœdic :
mais le Dieu qu'on y adore y reçoit des hommages aussi
purs que dans les temples les plus riches. Son plus bel
ornement, dans l'une et l'autre île, c*est la foi, c'est hi
piété des fidèles agenouillés devant le Dieu de leurs pères ,
lui demandant leur pain de chaque jour; c'est leur recueil-
lement, c'est le chant de l'office un jour de fête ou de di-
manche, exécuté par tous les assistants, hommes, femmes
et enfants , avec un ensemble et une précision qui sur-
prennent toujours un étranger.
Le clocher de Houat n'est pas sans originalité. Deux belles
poutres de 13 mètres d'élévation et de 32 centimètres
(1) ÀÎDsi répartis t 72 garçons , 30 hommes mariés , 4 vend \ —
74fiUes, 10 veuves.
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d'équarrissage, sont adossées extérieurement au pignon de
la grande porte, de chaque côté, et dépassent le sommet
du toit au-dessus duquel , avec deux autres pièces de bois
implantées sur la toiture , elles forment une pyramide. Des
planches peintes en rouge, clouées sur les parois de cette
charpente , les réunissent, les consolident, forment le clo-
cher, et lairain se balance au sommet de ces poteaux que
la vague rejeta sur la côte. Les pièces d'OiCajou, caïl-cedra
et autres bois des îles que j*ai vus former la petite tonnelle
du jardin du curé , n*ont pas d'autre origine : ce sont des
épaves qui ont servi d'habitation aux Tarets dans la mer.
Le port de Tîle se nomme Treh er Gourett, et quelque-
fois Le Collet, à cause de sa forme. C'est une anse en fer
à cheval , ouverte à TE. , et faisant face S Hœdic. Les chasse-
marées , les chaloupes et les bateaux de pêche y viennent
mouiller de préférence. La rade est bonne. La chaussée ,
en pierres sèches de Treh er Goureit,, sert de débarca-
dère. Elle a 80 mètres de longueur, 5 de hauteur, 6 de
largeur dans le bas et 4 dans le haut. C'est l'ouvrage des
habitants sous la direction du curé (M. Roussel) , aban-
donné à ses propres ressources. Cette reconstruction, sur
une plus large base que l'ancienne, coûta plusieurs années
de travail (1812 à 1818), et rend toujours d'importants
services aux chaloupes. C'est à quelques mètres S. de cette
chaussée que se trouve la fontaine deSaint-Gildas, Fetœn-
Sanl-Guellas ^ si précieuse par la bonté de son eau et sa
proximité du port.
Porh Navalo^ à mi-route du bourg au Béniguet, est un
tout petit port, ouvert au N., protégé par des blocs de
pierres amoncelés par l'industrie houataise. C'est là que nos
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pécheurs abritent leurs nioles ou petits canots, lorsqu'ils
stationnent avec leurs filets ou leurs casiers dans les parages
du Béniguet et des îlots voisins.
H(£D1C (1) , sœur de Uouat , se trouve à une lieue Ë.-S.-
£. de cette dernière. Elle est à 7 lieues 3/4 S. de Vannes,
à4 l/2deSarzeau,à3 E.de Belle-lie. 47 <'20'à21 ';
5Ml'ài3'.
Elle est d*un tiers plus petite que Uouat. Différentes
pointes qui s'avancent dans la mer lui donnent une figure
assez irréguliëre, dont la plus grande longueur, duN. au
S., est de 3 kilomètres (2), et la plus grande largueur,
d*un kilomètre. La superficie cadastrale est de 203 hec-
tares. Sur ce nombre, 107 hectares 77 ares 8 centiares
sont communs; les deux étangs , le four banal , la cantine
et Taire y sont compris ; le reste est pftture , lande onvague.
Les propriétés particulières forment quatre grands champs
et sont morcelées en trois ou quatre mille parcelles.
Tout annonce que cette île a été considérablement plus
grande qu'elle ne Test aujourd'hui. Un rocher remarquable^
à TE. de Tile , nommé le Moranten (tirant sur Teau ou
passage de Teau)^ se trouve aujourd'hui à plus d'un kilom.
de nie; — au S.-E., à 500 mètres déterre, une autre pointe
s'appelle le Beg Melin (pointe du moulin) , et certes, s'il exis-
tait là un moulin, rimmensepla^ure qui le sépare maintenant
de l'île et qui se découvre entièrement à basse mer, augmen-
tait considérablement la superficie de notre sol. La pointe
(1) On devrait écrire etproDoncer Houadic (petite bouat),
car ce mot est formé de ^ovâ/ ( canard) et du diminutif breton
ic (petit).
(2) Et non pas lUuei^ comme l'a dit le qûrituel auteur d'un
Voyage à amdic^ dont j'aurai occasion de parler plus loin.
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de Beg er fort (pointe du fort) , auS. , était, il n'y a pas en-
core 50 ans , fortement attachée à i*ile ; le génie y avaitmème
établi une batterie, et maintenant elle en est séparée parles
marées et forme encore une plaine bien unie. Cosplat a tor
(côté plat sur la mer) , au S.-O. , à 2 kilomètres de Tlle ,
ne découvre plus sa surface , si ce n'est à la basse mer. Sur
toutes les pointes , les vieillards remarquent de grands en-
vahissements faits sous leurs yeux. Encore quelques années,
et la mer aura fait de nouveaux ravages et formé deux
nouveaux flots à la pointe du Vieux château {Er houh caS'
tel) f car déjà , dans les tempêtes, les flots traversent Ttle ,
enlèvent la terre végétale , rongent, creusent le granit y
et plus tard isoleront complètement cette portion du terri-
toire hœdicais.
Hœdic est bordé de rochers peu élevés , excepté au N. ,
où la càte présente parfois 17 mètres de hauteur; mais
elle est enclavée dans une chaîne de rescifs dont les uns se
découvrent à basse mer, les autres , à la même époque ,
ne sont que légèrement recouverts , et cela à la distance
d'une lieue au large. Ces écueils sous-marins rendent rap-
proche d'Hoedic fort dangereuse, même à la distance de 4
kilomètres , à moins qu'un pilote très-expérimenté ne di-
rige l'embarcation , et encore très-souvent se trompe-t-il ,
s'il n'est pas de l'île même (1).
Parh Guen (port blanc) , est un petit port de sable
blanc ^ où l'on peut mouiller en sûreté contre les vents
d'amont ou d'Est.
(1) De mémoire d'homme , pas un Hoaatais , pas on Hœdicais ,
ne s'est encore trompé , soit k bord des chaloupes des îles, soit
\ bord déplus grands navires; ils savent circuler très-près de
kurs ûots.
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Porh Bras , le port principal et le plus sûr, est situé dans
la partie S.-E. Il assèche à chaque marée, n'admet
que des barques de 50 tonneaux au plus, n'a qu'en-
viron 1,000 mètres de circonférence, et abrite les chasse-
marées et les chaloupes des iloîs. Les pilotes de Saint-
Nazaire y restent souvent en station pour attendre les
grands navires qui , arrivant du large, sont dans 1 habitude
de venir reconnaître Belle-Ile avant d'entrer en Loire ou
en Vilaine. Je mentionnerai plus loin les grands travaux
qui y ont été exécutés dernièrement.
Une petite coulée contenant des prairies , des courlils
et le jardin du curé , s'étend du bourg à un grand étang
d'eau douce de 2,507 mètres de circonférence, de la con-
tenance de deux hectares trente-six ares , et situé dans la
direction de Porh Bras. On la nomme Lèn-Yras (étang
grand) , pour la distinguer d'un étang plus petit ( Lèii-
Yihan) situé dans lu partie Nord. Ce dernier, d'un hec-
tare vingt-quatre ares quatre-vingts centiares, ne dessèche
jamais entièrement, et pourrait être rendu à peu de firais
à l'agriculture. Le curé comprend tous les avantages que
ses administrés pourraient en retirer : c'est assez dire que
cette question deviendra prochainement , aux termes de
leur constitution , l'objet d'une délibération et d'une dé-
cision du conseil des notables.
Le bourg se compose de deux villages séparés l'un
de l'autre par le chemin et par quelques prairies : Er
Guei (la ville) au N , et ^r Baluden (le marais) au S. ,
dans la partie la plus rapprochée du grand étang. On
compte en tout 4 i ménages , 226 habitants. On trouve
encore « sur différents points de l'ile , d'autres demeures :
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la maison du Génie , celle du gardien du pbarè (1) cl une
autre employée en 1839 à la fabrication de la soude , oc-
cupée aujourd hui par les nombreux ouvriers du fort. La
conduite licencieuse de ces travailleurs a fait donner à
leur habitation le nom de Mavson perdue.
L'église d'Hœdic, séparée du village et au N., est de-
puis plus de cent ans sous l'invocation de la Sainte Vierge.
Saint Goustan n*estque le patron secondaire. Elle fut bâtie
à la fin du XVIL' siècle , pour suppléer à celle de saint
Goustan, qui avait été détruite par les Anglais, et dont quel-
ques ruines existent encore sous la nouvelle cantitie.
La constitution des deux îles est entièrement granitique!!
Inutile dès lors d'y chercher le Plantago serpentina^ si
abondant sur les coteaux secs et schistetuc de Belle-Ile, et
que nous retrouvons à Âncenis (Loire-Inférieure) dans le^
mêmes conditions de terrain. Voilà, certes, un exemple
frappant de rinfluenec minéralogique.
N'allons point chercher ici non plus la belle végétation
des chénes-verts de Fouras dont je vous entretenais l'année
dernière (2). Â Ilouat,deux sureaux et un figuier s'élè-
vent à quelques mètres ; quatre ormeaux s'efforcent d'at-
(i)Ge phare, en bois et k ftsux fixes, est placé sur une espèce de
mamelon, k 550 mètres 0. de la pointe orientale de Vile, par 47o
20' 32'' de latitude et h» 12' *iO" do loogilude. Il est élevé de 26
mëtrrs au-dessus des plus hantes marées, et soq feu flxe projette
son éclat à trois lieues marines. J, df* Franch^vUte,
(2) Une seconr/e excursion botanique dans la Chnrenfe^
Inférieure^ en s f^temôre lb48. Annales de la Société Acadé-
mique devantes, ttf4'J, page 180.
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teindre la hauteur du toit dans la cour de Thumble pres-
bytère; dans le cimetière, cinq ou six autres, à la tête
échevélée , aux branches appauvries , semblent fuir vers
le continent devant la fureur d'un ennemi qui les outrage
et les tyrannise , le souffle violent qui soulève les flots. —
A Hcedic , une vingtaine d'ormeaux rabougris ornent un
courtil ; deux ou trois mûriers végètent sur d'autres points
du village , pendant que le marais s'environne de magni-
fiques Tamarix plantés de la main même du curé. — Ail-
leurs , pas d'arbre , j'allais dire presque pas une ronce sur
ce sol sans cesse battu par les vents du large. Les rares
ajoncs qui y croissent (1) sont petits, ramassés en boule
et chétifs. Je pourrais caractériser de la môme manière les
seuls arbres fruitiers des îles plantés dans les jardins des
curés : rien ne profite au-delà de l'abri. Mais le botaniste ne
regrette jamais son voyage.
%%.-- Histoire.
Les Romains donnèrent à Houat le nom de Siata, et
comme ils ne font aucune mention d'Hœdic, ces deux tles
étaient alors peut-être réunies et séparées du continent par
le seul passage de la Teignouse (2). — Ce serait plus ou moins
(1) U/ex Europœus. Je n*ai vu dans ces tles ni VU, nanusj ni
r^. Ca/h'i dont je parierai en terminant.
(2) M. Â. de Francheville, Dtci. cité, article IsU de Houaf^
page 386. — Dans V Itinéraire^ Siaia vient apris VendiHi (BeUo-
Ue). Ainsi Siatn ne peut être que HouaU Banville, Notice de
^ancienne Gauie*
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en regard de ces tles que, selon les opinions les plus plau-
sibles, ce me semble, de la science, César aurait livré aux
Vénètes ce fameux combat qui décida de leur natio-
nalité (1).
Houat et Hœdic étaient-elles alors habitées? Question in«
soluble, faute de documents. Contentons-nous de constater,
d'après une tradition orale de Ttle, qu*à la pointe N.-O.
d'Hœdic, sur le bord du grand chenal, le général romain fit
construire une tour pour la protéger {Er houh casiel). Les
numismates, à diverses époques (2), ont rencontré sur ce
point et sur d'autres aussi, d'Hœdic et de Houat, des mé-
dailles romaines (Fespo^ien et César).
Tout ce que nous savons de positif sur ces temps reculés,
c'est que la civilisation druidique y a eu son règne, comme
dans les autres parties de la Bretagne elle-même, et pour
l'attester, il suffit de signaler — a Houat, le menhir ou
peulvan granitique, encore debout dans le champ qui porte
(1) Mahé {Essai sur les antiquités du Morbihan\ Vannes,
1825, page iT\\ de Penhonet (^yr^^ Armoricain^ n.* 47, page
444); Alhénas, Lycée Armoricain^ t. 9, page 239) s Carrct de la
Tonr-d'Anvcrgne, cité dans le mémoire do M. de Grandpré (J^îé-
moires de la Soc, des Antiquaires de France^ t. 2, page 345) ;
Manct [Hisi, de la Petite-Breiagne^Btànt'^z\o^ 1834, 1. 1, page
296) ; le P. Le 6 allen, capucin bellilois (Ifist. mainuscntedeBelle^
Isle^ 1754, conservée aux archives de la mairie de Palais.)
(2) Lettre de M. de la Sanvagère, ingénieur en chef k Belle-Isle.
le 9 mai 1748. — Hist. de Betle^isle^ du P. Le Gallen, page 4.
— Pondant les travaux des fortifications, commencés depuis 3 ans^
on a encore trouvé, k Honat, des médailles Divi Vespasiani^ et
1^ recteur a bien voulu me les offrir k l'appui de mon travaîL
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son nom (l); — à BœdiCj oeux m^fthirs en granit: Tnn
{Menhir er tan), do 3 mètres 50 de hauteur, 2 mètres 60
de largeur, 0 mètre 35 d'épaisseur; Tautre, dans Parq er
menhir, de 4 mètres 10 d'élévation^ et de 2 mètres 30 dans
la plus grande largeur. Une tige en fer, fixée au sommet de
ce dernier, me ferait penser qu il devait être surmonté d'une
croix, détruite, ou par Toxydation si puissante au milieu de
la mer, ou pendant les jours mauvais de 93, époque où
Ton s'efforçait d'oublier que la croix fût le plus bel arbre de
la liberté qui eût jamais élé planté dans le monde (2). Au
sommet de ce menhir, la main de l'homme a creusé une
petite niche qui renferme une statuette de la Sainte-Vierge.
En mesurant ce monument, j'admirai l'heureuse idée du
pasteur qui, ne pouvant détourner ses ouailles de venir
rendre des hommages absurdes à la pierre brute> a cherché
du moins à les accoutumer à ne plus regarder ce bloc que
comme le simple support d'une image, dont l'objet repré-
senté mérite seul nos respects. Aux Rogations, on se rend en
procession aux pieds de cette statue.
Pour en venir à quelque chose de positif, et ce ne sera
encore que pour Houat , il nous faut arriver au séjour que
Saint-Gildas y fit. C'était vers le milieu du VI.« siècle. La
question de savoir si cette île, dont il est le patron, était
alors ou n'était pas habitée , est encore une question con-
troversée. Les uns (3) sont pour l'affirmative en s'appuyant
(1) Il a 2 mètres 23 de hauteur, 0 métro 70 de largeur, 0 mètre
40 d'épaisseur.
(2) i»flr/r«i, page 2,083.
(3) Dom Lobineatt (^wdesSS, de Bretagne) i — TresvauXi
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sur ce fait de la tradition que Saint-Gildas y instruisit des
|)ècheurs. Les autres (i) combattent pour lassertion con-
traire , en se fondant sur cet autre fait que le saint n'y fixa
son séjour que pour y mener une vie solitaire et compl^^te-
raent inconnue au monde. Jusque-là rien qui s'exclue ab-
solument; on conçoit parfaitement qu'il ait pu y instruire
des pôcheurs venus d'ailleurs et s'y arrêtant par occasion.
Hais , dans tous les cas , si nous suivons le reste du récit
traditionnel , nous pourrons sans doute conclure qu'à
cette époque du moins lîle commença à être habitée.
On raconte, en effet, qu'à la nouvelle du saint caché sur
ces rochers, un grand nombre de personnes vinrent le
voir et lui demander la permission de devenir ses dis-
ciples. Bientôt l'affluence fut telle qu'il fut contraint de
chercher ailleurs un plus grand espace. Il le trouva dans
la presqu'île de Rhuys et y bâtit un monastère. Muis Houat
fut toujours son séjour de prédilection ; il y revenait de
temps en temps pour y recueillir son esprit et reprendre
de nouvelles forces dans la prière. Son ermitage fut établi
dans le petit vallon nommé Lèn er hoêd (I étang du bois).
11 y avait fait élever une chapelle et il y mourut, le 29
janvier de Tan 570 , au milieu des religieux qu'il avait fait
venir de Rhuys pour y entendre ses dernières volontés.
id. , t. I , page 305. — Le Grom {Bu^é er Sœnt)^ Vannes, 1839,
page 66.
(i) Les BollanJistcs (^c/a Sanctorum^ 29 janaarii) : /^i^ir^
aliquandiù soliiariam duxit vitam. — Baillet [Vies des SS\
Pa;is , 1 724 , 1. 1 , page 400). — Amëdéo de Francbeville {Nouv.
Dict. de Bretagne d^Ogée , 1. 1 9 page 380).
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~ 280 ~
Quanta Hœdic, la première date de son histoire pourrait
être, non 608 comme le prétend Albert de lUorlaix (i) ^
mais le milieu du XL* siècle, véritable époque (2)
où saint Goustan^ Gunstan ou Culstan, moine de Rhuys,
vint, avec un seul compagnon nommé Budic, passer plu-
sieurs années en solitude dans cette île , laquelle, selon ce
chroniqueur trop souvent peu véridique, en ce temps-là
estoit déserte et non habitée à cause de sa stérilité (3).
Mais qu^ ces ermites fussent ou non les premiers habi-
tants de cette île, toujours est-il que les moines de Rhuys
y avaient conservé un pied à terre et en furent, jusqu'à la
révolution de 1789, les seuls souverains seigneurs. Ils
jouissaient des mêmes privilèges à Houat et dimaient au
quart sur les habitants ; mais le prêtre, Téglise et les im-
pôts étaient à leurs charges.
On peut môme conjecturer qu'à une certaine époque
ils y eurent des communautés de quelque importance. La
vaste enceinte que décrivent encore, à Houat ^ les ruines
d'une ancienne chapelle, le soin particulier avec lequel ces
constructions paraissent avoir été faites (ce qu'on ne re-
marque pas dans u;p construction sans valeur); — les
nombreux débris huniains qu'on a trouvés en remuant son
sol, dans la position que l'usage a consacré aux prêtres; —
l'étendue considérable d'une maison qui y attenait et of-
frait une longueur de, 25 à 30 mètres dans sa grande di-
(0 Fzes {/es SS. de Bretagne, Brest, i837 , page 781 .
(!2) Lobineau , Trcsvanx , etc.
(3) Albert de Morlaix , loco ciiaio.
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mensioo; — les dépendances qui complétaient cette ha-
bitation, et qu'aux restes de murailles qui les enferment,
OD a pu juger être de 2 à 3 hectares de surface ; — enfin ,
les conduits souterrains que des fouilles y ont mis à dé-
couvert , travaux qui , de leur nature , appartiennent à une
dispendieuse appropriation ; — tout porte à croire que
ceux qui y séjournèrent ne pouvaient être seulement les
pauvres pêcheurs dont les descendants peuplent actuelle-
ment nie; tout y fait reconnaître un monastère où les re-
ligieux durent être en nombre.
A Hœdic, des fouilles semblables ont amené des résultats
analogues et nous permettent les mêmes conclusions. Trois
chapelles s'y seraient succédé.
Ke demandez pas, Messieurs, de quelle époque pour-
raient être ces constructions , car nous en sommes réduits
à ces tristes interrogations de l'ignorance et du doute qui
ne savent où renconter une réponse.
Quelques-unes de celles que nous remarquons à Houat
ne seraient-elles pas contemporaines de saint Gildas ? Ne
nous serait-il pas permis de supposer encore que les reli-
gieux de Rhuys, chassés de leur monastère par les Nor-
mands, lorsqu'ils vinrent au X.^ siècle envahir la Bre-
tagne et qu'ils renversèrent cette abbaye, y seraient venus
chercher un asile et une sécurité qu'ils n'eussent pas
trouvés ailleurs , pas môme à Belle-Ile , et ne pourrions-
nous pas y reconnaître les débris des édifices qu'ils au-
raient élevés à cette fin ? Faut-il soupçonner, à Hœdic, les
restes de ce que saint Gouslan et son compagnon durent
y construire pour leur piété et pour leur usage ? — Quoi-
qu'il en soit, sans pouvoir rien donner de plus positif sur
20
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— 282 —
les fondateurs de ces antiques constructions , les conjec-
tures ne nous manqueront pas pour expliquer les causes
qui en ont amené la ruine. Le temps, cet inévitable des-
tructeur de tout ce qui est abandonné à Tindépendance
de son action , les Normands, peut-être, dans leurs dévas-
tations limitrophes; enfin, d autres ennemis plus récents,
je veux dire les Anglais , dont les apparitions désastreuses
se succèdent sans relâche dans le cours des XVI.« et XVII.^
siècles^ en voilà assez pour nous donner sur ce point une
réponse ; libre au critique de choisir entre ces hypothèses,
lorsque les certitudes nous font dé&ut. Arrivons, toutefois,
à cette époque désormais historique , dernière période des
souffrances de ces îles dont nous racontons le passé.
Les auteurs nous livrent les dates suivantes , dont quel-
ques-unes appartiennent à nos îles sans contestation , et
dont quelques autres pourront être présumées leur appar-
tenir.
C'est d'abord 1548, où une flotte anglaise de 24 vais-
seaux de ligne et de 12 frégates pille les îles de Houat
et d*Hœdic , en même temps que le bourg de Locma-
riaker (1).
Lorsque Montgommery, envoyé par la reine Elisabeth,
en 1573, au secours des Calvinistes de La Rochelle, vint
s'emparer de Belle-Ile et la garda pendant trois semaines,
pillant les côtes de Bretagne , ne sera-t-il pas permis de
douter qu'il ait respecté Hœdic et Houat, si naturellement
à la portée de ses hostilités ? Le furent-elles davantage en
(1) Ogéc, DicL de Bretagne^ article lomariaguer^
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1673 par les Hollandais^ quand , sous la conduite de Ta-
mirai Tromp> ils occupèrent Belle-Ile? Toujours est-il
que Louis XIV songea dès lors à fortifier ces deux îles.
Yauban les visita en 1688, et projeta les ouvrages qui y
furent exécutés en 1693, pour empêcher surtout les cor-
saires de s'y ménager une retraite d'où ils auraient désolé
le cabotage. — On construisit à Houat une batterie circu-
laire de 35 mètres de diamètre avec parapet en maçon-
nerie et entouré d'un fossé revêtu. Au centre s'élevait
une tour ronde avec crénaux et mâchicoulis, composée de
trois étages au-dessus du rez-de-chaussée, et de dix mè-
tres de diamètre. Cette batterie voyait Tanse de Treh er
Gaurett^ les mouillages de la côte nord jusqu'à Parh Navalo
et surtout le meilleur mouillage de l'île , Le Parc. Une
autre batterie, à la pointe de Porh Chudely éclairait les
anses voisines. Elle était en fer à cheval de 28 mètres de
diamètre , revêtue et fermée à sa gorge par un mur flanqué
d'un redan avec fossé revêtu. Un corps-de-garde et un
magasin à poudre étaient adossés au mur de gorge qui
était percé de crénaux. — A Hœdic , une batterie circu-
laire semblable s'éleva sur la pointe N.-E. de l'île {Pèn
gard) pour en défendre la rade.
Quoique insuffisants pour empêcher un débarquement ,
ces forts ne devaient pas tarder à démontrer leur utilité.
Le 4 juillet 1696, l'amiral Berckley, venu ravager les
côtes morbihannaises , fit débarquer à Houat cinq cents
hommes. Un lieutenant, un sergent et quinze soldats dé-
fendaient la tour ; mais leur chef fit si bien servir le ca-
non et répondit avec tant de fermeté à la sommation que
lui fit un trompette de se rendre, que les assiégeants
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n'ayant point de pièces assez fortes pour &ire brèche à
cette tour, durent se contenter d'enlever le bétail (300
pièces, dit un historien anglais) (1), après avoir brûlé ht
chapelle et les chaumières (2). Us passèrent de là à Hœdic
et lui firent subir le même sort. Dans Tuneel l'autre île,
à la vue du danger , les habitants avaient trouvé uo asile
au sein des fortifications.
En 1703, les Anglais reparurent encore dans ces pa-
rages, ne firent que quelques prises à Groix, et ne jugèrent
pas à propos de faire une nouvelle descente à Bouat ei à
Hœdic (3). Mais trois ans plus tard ils devaient être plus
heureux contre les forts de ces lies qu'ils ne lavaient été
en 1696.
Jaloux de voir l'importance toujours croissante de Lo-
rient leur faire ombrage, ils tentent en vain de détruire
ce port, et de dépit viennent (1746) porter la désolation
sur nos côtes : onze villages deviennent à Quiberon la proie
des flammes; un grand nombre de navires qui se trouvaient
dans les havres sont coulés bas. Houat et Hœdic devaient
encore souffrir de leur présence.
Le 20 octobre , Tamiral Lestock fit embosser trois vais-
seaux dans Tanse principale de Houat. II envoya une fré-
gate sommer de se rendre l'ofiicier qui commandait dans
le fort dont nous avons parlé. Cet officier refusa d'abord;
(1) Thomas Lediard , ffisi. navale de tJngleterte.....^ tra-
duite de TaDglais, Lyon, 175J , t. 3, pages 214 et 215. 11 donoe
au vilUge do Uouat lo nom pompenx de viiie,
(2) Lo P. Le Gallen, //fW. de Belie-Ish^ pages 19 et 77.
(3) id.^ page 85,
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— 285 —
mais le lendemain , après une heure de canonnade , il se
rendit prisonnier de guerre avec les 36 hommes de la mi-
lice de Mayenne qui formaient la garnison de cette tour.
Ce fort, défendu par quinze braves, avait lutté contre
500 hommes, pendant six jours, en juillet 1696 ; il pou-
vait tenir alors un mois sans tirer un coup de fusil , tant
que l'ennemi ne Teût point attaqué par terre. Le 22 , la-
miral envoya porter cette garnison de lâches à BelIe-Ue;
mais le comte de Saint-Cernin qui y commandait alors, la
refusa , disant qu'il ne voulait point recevoir de troupes
françaises qui n'avaient pas une seule goutte de sang à
verser pour leur Roi. L'amiral, ne voulant point aussi s*en
charger, jeta ces 96 hommes et lofficier à Quiberon. L'of-
ficier fut arrêté, jugé en conseil de guerre et condamné
à 21 ans de prison , après avoir été dégradé (1).
Le 24 , Hcedic se rendit aussi lâchement; le 26 , la tour
s'écroulait sous les explosions de la mine ; et , le lendemain,
celle de Houat n'offrait plus qu'un monceau de ruines. Les
ennemis ne firent pas d'autres dégâts dans nos îles.
Dix ans plus tard , Louis XV songea à y faire consti'uire
des forts susceptibles d'une meilleure défense. Les batte-
ries circulaires sur les mêmes emplacements furent réta-
blies : on supprima les tours qui en occupaient le centre,
on ferma chacune de ces batteries i la gorge par un petit
ouvrage à cornes, entièrement casemate, avec une demi-
lune , fossés et chemin couvert , et présentant deux étages
(I) Ogéc , article Tsie de Houat. — Le P. Le Gallen, Hisf. de
Melle^Iêie^ page 93.
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— 286 —
de créneaux et une plate-forme pour rartillerie. Les case-
mates donnaient des abris suffisants pour une garnison de
50 hommes et les approvisionnements nécessaires. Le fort
de Houat , commencé en 1756 , fut entièrement terminé en
i758; celui d'Hœdic, commencé en i759, fiit élevé, en
1760, à un mètre au-dessus du sol des casemates de letage,
et n'a jamais été achevé. La batterie de VEscudel^ à Houat,
ne fut pas rétablie.
Pendant ces travaux de fortifications, nos insulaires
furent témoins de la honteuse déroute du maréchal de
Conflans. On sait que le 20 novembre 1759, pendant qu*à
la tète des escadres réunies de Rochefort et de Lorient, il
essayait, par une fuite simulée, d'attirer Tennemi sur les
bas-fonds, il aperçut bientôt son arrière-garde, elle-même,
attaquée à une lieue d'Hoedic. La déroute devint sérieuse,
et dans la confusion avec laquelle elle se fit, les vaisseaux
du centre vinrent se briser sur les rochers d'Uœdic et de
Houat, ou entrèrent dans la Vilaine. Le souvenir de ce feit
nous est resté sous le nom flétrissant de Bataille de M.
Conflans.
Durant le siège de Belle-Ile, en 1761, parles Anglais,
le fort de Houat, gardé par 250 hommes et celui d'Hœdic
par 100 hommes, firent respecter ces deux îles. Ce ne fut
qu'après la reddition de la citadelle de Belle-Ile, que ces
forts , livrés à eux-mêmes et sans espoir d'être secourus,
finirent par se rendre. À la paix de 1763, les Anglais remi-
rent ces forts dans le même état.
Chaque curé, en temps de paix, occupait dans son tle le
logement du commandant du fort, et recevait comme gar-
dien quelques gratifications. Celui d'Uoxlic eut, en 1781,
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— 287 ~
uoe occasion éclatante de montrer son patriotisme et de
marcher sur les traces d'un de ses confrères de Croix. La
population boedicaise animée par ses conseils, enthousias-
mée par sa présence et sa fermeté, soutint plusieurs atta-
ques contre les Ânglaiset sauva, par sa résistance, plusieurs
navires chargés pour le compte du Roi. Le maréchal de
Castries écrivit au curé, capitaine improvisé, une lettre de
félicitations, et lui envoya, au nom de Louis XVI, une gra-
tification de 150 livres. Chaque insulaire, qui avait contri-
bué à repousser l'ennemi, reçut 12 livres du même mo-
narque.
Le manuscrit qui nous transmet de Belle-Ile, à la date
du 7 juillet 1786, le récit de cette belle action, ajoute que
depms 1761 que les farls sont pour ainsi dire abandonnés
et à la di^sition des habitants , on n'a pas trouvé un seul
dou de moins ^ ni un morceau de planches enlevé de ces
forU.
Tels sont les derniers événements que nous ayons à
remarquer avant l'époque de nos désastres révolutionnaires,
qui ont été partout une date plus ou moins malheu-
reuse.
Les passions haineuses qui, excitées par le philosophisme
contre le clergé et la noblesse, se traduisaient par la pro-
scription et l'écba&ud, étaient inconnues des habitants
de Houat et d'Hœdic ; mais des patriotes du continent ve-
naient, de temps en temps, visiter ces rochers pour purifier^
disaient-ils, le sol de la patrie , anéantir les symboles et
les hochets de la superstition et du fanatisme^ et réhabiliter
enfin le seul culte légitime, celui de la déesse Raison. Là
donc, comme sur la grande terre^ le prêtre, qui avait refuse
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— 288 —
le serment à la ComtiltUiim civUedu clergé^ devait toujoars
être sur ses gardes à rapproche d'un bateau ou d'un canot
étrangers. — Â Houat, jusqu'en 1795, Ttle nes*est guère
ressenti de Tagitation révolutionnaire. Le prêtre, M. J.-M.
Lorcy, âgé de 34 ans, fut saisi avec les vases sacrés, inscrit
sur la liste des ecclésiastiques bretons déportés à Rochefort,
en 1794 (i);niais il trouva le moyen de- s'évader et de
revenir à son poste pour y mourir victime de sa charité (2).
— À HcBdic, M. Jean Harion , digne successeur du curé
dont nous citions tout-à-l'heure la vaillance, avait pris pos-
session de la cure, en 1786. Il y resta constamment au
milieu de son troupeau ; mais souvent il fut obligé de se
cacher et de dérober sa tête aux recherches des émissaires
républicains. J'aurai tout^à-l'heure occasion de raconter les
services qu'il a rendus à ses concitoyens.
Je trouve sur la longue liste de ceux qui ne voulurent
pas se faire absoudre de leurs vertus en se souillant d'un
crime et qui préférèrent la mort à l'apostasie, un ancien
recteur d'Hœdic, M. Le Manour, traduit au commence-
ment de mars 1795 au tribunal criminel du département
du Morbihan avec un de ses confrères de Pontivy, M.
Robin : ils furent exécutes l'un et l'autre à Vannes , le 3
mars 1796 (3).
C'est ici le lieu de rappeler ce qui appartient à nos in-
(i) Trcsvaux, ffisL de la persécution révolutionnaire en
Bretagne^ t. 2, pago 521.
(2) Il n'y eut point deprêtro h Uouat depuis juillet 1795 à
décembre 1797^ —depuis 1802 k 1805, et depuis 1808 k 1810.
(3) Tresvaax, loc. cit., pages 220 et 223.
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sulaires dans les suites du trop fameux événement de Qui-
beron. Le 25 juin (7 meisidor) 1795, au sud des files
d'Hœdic et de Houat, on voit paraître une flotte anglaise
sous les ordres de l'amiral sir John Warren. Elle est sou-
tenue par celle de l'amiral Bridport; elles viennent de
ibrcer ensemble, par d'habiles manœuvres, Villaret- Joyeuse
à combattre malgré lui dans les eaux de Belle-Ile ; et après
avoir fait perdre 3 vaisseaux à l'amiral français (23 juin) ^
les voilà qui s'avancent devant nos files jusque dans cette
magnifique baie de Quiberon, témoin 18 siècles aupara-
vant des victoires de César. Le 27 (9 messidor) , elles dé-
barquent sans opposition sur la plage de Carnac plus de
4,000 émigrés. — Le 19 juillet, une seconde division, sous
les ordres de Sombreuil, met pied à terre à Quiberon. —
Je ne vous raconterai point les divers épisodes de ce drame
sanglant. En revoyant naguère ces lieux désolés et cou-
verts de sang français, vivement ému des scènes qui s'y
étaient passées, j'avais au moins la consolation de me
dire, avec A. Gabourd, que « dans cette longue et fu-
» nèbre lutte, les fils de la France, tous, ou du moins
» presque tous, s'étaient montrés dignes d'elle par un
B courage intrépide dans le combat. Soldats, généraux,
» émigrés, royalistes, républicains, tous avaient com-
» battu avec l'opiniâtreté du dévouement. j> De part et
d*auire brûlait au fond des cœursj mais som une forme
dijftre^ite^ mime amour de la patrie et de la liberté (!) ,
(0 De Wismes. La Vendée^ albun in-folio. latroâuctioii»
page 29.
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— 290 —
et si une marque d'infamie et de sang termina cette prge
glorieusement commencée , si mes excursions et mes sou-
venirs récents me rappelaient, malgré moi , Vannes , Au-
ray et la prairie de Tréauray (l), je me disais avec bon-
heur que les soldats de Hoche ne furent du moins ni les
provocateurs, ni les complices de ce dénouement fatal:
ils se bornèrent à combattre et à mourir. Ma mémoire me
rappelait avec plaisir la lettre du chef de bataillon Douil-
lard (2) au général Lemoine , chargé de faire exécuter les
ordres impitoyables de la Convention. Mon cœur était sou-
lagé en songeant que les sentiments de Douillard avaient
été partagés par ses compagnons d*armes (3), et que,
pour remplir le rôle de meurtriers, Lemoine n'avait pu
rencontrer que des Belges et des Liégeois, ignobles et là-
(1) Aujourd'hui /e Champ^des-Mortyrs.
(2) Auray , 2 août 1795. — - Citoyen général , j'aime bien la Ré-
publique; je déteste les ex-nobles et les chouans. Je les combat-
trai jusqu'à la mort \ mais sur le champ de bataille j'ai voulu les
épargner : j'ai prononcé avec tous mes camarades le mot de capi-
tulation honorable. La République ne croit pas devoir reconnaître
le vœu de ses soldats, je no puis pas juger ceux que j'ai absous le
sabre k la main.
(3) Lemoine ne pouvant plus se faire obéir écrivait, le 15 août,
aux représentants et au général en chef, qu'il ne trouvait pins dans
la garnison aucun officier pour remplacer les commissaires qu'il
avait été forcé de destituer. — Ml^l.Pradal, Fayard, Saint-Clair,
le capitaine Laprade et son frère , chef de bataillon , repouasërent
cet odieux office. Pour être vrai, je dois ajouter que des volon-
taires de Paris, d'Arras et de la Gironde acceptèrent la tftche que
leurs compagnons d'armes répudiaient.
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— 291 —
ches auxiUaires , horde de pillards, me répétait naguère
encore un sous-oflicier de la Légion nantaise (U. Meuret) ,
que nau^ ne pouvions faire avancer sur le champ de ba-
taille contre les émigrés; mais qui y après notre victoire,
se chargèrent volontiers d'une facile vengeance et de désho-
norer nos sentiments d humanité. N'avais-je pas lieu de
m'écrier avec Rouget-de-l Isie , spectateur étonné et té-
moin non suspect de la lutte de Quiberon : Temps déplo-
rable! malheureuse France, qui voyait armés, pour se dé-
chirer et s égorger entre eux, ses enfants les plus dignes de
la servir et de mourir pour elle!
Mais quittons ces lieux où tant de preux succombèrent,
et revenons vers nos îles avec Tescadre anglaise chargée
des débris échappés à la victoire de Hoche. Elle a pu, à
Taidedeses petites embarcations, recueillir, souvent jus-
que sous le feu des républicains , un grand nombre de
blessés et de fugitifs. Les premiers sont dirigés sur FAn-
gleterre (1); les autres, au nombre de plus de 3,000,
sont divisés en deux catégories : les 800 non combattants,
en&nts, femmes et vieillards, restent à bord des bâtiments
de transport ; les officiers et les soldats insurgés (au nombre
de 1,400) , ou émigrés à la solde de l'Angleterre (au nom-
bre de 900) , descendent à une lieue plus bas dans la
baie, et sont déposés à Houat. Ces malheureux avaient
abandonné un riche butin aux vainqueurs; il ne leur res-
tait pour partage que le dénûment le plus complet. Us
(1) Cbasle de la Touche, Relation du Désastre de Quiberon^
Paris, 1838, page 142.
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n*avaient pas de linge de rechange , et celui qui les cou-
vrait avait trempé dans la mer et était tout imprégné de
sel. Li^s Anglais , les Houatais distribuèrent à tous les vê-
tements et ie linge de première nécessité , et les paysans
à bord furent Tobjet des mômes attentions.
Hœdic ne fut occupée que par les hussards deWarren (1)^
sous les ordres du comte de Marconnay. Sir Warren et
Puisaye,dans la visite qu'ils y firent, ne jugèrent pas à
propos d'y envoyer d autres troupes; ils avaient besoin de
Teau si bonne, si abondante de cet îlot pour le service de
Tescadre ou pour suppléer mèmeàleau de Houat,si elle
venait à manquer.
D'autres préoccupations agitaient encore sir Warren. La
disette de vivres, les douloureuses émotions du combat et
surtout de la défaite développèrt-nt bientôt à Houat une
épidémie meurtrière. Il fallut bien vile songer à la création
d'hôpitaux, et l'absence de médecins et de médicaments
laissa un libre cours aux ravages de cette fièvre putride et
nerveuse. Elle attaqua presque tout le monde. Ceux qui
avaient séjourné longtemps dans l'eau furent les premiers
et les plus fortement atteints. Dans l'espace d'un mois, elle
enleva plus de 1,200 personnes. Les insulaires ne furent
pas plus épargnes que les autres; 13 Houatais succombè-
rent. Dans cette calamité, le recteur de l'île, M. Lorcy,
prodigua aux grands comme aux petits, aux Houatais
comme aux étrangers (il ne voyait en eux que des frères
(I) Mémoires da comte Joseph de Pnisaye. Londres, 1807 et
1808, t. 6, page 613.
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— 293 --
malheureux) , ses soins les plus assidus. Le fléau ne res-
pecta pas son zèle , et il alla , le 4 brumaire , rejoindre au
ciel ceux qu'il avait consolés sur leur lit de douleur et dont
il avait béni le cercueil. Personne ne se chargea alors d'en-
registrer ceux que la mort moissonnait, et c'est M. Chaste
de la Touche , ancien maire de Belle-Ile-en-Mer (1), qui
ra*en fait connaître le chiffre. Cette épidémie , après le dé-
part des vaincus , se fixa dans l'île jusqu'en 1800, et^ dans
cet intervalle, Houat eut encore à déplorer la mort de plu-
sieurs de ses habitants.
M. Puisaye fut condamné à vivre sur cet îlot parmi les
tristes débris de son armée que dévoraient la misère et la
maladie, a S'il s'était (ait des illusions, nous dit M. Cbasle
» de la Touche, sur le résultat qu'aurait pour lui sa fuite,
j» elles durent être promptement dissipées : les officiers qui
» arrivèrent après lui à Tescadre accusèrent hautement de
j» leurs malheurs son impéritie et sa lâcheté ; il fut honni
» et bafoué. Sir John Warren l'avait, dès le premier
» abord , fort mal accueilli ; il finit par lui déclarer que ses
» vaisseaux , ni même l'Angleterre , ne pouvaient plus lui
j» offrir un asile , et qu'il ne lui restait d'autre avenir que de
» regagner la confiance des insurgés en rendant à la
» cause royale assez de services pour faire oublier ses
» torts. Dès le lendemain, il fut déporté à Tile de Houat.
» II dut y vivre dans le chagrin et les remords, tout en
(1) Reialion du Désastre de Quiàeron ^ page 142.— Le comte
de Yaaban, zélé défenseur de Puisaye, intérofisé dès lors k
diminuer le nombre des viotimes, le fait monter k environ 709 «
page 176.
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— 294 —
» luttant contre les besoins et les dangers. Poursuivi par
» les malédictions et le désespoir de ses compagnons
» d'exil , et souvent par des menaces inquiétantes pour sa
» vie , il se hasarda , pour s'y soustraire , i débarquer furti-
» vement (le 8 septembre) sur la côte du Morbihan, à tra-
» vers la rigoureuse surveillance qu on y exerçait. Partout
» il rencontra le mépris, l'insulte et la haine. Les émigrés
0 moururent en le maudissant, eu appelant la vengeance
» sur sa tète ; les insurgés y répondirent par les mêmes
» sentiments ; ils le condamnèrent à mort et l'auraient fu-
» sillé si son éloquence n'eut attendri Mercier-la- Vendée,
» qui le laissa échapper et qui s'en repentit ensuite. »
Les paysans , les femmes et les enfants qui gémissaient
à bord des vaisseaux de transport soupiraient vivement
après le moment où ils seraient rendus à la liberté. Les
démarches de l'amiral auprès des autorités républicaines
furent couronnées de succès, et cette immense popula-
tion put, sans crainte, retourner dans ses foyers (f). —
Les autres exilés à Uouat, plus ou moins compromis,
continuèrent à crier et à se plaindre. La lettre écrite d'Au-
ray (22 juillet) par le comte Ch. de Sombreuil au général
Hoche pour la faire tenir à sir Warren^ vint augmenter leur
désespoir. Quelle impression ne devait pas faire sur une
multitude malheureuse , déjà trop convaincue que la cause
(I) Vauban....,pag6 193. —Les Anglais viennent (le 3! juillet)
de nous envoyer douze cha8fte>marée8 portant 1,500 vieillards
chouans « femmes et enfants. Ces derniers ont été mis en liberté
par le représentant du peuple Blad, {Lettres de Biad et de
Hoche au Comité de Salut public)
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de ses maux devait être attribuée aux prétentions jalouses
des généraux, à leur mésintelligence, au défaut d'en-
semble de leurs opérations, Topinion d'un jeune chef
dont elle connaissait la bravoure et qui venait rejeter sur
Puisaye les désastres dont elle était la victime et le fla-
gellait des épithètes de lâche et de traître. Les défenseurs
de Puisaye n'épargnèrent point, à leur tour, d'Uervilly et
Sombreuil , ei ces récriminations ne cessèrent que vers la
mi-août, époque où le départ des uns et des autres, soit
pour l'Angleterre , soit pour le continent où ils se faisaient
débarquer en secret, rendit enfin à Houat le calme et
la tranquillité.
Pendant ce temps, le commodore anglais avait fait
prévenir Charette de l'ordre qu'il avait de lui fournir les
armes, munitions et effets d'équipement dont étaient en-
core chargés les bâtiments de transport qui avaient amené
le comte de Sombreuil ; et le débarquement s'opéra à Saint-
Jean-de-Hont, le 10 août 1795.
Le 10 septembre, la mer parut encore couverte de vais-
seaux : c'était la 3.^ division des émigrés qui venait avec
le comte d'Artois (plus tard Charles X) opérer sa jonction
dans la baie. Quelques jours passés en i^econnaissance, dé-
libérations et correspondances , retinrent dans ces parages
toutes les forces anglaises et les cent cinquante voiles du
comte d'Artois. Ce prince se fit débarquer à Tile de Houat,
y reçut des députations de plusieurs villages situés sur la
côte du Morbihan , et fit aussitôt célébrer un service fu-
nèbre pour honorer la mémoire de Sombreuil et de ses
I; raves et infortunés frères d'armes. Il mit aussi pied à
terre à Hœdic, et une cérémonie semblable y eut lieu en
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sa présence. Une nouvelle tentative sur les côtes du Mor-
bihan n'était pas possible , un plus long séjour ne l'était
pas non plus. Le comte d'Artois appareilla donc avec toutes
les forces dont il put disposer, monta sur le /a^on^ et ar-
riva le 2 octobre à Tlle Dieu, avec son état-major; Ta-
miral Warren, avec une partie de sa flotte^ l'avait précédé
le 29 et le 30 septembre, et avait débarqué 7 à 800
émigrés et 4,000 hommes de troupes britanniques. On
connaît le résultat des lenteurs inouïes, des mesures mal
concertées, de la perfidie peut-être des Anglais, ]ieui-
étre encore de l'indécision du prince; du moins ces deux
soupçons furent émis et soutenus. Toujours est-il que le
comte d'Artois remonta, le 18 novembre, à bord du
Jasofin reparut devant Hoadic et Houat, le 30 du même
mois, pour suivre bientôt , en Angleterre , le duc de Bour-
bon, resté seulement quelques jours dans la baie.
Pendant ces diverses expéditions, les Anglais station-
naient néanmoins devant nos îles. Beaucoup de vaisseaux
de transport, quelques vaisseaux et frégates et trois cha-
loupes canonnières y restèrent en observation; et, à son
retour de l'île Dieu , l'escadre anglaise, composée de 16
vaisseaux de ligne ^ 6 frégates, sans compter les corvettes,
cotres et autres bâtiments légers, passa l'hiver dans la
baie et dans les Courreaux. Pour se mettre plus à Taise,
une grande partie des troupes descendit à Houat. Sur tous
les points de l'île s'élèvent des tentes sur lesquelles flot-
tent les couleurs de TAngleterre et de l'ancienne monar-
chie. Jamais ces arides rochers n'avaient vu une population
si nombreuse (i). L'amiral méditait un coup de main sur
(l) Les bestiaux des deux ttei devinrent leur nourriture* On m
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BeUe-IIe; mais il n'osa s'exposer à un échec probable tant
étaient fermes les réponses du commandant Boucret aux
propositions du Commodore Ellison, du 26 juin et du 16
juillet; et, après avoir pris la précaution de foire sauter, à
Uouat et à Hœdic, les forts dont nous avons parlé, il ap-
pareilla pour TAngleterre, le 27 décembre, emmenant les
derniers débris de l'armée de Monsieur; et l'ile^ naguère
si bruyante, rentra de nouveau dans le silence et la paix.
Ce ne devait pas être, il est vrai, pour longtemps; car,
dès le commencement de mars suivant (1796), une divi-
sion anglaise vint se fixer pendant six semaines dans ces
parages, et débarqua sur le continent des munitions et de
l'argent pour les insurgés (1).
Nous retrouvons encore, en juin 1800, sir Edward
Pellew avec sept vaisseaux, cinq frégates et cinq transports,
portant cinq mille hommes de troupes opérant un débar-
quement dans la baie de Quiberon. Il reprit la mer après
avoir commis quelques dégâts»
Enfin , dans les Cent- Jours, nous dit M. Chasle de la
Touche, les Anglais reparurent en maîtres dans la baie
de Quiberon , s'adressant aux puissantes sympathies bour-
bonniennes des populations du Morbihan, comme ik
avaient &it en 179^5 ; mais cette fois avec plus de succès,
parce que les éloquents souvenirs de Quiberon comman-
laissa vivre que ceax qui étaient abBoloment Béceiaairefl à la csl-
tore da sol.
(1) Annales manuscntes dt Hœdic y année 1795.
21
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— 298 —
daient aux royalistes de pénétrer de vive force jusqu*à la
mer pour recevoir le secours des Anglais , et de rentrer
immédiatement dans Tintérieur des terres.
Pendant les guerres de la République et de l'Empire ,
nos deux îles, sans moyens de défense^ et privées d'une
garnison française , furent , dit H. de Francheville , par
une espèce de convention tacite , regardées en quelque
sorte comme un pays neutre. Les croiseurs Anglais avaient
pour habitude de venir mouiller dans la rade d*Hœdic. Ils
déposaient dans cette tie leurs blessés, leurs malades; ils
y enterraient leurs morts. Une portion de la côte conserve
encore aujourd'hui le nom de Cimetiire des Anglais (Béred
en ÀnglcBs). Je ne puis ajouter, nvec le même auteur, que
les insulaires houatais et hœdicais^ ayant plusieurs fols
porté secours à des équipages anglais en péril pouvaient ,
avec une simple passe signée de leurs recteurs ^ pêcher et
naviguer sans crainte d'être retenus prisonniers de guerre »
car jamais les recteurs ne donnaient de passe. Les Hœdi-
cais , les Houatais étaient pris comme les autres Français
par les péniches de l'ennemi ; mais les recteurs fidèles à
une belle mission patriotique , ne réclamaient pas en vain
leurs paroissiens auprès des autorités supérieures. Néan-
moins , souvent les chaloupes des tlois , quand cela con-
venait pour faire des prises , étaient arrêtées par les chefs
subalternes ; plus souvent encore, leur pêche , quand Ten-
nemi venait à passer près des filets , était enlevée. Cepen-
dant, les cbe& supérieurs, nous devons le dire, fiiisaîent
exactement respecter la neutralité ; lorsqu'ils venaient à
terre , ils mettaient l'ordre partout , faisaient bonne et
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prompte Jtistice des maraudeurs et des pillards, et savaient
écouter les plaintes des habitants (i).
Et vous aussi , pauvres marins du continent, qui n'avez
d'autres moyens d'existence que vos pénibles voyages
sur les flots du Morbihan et des fleuves ou rivières qui
l'environnent , voguez sans crainte : il est dans l'Ile d^Hoe-
dic une Providence qui veille sur vous. Un prêtre a su ,
par l'ascendant de la vertu , conquérir l'estime des officiers
anglais, même de ceux qui ne partagent pas ses croyances.
Son ingénieuse charité saura bien profiter de cette in-
fluence qu'on lui accorde pour sauver de la captivité, de l'exil
ou de la mort ses malheureux compatriotes quelle que soit
d'ailleurs la couleur de leur drapeau. A la vue d'une em-
barcation républicaine, le prêtre se dérobe, il est vrai ,
aux recherches de ses persécuteurs et prie pour eux ; mais
à peine l'Anglais reparatt-ii , que ce même prêtre sort de
sa retraite , se met à la piste des captures Eûtes par l'en-
nemi , et sait trouver dans les ressources de son dévoue-
ment et de son adresse le moyen de les délivrer. Capi-
taines , pilotes et matelots qui , à ces tristes époques, avez
parcouru les rivages de la Bretagne , je vous entends nom-
mer M. Marion , car vous n'avez jamais prononcé ce nom
qu'entouré de bénédictions, qu'accompagné du souvenir
de tant de larmes qu'il a séchées, de tant de capti6 qu'il
a rendus à la patrie (2).
(1) Les Anglais s'emparaient de tout ce qni leur convenait, mais
payaient bien, exceptons toujours les pillards. Ils achetaient du
poisson , du lait ( 1 fr. et 1 fr. 25 le litre ) , des œufo ( 1 Ir. 50 la
douzaine), du beurre (t fr. 50 les 500 grammes).
(3) M* Marion (Jean), naquit \ Arradon^ près Vannes , le 8 août
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Je oe puis m'empèdhier de raooater à la Société Acadé-
mique au moins deux &iU , dont j'ai souvent recueilli le
récit de la bouche des capitaines de Belle-lie.
Ua jour, le recteur eut la visite d'im officier supérieor
1759, de parents <jiii exploitaient une méiaine appartenant \ !."•
deStapl0ton,née deRobien. Cette généreiise dame frappée de
l'esprit naturel de son jeune fennier, Ini fonniit les moyena de dé>
velopper ses talents. Il fut envoyé recteur d'Hœdic, en 1 786, pour
y conserver la foi et les mœurs patriarcales qne venait de célébrer
Ogée. Pendant trente-trois ans , il resta à la tête de son troupeaa,
partagea ses misères et ses joies, et sut encore se rendre utile aa
loin perses nombreux ouvrages. Durant la penéculion révolotioB-
uaire, il fut souvent obligé de se cacher. C'est dans ces momenli
de solitude forcée qu'il s'occupa à traduire en breton (dialecte de
Vannes): l.® les psaumes, cantiques , hymnes et prières réunis
édius YOfficeu parisien. M. Galles, de Vannes, qu'il avait choisi
pour son imprimeur, me disait naguère que les Bretons devaient
encore k ce digne prêtre^ 2.* Instntctioneu sanM f %.^ Et
règle kag en ordrénaneeu a Drivèd-Urh en Jutnm-yarim
ag er ifont^Carmel ; 4.<> En or ag er Vuhé dévot ^ dré Sont
Francœs a Saies,- 5.® la Sainte Bible: 6.« C on sidéra tioneu
sanlel eit derhel chonge ha pourfiiein ag er retrœd^ guet
un instruction eit disguein gober orœson / 7.* Magasin spù-
rituel er beurerion , en artisantèd , er serviterion hag en
dud diar er mœzeu / 8.<» Fogage mystérius de inis er VertUf
9.0 Vocabulaire français-breton.
Le massacre de trois chouans, venus d'Ho^c, sur l'île de Houaty
en 1812, fournit un prétexte k l'ingratitude pour déverser sur cet
ami de l'humanité la plus noire calomnie. Des personnes influentes
du continent, jalouses de son mérite, insinuèrent adroitement
qu'il avait dénoncé les trois victimes. Sa justification était facile :
mille voix s'élevaient en sa faveur \ il préféra souffrir en silence
et remettre k Dieu le soin de ramener les cœurs. Néanmoins , la
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ie b flotte anglaise. Après les premiers propos, Milord,
dit ie recteur , je suis trop heureux de la circonstance dans
laquelle il m'est doûoé de vous recevoir : c'est celle oà ,
ebex les Français , les amis se plaisent à édianger entre
eux les présents et les vœux de bonhetor. He serait-il
permis, tout en vous livrant l'expressioD de mes souhaits,
de vous offrir un don qui, chez nous, a sa valeur. Il s'a-
gissait d*un de ces quadrupèdes, indispensable habitant de
h basse-cour ou de la chaumière bretonne , et celui qu'ils
avaient devant les yeux était d'un remarquable embon-
point. Cette prévenance fat accueillie de l'officier avec re-
counaissance, et des assurances de dévouement vinrent
aussitôt y répondre. Le prêtre se hâte d'user du droit que
lui donne cette ouverture , et réclame de la générosité
de l'Anglais la liberté de quelques Français du continent.
Le lendemain , ces pauvres gens bénissaient dans les bras
de leurs familles le nom de leur libérateur.
Une autre fois , deux filets , que nous nommons Trois-
vue eoBtiauelle da théâtre de ses bieafaits, loi rappelait malgré loi
la méchaoceté des hommes : d'an aatre côté, les infirmités qu'il
avait contractées dans les cavernes et dans les souterrains pendant
les mauvais jours , rendaient très-pénibles pour lui les voyages sur
mer qu^exigeaient cependant ses fonctions diverses et multipliées \
Il se décida \ se séparer de ses bons tlois, donna sa démissicm dans
les termes les plus humbles , quitta son tle en secret vers le mois
de février ISIO , pour épargner des larmes abondantes k ceux qui
rappelaient toujours avec tant de raison leur père et leur sauveur,
et se retira chez sa bienfaitrice , k son cbàteau de Querran , en
Arradon, oh il finit ses jours , le 17 août 1824 , emportant dans
la tombe des regrets unanimes : il n'avait phn tf ennemis.
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MaUks^ font enyie à Tamind. Le recteur s'en aperçoit et
les lui offre de la meilleure grâce, refusant d'eu recevoir
un prix quelconque. L'Anglais, piqué de générosité , promet
de ne pas rejeter sa première demande , et bientôt le rec-
teur trouve l'occasion de rappeler à l'amiral l'engagement
qu'il a pris. Un bâtiment , prise anglaise , était mouillé
sous la citadelle de Belle-Ile et avait même ses amarres sur
le quai. En sûreté sous la protection des canons français,
13 Belltlois, dont plusieurs maîtres au cabotage , au milieu
de la nuit, se livraient à bord aux joyeux propos et pré-
ludaient déjà aux souhaits de bonne année^ car c'était le
31 décembre 1809^ me disait l'aimable et qpirituel capi«
taine Satin , de Palais. La sécurité était si grande qu'il n'y
avait pas même d'oflScier de quart. — Mais dans la rade
d'Hœdic déjeunes officiers anglais, par bravade , méditent
depuis plusieurs jours l'enlèvement de ce navire, et plus le
danger est grand, plus ils désirent l'amener triomphants
à Hœdic. Le commodore a autorisé cette expédition aven-
tureuse. Pour fêter le nouvel an au lever de l'aurore ,
deux péniches armées se dirigent sans bruit vers leur
proie. Fermer les panneaux , couper les amarres et revenir
à Hœdic avec la prison flottanle et ses prisonniers^ fut chose
bientôt fiiite. Avant la fin de la nuit, les Bellîloises ont appris
leur malheur et le sort de leurs époux. Leurs pensées se por-
tent sur l'ange tutélaire du pays ; vite une chaloupe force
de rame, l'espoir donne des forces, et elle met à terre,
dans l'endroit le plus caché (Casspiérà Kiz)^ des mes-
sagers qui viennent implorer la protection de H. Harion.
Celui-ci court chez l'amiral et réclame l'accomplissement
de sa promesse, liais déjà le navire capturé cingle vers
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r Angleterre, un vent favorable s'est élevé. Sir John War-
ren , fidèle à sa parole, lance après les prisonniers une pé-
niche avec pavillon d'amiral. Celle-ci les ramène bientôt,
et le recteur peut les rendre à leurs &milles éplorées. —
Il faut entendre les marins bellilois raconter ce trait avec
leurs nombreuses variantes dont pas une ne fait dé&utà
la louange du charitable M. Marion, à l'influence bien-
£Bkisante duquel, disent-ils, plus d'un MILLIER de per-
sonnes doivent leur salut. J'ai parcouru, les larmes aux
yeux, ces belles pages des Annales hoedicaises, jusqu'en
1813 , et parmi ceux qui le reconnaissent pour leur sauveur,
j'ai vu non-seulement les noms des marins d'Hoedic , Houat,
Belle-Ile, Quiberon et autres ports du Morbihan, mais
le Pouliguen, Méans, Saint-Nazaire , figurent aussi sur
cette longue liste de prisonniers relâchés.
Ce n'était pas seulement contre les Anglais qu'il fallait
lutter ou se tenir en garde. Chose étrange! Il fellait re-
douter davantage ses propres compatriotes; et nosîlois
étaient réduits à désirer , dans leurs lies , le séjour d'enne-
mis qui , tant de fois, étaient venus ravager , incendier leurs
demeures et leur étaient étrangers même par le langage et
par les croyances. A peine l'Anglais s'éloignait-il qu'une
ou plusieurs embarcations de la République ou de l'Em-
pire arrivaient etse comportaient absolument comme en pays
conquis. Elles enlevaient les chaloupes , prenaient les bes-
tiaux et ne leur laissaient qu'une vache pour chaque mé-
nage, 4 paires de bœufs pour toute l'île (1)* Les prêtres.
(1) Ainsi , les Annales d'Hœdic citent le désarmement des doux
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les marins, les éeus surtout devaient se cacber; les mena-
ces, les coups, les vols étaient chose vulgaire. Pour sau-
ver leur argent, nos tlois devaient avoir recours k toutes
les ruses que les circonstances et la présence d'esprit pou-
vaient suggérer. Un jour, une femme voyant un soldat
républicain entrer dans sa maison et craignant pour son
trésor qu*elle avait dans sa poche, le sauva en le jetant dans
sa soupe.
Quand nos insulaires voulaient aborder dans les ports
du continent, on tirait le canon sur eux^ on les forçait
au service sans leur accorder les privilèges des autres
Français. Ils gémissaient en silence; mais si Ton ve-
nait à froisser leurs sentiments religieux , il n*en était pas
toujours de même. Un jour, entr autres, en Tabsence des
Anglais , une compagnie de républicains débarqua à Hoedic
et fouilla partout pour y trouver des objets d*église et le
curé Marion. Celui-ci s'était caché dans une chaloupe.
Un oflBcier bellîlois (M. Sylvestre^ de Palais) l'aperçut dans
son gtte , garda le silence , et son humanité sut diriger les
recherches sur les autres points de Tile avec d'autant plus
d'ardeur qu'il savait alors qu'elles seraient infructueuses.
Les ornements sacerdotaux furent rencontrés dans une ci-
terne et les soldats les emportaient triomphalement , lors-
que les femmes, qui n'étaient point accoutumées à ces sa*
fies, en avril 1796, parle génértl do brigade de Belle-Ile,
prétexte qu'elles étaient du parti des chouans \ et, le 21 avril,
l'enlèvement de leura chevaux et de leurs bateaux. L'administra-
tion départementale rendit justice avx plaintes des habitants et fit
restituer tout ce qui existait encore*
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tumtles, 66 précipiienl put les pillards , leur enlèvent leur
bulin et k» font sortir précipitamment de Ttle.
Nos Hœdicais et nos Hoaatais qui , plus heureux que les
enfants d'Adam , n*ont pas encore compté de Ciân parmi
eax, cherchèrent toujours, eu milieu de nos discordes ci^
viles , à empêcher , sur leur territoire , l*effusion du sang
français. Nous les verrons, en 1803^ cacher avec empres-
sement, à Hooat, un gendarme de la marine qui venait
d'y aborder pour son service, parce que des royalistes, sur
le point de passer en Angleterre, dans la crainte d'être
découverts, lui auraient fait un mauvais parti. Mais cette
humanité généreuse qui , chez eux , ne connaissait ni Blancs
m Blem^ quand il s agissait d*arracher des hommes à la
mort , n'eut pas toujours son succès , et dut quelquefois ,
malgré tout, laisser périr ceux qu'entouraient leurs sympa-
thies. En 1796, malgré lt»ur énergique résistance, ils ne
purent sauver Téquipage d'une chaloupe qui , sortie du cêté
de Piriac, était venue relâcher à leur port. Des compromis
du continent les massacrèrent de peur d'être dénoncés
par eux. Le 7 novembre 1812 , les habitants de Houat
eurent à regretter encore une scène de cruauté du même
genre dont ils furent forcément les témoins inopuissants.
Trois émigrés, nommés, à ce que Ton croit, de Bar^
Bonaventare Le 6uem, dit Sans-^Souei et de Rose^ fu-
rent mis à terre à Heedic, et de là transportés à Houat. On
apprit sur le continent la qualité de leurs personnes et le
lieu de leur retraite. Le commandant d*un bâtiment armé
en qualité de convoyeur , nommé Alaniotàse^ de t'tle aus
Moines, vint avec forte escorte les attaquer pendant la nuit
dans la maison qui leur servait de refuge. On menaçait
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d'y mettre le feu. Us sortent, et malgré robscuritéde It
nuit , ils tombent entre les mains de leurs ennemis. Tous
trois furent tués cruellement sans qu'on put leur porter
secours, car Alaniouse avait eu soin de défendre aux ha-
bitants de sortir de chez eux, sous peine d*ôtre fusillés. Le
lendemain , on trouva, sur divers points de File, les trois
cadavres mutilés à coups de sabre, percés de coups de
baïonnette, la tête écrasée avec des pierres et presque dans
un état complet de nudité; preuve évidente que le pillage
et Tespoir du butin n'étaient pas étrangers à cette assassi*
nat. Plus tard , on a vu Alaniouse se pavaner avec la belle
montre de M. de Bar. Pendant l'exécution, un vieiOard eut
la prudence de brûler leurs papiers. Le propriétaire s'était
caché; sa femme, amenée à Paris, gémit en prison jus-
qu'en 1814, époque où elle revint à Houat. — Hœdic vit
encore, sans y rien pouvoir, le 3 août 1813, ce même
Alaniouse, si tristement célèbre dans les Annales de Houat ,
y saisir quatre infortunés du continent que poursuivait sa
fureur.
Dans un chapitre où je donne Thistoire d'Hœdic et de
Houat, je ne puis passer sous silence le combat Towmewr.
Le 5 mai 1804, une corvette commandée par le capi-
taine Wright et un cotre anglais, rencontrèrent une section
de canonnières sortant du Morbihan et coounandée par le
lieutenant de vaisseau Towmeur^ et n'hésitèrent pas à l'at^
taquer. Le combat fut opiniâtre; mais bientôt accablés de
boulets et de mitraille par les canons de 24 des canon-
nières, la frégate et le cotre gagnèrent le large et firent
force de voiles. Le brave Tourneur, non content de les
avoir contraints à la retraite, voulut encore les poursuivre; il
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leur donna la chasse, les atteignit près de Houat et les força
d'amener leur pavillon (I).
Disons, du reste, qu*à dater de 1795, les années qui
s*écoulent furent des plus dures pour nos insulaires. Les
batailles maritimes qui se livraient autour d'eux, les rédui*
sirent à une telle extrémité, qu ils auraient péri de£dm, sans
Tassistance de Fescadre anglaise qui, jusqu'à la paix, s'était
établie dans le meilleur mouillage (fe Parc), pour fermer
les embouchures du Morbihan, de la Vilaine et de la Loire,
surveiller le port de Lorient, intercepter à peu près toutes
les communications entre le golfe de Gascogne et la Manche.
Elle donna à chaque tte 400 hoisseaux de farine. L'année
1815 ouvrit pour les habitants de ces îles une ère toute
nouvelle. Ils commencèrent à goûter dès lors les bien&its
de la paix, et leur vie plus calme, plus heureuse, eùlbve à
nos observations les faits variés d'une existence agitée , et
ne fournit guère désormais à leurs Annales que le récit
monotone de sauvetages opérés par leui* entreprenante
charité. On sent que, quelque intérêt que puissent troiver
ces actes aux yeux de la morale et de l'humanité, ils ne
peuvent cependant offrir une assez grande importance, pour
qu'on leur reconnaisse la valeur de faits historiques. Je ne
déroulerai donc pas ici ces longues listes où chaque année
vient inscrire les preuves nombreuses de leur magnifique dé*
vouement.
(t) Lebas, Dtct encyciop. France.^ t. 9, page 49S. —D'après
les souvenin des Hoaatais, le cotre serait venu se réfègier entre
Hoaat et Hœdic, et la corvette, seule aax prises avec Tour-
neur, aurait été capturée k Fabordage, après 2 ou 3 heures de
combat.
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-^ 508 —
Les di?ers événements historiques que ooiis avons nt-
contés ont fait comprendre de nouveau toute rimportance
maritime que pouvaient avoir nos tles. Louis*Philippe, dès
1840, songea à les fortifier et, depuis 1847, de grands tra-
vaux sont en cours d'exécution , sous la direction de M. de
Cbappedelaine, chef de bataillon du génie à Belle-Ile, et sous
h surveillance d'un de nos compatriotes, IL Jollan de
Clairville, capitaine du génie à Houat. — A Houat, c'est
une citadelle carrée, formée de quatre côtés et de quatre
bastions, surmontée d*un cavalier en terre de cinq mètres
d'épaisseur et destiué à dominer toute Ttleet les parties de la
mer qui sont sous ses feux. Un murde 10 mètres de hauteur
et un fossé au pied de ce mur, entoureront ce fort, qui sera
enfin limité pardesglacis, sur lesquels on a déjà commencée
porter des remblais. Une batterie de six pièces, au Béni-
guet, défendra le passage; une autre à la pointe d'£^ Tàl
(le Front), battra la grande rade. — A Hœdic, les dimen-
sions de la caserne seront sur une plus petite échelle*
§ i. ^ Mœurs et c»iitiiBies«
Le chapitre que nous commençons va nous transporter
dans des régions assez semblables à celles que la plume de
Fénélon a dépeintes avec des grâces si touchantes et des
couleurs si poétiques, et qui nous rappeleront, malgré nous^
les champs heureux de la Bétique, habités à la fois par
rinnocenceet par le bonheur.
1.® LAnajuGB. — Commençons par dire du peuple que
nous allons étudier, qu'il est une race à part par l'esprit,
par les usages, et, si nous le considérons relativement à h
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— 509 —
France, par le langage, comme les autres Bretons, du reste,
qui oui conservé leur langue traditionnelle et primitive. Les
bonmies, il est vrai, obligés par la nature de leur com-
merce à entretenir des rapports avec tous les points mari-
times de notre continent, comprennent et parlent le fran-
çais. Les anciens possèdent même de plus la langue de la
Grande-Bretagne : c'est une connaissance qu'ils ont acquise
pendant le long séjour des Anglais dans leurs îles. Mais leur
langue naturelle^ la seule qu'on pratique au pays, est la
langue bretonne^ dont Tidiome, qui leur est commun avec
tout le pays de Vannes, rentre dans la nuance usitée à Saint-
Gildas-de-Rhuys. Les femmes, que leur vie sédentaire
éloigne du contact étranger, ne sont initiées qu'à celle-ci ;
c*est à peine si quelques-unes savent s'exprimer dans la nôtre.
Précieuse singularité^ qui contribue bien quelque peu à
sauvegarder leurs principes et leurs mœurs, ainsi que les
inappréciables avantages que nous aurons à relever. Le pre-
mier que nous ayons à signaler, c'est incontestablement leur
système de gouvernement.
2.® BBfiucB fiovvBARBMBNTii.. — Après la République et
les guerres de l'Empire, les recteurs avaient trouvé, sous
le rapport temporel, bien des choses à faire ou à réparer dans
leurs îles. Les habitants s'étaient, il est vrai^ maintenu dans
la religion et dans les vertus patriarcales de leurs pères ;
mais ils étaient depuis vingt ans si habitués à la misère
qu'ils paraissaient désormais sans goût pour les améliorations
matérielles. Le souvenir vivant de la destruction du fruit
de leurs efforts et de leurs sueurs les décourageait, et ils
redoutaient encore de nouveaux et semblables malheurs.
Le zèle des recteurs s'enflamma davantage à la vue de cet
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~ 310 —
abattement. La patience, la fermeté, la persuasion, l'affec-
tion et le dévouement des administrateurs, gagnèrent la
confiance des administrés. On releva leur courage et on sut
leur inspirer le désir des améliorations matérielles et d'une
aisance moins voisine de la misère.
La nécessité d*un règlement, d'une organisation gou-
vernementale, d*une Constitution, se fit alors sentir. On
rechercha les anciens usages de l'île et ses bonnes coutumes;
le recteur les codifia, et cette charte locale discutée, votée,
adoptée librement par tous les intéressés, eut force de loi
parmi eux (1). Un conseil fut nommé pour veiller à son en*
tière et stricte exécution.
(1) Je lis ces mots dans le préambule on Fexposé dea motib t
Fondé sur les vrais iotérèts de ceux pour qui il est fait f il (le
règlement) maintient la paix parmi tous les membres ^ il fixe à
chacun ses droits et ses devoirs et ne permet pas que Fun entre-
prenne sur les droits des autres; il protège les faibles contre les
forts et rend h tous ane égale justice \ il prévient les dissensions
qui ne mettent que trop souvent le trouble et le désordre parmi
les hommes qui ne connaissent point de règles; il encmirage
les bons et intimide les méchants , donne aux efforts de chacua
une direction plus stable, plus uniforme, plus constante, fait
tout concourir au bien général, qui est le premier qu'il faut
s'efforcer d'atteindre, parce que de l\ dépend la prospérité par-
ticulière de chacun, et qu'il n'y a rien de plus opposé an boa
ordre et k l'intérêt commun, de plus funeste et de plus odieux
que la recherche exclusive de son intérêt privé. Aussi, cette cupi-
dité est-elle condamnée dans l'Ecriture comme un crime qui ex-
clue du royaume do Dieu , et ce n'est pas sans raison que Saint-
Paul l'appelle ta source de tous nos maux, ra<iix omnium
tnaiorum^
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~ 511 —
De tous les Pouvoirs qui régissent les hommes, les ha-
bitants dHœdic et de Houat , comme les anciennes réduc-
tions du Paraguay, ne connaissent que la douce influence
de la religion. Un prêtre, en effet, tel est le seul magis-
trat, la seule autorité à laquelle ils soient soumis, comme
autrefois encore, ces nombreuses femilles de patriarches,
sous les tentes, dans les plaines de la Mésopotamie, dont le
chef était à la fois le législateur, le prêtre, le roi et le
père.
Le curé , qu'on désigne dans nos tles , comme dans tout
le Morbihan , sous le nom de Recteur (1), exerce légale-
ment, depuis le 17 frimaire an X, les fonctions d'officier
de l'état-civil, bien que, pour le culte et l'état-civil, Hœdic
et Houat soient annexés à la paroisse et commune de Palais
en Belle-Ile. Il est, à la fois, en titre, maire, curé, syn-
dic des gens de mer, agent des douanes et de l'octroi, et
directeur delà poste aux lettres; et ses actes ont un caractère
légal. Il remplit encore les fonctions de notaire, de juge de
paix et de percepteur, d'agent de l'enregistrement et des
domaines; mais sans caractère officiel. Jusqu'à ce jour, les
habitants soumis au légitime empire que lui assurent la su-
périorité de ses lumières, l'autorité de la religion, ses
vertus et l'obéissance spontanée qu'ils lui accordent se plai-
sent à admettre ses décisions quoiqu'ils soient libres de
s'adresser ailleurs, et acceptent volontiers son arbitrage,
(f ) Dans le Morbihan , le mot curé signifie vicaire^ et notre mot
de curé se rend par celai de recteur. Je retrouve la môme locu-
tion usitée chez nos voisins d'oatre-M anche : rector et cura te*
yAnglais et le Breton sont ici d'accord.
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— 5!3 —
parce qu'ils sentent qu'il ne peut leur vouloir de mat et
qu'il s'intéresse à tout ce qui les touche. Comose au temps
d'Ogée, «r une mort ou un mariage eiigent quelquefois des
» arrangements nouveaux. Daoft ce cas , le curé les écrit
» sur une feuille de papier commun et les signe. Cet écrit
» devient un titre de propriété pour celui qui en est le por-
D teur et pour sa postérité. Il n'est jamais contrevenu que
n dans le cas d'un autre arrangement à l'amiable. » Les
dispositions testamentaires reçues par le curé devant té-
moins ont aussi toujours été respectées II a bien soin , du
reste, de les prévenir qu'il est, dans ce cas, sans pouvoirs
aux yeux de la loi. Quant au titre de percepteur, il ne Cuit
qu'éviter au titulaire la peine de venir dans son ile bire
rentrer les fonds.
Le curé, disais-je tout-à-l'heure, est la seule autorité de
nie; c'est une monarchie, mais une monarchie constitu*
tionnelle, car il gouverne son petit royaume aidé de douze
vieillards les plus considérés, qui forment un Conseil des An-
ciens et représentent toute la conmiunauté. Pour en faire
partie, il faut avoir atteint l'Age de trente ans au moins et
jouir de l'estime générale des habitants. {Règlement^ cft. 3,
§2, n."" i.) Le Conseil des notables est chargé : l.*" De
veillera ce que le règlement soit exécuté; 2.® de décider
toutes les questions d'utilité publique; 3.® de réformer les
abus et de rechercher les moyens d'y remédier conjointe-
ment avec le recteur. {RègL , cft. 3, § 2, n.® 3.) Il y a,
par an, trois assemblées ordinaires : le dimanche de la
Quasimodo , celui de la Dédicace et le 8 décembre ; et plus
souvent , si besoin est. Dans les affaires graves , le suffrage
universel Y si péniblement acquis en France ^ est un des
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- 315 —
points fondamentaux de la législation de nos îles. Tous les
hommes majeurs réunis sont appelés à donner leur avis
sur la question soumise. Alors on vote par assis et levé^ et
toujours la majorité décide. Dans le cas où les intérêts dun
particulier pourraient être lésés, dans celui où la crainte
empâcherait dédire son avis, le scrutin secret, avec des
petits pois blancs et noirs, vient donner au vote sa liberté
entière.
Deux ou quatre hommes, à tour de rôle, son chargés de
conduire le canot du curé , toutes les fois que les affaires de
rtle rappellent au continent ou à Belle-Ile. Pendant tout
le temps qu'ils sont au service de la communauté , ils re-
çoivent chacun un franc par jour, à moins que le curé ne
nourrisse lui-même son équipage. Dans le premier cas, cet
argent est pris sur la masse commune.
L'île possède une bouliqtAe ou magasin de marchandises
usuelles bien assortie. Les profits sont versés à la masse
commune, et c'est encore une petite ressource pour ali-
menter la Caisse d'épargne.
Une seule cantim^ est permise. Elle est placée sous la
surveillance du Curé et des Anciens. Le cantinier, ordinaire-
ment choisi parmi ceux-ci, ne doit pas donner, aux termes
du règlement (Ch. 2 , § 6 , n.° 2) , plus d'une chopine de vin
par repas au même individu , s'il est habitant de l'île, et pas
plus d'une bouteille, s'il est étranger. Il reçoit, pour tout
salaire, cinq francs par chaque barrique de vin débitée» —
L'toergie du curé d'Hœdic (M. Aio) et de son Conseil a
maintenu intact, dans son île, pour ses îlois, cet article du
règlement , lorsque les ouvriers sont venus travailler à la
construction du fort, en 1847. Une cantine spéciale pour
22
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— 514 —
ces étrangers a été établie en dehors du village et autori-
sée sous la responsabilité de l'entrepreneur, mais non sou-
mise aux prescriptions de Tfle. Aussi là, chaque ouvrier
peut-il s*enivrer à loisir et dépenser, dans un jour, le gain
de plusieurs semaines, sauf à vivre nécessairement de pri-
vations pendant longtemps. — A Houat, quelques habitants
substituant Tégoîsme des intérêts individuels au bien géné-
ral et à Tesprit de fraternité, ont cru voir, dans la présence
des ouvriers sur Ftle , une excellente spéculation privée. Ils
se sont donc insurgés contre cet article du règlement (ce
n'est pas en 1848 qu'on pouvait les en blftmer) et se sont
mis à tenir cabaret. Si l'un, par convenance, refuse à un
ouvrier déjà ivre, un autre, moins délicat ou plus avide,
accorde volontiers, et la masse commune a été ainsi, à
Houat, privée d'une partie de ses profits (1).
Il n'y a point de douanes dans nos îles. Les marchan-
dises ne sont soumises à aucun droit d'entrée , mais on le
h\i payer au continent : ainsi Houat et Hœdic paient un
droit de consommation sur les boissons, droit de débit
en détail, sont même soumis au droit d'octroi de Palais,
et en obtiennent quelques secours pour leurs besoins lo-
caux (la moitié des recettes de l'octroi des tles).
(!) Dans mes derniers voyages, en 1849, j'ai appris que plusiean
Houataîs, qui s'étaient mis en opposition avec le règlement sur on
article admis dans ui but si sage . n'avaient trouvé qa'amëres dé-
ceptions an lieu d'one plus grande somme de bonhenr, avaient fini
par comprendre que , non-seulement Pintérèt général était com-
promis en même temps que la morale, mais qu'ils se ruinaient eux--
mêmes 9 et avaient repris leurs filets.
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— 315 —
J*ai parlé d'une masse œmmune placée entre les mains
du Conseil des Anciens et du curé. Ce sont les seules res-
sources de rtle (1) ; avec elle on secourt les plus néces-
siteux, les vieillards et les familles dont les chefs ont péri
.à la mer; avec elle encore on construit des chaloupes et
des canots qui deviennent la propriété de Tîle et lui paient
un petit revenu (2). Grâces à cette précaution toute phi-
lanthropique , le Houatais ou THoedicais n'est plus obligé
d*aller sur le continent emprunter de l'argent à un taux
qui souvent d !venait ruineux. C'est encore sur cette masse
commune que chaque patron de chaloupe vient, au com-
mencement de la pèche de la sardine, emprunter 400 francs,
sans intérêts, à la seule condition de les rendre à la fin
de la pêche; c'est ce qu'on appelle une grosse. Si Tune
des chaloupes ne rend pas toute sa grosse dans la môme
année, on ne lui prête l'année suivante que ce qu'elle a
rendu {RègL d'Hœdic^ art 13.). Depuis plusieurs années,
les Hœdicais ont abandonné la pèche de la sardine pour
se livrer exclusivement à celle des crustacés (homards ,
langoustes et cancres) , et ne se trouvent point dans la
nécessité de recourir à la ressource de la grosse.
La demeure du premier magistrat n'a rien qui le dis-
tingue des autres, si ce n'est sa toiture, en ardoises, et
(I) Le revenu de Houat est de 6 k 7,000 fr. — Celai d'Hœdic
de 1,200 k 1,500 fr.
. (2) n y a aetaelleraent k Bonat, 8 chaloupes, 1 péniche, 5
grands canots et 6 petits oa nioies. — Â Hœdic , 8 chaloupes ,
2 péniches et 20 canots. - Expillj donnait, en 1762 et 1764 ^ 7
chaloupes k Houat et 4 k Hœdic.
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— 316 —
encore vous courez risque, d'après cette indication^ de
tomber à Houat chez un cantinier. La pièce principale
sert d'Hôtel-de-VilIe,de salle d'audience, d'étude, de bu-
reau de port ;
EUe est encor salle ou salon,
L^usage qu'on en fait détermine son nom.
ff La simplicité la plus grande règne dans son ameu-
a blement : on dirait la table , Tescabeau et le pauvre lit
» préparés par la femme de Sarepta au prophète Elysée...
» Vous me trouvez pauvrement logé, disait le curé d*Hoe-
» die à un voyageur (1) ; mais depuis dix ans que je suis
» à Hœdic, je n'ai plus de désirs, et j'ai appris qu'il iaut
» peu de choses pour fournir au nécessaire. Ne suis-je pas
» encore le mieux logé de l'Ile 7 J'en ai honte : mes chers
» en&nts m'y contraignent, mais ils savent que tout ce
» que je possède est à eux. Si je veux quelque magnifi-
ù cence , c'est dans la maison de Dieu ; elle seule domine
» un peu nos pauvres cabanes... Nous ne sommes pas ri-
a ches, mais le peu que nous avons vient de lui, nous lui
a donnons tout ce que nous pouvons, a
Les appointements du curé se bornent au modeste trai«
tement de desservant ; il reçoit , de plus, pour les frais de
mairie, une somme de l&O francs ; enfin, 500 francs sont
alloués au syndic titulaire , charge qui revient officielle-
ment à Tun des deux curés. Le titulaire, aujourd'hui celui
de Houat, partage avec son confrère d'Hoedic, qui doit
(t) Voyage à Hœdic ^ dans le jonmal V Union, Kante% 1833,
page 426.
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- 317 —
ptetidre pour cette rétribution sa part locale dans la rédac-
tion des notes relatives au service de inscription mari-
time.
J'oubliais de dire que le curé est encore surveillant de
Técole, directeur des études, écrivain public, et, au be-
soin, médecin et pharmacien, sans qu'il puisse se déchar-
ger sur quelqu'un de ce monopole général. C*est bien dans
UD ermitage, comme Houat ou Hœdic , que les connais-
sances médicales sont permises, utiles, indispensables au
curé pour le soulagement de ses rares malades. Son jar-
din , c'est presque toute la pharmacie du village.
Malgré ces six ou sept places, son poste n*est convoité
par personne. Depuis cinquante ans , on a vu bien des
fois des intrigants, des ambitieux surcharger des voitures
le lendemain d'une révolution et courir après la curée des
places : pas un seul jusqu'ici n'a pris le chemin d'Hœdic ou
de Houat. Et cela se comprend , car il faut ici un motif
au-dessus des motife humains pour déterminer un homme
à s'exiler sur un rocher sauvage pour le bonheur de ses
semblables. C'est le même, du reste, qui pousse nos mis-
sionnaires jusque dans la hutte du sauvage, pour y porter
la civilisation et la foi.
Pour compléter ce tableau, j'ajouterai ici un passage
d'une plume mieux exercée et dont le bonheur d'expres-
sion me paratt sans égal ; c'est celle du voyageur que je
citais tout-à-l'heure : « Vous avez lu quelquefois , dans
9 Emile ^ le portrait d'un pasteur de village, tout dévoué
8 à ses modestes fonctions, tout occupé du bonheur de
n son troupeau. Ici, c'est la réalité, mais revêtue d'un
9 eharme particuKer, et marquée du sceau d'un plus gé-
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— 518 -
A) néreux dévouement. D'ordinaire, il existe pour le
0 teur quelque distraction ; en se donnant à son troupeau,
» il ne renonce pas à tout au monde. Mais Hœdic (ou
» Houat) devient pour le pi être comme une patrie adop-
u tive : cette île aride, sablonneuse, triste et monotone,
» ces quelques lieues d'un terrain presque sauvage , ce pe-
» tit village avec ses habitants simples, sans culture, pau-
0 vres et malheureux, voilà Tendroit où il doit couler
» tous ses jours, voilà son nouveau pays, voilà son uni*
» vers à lui qui, peut-être, connut longtemps les délices
» de la vie, qui vécut ^u sein d'une famille où l'aisance
)) était un besoin parce qu'elle était une habitude.
» II est vrai: mais dans cette île, au milieu de cette
» population pauvre, le curé apporte un coBur de prêtre,
» un cœur que la charité dévore, un cœur afiamé de dé-
j> vouement ; il vient et il ne rencontre pas d'étrangers;
» tous ceux qu'il voit, quoi qu'ils lui fussent jusqu'alors
» inconnus , ce sont des frères; il sent dans sa poitrine un
» feu sacré qui le consume, un sentiment intérieur ^
» céleste^qui l'en avertit. Ces hommes, se dit-il. Dieu me
» les donne, c'est une famille qui m'est confiée; leurs
» maux, leurs besoins , leurs sacrifices comme leurs joies,
» je les partagerai ; j'adoucirai les uns, je m'efforcerai de
» multiplier les autres. C'est un peuple dont je dois faire
B le bonheur, trop heureux si je puis ici sécher quelques
» larmes, ramener à la vertu ou y affermir quelques
» cœurs , entretenir parmi eux la paix , la douce paix de
a la charité, et rélégué avec ce petit tioupeau sur ce
» coin de terre ignoré , sous les yeux de Dieu seul , se-
» paré du monde par TOcéan moins agité, moins ora-
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» geux que lui, passer avec des enfants dociles > dans la
j» pratique de nos communs devoirs, les rapides instants
ji de celte existence éphémère {i)> »
Sous uue telle impression et au milieu des occupations
si multipliées des ministères religieux, civil, maritime et
postal, les jours passent avec rapidité et s'écoulent ina-
perçus. Rarement il a des distractions étrangères, de
nouveaux visages sur son petit territoire. Ces visiteurs sont
— ou des marins forcés de relâcher et de chercher un
abri contre la tempête ou môme de malheureux naufra-
gés, — ou quelques touristes curieux de voir en plein
XIX.' siècle un tout petit coin de terre encore soumis au
régime patriarcal, — ou bien encore ce sont quelques
amis de la nature qui viennent y lire une page de ce grand
livre. C'est un bonheur pour Termite d'Hcedic ou pour
celui de Uouat de pouvoir exercer 1 hospitalité, de serrer
la main d*un étranger, d'un Français, d*un Breton. 11 ne
redoute qu'une phose , c'est l'arrivée de quelqu'un de ces
libres penseurs ou de ces hommes affranchis de toute rè-
gle , qui ne connaissent plus le joug des principes ni celui
de la morale, donnent toute licence à leur langue et se
font un plaisir de semer, parmi le peuple , leur désolant
scepticisme et leurs dégoûtantes lubricités, ou bien en-
core de quelque voyageur peu délicat, dont la curiosité abu-
sive exploite sans mesure et rétribue très-feiblement la
bonne volonté des insulaires qui se dévouent et leur sacri-
fient , par là , un gain plus abondant.
(t) Voyage k Hœdic. l/nion déjk citée , pages 425 et suiv.
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Ses récréations, quand il a le loisir d*en prendre, c*est
la pèche , c'est la culture de son jardin, ou bien encore
Tétude des productions de son tie (i).
Telles sont les occupations du pasteur chez les Houatais
et chez les Hœdicais. Sa porte est, à toute heure, ouverte à
toutes les misères , à toutes les souffrances ; le premier à
donner Texemple de la fidélité au règlement ; il n'a pas
même le chien , ce meuble vivant du fuyer, comme l'ap-
pelle Lamartine , cet ami de ceux qui sont oubliés du
monde. Sa vie coule sans éclat , mais aussi sans remords
et sans regrets, au milieu du troupeau qu'il chérit et dont
laffection est pour lui la plus douce des jouissances. Il ne
connaît ni saison , ni temps lorsqu'il s'agit de porter se-
cours au navire en péril, ou le pardon au coupable, ou son
Dieu au mourant. Nulle pierre ne marquera sa tombe au
cimetière ; mais son nom retentira encore dans le cœur de
ceux auxquels il laissa une croyance , une loi , un Dieu ,
et ils diront longtemps de lui, comme de son divin maître:
/{ a passé en faisant le bien.
3.*^ VIE DES INSULAIRES. — Après le chapitre du Prési-
dent de cette République d'un nouveau genre, vient celui
des administrés. — Nous disions tout-à-rheure que le
séjour qu'ils habitent était un séjour de bonheur ; hâtons-
nous de remarquer que ce n'est pas pourtant sans que la
vertu et la médiocrité des désirs y soient pour beaucoup.
(I) M. l'abbé Bio avait même eu la bonne pensée de réunir,
dans une petite armoire od hoc^ nn certain nombre d'échantillons
de conchyliologie hœdicaise.
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car Ips conditions ordinaires qui semblent être réclamées
pour le bonheur, ne se retrouvent guère chez eux, et, à
coup sûr, il ne faut pas y rechercher toutes les délicatesses
de notre sensualité et de notre luxe. Tout y est simple et
frugal; et si nous voulons nous occuper d'abord des choses
qui tiennent le plus intimement au bien-être matériel de
l'existence, donnons quelques détails sur la nourriture, le
logement, le costume.
La nature du climat et des travaux auxquels s'adonnent
nos insulaires exige chez eux une abondante nourriture.
Leurs mets usités sont les bouillies^ les soupeij le poisson,
les viandes, parmi lesquelles le lard vient figurer avec Faveur.
L'hiver, la tiViHe salée, accompagnée de pommes de terre, fait
les frais du repas du soir. Du reste, sur les bords de la mer, la
viedevient facile sous ce rapport : les poissons, les coquillages
y sont toujours des ressources. A défaut de mieux, on
mange les pieds ou manches de couteau {solen)^ aliment
coriace qui a, de plus, le désavantage de contenir presque
toujours du sable dans les plis de son manteau. La châ-
taigne de mer (oursin) , et surtout certains bigourneaux
qu'on nomme dans nos îles bigourneaux de chien {Taleguet^
en Breton), ne passent pas pour fria ids (t).
Il y a, il faut en convenir, quelquefois de la misère;
mais elle n'est point le fruit de Tinconduite, du libcrtiiiage
ou de rivrognerie, aussi n*altère-t-elle en rien la paix du mé-
nage : la famille souffre en silence et se console avec l'espoir
(1) Cest le Purpura ifipitius qa'oii désigne soas ce nom k
Hœdic et \ Hoaa t ^ «a Groinc, au contraire, c^est le turbo Uiioreus^
si recherché k Nantes.
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J
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d*un plus beau jour; elle a fui en celui qui fournil la pft-
ture même aux oiseaux naissanls. Le curé , du reste. Pro-
vidence visible du pauvre, est habile à découvrir les misères
de ses paroissiens, et n*est pas nooins actif à venir a leur
secours. Cependant, quelquefois on n*ose pas avouer sa po-
sition; c'est un aveu pénible qu*il faut savoir arracher: Juf-
qulci, dit-on, nous n'avons pas encore manqué. Combien
de fois les deux sœurs de M. Le Capilaine, compagnes dé-
vouées de son exil et auxiliaires intelligentes de sa charité,
n*ont-elles pas obtenu de réponses analogues, et cependant
il était notoire que ces personnes en étaient aux derniers
besoins. — Un jour, j'entrai à dessein, me racontait le rec-
teur de Houat, dans une maison à l'heure du repas de midi.
On était à faire la récolte. J'y trouve le frère et la sœur,
jeunes gens de 1 8 à 20 ans, assis un de chaque côté de
la table. Eh bien! mes enfants, a-t-on dîné? Je reçus deux
réponses simultanées, mais contradictoires. Il était facile de
voir qu'en venant à la maison à l'heure ordinaire des repas,
on tenait à s'épargner la honte d'une révélation qu il coûtait
à l'amour-propre de faire. — Jusqu'à ce jour, les Hœdicais
ont été à l'abri de pareilles nécessités, et j'en vois la cause
dans l'observation plus exacte du Règlement.
L'extérieur des maisons, presque toujours orientées au
Midi , ne se fait remarquer que par sa rustique simplicité.
Là, vous n'apercevez point la tuile aux riantes couleurs,
dont la teinte rougeâtre réveille nos paysages. Rarement
vous y verrez l'ardoise aux reflets bleus et luisants : c'est à
peine si ce dernier mode de couverture vient de s'intro-
duire dans l'usage ; six maisons à Houat, trois seulement à
Hœdic, s'élèvent prétentieuses, an milieu des autres, avec
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— 323 —
cette toiture novatrice. L'usage tradititmnel n'admet donc,
pour ce genre de construction, que le roseau {Arundo
phragmites) , mais surtout le jonc des chaisiers {Scirpas
lacuslris). Les Hœdicais recut'iilent ces deux plantes dans
leur marais et peuvent même subvenir aux besoins de leurs
voisins; et si la récolte de ces deux végétaux vient à man-
quer, la paille de seigle qu'ils achètent au continent y
supplée.
Sur leurs murailles de granit, que Fart n a point été appelé
à embellir, vous verrez, pour tout ornement, à la saLsou,
pendre par leurs pétioles fixées à 1 avant-toit quelques feuil*
les du détestable tabac sauvage {ISicoliana rustica) que nos
pauvres pêcheurs fument, en le mêlant quelquefois avec
celui de la régie; car, chez eux, la pipe est un meuble in*
dispensable : elle les distrait , les désennuie à terre et à
bord , les repose et peut même tromper la faim. C'est pour
eux une source de jouissances et un gage de bienveillance
pour les autres. lisse croiraient perdus s ils ne fumaient, et
ils se disent ou se croient malades aussitôt qu'ils ont perdu
le goût de la pipe; comme dans leurs maladies, ils se
croient guéris ou hors de danger lorsque ce goût leur
revient. — Cette culture de quelques pieds d*un mauvais
tabac est une bien petite économie; mais nos habitants se
reprocheraient sans doute la culture d'une espèce meil-
leure (iV. Tabacum).
Pénétrons maintenant dans la modeste demeure de nos
bons îlois. Â Texemple de leur curé , ils savent modérer
leurs désirs; pas un meuble inutile et qui ne soit d'un
usage journalier. Plus propres que dans maintes communes
du continent où bêtes et gens logent ensemble, nous avons
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— 324 —
isolé récurie au moins par un mur plein, et aucune éma-
nation désagréable ne s'échappe pour venir frapper notre
odorat. En poussant la porte extérieure , un petit corridor
s'ouvre devant nous et nous présente deux entrées: Tune,
en face , nous conduit dans un petit cabinet ou sont dépo-
sés le lin, les filets, les instruments de labourage; Tautre,
sur le milieu de ce corridor , donne accès à la pièce prin-
cipale où vit la famille. Entrons et faisons Tinventaire. Le
sol que nous foulons aux pieds est de la terre battue; au-
dessus de notre tête est un plancher. De chaque côté de
Tunique fenêtre, un lit s'élève assez au-dessus du sol pour
permettre d*y abriter la récolte de pommes de terre ; on s*y
introduit en grimpant sur un coffre qui y est adossé, et Ton
y repose derrière des rideaux ou derrière des portes ornées
à jour, qui se ferment à coulisse. En face de la fenêtre vitrée
est une large table , dont le couvercle glissant dans une rai-
nure, permet de loger au-dessous le pain, la viande, le
poisson, le beurre. Vis-à-vis, des armoires appuyées à la
muraille préservent le linge et les vêtements de la pous-
sière et de rbumidité. Ordinairement, un petit dressoir ou
vamellier sépare ces armoires; les bols, assiettes, tasses à
café, etc., y sont rangés avec symétrie. Plus souvent en-
core, au milieu du vaissellier, la piété a ménagé un petit
espace orné, pour y exposer un crucifix ou limage de la
madone. Le froment est renft^rmé dans des barriques où il
trouve un abri contre les dévastations des rats et des sou-
ris. La marmite et les bassins sont seuls en fonte, les autres
ustensiles sont d'argile.
II y a peu de ménages qui n'ait d'armes à feu : ce n'est
pas qu'ils craignent les voleurs, mais elles sont pour eux
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un délassement; c'est un instrument de réjouissances un
jour de noces , de chasse , à l'arrivée d*un ami qu'on veut
régaler, de solennité à la procession, au jour de la fête pa-
tronale. A Hœdic, les jeunes gens, sur deux rangs, sous la
conduite du plus capable , exécutent de temps en temps des
décharges de mousqueterie. Ces armes sont suspendues dans
la cheminée, pour être préservées de la rouille et de l'hu-
midité.
De chaque côté de la cheminée sont pratiqués des bancs.
C'est autour de cet âtre où le varech pétille , que la famille
se réunit pour foire la veillée. C'est dans ces longues soirées
d*hiverque nos pécheurs confectionnent leurs engins, rac-
commodent leurs casiers. Les femmes filent , cousent , tri-
cotent ou font des filets. La conversation roule sur leurs
gains, leurs pertes, leur adresse, leurs dangers ou d'au-
tres aventures de pèche ou de voyages , leurs campagnes
maritimes sous les drapeaux de l'État, lis conservent ainsi,
de bouche en bouche, les faits historiques les plus saillants
de la localité. Les femmes s'étudient à entretenir la plus
grande gaîté et la joie la plus innocente; elles se plaisent ,
par le piquant de leurs récits, à dérider le front des view^
loups de mer. Des chants viennent rompre de temps en
temps cette monotonie : c'est la douce mélodie d'un canti-
que breton. Quelque lecture attrayante vient offrir de la va-
riété; et souvent le grand-père, entouré de ses petits-fils ,
leur apprend les premiers éléments de la religion , leur
catéchisme. Là , on ne parle point de revenant , de lulin^
de loup-garou , etc. ; et si parfois quelqu'un rapporte un
récit du continent , c'est pour en rire à gorge déployée ,:
personne n'y croit, du moins à Hoedic, Les instructions
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que , chaque soir, le curé d'Hocdic a coutume de Ciire à la
maison d*ÉcoIe après la prière (a laquelle assistent tous
ceux qui sout dans 1 île), n*ont pas peu contribué à éclairer
cfî pays.
Leur bibliothèque (car tous savent lire le breton et le
latin, et quelques-uns le français) est peu volumineuse,
mais bien choisie : ce sont d^s livres d'inslructions dont plu
sieurs furent le fruit du zèle de M. Harion , des histoires
édifiantcb, des cantiques, des offices de chant. Ils ont
aussi leur journal, ils se sont même fait inscrire comme
actionnaires. On ne trouve point dans ce recueil les maxi-
mes suivantes: DieUj c'est le mal; la propriété, cest le
wl; le prêtre est t ennemi du bonheur de F homme et de la
société. Voici son titre : Annales de la propagation de la foi.
Pour tapisserie, dans les intervalles laissés libres par les
meubles , des images rappelleront à la famille quelque vertu
d'un patron.
Vous avez aperçu, sans doute, dans le petit couloir, une
échelle dressée perpendiculairement contre le mur, elle
vous conduit au grenier. C*est là que sont entassés le foin
et la paille, nourriture du bétail, les varechs et les autrtô
matériaux desséchés, bois de chauffage pour le four et
pour la cuisine.
N'oublions pas les costumes. Celui des hommes , sem-
blable à celui des marins , n*a rien qui lui soit particulier.
Une casquette , les jours de travail , ombrage leur tête ;
mais, le dimanche, un chapeau à haute forme vient encore
ajouter à leur belle taille. — Les femmes , modelées sur
celles de Saint-6ildas-de-Rhuys, ne jettent sur leurs épaules
aucun mouchoir ou fichu les jours ouvrables ; mais , le di-
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manche , elles portent toujours cet ornement de la modes-
tie. Il resplendit môme de couleurs vives et éclatantes , et
cependant elles ne visent pas au lu&e, elles se contentent
de rester simples et propres. Leur coiffe en toile fine vient
tomber en deux basques sur leurs épaules , à la hauteur
de la taille et quelquefois sur la poitrine. Un parapluie,
un mantelet ou un tablier noir , jetés sur leur tête et sur
leur dos, les abritent contre la pluie. — Malgré tous ces tra-
vaux rudes et quotidiens, elles sont remarquables parla
fraîcheur , la modestie et la douceur de leur physionomie :
le vice n'y a pas imprimé ses stigmates.
4.® MOTEifS D*EXiSTBrscE. — Trois industries viennent
leur fournir les ressources qu'exigent les besoins de cette
modeste existence.
Celle qui vient la première dans leurs affections et dans
leurs habitudes, c'est la M^èehe.
A Hoedic, à Houiit, les hommes ne connaissent presque
que leurs bateaux et leurs filets. Ils se sont essayés de
bonne heure à ce genre d'exercice. Dès l'âge de 10 à 12
ans , les enfants y sont admis , et déjà capables d'affronter
les diflScultés de cette rude vocation , on les voit s'exposer
avec courage à tous les dangers. Dans l'intérêt niême de
leurs plaisirs, ils ne craignent pas d aborder les rochers
les plus menaçants pour y chercher les œufs de goélands ,
mouettes, etc. (1). Rien de tel que cette longue habi-
(i) Chaque matin , \ la saison , ils peuvent trouver, sur un dot ,
150 k 200 œofe de diverses grosseurs , déposés sans antres pré-
paratifs sur le sable ou dans quelque cavité ou sur l'herbe, La
cuisinière en fait des omelettes recherchées.
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tude pour aguerrir contre les peines de cette hasardeuse
existence ; mais c*est surtout en hiver que ce métier de-
vient dur, lorsqu'il leur faut aller à la pèche au chalu,
travail qui se prolonge d'ordinaire pendant trois ou quatre
jours sans être interrompu par la nuit. Malgré ces fatigues,
jamais ils ne s'affranchissent de la loi du jeûne et de Tab*
stinence. Cette vie d'épreuves a pourtant ses plaisirs, et
nous pouvons citer en particulier le grand régal qui cou-
ronne ces expéditions et qu'on appelle la cotériade et
cotriade^ où le poisson en bouUleture tait tous les hon-
neurs. C'est même là ce qui mesure le succès , et pour
savoir d'un Hœdicais ou d'un Houatais si la pêche a été
bonne, demandez-lui s'il y a cotriade : c'est la formule
consacrée, il ne répondrait pas à une autre.
On prend tout autour de Houat, année commune, pour
7 à 800 francs de homards , et à peu près pour 2,000
francs à Hœdic. (Les Hœdicais passent pour les plus expé-
rimentés en ce genre de pêche.) Mais c'est surtout aux
environs des fies Glénans que la pêche des crustacés se
fait en grand. Chaque Hœdicais a pu, pendant les der-
nières années, f n vendre pour 5 à 600 francs (1). On j
voyait près de 200 barques réunies de différents ports ,
chacune montée par cinq ou six marins. Trois ou quatre
caboteurs anglais y viennent acheter tous les homards ou
tailleurs {Astacus marinuSy Fab.) , mais ils dédaignent les
(l)A Hoaat, Si Hœdic , chaque homme dHin équipage peut,
selon sa conduite plus ou moins sage , posséder en caisse , fia
d'année , 5 k 600 francg , frais d'entretien et de noamtore payés.
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langoustes ou gris (Palinurus quadricamis, Fab.) , qui
prennent une autre direction (1). Le jeudi, on se rend
dans un port du continent pour la vente : Houatais à Vannes
et à Auray> Hœdicais à Nantes, après avoir, au besoin,
complété leur chargement à Belle-Ile. Leur vieille salée
est aussi un objet de commerce, mais qui ne va pas au-delà
de Belle^lle, où elle s'échange contre des pommes de terre.
Ils négligent complètement les chevrettes {Cancer SquiUa^
L.) et les boucauds {Crangon tulgaris) , qui sont rares.
Les instruments dont ou se sert pour la péclie sont ; le
ChalUihDragtw^ les Grands- Filets , h Seine j le Trois-
MaiUes et les Casiers. Sous ce dernier nom sont compris
deux engins différents : le premier consiste dans une
planche sur les bords de laquelle des demi-cercles en bois
viennent former berceau ; un filet recouvre ces demi-cer-
cles^ se termine aux deux extrémités par une ouverture
dont révasement dinûaue a mesure qu'elle s'enfonce à l'in-
térieur, offrant, comme nos souricières en fil de fer, une
facile entrée et une sortie impossible. Cet instrument a ,
pour nos pécheurs , une origine anglaise. Après le départ
de ces hétes de circonstance , un Hœdicais rencontra la
carcasse d'un de ces instruments, le reconstruisit en entier,
et fit part aux voisins de sa découverte. Le second repré-
sente une cage en osier ouverte à son extrémité supérieure
et assez semblable à celles que nous donnent les planches
(I) Le Imgage usuel de nos îles est l'inverse du langage scien-
tifique. Une eemblaUe anomalie existe sur la place de Nantes ,
oïl les Bruants sont Verdiert , et les Verdiers s'appellent
Bruants^.
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des pêches de TEncyciopédie méthodique (pi. 45, fig. 5).
— A Texception de ce dernier , qu'on achète à Nantes , tous
les autres instruments sont Touvrage de nos pêcheurs. Ils
tournent même le fil qui doit servir à leur fabrication :
il n'est pas jusqu'aux cordages qu'ils ne préparent de leurs
mains.
Quant à Tappftt dont on se sert , c'est toujours du pois-
son ou des annéiides ; mais chaque espèce a son morceau
de prédilection. Pour les homards, langoustes et cancres,
tout poisson mis dans les casiers les attire ; lorsqu'on em-
ploie l'hameçon , c'est pour les cancres un morceau de
vieille {Labrus, L.); pour les vieilles, au contraire, ce
sont les fragments de cancre, les pestithes {Nereis, Cuv.),
ou les bugues de mer {Bihuegued de nos flois, Arénicole des
pêcheurs^ Lam., Lumbricus marinus^ L.).
Les espèces de poissons pêchées le pltts habituellement
par les Houatais et les Hœdicais sont les suivantes : (I)
NOMS YULGÀIRBS. ROMS BRBTOIfS IfOMS SCIBRTinQCSS.
DANS CES 1LB8.
Alaises. ........... Alezet —
. Aiguillettes Angaeillet Esoas âeloney L.
Bars • Dreinneguet. . . Perça labrax , L.
(1) Pour rendre complète la liste des poissons qui TÎvent près
de nos tics ou qu'on y rencontre accidentellement , il faudrait on
très-long séjour an milieu des péchears. raorais même été très-
embarrassé pour traduire en langue scientifique les noms vul*»
gaircs que me donnaient nos insulaires , si les Annales de la
Société AcadémiquB (1843) n'avaient été enrichi d'un travail sé-
rieux sur les poissons de notre Loire-Inférieure , par un savant
(M. Desvaux) dont Féloignoment sera toujours sensible pour nous*
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Cavales Gavalet — ?
. Charoux Charohet — ?
Ghinchars Checharct .... Scomber irachurus^ L.
Congres CoDgrct Muraena conger^ L.
Corlazos • Courlazet Labtus cornuôius , L.
Demoiselles Damezelet .... — ?
Dorades Toradet Spams avrata , L.
DrevelB Hartet — ?
Grondins Grondeignct. . . Trigla eu eu lus ^ Bloch , et
— Gumadus , L.
Liens Leanncguct. . . . Oadus pollœchius , L.
Moines PesqnetMeneh. Squalus squaiina , L.
Maquereaux Berrelly Scomber scombrus ^ L.
Merlans Merlanet Gadus ruber , Lacép. , et
G, merlangus ^ L.
Merlus Merlcuct Gadus meriuecius , L.
Pelons et Pirlons.... Pelonct Trigla hirun do ^ L,
Plies Plincot Pleuroneetusplatessa^ L.
Posteaux et Poche-
teaux Travantet Rata bâtis ^ L.
Poules de mer Yer-dear Zeus faber^ L.
Prêtreaux Beloyon Aiherina hepsetus,
Quiquets ou Chats de
mer Quiquchct. . . . Squalus aeanthtas^ Gmcl.
Baie Er Bée Raia,
Bougets Bongellct Mullus barba tus , L.
Soles SecUlet Pleuronectus solea , L.
Sourds d'eau ou Trom-
bleurs Trcincriou. Torpédo.
Sturpes Sturpel — ?
Tacos ou Bogues. . . . Tacohct Gadus minuius , L.
Tarzes Tarzet — ?
Turbots Treboutet JRhombus maximus^ Cuv.
Vieilles Grouahet Genre Labrus.
L*algologue rencontre à chaque instant, dans les PauUê
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ou petites flaques d*eau, à marée basse , le Crapaud de
mer {CoUus Scorpius^ L.) , dans le sable le Lançon (Am-
niodytes TobiamiSy Lacép.), et dans le marais d'Hoedic
l'anguille {Muraena AnguiUa^ L.).
La seconde industrie à laquelle ils consacrent leurs soios,
c'est \ MgrieuiitÊrm.
Il n'y a que quatre grands champs, dans chaque tie ; deux
sont cultivés en froment, et les deux autres en petite récolte,
ou laissés en friche pour pâture.
Les espèces cultivées sont : le froment, qui forme la
grande récolte (1), Torge, les petits pois, la jarosse, quel-
ques légumes, le lin et la pomme de terre.
Pour l'opération du rouissage, le lin est, à Hoedic, déposé
dans les douves du grand étang dont nous avons parlé; à
Houat, les habitants privés de cette utile ressource, creusent
dans le sable des ravines des trous où Teau s'accumule ea
quantité suffisante pour cette préparation.
La maladie de la pomme de terre qui, depuis 1845 sur-
tout, attaque si violemment et si universellement ce pré-
cieux tubercule, n'a pas encore fait invasion dans nos îles,
tandis que, à Belle-Ile, si voisine pourtant, l'insistance du
fléau obligera bientôt d'abandonner cette culture ; déjà ils
essaient de la remplacer parle maïs, importation excellente,
due au zèle de M. Trochu, agronome éminentde l'île (2).
(i) A Houat, 400 hectolitres, année commune;^ k Hœdic,
moitié moins.
(2) Les habitants de Belle-De, me disait M. Leclech, vicaire de
Palais, reconnaissent, dans cette nouvelle récolte, plusieurs avan-
tages : les grains servent en farine k faire de la bouillie, et cette
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Tai du chercher quelle pouvait être la cause de cette ano«
malie ; et j'ai cru la trouver, non dans la nature quoique
différente des sols, encore moins dans l'espèce cultivée,
puisque nos insulaires adiètent leur semence à Belle-Ile,
mais bien dans Tépoque de la récolte. En effet, le 8 octo-
bre dernier, on procédait encore à l'extraction des pommes
de terre dans les champs de Belle-Ile, et elles étaient pbbs-
QUBTOUTBS perdue»; quinze jours plus tard, je trouvais les
habitants de Missillac (Loire-Inférieure), travaillant en pure
perte à une opération semblable : toutes itaienê gâtées; —
mais à Houat, mais à Hcedic, elles étaient recueillies de-
puis les premiers jours de septembre, ou même dès la mi-
aoùt, et pas une ne s'est gfttée jusqu'à ce moment. Cette
observation vient confirmer la justesse des instructions de
H. Neveu-Derotrie , inspecteur d'agriculture de la Loire-
Inférieure , dans son rapport au Préfet , en date du 2 août
1846 (1).
farine est très-nourrissante \ les feuilles vertes servent de nourri-
tare aux bestiaux pendant la moisson ^ l'enveloppe de Fépi est ex-
cellente pour paillasse, et se vend 1 fr. 50 k 2 fr. le sac^ les tiges
sèches, broyées et données en cet état, sont recherchées de tous
les bestiaux; chaque grain rapporte 900 à 1000 pour 1 ; k peine le
cultivateur, snr 3 années, en compte-t-il une mauvaise, due an dé-
font de chaleur.
(1) Des expériences faites pendant deux années, par un fermier
de H. Pleury, maire de la Ghapello-sur-Erdre (Loire-Inférieure),
donnent un nouveau poids k cette opinion : 11 a planté dans un
champ des pommes de terre provenant de même semence. Dans
la moitié du champ , il a arraché ces tubercales lorsque les tiges
étaient encore vertes, et le reste dans l'autre moitié lorsque lesti-
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— 534 ~
La mer, dans son inépuisable richesse , fournit au sol in-
sulaire la presque totalité des engrais que le cultivateur da
continent obtient de ses bestiaux. La Zastére (Curse) , les
algues du genre Larninaria (Cornait) et les plus petits va-
rechs couverts, les uns et les autres, à leur base, de mol-
lusques, corallines, sertulaires et autres zoophytes, sont
jetés à la côte dans les gros temps. L'usage de les stratifier
avec de la terre pour en obtenir, à la longue, un compost
noir tout à fait semblable au fumier des fermes, est in-
connu dans les deux îles. Ils sont employés sous les bes-
tiaux comme litière après avoir été parfaitement séchés;
c*est ici la base de l'agriculture, et, sans le goémon , bi cul-
ture serait presque nulle. Cet engrais a un mérite tout par-
ticulier : c'est qu'il ne porte point avec lui les germes de
cette foule d'herbes nuisibles, dont le fumier des étables
infecte souvent la terre et que le cultivateur a tant de peine
à détruire.
La cendre de goémons sert aussi à amender les terres.
Les Fucus serratus {Chubelen, balai), Vesiculosus
(TarheCj qui craque dans le feu) et Nodosus (Huitel,
sifflet) , ont une autre destination. Les femmes vont les
couper sur les rochers découverts à marée basse , les éten-
dent ensuite sur la côte pour les faire sécher. Débarrassés
par les eaux pluviales des sels qui apparaissent à leur sur-
face, ils seront entassés dans les greniers et devront servir
ges étaient eatièrement desséchéea. Pas un de ceux qui ont été ir*
rachég avec les tiges eneore vertes n'a été attaqué et ne s'est cor-
rompu.
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de bois de chauffage ou , plus rarement , de litière aux bes-
tiaux. Cette provision, qui offre de si grandes difficultés à
Houat, où les femmes ordinairement obligées de la faire
doivent souvent gravir, la tète chargée de varechs, une
côte abrupte de 10 à 20 mètres d'élévation, devient facile
à Hœdic : la mer ly entasse près de la chaussée de
Porh Bras , et principalement à Porh Lmiid et à Porh
Pamac.
Un autre genre de combustible bien connu sur presque
toutes nos côtes et peut-être, en général , dans les pays dé-
pourvus de bois, et dont nous pourrions retrouver Tusago
jusque dans TÉgypte, est également employé dans nos
îles : je veux parler des excréments de bœufs et de vaches.
Les bouses y ramassées sur le terrain, sont séchées sans au-
tre manipulation et brûlées telles. Mais, en été, on en re-
tire aussi des écuries, on les mélange avec la balle de fro-
ment, on les pétrit, on les façonne en gâteaux ronds et plats
que Ton fait sécher contre les murs. Le feu en est meilleur;
mais on en fabrique à peine pour brûler pendant un mois
ou deux ; tout le reste est employé à faire du fumier.
Le règlement (CA. 3, § 4) contient une excellente me-
sure de salubrité: c'est la défense d'établir les fumiers au
sein du village; mais cet article est abrogé, sinon de droit,
au moins de fait, car les fumiers se trouvent dans le ha-
meau.
Ce n'est point à l'aide de longues perches, ni de fléaux,
ni de rouleaux que les Hcedicais et les Houatais font sortir
de son épi le grain de froment. Ils préfèrent l'usage antique
du dépiquage j bien connu encore dans nos contrées méri-
dionales, c'est-à-dire l'égrenage fait au moyen du piétinc-
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meut des animaux. En Judée, le bœuf avait ce privilège;
ici , le cheval seul est chargé de ce service, et nos pécheurs,
aussi humains que le législateur des Hébreux, lui laissent
volontiers prendre quelques bouchées des produits de cette
terre qu'il a fécondée par ses fatigues et ses sueurs : sa ra-
tion est même doublée en raison de ses travaux. On trouve
dans ce mode d*opérer les avantages, sur le fléau, d*une
plus grande vitesse et de l'amélioration de la paille pour la
nourriture des bestiaux. — La nécessité de présider dans
Taire et de faire manœuvrer les chevaux , opération peu
poétique, a cependant inspiré la muse d'une jeune fille
d'Hœdic,
Car que faire en une aire k moins que Ton ne chante 5
elle a donc chanté, improvisant paroles et musique; et une
a)nmr%ai\on avec son cheval sur les travaux de l'île (1) lui
a fou/ni 52 couplets ou 208 vers, conservés manuscrits.
Je me déclare incapable d'apprécier son mérite littéraire ,
car je suis réduit à dire ce qui me fut souvent répondu lors-
que je faisais entendre à ces oreilles bretonnes une inter-
rogation en langue française : n'antand quet , n'antand
quel.
Mj'éat§eaHow% ae9 be9iiat§œ est aussi une de leurs
principales industries (2). Â Houat,annéecommune,oneu
(1) Devis être Pelagi ha marh Antoine^ e tomein guet
loéson.
(2) A Houat, 29 taureaux, 44 bomfe, 64 vachea, 57 génisses;
35 k 40 porcs en été , en hiver tous au charnier; 38 chevaux eur
tiers. — A Ilœdic, 12 taureaux , 40 boeufs, 60 vaches ^ 80 gé-
nisses ; 40 k 45 porcs en été \ 40 chevaux entiers.
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vend pour 1,500 k 2,000 fr. ; mais , chaque année aussi , on
en perd à la côte ou par maladie au moins pour 600 fr. ; la
perte s'est éle?ée quelquefois à 1,200 fr. A Hœdîc , on en
vend autant qu'à Houat, mais on en perd moins , grftces
à la moindre élévation des côtes. '
Les bestiaux se nourrissent comme ils peuvent dans les
cbamps ou dans les falaises, cherchant quelques brins
d'herbes épars parmi les ajoncs ou les Epkedra (Paumian)
qu'ils foulent aux pieds. Quand les récoltes sont faites ,
rtleenttère leur est abandonnée et se transforme, pour eux ,
en une vaste pâture où ils errent en liberté. Dans tout
autre temps, les Hœdicais ont adopté, sur leurs parcelles,
la noéthode de la pâture au piquet , système rarement suivi
à Houat. Les Hœdicais y trouvent les avantages suivants :
Nourriture d'un plus grand nombre d'animaux sur une
même étendue de terrain ; possibilité de les faire paître
dans de petites parcelles herbeuses sans exiger la présence
constante d*un gardien ; facilité de récolte des matériaux
qui, après dessication, deviendront bois de chauffage.
Les bœufs et les chevaux ont seuls , les jours de travail,
un supplément. Cependant on recueille un peu de foin sur
les tlots Er Valhum (1) > Er Valhuec et Er Senis. La paille
de froment leur est aussi conservée , de même que les
mauvaises herbes qu'on enretire. La paille de jarosse, celle
des petits pois, les algues, et, pour être complet, les
(1) Les HoBdicais et les Houatais en jouisseiit altenatiTement
pendaDt une année entière. Sents est aujourd'hui un lieu de dé-
portation pour les chevaux de Houat méchants ou voleurs*
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ajoncs piles , voilà la nourriture du bétail. Aussi maigrit-
il pendant tout Thiver; mais le pâturage vient à bonne
heure dans nos îles , et , au printemps , il y a abondance*
Alors aussi les apophyses des vertèbres, naguère saillantes
et décharnées , disparaissent bientôt sous un voile soyeux
et étoffé. Aux mois de mai et juin, le bétail a jeté sa robe
d'hiver et repris tout son éclat. C'est aussi la saison des
foires , et nos insulaires en ont une qui porte le nom de
foire de HowU. Elle se tient sur la côte de Rhuys, le 24
mai. « Les deux flotilles des chaloupes de Houat et
» d'Iiœdic, nous dit H. A. de Francheville, chargées de
» bestiaux, appareillent à la même heure et s'efforcent de
» voguer de conserve afin d'arriver en même temps à la
» petite crique de Porh Maria (et si le vent est favorable a
» Porh Sont Jàq) en Saiut-Gildas. Pour faire ledébar-
0 quement, les bestiaux sont jetés à la mer et recueillis
» ensuite sur le rivage. Avant d'être mis en foire , ils sont
D conduits dans deux prairies séparées, qui sont la propriété
a de chacune des deux îles et qui ne leur servent que ce
j» jour. Ceux qui n'ont pas été vendus , ce qui arrive rare-
» ment, sont menés, le 28 mai, à la foiredeSaint-Co-
^i lombier, enSaraeau, » et plus fréquemment ramenés
dans Tiie.
Quand Thiver est rude , ce qui n'arrive pas souvent^ les
bestiaux sont à plaindre. Les bœufs et les vaches (1) sont
logés sous des toits ; mais les chevaux ne connaissent au-
cune espèce d'asile, excepté quand les neiges ou les glaces
(t) Chacune peut donner trois litres de lait par jour.
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couvrent le sol , car alors ils sont plus exposés à tomber à
la côte. II n'y a , dans chaque île , que des chevaux en-
tiers. L'habitude de ne les amener presque jamais à Té-
curie , mais de les laisser passer hiver comme été , la
nuit comme le jour^ en plein air, le peu détendue de
riie, la pente abrupte des côtes qui ont, en quelques en-
droits , près de trente mètres d'élévation , rendent cette
mesure nécessaire. On achète au continent de jeunes pou-
lains pour remplacer ceux qui ont péri , car malgré la
sage précaution dont je parle, chaque année les habitants
ont à déplorer la perte de quelques compagnons de labou-
rage.
Le naturaliste peut vérifier à son aise, sur ces ilôts,
les curieuses observations que Sanchez , médecin des ar-
mées russes , communiquait à Buffon , sur les mœurs des
chevaux vivant en liberté. Ces animaux se sont partagés
entre eux en différentes compagnies qui paissent par bri-
gades, sans se séparer ni se mêler. Chacune de ces troupes
a un cheval chef qui la commande et la guide. On le voit
très-vigilant , toujours alerte , et il fait de temps en temps
le tour de sa petite troupe. Toutes les fois qu'un nouveau
poulain, amené du continent, débarque dans l'île, vite
chaque chef vient à la tête de sa compagnie disputer à
ses concurrents la possession de la nouvelle recrue. Ils
galopent vers lui, passent et repassent à ses côtés, le ca-
ressent et l'appellent par des hennissements prolongés. Si
ces procédés affectueux n'ont pas de succès, les chefe ja-
loux en viennent à un combat singulier, où les dents et
les pieds, armes redoutables , ftont maniées avec prestesse
et force. La victoire est-elle indécise? Les chefs appellent
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à une mêlée générale tonte la troupe sous leurs ordres.
Un mouvement de queue, un son- qu'on ne peut convena-
blement traduire , voilà le signal. Le chef s'élance avec sa
compagnie pour rompre les rangs des heureux qui déjà
ont entouré le poulain , cherche à le jeter d'un coup d'é-
paule hors de la troupe rivale pour s'en emparer à son
tour, et fait tousses efforts pour maintenir la victoire et
assurer sa conquête. Le jeune arrivant est ainsi disputé,
enlevé, repris; et ces manœuvres durent plusieurs jours,
c'est-à-dire, jusqu'à ce que le nouveau débarqué ait déci-
dément fixé son choix et adopté une compagnie. Pendant
cette longue lutte, le pauvre poulain, harcelé de tous
côtés , n'a pas le loisir de contenter la feim qui le tour-
mente. — La jalousie parmi ces chevaux est poussée au
point que si l'on vient à caresser un cheval d'une maison
sans avoir les mêmes prévenances pour son commensal , le
cheval méprisé mordra son maître ou battra son camarade.
— Jamais on ne voit les chevaux descendre à la mer pour
y boire ou pour s'y baigner. Quant aux vaches, on les ren-
contre souvent sur le bord du rivage occupées à manger
le goémon frais qu'elles ne dédaignent pas.
Dans ces occupations que nous venons de décrire , cha-
cun a sa part. Aux hommes seuls appartiennent les aven-
tureuses expéditions de la pêche , ainsi que celle de la vente
de ses produits. C'est aux femmes de veiller sur le bétail
et de labourer la terre; mais, quoîqu'en dise Ogée, les
hommes les aident beaucoup. Dès qu'ils peuvent rester
quelques instants sur l'fle , ils s'empressent de partager les
fatigues de leurs compagnes, surtout à l'époque des se-
mailles, ou de la récolte, ou des différents labours pré-
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paratoires qui ont lieu trois ou quatre fois par an pour
la partie en friche. Quand les travaux des champs sont
finis, les femmes filent^ tricotent ou cousent pour ]a mai-
son , et n'ont pas le temps de s'occuper à &ire des filets
pour aller les vendre au continent. Les jeunes filles et les
enfiints se rendent à marée basse sur les rochers pour y
recueillir les Bemics {Patelles), qui , crus ou cuits « servent
à Talimentation des cochons, animaux qui ne sont pas
pour eux une branche de commerce, mais un simple
objet de consommation. Lorsque les sangsues abondaient
dans le grand marais d'Hœdic, les habitants trouvaient
encore une ressource dans la vente de cette annélide , mais
elle y est devenue rare et d'un bien petit bénéfice.
5.® ÉTAT sAHiTAiBS. — « L'abuégatiou de tous les vices,
j> une vie laborieuse , la frugalité , la salubrité de Fair et
» la bonté des eaux, les font jouir d'une santé constante,
» d'un corps robuste et de la longévité qui en est la suite. »
J'applique ce passage d'Ogée (art. Houai) aux deux îles,
car je ne puis ajouter avec le même auteur (art. H<Êdk) ,
que les Hwdkais sofU faibles et tnalsaiiis. Les assertions
dont il cherche à fortifier son opinion méritent, du reste,
qu'on s'y arrête un instant. «rj£'air> dit-il, y est très-mal'^
» «otn, et cette insalubrité est occasionnée par un marais
j» d'eau douce qui assèche dans les moindres chaleurs.
» L'eau de la mer s'y mêle dans les grandes marées, mais
» en très-petite quantité, et ne sert qu'à augmenter la
ji corruption, qui devient quelquefois si considérable, qu'on
» a vu dans la dernière guerre (1761 sans doute) les dé-
M tachemenls de trente hommes que la garnison d'Auray y
» fournissait et que l'on relevait tous les quinze jours, en re^
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— 542 —
» venir attaqués presque totalement de fièvres violentes,
)) dont plusieurs soldats périssaient. Les reptiles, soitoat
» les crapauds, s*y multipliaient au point que les soldais
» et les habitants s'en trouvaient couverts à leur réveil.
» Toutes les poches en étaient pleines , et ces animaux pé-
» nétraient jusque dans les marmites; aussi les Hœdicais
» sont faibles et malsains. »
Lorsque, dans mes causeries avec les Hœdicais aux for-
mes musculeuses et athlétiques , je leur lisais ce passage,
les uns laissaient errer sur leurs lèvres un sourire malin
et ironique, et reléguaient ce récit parmi les contes; d'au-
tres, prenant la calomnie au sérieux, défendaient chau-
dement le lieu qui les vit naître. L*air, me disaient-ils,
ne peut être malsain ici ; voyez le peu d'étendue de notre
île , elle a à peine un kilomètre de large dans la partie
où se trouve le marais; celui-ci n'a que 2,500 mètres de
circonférence; il est exposé au souffle de tous les vents;
Fair de l'Océan est toujours agité ; voilà au moins un ob-
stacle au séjour des miasmes, ils auraient pu me citer
leurs Annales , qui ont eu soin de constater les années où
pas un Hœdicais n'avait payé le dernier tribut à la nature;
et cette note était souvent répétée et même quelquefois
trois années de suite. Ils regardaient la maladie de leur
garnison comme une fable inventée par les soldats, ap-
puyée par le chef subalterne qui les commandait , pour
discréditer un rocher sur lequel aucune de leurs passions
ne trouvait d'aliment. Les chirurgiens-majors de nos ar-
mées pourront dire si cette supposition est trop hasardée,
et si bien des fols de pareilles ruses, pour arriver à une
fin analogue , n'ont pas été employées. — Pour ce qui est
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~ 543 —
des crapauds {Bufocàlafnila, L.), nos villageois avouaieût
qu'ils sont communs, mais ils soutenaient aussi , avec rai-
son , qu'ils le sont tout autant sur toutes les dunes du lit-
toral de la Bretagne et de La Rochelle , et se plaisaient
à proclamer quils ne sont pas venimeux.
Quant à l'habitude de se loger dans les poches et de
grimper dans les marmites , il paraît que ces pauvres ba-
traciens y auraient renoncé, du moins depuis Ogée;
exemple frappant de politesse et de civilisation erapau-
dienne que devront citer les quelques philosophes qui font
au genre humain le curieux honneur de descendre d'une
grenouille. J'ajoute : bien loin que le fait avancé par Ogée
puisse être prouvé et qu'on doive admettre comme légi-
time la conclusion qu'il prétend faire ressortir, des re-
marques par&itement contradictoires ont été faites pres-
~ qae en même temps que lui par un autre observateur. Les
Hœdkais^ dit Expilly (i), conservent la force et la vigueur
des hommes des premiers siècles ; ils sont bien constitués
et presque tous de tris-grande taille. M. A. de Franche-
ville confirme cette dernière opinion en disant que la po-
pulation y est mime plus belle que dans VUe voisine. Bien
plus , les chiffres d'Ogée môme viendraient péremptoire-
ment défendre l'innocuité du marais et des crapauds. En
{i)Dicf, géog*^ hisl. et politique des Gaules et de la France ^
Paris, i 762, article Beile-Isie^tX Amsterdam, 1 764, article Hœdic.
Gel auteur ne donne qae 50 hommes ( lisez ménages , pour èkro
d'accord avec Ogée) k Hoaat, et 30 k Hœdic. — Bouillet , Dici,
univ. d'Hist. et de Géog.j 3.» édit- , 1845 , mcnlionne k Iloaat
VOO babilants. Évidemment, c'est par trop fort.
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effet , cet auteur donne à Houat 160 habitants , et aujour-
d hui an en compte 226 ; le nombre 250 pour Houat se
trouve en ce moment réduit à 220.
Les Annales des deux îles nous expliqueront ces diffé-
rences : de temps en temps de désastreuses épidémies ,
surtout chez les en&nts , y sont indiquées ; je signale en-
tre autres pour Houat, 1795 (fièvre putride : 13 décès ) ,
1825 (fièvre typhoïde : 7 décès) , 1845 (grippe et scarla-
tine : 15 décès) , 1848 (fièvre typhoïde : 8 décès. Les ou-
vriers du fort eurent autant de victimes parmi eux ) ; —
pour Hoedic, 1777 (variole)^ 1842 (scarlatine). Le choléra
n'a fait jusqu'ici aucune apparition dans ces deux Oes.
Si 1 habitude de la navigation et Tair vif que recréât
nos ilois contribuent à développer chez eux la force et b
vigueur , avouons aussi que ces mêmes travaux et Tusage
des salaisons occasionnent quelquefois des affections her-
pétiques ou scorbutiques. Les moyens hygiéniques qu'ils
emploient , et peut-être par dessus tout , l'usage si fré-
quent de la pomme de terre , aliment sain et nutritif et
de plus préservatif excellent , si l'on en croit les obser-
vations de M. Rio , curé d'Hœdic , et les expériences de
M. Roussel de Vauxème , rendent le scorbut rare parmi
eux et sans terminaison fâcheuse.
6.*» PBiNCiPES ET CABACTÈBE. — N'cu déplaise au phi-
losophisme , ces bonnes gens sont encore convaincus que
le prêtre en qui ils personnifient la religion , peut suppléer
à la maréchaussée et conserver la paix et le bonheur au
sein de la société et de la fitmille ; et partout ils préco-
nisent la religion comme la meilleure serrure de sûreté.
Leur gros bon sens les empêche de comprendre une so-
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ciéié qui nie le ciel et l'enfer, et qui ne laisse à rbomme
ici-bas d*autre félicité suprême que celle de For et des jouis-
sances. Sous l'empire de ces principes fondamentaux, le vol
est inconnu chez eux. Les objets perdus sont suspendusà la
porte de l'église ou à la barrière du cimetière où le
propriétaire vient les retrouver. Les verroux, les ser-
rures sont encore inutiles pour eux ; et si les portes des
maisons sont quelquefois fermées , c'est contre le vent et
jamais comme garantie contre des malfaiteurs indigènes.
Avouons, cependant, que les idées de progrès, comme
on les appelle dans un certain monde, commencent à
pénétrer dans le pays, surtout à Houat. Naguère, on en*
tendait les Houatais se menacer à la manière des enfants :
Oh I je le dirai au recteur, tu verras , toi : Afe larau d'er
Person^ te huilou^ îaû. Maintenant on commence à rire
de ces menaces, mais on commence aussi à sentir le
besoin des serrures ; encore un peu de ce progrès, et nous
verrons que la présence d'une brigade de gendarmerie
sera indispensable pour rendre les gens vertueux. La cm-
lisation tris-avancée et toute proudhanienne de plusieurs
ouvriers des fortifications n'est pas venue, depuis trois ans,
démentir l'importance de la religion. Nos insulaires se sont
applaudis plus d'une fois d'avoir, par prudence^ muni leurs
portes de serrures contre des gens qui n'ont d'autre Dieu
que leur ventre.
A Sparte , on exposait un esclave dans un état d'ivresse
complet , aux yeux des enfants , pour leur inculquer de
bonne heure l'horreur d'un vice qui ravale l'homme au-
dessous de la brute. A Houat , à Hœdic , depuis les tra-
vaux des forts, nos ilois grands et petits ptuvent, et le
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~ 546 -
jour de la paie et les jours suivants , jouir d'un semblable
spectacle et profiter des mêmes leçons. Quelle besogne ,
grand Dieu ! pour le curé-maire, s*il devait faire observer les
lois de TAngleterre, où tout individu trouvé sur la voie pu-
blique, en état d'ivresse, est mis en prison et paie la-
mende ! Cette conduite n*a pas donné à nos pêcheurs une
grande idée des nouveaux venus , et le bon sens popu-
laire a bien vite baptisé, à Hœdic, la maison isolée où se
retirent ces travailleurs , du nom de Maison perdue. Di-
sons, toutefois , avec bonheur, qu'il est dans ce ramassis
d'honorables et nombreuses exceptions, et on les retrouve
surtout (ce qui confirme ma thèse) dans les Bretons breton-
nants, qui croient encore en Dieu et observent les pratiques
de la religion de leurs pères.
A Houat , à Hœdic , une naissance illégitime est chose
inouïe ; jamais un scandale n'est venu affliger ce pays. Le
Houatais , THœdicais ne connaît que les chastes joies du
foyer domestique ; il u*a d'autres maximes que celles de
son décalogue et les prescriptions de son recteur ; il sort
sans inquiétude de son tle ; la religion de son épouse lui
répond de sa fidélité. Si , sur d'autres points de la France
où l'absence de toute croyance religieuse se &it remar-
quer, la jalousie a le droit de réclamer des autels, ici ce
culte est inconnu, et le parfum des mœurs patriarcales em-
baume encore nos tlots avec le Lys d" Houat.
II est inouï qu'un homme ait frappé sa femme ; celle-<i
tient la bourse , mais elle en délie facilement les cordons
pour les menus besoins du mari ^ et une entente cordiale th-
gne toujours au sein du ménage. La proposition Crémieux,
pour le rétablissement du divorce, accueillie avec tant
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d^enthoQsiasme par les Viiuvimnes de Paris, appuyée par
quelques incomprises et quelques époux mal assortis, ne
troorerait, dans nos ties, aucun écho, aucune sympathie.
Les hommes et surtout les femmes se disputent quel-
quefois , mais jamais leur bouche ne se souille de paroles
obscènes ou injurieuses, bien moins encore a-t«-on recours
à des procédés plus violents. Aussi , de mémoire d'homme ,
il n'y a pas eu une aflkire de justice à Hœdic ou à Houat,
pas même devant le juge de paix.
Est-il question de mariage? Le jeune homme qui a fixé
son choix, longtemps avant de &ire les premières avances
pour obtenir la main qu'il convoite , s'efForce de se recom-
mander par sa piété, sa bonne conduite, son assiduité au
travail, son habileté dans les choses de sa profession et
dans les affaires , par ses services c«>mplaisants et ses res-
pectueuses prévenances auprès de ceux dont il ambitionne
d'être le gendre , enfin par les cadeaux qu'il leur feit, mais
tout cela sans jamais leur dévoiler le secret de son cœur.
Si tout est reçu de bonne grâce, il envoie, en temps con-
venable, sa mère, ou, à son défisiut, celle qui lui en tient
lieu, formuler sa demande, et il réussit toujours. Un repas
vient à la suite, où les deux futurs et leurs parents les plus
proches sont les convives obligés. C*estlà que, vers la fin
du régal , le jeune homme reçoit des anciens, la permis-
sion de déposer un baiser sur le front de sa future : c'est
le signal du consentement public des parents et des en-
fiints. — L'unique jour de la semaine où se célèbre le ma-
riage , c'est le mardi. Comme ici la religion s'associe à tout,
le dimanche qui précède réunit d'abord au banquet mys-
tique qu'elle dresse pour ses fidèles ceux dont elle va,
plus tard , consacrer les indissolubles liens*
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— 548 —
Le même pasteur qui doit les bénir en son nom , cette
fois fonctionnaire civil , dans la représentation de ta
charge , recevra, au nom delà loi « leurs mutuels sermeDt&
— A Hoedic, le lendemain, vers le soir, une vingtaine de
jeunes filles, dans tout Téclat de leur costume , se rendent
sur deux lignes au presbytère, où, introduites dans la
salle, elles se rangent en cercle, et la plus digne, élue par
ses compagnes, porte la parole au nom des futurs conjoints.
En voici la formule invariable : M. le curi^ nous vanoni,
de la part de.... et de...., vous prier d^ avoir la bonté de
célébrer demain la sainte messe pour eux , et de leur domur
la bénédiction nuptiale ; ils vous conjurent aussi d'éirei
bon pour les honorer de votre présence au déjeuner <
sitôt après l'office. La réponse du curé est suivie d'une
courtoise révérence , et la troupe se retire aussitôt et n
porter Tinvitation ailleurs, en commençant par les plos
notables. — Enfin le jour de la solennité a lui. Dès sept
heures du matin , le garçon est conduit à Téglise par b
main de sa mère ou de sa sœur , tandis que , d'autre part ,
le père ou le frère de la jeune mariée lui rendent le même
service.
Ce n'est qu*au signal de la cloche que le peuple s*y
rend à son tour. L*affluence est nombreuse et ohacoo s'y
produit dans ses habits de fête ; la religion elle-roèrae y
déploie les siens et y étale en même temps toutes les
pompes de ses plus grands jours. — La joie, du reste,
ne se manifeste jamais avec plus d'éclat et d'une manière
plus bruyante : aussi , lorsque la cérémonie achevée , le
prêtre aura franchi le seuil du temple, il sera accueilli par
une salve demousqueterie. Quelques minutes après son pas-
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sage, le même honneur attend également et accompagne
les deux époux, qui se rendent au presbytère en se donnant
le bras. Là , après leurs devoirs rendus au curé , leur
marche triomphale recommence, et le pasteur vénéré «
entouré de son peuple , leur forme cortège et se rend avec
eux à la demeure de l'épouse pour prendre part au
déjeuner, où les deux maisons alliées sont seules ad-
mises d'ailleurs. — Mais , à midi , la table s'agrandit , et
c'est alors que viennent s'y asseoir les nombreux invités
de la noce , servis par une jeunesse d'élite. Après ce repas,
qu^assaisonne nécessairement la tempérance et l'honnêteté,
pendant que les hommes oublient les dernières heures du
jour dans l'exercice du jeu de boules , les mariés et les
jeunes filles , marchant deux à deux à leur suite, parcou*
rent les sites les plus agréables de l'île , en chantant les
cantiques de leur naïve piété , ou en se donnant d'inno-
centes récréations. L'ivresse , les hideux blasphèmes , les
cyniques propos qu'elle inspire, les colères dégoûtantes
qu'elle provoque , les danses folâtres , les chants lubriques,
les indécentes libertés, qui sont partout ailleurs d'une
pratique ordinaire , sont autant de choses inconnues ici.
Jour qui compte pour la vertu et où sa dignité ne subit
aucun échec , il sera couronné comme tous les autres par
la prièrt cxmimuiM à la maison d'école , car rien n'y est
dérangé de l'ordre accoutumé. — A Houat , le recteur
n*assiste pas au déjeuner des époux ; mais ceux-ci, après
leur dîner , s'empressent de venir lui rendre hommage et
prendre le café qu'il est dans l'usage d'offrir en cette cir-
constance.
Qu'un navire en détresse réclame du secours , nos iu-
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— 3B0 —
suiaires feront briller d'autres vertus. Prêts à toute heure
à faire preuve du dévouement le plus aveugle , ib s'é-
lancent au milieu de ces affreux rescib qui défendent et
protègent leurs lies et qui sont trop souvent de funestes
écueîls pour les étrangers. Le curé dirige les opérations
de sauvetage ; les femmes tremblantes sur la grève sui-
vent tous les mouvements des chaloupes et des hommes,
et accompagnent de leurs prières et de leurs vœux les
généreux efforts qu1ls font. Souvent ils sont couronnés de
succès. C'est ainsi, entre autres, que seize Hoedicais, sous
les yeux de leurs femilles alarmées , en se précipitant dans
les flots, au plus fort de la tempête, eurent le bonheur,
en moins de vingt minutes , d'arracher à la mort vingt-
sept marins, dont les forces épuisées luttaient en vain
contre h vague en fureur (1). Vous les verrez rendre, avec
une piété touchante, les derniers devoirs aux cadavres
des infortunés qui ont péri dans le naufirage, mettre re-
ligieusement en réserve, pour les rendre à qui de droit,
les effets qu'ils ont sauvés^ et accueillir avec bonheur
ceux qu'ils ont arrachés vivants à la fureur des flots, et leur
prodiguer les soins de l'hospitalité la plus empressée. Us
ne connaissaient pas les froids calculs de Tégoîsme quand
il s'agissait d'exposer leur vie ; ils ne s'épargneront pas
lorsqu'il faudra s'imposer des privations , au risque d'af-
fiuner l'ile. Mais l'administration de la marine ne pour-
ri) Le ministre de la marine , pour récompenser cet acte de dé-
vonement, flt remettre au cnré 50 fr. qu'il devait garder k titre de
gratification , et 320 fr. qu'il devait distribuer aux seize Hœdicais,
qui avaient bien mérité de l'humanité.
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rait-elle pas seconder efiScacement le zèle de ces insu-
laires , empêcher la disette de vivres qui survient trop
souvent après le séjour prolongé que les naufragés sont
quelquefois contraints d'y &ire , en établissant dans cha-
cune des deux tles un petit dépôt de biscuit et de sa-
laisons? J'abandonne aux appréciations de sa philanthropie
ce vœu qu ont souvent exprimé devant moi des capitaines
de Belle-Ile. Une distinction bien flatteuse pour les habi-
tants, ce fut, en 1842 , la création d'un syndicat confié au
patriotisme de leur pasteur.
Dans leurs marchés, dans leurs rapports, toujours fran-
chise et loyauté ; entre eux union parfaite, qui se traduit
par l'empressement à se rendre service et par la familiarité
des procédés: ils se tutoient tous. C'est une famille de frères
qui tous respectent un même père et lui vouent attache-
ment filial, politesse et prévenance. Outre la part qu'ils lui
font dans tout produit public de l'île, ils lui cèdent de bon
cœur sa part de jonc et de fougère. Ils ne lui permettent
pas de chauffer le four à son tour, et, si besoin est, toutes
les charrettes et les bras sont à son service. Chaque famille
lui envoie un peu de paille et de grain. Dans le temps de
la pèche, il ne manque jamais de poisson. Â Hœdic, sa pe-
tite provision de lard se fait en deux vendredis consécutifs,
jours consacrés à l'immolation de ce pachyderme; qua-
rante-quatre porcs sont ainsi égorgés, car chaque famille
a le sien. Le samedi soir, un membre de la iiamille apporte
au presbytère un morceau de lard cru accompagné du sel
nécessaire pour le saler; le dimanche matin, c est le boudin,
et le soir du même jour, c'est le lard rôti. — Ils sont géné-
reux à l'égard de leur pasteur, surtout à Hœdic; mais
celui-ci, dispensateur sage de son superflu de circonstance.
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ne doit pas être, à la (In de Tannée, plus riche qae le der-
nier de Tîle.
Le pasteur est aimé, car il est leur consolateur. Qu'une
tempête s'élève, que Tabsence de quelques marins se pro-
longe, ou que d'autres accidents surviennent, tout est calme
dans nie, si le curé est présent; s'il n'est pas là, l'agitation,
la mélancolie, le désespoir s'emparent des cœurs et
tourmentent les esprits. Vient-il à s'absenter, c'est à qui
sera admis à porter ses effets ou ses petites provisions de
bord, et dès qu'on hisse les voiles, on lui crie du haut de
la dune : Bon voyage, beau temps, prompt retour : Boyage
vadj amzer vad, bean in dro. A son retour, il est assiégé
de questions sur son voyage, pendant qu'on s'empresse de
lui rendre les mêmes bons offices qu*à son départ.
11 est aimé, car défenseur-né de leurs intérêts tempareb
et spirituels, il a toujours cherché à améliorer leur sort,
malgré les oppositions que quelques étrangers ont essayé de
faire naître, et il a pris à tftche, en toutes circonstances, de
donner à ses enfants des preuves de son dévouement.
Laissez-moi, Messieurs, pour abréger cette lecture, pas-
ser sous silence les travaux entrepris à Houat, même ceux
du port, qui demandèrent plusieurs années de travail; je
vais me borner à vous esquisser ceux d'Hœdic seulement.
Les cendres des ancêtres reposent à l'ombre de la croix
et de l'église ; mais ce champ du repos avait un mur d'en-
ceinte, que le temps et les bestiaux avaient endommagé en
plusieurs endroits: ces animaux venaient y paître et jouer
parmi les tombes, sur lesquelles nos pieux villageois vont, à
la sortie des offices, prier et s'inspirer des vertus de leurs
pères. Il suffit au curé de rappeler le respect qu'on doit
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— 353 —
aux morts , hommes, femmes, enfiints, vieillai-ds se rendent
à la côte, réunissent des matériaux, et en sept jours de tra-
vail un mur d*enceinte en qranii protège les ossements de
leurs aïeux.
Dans un autre ordre d'idées, nous trouvons la tiiéme
ardeur. — Le grand étang, ressource si utile pour les ha-
bitants auxquels il fournit les matériaux de toiture (joncs et
roseaux)^ était aussi sans clôture. Les bestiaux allaient y. man-
ger les jeunes roseaux, briser leurs tiges et occasionner des
pertes considérables. Le recteur fait encore appel à leurs
intérêts et à leur bonne volonté; il donne lui-même Fexem-
ple du travailleur, accorde des prix à ceux qui se mettent
les premiers à Tœuvre, et en deux campagnes (1840 et 1 843),
le marais est à couvert des incursions et des ravages des
bestiaux(l). — Une opération du même genre, pour faci-
liter la surveillance des mc^mcs animaux à la pâture, ren-
ferme douze hectares de falaise. C*est Taflaire de trois
semaines. — Autre fait : La source qui fournit à toute la
population une eau si bonne et si abondante (2), était
(1) Le temps disponible pour les travaux publics est depuis le
■UNS de novembre jusqa'k la fia dejaavier {JUègL a*llœdic^ art.
!•). — Depuis le commeDcemeut de décembre josqu'an mois d'a«
vril ou de mai, on s'occupera des travaux qui seront jugés les plus
avantageux au bien général, autant que les occupalions particu-
lières laisseront de temps libre pour y vaquer [RègL de Houaf^
cb.3,§l.)-
(3) Pendant les travaux de maçonnerie, douze personnes ne pou-
vaient épuiser la source^ rintamiptioD nécessitée par le dîner, exi-
geait ensuite le travail de quarante personnes. Pendant la sécheresse,
habitants et ouvriers du fort y ont eu recours, et Teau avait toujours
plus de trois mètres de profondeur.
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continuellement souillée par les pieds ou les excréaients
des animaux. Le pasteur craint pour la santé des habitants.
Nouvel appel; et au bout de cinq semaines de travail, un
escalier très-commode conduit à la source, un beau mur en
granit l'environne et la protège et contre les animaux et
contre le sable ou les Panicauts que le vent y précipitait.
Ce fut un beau jour de fête, le 8 septembre 18 Vi, lorsque ce
puits du lUûrier {Punce er Yauyaren) fut achevé et dédié à
la Sainte-Vierge. Il devait son nom primitif au voisinage
d'un vieil enclos planté de mûriers.
Mais voici un travail bien plus gigantesque. Les ruines
de la vieille chaussée n*abritaient plus les chaloupes dans
les tempêtes, et comme, à mer basse , elles sont échouées
sur le sable, elles éprouvaient, dans les coups de mer,
de fortes avaries. Une reconstruction complète et plus
solide était urgente. Mais des objections se présentent de
tous côtés. Comment , avec ses seules ressources , con-
struire une chaussée de 300 mètres de long? Comment ex-
traire des blocs assez volumineux pour résister à la mer
en courroux? D*un autre côté, des voix étrangères et ja-
louses du bienfait que le curé veut procurer à son tle, le
dénoncent tantôt comme trop entreprenant , tantôt conune
incapable. Il se roidit contre tous ces obstacles; ilentOKi
sa conscience qui Fencourage. La vue des monuments
druidiques qui Tentourent le rassure et soutient sa réso-
lution. Pourquoi , se dit-il, ne pourrions-nous pas, nous
aussi, comme nos pères, remuer et entasser des rochers
entiers ? Il déjoue en même temps les indignes manœu-
vres dont on se sert pour le forcer à renoncer à son projet
Il trouve appui et protection dans M. Lorois , alors pré-
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- 355 —
fet du Morbihan ; les chefs supérieurs de Tadministration
des ponts et chaussées louent le zèle de M. Rio, favori-
sent ses desseins et lui accordent les engins nécessaires à
l'extraction et au transport des blocs. Le curé se hâte alors
d'annoncer l'ouverture des travaux (c'était au printemps
de 1844); il organise ses travailleurs, au nombre d'en-
viron cent, en différentes compagnies : mineurs, maçons^
élingueurs^ hisseurs^ gabarieurs et cwiir^i (4 de garçons,
la première nommée premiers grenadiers; 4 de filles, la
première nommée deuxième grenadiers). Chaque civière
avait huit personnes et dix au besoin , et cela pour porter
un seul bloc. Les personnes étaient associées par rang de
taille. — Une demi-heure avant que la marée permît de
travailler^ la cloche de la maison d'école, beffroi civil de
la commune, sonnait dans le village, et aussitôt tous se
rendaient à la côte à la suite du curé. Au premier cri de
hourra , chacun était à son poste. La législation locale ,
pour stimuler l'ardeur, avait statué une amende d'un franc
pour celui qui ne s'y trouverait pas au bout de dix mi-
nutes , sans une raison légitime. Alors on n'entendait que
les cris de Kèlêf Hourra! Engine ! (mots retenus au con-
tact des Anglais) , ou le bruit des barres à mine et celui
des explosions. Toute la jeunesse en file, chaque civière
chargée d'une grosse pierre, marchait au pas et faisait
retentir en cadence les airs des plus beaux cantiques bre-
tons. Celui qu'elle chantait avec le plus d'enthousiasme ,
peut-être parce qu'il est un fruit du pays, est composé en
l'honneur de la Sainte-Vierge, patronne de l'île, commence
par ces mots : JHU bennoh d'em Salvér, et a pour re-
frain:
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— 3S6 —
Eid omb , pobl a Ilœdîc ,
Jésus en dès choéget
Eid lotron pur Slari
Rouannes er Qtiérhiésèd (1).
Le plan de la chaussée est de trois cents mètres de
long , 6 de haut et 3 de large , et forme un deroi-fer-à-
cbeval. On y apportait des blocs de la pesanteur de 4 et
6 tonneaux. Quand les civières ne suffisaient pas pour
leur grandeur, avec des élingiies en fer on les amarrait à
de grands tonneaux, et, par le moyen d*une lottée^ on les
conduisait à la chaussée ; ou bien , flanquant d'énormes
palans contre la chaussée même, on y faisait venir les
plus grands rochers en multipliant les poulies. Aucune
difficulté ne rebutait Tardeur des travailleurs. Quand arri-
vait un de ces énormes blocs que la compagnie des hisseurs
ne pouvait pas même soulever de terre, le curé contre-
maître et ingénieur à la fois, criait : Civières à la drisse f
et le rocher soulevé par les efforts do tous , montait ma-
jestueusement par plusieurs pentes et venait se placer à 3
mètrectde hauteur dans l'espace de six minutes, aux cris
continus de hourra!
Lorsque la cloche de Técole annonçait midi par YAn-
gelus^ tous se mettaient à genoux pour la prière et la ré-
citaient alternativement avec le recteur. En même temps
les femmes Agées , seules gardiennes et seules cuisinières
du ménage en cette circonstance , sortaient du village char-
gées du frugal repas du mari et des enfants. Les petits en-
(f) Pour nous, peuple d*Hœdic, Jésus a choisi pour patronne
la pure Marie , reine des Vierges.
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fanis, suspendus au taUier ou à la jupe des grand*mëres«
venaient égayer rassemblée de leurs naïves réflexions. Là ,
chaque famille se groupe autour de la marmite à Tabri des
travaux mêmes et enviroune le curé qui , un morceau de
pain à la maia, sur lequel il retient avec le pouce l'accès-
soire qu'il réclame, fait honneur à sa table improvisée. La
plus innocente^ gaité assaisonne tous les mets. Entre le
BenedicHe et les Grâces, c'est une affaire de dix minutes,
autant pour fumer sa pipe, dessert indispensable, obligé
pour les hommes, et aussitôt le signal est donné pour re-
tourner à la besogne.
C'est avec cette ardeur que nos Hœdicais infatigables
quand le curé les anime par sa présence, du geste, de la
voix et de Texemple , sont parvenus en trois mois a établir
leur chaussée sur une longueur de 200 mètres (1). Les
travaux du fori ont interrompu les leurs ; mais les ha-
bitants sentent d'autant plus le besoin d'achever cette œu-
vre puissante qu'ils s'aperçoivent tous les jours des avan-
tages immenses que leur procure la partie terminée. Pour
consolider celle-ci , ils devront même l'appuyer, à l'exté-
rieur, par d'autres blocs, car ils peuvent voir que déjà,
dans une tempête affireuse, quelques mètres de long, mai-
gré l'énormité et l'eacbevétrement des pierres, ont cédé à
la vague.
Ce n'était pas assez de rendre le mouillage meilleur, il
fallait faciliter son abord et le rendre moins dangereux. La
croix, symbole de salut, placée sur le haut de la dune,
(1) En 1444 et en tS4S, ils ont travaillé, pendant quatre se*-
saiOMf aufciatumpt et anttut après Jm leinaiUiei,
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retrouve ici sa signification bien&isante; elle signale l'en-
trée du port; et deux balises en fer plantées dans le
chenal, en 1846, par les soins du curé, mais envoyées
par l'administration des ponts et chaussées, indiquent la
direction à suivre entre Moranlen et Big Melin. Aussi ce
Porh Bras porte-t-il encore le nom de Port de la Crmx
(For h er Groéz).
Voilà bien , ce me semble, Messieurs, des résultats im-
menses dus à une bonne direction de l'esprit d'associa-
tion. Cet esprit d'association , nos gens Font bien compris,
est une des bases de leur constitution. Ils ne perdent pas
de vue que X union fait la force, et savent à merveille
mettre en pratique cette belle maxime de rÉcriture : Fra-
ter qui adjuvatur à fratre quasi dvitas firma {Prot, 18,
19); aussi lont-ils appliquée jusque dans leurs travaux
privés. En effet , pour la pèche , cinq ou six ménages
s'associent sur une chaloupe ; et à Hœdic , ils vont encore
plus loin : trois ou quatre bateaux se réunissent, dépo-
sent à bord de Tun d*eux le résultat de la pèche com-
mune pour compléter un chargement, et quelques-uns des
associés le conduisent à Nantes pour faire la vente, tan-
dis que les autres continuent la pèche. — A Houat , il n'y
a pas d'association pour cette opération commerciale.
Chaque chaloupe se rend à Vannes ou à Auray pour vendre
sa propre pèche, et interrompt ainsi ses travaux.
En agriculture, le travail est encore commun. — A
Houat, plusieurs maisons se réunissent pour se prêter
main-forte et opérer plus vite et mieux. — A Hoedic , cha-
que particulier laboure, il est vrai , sa parcelle isolément;
mais celui qui a le premier terminé son ouvrage vient au
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secours du moins avancé « et ces bons offices ne cessent
que lorsque tous les labours de Ttle sont achevés. Pour la
récolte , toutes les forces sont concentrées : le travail du
premier jour (battre , vanner et loger) est consacré à l'un
d'eux ; celui du lendemain appartient à un autre ; le jour
suivant, c'est pour un troisième ; et cette chaîne n'est in-
terrompue que lorsque la dernière gerbe a disparu de
l'aire.
Chaque tle possède un four banal. Les habitants sont
divisés par sections, dont chacune le chauffe à son tour
et à frais communs. Le premier combustible employé c'est
le goémon ; les ajoncs achèvent de lui donner le dernier
degré de chaleur voulue.
S'agit-il d'expédier une chaloupe au continent pour le
service des habitants, à une foire, par exemple? Chaque
animal est tarifé; mais, à Hoedic , le produit n'appartien-
dra pas à la chaloupe qui , à son tour de rôle , fait la
corvée publique ; le patron n'aura droit qu'à la modeste
somme de six francs ; le reste du profit sera conservé en
note, chez le recteur, dans une bourse commune, mais
bien distincte du Trésor public^ et sera partagé entre
tous les patrons, à la fin de chaque année, ou à une autre
époque, selon le désir de la majorité. {Régi. d'Boidic,
art. 12.) Cet acte additionnel, inscrit dans la charte
d'Hœdic, en décembre 1844, reçut dès le 12 janvier sui-
vant, au sein d'une réunion des Notables et de tous les
patrons des chaloupes , une bien plus grande extension ;
nos constituants l'appliquèrent à tout gain public j et défi-
nirent ces deux mots: Voyage^ secours ^ pilotage et sau-
vetage. (Il est à noter que le gain résultant de la vente
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légalement faite par qui de droit d'un sauvetage est par-
tagé entre tous.) Une seule exception fut admise en &veor
de Tindividualisme , c*est le cas où ces secours, etc., se-
raient demandés à une chaloupe en mer, avant qu'on eût
connaissance dans Tîle de la détresse ou du désir du bâti-
ment {BègL (THœdic^SLTU 31.).
L'égalité des charges et des devoirs entraîne nécessaire-
ment régalité des bénéfices et des droits. Hoedic possède
un étang dont nous avons parlé, et où croissent les roseaux
et le jonc des chaisiers. Chaque famille y a son droit égal,
mais à la charge de travailler avec les autres à récolter ces
plantes. Celui qui refuse son concours à la communauté ,
s'exclue par là même du partage {Régi d'Hœdic, art. 8.).
Après la provision faite , on vend le reste aux Houatais.
Ils partagent également encore, maisj^or UleAes 1,500
kilogrammes de sel que les curés sont parvenus à obtenir en
1841 , pour chaque île, en franchise de droit. — Ils peu-
vent, du reste, comme tout pêcheur, saler autant de pois-
son qu'ils veulent, avec un acquit-à-caution.
Je viens de vous montrer les excellents résultats de Tas-
sociation fraternelle. U École, à ce point de vue , est encore
digne de nous arrêter un instant. Le curé, convaincu de
rimportance de l'instruction et de Téducation , non moins
pénétré de Tobligation qui pèse sur un Gouvernement de
procurer ces biens inestimables, n'a pas, du reste, perdu de
vue que l'instruction, sans la religion, est plus nuisible
qu'utile. C'est une vérité dont il peut, chaque jour, se con-
vaincre; il n'a pas besoin de venir visiter nos petites villes
ou d'étudier les statistiques morales et criminelles, il lui
suffit de jeter les yew vers les travailleurs du fort : ceux qui
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se vanteDt le plus de connaître leurs droilSj ne compren-
nent pas un mot de leurs dewirSj et savent encore moins le
montrer dans la pratique. Le curé a donc envoyé, aux frais
de nie f une de ses paroissiennes, pour achever son éduca-
tion sur le continent et revenir dans ses foyers capable de
remplir son utile mission. Les appointements de la maî-
tresse d'école ne sont que de deux cents francs. L'école
commence le matin, à huit heures; le soir, à une heure:
chaque classe doit durer deux heures, et tous les enfiEinls
des deux sexes, depuis Tâge de sept ans jusqu'à leur
troisième conmiunion, sont obligés dy assister {RigL
d^BcediCj art. 30.); mais, dès Tâge de trois à quatre ans,
les enfants ne manquent pas de s'y rendre et savent lire à
sept.
A Houat, les filles vont à l'école le matin; et le soir,
c'est le tour des garçons. — Le curé d'Hœdic, pour
consacrer les deux parties de la journée aux deux sexes
en même temps , a disposé la salle de manière à ce que
les garçons et les filles soient séparés par une cloison assez
élevée pour les empêcher de se voir et de se distraire , et
a placé la chaire de la maîtresse de façon à dominer à
la fois les deux classes , à voir partout et à être entendue
de tous. — On apprend à tous à lire le breton et le latin,
de plus le français à ceux qui le désirent ; à tous encore
on enseigne le catéchisme breton et les quatre règles de
l'arithmétique. L'école est absolument gratuite. A Houat ,
on fournit même aux enfants, plumes^ encre, papier, et
souvent, de plus, les livres aux frais de la communauté ; à
Hœdic , l'écriture et ses accessoires sont à la charge des
particuliers*
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Les couleurs avec lesquelles je viens de vous peindre les
misères et les joies de ces petites peuplades sont bien pâles
sans doute: j'ai voulu rester simple comme les mœurs de
mes bons ilois. Faut-il s'étonner , néanmoins « si I habitant
d'Hoedic ou de Houat s'attache aux lieux où il retrouve les
souvenirs de sa première enfonce et de ceux qui lui furent
chers, où il goûta le bonheur? « Sans envie , nous <lit
» l'auteur du Voyage à Bœdic ^doni je me suis plu à vous
n citer quelques pages , il aperçoit des bords de son fie les
» côtes de la Bretagne : avec regret il y va quelquefois, et
» revient avec joie vers ses dunis, ses rochers et sa cbati-
» mière. C'est que le bonheur n'est pas dans les richesses et
» la multiplicité des jouissances. Ainsi que l'enseignent la
» philosophie et la religion , le bonheur n'est pas au de-
9 hors ; les choses extérieures n'en peuvent être que les
» moyens : c'est par l'âme qu'on est heureux , et l'ftme peut
0 être heureuse à Hoedic (ou à Houat) comme ailleurs.
» Pourquoi , en effet, ne ly serait^elle pas? Moins exposé
» aux désirs brûlants des passions , moins irrité par la vue
9 d'une civilisation corrompue et cruelle, étranger aux vio-
i) lentes commotions qui agitent le monde , aux injustices
» qui l'accablent^ aux lois , aux manœuvres, au gouverne-
» ment politique dont nous sommes souvent victimes, Tba-
» bitant d'Hœdic (ou de Houat) , calme et heureux, vit en
» paix sous l'empire de lois plus douces et plus simples.
9 Chez lui règne la vraie liberté, il jouit de tous ses droits. •
Âussi> ne cite-t-on qu'un seul Houatais qui se soit fixé sur
la Grand* terre, et encore se repent-il de cette démarche
et se rappelle-t-il avec regret sa chère Houat : c'est là qu'il
a vécu* Il est également très-rare de voir des femmes du
continent venir s'établir à Houat ou à Hœdic : elles y soDt
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toujours un peu traitées comme étrangères, et cette remar-
que s'applique même aux personnes d'une de nos îles qui
vont habiter Tautre. Houatou Hœdic aime cependant à
conserver des rapports fréquents avec Saint-Gildas-de-
Rliuys, dont il a le costume, le dialecte et même i'accen-
toation. Quand du continent il se présente quelque passa-
ger pour Hœdic ou pour Houat , un feu s'allume trois*
quarts d heure après le cou(Jier du soleil sur une butte de
la côte de Saint-Gildas , désignée pour chaque Ile; il ne
doit être éteint que lorsqu'un semblable signal vient lui
répondre du rivage insulaire , mais il doit s'éteindre à
rinstant. Le lendemain , un bateau parti deltle est a la
disposition du voyageur. Que ce soit un prêtn? ou un ma*
rin hcBdicais arrivant du service, alors la barque s'en re-
tourne pavillon déployé , et quand elle viendra aborder au
port, une fouie de curieux sera là pour laccueillir, joyeuse
de rendre honneur au nouvel arrivé et de le conduire tout
d'abord auprès de son pasteur.
Je termine ici, Messieurs, cet intéressant chapitre. Je
viens de vous soumettre l'analyse des observations qu'il m'a
été permis de faire pendant mon séjour prolongé dans ces
deux fies, à trois époques différentes. J'en ai dit assez ^ ce
me semble, pour vous prouverque j'avais raison d'affirmer
en commençant cette lecture qu'à Souai et à Hœdic an ne
vU painl comme ailleurs ; que le$ mœurs de la petite popu-
lalian de ces deux lies ont un cachet de simplicité et de dou-
ceur qui ne se retrouve peut^tre sur aucun autre point de
notre Europe civilisée (1).
(1) Cayot-DélandrOf le Morbihan^ son histoire^ ses monu"
menis , Vaaoes y 1847 , page 539.
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§ 4. — Histoire Batorelie.
1 .<> ZOOLOGIE. — TEBTÉBBÉs. — La Faune nous ofire pea
d'espèce en MÊaw^mUfèw^emi Les Chouoe-Souris y pour-
suivent les insectes; la Tavpe^ inconnue à Hooat, est rare
à Hœdic ; le Rat surmulot désole le pays , se cache dans
les anfractuosités même des rochers , porte ses ravages jus-
que dans les chaloupes amarrées dans le port et n'épar-
gne pas même les cordages et les voiles ; la Souris habile
toujours les maisons ; le Lapin fournit en tout temps aai
insulaires un utile délassement dans l'intervalle dés offices
religieux du dimanche; enfin, le Manouin est toujouis
pour nos pécheurs un animal dont ils redoutent la pré-
sence et les évolutions au milieu des filets moins pour les
poissons qu'il peut leur enlever qu'à cause des déglts
qu'il fait à leurs engins.
Ne cherchez pas, dans nos tles sans arbres, cette roulti*
tude d'Oleeaatd^ qui animent les bois et les jardins du
continent. Le Rossignol, h Fauvette A^ Loriot, le Merle,
la Grive, le Chardonneret, le Pinson, le Bouvreuil, la We^
n'y paraissent qu'accidentellement. La Tourterelle et le
Coucou s'y font entendre à la saison ; mais les AUmetisi
me paraissent les premiers musiciens de nos îles et savent
en égayer les champs par leur joli ramage. Le TroglodutSi
la Berger onnetu, Y Hirondelle de rivage, le Traquet et le
Moineau, chacun à sa manière, fait sa partie dans ce
concert. La Cresserelle, Y Effraie, les Buses, ont un autre
mérite et rendent de vrais services en foisant la guerre aux
rats et aux souris.
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Les Perdrix rouge», qu'on rencontre seulement à Houat,
proviennent de deux couples, qui y furent apportés en
1828. Poursuivies par le chasseur, elles ne passent pas
à Belle-Ile, comme an l'a dit, mais elles prennent leur es-
sor dans différentes directions, se rapprochent du rivage
et viennent se remiser dans quelque anfractuosité de la
même cAte; cependant , quand elles sont pressées trop vi-
goureusement, elles passent dans les tlots voisins , surtout à
la pointe du Béniguet ; mais ne tardent pas à revenir dans
nie.
On reman|ue quelques rares Corbeaux, et l'on dit même
à Houat qu'il n'y a jamais qu*un seul couple sur l'Ile, et
qu'à l'exemple des Aigles, ces conirostres forcent leurs
petits à quitter le pays pour s'établir ailleurs. — L'appari-
tion du Coracias sur nos Iles est un bit plus certain et plus
curieux. Ce tenuirostre, qui n'habite que les Hautes- Alpes
de la Suisse, de V Italie , du Tyrol, de la Bavière ei de la
Carinthie, accidentellement dans les hivers rigoureux sur
des montagnes moins élevées, telles que le Jura et les Vosges,
toujours dans le voisinage des régions couvertes de fi imats,
ou en Angleterre, sur des pitons rocailleux des côtes mari-
times (i) , vit à Belle-Ile et à Houat dans les mêmes condi-
tions que chez nos voisins d'outre-Manche. C'est dans les
endroits les plus sauvages de Lomaria et de Bangor qu'il se
{i) TemmlncV^ 9fanuei (fOrnifho/ogie^ 1820, !.'• psrtie,
page 1)3 1 1835 , 3.* partie, psfe 70. — Un petit trsvaîl sur Belle-
Ile me permettra, plus tard, de décrire les mœurs de cette es-
pèce que les insurgés de Jûn , détenas à Palais , se plaisaient à
élever.
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retire ; c'est dans les anfractoosités les plus inaocessiblea de
la côte qu'il établit son nid; et, pour se procurer les cou-
vées ou les œufs, le dénicheur bellilois doit s'y iaire des-
cendre à Taide de cordes. Adulte , le Coracîas est totale-
ment noir, à reflets violets, verts et pourprés, seloa rinci-
dence de la lumière; son bec est plus long que la tête,
efRIé, pointu, arqué, sans échancrure, et, comme les
pieds , de couleur rouge ; les ongles sont noirs. C'est le
Crave d^ Europe Cuv.; Corvuê graadus L.; Coracia ery-
ihroramphos Vieillot {Galerie des Oiseaux^ pi. 103), la
Chouette de nos insulaires.
Sur le rivage, des oiseaux marins de toutes sortes, pal-
mipèdes et échassiers, ne cessent d*unir leurs éternelles
criailleries au tumulte mélancolique des flots, mais se lais-
sent difiicilement étudier.
On ne connaît ici comme représentant la classe des
Wieptttem que le Lézard vert, le Lézard gris, ï Orvet, la
Rainette xierte y le Crapaud calamiïe^ enfin le TriUm pal-
mipide et le Triton ûtniominal* — Les Coûteuses et les
Vipères y sont tout à fiiit inconnues.
Les J*olaa«tta forment un ordre de vertébrés avan-
tageusement représenté dans la Faune. J'ai donné, en par-
lant de la pêche, la liste de ceux qui BOùile plus généra"
lement arrêtés dans les filets de nos dois.
Articulés. — i.» Anféiiete»* — Serpula vermicuiaris /
Saôeila aiveolata f Dentalium enta Us i Lumbncus marinus ^
Nereis****
2.<» CrstafiteM que j'ti pu me procurer t l'étrille cons-
mone {Portumus puéer); le orabe cominaii do nos côies, {jreuget
et cancre vert au Grcnsic, {Porianus mœnas) ; le Pwrtttums
Rondeletti Bisso^ le tourteau {Jaureau an Croisic, Cancer Pm-
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§mrus L.) \ VÀÎeUe^elus Oràignyi Leaeh \ le flapie madré
(chérîgo an Groîsic « Crapsus varias Latr.) s Faraignée de mer
(Maia squinado Leach) \ Vlnachus dorsettensis Leach) ;
llienDile Bernard {Payurus sirpàionyx Leach) ; la langouste
commane {Pnlinums quadricornis Fab.) \ Fécrevisse homard
\failieur dans nos îles, Àstacus marin us Vzh») \ le crangon
comman {fiovco 2i Hantes et an GroisiCy àéco k Bourgneuf et k
Hachcconl , Crangon vutgnris Fab.) \ la salicoqne \chpvrette
de mer k Nantes , Paieman sqwUn Leach) ; les thalitres on
puces de mer \ le Pandarus bicolor Leach , vivant sur le squale
roussette*
3.0 AT^^eHniAemm — Pas d'observations.
4.» MmmeeËem* — Une journée consacrée à ce genre de
chasse m'a donné les suivants , désignés d*après le CoXa--
logue de M. Dejean.
Carabvs auraius et hortensisf Calafhus mtianocfphalus /
(l'estomac d<s bufo calamiia^ que j'ai soumis au scapel, conte-
nait une grande quantité d'élytrcs ^Agnnum , Harpalus et Ca^
iathus). Anchomenus anguslicoUif et prastnus ; Ludius ta^
tusi Eclinus a1firrimus$ Cantharis bicolore Sytpha rvgosa^
sinuata et iœvigala ; Mis fer lunatus / Sphœridium scara*
beoides et bittvstuiatum f Cercyon obsoielumf Gymnapieu^
rus flageliatus très-commun ^ Copris iunaris f Ontophagus
vacca , nuchicomis , copra et Schreberi $ Oniitcellus flavU
pesf Aphodius hiriellus , erraticus^ subterroneus et scrofa;
Geotrupes fyphœus / Bhisotrogus meridionaiis / (le hanneton
cotonneux , frappé d'inertie pendant la chaleur, s'anime le soir,
bourdonne de tous côtés , vole avec rapidité , sans attention , et
devient très-incommode pendant les promenades les plus agréa-
bles de la journée.) Phylax meridionaiis très-commun \ Opa-
irvm sabuiosum ; Sfeioe gallicus et cyaneusi Asc/era cœ-
ruiescensf Brachycerus! europœusP; Cneorinus geminatus;
Phyionomus meiesf Otiorynchus fuscipes; Lema osparagi;
Chrysomela hottentotta^ coriacea et Banksiif Coccmelia...,f
Gryltus campesirisf Pentatoma acuminata ^ flavicornis Pf
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Pniffommatus Alexis et agesits; Botys hyàridaiùf Noeiueiia
conspersa et dipsacea^
MoLLu^QtES. — Recueillis par moi-même ou trouvés
dans les collections faites par les curés MM. Rio et Lt
Capitaine :
En coquilles terrestres s Buiimus acutus\Htiix ericetorum^
rhodostoma^ et rotundnta. — En coquilles d*eau douce i
Lymnea auHcularia , étang d'Hœdic , ovala et minuta dans
les petites sources sur les bords du rivage k Houat.— En coquilles
marines: bttlta iignaria^ / Trovhus cinerarius^ magtts
et iineatus} Tumtella commuais^ Scaiaria commuais^ Litto-
rina Hitorea^ et neritoidea ; Monodonta viridis; Cyprœa coc-
cinelia / Buccinum reticuiatum , lapillus , et erinaceus / Ce^
rithium lima / Fusus comevs / Rostellaria pes pelecani /
Patelin testud inaria / Ptcten varius/ Pmna mdis ,- Mytilus
edvlis f Cardium tuberculatvm ^ edule , el serra tumf Vonox
anatinvm / Tellina tenvis^ elfragiltsf lucina ! / /^jtcr/
decvssata , et avrea / Cytherea Kione et exoleta / Mactra
stvltommf Lvtraria solenoides\Solen sitiqua et ensis\ Psam^
moùia vesperlinat Anatifa lœvis $ Pollicipes comucopiaf
Maianus lœvis,
HkYùnnts*^ Àsterias rttbens / Opkiura texturaia P et c»x-
pidifera? i Echinus esculentus.
2.<» BOTANIQUE. — Les plantes de nos deux fies seront
classées d*après l'excellent ouvrage de M. Lloyd ( Flore
de la Loire^Inférieure). L'auteur, pour rendre mon tra-
vail plus complet , a même eu la complaisance de me re-
mettre toutes les notes , qu'à diverses époques , il a re-
cueillies sur les plantes d'Hœdic et de Houat :
Myosurvs minimus } Banunculus hederaceus^ aqvatitis ^
Flammnla ^ chœrvphyllos ^ repens^ àulhosus^ ci porvf/lorus ;
Ficaria ranunculoides, — Papaver Argemone rare, hy*
èridum AG % moissons , rhœas et dubium communs \ Glau-
cium luteum / Chelidonium majus rare. — Fumuria muralis
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et officinalis. — Haphanvs Ffophamstrum / Le i?. maritfmttt
SiDÎlh, n'est autre chose qu*un 77. Baphanisirum très-robaste. Je
Fai TQ, en 18U, sur le Mehan ayec de jeunes repousses de 60
contimfttres \ I mètre et plus d'élévatiou \ le lobe terminal des plus
grandes reuillcs mesurait 20 centimi'^tres de large , et la feuille at-
teignait 6u centimètres de long ; mais ces pieds croissaient au mi-
lieu des déjections des oiseaux marins \ et en 1849 , dans les flots
Yalhnec et Glazic, ses dimensions étaient bien réduites et se ratta-
chaient par de nombreux intermédiaires an V7. Raphanislrvm /
Brassica Cheiranthus $ Sifiapis arvens^sf Dipiotaxis tenni^
foiia f Sisymbrium officinafe f Matihiola sinunta s Arnbis
Th^fiann 9 Crambe maritima croît parmi les galets entassés
sur le bord du rivage dans une localité unique (4 li 5 pieds \ Houat,
une vingtaine k Hœdic) ; Cakile matitima ; Cametinn fœîida
Pries (Grén. et Godr. FI. de /'r.), dans les champs de lin, rare $
— Cochlearia danicof le célèbre Cranson de Bretngne (r. Ar^
moracia L , Roripa rusticana Grén. et Go J.) signalée le long
des ruisseaux de Ifretagne dans les ouvrages de matière médicale
(Toir MM. Merat, Hilne Edwards et Vavasscur , etc.), n'est une
plante bretonne que par le noro(N. Légal, Fi. du Morbihan^ page
94); elle se propage dans un jardin du curé de Houat^ mais évidem-
ment elle ne se trouve Ik que comme plante anti- scorbutique. L*pi-
dium Smithiif Coronopu» RueiHi^ Teesdolia iberis / Caps et la
Borsa Pastorts. — Hetianihemum ^ullatum et sa var. mn^
rii/mum. — Fio/a Biviniann , et V. tricnlor G nana Lloyd t
tiges de S k 10 centimètres; corolle très-petite, blanche ou bleue
très pâle; sable maritime; forme maritime ! de la variété B ar^
pentit, (Lloyd). — Beseda iuteoh. — Potygala vulgnris B
oxyptera. — Frankenia tmvis, — Dianihvs prolifer^ et gai-
Urus i Silène inflala dans les moissons, maritima sur les ro-
chers et les coteaux , conica et gallicn / tychnis vespertina
et gilhago / Sogina procumbens et maritima Don ; ^pergiila
arvensis et suhulatn} Arenaria marina Rolh , peplnides^
i^^nuifolia^ visciduh , serpillifolia et sa variété mncrocarpa
Uoyd , forme maritime rabougrie de l'espèce ; Sttllaria médiat
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Mœnchia erecla / Cerasfivm glomerûlum 9 triviale et ietran*
drum Gort. Ce dernier off e deux forme», l'une trapue, IrH-vis-
queuse, couchée, appartcnaol aux sables nus^ Faulre grêle, moins
visqueuse, croiséant dans les liôui plus ou moins herbeux. Dans
les individus robustes, les fleurs k cinq parties dom'ment; dans
les plus petits, elles sont presque toutes k quatre parties
(Lloyil). — linum angusUfolium$ Badiota iinoifies. — Malva
moschala^ syivcstris (varie quelquefois k fleurs lilacées), et
nicœpiisis / Lava fera aràorea rare dans les deux fies mêmes,
mais très- commun dans les ilôts qui les avoisinent. Je puis citer
Beg er Vachif\ deux ou trois mètres de Houat 9 Er Gurec , Er
Cents ^ Er Valhuec et ^r 6^/ffz/c: .• quelques pieds seulement k
Boss Tosf (île près) et Bass Creis (ile milieu) , mais k File
Glazic , ils étaient tellement rapprochés qu'ils formaient un char-
mant petit bois de hante futaie. L'absence de toute autre végéta-
tion, le sol piétiné, et de nombreux débris de poissons, annon-
çaient que les mouettes ou autres animaux étaient venus se re-
poser sous cet ombrage. — Hypericum UneQrifoiiumi — Géra»
nium molle ^ columbinum ^ dissectum^ rotundifoiium vipur'
pttrpum Vil.; Eroffium cf'cufariumf Evonymus europœui au
moulin et près de Bass Tost* — i/iex éuropœus. Je n'y ai point
vu 1'^. nnnas^ viVU. C^//t/ Planch. Mais cependant comme ce
dernier est une des raretés qu'il m'a été pemùs de cueillir sur
les côtes du llorbihan, sousla con«!uite deM.Toussaints, d'An-
ray, et que celte espèce est publiée dans un ouvrage trop peu ré-
pandu, je dois k notre Section des sciences naturelles de m'arrêter
un instant dans mon énumération et de citer la Fhre desserres et
jarffins de thurope^ publié kGaod «sousla direction de M. Van
Houtte, t. V, page 441 g, 1849 , où il est figuré. « C'est k M. Le
» G ail, auteur d'une Fiore (inédite, mais déjk imprimée) du
H Morbihnn , que revient le mérite d'avoir , le premier , bien dif-
i> tingué et bien décrit la plante nouvelle en question ; k M. le
» chef de bataillon Toussaint appartient l'hoaneur d'avoir parfai-
» tement confirmé ces vues par des diaguoscs comparatives des
1» Uleaa nanusy europwus et de la nouvelle espèce bretonne. Pov
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— 371 —
» notre part, dit M. PlaBclK>n , ez-coosenrateur de l'herbier de
n W. Qooker, noos aurons ca k relever l'errenr presque iné-
» Tilable ou ces deax auteurs ont été conduits , k proposer pour
u la aoavcUe espèce le nom d'^« 6*a//rï en l'honneur de H. Le
» Gall, k en constater l'existence dans la partie S.'-O. de l'Âng1e«
i> terre aussi bien que dans notre Bretagne française..... • »
ULBX BCROPOEUS.
« 4rbrisseau de 2 k 6
pieds de hantear, k ra-
meaux redressés , k épi
ses (feuilles adultes et
ramules) fortes, inégales,
diyariqaées.
Bmctéoles calyci*
naies ovales , grandes ,
beaucoup plus la ges que
le diamètre du pédicelle.
Fieur grande, d'un
jaune citron.
Caiice conrert d'an
duvet lâche et jaune-
roussfttre.
Âiiês de la coroUe
dépassant de beaucoup
la carène qu'elles eoi-
brassent, en se ccQrbant
chacune en aro-boutant
et croisant leurs som
mets.
FUuraisfm dès las
VIiEX GALLII.
a /4rbrisseau de l 1/2
k 3 pieds , k rameaux et
épines presque comme
^U. europœusy mais
moins robustes*
Hr. caL ovales-oblon-
gués, petites, un peu
plus larges que le dia-
mètre du pédicelle.
FL moyenne , d'un
jaune orangé (Obs. de
M. Toussaint).
CaL couvert d'un lé-
ger duvet jaune, rous
sitre seulement vers
l'extrémité.
MIps en réalité un
peu plus longues que la
carène 9 mais se laissant
ilépasser par elle, dans
la leur fraîche k cause
de lenr légère courbure
en arc«bontant.
Fièuraùon de sept.
VLBX NÂIfUS.
iiSous^arSrissea» de
1 k 1 1/2 pied \ k tiges
nombreuses , couchées
ou redressées, k épines
courtes, très -serrées,
moins robustes que chez
les espèces précédentes.
£r, ctiL oblongues,
très-petites , k peine
aussi larges que le dia-
mètre du pédicelle.
FL petite, d'un Jaune
vif.
CaL k surface lisse et
luisante, sur laquelle la
loupe fait voir de petits
poils clairsemés et cou-
chés.
Aiies manifestement
plus courtes que la ca-
rène, sur les côt<^s de la-
quelle elles s'appliquent
presque k plat.
Fieurûison de juillet
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— 372 -
premiers mois de Tan**
née, active aurioat en
avril et en mai.
Fruits mûrs en juin «
Faonée même de la floo-
raison et s* ouvrant alors
avec élasticité (Obs. de
Uiller, de Filassier et
do M. J. Gaj) , et avec
un crépitement particu-
lier (Obs.de M. J. Gaj).»
en décembre (Observ. de en octobre.
M. Le Gall).
Fruits »
Jo complète cette note
en disant que, le 30 mai
1849, il ne restait plus
que quelques fruits sur
les tiges; les autres
Fruits mûrs pendant
Tété qui soit la fleurai-
son et se retrouvant en-
core clos sur la plante
un an après leur maUH
rite (Observ. de H. J.
Gajf).«
étnicnt déjk tombés, et
la plus grande partie de
ceuK que j*ai recueillis
alors se sont ouverts avec
élasticité. Les légumes
avaient la villosité et les
dimensions de ceux de
VU. turopœus \ leurs
graines étaient sembla-
bles.
Écoutons maintenant quelques-uns des scrupules qu'éprouvait
M. Le Gall k reconnaître, dans cet ajonc nouveau, FA. de Pro-
vence s ce On est d'abord disposé, dit- il, k regarder cet arbris-
» seau comme une variété à moindres dimensions et li fleurs pré-
» coces de l'ajonc d'Europe , variété qui serait duc au voisinage
» de la mer \ mais l'ajonc d'Europe se développe bien sur le lit-
» toral, et sa fleuraison ne se trouve aucunement bâtée. D'ailleurs,
» les fleurs de la première plante ne sont pas seulement plus pe-
» litcs que celles de la seconde \ elles sont différentes et se rap-
» prochcnt beaucoup des fleurs do 1'^. nanus. L'idée dliybri-
» dite ne saurait être mieux accueillie, bien que l'ajonc de Pro-
» vence (lisez U. Caitii) ait 1rs rameaux de rajonc d'Europe et
» presque les fleurs de l'ajonc nain i ces deux derniers ajoncs ne
» fleurissent pas k la même époque \ l'un est en pleine Tructiflca-
» tion lorsque l'autre se crouvre de fleurs » C'est sur les deux
extrémités de l'étang dePoulben , \ Âuray , que M. Toussainu ne
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— 373 —
montrait cet ajonc qu'il a?ait si bien examiné , et je Tai rera k
Ploaharnelf en allant li la recherche d*un Eryng/om qoi n'est pas
moins cnricnx ; mais revenons à notre Flore hoedico-hunataise t
Saroihamnvt scopnriut $ Onoms k arvensts Smilh^ commun
dans les sahles^ fitedirogo iupuitna^ strinto commun, marina
Goromon « mtnima , ffenlicultfa et apicuiala / Meblolvs ptfr~
Vf'flora^ peu commun; Trifoltum slricium^ gfomeraium^
suffucatum , subterraneum , arvense et perpusHium DC f
pratense , mnriiimum , scahrum , strinlum , resvpinaium ,
frngiferum et procumbens; Loivs corniculaivs et var. cras^
sif'iUus ^ hispidus commun; Lupinus iinifolius Roth, Âgardh,
Boreao (/.. rpticulafus DesT.)« M Lloyd l'indique rare k Hœdic;
je n'en ai vu que quelques pieds k Honat , k la batterie de Gor-
laj. Ornithopus perpusillus commun, vompressus rare, ebrac*
ieatus rare; Viria hirsvfa ^ iulea^ très-commune dans les flots
avec Vangtisti'foiia f Laihyrus Aphaea ^ sphœn'cus^ et hir^
suius i — Prunus spinosa / Bubus fruticosus rare ; Poiên~
mil reptnns / Alchemiiia ftrvensù ,• Polerium sanguisnrba
commun; Rosa pimpineltifoh'a ^ canina t Cratagus monogy'»
na R. — lythrum hyssopifdia ; — Tamartx tfng/fca Webb.
surtout autour de l'étang d'Hœdic ; — Btontfn fontana / ~ Cor^
rigiola Ut ton lis / Heminria giabra^ et hirsuta $ Pt igcar^
pan tetraphyilum / Aderanthus annuusf — Tiitma muscosa ,
surtout autour du moulin de Houat ; Sedum ongltcum , et ocre /
UmbiUcus penduHnus le long des murs Trais et des toits de
chaume; — Saxffragn trydactylites f — Hydrocoiyie vulga-*
ris i Eryngium cnmpestre , maritimum $ mais je n'y ai point
TU le viviparum Gay, [pusiiium Le G ail, Fi. du Morbihan ^
page 253 , non L. , nec Lam ). Cette espbce que mentionnent
MM. Grenier et Godron, est encore me plante que les botanistes
Tiennent demander k la Bretagne ; mais n'espérons pas la trouver
dans nos Iles, pas même k Bclle-lle, trop accidenté par ses val^
Ions encaissés et ses coteaux magniGqnes.
Nous n'avons dans nos deux fies aucune localité qui puisse lui
convenir I car elle se plaît uniquement dans les landes et encore
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daM les parties les plus basses (nais non marécagenses) qae ks
eaux phiviales Tiennent couvrir en aalomne et eu hiver , et aban-
donnent complètement an printemps, au milieu des lim hl gt-
nosa^Exartim Cnndoflii^ Thrincia hfrta , plantes qne le vina-
geoisvi«>nt détacher avec le sol qni les nonrrit pour en former des
engrais. C'est dans ces if arguas ou y arquas qa<5 ce petit panicaut
étale ses rameaux ornés du petits capitules li chaque dichotomie. Si
Fêté est très-sec , me dit M. Toussaints, les capitules se détachent
et roulent sur la terre où ils se multiplient comme les autres es-
pèc s do ce genre \ mais lorsqu'il survient des pluies avant Tentière
destruction de la plante , les capitules se gonflent , et bientôt l'on
voit de petites touffes de feuilles en sortir en rosette et y offrir les
rudimenls de nouveaux pieds qui donneront des fleurs et des fruits
l'année suivante \ et la plante- m&re elle-même pousse une nou-
velle rosette de feuilles autour du collet de sa racine. — Je ne
donnerai point la description de cette espèce, décrite très-an long
par M. Oay (Ânn.des Se. nat. 3." sér. 148) , et par MM. Grenier
et Godron {Fi, de France^ t. 1 page 754) , ouvrage que chaque
botaniste doit posséder, malgré la trop grande sobriété dans les
citations de localités. GrUces aux recherches de M Bémont , d'Au-
ray , médecin, qne la science et les pauvres regrt Itent , recherches
continuées par MM.Toussainls (d'Auray), Taslé (de Vannes', et Pon-
ta. lier , aujourd'hui k h apoléon Vendée , on connaît huit localités
oh cette plante croit abondamment t Bf argués de Saint- Laurent,
de Saint-Sauveur , de Kerimel, en Ploemel (et non Ploe. mel comme
l'écrit M. Gay) par M. Hémont \ — de Kergrimm en Camae \ d'Er-
deven , de Conrconneau, en Erdeven^ du Rongal , en Plouhamel,
parM.Toussainls.
Je repremis la suite de ma Flore hœdico-honataise :
Bvphvrvm aristaium^ Scandix pecfen,* Anihriscus syives-
iris \ T^rilt's helvetica et nodosa / Vaticus raroia / sur les
rochers on trouve une forme maritime, \ tige courte, épaisse, très-
hérissée de poils blancs étalés, recourbés dans le bas et \ lobes des
folioles obtns, mucronés; c'est alors le />. hispidus Bréb. FL
Horm. (Lloyd) t. Apium graveoiensf Peir9seiinum saiivvm /
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Copiam maeulatum / Smyrm'um Oiusatmm ; Hehsci^ftînm
nodt/iorvm B ochreotttm DG ; Œnanihe pettcedanifoHa ,
Lachenalti^ étang de Hcedic, et crocotaf JSihusa t yn'^piumf
Crithmum manUmufn$ Herficleum Apondylium G, sa * les ro-
ckers frais ) — Hedern Ueiix i — Lônictfra Pericfymenvm f
-^/titbia peregtina R; Catium arenanum G, Moiiugo et
Jparine ; Asperuia cynatichica ,• shtrnrdin orvensis / —
Voiervineiln oiiloria et eriovarpn $ — Dîpsocus sylv^sfn'sf
Scaùiosa orvensis f — BelUs perennisi Btdens trfpnrtita^ k
Besdic ^ /iiirAr crithmoid*s PG ^ Fila go germanica , mon tan n
tXgaificaf Neiichry^um Stœchat; Arlemisii vufgarisf inaîs
point >/. campestfis marifima / Oihanthus monUmits PG ;
Anihemis nobiii» ^ cofuia et ntixla f i.hrysfinthemwn ino»
dorum B m*nritimum , Porihenium jardins des carés« et /^^e-
Arm / Sênecio va/gans (k f et 3 fleurs dans les sables) ; Jaco^
bma^ lattdes et coteaux, iyfvatictts sur l.s remblais de la DooTelle
Oitadelle de Houat^ Cirsfum tancenialum et aroense; i arduus
mariùnns R , tenufflorus CG , et nniansf Arcfium loppa;
Kenfrophylhtm fanffium; Centaurea f*ynnus et Cafcilmpff f
Aeofymus hhpantcus ; Lampsona commvnis^ et minima $
Thrihcfa htrta de formes diverses < He/mtnthia echioides,- Hy-
ptithmris glnbra et radicala; Toraxacrtm officinale f iOJt*
chus nsper^ et mariiimus bords de Fétang d'fleedic ; Crépis
tamxacifotia G k Hsedic, virens et bvibosa GG daos les sables
des deux ties \ Nieracium piioseii^^ vmbeiiafum ou espèce
trks-ToisiBe^ — tobelia urensf ^ Jasione montana et sa va-
riété B marUlmof Prismatocarpus hybridus f ^ Erica eine-
rmR/ — Ligustrum vu f gare f — Cynanchum Fincetoxicumf
— Erytkrœa Ceniaurium , et marilima var. Occidvntoiisf
Exacum filiforme % ^ Convolvulus arvensis et àoidanella f
Cuscuta minorf — Heiiotropium enropœttmi Echium vui-
gf^rof Lithospermum officinale près du Menhir er lan k Hœdic/
Lycopsis arvensis f Borrogo officinalis; Myosotis versicolor\
Cynoglossum officinale / Omphalodes liftoralis GG dans les
saMeSy suftout auprès des GareoMS^ — Solanum miniatum^ ti
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Duicamnru } ^ Hynscynmus niger\ Datura Stramoniums
Verbascum schraderi^X, biattarioides ; Digitalis purpureag
Linatia Pelùsenana surtout k Houat, an fort -de Gourlaj^ et
arenartfu
J'ai cherché TaiDemi'Dt k Houat et k Hœdic nue eapèce nouvelle
peut-être pour ia Flore do France^ je Tavais rencontrée , le 11
Sipt4:mbre lb44 , au Port Bordcrie en BelIc-lle; Je^l'ai culiivée ,
depuis celte époque , pour mieux étudier son mode de Té|iétation ;
je l*ai revue, en 1849 , sur un autre point do la même tle (Port
Kerrel). Laissez- moi , Messieurs, interrompre mon aride nomen-
clature pour TOUS faire son histoire. M. Le Gall Pavait étudiée
dès 18'i7 k Belle-Ile, et la considérant comme non enco e dé-
ciite, il lui coDsacra les lignes suivantes dans sa Flore imprimée,
mais malheureusement encore inédite du t/orôi^an {^zge 413):
ce L. radicante. l. radicnn^ N. Assez petite, vivace. Tige eou-
» chée ou ascendante, radicante k la base , rameuse, assez dure,
» poiluô \ quelquefois plusieurs tiges; ramuaui allongés, grêles.
» Feuilles inférieures opposées ou presque opposées , ovales ar*-
» rondies ou seulement ovales , entières ou très-peu dentées \ les
» supérieures alternes, haslées, et quelques-unes ovales-cordi-
» formes. Fleurs azillaires, solitaires, assez petites , k pédoncules
» longs, capillaires, presque entièrement glabres, poilus k U
» base et au sommet ; calice poilu-hispide « k divisions lancéolées
» subulées , bien scaneuses sur les bords \ corolle blanchâtre ou
» bleuâtre , k lèvre supérieure d'un bleu clair, k palais souvent
M taché de pourpre , k éperon long, aigu, très-recourbé. Cap-
» suies globuleuses, dépassées par le calice , assez dures , brunes^
u graines ovoïdes, rugueusesmuriquées , d'un brun assez clair. —
» Eté. Coteaux sablonneux et dunes. TR. Belle-Ue. — J'ai caeilli
» cette plante, pour la première fois, au mois d'août 1817 , et je
» la regardai, dès- lors, comme une espèce non encore dé-
» crite. M. Lloyd, qui Ta cueillie en 1838, aussi k Bellc-Ue, en
» parle dans sa Flore de la Loire- Inférieure , mais sans Pad-
» mettre comme espèce, sans lui donner un nom. Elle a été cueil-
» lie récemment par MM. Debooz etTaslé. — Est-ce la linaiiO
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» que M. Bornhardi a nommée Linaria commuta ia P — Je
» DVn conoais pas la description ; je sais seolemenl qu'elle passe
» pour n'être qu'une variété de la l, Eiatiae. » (C'est du moins
Topinion de M. Bentham^ in DC. Prodr. X. p. 268 : mais M. Wal-
pcrs, Reperi. Boian, T. 3. p. 194 et M. Koch en font une es^
pèce.) tt Or, notre plante n'a véritablement de VEtaiine que les
» feuilles et les pédoncules. £lle s'en éloigne par la tige dure et ra^
i> dicante k la base, par ses fleurs de moitié plus grandes, k divi-
» sions calicioales plus étroites et plus scarieuses, \ corolle offrant
» des couleurs moins tranchées et un éperon très-courbé ^ enfin par
» la capsule plus dure et surtout par ses graines chargées de pointes
» épaisses très-rapprochées an lien d'être alvéolées ou creusées en
» aillons tortueux. » Ce dernier caractère , en admettant comme
exacte la synonymie du Prodromus , nous force k chercher notre
plante dans la seconde subdivision des ElatinoiJcs s ... Seminum
testa granuioso-iabercuiata ^ et la L, Grmca Ghav. s'offre
h nuns dans la description peu complète du Prodr.f mais
la fig. 21 {Expédition de Morée^ Botanique) ne représente pas
notre plante belliloise. Le teite est encore pent-ôtre plus défavo*
rable; j'y lis (page 175) : Fleurs entièrement jaunes $ éperon
presque drcit /... peduncuiis cirrhescentéùus,.. Caractères
cooOrmét dans la description de la même plante par M. Walpcra
(page 194) s ... Coroiiœ citrinm caicari arcuato^ demUm rec-
to. — 11 nous faut donc revenir k la L. commvtata Bcrhnardi ,
ai toutefois ses graines sont semblables aux nôtres , caractère
qu'oublie de mentionner M. Walpers, ou y reconnaître une espèce
inédite et alors admettre le nom proposé par M. Le Gall. Voici, du
reste, comment elle se comporte dans mon petit jardin botanique
depuis 1845 i Lorsqu'elle provient de graines, elle prend le port
de VEiatine^ se charge de fleurs d'un rose tendre, lavé de bleu,
grandes et muoies d'un long éperon toujours courbé en hameçon;
et lorsque les dernières fleurs se montrent, elle émet k l'extrémité
de tous ses rameaux un grand nombre de racines k la façon des
Lycopodes et surtout du Lycnpodium inundatum ; Ik se forme,
avant l'hiver, un petit bouquet de feuilles très-rapprochées, ovales,
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eotières, Iîsmb, peDdaot que le reste de la pUbte mûrit ses capsolcs
k {^aincB granuleuses- tuberculées. Au printemps suhant, la plante
continue son évolution et pousse de nouveau des feuilles ovales en
cœur, hastées et poilues. — Mais il est temps de revenir k notre
Flore:
Veronica Chamœdrys^ ûfficinnUs^ nrvensis^tX hederœfoiiof
Pedicuiarts syivatica f BarUia viscosa f huphra^ia Odun-
m es / — Orobanc he Galii sur le Caiium arenarium^ minor
sur le Piantago Coronopîts , et Eryngii sur les deux
Bryngium ; — Sahia verbenaca / Ciinopodium vuigar^ /
Lamium ampiexicaufe / Pntnelln vuigans / Tehcrium
Scorodonia / — Vtrbena officinaiis ; — Lysimackia Li'-
num steUalum GG au milieu des Lagurusf Anagaliis ar"
vensisf Samotvs Valerandi $ Glavx maritima^ bords du
grand étang d'Hoedic; — ôtaiice Armeria^ Limonium \ Dœdic,
Dodartii^ et Occidtniaiis / tlaniago Coronnpus , et lanctfh
iata et la var. B ianttginosaf — Chenopodium murate^album
et Vutvaria; Beia maritima / et triplex portuiacoides , et /i^
/ordr/// Ilots le Guric^ le Valhuec^ le Glaiic^ Bass Crefsti
Bass Tostf Rumex congiomerahu^ et sa forme maritime,
Puicher^ crispus^ aceiosa ^ et Acciosetiof Poiygonum am-
phibium k Fétang d'HoMlic, murittmum sables de Porh Bras^ à
Hœdie. ^ Thesium humifasum \ Hoedic. — Arùiohchia LU-
mnîiiis k Houat, BR. — Euphorbia Hetioscopia , Paralias^
portiandicQ / Mercurialis annua ja din du curé de Hooat. —
Urticaurens Hmdic-^ Partetaria officinaiis f ffumuius Ivpu-
itts un ou deux pieds près des ruines de la chapelle de Saint-Gil-
das k Houat. --> salix viminalis planté dans le jardin du curé de
Houat. — Bphedra dislachya G dans les sables.
ZanickelUa palusiris douves de Tétang d'Hœdic \ Zostera
marina. — Lemna minor, — Arum ilalwum. — Orchis
iaxiflora Hœdic, ^lorio Houat; Ophrys a^anifera GG k Honat
entre le moulin et En Tâl et du port k Bass TosU — Tricbâ-
nema Bvlbocodium AG \ iris fœtidissima / P ancra titrm ma-
fiOmum G dans les sables de la côte Est^ k Honat, entre le port
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et le moalio , et )t Hœdic , eotre le phare et Pen Gard. — Aspa*
ragus officinaifs B mùriêtmus AG / Ifvscus aculeatuêf —
Mpkodelys aiàus pointe du Bénipiet \ Hooat^ Sciiia autum-
naUsi Hyacinthus non script us G sous quelques rochers de U
pointe du Béniguct, rare aillcure; Ailium iphœrocephatum GG.
Juncus maritimus bords de la côte d^Hœdic tris-rare, aculus
issez commua; et capitaius ÂG.; Luzuta / — Cyperus
iongus étang d'Hœdic; Scirpas setaceus^ et tacusiris étang
d'Hœdte; Canx dMsa^ GG autour de l'étang d'Hœdic, mûri--
cata^ arenaria G, Hornschuchiana et êxtensa R. — Phaiaris
minor Hœdic ; Anthoxanihum odoratum et la var. B nanum^
plante de 2 k 4 ceolimèlres sur les rochers GG; Alopecurus
agrbsiis G ; Phieum arenarium AG , ptateusef thamagroslis
minima G, Cynodon Daclylon / Agroslis vuignris G ; LagnrUs
ovaius formant des espèces de prairies sur quelques dunts. Les
bestiaux qui y paissent ne paraissent pas le b ou ter, au moins
quand il est en épi; il est plus rare k Hœdic ; Catamagtoslis
arenaria PG ; Gasiridium iendigerum / Af undo phragtniUs
G \ l'étang d'Hœdic ; R k Houat , car il crott su. les rochers du
rivage où suinte Teau douce ; Kœieria cristaia G ; Aira canes--
cens^ caryophyUacta $ Hoicus ianatus , et moUis s Arrhena-
naiherum elaiius $ Avenu fatua^ et fiavescensi Triodia
decumôensi Poa loitacea C^pra/ensùf Clyceria procumbens
^Çs\Dactylis glomerata et var. hispanica f Cynosurus cris-
talus f Festùca unf'giumis^ Bfyuros^ duriuscula^ rubra^
rigfda et dumetorum GG ; forme prairie sur quelques flots ;
Lrachypudium pinnatumi Bromus moiiis ^ sterHis^ timoili"
formis Lioyd k Hœdic; Triticum repens^tijunceunn Hordeum
marinum var. et mariiimum: Loiium perenne GG, et temuien*
ium C ; Holtboel ta incurva ta G.
Lhara fragiiis ^i\xa% dHœdic; — Asplenium marinum sus-
pendu aux voûtes des grottes de la côte; ianceoiatum R, au bé-
niguet. J'ai vainement cherché VAdianihum Captllus Veneris que
M. Lloyd a rencontré k Belle-Ile.
3.« MINERALOGIE. — J'ai déjà dit que le sol de nos
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deux tles est granitique ; les îlots voisins que j*ai voulu
visiter pour en constater aussi la nature minéralogique,
ne ni*ont offert partout que du graniL A Houat et aux tlots
qui l'entourent, c'est du granit où le feldspath existe dans
la masse en gros morceaux {granit porphyrdtdé) et à
teinte rosâtre; — à Hœdic, les grains sont fins et l'as-
pect est gris.
Il existe un petit filon de micaschiste entre le bourg et
le puits creusé à Len er Hoet , d'un mètre de large envi-
ron et se dirigeant du N.-E. au S.-O. — A Hœdic, les
travaux du fort ont aussi révélé l'existence d'un filon de
micaschiste plus délitable.
Nantes, mars 1850.
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ANNALES
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
Séance du 5 juin 1850.
PBÉSIDBNGB DB M. GBÉ60IRB , YICE-PBÉSIDEIIT.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
Correspondance :
1.^ Bibliothèque générale des Écrivains bretons, par M.
T.-P.-A. Gautier, de Dol. — Prospectus.
2.^ Concours pour un Almanacii agricole, pour 1851 ,
fondé par Jacques Bujault.
27
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1
— 582 —
S."" Association Bretonne, 8.® congrès, à Morlaix (Fi-
nistère), octobre 1850.
4.'' Congrès scientifique de France, pour 1850, 17.*
session , à Nancy.
5.® Société nationale et centrale d'Agriculture. — Bul-
letins des séances. — Compte-rendu mensuel, par M. Payen.
1849.
G."" Mémoires de la Société d'Émulation d'Abbeville,
1844, 1845,1846,1847,1848.
7.'' Bulletin de la Société d'Agriculture , Industrie,
Sciences et Arts du département de la Lozère. N.<^* 1 , 2
et 3, janvier, février, mars 1850.
8."^ Sur la congestion cérébrale, par M. Bouchet, de
Nantes.
9.° Séances publiques de la Société d'Agriculture, Com-
merce, Sciences et Art^ du d.épfirtem^nt de la Ifame;
années 1847 et 1848.
10.® Hémoires de la Société d'Agriculture, des Sciences,
Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube. T. 1 ,
2.« série. N." 7 et 8. 3.« et 4.* trimestres de 1848.
H."" Discours prononcé par M. Lanjuinais, représentant
du peuple, dans la discussion générale du budget de 1850.
— Enseignement professionnel d'agriculture.
BL Grégoire commence la lecture d'un travail intitulé :
Études sur la Ligue en Bretagne.
H. Livet continue ses communications sur la littérature
des Xyi.« et XVU.« siècles.
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— 585 —
Séance du 10 jxaiet 1850.
PlIÉSUffinCB DE m. QÈhl.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
Correspondance :
l."" Précis analytique des travaux de F Académie des
Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen, année 1849.
2.® Problèmes d'agriculture et d'économie rurale, à
l'usage des Écoles primaires rurales, par M. Neveu-
Derotrie.
L'auteur accompagne cet envoi d'une lettre par laquelle
il demande l'avis de la Société sur l'utilité de la direction
qu'il a suivie dans la composition de son livre.
M. Ch. Varsavaux est chargé d'examiner cet ouvrage et
d'en rendre compte.
S."" Une lettre de M. Loreau, docteur-médecin à Poi-
tiers, qui adresse à la Société les ouvrages suivants :
Projet de loi sur l'exercice de la Médecine et de la
Pharmacie;
De l'organisation delà Médecine rurale en France;
De l'Enseifaernent médical organisé. — Suppression
des Écoles préparatoires de Médecine et de Pharmacie.
4."* Carte du canton de Legé, par M. de Tollenare.
M* le Président lit une notice nécrologique sur M. Souêt
d'Enxttgny, enlevé depuis quelques moia à la Société:
«r M. Souêt d'Ermigny était né à Laon , département
de l'Aisne^ le 11 septembre 1772. — Sorti du collège de
la Flèche, tena p^r les doctrinaires, en juillet 1789, il
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— 584 —
entra d'abord comme surnuméraire dans les bureaux de son
père, directeur des fermes générales du Berry, à la rési-
dence de Châteauroux. Partisan des idées de réforme po-
litique et de progrès social, qui étaient Tesprit du temps ,
il embrassa le parti de la Révolution, et servit pendant
près de deux ans dans les rangs de la garde nationale de
cette ville. On sait qu'alors, de toutes parts, on courait aux
armes. Tout ce qui se sentait en état de supporter la fa-
tigue de la guerre se précipitait dans les camps. Un jeune
homme eût rougi de rester dans ses foyers , lorsque l'in-
dépendance nationale paraissait menacée. Chacun aban-
donnait ses études commencées ou sa profession , et des
armées s'improvisèrent , qui assurèrent le triomphe de h
France. M. Souêt , par ses opinions et par son âge , ne
pouvait rester étranger à cet élan militaire ; lui aussi il
fut un de ces intrépides volontaires dont on n*a jamais
bien su le nombre, et parmi lesquels se trouvaient des
pères de famille, qui s'enrôlèrent pour marcher au secours
de la patrie en danger. Carrière entr'ouverte , bmille,
M. Souêt quitta tout et se fit soldat. Le 13 septembre
1791, il fut nommé, par Louis XVI, sous-lieutenant au
7." régiment de chasseurs à cheval en garnison à Hague-
nau. Entré en campagne au mois de juin 1792 , il se rendit
dans le Porentruy , aux ligues de Weissembourg et sur le
Rhin, et assista, sous le commandement du général Cus-
tîne , aux prises de Spire , de Worms et de Hayence. La
France se trouvait alors dans une position très-critique;
les étrangers y avaient déjà pénétré par plusieurs points,
et les principales puissances de l'Europe voulaient, sinon
sa destruction totale , au moins son démembrement. En
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1793, M. Souêt fit, avec son régimeot, partie de la gar-
nison de Mayence, si célèbre par sa belle et longue dé*
fense. Pendant ce mémorable siège , il passa aide-de-camp
du général Scbelinky, polonais au service de la France.
Resté dans son régiment , après la reddition de la place ,
conformément à la capitulation, il vint, avec le corps de
la petite armée formée des garnisons du Nord, à Nantes,
pour servir à Tlntérieur contre les rebelles de la Vendée.
Là, il acheva la campagne de 1793, et fit, comme lieu-
tenant, celles de 94 et 95 : iescampagnes les plus meur-
trières de la Révolution ont été, sans contredit, celles de la
Vendée. Trois ou quatre armées y furent successivement
englouties, notamment 18,000 hommes levés à Paris et
aux environs, 12,000 tirés de Tarmée du Nord, qu*on y
dépêcha en mai 1793, outre les troupes qui y étaient déjà
et les garnisons de Mayence , de Condé , de Valenciennes,
fortes d'environ 16,000, qui arrivèrent dans les premiers
jours de septembre; en tout, 46,000, qui périrent en très-
peu de temps. M. Souêt échappa à ce chancre poliliqtiej
coDome on l'appelait alors , qui dévora tant de Français.
Mais, sur la fin de Tan II, voyant sa santé ruinée par les
&tigues de la guerre , et croyant avoir payé sa dette à la
patrie , il demanda un congé de réforme et l'obtint. Sa
carrière militaire s'étend ainsi de 1792 à 96 ; elle com-
prend toute la guerre à laquelle, dans ces derniers jours,
un grand citoyen, le maréchal Gouvion Saint-Cyr, s'hono-
rait le plus d'avoir pris part , <r parce que , disait-il , en
même temps qu'elle est une des plus saintes que la France
ait soutenue , elle est aussi celle où le peuple français a
déployé le plus d'énergie , de courage et de persévérance.
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Le but de ses efforts était de défendre rindépebdanee na-
tionale contre les armées de l'Europe coalisée. Aussi ce
Alt dans cette guerre qu'il acquit le plus de gloire , ri h
gloire s'acquiert en raison des difficultés vaincues et de la
justice de la cause. »
j» Après avoir renoncé au brillant avenir militaire qui
s'ouvrait devant lui, car chaque soldat portait alors le bâton
de maréchal de France dans sa giberne , M. Souêtdevmt
contrôleur de la garantie des matières d'or et d'argent à
Nantes. Fonctions qu'il a exercées jusqu'en 1834, époque
à laquelle il fut mis à la retraite sur sa demande.
» M. Souët était amateur érudit et soigneux d'anti-
quités: il a préservé du vandalisme beaucoup de thosies
que l'Archéologie et les Beaux- Arts seront heureux de re-
trouver ; il laisse un musée précieux de médailles, de
gravures, de pierres gravées, de vitraux, de statuettes ,
et autres objets rares et précieux dont il se plaisait à dire
les honneurs de la meilleure grâce. H. Souèt était , en effet,
un vieillard aimable et qui savait vivre : causeur spirituel
et piquant, sa mémoire, qui ne tarissait point (FaneodoCes
et de particularités , prouvait qu'il avait traversé la vie
en philosophe et en observateur. — II était depuis long-
temps membre de l'Académie de Nantes , de l' Association
Bretonne , de la Société Archéologique, qu'il a souvent
intéressée par ses communications. »
M. Renou (Guillaume-Félix), né à Nantes, le 27 fé-
vrier 1802, est admis au nombre des membres corres-
pondants de la Société, sur un rapport fait, au nom d'une
Commission , par H. Auge de Lassus.
M. Renou est avocat à Gaen et auteur d'un. CaUdogue
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— 387 —
raùonni des plantes vàsculaires qui croissent spontané-
ment dans le départefnent du Calvados. Ouvrage fait en
coUaboratioii avec MM. Haraouin et Leclerc, docteurs-mé-
decins à Caeu.
S. Vabbé Fournîer, curé de Saint-Nicolas, de Nantes,
ne à Nantes, le 3 mai 1803 , est admis au nombre des
membres résidants de la Société, sur un rapport fait,
an nom d'une Commission, par H. Ev. Colombèl.
i'ABBÉ 90UBII1BR.
H. Fabbé Fournier, curé de Saint-Nicolas, de notre
TÎfle , se présente à vos suffrages. Nous ne doutons pas
de son admission comme membre résidant.
Il serait vraiment inutile de parler des titres de nôtre
candidat : sa position dans le monde clérical , son activité
chrétienne , ses efforts pour orner notice ville d'un nouvel
édifice, les suffrages qu'il a obtenus en 1848, sa nobté
et franche conduite à TAssemblée Constituante , certes ,
en voilà autant qu^il en faut, pour que l'Académie sott
fière de posséder une nouvelle adhésion.
Mais je sais que si ces titres attirent vos suffrages et
tes entraînent , il en est d'autres, plus littéraires, qui sont
mieux goûtés par vous. Votre origine vient des lettres, des
beBes-lettres , origine qu'il faut revendiquer dans un âge
où on les oublie trop , où on les oublie au point de né plus
tes connaître !
Comme littérateur, M. Tabbé Fournier se produit en
orafear, en orateur sacré, en mattre de cette tribune
catholique qui est une des gloires de notre pays.
L'éloquence de la chaire appartient au catholicisme.
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Rien de semblable ne nous est révélé dans les fonctiom
sacerdotales du paganisme. On a voulu comparer à notre
éloquence de la chaire les leçons des philosophes, les
déclamations des sophistes , les harangues des rhéteurs.
L'assimilation est inexacte , philosophes , sophistes et rhé-
teurs, n'étaient point revêtus de ce caractère exceptionnel
du prêtre chrétien. Au point de vue moral, Socrate, ha-
ranguant les Grecs , ne vaut pas notre modeste curé de
campagne , prêchant , le dimanche , à la grand'messe ,
de pauvres cultivateurs arrachés à leurs moissons.
Et , pourtant , chose digne de remarque , l'aliment des
harangues philosophiques était bien le même aliment des
prédications de Massillon ; écoutez Cicéron :
cr De rébus bonis ac malis , expectendis aut fîigiendis ,
» honestis aut turpibus , utilibus aut inutilibus , de virtote,
» de justitià , de continentià , de prudenti& , de magni-
» tudine animi , de liberalitate , de pietate, deamicitià,
» de fide, de o£ficio, decœteris virtutibus etcontrariis
» vitiis. (De oratore , L. III). » Voilà quel était le thème
philosophique de l'antiquité. La harangue antique n'a pas
relevé le thème, le moderne sermon l'a singulièrement
exhaussé. D'autres diront d'où cette différence? Le monde
ancien avait élevé à la morale une tribune , le catholi-
cisme lui a élevé un trône. On n'a jamais parlé aux hommes
de plus haut que d'une chaire.
L'orateur sacré vient du ciel ; du moins , il doit le
croire , ce qui est plus que de le faire croire. II parle au nom
de Dieu; il vient, en son nom, parfois ch&tier l'huma-
nité , la guider souvent, l'instruire toujours , jamaisla com-
plimenter. L'auditoire chrétien n'est pas de ceux qu'oa
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~ 389 —
flatte; il est de ceux qu'on blâme. Le prédicateur qui
monte en chaire a presque un ennemi dans chaque cœur
auquel il s'adresse , et, cette passion ennemie , son devoir
lui commande de Taborder de front.
Cette difficulté de position , spéciale aux orateurs de la
chaire , nous remet en mémoire ces autres belles paroles
de Cicéron :
« In causarum contentionibus magnum est quoddam ,
» atque haud sciam an de humanis operibus longe maxi*
» mum, in quibus vis oratoris plerumque ab imperitis
n exitu et Victoria judicatur : Ubi ad est armatus adver-
D sarius, qui sit et ferrindus et repellendus : Ubi sœpe is
n qui rei dominus futurus est alienus atque iratus, aut
• etiam amicus adversario et inimicus tibi est ; quûm aut
» docendus isest, autdedocendus, aut reprimendus,aut
» incitandus, aut omni ratione,ad tempus, adcausam,
j» oratione moderandus; in quo sœpe benevolentia ad
» odium, odium autem ad benevolentiam deducendum
» est; qui tanquam macbinatione aliquft , tùm ad severita-
0 tem , tum ad remissionem animi , tum ad tristitiam , tum
j» ad tetitiam est contorquendus. (De oratore , L. II). »
Ce que Cicéron redoutait de trouver au barreau, le
prêtre chrétien le rencontre à Féglise.
J'ai comparé le barreau à la chaire. Répondrais-je à une
question banale : L'éloquence de la chaire est-elle plus
difficile que celle du barreau ?
Notre avis est que, dans les questions qui touchent à Tart^
il n'y a point de solutions absolues.
L'éloquence de la chaire a des perspectives plus grandes
que celle du barreau. Le lieu dispose mieux au recueille-
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ment. L'auditoire est plus bienveillant. [1 n'y a pas de
réplique à craindre. Voilà d'immenses avantages. Mais si,
d*un autre côté, le danger est moins pressant, le péril est
moins actuel. Le pathétique se prête mieux aux luttes de
l'audience, il y abonde parfois, quand il fuit presque tou-
jours les prédications évangéliques.
Et même, au sujet de la réplique, on a fait cette juste
observation. Sans doute , il n'y a pas à l'église de contro-
verse ouverte , apparente de réplique toute préparée , d'ob-
jection, coràm populo, d'argumentation à Tencotitre des
théories exposées en chaire; ce qui se trouve au barreau
et ce qui déconcerte bien des discours préparés et des im-
provisations arrangées à loisir; mais, dans chaque audfteur ,
11 y a une réplique sourde , occulte , cachée , d'autant
plus redoutable qu'elle est muette.
Aussi un bon prédicateur doit atler au-devant de Tar-
gument qui ne peut se produire, il doit le deviner,
l'analyser, le poser franchement et le combattre de même.
Les convictions sont opiniâtres, et elles s'entêtent d'autant
mieux qu'elles ne peuvent discuter. Silence, t)ottà Vennemi,
disait le grand Condé, quand il voyait Bourdaloue monter
en chaire.
Puis, voyez-vous, les distinctions n'ont jamais conduit
à rien, quoi qu'en disent les jurisconsultes, mes maîtres.
L'éloquence est ou n'est pas. Le lieu, la circonstance^ les
moyens, tout cela n'est pas l'éloquence ; ils peuvent aider
l'orateur , ils ne lé font point. J'ai toujours été tenté dédire
de l'orateur, ce que Boileau , qui avtiit Talr de s'y connaître,
disait du poète : C'est en x>aih qu*atf Parnasse
Assurément, il convient peu de généraliser, mais je
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r
— 59i ~
kh dm règles de réioqoeûcele oas qvie Démoslhènes fusait
de quelques critiques athéniennes.
9 AthéDÎens, disait le grand orateur, lorsqu'il s'agit
• du destin de la Gf ëce ^ qu'in)f)orte si j'ai employé ce
• terme-ci ou celi»-ià, si j'ai porté ma mahi de ce cdté
• 00 de cet autre »
L'éloquence est au-dessus de ces détails.
En suivant des routes différentes, nos grands orateurs
de la chaire ont réaKsé des merteilles. Massilloa s'adresse
an cœur; Bourdalooe, à la raison ; Bossuet, à l'imagina-
tion et à la ToloBté. De là , l'éloquence onctueuse de Mas-^
siUon; de là, l'éloquenoe irrésistible de Bourdaloue; de
là aussi, les éclairs que hnee Boesuet, et cet empire souve-
rain qu'il exerce sur eeM qui l'écoute.
Laissons chacun suivre sa route ; Démosthines sera
pkin de vigueur et de dialeetiqiie. Cicéron , pkis souple ,
s élèvera aux grandes nations d« juste et de l'iniuste. Mdb-
dlon émeut, Bourdaloue conquiert, et Bossuet illuBiiae.
BosBiiet Bionte en chaire : ii est au milieu des tombeaux
des rois; la cour eu deuil se presse autour d'un riche mau-
solée, ronrteur promène sur ceUe foule un regard long et
donioareui , il ne rooapt son silence que pour s'écrier :
Rieu miiesê gfOiwi, mai frirê8....%. Voilà de l'éloquenoe.
Où est la règle 7
Bridaiae débute à Saint**Sulptoe, en 1750; la foule se
presse aussi autour de la chaire. Bridaine ne voit que des
gens riches^ des heureux de ce monde ; il s'attriste et
deoMûde pardon à Bieu de n'avoir encore annoncé sa pa-
role qu'aux pauvres de la terre.
<r Jusqu'à présent, j'ai publié les justices du Très^^Haut
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— 592 ~
Il dansdes temples couverts de chaume, j'ai prêché les
j» rigueurs de la pénitence à des infortunés qui manquaient
j» de pain, j*ai annoncé aux bons habitants des campagnes
» les vérités les plus effrayantes de ma religion . Qu'ai-je
» fait, malheureux ! J*ai contristé les pauvres , les meilleurs
» amis de mon Dieu ; j'ai porté l'épouvante dans ces âmes
» simples et fidèles, que j'aurais dû plaindre et consoler.
» C'est ici où mes regards ne tombent que sur des grands,
j» sur des riches, sur des oppresseurs ou sur d'audacieux
» et d'endurcis pécheurs. Ah! c'est ici seulement, qu*il
» fallait faire retentir la parole sainte dans toute la force
» de son tonnerre, et placer avec moi , dans cette chaire,
» d'un côté, la mort qui vous menace, et de l'autre, mon
A grand Dieu qui vient vous juger! »
Voilà de l'éloquence. Où est la règle?
On peut dire, cependant, que le but de l'éloquence sacrée
est triple : instruire , persuader, émouvoir.
Instruire ces grands en&nts, qu'on appelle les hommes,
de ces vérités éternelles , qui sont comme les assises de
l'humanité.
Persuader que la bonne conduite et l'observance des
règles morales, non*seulement pèseront dans la balance
du Très-Haut, mais encore contribuent à assurer à
l'honmie ici-bas la plus grande somme de bien-être.
Émouvoir le riche sur les infortunes à secourir et sur les
bonnes œuvres a tenter.
Sainte, trois fois sainte mission!
Et c'est celle qu'a remplie et que remplira longtemps
encore notre candidat académique.
Ev. GOLOHBEL; Evgèrb TÂLBOT; DELALÂNDE.
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— 595 —
H. de Rivas rend compte des travaux de la Section de
Médecine pendant Tannée 1850.
M. Foulon dépose sur le bureau une proposition ainsi
conçue : Nommer une commission chargée d'apporter des
améliorations à la division actuelle de notre Société en
sections. Renvoi, selon l'usage, au comité central.
H. Grégoire achève la lecture de ses Études sur la Ligue
en Bretagne.
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1
RAPPORT
SUB LES
TRAVAUX DE LA SECTION DE MÉDECffiE
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE
DE LA LOIRE-INFÉBIECBE ,
PBKDAnT LB PB6MIBB SBMBSTBB 1850 )
PAR M. LE DOCTEUR DE ROSTAmC DE RIVAS,
SlGRjftTAlU.
Hessieubs ,
Concourir au perfectionnement des connaissances mé-
dicales, mais surtout étudier les maladies les plus ordinaires
aux pays où elles ont leurs résidences, tel est le double but
que doivent se proposer les Sociétés de Médecine. Non-seu-
lement ces corps savants ont à s'occuper du meilleur trai-
tement à préconiser , ils ont, de plus, à rechercher dans
rinfiuence de Fair, des eaux et des lieux, Torigine de ma-
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— 595 —
ladies non moins variées que ne le sont, et ces mêmes
influences, etiesaptitudes de l'organisation; seul moyen de
prévenir ces nombreuse? affectionsque l'art est souventmôme
impuissant ^ guérir. Lorsque ces affections ont pour cause
des habitudes vicieuses, aux Académies appartient d'en
démontrçr le danger; lorsqu'elles tiennent à des émana-
tions d'un sol marécageux , à elles encore de réclamer le
concours des administrations, pour tarir cette source de
misère et de mort: leur devoir, en un mot, est de faire
pénétrer dans l'opinion cette vérité déjà sortie de la plume
de Pariset, que si I4 santé publique est le résultat d'une
civilisation plusparfaite, elle en est encore le signe in&iUible,
et peut-être le signe unique.
Votre Section de Médecine, Messieurs, n'est pas restée
^^-dessous de sa mission : les nombreux mémoires que
contient 1^ journal qu'elle publie depuis 1825, l'attestent,
et les travaux qu'elle a mis au jour, les discussions aux-
cjuelles elle s'est livrée pendant le semestre qui vient de
s'écouler , témoignent d'une manière évidente que ses
membres actuels continuent à suivre la voie ouverte par
leurs devanciers.
Notre titre de secrétaire, nous faisant un devoir de vous
présenter le compte-rendu de ces derniers travaux, nous
venons aujourd'hui nous acquitter envers vous.
Mon prédécesseur, M. Chenant^is, vous a fait connattre
la composition du bureau de 1 849* U vous a dit que les
suffrages de la Sectiop de Médecine avaient alors appelé
M. le docteur Saliion à la présidence. Certes, elle ne pou-
vait faire un meilleur choix ; nul , plus que M. SalUon , ne
comprend la dignité du corps auquel il appartient; nul.
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— 396 —
plus que lui , ne réunit les qualités qui donnent de l'auto-
rité à un président. Cependant, la Section étant obligée
d'obéir à son règlement, et ses articles lui détendant de
laisser, deux années de suite , le même membre présida
ses séances, M. Pihan-Dufeillay, son vice-président, a été
nommé président pour 1850, et M. Bonamy a été appelé
à la place que ce dernier venait de laisser vacante. Hais
M. Sallion , avant de quitter le bureau , a voulu remercier
ses collègues du témoignage d'estime qu'il en avait reçu,
et leur donner quelques-uns de ces conseils auxquels son
expérience et sa haute position donnent un si grand poids,
et L'année qui vient de s'écouler, leur a-t-il dit, a été mar-
quée par deux actes qui démontreraient, à eux seuls, l'uti-
lité des associations médicales : Tun , a été les nouveaux
efforts que npus avons tentés contre le projet de loi du 1."
octobre 1849, par lequel les médecins seraient, de nou-
veau , soumis à la patente ; l'autre, concerne les études aux-
quelles nous nous sommes livrés à l'occasion du choléra. »
Puis , après avoir démontré ce qu'il y aurait d'inique à sou-
mettre à l'impôt une profession exercée par des honames
dont l'existence, presque tout entière, s'écoule à remplir
des fonctions gratuites ou à soulager des malheureux,
auxquels ils doivent souvent fournir et les médicaments et
la subsistance , il s'étend sur le dévouement qu'a montré le
corps médical, durant la dernière épidémie , et termine, en
engageant la Section à ne pas perdre de vue l'objet princi-
pal de son institution , qui est de recueillir les observa-
tions météorologiques, topographiques et de médecine pra-
tique , propres à établir la constitution médicale de Nantes
et de la Loire-Inférieure.
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- 397 —
Vous le savez déjà, Messieurs, Fart médical n'est pas le
résultat d'une science unique, il est dû au concours de plu-
sieurs sciences dont le médecin doit au moins en con-
naître les premiers éléments, s'il veut sortir d'un empi-
risme aveugle et apprécier sainement les phénomènes
ainsi que les perturbations de notre organisme. En prenant
possession du fauteuil, M. Piban-Dufeillay a fixé l'attention
de ses collègues sur ces sciences, dites accessoires, et son
discours a démontré qu'il savait apprécier toute leur im-
portance, et fait espérer qu'il saurait donner une excellente
impulsion aux travaux que son mandat lui prescrit de diri-
ger, cr Pourquoi, a-t-il demandé, l'histoire naturelle médi-
cale, qui compte dans notre Section de si dignes inter*
prêtes, n'y prend-elle jamais rang? Pourquoi ceux de nos
collègues que les circonstances mettent à même d'étudier
les questions, si souvent difficiles, de médecine judiciaire «
négligent-ils de communiquer aux autres le fruit de leur
expérience? Pourquoi, a-t-il dit encore, les savants pharma-
ciens que nous possédons parmi nous, dérobtfnt quelques
instants à leurs occupations de chaque jour, ne sentent-ils
pas le besoin d'éclairer l'obscurité de quelques-uns de ces
faits pratiques de pharmacie et de chimie, qui embanras-
sent encore le médecin dans l'exercice de son art? Ces
élucubrations scientifiques dont notre journal se ferait, en
quelque sorte, le Moniteur, auraient les résultats les plus
avantageux, et pour l'instruction de quelques-uns et pour
l'illustration de notre Société médicale. j>
La Section, nous n'en doutons pas, s'efforcera d'entrer
dans cette voie: elle prêtera l'oreille aux avis d'un homme
qui a &it de chacune de ces sciences une étude spéciale i
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— 398 —
et que la confiance de Tautorité, l'estime de ses confrères
Tient de faire choisir pour suppléer le professeur de chimie
de notre École de médecine , et de faire nommer , en
même temps que notre secrétaire général, M. le docteur
Malherbe, membre du Conseil de salubrité de la Loire-
Inférieure.
Mais , hfttons-nous de parler du sujet même de ce
rapport, des travaux des membres de la Section de Mé-
decine.
Du moment qu'elle a conçu , la femme éprouve dans
tout son être de profondes modifications, et le changement
qui s'est opéré en elle se feit apercevoir dans toutes ses
fonctions. De ce &it, il est &cile de conclure qu'une mala-
die survenant pendant cet état , ne suivra pas son cours
habituel. Ce point, si important, M. le docteur Aubinais
s^est proposé de Télucider dans un mémoire intitulé:
Des Fièvres intermittentes ou rémittentes, considérées dans
leurs rapports avec la grossesse. Cette nouvelle communica-
tion de notre laborieux confrère feit partie d^une série de
mémoires, relatifs aux affections qui' atteignent le plus ordi-
nairement les femmes , dans le cours de leur gestation , aux
accidents dont elles peuvent être victimes , pendant leurs
couches, ainsi qu'aux dangers multipliés qui peuvent être à
craindre à la suite de cet état physiologique. Plusieurs de
ces mémoires sont déjà publiés , les autres ne tarderont pas
à rètre.
M. Aubinais reconnaît tout d'abord que la simultanéité
de la fièvre périodique et de la gestation est un fiiit déjà
signalé par les accoucheurs ; que ces derniers le regarde
comme une ftcheuse complication et un élément pouvant
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— 599 —
déterminer des accidents chez la femme et chez le fœtus.
Une longue pratique médicale , dans un pays marécageux,
lui a permis de constater la justesse des observations de
ses devanciers, et d*y ajouter le résultat de son expérience.
Il signale deux cas d'hypertrophie de la rate , chez des
enfants dont les mères avaient été atteintes d'accès de
fièvre intermittente, pendant une grande partie du cours
de leur grossesse.
D'après M. Aubinais , le premier stade d'un accès ré-
gulier de la fièvre des marais , c'est-à-dire le frisson , en
amenant le refroidissement de la périphérie du corps ,
produirait , vers les organes internes , une congestion suf-
fisante pour impressionner le fœtus et en déterminer les
mouvements. Il s'est assuré que cette fièvre périodique,
d'abord simple et régulière , n'entravait pas ordinairement
la marche de la grossesse , mais que , cependant , aban-
donnée à elle-même, son caractère primitif se modifiait
bientôt et que sa gravité augmentait. Cette transformation
n'arriverait, toutefois, que rarement, dès les premiers
accès; et ne survenant que graduellement, elle laisserait
aux praticiens le temps de prémunir leurs malades contre
sa funeste influence.
Pour l'auteur que nous analysons , l'accident le plus
grave et le plus fréquent qui puisse être déterminé par
la fièvre rémittente , chez la femme grosse, est l'éclampsie.
La crainte de cette affection , la plus terrible peut-être
de celles qui peuvent accompagner la gestation , a engagé
M. Aubinais à administrer le sulfate de quinine , aussitôt
le mal reconnu*, et immédiatement après l'accès; il affirme
que si Ton néglige cette précaution , le proxîsme suivant
pourra doubler d'intensité.
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— 400 —
Cette lecture soulevait d'importantes questions , sur Té-
tiologie et le traitement des fièvres intermittentes, et MM.
Sallion père, Malherbe et Gély ont discuté tour à tour ces
points, encore controversés.
Nous avons maintenant à examiner le traitement de
quelques-unes de ces maladies, qui atteignent l'ouvrier dans
l'exercice de sa profession. Et vraiment , c'est bien aux
médecins à dire ce que coûtent de labeurs et de dangers
ces produits, qui nous rendent l'existence &cile, car tous
les jours ils ont à soigner les maux inhérents à leur mise
en œuvre , lorsqu'ils ne peuvent traiter l'industrie elle-
même, en faisant disparaître un procédé vicieux : ainsi,
en a-t-on agi, à l'égard du travail delà boyauderie qui , au-
trefois si infect, ne l'est plus ; du travail des monnaies et de
celui des doreurs, autrefois si pernicieux, et qui ont cessé
de l'être; et maintenant des centaines d'ouvriers qui , na-
guère, encombraient nos hôpitaux , ne quittent plus leurs
ateliers, le sein de leur Camille. Cependant, malgré tant de
progrès opérés dans ces derniers temps, M. le docteur Mal-
herbe a souvent constaté combien les tentatives sont restées
inutiles , lorsqu'elles ont eu pour but de soustraire à l'in-
fluence délétère du plomb , les ouvriers qui manipulent
ce métal , sous une forme ou sous une autre ; il a égale-
ment observé que si les moyens de traitement , aujour-
d'hui préconisés , procurent la guérison du plus grand
nombre des individus atteints de l'intoxication saturnine,
que l'on rencontre souvent des cas de paralysie incurables
et que l'on voit même^ parfois, des malades succomber
à l'encéphalopathie. Notre collègue s'est proposé de re-
chercher s'il n'y aurait pas un moyen curatif , préférable
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— 401 -
à ceux employés jusqu'à ce moment ; et, depuis 1846 , il
poursuit ses investigations sur cet intéressant sujet , dans
les salles de nos hôpitaux , dont il est un des médecins
suppléants. Le résultat qu*il en a obtenu , il nous Ta &it
connattre sous le titre suivant : De T utilité de la belladone
dans le traitement de la colique de plomb, — Réflexions
critiques sur quelques points de la thérapeutique des ma-
l€ulies saturnines.
M. Malherbe a donné pour base à son traitement ces
deux&its: 1.'' Élimination de la substance toxique; 2."*
Cessation des désordres auxquels elle a donné lieu. Et
les nombreuses observations qu'il cite à l'appui du moyen
thérapeutique qu'il propose , prouvent d'une manière évi-
dente sa parfaite efficacité. Pour l'administration de la
belladone , notre collègue a adopté la formule conseillée
par M. Bretonneau, contre quelques accidents nerveux:
il prescrit , le premier jour , 5 centigrammes d'extrait
de belladone , unis à 10 centigrammes de poudre de ra-
cine de la même plante. Si l'action du médicament est
manifeste, il continue, à la même dose, les jours sui-
vants ; et, après trois ou quatre jours , il diminue et cesse*
même le remède, si les symptômes de l'intoxication se
trouvent entièrement neutralisés. Mais une précaution que
M. Malherbe a toujours eu soin de prendre , c'est de faire
fractionner la dose de chaque jour , en 5 parties, qui doi-
vent être administrées dans toute la journée à intervalles
égaux.
Après cette communication si remarquable , MM. Thi-
beaud, Hignard, Âubinais, Mareschal, Rouxeau et Bo-
namy, sont venus faire part de leurs lectures et de leurs
expériences sur le même sujet.
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— 402 —
Mais la chirurgie , Messieurs, n'est pas restée en arrière «
dans nos luttes académiques. Nous devons à notre Prési-
dent un mémoire riche de faits nouveaux , et rempli d'une
judicieuse érudition, sur les Plaies intestincdes , leur his-
toire et leurs traitements. Cependant, ce travail volumi-
neux, dans lequel M. Gély a ajouté, aux recherches de
Travers et de Strauss , ses propres recherches , et dont la
lecture doit occuper plusieurs séances , ne nous ayant été
communiqué , jusqu'à cette époque , qu'incomplètement ,
nous en remettons l'analyse à notre prochain compte
rendu.
Il nous reste encore à vous entretenir du Rapport sur
Vépidémie du Choléra morbm asiatique, observée à Kantes
et dans diverses parties du département de la Loire-Infé-
rieure ^ en 1849, par M. le docteur Eug. Bonamy. Ce nou-
veau travail de notre confrère, rédigé avec cette con-
science et ce talent d'observation qui le distingue , rend
ce document des plus précieux , non-seulement pour servir
à l'histoire des épidémies dans notre département, mais
encore comme le résumé complet des tentatives faites pour
combattre un des fléaux les plus terribles que l'homme
ait à redouter. Certes, en voyant ainsi réunis les résultats,
si souvent stériles , de tant d'efforts et de moyens théra-
peutiques, on ne peut que déplorer l'impuissance dont
l'art médical a fait preuve dans cette dernière invasion du
mal asiatique. Cependant, si l'on énumère les merveil*
leuses conquêtes déjà acquises à la médecine, et le quin-
quina enlevant à une mort certaine les malades atteint!
de la fièvre pernicieuse , et la vaccine préservant de la
variole , et quelques atomes d'un sel métallique neutrali*
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~ 403 —
saut un virus qui fait tomber notre corps eo dissdutiqn ,
au milieu même de la vie, l'on reprend courage et Ton
ne s'occupe qu'avec plus d'ardeur de la résolution do ce
grand problème. Dans ce cas, désespérer de l'avenir, serait
trahir les intérêts du genre humain.
II est un fait qui pourrait guider les médecins dans
leurs luttes contre ces redoutables épidémies, fait dont ils
n'ont pas su tirer, jusqu'à ce moment, tout le parti pos-
sible : c'est l'influence de certaines industries s^r ces épi-
démies même. Dans toutes les pestes qui ont désolé les
différentes villes et dévasté des régions entières, nous ap-
prend Ramaszini , les médecins ont observé constamment
des arts privilégiés, mettant à l'abri de la contagion tous
ceux qui les exerçaient , et d'autres dont les ouvriers pé-
rissaient, sans qu'il en restât un seul. Ainsi, dans la peste
affreuse qui désola Marseille, en 1720, tous les boulan-
gers périrent, et Ton fut obligé d'en faire venir des villes
voisines pour su£Qr6 aux besoins du peuple. Au contraire,
dans plusieurs autres pestes , on observa que les vidan-
geurs échappèrent à la contagion.
Revenons au mémoire de H. Bonamy. Après un aperçu
topographique de la Loire-Inférieure, l'auteur donne la
date de l'invasion du choléra morbus sur les différents
points de ce département, il s'étend sur son invasion
dans les hôpitaux de Nantes, et récapitule ainsi les cas
traités dans ces deux établissements :
A Saint- Jacques.. • 371 cas, 291 décès, 80 guérisons.
A l'Hôtel-Dieu. .. . 434 260 174
Total. . . 805 cas, 551 décès, 254 guérisons.
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— 404 —
Il a été impossible à H. Bonamy de connaître le nombre
des cas de choléra qui se sont manifestés dans la ville; il
n'a pu apprécier que celui des décès, qui s*est élevé à 556 ,
chiffires auxquels il Taut ajouter ceux de 551 , représentant
les décès des hôpitaux. On obtient ainsi , pour la ville de
Nantes, un total de 1,107 décès, dont 508 appartenant au
sexe masculin et 437 au sexe féminin.
Nous avons encore remarqué une excellente description
du choléra morbus , de nombreuses observations de cette
maladie, son étiologie ainsi que l'exposé des moyens em-
ployés pour la combattre; enfin, le résumé des différences
principales qui ont existé entre l'épidémie de 1849 et celle
de 1832.
M. Bonamy n'a pas voulu achever son travail sans rap-
peler la belle conduite des docteurs Walezinski, Cailleteau,
Villeneuve et de l'élève Jalaber, qui sont allés porter des
secours médicaux aux cholériques , sur différents points de
notre département, et qui se sont acquittés de leurs tâches
avec un zèle et un dévouement dignes d*éloges et de la re-
connaissance de leurs concitoyens.
Hais ce que M. Bonamy n'a pas dit, et ce que nous
vous dirons , c'est le courage et l'abnégation dont il a (ait
preuve lui même durant cette cruelle épidémie. Dès 1834,
lors de la première invasion du choléra , il obtint une mé-
daille d'argent pour être allé secourir les malades de Saint-
Nazaire. La même année et la suivante, il fut délégué dans
plusieurs communes de notre département pour y
combattre une dysenterie épidémique , qui y causait une
effrayante mortalité. Tant de dévouement devait appeler
sur lui l'attention de Tautorité supérieure ; aussi , le 27
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— 405 —
iévrier 1846, fai-il nommé médecin des épidémies de
Tarrondissement de Nantes, sur la présentation de M.
Fouré , qui en remplissait le pénible service depuis 40
années.
C'est ainsi qae la considération publique ne semble avoir
accumulé sur la tête de notre vénérable doyen les plus hautes
fonctions médicales, que pour lui permettre de les distribuer
à ses élèves les plus dignes et les plus capables, après en avoir
lui-même augmenté l'importance, par la manière dont il a
su les remplir. Devenu possesseur du titre officiel, M. Bo*
namy n'en a déployé que plus d'activité, et bientôt il dut
parcourir les communes de Sucé et de laBoissière-du-Doré,
pour combattre la fièvre thyphoïde, de la Chapelle-Basse-
Her pour la scarlatine, du Loroux-Bottereau pour la dy-
senterie, de Carquefou pour l'angine couenneuse,etc. Enfin,
sa belle conduite, lors de l'épidémie de 1849, lui a valu
sa nomination dans Tordre de la Légion-d'Honneur , dis-
tinction, certes, bien due à tant d'éminents services.
Permettez-nous, Messieurs, avant de terminer, de vous
signaler une autre récompense accordée au corps médical,
dans un de ses membres les plus distingués, M. le doc-
teur Marion de Procé, médecin en chef de l'Hôtel-Dieu^
membre du Conseil de salubrité, presque depuis son orga-
nisation, qui longtemps a été un des travailleurs de votre
Académie, lui aussi vient de recevoir la croix de la Légion-
d'Honneur. Ancien membre du Conseil municipal de Nantes,
M. Marion de Procé a été également , pendant quelques
années, professeur de clinique de notre École de Médecine,
place que sa santé ne lui a pas permis de garder, et dont
cependant il n'a pas cessé de remplir les fonctions ; car
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1
~ 406 —
chaque matin, entouré d'une phalange de jeunes docteurs,
par sa pratique, il leur enseigne Tart si difficile de bien
observer, et par ses conseils, par s<mi exemple , à recber*
cher, avant tout, dans la profession qu'ils viennent d'em-
brasser, une position sociale honorable, et à oiériterrestiine
publique.
Ce compte rendu. Messieurs, doit vous convaincre que
les membres de votre Section de Médecine sont poaétrés
de la môme pensée qui animait le directeur de TÉcole de
Médecine de Nantes, lorsque, dans la séance de la distribu-
tion des prix de 1847, séance qui restera gravée dans la
mémoire des assistants, qui tous, mattres et élèves, avaient
été ou étaient encore ses disciples, il disait, après avoir
énuméré tout ce que la société attend du médecin : « Pour
se préparer à des missions aussi graves et aussi solennelles,
il faut qu'il y pense chaque jour ; car, encore ici, la science
marche, et il &ut qu'à chaque instant il en suive les pro-
grès, pour ne pas cesser d'être son digne ministre et son
légitime interprète, toutes les fois qu'il en est requis. »
Nantes, 1." juillet 1850.
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— 408 —
lion, bien digne, en effet, d*un examen attentif. Plus de
cinquante mémoires nous furent adressés des divers pojnts
de la France, et nous pouvons dire avec vérité que plu-
sieurs, qu'un grand nombre même de ces mémoires trai-
taient la question avec une grande hauteur de vues et de
saines appréciations. Plus tard, ce dépôt précieux de nos
archives pourra être consulté avec fruit, car la question est
demeurée et demeurera, sans doute, longtemps encore toute
entière, et avantqu'elle n'aitreçu sa solution, biendesétudes
seront faites, bien des efforts seront tentés pour Félucider
de nouveau et la faire arriver à bonne fin.
Du reste, tous les auteurs étaient d'accord pour recoa-
nattre que le mal était réel, que le mouvement des popu*
lations vers les villes était incessant, et que ce déplacement
des forces vitales du pays avait des conséquences funestes
qu'il était d'un haut intérêt d'arrêter.
Sur les causes de cette émigration le même accord exis-
tait, et cette unanimité d'opinions proave que« partout en
France, les mêmes motifs se produisent et ont le même
résultat.
(]es causes sont particulièrement :
Le bas prix des salaires attribués aux travaux de la cam-
pagne.
La continuité, la dureté de ces travaux.
La monotonie, l'ennui même de la vie des champs.
L'attrait des plaisirs, du luxe, des distractions de la
ville.
Le prix des salaires qui, tout au moins, en apparence, y
sont plus élevés.
La réunion, dans les grands centres de populations, des
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— 409 —
établissements de commerce et d'industrie, les travaux im-
portants et continuels qui s'y exécutent.
Les ressources offertes à la maladie, à la misère par les
établissements de charité et de bienfaisance, qui ne se trou-
vent que dans les villes.
Un peu de fortune acquise ou recueillie, une certaine
éducation reçue et qui donnent le désir de se produiresur
un plus vaste théâtre.
Les goûts pris dans la vie militaire et qui éloignent en
grande partie des campagnes les soldats libérés.
La domesticité qui se recrute généralement dans la cam-
pagne et qui, plus tard, vient se fondre dans la popula-
tion des villes.
Toutes ces raisons et d'autres qui peuvent nous échap-
per, étaient développées, commentées, de manière à faire
ressortir jusqu'à l'évidence, que les causes si diverses de
cette émigration avaient une action naturelle, continue et en
quelque sorte forcée.
Mais, si le mal était facile à reconnaître et k signaler ,
il n'en était pas ainsi du remède. Sur ce point les idées
variaient à l'infini. On peut même dire que les moyens in-
diqués ne présentaient presque rien de pratique et de réa-
lisable. Certaines indications allaient même jusqu'à l'excen-
tricité, jusqu'à l'impossible. Et, si quelques-unes semblaient
justes et susceptibles de produire un bon résultat, on pou-
vait aussi saisir de suite les nombreuses diflicultés de leur
application, en présence d'habitudes qu'il iallait rompre
ou tout au moins modifier, de goûts et d'intérêts auxquels
il fallait trouver moyen de donner de justes compen-
sations.
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— 410 —
Qu'on ne s*étonne point , au surplus, du vague de l'in-
suffisance des moyens indiqués. II suffit, en effet, d'exa*
miner sérieusement les causes que nous venons d'assigner
à cette émigration , pour juger que d'obstacles naissent et
s'élèvent pour les détruire et même pour les combattre.
Et cependant serait-il sage de s'arrêter devant ces diffi-
cultés et de proclamer ainsi son impuissance ?
Non , sans doute.
Un fait malheureusement constaté , c'est que l'agricul-
ture n'a pas, en France, toutes les ressources qui lui sont
nécessaires; c'est que, surtout, le manque de bras est
souvent nne cause de son insuccès, une cause qui, du
moins, arrête son développement.
Un autre fait, non moins évident, c'est que les villes
s'encombrent d'une population flottante, qui souvent ne
peut trouver d'emploi , arrive à la misère par le manque de
travail et devient bientôt une charge pour les villes et par-
fois même un danger pour leur sécurité.
Si ces deux faits sont constants , si le résultat fâcheux
qui en découle ne peut être mis en doute , il faut que les
esprits sérieux ne se lassent point d'apporter leur contin-
gent de lumières pour faire cesser un état de choses en
opposition manifeste avec l'intérêt général du pays, avec
l'intérêt même bien entendu de ceux qui prennent part
à cette émigration imprudente.
Nôtre époque a senti qu'il est des besoins auxquels il
est sage de donner satisfaction. Beaucoup de bons esprits
ont même émis l'opinion que les questions du travail , des
salaires, de l'assistance publique, devaient être l'objet d'é-
tudes constantes, afin d'arriver , s'il est possible, àrépar-
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— 4H —
tir, d'une manière qui 6oit profitable à tous, les res-
gources mises à la disposition de la grande femille , à amé-
liorer surtout la position de ceux qui travaillent et qui
souffrent. Eh bien , il nous semble vrai de dire que dans
la solution de la question qui nous occupe, se trouverait
la solution d'une grande partie de ces questions sociales ,
soulevées, débattues aujourd'hui. On sent dès lors de
quel intérêt il devient de constater d'une manière précise
quelle est, en réalité, Timportance de ce déplacement des
populations, afm que le mal, mis ainsi à nu, il devienne
plus facile de lui trouver un contre-poids ou un remède.
C'est là le but que nous nous sommes proposé dans
le travail que nous venons vous soumettre. Nous sommes en-
trés , à cet efiét , dans le cœur nnéme de la question , et sans
rien donner à l'hypothèse, mais en nous servant unique-
ment de documents et de chiffres officiels , nous avons
résolu^ ce nous semble, ces deux questions que nous nous
étions posées.
Le mouvement des campagnes vêts les villes est-il réel ?
Dans quelle proportion ce mouvement s'opère-t-il ?
Pour point de départ , voyons d'abord quel a été le chif-
fre de ht population de la France, à diverses époques > de-
puis le rétablissement de la paix ^continentale.
Le territoire français, rentré dans les limites que les
traités lui avaient &ites, présentait : ladîvidas.
En 1815, une population de 29,152,743
En 1825, cette population s'était élevée à. 30,451,187
En 1835, — — 32,560,934
En 1845, — — 35,401,761
Ainsi, dans la période de 30 années, de 1815 à 1845,
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— 412 ~
l'accroissement de la population, en France, a été de
6,249,018, soit une moyenne d'environ 2,000,000 par
10 ans.
Si maintenant nous voulons établir cet accroissement
pour la période de 20 années, de 1826 à 1847 (les do*
cuments pour les trois dernières années n'étant point en-
core suffisamment établis), nous trouvons :
Population en 1827. . . . 31,851,545
— en 1846. . . • 35,401,761
Accroissement. . . . 3,550,216
Cet accroissement de 3,550,216 se décompose comme
suit:
3,011,164 Excédant des naissances sur les décès.
539,052 Augmentation que Ton peut attribuer i
l'émigration et à l'établissement d'étran-
gers en France.
3,550,216
Voici comment se répartit cet accroissement de 3,01 l,iS4
individus, provenant de l'excédant de naissances :
naissances. Décès.
1827 980,196 791,125 189,071
1828 976,547. 837,145 139,402
1829 964,527 803,453 161,074
1830 967,824 809,830 157,994
1831 986,709 802,761 183,948
1832 938,186 933,733 4,453
1833 969,983 812,548 157,435
A reporter. 6,783,972 5,790,595 993,377
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— 415 —
0O6ê8>
AMroitMment.
lort...
6,783,972
5,790,595
993,377
1834
986,490
917,828
68,662
1835
993,833
816,413
177,420
1836
97«,820
771,700
208,120
1837
943,349
«78,701
64,648
1888
961,476
846,199
115,277
1839
957,740
780,600
177,140
1840
952,318
816,486
135,8S2
1841
976,929
804,7<2
1^2,167
1842
982,896
836,152
146,744
1643
983,107
611,435
171,672
1844
967,324
776,526
190,798
184S
992,033
754,701
237,332
1846
983,473
831,498
151,975
19,444,760
16,433,5%
3,011,164
C'est sur ces 20 années de 1827 à 1846 et sur ce chiffre
de 3,550^216 que nous allons opérer. Nous ferons re-
marquer que , dans cette jpériode , une année a été signa-
lée par une violente épidémie. En 1832, en effet, le cho-
léra a sévi , en France , avec une grande intensité , mais
cette circonstance viendra encore donner plus de force au
résultat que nous obtiendrons^ car il est positif que les
ravages du éholéra ont été bien phis meurtriers dai^s les
villes qm dans les campagnes.
Or, avons-nous dit, la population officielle de la
France , en 1827, était de 3U85U54S individus. L'accrois
sèment de 3,550^216 donne ainsi, sur la population géné^
raie, «ne progcesoion de U|14 7o«
29
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— 414 —
Pourarriver au but que nous voulons atteindre, il importe
maintenant d*étabir dans quelle proportion les villes et les
campagnes ont contribué à cette augmentation totale de
la population.
En 1827, la population des 86 chefe-lieux de préfec-
tures, était de '. 2,781,661
Celle des 276 sous-préfectures, de.. . . 1^766,814
4,548,475
En 1 846 , cette population se trouve :
Préfectures. . . . 3,135,337
Sous-préfectures. 2,023,153
Accroissement 610,015
5,158,490 5,158.490
Dans cette période de 20 années , l'accroissement de la
population des 362 principales villes de France a ainsi été
de 610,015 individus.
Soit, dans une proportion de 13,41 Vq.
Si , enfin , du chiffre total de la population , aux deux épo-
ques que nous comparons, nous déduisons celui qui s'ajqpli-
que à ces 362 villes, nous avons, pour former la population
des campagnes :
1827 27,303,070
1846 30,243,271
Accroissement 2,940,201
30,243,271 30,243,271
Cette augmentation de 2,940,201 individus sur le chiffre
primitif de 27,303,070 né présente plus qu'une proportion
de 10,76 •L
Ainsi, voici un fait acquis. Dans la période de 20
années, de 1827 à 1846,
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— 41B —
La population générale de la France s*est accrue dans
une proportion de 11,14 7q.
Et les villes entrent dans cette progression pour 1 3,4 1 ^/o.
Tandis que les campagnes n'y figurent que pour 10^76 7o.
De ce rapprochement, il résulte la preuve la plus
évidente que la population s'accroît, en France, dans
une proportion plus forte dans les villes que dans les cam-
pagnes.
Cette différence , en tant qu'elle s'applique à la France
entière n'est sans doute pas très-sensible, mais elle s'élar-
git d'une manière notable , lorsque la comparaison s'établit
sur les grands centres de population. On va pouvoir en ju-
ger par quelques détails dans lesquels nous croyons conve^
nable d'entrer, afin de donner une idée aussi complète
que possible de la manière dont s'établit cette progi^essioâ
sur divers points de la France.
Commençons d'abord par notre défMUPtement :
En 1827, la population oflicielle de la Habîuois.
Loire-Inférieure était de 457,090
En 1846, elle s'éleva à..*. 517,265
Accroissement 60,175
517,265 517,265
Cette augmentation de 60,175 donne, pour le départe*-
roent, une proportion de 13,16 V*.
En 1827, la population de Nantes était de. 71,739
Celle d'Ancenis 3^145
Chàteaubriant 2,145
Paimbœuf. 3,646 ^ *^'^^*
Savenay 1,845
A reporter,.,,,, 82,520
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~ 416 —
Rep<H*t 82,SM
En 1846,1e chiffre de cette popalation
se trouve ainsi fixé :
Nantes 88,250
ÂDcenis 3,746
Ghftteanbf iant. . . 3 ,867
PaimboBuf 3,473
Savenay 2,299
Acoroissement 19,115
101,635 101,635
Augmentation de la population de nos cinq principales
villes du déparieiMDt , 19,115 ; soit : 23,17 •f^.
£a 1827 1 la population du reste du département, corn*
prenaut les campagnes, était de 374,570
En 1846 , elle s'éleva à 415,630
Acevoiss^neiit 41,060
415,630 415,630
Augmentation de la population des campagnes 41,060;
soit! 10,96 Vo.
Ainsi , pendant ces 20 années , l'accroissement de la
population, dans noU^ département, présente les propor-
tions suivantes :
Pour le département entier 13,16 •/••
Four les villes 23,17 Vo»
Pour les campagnes 10,96 Vo*
BOUCHBS-DU-RBÔNB.
1827. Population du département* 326,302
1846. - - 4*3,918
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— 417 -~
Accroissement 87^616
Soit: 26,85 Vo-
1827. Population des villes (I). . <58,»44
1846. — — 213,225
Accroissement « . « 54,281
Soit: 34,15 «/o.
182.7. Population des campagnes. 167,358
1846. — — 20a,693
Accroissement 33,335
Soit: 19,91 Vo-
1827. Population dji département 538)151
1846. — — 602,444
Accroissement 64,293
Soit: 11,94 Vo.
1827* Population des villes <1(H826
1846. ^ — 144,338
Accroissement. ?3,512
Soit : 30,23 7o.
1827. Population des camtognes. 427,325
1846. ~ — 458,106
Accroissement 3f0,78i
Soit : 7,20 Vo-
BAS-IMim*
1827. Population du département. 535^467
1846. — — 580,373
* I Il II iiiiii
(1) Préfectures et Soas-Prëfectores.
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— 418 —
Accroissement 44,906
Soit : 8.38 Vo-
1827. Population des villes 70,447
1846. — — 81,620
Accroissement 11,173
Soit: 15,85 Vo-
1827. Population des campagnes. 465,020
1846. — — 498,753
Accroissement 33,733
Soit : 7,25 Vo-
HÀUTE^iJlOHraS.
1827. Population du département. 407,016
1846. — — 481,936
Accroissement 74,920
Soit: 18,40 Vc
1827. Population des villes 64,764
1846. — — 95,269
Accroissement 30,505
Soit : 47,01 %.
1827. Population des campagnes. 342,252
1846. — — 386,667
. Accroissement 44,415
Soit: 12,97 Vo.
HAIRE-ET-LOIRE.
1827. Population du département. 458,674
1846. _ — 504,963
Accroissement 46,289
'Soit : 10,09 Vo-
Digitized by CjOOQ IC
— 419 —
Digitized by CjOOQ IC
1
— 420 —
Accroissement 9,8é7
Soit : 34,23 Vo-
1827. Population des campagnes. 261,334
1846- — — 273,707
Aocroissement 12,373
Soit ; 4,73. «/o.
SÀRTHE.
1827. Population du département. 446,519
1846. — — 474,876
Accroissement. • 28,357
Soit: 6,35 Vc
1827. Population des villes 34,487
1846. — — 40,212
Accroissement 5^725
Soit: 16,6» Vo»
i 827, Population des cam.pag.ne$ . 4 1 2,032
1846. — — 434,664
Accroissement. 22,632
Soit : 5,25 Va-
VÂB.
1827. Population du département. 311,095
1846. — — 349,859
Accroissement. . « 38,764
Soit: 12,45 7o..
1827^ Population des villes 57,892
1846. — — 70,674
Accroissement 12,782
Soit : 22,09 V«.
Digitized by CjOOQ IC
— 4âi —
18i27. Population des campagnes. 253,203
1846* ~ — 27»,1»5
ÂecroiBBenient 25^982
Soît : iO^ V«*
ÀLLIEB.
t827. PopuIalioB du. département 285,302
1846. — — 329,540
Accroissement 44,238
Soit: 15,50 »/<>.
1827. Population des villes 26,363
1846. — — 30,656
Accroissement 4,293
Soit : 16,33 7o.
1827. Population des campagnes. 258,939
1846. — — 298,884
Accroissement 39,945
Soit : 15,42 Vo-
Nous ne croyons pas devoir pousser plus loin nos calculs
comparatifs. Qu'il nous suffise de dire que nous avons fait
la même, opération sur un bien plus grand nombre de
départements , et que le résultat obtenu constate que par-
tout en France , le mouvement de la population est à peu
près dans un sens identique.
Cependant, Taccroissement de la population est loin
d'avoir partout la même importance. Il y a, sur ce point,
des différences notables , doai il acHwit certainement utile
d'étudier les causes. Sans insister davantage sur cette dif-
férence , noua nous contenterons de signalqr les départe-
Digitized by CjOOQ IC
— 423
ments dans lesquels la population s'est le plus développée
et ceux où elle est demeurée à peu près stationnaire.
En première ligne , il &ut citer le département de la
Seine , qui , dans les 20 années que nous analysons , a
vu sa population s'élever de 1,013,373 à 1,364,933, soit
de 34,69 y,.
Puis, viennent ensuite, par rang d'accroissement:
LB BHÔAB.
1827. 416,575
1846. 545,635
Accroissement. 31 7«*
BOVCHBS-DU-RHÔm.
1827. 326,302
1846. 413,918
COBSB.
1827. 185,079
1846. 230,271
1827. 369,298
1846. 453,786
LOIBE.
FiniSTÈBE.
1827. 502,851
1846. 612,151
PYBÉNÉBS-OBIBIITALBS^
1827. 151,372
1846. 180,794
26,85 Vf
24,41 •/..
— 22,87 •/.•
21,73
— 19,41 •/..
Digitized by CjOOQ IC
— 425 —
HiUT-BHIN.
i827. 408,74t ) . . .„ .^ .
} Accroissement. 19,19 %•
1846. 487,208 ( '
niÈrBB.
1827. 271,777)
1846. 322,262 j "~ **'" ''"
CHBB.
1827. 248.589) _
1846. 294,540 ( **'** /"
HlCTB-fiABOIinE.
1827. 407,016
1846. 481,938' "" *M0 •/••
nOBD.
1827. 962,648
1846. 1,132,980
TBNDÉE.
1827. 322,826
1846. 376,184
ÀBDBRnES
1827. 281,624
1846. 326,823
17,69 Vo-
16^52 •/..
— 16,04 •/..
AKDfcCHB.
1827. 328,419 |
1846. 379,614 ~ *^'^* "
Digitized by CjOOQ IC
— 434 —
AUJE».
1827. 285,302 j
1846. $29,540 j ^<«'«'sseinent. 15,50 •/.•
VIEW*.
OAM,
1827. 267,670
l'846. 308,391
1827. 347,550
l'946. 400,381
DOUBS.
1827. 254,312
1846. 292,347
1827. 276,351
1«46. 314,739
Viennent ensuite:
L'Aisne
L'Isère
L'Hérault
La Loire-Inférieure
15,21 •/..
15,20 •/,.
14,95 •/.•
— 1-3,89 V..
~ 13,86 •/..
~ 1-3,78 •/..
— «,6S V..
— 13,16 •/.•
Dans cette période de 20 années, trois départements
seulement ont. vu leur population subir une légère décrois-
sance.
Ce sont:
LA HAKCHq,
Dont la population était, en 1827i de 611006» et qui
ne se trouve plus, en 1846, que de 604,024.
Digitized by CjOOQ le
— 42S —
LB CANTÀI..
1827.
262i013
1846.
260,479
U CALTÀDOS.
1827.
500,965
1846.
498,385
Les autres départements dans lesquels le mouvement
ascendant de la population s'est fait le moins sentir ,
sont:
t'SVHfi.
1827. 421,665
«*,- .o,».^,. Aceroissement. 0,37 7,.
1846. 423,247 ) '
TAUMnr-««iMmB.
1827. 241,586 ,
' 0,37 7..
1846. 242,498
ULB-Bf-'VlLAINE.
1827. 553,453
1846. 562,958
dkHM.
1827. 434,379
1846. 442,107
ntA.
1827. 310,282
1846. 316,150
1,71 7..
1,77 7..
1,89 V..
Digitized by CjOOQ IC
426 —
BASSES- ALPES.
1827.
153,063
A iw>i*#\ice
1846.
156,675
«EES.
1827.
307,601
1846.
314,885
LOT-BT-«AIOiniB
1827.
336,886
_
1846.
346,260
LOZÈIB.
1827.
138,778
1846.
143,331
■ATBIWB.
1827.
354,138
1846.
368,439
LOT.
1827.
280,515
1846.
294,566 ~
BCBE-BT-LOnS.
1827.
277,782 1
1846.
292,337 '
ou».
1827.
385,124 (
1846.
406,028
2,36 •/..
2,78 •/..
3,28 V^
4,03 •/..
5 •/..
5,24 •/..
5,42 •/..
Digitized by CjOOQ IC
— 427 —
HAUTE -SAÔNE.
1827. 327.fi4l )
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— 4Î8 —
La Haute-Loire 7,51
L'Ain 7.53
lûdre-et-Loire 7,66
Seine-et-Oise , etc 7,72
Les différences que nous venons de signaler dans le
mouvement de la population des départements , se font
remanjuer, et même dans de plus larges proportions, pour
les villes. Il en est qui , favorisées par leur position ou
par des avantages commerciaux et industriels , ont reçu
une notable augmentation de population.
Dans cette catégorie, nous poutons citer parmi les
préfectures :
Paris, dont la popula-
tion s'est élevée de. . . 890,431 à 945,721 Soit 6,207.
Marseille, — 115,943 167,872 44,78 7.
Lyon, ~ 145^675 161,763 11,04 7.
Bordeaux, — 93,549 120,203 28,50 7.
Nantes, — 71,739 88,250 23,01 •/«
Toulouse, — 53,319 83,489 56,59 •/#
Strasbourg, — 49,708 62,094 24,91 7.
Nîmes, — 39,068 49,442 26,55 7.
Angers, — 29,978 40,628 35,52 •/•
Montpellier, — 35,842 40,105 11,89 7.
Nancy, — 29,122 38,795 33,217.
Limoges, — 25,612 Î4,180 33,45 7.
Tours, — 20,920 27,120 29,68 7.
Le Mans, — 19,477 24,153 24 • •/.
Blois, — 11337 15,900 40,24 •/•
LaRocheBe, — 11,073 14,136 27,66 7.
plusieurs obefe*lieux de préfectures ne présenteht qu'an
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^ 4â9 —
si fiûèle accroissement, que Ton peiH regtfder ie môu-
yemaDt de h population comme à peu près st^tionnaire
Digitized by CjOOQ IC
~ 450 —
Auch, lapopulaiion e$t descendue de. i 0,844 à 9,474
Melun, — 7,199 6,822
Chaumont, — 6,027 5,924
Foîx, — 4,958 4,378
Mézières, — 4,159 3,893
Mais , une remarque que Ton peut généralement &îre ,
c'est que cette déperdition , faible d'ailleurs , ne se bit
point au profit des campagnes , mais bien plutôt en fa-
veur de quelques autres villes voisines qui présentent ou
plus d'agréments ou plus d'avantages.
Si nous descendons aux sous-préfectures , nous verrons
toujours se reproduire les mêmes différences, et nous en
trouverons encore la cause dans la création de quelques
établissements industriel , dans quelques bcilités de com-
merce qu'acquièrent certaines villes. Les populations alors
se déplacent et se groupent de préférence là où se trou-
vent leurs convenances , et , dans ce mouvement , cer-
taines villes perdent évidemment ce que les autres ga-
gnent.
Parmi les villes sous-préfectures qui , dans ces vingt
années , ont ainsi accpiis un accroissement marqué de po-
pulations , nous pouvons surtout signaler :
Saint-Étienne » dont la population s'est élevée
de 30,615 à 47,302
Toulon, — 30,171 45,434
Rhéims, — 34,862 42,538
Boulogne, — 19,314 29,741
Le Havre, — 21,049 27,053
Saint-Quentin, — 17,661 23,362
Brest, — 26,655 35,163
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— 451 —
Cherbourg, dont la population s'est élevée
Digitized by CjOOQ IC
1
de
- 45â —
Dôle, dont la
population est descendue
. . 9 847
à 9,322
8>863
Yvetot ,
— .
9,853
Schélestadt^
—
9,6W
8,995
Coutances ,
—
9,037
7,442
Mayenne ,
—
9,799
9,322
Vire,
—
8,116
7,515
PoniiTjr ,
—
7,775
6,456
Toul,
• —
7,507
7,158
Loudéac,
—
7,033
6,486
Valognes ,
—
6.955
6,224
Saint-Flour,
—
6,640
5,473
Gourdon ,
—
5,990
4,971
Ploërmel ,
—
5,984
4,608
ThionTiUe,
—
5,821
5.425
Loudun ,
—
5,044
4,570
Rocroy ,
—
3,500
2,815
Mortain , etc. ,
—
2,715
2,106
Des divers tableaux que nous ^jenons de présenta , il
résulte , ce nous semble , la démonstration la p)us évi«
dente des deux propositions que nous nous étions posées.
Ainsi , la population en France , mobile parfois , suivant
certains avantages qu'elle trouve à un déplacement :
1.^ S'accrott d'une manière constante ;
2.^ Cet accroissement a lieu dans les villes dans une pro-
p<Mrtion plus large que dans les campagnes.
Hais cettte dilFérence proviendrait-elle de ce que, dans
les villes , l'excédant des naissances sur les décès serait plus
considérable que dans les campagnes? Il n'en est rien , et
la proportion est justement dans un sens inverse. Il nous
sera facile de le prouver.
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- 435 —
On le sait d'ailleqra , les villes offirrat des eauses de knor-
■Î^J ,* -_ x-^ -i ^^î-^A 4.^^^ J ± A 1^^
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— 454 —
Et cependaot, dans cet intervalle^ la population de Stras-
bourg 8*est élevée, ainsi que nous Tavons dit , de 49,708
à 62,094, et s'est conséquanment accrue de 12,386.
A Angers , môme résultat ;
Les décès ont été de 24,948
Les naissances de 22,949
Excédant des décès i,949
Et la population d'Angers s'est néanmoins élevée de
29,978 à 40,628 et a reçu ainsi, un accroissement de
10,650.
A Toulouse, même résultat encore :
Dans ces 20 années , les décès
ont été de. ... 46,032
Les naissances de 42,541
Excédant des décès a,491
Et Toulouse n'en a pas vu moins sa population s'élever
de 53,319 à 83,489 et s'accroître ainsi de 30,170.
A Marseille, durant cette période, le nombre des nais-
sances et des décès est à peu près le mèn» :
Il est , pour ces premiers , de* • 102,583
Pour les décès , de 102^574
Et la balance^ en faveur des
naissances, est ainsi de. . . 9
Et néanmoins la population de Marseille a été portée
de 115,943 à 167,872, et s'est ainsi aocrne de 51,929.
A Lyon, la balance, en faveur des naissances, s'é-
largit s
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— 456 —
Elles ont été de 109,914
Digitized by CjOOQ IC
— 466 -
cours dé ces 20 années, de 890,431 à 945,721, et s'est
ainsi aiocf Ue de S5<290.
Et d'un autre côté :
Les naissance ont été de 597,513
Les décès de 540,897
56,616
Ainsi , comme nous venons de le faire remarquer, l'ex-
cédant des naissances est à peu près le chiffre iiiteie de
raccroissement de la population.
On pourrait conclure de là qœ Parts n'a rien enlevé aux
populations de la prov4nce. Ce serait, très^probablement,
une erreur. Hais , à Paris , la population est évidemment
plus mobile que nulle part ailleurs, et les recensements
officiels ne comprennent point, sans dbnte, ces légions
d'ouvriers nomades^et surtout de eurieux qui , parfois , dou-
blent la population de la capitale.
Les exemples que nous venons de citer et que nous au-
rions pu multiplier, prouvent donc clairement que Tac-
croissement de 4a population des ^villes n'a point pour
cause l^excédant des naissances sur lesdéeès.
Quel est donc surtout l'élément de cet accroissement?
Nous 4'avoAS déjà dit, et notre conviction est complète
à cet égard, cet accroissement est principalement dû aux
emprunts que les Villes font aux populations des campa-
gnes.
En voici, du restée une nouvelle preuve.
' Lorsque Lille avait à supporter une perte de 2,538 par
l'excédant des décès sur les naissances , le reste An dépar-
tement présentait :
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— 437 —
Naîssanoas 654,#|7
Décès 516,378
Digitized by CjOOQ IC
— 458 —
Lorsque Aogers perdait 1,949, le reste diidépartem^t
de Maine-et-Loire présentait:
Naissances 212,298
Décès 188,409
Et gagnait par conséquent . . 23,889
Lorsque Nantes ne recevait qu'un accroissement de
3,033, le reste du département de la Loire-Inférieure
offrait :
, Naissances 224,109
Décès 184,026
£t gagnait 40,083
Ce qui offre un accroissement proportionnel plus que
double de celui obtenu à Nantes.
Lorsque Lyon gagnait 7,723, le reste du département
du Bbône présentait :
Naissances 206,277
Décès 155,961
Et gagnait 50,316
Ici encore la proportion d'accroissement est de beau-
coup moins forte pour Lyon que pour le reste du dé-
partement.
Pour compléter ces renseignements, disons cependant
que Bordeaux fait exception, et que Text^édant des nais-
sances sur les décès y est dans une proportion plus forte
que dans le reste du département. Ainsi que nous rayons
dit, en effet, la ville de Bordeaux a gagné, de 1827-1846,
Digitized by CjOOQ IC
— 439 —
9,942 iodifidusparrexciédQni des naissances. Le reste da
département présente*:
Naissances. • • 204,876
Décès. 188,967
Et n'a gagné ainsi que 15,909
Quoi qu'il en soit, de ce que nous venons d*exposer, il
ressort :
1.® Que la population des grandes villes en France
s'accrott d'une manière notable, et que cet accroisse-
ment n'est point dU à l'excédant des naissances sur les
2.® Que, dans les campagnes, l'excédant des naissances
sur les décès est, au contraire, dans une proportion plus
considérable que dans les villes, et que, néanmoins, la ba-
lance d'accroissement de population est de beaucoup plus
forte dans les villes que dans les campagnes.
La conséquence logique et irréfutable de ces faits est que
cet accroissement de population des villes a pour aliment
rémigration des campagnes.
La Société Académique de Nantes avait donc donné une
preuve de l'intelligence qu'elle a de l'intérêt réel du pays,
en cherchant à jeter la lumière sur une question à laquelle
se trouve si essentiellement lié l avantage des campagnes
et des villes même. Mais jusqu'ici, à notre connaissance du
moins, si le mal ne semblait pas douteux, on n'avait pu
apprécier, d'une manière précise, quelle en était l'impor-
tance. Nous avons voulu combler cette lacune et nous dé-
sirons y avoir réussi.
Quant au remède à appliquer, nous n'oserions le dis-
Digitized by CjOOQ IC
— 440 —
ctittf, ^r DOS étttdesne nèus penneOrMeDipts de le Mft
d'une manière convenable. Noos nooftcooUmterons donc,
en termÎQapt, d'exprimer le vif désir de voir les hommes
spéciaux» ie Gouvernement .surtout^ sepréoceoperdes in-
convénients, des dangers même de cette émigration, et de
s'efforcer, par tous les moyens possibles, d'y apporter un
>leniie opi tout au moins on remède.
Nantes, 1." mars 1850.
Digitized by CjOOQ IC
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— 442 —
qu*un pâle reflet d'Alexandrie, dont on a brûlé la biblio-
thèque. Oo s'aperçoit du vide qu'on a fait , on veut le rem-
plir: ÂFmanon, accordant la paix à Michel III, empe-
reur de Constantinople , stipule, dans ses conditions, la
liberté de rechercher les livres de philosophie qui se trou-
vaient dans la Grèce , pour les bire traduire en langue arabe ;
nous avons vu Aaron al Raschid envoyer en présent une
horloge à Charlemagne.
C'est sur le sol de notre Fk^ance que se sont arrêtées les
conquêtes des Arabes; c'est en France, en Italie, en Alle-
magne, que se sont réveillées les traditions des sciences et
le goût des beaux arts : notre horlogerie trouve son berceaa
dans ces trois pays.
Les artistes qui ont inventé les premières horloges à
roues dentées, marchant et se réglant sans le secours de
l'eau, sont morts sans cette postérité de l'artiste, un
élève ; le génie de la mécanique est si rare, qu*ils n'ont
pas trouvé qui pût les comprendre et leur succéder, leurs
œuvres ont péri sans avoir été décrites ou imitées.
Les premières fabrications spéciales d'horloges sont d'Al-
lemagne : soit que les artistes de ce pays aient connu et
imité les cGmvres de nm compatriotes, soit qu'ils les aient
inventées de noavetaUi ilssarent fornaer des ouvriers, pro-
pager le nouveau mécanisme et réaliser ce progrès auquel
le monde entier à pris part.
Il est des objets dont la connaissance a tellement influé
sur les connaissances humaines , que la date de leur appa-
rition est devenue une ère nouvelle pour la société qui
en a profilé. Telles sont : le télescope , l'imprimerie , la
poudre. L'horlogerie, si on ne la oitë pas comme les pré-
cédentes, parce qu'elle s'est présentée lentement aux
Digitized by CjOOQ IC
— 445 —
hommes dans ses perfectionnements successifs , est un de
ces arts dont Taction a été aussi importante que les précé-
dents sur les destinées sociales.
Oh ! oh ! doit-on dire autour de moi , vous êtes orfèvre,
Monsieur ....? — Oui, Messieurs, et que mon enthou-
siasme ne vous semble pas déplacé : je pi*étends vous le
&ire comprendre, et peut-être même partager.
L*horlogerie a pris à l'astronomie , à la mécanique , à la
(rfiysique , les connaissances qui Font portée au degré de
perfection et d'utilité qu'elle a de nos jours; puis elle a
rendu à ces sciences, et à d'autres, et au centuple, les
services qu'elle en a reçus.
Quelle est la science qui ne doive à l'horlogerie quelques-
uns de ses principes et de ses progrès? Médecins , la décou-
verte de la circulation du sang ne lui doit-elle rien ? Et dans
les observations journalières de la pathologie , n'avez- vous
pas à chaque instant recours à elle? Physiciens , comment
eussiez-vous connu la vitesse de propulsion delà lumière et du
son? Mécaniciens, le temps n'est-il pas un des termes de la
ilurmule des forces? Navigateurs, à qui devez-vous la connais-
sance des longitudes en mer? Généraux, le grand homme,
dont la tactique a changé l'art militaire, ne fondait-il pas sur
l'exactitude de vos montres la précision de vos mouvements
combinés? Et la justesse du tir de l'artillerie n'a-t-elle pas
basé ses calculs sur Textrême précision de la mesure des
courts instants où votre projectile se meut dans l'espace?
Ma mémoire s'épuise à rassembler les sciences dont les ob-
servations s'appuient sur l'horlogerie , et qui prennent de ses
battements réguliers et comptés les indications certaines de
leurs calculs; Thydraulique , l'aéronautie, la pyrostatique,
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la géologie; comment eût-<m connu, sans son secours, k
mesure de la terre? la preuve de son véritable mouvemeol?
l'aplatissement de ses pâles? la remarque si curieuse des
terrains denses qui abaissent le niveau de la mer des ter-
rains légers qui relèvent? La musique ne doit-elle pas aux
horlogers le métronome qui réduit lerhythmeàTunité? qui
eût pu compter, sans eux , les ondes harmonieuses des ac-
cords? C'est à l'usage des horloges <pi'on doit rimreotion
des cloches, comme aux monftes à répétkioQ celle des
ressorts sonores dont on a dit des musiques portatives, ob«
jet tout nouveau, qui a Breguet pour auteur.
Ajoutez à cette énumération ^ déjà teop longue^ les be-
soins des rapports de la vie sociale pour le travail , le repos,
les vojagjBs, le commerce. Ofces des seiences les perfection-
nements qu'elles lui doivent, beaucoup d'elles retomberont
à retint d'ignorance. Otez à la civilisation ce moyen de
régler les relations des citoyens entre eux , et la vie sera
semée d'ennuis , de déceptions et d'erreurs, car le Caoïps «H
Vétoffi dmt la vie esi faile; et , dans nos cités, oà chaque
moment est compté et promis , sa omnaissaoce est indis-
pensable.
L'invention de l'horloge n'était pas chose |fiBM»le; Tfaorloge
est un objet complexe , composé d'un moteur, d'un rouage,
d'un modérateur; l'eau des clepsydres était, à la fois, mo-
teur par son poids, index par son nifeau^ régulateur par
son écoulement; il fallait dégager la penaée de ce vieux
mode auquel elle était habituée, inventer le poids motenr,
l'encliquetage qui permet de le remonter sans déplacer les
pièces du rouage; enfin, lo balancier, récbappe8Mi]i;oo
aura pr^oièreiQ^it essayé un volant analogue à cehii des
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— 445 —
tourne-broches : la machine dut alors prendre un mouve-
ment accéléré f comme celui d*un corps qui tombe, jus-
qu à ce que des frottements et le déplacement de l'air aient
fiût équilibre à cette excessive vitesse ; on aura ensuite
ajouté des ailes pour ralentir à volonté ce mouvement ; or ,
le premier, qui , considérant ces essais, se dit : Mes devan-
ciers ont pris pour régulateur de Tborloge les résistances
du frottement et de l'air; erreur! erreur! Rien de plus
variable. Il n'y a qu'une résistance mécanique, immuable
et régulière : c'est l'inertie; en donnant au volant un
mouvement alternatif, sa masse, à chaque instant, lancée
et arrêtée offrira im modérateur toujours renouvelé , tou-
jours le même; celui qui, ayant trouvé ce principe, sut
l'appliquer, est l'inventeur des horloges; C'e trait de génie
a doté le monde d'un art; c'est là l'idée mère devant la-
quelle nous devons nous incliner.
Des horloges admirables pour le temps où elles furent
&ite8,mais dont nous ignorons les détails, démontrent
que, quand une invention devance le temps de son utilité ,
elle jette un éclat passager, comme un feu qui disparait
avant d'avoir été propagé ou réfléchi ; en ces jours de bar-
barie et d'ignorance , le temps avait-il prix pour les
hommes? Les seules retraites de paix étaient les cloîtres,
et qu'importait aux frères cette vie passagèi*e , dont ils dé-
siraient le terme? Avaient-ils le désir d'en économiser les
moments? Ceux qui s'occupaient d'étude se livraient à
des travaux collectifs qui n'engageaient particulièrement
aucun d'eux. Quand , pour prendre date de l'invention des
horloges, on cite qu'en 1108 le sacristain du monastère
de Ctuny^ oà mourut Saint-Uugues , sortait la nuit pour
31
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^
— 446 —
voir les étoiles, afin de déterminer l'heure des offices,
concluant de là qu'elles n'étaient pas connues, cette raison
ne me semble pas fondée, car ils pouvaient avoir des clep-
sydres. Il importait moins aux frères de diviser le temps,
que de connaître une heure donnée: veille donc, valet, les
moines dorment , et si Theure est oubliée, tu seras respon-
sable devant Dieu du manquement à la règle.
Quelques auteurs croient que les machines que feisait,
en 510, Boéthius ou Boéte, étaient des horloges: nous
levons lieu d'affirmer que c'étaient des clepsydres.
L'honneur de la première horloge à roues dentées est
attribuée à Pacifius, archidiacre de Vérone, qui vivait au
temps de Lothaire, fils de Louis-le-Débonnaire , en 850;
cette machine fort curieuse, était mue par un poids , et mar-
quait les heures sans le secours de l'eau ; nous n'avons au-
cun détail du mécanisme, aucune notion sur sa régularité.
La seconde , date de 996 ; son auteur, célèbre à plus d'un
titre, fut Gerbert, né en Auvergne , moine de l'abbaye de
Saint-Gérard d'Aurillac, et, depuis. Pape, sous le nom de
Sylvestre II; même obscurité sur le mécanisme, qui,
comme celle de Pacifius, ne fut ni décrit, ni reproduit,
ni compris peut-être de ses contemporains. Quand leur au-
teur cessa d'en prendre soin , elles tombèrent rongées de
rouille, perdues dans les ruines du monument qui les con-
tenait, comme dans l'ignorance de leur siècle.
Près de 300 ans après, l'horlogerie apparaît à mesure
que la lumière se fait: quatre horloges, monuments de cet
art, sont célèbres en Europe, et Tune d'elles a pu être vue
et décrite par Julien Le Roy.
La première date de 1326, elle fut faite par Richard
Walingfort, abbé de Saint-Alban, en Angleterre. Les au-
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— 447 —
leurs anglais, fort enthousiastes et exclusifs, comme tou-
jours, disaient que cette horloge n'avait pas sa pareille dans
toute l'Europe.
Charles V, dit le Sage, fit venir d'Allemagne un artiste
nommé Henry de Vic^ qui fit l'horloge du Palais, en 1370
environ ; nous en donnerons la description.
En 1382, le duc de Bourgogne fit enlever en la ville de
Courtray, une horloge et la fit apporter à Dijon, où elle
était encore en 1802, sur la tour de l'église Notre-Dame;
c'était, disait-on, une des plus belles que l'on connût, tant
en deçà qu'au delà des mers.
Jean de Dondis, médecin et astronome de Padoue, fit
une horloge qui lui mérita le surnom d'Orologio , que sa
fiimille a conservé depuis; cette horloge marquait le cours
du soleil, de la lune et des planètes, les fêtes de l'année, le
mois, le jour, l'heure ; Jean de Dondis eut un fils qui expli-
qua le mécanisme de cette horloge, dans un ouvrage resté
manuscrit.
William Zelander construisit, pour la même ville, une
horloge encore plus compliquée, qui fut restaurée dans le
XVL* siècle, par Josselin Turianus. Cette seconde horloge
n'excita pas la même attention que celle de Jean de Don-
dis; e$t*ce parce que la curiosité avait été épuisée par la
première, ou parce qu'elle était moins savante?...
Il y avait dans la cathédrale de Lunden, en Suède, une
horloge et un cadran surprenants : on y distinguait Tannée,
le mois, la semaine, le jour et l'heure, avec les fêtes mo-
biles et fixes; le mouvement du soleil et de la lune et leur
passage par chaque degré de l'écliptiqne. L'horloge est si
artistement composée, dit le chroniqueur, que lorsqu'elle
sonne les heures, deux cavaliers se rencontrent et se portent
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— 448 —
autant de coups que Thorloge va sonner d'heures; alors, une
petite porte s'ouvre, et Ton voit un théâtre où la bienheo-
reuse Vierge Marie, assise sur un trône, avec son Fils enlre
les bras, est accompagnée des trois Rois Mages avec kur
suite; les Rois se prosternent et offrent chacun un présent;
deux trompettes sonnent pendant la cérémonie pour ea
solemniser la pompe. Nous n'avons pas de date à assignera
l'exécution de cette horloge, mais je pense qu'elle estpos-
tériejure à celle dont j'ai parié précédemment.
L*horloge du Palais de Paris, que je vais décrire, n'était
pas aussi compliquée; destinée à donner l'heure au hautd*une
tour, à faire entendre ses avertissements à tout un quartier,
toute une ville, elle fut réduite dans ses fonctions am strictes
exigences de son utilité. C'est laplusanciénnemeat connue
des horloges à sonnerie; peut-être la sonnerie estrelle de
l'invention de son auteur; son mécanisme est d'autant plus
curieux, que c'est celui qui fut employé dans la plupart
des horloges^ et qui l'est encore dans nos pendules de cjw-
minées.
Le mouioement (ce mot est employé pour dealer k
rouage régulateur, par opposition au rouage de la sonne-
rie) , le mouvement est composé de deux roues phtes,
d'une roue de rencontre^ de la verge et du bakocier; la
sonnerie est composée de deux roues plates, d'une détente,
d'un marteau et d'un volant à larges ailes modératrices;
les pignons sont à lanterne ; le tout est monté entre des
platines liées entre elles et formant un chftssis appelé la
cage; les roues, la cage, les axes sont en fer forgé.
L'axe de la première des grandes roues porte un cylifldre
de bois sur lequel est enroulée la corde qui porte le poids,
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qui est de 500 livres; comme la force d'un homme ne suffi-
nitpasàle remonter, une roue dentée, accessoire, tient au
cy^XÈÛte^ et engrène dans un pignon auquel s'adapte la
manivelle. La roue est de 80, le pignon de 8, le rayon
de la manivelle est long du double de celui du cylindre; le
poids de 500 livres, divisé par 10, puis par 2, n'oppose
plusqu'uneréBi8tancede25 livres, qu'un homme peut fa-
cilement vaincre.
La roue principale porte un cliquet, qu'un ressort pousse
sur le rochet qui fait partie du cylindre; quand on re-
monte la machine, le cliquet retombe dans les dents du
rochet jusqu'à ce que^ l'opération terminée, le poids agisse:
le cylindre tend à tourner en sens inverse, le cliquet l'arrête,
il ne peut suivre le mouvement que lui commande le poids,
qu'en entraînant la roue.
Le poids descend de 32 pieds en 24 heures : la tour de
l'horloge était donc, comme celle du Bouffay de Nantes,
construite et employée seulement pour le service de l'hor-
loge. La première roue a deux pieds de diamètre et fait un
tour par heure; elle porte, hors de la cage, un pignon de
8 dents engrenant une roue de 84 (^ = ^2) ; la roue
de 84 &isait donc un tour en 12 heures et portait l'ai-
guille extérieure ; douze chevilles sont fixées sur cette
roue et servent à élever, à chaque heure, la détente qui
retient la sonnerie.
Cela connu, il s'agit de savoir comment on obligera cette
roue principale de fiiire un tour par heure.
Sa denture est de 60 dents : elle engrène le pignon de
8 de la seconde roue ^= 7 1/2 ; cette seconde roue fera
d<mc 7 tours 1/2 pendant une révolution de la grande^ en
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1
— 450 —
une heure; elle porte 64 dents. Le pignon de la dernière roue
est de 8, encore; -,- = 8 la roue de rencontre devra donc
faire 8 tours pendant un de la seconde roue, qui, elle-même
en fait 7 1/2 par heure; 7 1/2x8= 60; la roue de
rencontre fera 60 tours dans une heure , un tour par
minute.
La roue de rencontre a 30 dents; chacune d'elles, agis-
sant une fois d'un côté, une fois d'un autre sur la verge
du balancier, donne deux vibrations à chaque tour; ces 30
dents font donc 60 vibrations par minute, une par
seconde.
Donnez au balancier le poids, le diamètre nécessaire
pour que son inertie ne permette qu'une vibration par
seconde, la première roue fera un tour en une heure, avec
toute l'exactitude possible.
L'échappement est disposé ainsi qu'il suit :
La roue de rencontre, dont Taxe est horizontal, comme
les autres, a son plan vertical.
La verge est verticale, le balancier, dont elle est Taxe,
est horizontal; il est suspendu par un cordon, qui rem-
place un pivot supérieur, et évite les énormes frottements
que son poids ferait subir au pivot du bas, qui roule
librement.
La denture de la roue de rencontre est posée de champ
et en forme de rochet ; deux palettes font partie du corps
de la verge ou axe du balancier ; leur plan est parallèle à
son axe, elles font entre elles un angle d'environ 90<>; les
dents de la roue de rencontre, en agissant alternativement
sur l'une et l'autre palette , impriment au balancier un
mouvement circulaire alternatif d'environ 150<* d'étendue.
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~ 451 —
Deux petits poids sont accrochés aux rayons du balan-
cier, ressemblant aux poids des balances à la romaine :
ils peuvent être posés à différentes distances de son centre,
et, par là, augmenter ou diminuer à volonté son inertie,
suivant la quantité déterminée par la marche de Thorloge.
C'est là l'appareil de réglage, très-ingénieux pour son tempe,
mais très- grossier, comparé à ceux que nous employors
aujourd'hui.
Ce mécanisme , sauf les modifications de nombre ou de
dimension des roues , arrangées par le caprice ou le génie
des horlogers , fut la base de tous ceux des horloges qui
se firent , peut-être depuis Pacifius et Gerbert , à coup
sûr depuis le X1V.« siècle jusqu'au milieu du XVII/ , c'est-
à-dire pendant trois siècles et demi , et ne fut changé aue
par l'application du pendule aux horloges et sa substitu-
tion aux bahinciers.
Tout l'appareil moteur de la sonnerie est semblable à
celui du mouvement déjà décrit ; le cylindre , le poids, le
remontoir, l'encliquetage ; la première roue a deux pieds
de diamètre , elle porte six chevilles destinées à élever le
marteau ; son axe dépasse la cage et porte un pignon du côté
opposé au cadran ; la denture de la roue engrène le pignon
d'une seconde roue qui conduit le volant ; le nombre de
ces dentures importe peu : il suffit qu'ils donnent au
volant assez de vitesse pour que les coups de marteau
soient convenablement distancés.
Je vais expliquer l'appareil qui sert à compter les coups :
depuis i heure jusqu'à 12 , l'addition du nombre de coups
sera de 78 ; la roue principale à 6 chevilles , elle fera
donc 13 tours en 12 heures; sa vitesse est un peu plus
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— 4S2 —
grande que celle de la grande roue du mouvement ; le
pignon qu'elle porte hors de la oage est de 6 ; il engrène
une roue de 78 dents , laquelle finit aussi le ehaperon ou
roue de compte ; chaque dent de cette roue représenle
un coup de marteau , puisque le pignon qui la conduit ,
attenant à la roue de chevilles^ est en nombre ^al à
celui des chevilles.
La détente est montée sur deux pivots (i&és à la cage,
porte un bras hors de la cage qui reçoit l'atteinte des che-
villes; un second qui vient arrêter la seconde roue de son-
nerie , et un troisième qui agit sur le chaperon. A chaque
heure elle est , avons-nous dit, enlevée par la roue qui con*
duit l'aiguille; la sonnerie ne part pas aussitôt que la dé-
tente, en s'élevant,ami8 cette roue en liberté ; elle tient
le volant arrêté tant qu'elle reste enlevée^ et ne laisse le
rouage courir que quand elle retombe. Cette fonction ,
qu'on nomme le délai , est très-ingénieuse, et fieiit toute
la précision des sonneries. Alors , comme l'obslade de la
deuxième roue ne rencontrera la détente qu'après une ré-
volution , le rouage court pendant sa durée qui suffit à
frapper un coup, soit une heure.
Nous avons dit qu'une roue de 78 dents portait le cha-
peron ; le chaperon est le compteur de la sonnerie : c'est
une roue unie où sont creusées douze entailles placées
à différentes distances , et ^ do telle sorte , que les inte^
ralles aient des longueurs graduées qui représentent 2,3,
4 heures , ou autant de coups de marteau ; quand la dé-
tente repose sur l'un de ces intervalles , elle reste enierée
et le rouage court , le marteau frappe , le beffroi résonne,
le chaperon s'avance jusqu'à ce qu'une entaille se présen-
tant , la détente y tombe et arrête le rouage ; on com-
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— 4B5 —
prend fiiciiement que la longueur de la partie unie dé-
termine le Bombre de coups que le chaperon doit compter^
et que ces longueurs sont réglées de façon que chaque
heure y trouve son compte.
Un axe qui se meut en cage porte un double levier,
dont l'un des bras reçoit laction des chevilles de la pre*
mière roue qui relèvent en passant successivement « l'autre
la transmet au marteau par des renvois de fils de fer. Le
calcul du poids du marteau, basé sur celui du moJleur, est
une simple question d'équilibre mécanique.
Tel est le mécanisme de la sonnerie simple, sauf, toute-
fois, les modifications de nombre, de distribution de dimen-
sion , qui sont louvrage particulier de chaque artiste. Plus
tard, on fit ajouter un coup pour annoncer la demi-heure :
c*est le mécanisme actuel de nos pendules de cheminées;
on fit ensuite annoncer les quarts , puis on fit des carillons
ou airs joués par des coups frappés en cadence sur une
octave de cloches.
On a ajouté aux horloges des figures ^ des indications,
des complications savantes et ingénieuses qui furent le goût
du temps ; un art tend toujours à progresser ; un ar-
tiste ingénieux cherche à bire mieux que ses prédéces-
seurs ; le mécanisme principal très-borné et les applica-
tions très-imparfaites dans les résultats qu'iis connaissaient
alors , n'attendait guère de perfection , et le talent des ou*
vrîers se détournait d'un but qu'ils ne pouvaient apercevoir
pour chercher la gloire dans l'accessoire ; de nos jours ,
cet accessoire est rejeté de Tborlogerie qui ne reconnaît de
sou domaine que tout ce qui assure une marche régulière.
Les horloges de Strasbourg et de Lyon sont restées
comme les chefe-d'œuvre de ce genre. ^
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La première est i*œuvre de Conrad Dayspsodius, qui Tt
finie en 1570. Une tourelle, pièce d'ornement dans Tar-
chitecture de la cathédrale , s'élève au-dessus du méca-
nisme et porte un grand cadran de la forme d*un astio-
labe, qui indique Theure et la minute, puis le mouve-
ment annuel du soleil et de la lune dans l'écliptique;
au-dessus , est un cadran qui indique les phases de la lune;
au-dessous, différentes statues représentent les jours de
la semaine par des divinités dont les planètes portent le
nom; celle du jour est dans un char porté par des nua-
ges , et disparaît à minuit, remplacée par celle du lende-
main. £n avant est un globe porté sur les ailes d'un péli-
can , autour duquel tournent le soleil et la lune symbo-
lisés par deux personnages dont la marche suit le mou-
vement apparent de ces astres ; au-dessous, enfin, sont trois
cadrans : Tun , rond et composé de plusieurs cercles con-
centriques, indique les jours du calendrier, les fêtes
mobiles et annuelles et autres époques remarquables; les
deux autres cadrans latéraux sont carrés , et indiquent ,
Tun, les éclipses de soleil, Tuutre, les éclipses de luoe.
Au-dessous des cadrans principaux, sont quatre personnes
symbolisant les âges de la vie : au premier quart de cha-
que heure , la jeunesse frappe ; au second , TadolesceDce;
au troisième, la vieillesse; quand vient Theure , le spectre
de la mort apparaît, et est chassé par J.-C. sortant du
tombeau. Deux anges l'accompagnent : l'un frappe la cloche
avec un sceptre , l'autre retourne un sablier qui s écoule
pendant l'heure suivante ; différents animaux crient imi-
tant la nature : un coq allonge le cou , bat des ailes et
chante avant l'heure.
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— 455 -
Cette curieuse machine a été dérangée pendant de
longues années ; depuis dix ans environ , un habile hor-
loger en a entrepris la restauration complète qui a été
terminée à son plus grand honneur , et devint un de ses
titres à la médaille d'or qui lui fut décernée à l'exposition
de 1844. lia cependant modifié le jeu des automates.
L*horloge de Lyon , un peu moins célèbre, a du moins
eu le mérite de marcher longtemps sans dérangement.
Leppuis^ de Bàle, en est l'auteur ; elle fut réparée le siècle
dernier , par M. Nourrisson.
Elle indique, sur les différents cadrans, la marche an-
nuelle et diurne du soleil et de la lune; les jours de Tannée
et leur longueur ; le calendrier civil et ecclésiastique. Un
cadran particulier indique le jour de la semaine ; un coq
bat des ailes, s'agite et chante trois fois avant l'heure.
Des marteaux viennent frapper différentes cloches qui for-
ment le chant d'un hymne, pendant qu'un tableau se dé-
couvre et représente l'Annonciation de la Vierge , scène
harnfK>nieuse, exécutée par des figures articulées. Une co-
lombe descend des nuages , et enfin, l'heure sonne.
A l'un des côtés de l'horloge est un cadran ovale, mar*
quant les heures et les minutes ; les aiguilles s'allongent et
se raccourcissent suivant la longueur du demi-diamètre de
Telipse.
Ces admirables pièces d'automatie sont négligées de nos
jours; l'industrie cherche l'utile; je ne parlerai donc pas
des autres pièces qui ont fait Tétonnement et l'admiration
des populations des différentes villes d'Europe.
Les horloges se multiplièrent ; les ouvriers de Nurem-
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^
— 456 ~
berg se disiÎDguaient par leur adresse; cependaDt, oes ina-
chÎDes informes , œastiives « imparfiiites , n'étaient em-
ployées que pour les services publics ; elles étaient placées
dans les églises où elles prenaient beaucoup de place, ou
dans des monuments qu'elles occupaient ezcluaivenient
En 1484 , nous trouvons le premier exemple d*borloge
acquise par un particulier : ce dut être un homme d'étude ,
et la science qui demmda la première des indicaUons
exactes dut être Tastronomie. Walterus ( qui ne reganle
pas à la dépense , dit Bailly), en achète une des ouvriers
de Nuremberg , en proportions réduites ; il avertit qu'elle
est bien réglée , et donne exactement l'intervalle d'un midi
à l'autre.
Après lai, le landgrave de Hesse eut des horloges. Ticho-
Brabé en avait quatre qui marquaient les minutes et ks
secondes; mais déjà l'observateur exact saperçoit que
leur marche n'est pas assez n^gulière pour indiquer l'ia-
stant d'un phénomène. Il les croit sujettes à varier sous
l'influence de la température et des vents, même en les te-
nant enfermées dans des étuves où la clialeur était entre-
nue à un degré uniforme. Ceci est en 1560.
« Ticho-Brabé avait quatre horloges, dit Lalande , qui
j» marquaient les minutes et les secondes ; la plus grosse
» n'avait que trois roues, dont la première et la plus
» grande, avait 1,200 dents et trois pieds de diamètre.!
Voilà qui nous explique suflSsamment l'irrégularité de
la marche des horloges de ce temps ; les rouages si grands
et si lourds (celle-ci était peut-être en proportion réduite)
devaient exiger une grande force motrice (1,000 à 1^200
livres de poids dit Julien le Roy), cette force et leur propre
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poûk causaient à leurs pivots et à leurs engrenages;, alors
très*gffOssièreBneDt esiécutés^ des frottements éoonnes; or,
les frotteoMOts sont entre les résistances mécaniques les
moins uniformes; ils sont défectueux et destructifis, mauvais,
même dans leurs applications mécaniques très-rares; les
frottements sont encore la principale cause d^anomalie dans
nos pièces d'horlogerie les mieux exicutées, où, cepen-
dant, ils sont presque aooullés par la finesse^ la trempe
et le poli des pivots roulant dans des pierres.
Nosanciens confrères n'avaient point de puissants moyens
de réglage , comme sont pour nous le pendule et le spi-
ral; ils n'avaient aucun principe d'isoclironisme; toutes
les fluctuations de la force motrice, altérée par les frotte-
ments et autres causes^ se produisaient dans la marche,
et cauaaient ces variations que Ticho Brahé attribuait à
tort aux changements da l'atmosphère et de la tempéra-
tare, puisqu'elles étaient enfermées dans des étuves à
Tabri des influences extérieures.
MoestHn fut le premier qui se servit des battements
d'une horloge pour mesurer les intervalles célestes ; il me-
sura le diamètre du soleil en 1 577.
Son horloge donnait 2,528 vibrations à l'heure; 146 se
firent entendre pendant le passage du soleil : il en con-
clut le diamètre de 34' 3"
De cette époque , jusqu'à celle de l'invention du pen-
dule, de nouveaux faits se sont produits que nous, allons
analyser brièvenient, désireux que nous sonames d'arriver
à la grande découverte qui fut la transformation de notre
an.
Les essais d«s astroiH>me6| qui font de rhorlogerie le
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{Nrincipal agent de ragrandissement de leur scienee,
échauffent le zèle des artistes ; les savants voient que de
la perfection de leur intrament dépend la justesse de leurs
observations, et paient généreusement ; les ouvriers de Nu-
remberg augmentent en nombre et en habileté ; les ini-
tiés se répandent en Europe et sont accueillis avec bvenr.
L'invention du ressort moteur permet de bire des
horloges plus petites , pour mettre dans les appartements;
on bit enfin des montres.
Des moines inventent le réveil, afin de n'avoir plus
besoin de se lever la nuit pour consulter les étoiles ; ces
réveils étaient fiuts pour sonner autant de fois dans la
nuit qu'il était nécessaire, et aux heures indiquées.
En 1544 , François I.«' établit Thorlogerie en corps de
maîtrise par un édit qui portait, art. X : «r Nuls de qu'el-
j» qu'Etat qu'ils soient, s'ils ne sontreçusniaitres,nepour-
» ront faire ni faire feire horloges, reveils-matin, montres
D grosses ni menues , et autres ouvrages dudit métier d'hor-
j» loger, dedans ladite ville, cité et banlieue de Paris, sous
» peine de confiscation desdits ouvrages et d'amendes ar-
» bitraires. d
Plusieurs noms illustres se trouvent mêlés à l'histoire
de l'horlogerie : Gerbert , que nous avons cité , devenu
pape; frère Anthelme, autrefois empereur. Tandis que
François I." instituait la maîtrise, son puissant rival,
Charles-Quint , se retirait au couvent de Saint-Just, appe-
lait près de lui Janellus Turianius, et cherchait dans
l'horlogerie un aliment à son activité, une ressource contre
les ennuis du cloître; mais^ comme fait dire Casimir De-
lavigne a Péblo, jeune novice , dans don Juan d'Autriche :
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« Vous aurez beau pousser les aiguilles, frère Anthelme,
le temps n'en ira pas plus vite. » Oui, Messieurs, cette
étoffe dont la vt> est faite , dont certains hommes cher-
chent à utiliser le moindre pli , est pour certains autres
d'une longueur insupportable. Ils cherchent mille artifices
pour arriver plutôt au terme d'une journée oisive. Pourquoi
la Providence n'a- 1- elle pas permis que l'homme indolent
et ennuyé pût céder une part de ce temps, qui lui pèse, à
l'homme studieux, actif, laborieux, dont les jours s'écou-
lent toujours trop vite !
Charles -Quint et son élève gémissaient de voir leurs hor
loges, dont s'émerveillaient les pères, varier considérable-
ment. Galilée n'avait pas paru : il n'était pas donné à un
empereur de devancer le temps et de trouver ce qui devait
être l'œuvre d'un autre génie; les grands de la terre doi-
vent un tribut de respect à la science , car ses œuvres dé-
fient et dépassent souvent leur puissance.
L'horloge du Rouffay , qui a si longtemps donné l'heure
à notre ville et vient de jeter son dernier soupir, date de
1661. Une décision de la ville fit démolir celle établie au
port Maillard. Liors de l'installation de celle du Bouffay^
en l'an 1661, le fondeur Landouillet qui s'était engagé à
foire la cloche principale d'un certain poids, la fit plus
légère. II eut , avec Tautorité municipale, une instance qui
dura deux ans. Landouillet fut condamné à la refondre , elle
fut donc descendue , transportée à la Cour des Comptes et
refondue en 1663. Elle pèse 16,532 livres; la tour fut
achevée ainsi que l'horloge , la charpente et les huit ap-
paux dont on ajouta six aux deux qui existaient déjà,
Tannée suivante , H. Macé de la Roche , étant maire.
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1
— 460 —
Pendant le temps où elle fut démontée , la ville gagea
Hiérosme Barbereau , pour frapper les heures sur la clo-
che qu'elle a?ait au clocher de la cathédrale , et lui pa^t
273 livres pour ce travail d'utilité publique.
Voici le compte des dépenses laites pour rborloge du
Bouflay et pour la docbe qui fut fondue trois fois.
La maçonnerie de la tourna 17 livres 10
sous la toise. 2,150 liv.
La balustrade en fer, pesant 11,702 livres
à 4 sous 6 deniers 2,633
Plomb, dorure et peinture. 4,S00
La descente de la cloche, sa rupture , son
transport à la Cour des Comptes pour être
refondue , son retour , Télévatioa et les huit
appaux nouveaux 292
Les mouvements et poids de Tborioge. . • 1,900
Le métal ajouté à la cloche. 3,000
Le battant 60
La charpente 1,420
La restauration de la charpente qui était
restée découverte pendant le procès avec
Landouillet 400
La refonte de la cloche 550
16,905
Les rouages de l'horloge du Bouffay avaient été bits
à une époque où ce mécanisme était ua peu vulgarisé;
les roues, axes^ pignons et la cage étaient en fer; un fort
cylindre servait à la sonnerie des quarts, et portait des
camçsqui^ passant devant une raogéede leviers liés aox
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— 461 —
marteaux des clochetons qu'ils devaient frapper , les éle-
vaient en passant , faisant sonner une ganame ascendante
pour le premier quart, un air pour la demi-heure, une
gamme descendante au troisième quarts enfin, un air
avant l'heure ; un second roui^e se mettait en mouvement
et frappait Theure sur la cloche principale.
Le cylindre qui faisait sonner les carillons était percé de
petits trous carrés comme un canevas dont la trame eut re-
présenté les notes, sa chaîne, leur valeur; les cames pou-
vaient être, placées indifféremment danschaouQ de ces petits
trous, et leur arrangement, facile à calculer, formait les
airs qu'on faisait jouer.
Le régulateur avait d'abord été un balancier , puis on
y avait substitué un pendule avec lëchappement à aiM^re ,
d'une disposition singulière de l'idée de celui qui avait fait
le changement.
Cette antique et respectable machine qui marchait d'une
manière fort irrégulière, comme chacun a pu l'apprécier,
était d'une exécution si grossière que des grincements af-
freux se faisaient entendre pendant sa marobe^
Galilée est né en 1564 ; il était mathématicien du duc de
Florence. Cet homme éminent, qui enrichit la science de
tant et de si précieuses découvertes , porte à sa tîouronne de
martyr trois glorieux fleurons dont un seul suffirait à illus-
trer la vie d'un homme : l'invention du télescope céleste ,
celle du pendule, la démonstration du véritable mouve-
ment de la terre.
Poursuivi par le fanatisme ignorât, enfermé dans les
cachots de l'inquiâtion , il dut subir une réprimande et
nue réfutation de la sublime vérité qu'il avait découverte ,
32
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-- 462 —
basée sur l'autorité des livres saints. Repris pour Tavoir
encore enseignée, il fut condamné, comme relaps, à un
emprisonnement perpétuel après une seconde abjura-
tion qui lui fut dictée en ces termes :Moi, Galilée, dans
la 70/ année de mon âge, à genoux devant vos éminences,
ayant devant mes yeux TÉvangile que je touche de mes
mains J'abjure, je maudis et déteste l'erreur et Fiiéré-
sie du mouvement de la terre. Après l'avoir prononcée,
frappant du pied la terre, il dit encore à mi-voix : E pwt
simuove. « Oui , barbares^ qui prétendez protéger Dieu,
n ce globe qui nous porte, tourne dans l'espace, nous em-
» portant tous dans sa rotation immense , et toutes vos
i> fureurs ne retarderont pas d'une minute son mouvement
» et celui de la vérité qui se fait jour, a
Galilée avait pressenti cette loi de la gravitation que
devait expliquer Newton ; il considérait la pesanteur
comme une loi attachée à la nature des corps matériels,
une force constante qui produisait l'accélération de leur
chute libre. Il avait fait des expériences sur la chute des
corps du haut de la tour penchée de Pise; ce singulier
monument , par son inclinaison et l'égale distance de ses
galeries, servait admirablement ses études, mais il lai
manquait une mesure exacte des courts instants. La
goutte d'eau des clepsydres , le battement des balanciers des
horloges étaient trop irréguliers pour cet observateur mi-
nutieux.
Un jour, il vit , dans une église , la lampe suspendue se
balancer d'un mouvement qu'il jugea d*abord égal ; il fut
saisi de ce spectacle qui n'avait jamais été observé , quel-
que fréquent qu'il se présentât aux regards des hommes.
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-r- 463 —
Il fit des expériences et constata Tisocbronisnie desoscil-*
lations des corps suspendus. Il apprit que les pendules de
ffUme longueur font des vibrations d'égale duriez et que
les vibrations des pendules inégaux sont en raison directe
du carré de leur longueur. Il proposa donc le moyen de
mesurer la hauteur de la voûte des églises. Il imprima
aussi un petit Traité du pendule simple. (Paris, 1639.)
Il y indique : Qu'un poids, nais dans un filet, peut de*
venir une horloge', qui, suivant la longueur qu*on lui donne,
fait un certain nombre de vibrations dans un temps donné.
II donne le moyen de le faire aller plus ou moins vite. Il
le met en usage pour la connaissance des longitudes et les
observations des éclipses; pour observer la vitesse des mou-
vements perpendiculaires ou inclinés ; pour les problèmes
de la chute des corps; pour la médecine, la musique,
la chasse, les arpenteurs, et ^ le croirait-on? les prédica-
teurs.
N'est-il pas singulier qu'il ne lait pas appliqué aiAc
liorloges? Est-ce oubli ou dédain?
. Bien des artistes de mérite revendiquent la priorité de ce
perfectionnement de notre art; parmi les plus remarquables
sont : Vincent Galilée, son fils ; Justus Borgen, inventeur du
compas de proportion, qui entreprit et acheva Ténormé
travail du calcul des sinus de 2 en 2 secondes: TrefiDer, hor-
loger du grand-duc de Toscane, qui dit Tavoir fait sous les
yeux de Galilée l}ii-même, et enfin, Huyghens.
Les artistes, dans la juste répartition des éloges qu'ils
donnent aux inventeurs. qui enrichissent leur idole ,^ réser-
vent souvent la plus forte part à celui qui rend une inven-
tion pratique et complète ,.çt oublient celui qui vient ensuite
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— 464 —
présenter un échantillon, dont il avait peut-être lai-même
ignoré toutes les qualités; ainsi , que nous importe qu'un
comte Magalotti affirme avoir tu l'horloge à pendule de Tréf-
iler, ou que Gaspard Dones ait raconté qu*on voyait h
Prague, au temps de l'empereur Rodolphe, une horloge k
pendule deBirge ou Borgen , dont Ticho Brahé s'était servi?
Huyghens , après avoir feit plusieurs de ces instruments, les
avoir observés, réglés, fait imprimer la description de ses
essais et de ses réSuHats , et nous dotme sa belle théorie du
centre d'oscillations et de l'isochronisme.
Ebn-Sounis avait, dit-on, employé, au X.* siècle, le
pendule à la mesure des temps ; plusieurs auteurs , traduc-
teurs des ouvrages d^stronoinie arabe , lui donnent l'hon-
neur die cette invention; le peu d'accord entre eux, le
manque de description de mécanisme , la difficulté de
consulter des livres authentiques pour un petit nombre
d'initiés, nous &it accueillir ces renseignements avec une
extrême réserve, et ces essais n'ôtent rien, à nos yeux, de
la gloire de Galilée. Cette remarque même ne doit pas
nous faire oublier les grands travaux d'Ebn-Sounis per-
dus dans l'ignorance de sa nation.
Le pendule fut longtemps à atteindre la régularité qu'on
hti a donnée et qui peut s'augmenter encore.
Je vais donner quelques éclaircissements sur les lois qui
le régissent, et après avoir exposé ces fisiits si curieux
et si utiles, je reprendrai la suite de l'histoire des hor-
loges.
Centre d'oeefUaHm. «— Cette théorie se lie intimement
à ceHe de la gravité ; la vibration d'un pendule indique la
gravité des lieux où il est, et le renveraetttefnt de la formule
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^ 465 —
iodique la durée de$ oscillations suivant h gravité ; c'est à
Taide du pendule que Borda, l^ premier, a fait connattre exac-
tement rintensité delà pesanteur. {Fig. 1.) Supposez un
point matériel A suspendu à un GI sans pesanteur et oscil-
lant dans le vide; ce poipt sera le centre d*osciilation , sa
distance au point de suspension B sera la longueur du
pendule simple. Suspendez une branche de métal d'égale
grosseur dans sa longueur : elle oscillera comme un pen-
dule, mais sera plus longue d'un tiers pour une égale durée
de vibration. Un corps sphérique au lenticulaire suspendu
n'aura pas son centre d'oscillation au centre de la sphère ou
de la lentille^ mais un peu au-dessus, en raison de la longueur
du pendule , de sa grosseur, du poids du fil. Un poids ajouté
au pendule au-dessus du centre d'oscillation, le fait avancer;
au-dessous, le Eût retarder ; au-dessus du centre de suspen-
sion, il fera retarder le pendule jusqu'à ce qu'il le rende
d'équilibre, ou alors il s'arrêtera; tous les pendules que
nous employons sont donc sensiblement plus longs que le
calcul du pendule simple ne le ferait supposer.
Le pendule, suivant la loi de la chute des corps, voit
augmenter sa vitesse avec la gravité. Il acciâlère ses vibra-
tions en descendant vers le centre de la terre et approchant
des pâles; il retarde quand on l'élève ou quand on le tran-
sporte vers Téquateur; un pendule, réglé à terre, ne Test
plus au b^ut d'une tour ou d'une montagne, ni au fond
d'une mine.
La force oeatrifuge du mo^yement de rotation de la
tene tend à fidre retarder le pendule.
Ce ki% impprtant fut deviné par l'Académie Française en
corps; il fiit résolu qu'un de ses membres irait en faire
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•^ 466 ^
Tessai ; Richer fut désigné pour aller à Cayenne ; le roi
paya les frais du voyage. II trouva qu*il fallait que le pen-
dule à seconde, réglé à Paris, fut raccourci de 2 lignes;
son horloge retardait de 2' 48" par jour, et cette quantité
fut exactement celle qu'indiquait le calcul pour réquation
de ta force centrifuge combinée avec le renflement da
globe sur Téquateur.
La longueur du pendule simple, à seconde, sous k
latitude de Paris, au niveau de la mer, est de 0,99390017;
il est de 0,9935474 à Bordeaux. Un pendule, réglé à
Paris, retarde à Bordeaux de 18" par jour; au Spitzber];
le pendule est de 996 : il avance de 1* 34" 2*" sur sa
marche à Paris : il y a dans les termes extrêmes , du pôle
à réquateur, 3' 22" de différence dans la marche.
hochronisme. — Une des premières observations d*Huy-
ghens , après avoir adapté le pendule aux horloges , fut que
Ui vibrations du pendtde n'étaient isochrones qu'ouiM
qu*eUei conservaient une égak étendue, et qu'elles retar-
daient en raison du sinus de Varc qu'elles parcouraient; ce
dé&ut avait échappé à Galilée à cause du peu de continuité
de ses épreuves. Pour y remédier {pg. 2) , il suspendit le
pei\dule à une soie a, et ajouta à sa suspension ane sorte
de pince 6 b* formée de deux lames de cuivre contre les-
quelles U soie s'appuyait dans ses vibrations; leur courbe
parabolique avait été calculée par le grand géomètre, de
telle sorte, qu'elles ramenaient les vibrations à une égale
durée. Ce moyen servit longtemps, puis devint inutile;
Huyghens s'était servi de l'échappement à roue de ren-
contre, le seul connu alors; un autre, plus convenable,
l'échappement à ancre, fut inventé par Clément de Tours,
qui le fit à recul et perfectionné par Graham , qui le fit à
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— 467 —
repos ; il faisait parcourir de plus petits arcs au pendule ,
et , alors , au lieu d'en chercher Tisochronisme , on réduisit
avec son parcours ses chances de variation ; on est arrivé
ainsi à une grande précision ; mais la question n'était pas
résolue. On fit des échappements libres qui marchèrent
moins bien; on pourvut les trous et les levées de pierres,
et ces perfectionnements donnaient une marche moins
bonne que quand un frottement assez intense retenait quel-
que peu les écarts du balancier ; on dut reconnaître alors
qu'on couvrait un défaut par un autre, laissant quelque
chose au hasard qui, parfois encore, humiliait les horlo-
gers par des variations incomprises.
Il était donné à un homme qui a des droits éternels à
mon respect et à ma reconnaissance, à mon maître d ap-
prentissage , mon frère , de résoudre complètement ce pro-
blème vainement étudié depuis Galilée. Il avait constaté
que le pendule ordinaire variait de 12" en vingt-quatre
heures avec une différence de 2 ° dans l'étendue de ses
vibrations , et, par l'adjonction au pendule principal (Foy.
fig. 4), d'un petit pendule D, suspendu par une lame de
ressort placée un peu au-dessous du point de suspension ,
calculé d'après des règles certaines, soumis aux expérien-
ces les plus précises , il est parvenu à ramener le pendule
à risochronisme complet, dans sa plus grande force comme
dans ses vibrations les plus légères.
Cet objet, admis à l'Exposition dernière où il a figuré
pour la première fois, sera-t-il estimé comme il le mérite?
Cf. J'ai la gloire de n'être compris par personne, m'écrit-il,
» le résultat seul me donne raison, d Puisse cette gloire ,
Messieurs, de pas retomber du nom de l'homme de génie
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1
— 468 ~
modeste, à cdui d'un de ces chàrlttans, frdions de rin-
dustrie.
Compensation. — La perfection donnée à l'boriogerîe par
l'échappement nouveau, ses principes, ses dérivés, avaient
permis aux horlogers de reconnaître, dans les horloges, de
iK>uvelle8 causes de variations très-peu sensibles jasqa*a^
lors. On observa , entre autre chose, que te dilatation de k
branche métallique du balancier produit environ 20** par
jour de Thiver à l'été; de 0 •* à 27 * réaumur.
Le talent s'était réfugié en Angleterre. Cette nation com-
mençait à sentir Theureux effet de la liberté qu'elle avait
su retirer de ses troubles civils. Les querelles de ménages
de ses rois, les troubles de religion ne versaient phis le
sang des citoyens, qu'avait répandu abondamment les grands
événements politiques. Un homme, dont le nom est resté
abhorré dans l'histoire, avait mis de l'ordre dans ses finan-
ces, ses lois, ses forces. La guerre avait chassé Tindustrie
(fÂIiemagne, l'intolérance l'exila de France. C'est en An-
gleterre que se firent les principaux progrès de ce temps.
Georges Graham fut le premier qui essaya de compenser la
dilatation du pendule, en plaçant, dans un tube de fer, du
mercure dont la chaleur élevait le niveau et déplaçait le
centre d'oscillation, d'autant que l'allongement du tube le
frisait descendre ; ce moyen était incomplet. Le nième
présenta le balancier à gril, qui fut adopté et reste encore
comme le type. le plus parfait de la compensation. C'est
par la différente dilatation linéah^e de deux métaux, l'acier
et le cuivre, que l'on corrige l'allongement de la tige prm-
cipale.
La dilatation linéaire de l'acier est de. 0,00i079; 1/927.
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f
~ 489 —
La dUaUtion Unéaire du euhrce est
de 0»001889; 1/529.
Leur rapport asi environ : : 3 : S.
(Fig^ 3.\ljà tige priacipale en acier a, an lieu de sou-
tenir direoteineni la lentille G, est chevillée, au bas, à une
traverse Cj qui «Mitient deux branches de cuitre qui s*éiè*
vent, dans h hauteur du pendule, parallèlement à la pre-
mière; une seconde traverse d reçoit leur extrémité
supérieure, et soutient deux branches d'acier qui descendent
au-dessous de la première traverse, en soutenir une autre ô
qui supporte encore deux branches de cuivre, lesquelles
sont goupillées à leur extrémité supérieure à une dernière
traverse t; celle-ci supporta les deux dernîèffes branches
d*aoier, complément du système. En tout, neuf barres:
cinq d'acier, quatre de cuivre; la barre du milieu exceptée,
chaque jeu est couplé, ce qui bit trois longueurs d'acier se
dilatant de haut en has, deux de cuivre se dilatant de bas
en haut. Le rapport de leur dibtation est environ de 3 à 5.
La lentille attachée à la dernière traverse o serait élevée par
l'effet de la chaleur, puisqu'il y aurait excès de compensa-
tion, si l'appareil occufNkit la longueur du balancier ; mais
il y a des longueurs perdues et une disposition qui permet
de diokinuer la longueur agissaote du dernier couple, de
telle sorte qu'elle demeure à la même hauteur, malgré l'in-
fluence de la température.
Bim d'autres systèmes ont été essayés: chaque horloger
a son compensateur, plusieun même, où Ton peut arriver à
bien iiire par tant de moyens différents, que leur nombre
est considérable. Les principaux systèmes autour desquels
gravitent toutes les modifieationa, sont : le compensateur
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— 470 —
à gril, celui par la suspeusion, celui par des leviers qui élè-
vent des niasses compensatrices, par des lames bi-roétaiii-
ques, qui se courbent en élevant la lentille, et enfin par des
tiges de bois. Cette dernière est la plus simple: le bois
n'est pas dilatable par la chaleur, mais par rhuroidité; on
enferme la tige dans un étui métallique imperméable à
Fair ; la lentille est attachée au bois.
La compensation du balancier isochrone de mon frère
(Fig. 4), ne pouvant être exécutée par la branche principale
sur la longueur, se fait par deux lames bi-métalliques cir-
culaires g g* placées près de la lentille, et qui supportent
des masses h h* qu'elles font mouvoir par l'effet de la cha-
leur^ de manière à compenser la dilation du pendule.
De la suspension. — Pour achever d*expliquer les pro-
priétés du pendule, il me reste à dire comment on le sus-
pend. Il doit vibrer en toute liberté, pour que sa vertu ré-
gulatrice soit efficace; d abord, il fut porté par des pivots,
comme les autres mobiles, puis, comme il ne devait par-
courir qu'une partie de cercle, on fit un pivot à la verge
du côté opposé à lendroit où il y était attaché, età la place
du second pivot était un petit couteau en acier bien trempé,
oscillant dans une gouttière, aussi bien trempée et polie.
La cycloïde d'Huyghens fit adopter là soie , on continua
de remployer quand on abandonna la cycloïde: sa disposi-
tion , qui est représentée fig. 5, reste encore à la plupart de
nos pendules de cheminées; puis, quand on fit Téchappement
à ancre et qu'on réforma les pendules, la soie devint trop
fragile pour les lentilles pesantes dont on les pourvut; on
fit alors, tantôt des suspensions à couteau {Fig. 7.), tantôt
on attacha le pendule à une double hrnie d'acier {Fig. 6).
Ce dernier moyen est à présent préféré : les couteaux,
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^' A7i ^
quelque léger que soit leur frottement, ereusent la gout>
tière et s*y engagent. Bréguet avait fait une suspension com-
posée de deux pointes en acier, oscillant dans des cuvettes
en agaihe, et disait à Tun de ses ouvriers, son élève, son
compagnon, son conseil : elle fait moins de résistance que
Tautre (la suspension à ressort). C'est vrai, répondit H.
Merceron, mais cette résistance sera moins égale. En effet,
la marche observée prouva le fait.
Une invention récente de M. Brocot a fait remplacer,
dans nos pendules de cheminées , ta soie par une lame
d'acier.
L'importance du sujet que je viens d'étudier, m'a fait
devancer la suite chronologique des perfectionnements suc-
cessif des horloges ; j'ai cru .ne pouvoir séparer les faits
qui s'y rattachent; j'ai^ d'ailleurs, déblayé d'autant la route
que je vais parcourir.
ir est des hommes chez qui la science remplace l'imagi-
nation et qui, parce qu'ils n'inventent pas, disent qu il n'est
rien de nouveau sous le soleil. Parlez de l'électricité , ils
montreront l'expérience du morceau d'ambre, connu des
Grecs; du magnétisme, les hyéroglyphes d'Egypte le repré-
sentent; du vaccin, les ruines de Thëbes en font les frais;
la vapeur, c'est une éolipile; le pendule est attribué aux
Arabes ; peu s'en faut qu'on ait trouvé des montres dans
les cimetières presque diluviens dont on retire les momies.
Quand le ressort fut inventé, on trouva dans Vitruve un
mot : anisocydej désignant un instrument dont on ignore
Tusage, on en voulut conclure qu'il était connu des Romains.
Un de nos auteurs fait la remarque que ce mot, qui signifie
cercles inég<xux^ peut aussi bien désigner des boucles de
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cheveux, et que l'instrumeiit qu'il défiîgoe poiurait èleeun
fer à friser.
L'invention du ressort moteur, roulé en spirale et enfimné
dans un barillet, date de 1550 ; son histoire se rattache plutôt
à cellede la montre qu'à celle des horloges, cependant c'est
ce qui fiicilita la diminution de volume <fes horloges, qui pé-
nétrèrent alors dans les appartements^ se placèrent sur les
cheminées, et prirent sous cette nouvelle forme le nom de
pendules.
J'ai dit les perfectionnements qu'on apportait eo An-
gleterre à cet art languissant, dont un homme de génie,
l'horloger SuUy, tenta vainement de remuer les cendÉies.
Ce fut Julien Leroy qui, aidé de la protection royale, par*
vint à le relever. Il changea Ja forme et les dispositions des
horloges. Leur cage était posée verticalement, et les mobîks
étages entre les châssis qui soutenaient leurs pivots; tout
cela était en &r, partie noire, partie limée ou adoucie, et
ressemblait assezaux tourne-broches qui décoraient la cuisine
de nos pères; d'ailleurs, on s'était contenté de changer
l'échappement et le balancier, et pendant la stagnation de
cette industrie, peu de nouvelles horloge^ avaient été laites.
Julien Le Roy posa les roues sur un paraUélogranune
rectangle, placé horizontalement, et employa le cuivre écrouî
pour faire les roues. Il publia, en 1741, un mémoire très-
curieux sur les horloges et les moyens de les rendre moins
variables. En fois^nt q^e les détentes de la sonnerie soient
plus faciles à lever, il réduisit la ftme motrice du mouve-
ment au strict qécessaire; ainsi, dit-U, en modifiant le
mouvement de l'horloge du Pabiis, on pourrait n'anpbyer
qu'un poids de 16 livrer au Ijeu d'un de 500, et l'on rédui-
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— 475 —
railles frottements et les variatioDs, l'usure et les réparations
dam h proportion de 1 à 31.
Quelc^ues personnes préfèrent les anciennes pendufes à mou-
vement earré, dont les ressorts vigoureux leur semblentcon-
duireplus sûrement la machine. C'est une grave erreur, car
leur grande force motrice est un défaut qui nuit à la régu-
larité de leur marche et une preuve de la grossièreté de leur
exééution.
MM. Roussel et ThiôUt ont contribué, pour leur part, en
son temps et môme avant lui, à la transformation des hor-
loges.
Les horloges ou pendules d'appartement se disaient chez
les horlogers de Paris, tme à une, difficilement, lentement;
c'était de la fabrication en détail; at!icun centre de produc-
tions ; de là, Yïianque d'unité dans les calibres de ce temps; les
pendules^ placées coAtre le mur, aux dessins rocaille et rococo
que la mode recherchait il y a quelques années, étaient de
ce temps : on en voit qui portent encore l'échappetnent à
roue de rencontre âfvec les cycloîdes dHuyghens. La fabri-
cation des bronzes se liai celle des pendules, s'établit à Paris,y
prit droit de cité et s'est considérablement développée depuis.
Quand la paix et Tempiredenos lois constitutionnelles eurent
donné au commerce la sécurité dont il a besoin pour faire
œuvre durable, des fabriques demou vements de pendules ne
tardèrent pas à s'élever. Douillon, Japy, Pons, Tincenti et
d'autres, dont le nom m'échappe, donnèrent aux ouvriers
de Paris 'des mouvements en blanc, c'est-à-dire en ébauche,
et de nombreux ateliers finissaient ces mouvements,'^ les
adaptaient à la destination que leur demandait le com-
merce.
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— 474 —
On fait, en Franche-Comté, des pendules à poids, à grand
balancier, qu'on enferme dans ces grandes boîtes de sapin,
donl la forme na pas changé depuis un siècle.
Les ouvriers de la Forèt-Noire nous donnent les peo-»
dules de bois, horloges du pauvre, et ces petits cartels à
réveils, modèles premiers de nos pendules de voyage.
Londres et Liverpool livrent aussi des penduks, mais qui
ne peuvent lutter de concurrence avec nos produGtioos
françaises, pour le prix ni pour la qualité.
Tant que 1 horlogerie fut grossière, on régla les pendules
sur le temps moyen ; l'heure officielle, légale, n'avait pas
d'antre loi que Tombre du soleil.
Les horloges étaient réglées jour par jour. Dès que les
instruments devinrent exacts, ils mesurèrent des intervalles
égaux. Pour qui ne voulait pas déranger constamment Tai-
guille de son horloge etavoir recours aux tables d*éqoatioii,
il fallut des horloges, des pendules, des montres qui corri-
geassent les variations du soleil. Cette question exerça le
génie des horlogers ; le père Alexandre, Passenaant, Sully,
Julien Le Roy, puis Lepaute, Berthoud^ Breguet inventèrent
des mécanismesfort ingénieux pour Téquation. Depuis qu'une
ordonnance royale, de 1824, décida que les horloges pu-
bliques seraient réglées au temps moyen, ils sont devenus
inutiles et je ne m'arrêterai pas à décrire ces travaux, au-
jourd'hui presque sans objet.
Après avoir décrit le mécanisme et les améliorations
successives des diverses branches dliorlogerie à pendule ,
il me reste à expliquer Tétat présent de chacune d'elles ;
mais avant, jetons un coup d'œil en arrière pour rassem*
bler les matériaux épars de la première partie.
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— 475 —
Une horloge apparaît en France avec le roi Charles-
le-Sâge; ce prince, dont la vie fut l'étude de Féconomie «
qui racheta , de ses épargnes , une partie de la France
envahie , dut comprendre le prix du temps ; ses actes rap-
pellent notre épigraphe et cet autre aphorisme de Fran-
klin : Le temps , c'est de Vargent. Je dois à M. Livet, notre
collègue^ un curieux document : c'est une ordonnance
réglant lemploi des cloches et les heures auxquelles on
doit les sonner.
« Le pape Savinien ordena que on sonast les cloches
aux XII heures du jour par les églises. Et ce, a ordoné le roi
Charles, premier à Paris, les cloches qui à chascune heure
sonnent par poins,à manière d'orloges ; si comme il apiert
en son palais et aux boys' et à Saint-Pol. Et a fait venir
ouvriers d'estranges païs, à grans frès pour afaire , afin
que les religieux et autres gens sachent les heures et aient
propres manières et devocion de jour et de nuit pour Dieu
servir. Comment que, par dei^ant, on sonnast une fois à
prime et deux fois à tierce, si n'avait on mie si certaine co-
gnoissancedes beurescomme on a, et peut*on dire d*icelui
Charles le V.% roi de France, que Sapiens domincAitur
astris; car luise le soleil ou non, on sait toujours les heures
sans défaillir , par icelles cloches a trempées. Et devons
savoir qu'il y a en église cinq manières de cloches c'est as^
savoir : Esquelles , timbres, noies ou noletes et cloches. La
cloche sonne en l'église, Vesquelle en refectouer le timbre
au cloistre , la noie au chœur , la nolette en l'orloge. »
Pourquoi les siècles de Léon X, des Médicis^ de la gran-
deur de Venise ne nous rapportent-ils rien de notre art?
Est-ce que les sciences mécaniques ont été dédaignées
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quand les Hidiel-Ange, les Raphaël captaient à eax et à
leur école TattenUon de leurs cootemporaiDs ?
Nous voyons apparaître les montres à la coar efféminée
de Henri HI ; ce n*est pas encore un objet utile ; ce soat
les cenb de Nuremberg, les montres émaillées de Venise.
Puis , toute trace de cet art disparaît pendant les troubles
civils; il se montre faible et grossier sous Louis Xin;sous
Louis XIV, la France et l'Angleterre renrichîssent à
Tenvi , et ses produits se répandent dans toutes les cla«es
de la société; or, déjà, on distingue parmi ceux qui con-
sultent llieure, trois sortes de personnes : les oisife, d*abord,
qui ne regardent que TaiguiHe des heures ; puis les gens
occupés, qui s'odressent à Taiguille des minutes ; les ob-
servateurs dont l'oeil ne cherclie que celle des secondes.
On connaît même déjà ceux dont les yeux suivent con-
stanHBcnt la course des trois lûgaîUes, qui demandent à
notre art des indications nouvelles , des effets nouveaux ,
des perfecttonnements , des inventions ; je veux parler des
amateurs qui font le tourment et parfois la fortune des
horlogers ; c est contre Fun d'eux que Boîleau lançait cette
épigramme , qui , peut-être par prévention , me semble
peu digne de l'auteur :
Sans cesse autour d« six pendifles,
De deux moatres , de trois cadrans ,
Lubin, depuis trcnte-qaalre ans
Occupe SCS soins ridicuks ;
Mais , k cet emploi , s'il tous plaft ,
A-t-il acquis quelque science?
Sans doute , et c'est Iliomine de France
. Qui sait le mieux l'heure qu'il est.
^ chute, d'aiReurSy est iaiblCi ainsi que le flémontre
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r
— 477 —
cet essai de J.-B. Rousseau , qui tenta de r^re l'éfM-
gramme plus piquant en en renversant le sens.
Il changea ainsi les quatre derniers vers :
Mais k ce métier qai hn plaît ,
Loin d'acquérir quelque science,
C'est peot-ètre l'homme de France
Qui sait le moins l'heure qu'il est.
C'est d'un amateur que Bréguet obtint les premières
richesses qui lui permirent d'exécuter et de populariser
ses beaux travaux.
Il n'est pas pour l'amateur de régulateur assez exact ,
de montre assez réglée; il n'est pas de main-d'œuvre
assez belle ; il connaît la pureté des formes et la finesse
du poli aussi bien qu'aucun artiste , mais il n'est pas de
prix qui l'effraie quand il a jugé un objet digne de sa con-
voitise; je ne sais, à vrai dire, pourquoi notre critique a
jeté le ridicule sur l'amateur d'horloges, plutôt que sur
celui des tableaux, des statues ou de poésie.
Horloges. — Revenons à l'état présent du mécanisme
des horloges. Leur cage est encore le parallélogramme
horizontal de Julien Leroy; celles qui sonnent l'heure seu-
lement ont deux corps de rouage; leur compteur est un
chaperon; celles qui sonnent les quarts ont trois corps
de rouage , un chaperon supplémentaire compte les quarts;
leur échappement est à ancre ou à chevilles ; leur pen-
dule est à l'unité de longueur et marque la seconde.
Bien des perfectionnements partiels y ont été apportés ;
la description de la plupart d'une nature trop déliée pour
&ire partie d'un exposé général d'horlogerie serait ici
déplacée. Je signalerai donc les plus saillants. Dans l'exé-
33
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— 478 —
cution, on continue de faire la cage en fer, les rones
en laiton, les pignons en acier, leurs pivots trempés;
les pignons sont à lanterne ; on en a fait dont chaque
fuseau était un rouleau mobile qui tournait sous la pres-
sion de Tengrenage, afin d'en rendre le frottement plus
doux et d'éviter l'usure. M. Gourdin présente de belles
horloges avec les pignons pleins en acier trempé , polis
comme ceux des montres.
L'appareil nommé remontoir, destiné à rendre la force
motrice constante à l'endroit de 1 échappement, a été in-
venté par MM. Lepaute, où plutôt l'appareil déjà connu,
placé par eux , la première fois, à Thorloge de la bourse
de Paris. La roue moyenne, celle qui conduit le pignon
de la roue d'échappement, est montée sur un support mo-
bile qui a pour centre de mouvement celui de la roue
d'échappement , et peut tourner autour sans perdre son
engrenage ; le poids de ce support et de sa roue , mo-
difié par des contre-poids , devient le moteur de l'échap-
pement, et est remonté, après une courte période, par
le rouage auquel un volant sert de modérateur et d'ar-
rêt.
Ce mécanisme de force constante, fut appliqué aux
montres ; un ressort en était le moteur ; mais la chaleur,
en dilatant ce ressort , en &isait varier la force ; tous nos
auteurs y ont travaillé et ont échoué à cet écueil ; or ,
M. Arago déclara , d'après l'autorité de Bréguet , qu'au-
cune récompense ne serait donnée , aux expositions , aux
horlogers qui s'attacheraient à cet objet. J'ai cependant
vu, en 1844, une montre dont le ressort de remontoir
était une lame bi-métallique, qui trouvait dans sa con*
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struction une compensation continuelle à ce dé&ut, et cette
construction ingénieuse ne fut pas considérée ; encore une
injustice des grands talents qui préjugent les découvertes
futures.
M. Wagner a construit des horloges dont l'échappement
donnait Timpulsion au pendule au moyen de petits poids
soutenus par des chaînes , et qui se posaient alternative-
vent sur Tune et l'autre extrémité d'un levier. M. Hirt ,
habitant de notre ville, a fait un régulateur, dont Té-
chappement à force constante, donne l'impulsion d'une
manière à peu près analogue.
Un horloger de Strasbourg a imaginé de faire mouvoir
les conduites d'aiguilles des cadrans placés aux diverses
faces d'un monument par un mouvement alternatif com-
muniqué par des fils de fer et des équerres analogues à
ceux des sonnettes, substituant ainsi un appareil très-
léger aux lourdes tiges de fer aux engrenages angulaires
qu'on a employé pour traverser les salles et se répéter aux
angles des murs.
Pendules Comtoises. — Elles sont d'exécution grossière
et d'un prix modique : elles nous sont expédiées tout
emballées dans leur enveloppe formée par le cadran , le
fond et les portes latérales ; leur long pendule est plié
par des articulations ; leur sonnerie a un compteur qui
leur est particulier , qui est , je crois , d'invention an-
glaise, et se nomme cramaillère. Ce système, différent des
chaperons, résume avec ce dernier les deux principes
desquels ont été formées les différentes sonneries. Là ,
deux pièces concourent à cette fonction , le limaçon , la
cramaillère : le limaçon est porté par la roue d'heures;
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— 480 —
la ligne spirale qui forme soa contour est calculée de
telle sorte, que son point le plus élevé se présente sous
le bras de la cramaillère quand Taiguille marque une
heure, son point le plus bas , quand il est midi ; les points
intermédiaires suivent Féchelle des heures. Quand l'heure
doit sonner , la détente relevée à l'avance par la roue qui
porte l'aiguille des minutes, rencontre une entaille et tombe
subitement , déplaçant une seconde détente qui arrêtait
le rouage et soutenait la cramaillère ; celle-ci en tombant
rencontre le limaçon qui lui présente un point plus ou moins
élevé sur lequel elle s'arrête ayant passé autant de dents que le
nombre d'heures que le rouage doit sonner; le rouage déga-
gé, court alors et lève le marteau qui frappe le timbre; ce-
pendant , uixe petite came enlève la cramaillère d'une dent,
à chaque coup , jusqu'à ce qu'elle soit entièrement relevée
et que la détente , reprenant sa place , arrête le rouage.
Pendule de cheminée. — Les pendules de cheminée
sont enfermées dans un support qui porte le nom gé-
nérique de cabinet , et qui représente tantôt une borne de
bois ou de marbre, carrée ou galbée, tantôt un petit mo-
nument assez ridicule, formé de quatre colonnes entre les-
quelles apparaît un cadran et se meut un pendule. Parfois,
le mouvement est destiné à être accroché près d'un mur,
et prend le nom d'œil-de-bœuf , ou de tableau , suivant
qu'il est de forme ronde ou carrée. Parfois encore, c'est
un riche sujet de bronze ou de marbre , sculpté avec art,
doré ou bronzé, couvert d'un verre qui le préserve du con-
tact de l'air, ou paré d'une dorure moins susceptible d'al-
tération, et qui se présente aux regards sans cet accessoire
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- 481 ~
Le goât et Tesprit des Français ont créé un art dont
les produits étonnent par leur profusion et leur diversité ,
une industrie qui n'a pas de rivale au monde; depuis Boulle
jusqu'à Otten , Denières et Ciodion , le modelé des pen-
dules passant par le ciseau de /annest, de Vittoz et d'Otten ,
a acquis une perfection souvent admirable. Bien des artistes,
illustres dans la sculpture et la plastique, ont donné aux
bronziers des statuettes empreintes de leur génie, ont em-
belli nos salons de ce talent qui se déploie dans les parcs des
châteaux. L'art de Vaucanson, s'alliant à cette plastique en
miniature , a récréé nos yeux par des mouvements imitant
ceux des êtres animés ; des musiques mécaniques ont uni
des accords à leurs gestes cadencés; enfin, des ressorts
sonores ont remplacé, dans quelques sonneries^ le
bruit du timbre , par leurs vibrations graves et harmo-
nieuses.
La personne ignorant la fabrication et qui parcourrait
DOS salons serait tentée de s'écrier comme Napoléon ,
parlant de notre pauvre espèce humaine : a Pas deux en-
veloppes qui se ressemblent , pas un intérieur qui diffère. »
En effet, si les enveloppes sont d'une diversité presque in-
finie, les rouages qu'elles renferment sont tous taillés sur le
même patron , exécutés sur le même calibre , et les légères
différences qui sont entre eux, datent seulement de quel-
ques années. Je vais donc vous donner la description d'un
mouvement de pendule, tel qu'on les fait aujourd'hui , et,
la comparant avec celle des premières horloges, que j'ai
donné précédemment , vous jugerez des progrès de notre
art ; tenant les deux bouts de cette chaîne , vous pourrez
en étudier et compter les anneaux.
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~ 482 —
La cage est formée de deux platines rondes , de 3 à 6
pouces de diamètre : la première porte quatre piliers sur
lesquels la seconde s'ajuste, y repose et est arrêtée par
des goupilles passées au travers, les deux rouages sont
enfermés entre elles et se composent ainsi. Le mouvement:
d'un barillet, sorte de coffret cylindrique où est enfermé le
ressort, long ruban d acier roulé sur lui-même; le barillet est
fermé par un couvercle, roule libr<îment sur son axe qui
le traverse et porte dans sa cavité un crochet où s'attache
le bout du ressort ; Tarbre de barillet traverse la grande
platine, porte le rochet d'encliquetage sur un carré qui
vient se présenter au niveau du cadran et sert à monter le
ressort. Le barillet est armé d'une denture qui engrène di-
rectement le pignon de la première roue nommée roue de
temps ; celle-ci engrène le pignon de la seconde roue ou
grande moyenne qui conduit l'aiguille de minutes. Les
nombres sont calculés de telle sorte que le barillet Caitun
tour pour 70 de la seconde roue , le développement da
ressort étant de 6 à 10 tours , la pendule peut marcher
20 jours et plus. Je n'ai vu que très-rarement , et à des pen-
dules d'origine anglaise, employer la fusée pour régula-
riser l'action du ressort, la propriété régulatrice du pen-
dule suffit à en atténuer les effets.
Sur la grande tige de la roue du centre est placée
la chaussée , roue de cuivre qui engrène une petite roue
de même diamètre et de même nombre , nonmiée roue de
renvoi ; celle-ci porte un pignon qui conduit la roue
d'heures, dont le nombre, 12 fois plus grand, fait que sa
révolution ne s'accomplit qu'en 12 heures. La chaussée
porte l'aiguille des minutes , elle est ajustée à frottement
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— 483 —
sur la tige qui la porte, en sorte que, quand on fait tourner
l'aiguille, rajustement cède, et pendant la marche de la
pendule il suffit à vaincre les petites résistances des poids
de l'aiguille et des fonctions de détente.
La deuxième roue ou grande moyenne engrène le pi-
gnon de la troisième roue ou petite moyenne , celle-ci mène
la roue d échappement : les nombres sont calculés de ma-
nière à faire faire 60 tours par heure à cette dernière roue.
La roue d*échappement reste pleine dans Tébauche,
sa denture n'est pas divisée. Quand le mouvement est
choisi , Touvrier mesure qu'elle est la plus grande
longueur qu'on puisse donner au balancier; cette lon-
gueur détermine le nombre de vibrations qu'il donnera
dans une heure , et par conséquent le nombre de dents
qu'on donnera à la roue d'échappement. Il y a, dans cha-
que atelier, un petit barème calculé pour cet usage; on
taille alors la roue d'échappement et Ton fait l'ancre, petite
pièce d acier qui reçoit d'elle le mouvement alternatif qui
communique au balancier; celui-ci est attaché soit à une
soie , soit à la chape d une suspension d'un nouveau genre,
formée d'une mince lame d acier; il est formé d'une tige
de fer portant un crochet à sa partie supérieure; il est ter-
miné par une masse lenticulaire plus au moins lourde,
suivant le genre de sa suspension et l'étendue des arcs
qu'il doit parcourir.
La sonnerie est mue par un ressort enfermé dans un
barillet semblable en tout à celui du mouvement; la pre-
mière roue est nommée roue de chaperon , parce que son
pignon porte le compteur; cette roue mène la roue de
chevilles qui commande à la roue de totaux; les nombres
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sont calculés de manière à ce que cette troiaiteie roue
fiisse un tour pour chaque coup à sonner; ses révolutions
sont accordées avec celles de la roue de chevilles et de cfaa«
peron : elle porte la cheville qui arrête le rouage sur la dé-
tente ; une quatrième roue se nonmie roue de àtiti > porte
une cheville qui sert à cette fonction déjà décrite^ ainsi
que celle des détentes et du compteur. La roue de délai
engrène enfin le volant ou modérateur du rouage formé de
deux allés ou palettes qui trouvent, dans la résistance de Tair,
le ralentissement de la marche du rouage. La sonnerie est
dite pour marcher plus longtemps que le mouvement parce
que, quand elle s'arrête la première, l'accord entre les ai-
guilles et la sonnerie se trouve dérangé; d'ailleurs elle est
l'auxiliaire du mouvement, son esclave presque, et doit
être toujours à sa disposition.
Deux chevilles, placées sur la chaussée , élèvent en pas-
sant et deux fois par heure le détentillon qui dégage hi dé-
tente et arrête la roue de délai ; quand il retombe , le rouage
part, fonctionne. Le marteau, formé dune tige pivotant
entre les deux platines, porte une came engagée dans les
chevilles de la seconde roue , qui l'enlèvent en marchant;
le marteau , ajusté sur cette tige en dehors des platines,
frappe le timbre qui est aussi en vue.
Les mouvements de pendule sont livrés au cetfimerce
en ébauche par les fabriques de Pons^ de Vincent! et de Ja-
py; les ouvriers de Paris les ajustent, les repassent , les
polissent, font Téchappement , y mettent le timbre, k
cadran, les aiguilles; après les bronziers, les ébénistes, les
albàtriers , les doreurs, les bombeurs de verres, qui s'occn-
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— 485 —
pent de la partie matérielle, les dépendances du méca-
nisme , les cadrans , les aiguilles, les plaques d ajustement ,
les vis même, le polissage des cuivres, sont autant d'in-
dustries différentes qui occupent à Pliris un grand nombre
d'ouvriers.
Les fiibri<|ues de mouvements de pendules sont établies
à la manière des fabriques de montres de la Suisse dans les
campagnes ; celle de M. Pons est aux environs de Dieppe ;
écoutons le récit, que me fait un de mes confrères, d'un
voyage entrepris pour obtenir , de M. Pons , une modifica-
tion nouvelle aux dispositions de ses mouvements : « Après
j» une course pénible dans les sables, sous un soleil qui
» me rappelait les récits de la campagne d'Egypte , je vois
» une terre plus ferme, quelques arbres rabougris, un
» peud*berbe, enfin, une chaumière. » (Tout est chau-
mière pour les Parisiens quand ils s'éloignent des villes.)
ir Je demande la demeure du contre-maître de M. Pons.
— Allez dans cette direction, me dit-on (il n'y avait pas
» de chemin) , et , après avoir passé la troisième marre ,
ji vous verrez sa maison. — J'allai, je vis un paysan cou-
a vert d'une blouse, coiffa d'un bonnet de coton , parlant
a un lainage à peine intelligible au premier abord ; je lui
» demande le contre-maître : c'était lui ; je lui expliquai
» ce que je désirais , je trouvai un homme intelligent qui
9 me comprit et le fit exécuter à mon entière satisbc-
tion. D
Depuis ce temps, le pays s'est peuplé, le village s'est
accru, l'argent qu'y a apporté l'industrie a amélioré la
culture , assaini les maisçms, distribué à propos l'engrais
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^ 486 —
aux terres, riostruction au^ hommes, et en a (ait ud jar-
din dans les dunes.
M. Pons fit admettre ses produits aux expositions de
l'industrie française ; on y voyait entassé une quantité de
monuments de pendules, et, quand les membres du jury
d'examen prenaient au hasard, dans cette pyramide de
cuivre, un des moments qui la formaient, on y voyait des
dentures égales et bien taillées , des pignons d'acier dur et
bien poli , et chacun de ceux livrés par M. Pons au com-
merce était égal en qualité à cet écliantillon.
M. Pons a modifié la sonnerie des pendules de chemi-
née en y exécutant la sonnerie à râteau, d*après le prin-
cipe de la cramaillère. L'ancien mécanisme est sujet à mé-
compte : chacun de vous a pu voir sa pendule sonnant une
heure difierente de celle qu'elle marquait^ car, dès qu'une
circonstance vient déranger l'accord , la différence continue
d'exister tant qu'on ne vient pas la rétablir. La sonnerie de
H. Pons n'a pas ce défaut; c'est une heureuse combinai-
son du rouage des pendules ordinaires avec la cramail-
1ère des Comtoises; le jeu des détentes reste le même, il
a conservé la fonction du délai; par ses dispositions, on
peut faire avancer ou reculer les aiguilles sans rien dé-
ranger à la sonnerie.
Il a été décerné à M. Pons une médaille d'or.
Les artistes, dans leur inquiète recherche des moyens de
perfectionner leur art et d'étendre son domaine, créent par-
fois des besoins pour la société. L'empressement ou le dé-
dain du public démontre alors ce que l'invention peut
avoir d'utile ; il arrive parfois que tel instrument auquel
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on n'avait jamais pensé devient à peine produit, un objet
indispensable.
Les pendules de voyage, sans être d*une haute utilité,
sont le sujet d'une industrie importante : leur origine est
peu connue. De rares échantillons se produisent portant le
cachet d'une &brication ancienne. Depuis une vingtaine
d'années, il en a été fait beaucoup à Paris. M. Berola a
entrepris cet objet comme une spécialité. Bien des ouvriers
le font comme objet de fantaisie. Les inventeurs d'échap-
pements nouveaux les essaient à des pendules de voyage.
MM. Moser frères ont porté ce produit en Asie et jusqu'aux
confins de notre continent. L'utilité des pendules de voyage
se résume ainsi : quand une famille se rend à un châ-
teau, à une ville éloignée, les montres ne peuvent en tout
point remplacer les services d'une pendule; on peut oublier
de les monter une seule fois, et on peut être privé de Theure
pendant le reste de la route et à son arrivée. C'est un
meuble gracieux qu'on suspend dans la voiture, qu'on
place sur la cheminée d'une chambre d'auberge , qui orne
celle du château. La pendule de voyage doit marcher quinze
jours sans s'arrêter ; elle sonne en passant et à volonté, est
à réveil, et diffère des autres en ce qu'elle a un échappe-
ment et un balancier de montre circulaire avec un spiral.
Cette construction &it qu'elle n'est pas dérangée par le
mouvement de la voiture, peut être placée dans n'importe
quelle position ; machine mixte, elle résume les avantages
des deux objets de la nature desquels elle participe ; sa
forme et son utilité, toutes de caprice , font qu'elle se prête
à des indications nombreuses; leur botte , ordinairement
fermée par des glaces, permet à l'œil de suivre et d'étudier
leur mécanisme.
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Un horloger de Paris imagina de modifier le pendule
en faisant un balancier circulaire chargé en un point de
sa circonférence : ce dé&ut d'équilibre le fait osciller; son
réglage est &cile« Cette disposition, toute gracieuse et très-
ingénieuse, n'avait qu'un début : une marche très-irréga-
lière, de l'aveu même de son auteur.
Quelques horlogers ont pensé faire un perfectionnement
en adoptant un balancier de montre aux pendules de
cheminée , pour éviter que l'objet ne soit dérangé par dé-
but d'aplomb ou par les mouvements qu'on peut lui im-
primer. Ils ont appliqué à l'objet qui doit être immobile
la faculté de pouvoir être balloté, remplacé le régulateur
simple de Galilée par le régulateur si complexe des mon-
tres ; cette belle découverte du corps isochrone par lai-
mémo a bit place, pour eux, aux causes si multiples de
variation des balanciers, de leurs ressorts réglants, qui
ne donnent de beaux résultats dans les chronomètres que
par des efforts de génie, d'aptitude et d'observation.
Le temps a toujours bit justice de cette naïveté; peut-
être d'autres inventeurs, ignorant les principes de l*hor-
logerie et les déceptions de leurs devanciers, viendront-ils
encore échouer dans cette feusse route.
On a fait des pendules et des horloges en substituant
des vis aux engrenages, et donnant la vitesse nécessaire
tout en supprimant une roue intermédiaire ; comme éco-
nomie d'argent, c'est fort peu de chose; comme diminu-
tion de frottement dans le mécanisme , c'est une erreur;
car la vis fait plus de frottement qu'un engrenage, et un
frotlenoent plus défectueux. Ces essais n'ont pas eu de
suite de la part de leurs auteurs, et n*ont pas été imités.
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Si, maintenant, je questionne l'avenir, lui demandant
ce que notre art peut espérer ou craindre du temps, je
vois une révolution imminente, un perfectionnement de
la plus haute importance qu'il est près d'atteindre dans la
marche des horloges des grandes villes.
Un jour j'étais monté sur le haut de l'église de Notre-
Dame-de-Paris ; je m'extasiais devant le magnifique
panorama étalé sous mes yeux ; je supposais les progrès
de cette riche cité , son agrandissement successif depuis
Philippe- Auguste jusqu'au nouveau mur d'enceinte, et aux
fortifications élevées par Louis-Philippe ; je pensais à Du-
laure, à Victor Hugo, à Ârago, que sais-je? quand un
bruit harmonieux et lointain m'annonça l'heure de midi ;
douze coups se succédèrent lentement , puis, un autre son
se fit entendre, et bientôt encore les clochetons d'une
autre horloge, annonçant les quarts, mêlent leur accord
à ce bruit ; une mélodie étrange , formée par des sons
partant de tous les points de l'horizon , exécute un con-
cert diffus, au milieu duquel l'horloge de la basilique com-
mence à bruire sous mes pieds, et annonce à son tour
midi : des coups qui semblent sans mesure continuent le
carillon où toutes les cloches de la ville font leur partie ;
il n'était pas fini , que le son qui avait entonné ce chant
bizarre sonna le premier quart après midi.
£t quoi ! s'écria tout*à-coup près de moi une voix gron-
deuse, les horloges de Paris mettent vingt minutes à son-
ner midi I Malgré toute mon autorité , mes exhortations
n'ont pu réussir à les faire accorder ! Messieurs les horlo-
gers, qui vous prétendez des artistes et qui feites payer si
chèrement vos ouvrages, le tort que font au public les er-
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^ 490 —
rements et les divagations de vos machines m'indigne, et
j'y cherche vainement un remède.
— Monseigneur , lui dis-je en m*inclinant, j'avais re-
connu rhomme chargé de veiller à la ville, et dont h sol-
licitude, sans cesse éveillée, doit couvrir d*unsoin pater-
nel ses intérêts matériels. Monseigneur, je ne suis qu*an
simple ouvrier dans lindustrie que vous apostrophez si vi-
vement ; je n*ai à conduire quune seule des horloges dont
la marche excite votre colère, et l'administration des mes-
sageries à laquelle elle appartient exige qu'elle soit en
avance de dix minutes sur l'heure réelle. Plus de vingt
horlogers sont chargés de la conduite et de Fentretien des
différentes horloges de la ville; indépendamment des or-
dres qui leur sont donnés, chacun d'eux a confiance dans
rheure qu'il observe dans son cabinet, et y règle ses hor-
loges, sans s'occuper de ses confrères. Il résulte de ces
intérêts divers la différence dont vous vous plaignez, et
que vous seul pouvez réglementer. Une ordonnance de po-
lice ferait plus que vos exhortations , la crainte d'une
amende plus que l'amour du bien public; vous disposez de
la voie publique, vous pouvez proscrire une enseigne in-
convenante ou séditieuse ; exigez que tout cadran public
marque l'heure, et les horloges s'accorderont.
— Ah f de l'arbitraire !
— Mais, Monseigneur, c'est, certes, un abus regret-
table , que cette diversité d'indication dans les cadrans de
la ville ; mais j'ai peine à comprendre le tort que vous
supposez qu'elle feit aux intérêts publics.
— Vous ne comprenez pas ! que quand une personne
va d'un quartier dans un autre, si l'heure indiquée n'est
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pas la même, elle perdra du temps, soit qu'elle devance,
soit qu'elle dépasse l'heure à laquelle elle était attendue,
et en fera perdre à la personne qui avait affaire à elle ; les
relations commerciales exigent une exactitude extrême.
Eh bien ! dans cette population d'un million d'habitants, le
désaccord de nos cadrans fera perdre à chacun de ceux dont
le temps a une valeur, et ceux-là forment plus de la moitié de
la population, 10 minutes peut-être chaque fois qu'un dépla-
cement l'obligera à avoir recours aux aiguilles des hor-
loges ; et cela en moyenne quatre fois au moins par jour.
C'est donc 24 millions de minutes, 400 mille heures, 33
mille jours dépensés chaque jour en pur perte : comptez la
valeur de ce temps, en moyenne, à 10 fr. par jour, cela
dit 333 mille francs par jour, 10 mille par mois, 120
millions par an ; ajoutez à cela les voyages manques, les
occasions ou le retard d'une minute peut faire perdre plu-
sieurs jours , il est ]eié au néant par votre faute. 1 million
1/2 de jours en un an, 333 ans par an, de la vie active,
commerciale, industrielle! Horlogers, réglez mieux vos
machines , car te temps est l'étoffe dont la vie est faite , et
leur irrégularité dépense en un an peut-être pour 150
millions de francs du miel qui s'élabore dans cette vaste et
opulente ruche!
— Je comprends maintenant ces réflexions que seul
vous pouvez faire ; mais la science est une habile fée. Per-
mettez-moi de vous décrire un de ses miracles : Si , prenant
sa baguette, je faisais marcher toutes les aiguilles d'un
même pas, frapper toutes les cloches d'un même coup,
n'ajouteriez-vous pas une grande importance à cette in-
novation ?
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— 492 —
— Sans nul doute.
Je démontrai alors comment un morceau de fer doux
peut devenir f sous l'action d'un courant électrique, un
aimant d'une grande puissance, et retomber à rioerlie
complète par l'interruption de son action; comment on
fil conducteur, courant sous le pavé des rues peut aller
porter ,d*un monument à l'autre, la vie qu'il reçoit de saa
point de départ par une pile de Volta.
Comment, enfin, un régulateur, placé à TObservatoire
sous la surveillance des Arago et des Leverrier , dont la
marche ne pourrait dévier d'une seconde sans que le ciel
et la terre n'en avertissent, donnÎBrait le mouvement
à un appareil fort simple qui servirait à interrompre
et rétablir^ de minute en minute, l'effet électrique.
Je démontrai alors que les ainoants artificiels, attirante
eux un fer placé à portée de leur action et les laissant re-
tomber suivant que le fluide courrait dans les hélices du
fil conducteur ou cesserait d'agir, feraient avancer, par os
déclic , une roue de 60 dents, d'une division à chacun de
leur mouvement; cet appareil, placé à chaque cadran,
remplacerait le mécanisme compliqué de l'horloge.
— C'est fort bien, me dit-il alors, mais qu'est-ce que
cela coûterait ?
Je supposai alors le chemin que parcourrait à travers le
réseau des rues de Paris un £1 de cuivre pur, couvert de
soie et enfermé dans une enveloppe de caoutchouc ; je bii
évaluai le poids en mètre courant; ma pensée posa des
chiffres, des chiffres, que je résumai en une somme dont
l'énoncé fit frémir mon auditeur.
•—C'est trop cher, me dit-il.
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— 495 —
— Vendez, disTjeeti reprenant ^ les ehé&d'œnlnre des Ro-
bin, de$ Lepaute et des Wagner aux petites villes des pro-
vinces et de l'étranger , et lepr prix paiera amplement
notre nouvelle iostallation et les frais de dépavage qtfe seul
vous i^vez le droit d'ordonner; comparez ensuite cette
faible somme aux miHîons que vpus avez supposés perdus
par notre incurie et....
Une détonation violente se fit entendre; un mouve-
ment inaccoutumé troublait la ville; des hommes qui n'a-
vaient pas le droit de remuer les pavés des rues en for-
maient des barricades ; une autre heure sonnait , et le canon
et la mousqueterie en étaient les timbres , l'heure de la
chute d'une dynastie ; bientôt une nouvelle administration
était chargée de mettre en harmonie des intérêts bien autre-
ment importants que ceux des horloges. Pourtant , à l'ex-
position dernière, M.Wagner exposa un système complet
qui donna l'heure dans toutes les salles de l'exposition ,
au moyen d'une machine unique dont le mouvement était
porté par des fils conducteurs d'électricité.
Je désire présenter à l'administration municipale de
notre ville un projet ayant pour but de mouvoir par ce
moyen nos différentes horloges; de placer même dans
chaque carrefour , chaque centre de population , des ca-
drans dépendant de la conduite principale.
Notre population étant à peu près le dixième de celle
de Paris , les chiffres que j'ai cités , divisés par dix, peuvent
servir à la même démonstration , et les arguments subsi-
ster dans toute leur force.
Au moment où la construction d'une ou deux horloges
devient nécessaire , les fonds qui y seraient employés ^er-
34
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— 494 —
viraient, avec éconoraie^ à cette amélioration, qui devient
utile à mesure que l'étendue et la multiplicité des relaticms
nous rendent le temps plus précieux.
Je demanderai à la Société son appui pour rot>tenîr,à
ceux de ses membres qui ont fait étude des effets si curieux
de galvanisme , conseil pour l'exécution.
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Ldh Charprruùr Aa/Ues
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ANNALES
DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
PROCÈS-YERBAUX DES SÉANCES.
Séance du 7 août 1850.
Le procte-ferlNil de la ptéeédcate sétoce est lu et
adoplé.
GorvespofidaiGê :
1.^ Une lettre de M. Serre, qui demande à éohaager
son iMre de menbre résidant efi celui de correspondant.
Aocordé,
t5
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— 496 —
2.® Précis analytique des travaux de rAcadémie des
Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, année 1849.
3.^ Bulletin des séances de la Société nationale et cen-
trale d'agriculture, janvier, février, mars 1850.
4.° Bulletin trimestriel de la Société des Sciences,
Belles-Lettres et Arts du département du Var. 1850. N.*'
1 et 2. , . , -
S.*" Bulletin de rAtbétfé^duBetUTaisis, !•«' semestre
de 1850.
6."" Aperçu des travaux de la Société des Sciences na-
turelle! du ctépartement de la Gharante-Inférieur», daptis
sa fondation, en 1836, jusqu'en 1849, par H. Sauvé,
secrétaire.
T.*" Culture des bois daos le royaume Lombard-Vénitien,
par Filippo Re, traduit de l'italien, par M. Phelippe-
Beaulieu.
8.'' Catalogue des animaux de la race chevaline qui se
seront vendus par adjudication aux enchères publiques,
à l'Ecole régionale d'agriculture de Grand-Jouan (Loire-
Inférieure).
9.'' La pureté du Cœur. — Histoire de la Rédemption.
— Deux ouvrages, par Tabbé Frédéric-Edouard Chaasay.
Sur une proposition du Comité central, il est décidé
qu'une invitation sera adressée au congrès de rAssociatioo
Breuiniie, siégeant mite année à Morbûi^ponr l'engager
à choisir Nantes pour le lieu de sa session de 1851» el loi
offrir le local de la Société pour les séances 4e la «eation
d'Affebéologia.
M. Varsanttttx lit un ranK>rt sur un ovvfigeidoILNeviNi-
Derotrie, intitulé: ProbUmei d'AgrieuUure et d'Bc0mmk
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rmatêé Su saifton de i*aliMéde cette pnMicatiofi , Ift Société
déeide i|Mr le rapport sera renvoyé an comhé des
M. BukMhel piaeeee î|Q'il a liM; un' traveit sur la cana-
lieafioo htétàkt dé b Loiret «I demande qa'UM eoimnrssion
soit cbargte de rexamiper.
MH. Cottin de MettefHIe, Bocbef, Wohky, Htiette et
jRéDoiÉl aéiit désigaéa pour composer cette commission.
'Jl. Siuion eontHiae sa leetore sur la iKtérature persane.
Ml CoIoidM Ut k wiiie de ses éludes sur le communisme
a« XVL« siècle* .
Après otiie lactwe, M. Aiuton , tout en louant la forme
claire et précise du travail de H. Colombel, exprime le
regret que) sous fetleeiafté apparente, se cache Tobscnrité
du foMis.
L'aatear n'a pae parlé de Pépoque pharaonique, les
ÈffpâÊfai'étàkM cmmnkM^ , les Grecs et les Romains ne
eoaalitBent paa to«të TnMiquHé.
M* Fœloii B'epproQve pas le communisme, fl lé trouve
Aande et iÉyanitMe à dtecnter; mais !lne volt pas qu'on
ail dénoDtié dbirMiént que le christianisme ne lui avait
pas feuraf de racineb : H Ikut ici fiiire une distinction entre
les écrits des Pères et le texte de fÉcriture Sainte , qui , lui,
n'autorise pas le communisme.
H. Foâtoii ajottte qu'il ne vbit pas de solution ressortant
du travail qui vient d'être lu.
M. Colombel répond que la communication qu'il vient
de fiiire, n'est qy*uo pcéUmiaeire à l'étade da Wl^* silcle;
avant d'arriver à cette ipoqèen il dev^iétiidier b propriété
sous le régime monacal et féodal. Pour lui, l'aatiquHé
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toat eniiëve se tésune dans les Grées et les Me
jMurceque eux seuls ont Wasédes Godes de kiîe, ei c'est
au point de vue de la législation qu'il s'est placé. Im 4|MS-
tion de rfigypbe est obscure , eUen'étaîfc passoas les Pha-
raons la mèoie qpiesous Mébeioet-Ali; le Ui allégué par
H. Foulon est douteux et non aoquts à b acicDûe; ici, la
certitude historiqoe était nécesasite»
Les Pères de rÉgUse prêchaient f égaitté » raaia ib n'ont
point voulu être et n'ont point été des bommesd'État; leur
but était plus élevé. Leurs textes ne doivent point être in-
voqués à l'appui des théories sociales, qu'ite ne voiibicnt
point fonder , conune les thitonciens nodamea en ont
l'intration.
M. Foulon reproduit les argomenls «pi'il a déjà ans en
avant; il ajoute que le communisme a besoin d'être d^
fini; pour lui, c'est le monopole du Gouvernement et
l'usufruit des particuliers. Il but ku opposer fiadividoalisnie
avec lequel il a toujours été en Intte. La question serait de
faire à chacun de ces deux pvinoipea «ne juste part. Il
voit dans notre époque beaucoup de coOiBiiioJame déguaé ,
par exemple, sous les noms de fisc et de ministère de fagri-
culture; mais la solution actuelle ne lui semhk pas bonne,
elle en appelle une autre.
Séance extraordinaire du 21 août 1850.
PBÉSmBlICS DB H. TÀimnuu
Le procès^erbal de la précédente séance est In et
adopté après quelques rectiScations réclamées par M,
Foukm,
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— 4f» —
La Sodèlé A reço :
1.» LacarteéoeailoadeNMltB^iMvM. <leToltoiMre)
2."* Des participes passés, réduits à une seale règle,
excaylien , méthode emièremeal noiiveHa, précédée
de k théorie duiwèe, p«r M.»» EHta Itorin;
3/ Biographie hretonùe, 7.* li?rmOD, par H. liovot ;
4** Catalogue des légendes des mowiaiei méravtiigien-
nes , par ordre alphabéliqM des niss de liem , par H.
GiiiiienDt fils siné.
M. Goérattd Hl la Ba du preÉûer chapitae du travail de
M. Bizeul, intitulé de l'aocieiuie eapitole des Namnèlea.
IL Vaadier lîl une étude sur la X¥.* siècle , intitulée
Alain Cbarlier et son opaque.
M. GaUaud coanmanque frfusîeurs fcbles de sa cpMpo-*
skioa.
. Séance du 4 ieptembre 18S(K
PRÉSIDBRCB DE H. GÉLT.
Le procès-Torbal de la précédente séance est lu et
adopté. -
Correspondance :
l.^" Lettre des habhanls de PrélûHes^ relstîfement à la
nécessité de travaux à &ire pour la conservation de la
source d^eau ferrugineuse qui se trouve dans leur pays. Ren-
voi à la section de médecine ;
2.* Lettre de M. Dubochet , envoi de pièces relatives à
son projet de canalisation latérale de la Loire. Sur la de-
mande de Fauteur, M. Simonin est adjoint aux membres
déjà désignés pour prendre connaissance de son travail.
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~ 5M —
3."^ Dtscoors prononcé par M. ie Pféfcl ée tk Loire-in-
fériama à l'auMiMe dftkfleMiott^ CMsai géaéntl, le
26MilitlMO;
4.'' Ménm 4e ftelfgie iHiênalk pmr IL Gai^Bt , juge-
de-paix du «HMn 4ki MonliMl fSaiOl^ ;
^.^ Leitm de M. Lebergne, D.*M., q«i demande i écfaaD-
g»r sa* lika de awnhre danrebpoiMiiBl en oeW^mftn-
bre réaidasl* Cette danandb eat, af^èèè.
6.® Du préjudice causé à l'agriculure el ae cwmiwiio
i«r lea ehanganeiM in«9odnil$ dtaa lee proeMès du nflE-
nage des sucres ^ par M. Bartis. .
M. Vandierlii, au nom d'une boonrisaiony vn rapport
approuvé par le Comité ceaUial i qn eeneitt mi rajet
d'iMeprepeiition de M; G«Hi|ad, aynt pMrlml de rendre
publiques les séances de la Société. Les conclusions du
rapport sont adoptées.
H. Talbot lit un rapport sur fes travaux de la section des
lettres.
M. Talbot lit un travail historique sur Jean Bocold.
Séance exlraorâmaire du 18 septembre 1850.
inÉatBhnca M ■. eiÉsôiia , vHx-FtttaBBÉT.'
Le procèsrverbal de la précédente séance eat lu et
adopté.
Carve^ndaQce :
1."* M* Fontceeau écrit à la Société , ponur demander
qu'une conunission soit chargée d'examiner sa découverte
relative aux armes à piercussioo»
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— 901 —
MM. tfaniii dé«Mi*UM, CiUMdv W4*y< Mènmiét
Dttê letta é» M, Gkmwt, sAr le mèiw objèl , m| v«n^
voyée à la commission à titre de renseignement
M. DrioHBt lit n Mmil fur k sahMlé d» Jogeatents
aOi||IVlèlS*
A ^r^^ de Mlle laciQve , M. FmIob rsppèlto tes idées
^il a émises en 1843, eiirlesM>giineiitsii*ouRnKerftt idéeb
qa'il pensait réaliser au moyen d'une aaseeitkbn bieafiii*-
eiolB. il pcpB toiq^nri que toa système serait lemiiillBur.
U est opposé an système des prknës ; il voît^ vret peîM,
riaterweéiÉi et râlât , sons quelque forme qu'cUe se
pvodniai dans une pareiUe question. N conçoit faction
4'Kne Société conciliaBt fkitérèl du ptodueteur et cekii dn
M. DrtoUet fint remarquer que le ayalètte de M. Fealen
ne^ slypliqas qu'a ttae^raclioa de la popnlatien ; il fidl^
attaqttsrleaelefi grand, sans déplaper ha îttéaUs, et
qeOt penr y aàwir^ k système des primes est laiwitàMe.
M. Colombel parle danakaiâflie aens qœlf.Jkmiki;
il ajoute que si , comme H. Foulon , on est opposé à toute
force collective , se produisant sous la forme de pouvoir pu-
blic, il devient impossible de concilier les intérêts privés,
qui ne peuvent se concilier d'eux-mêmes. Les lois ne peu-
vent pas produire grandlcboee^ la loi nouvelle, elle-même
sera impuissante, parce qu'on songe, avant tout, à res-
pecter la propriété. Pour réparer le dommage que Ton
ftit par foie subir aux particuliers, il &ut de toute néces-
rite que la fortune publique intervienne sous la forme du
budget. M. Colombel appuie la supériorité du système des
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~ 6M —
piiaMBiuriuiiiitGOÉMide tow^l'aoïélioralîènéekligiie
des ponts qu'on aobtenne par oeaiqreD;aiDsdoirte,loat
n'eolpts ChI eDûove, votas le réraket obtenu eii déjà très-
satisfiiisani.
IL FoqIm saoCiiot que ma syalAMest ewaptieilement
pratique , et il n'admet pas que les hommes actîb d'aiiîoiir-
d'btti aoiettl en poseessionde eelte méiMqttaUlé. Le^-
tème légal a éeboiié m AlkÉMgoe et ailleun, tandis que
le sien a véossi en Angleterre.
A propos de cette diacuasâon j il s'en engage ime antre
sur les égoûts et les fesses d'aisanoea, d'à* il résulte que,
si d'un oôté on a raison de ne pas ^pandiar daaa le innie
le contenu des fesses d'aisances qui ofte une ptéGâense
ressource à l'agrioultare, de l*autie ona en tort jusqu'ici de
ne pas apporter assez de soin à la construction dea fesses,
dene pas prendre toutes las précautions néoessairea pour
opérer la vidange des matières qu'ailes contiannant Ces
feits aant de nature à appeler tièa^aérionacment l'aMaptioD
de rAttlarilé, à cause dea inconvénients qui en panaent ré-
ran point de vue de b salubrité.
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RAPPORT
DB M. €IL VARSAYAUX
Mm LU
PROBLÈMES D^AGRICULTURE
ET D'ÉCONOMIE RURALE
A L'USAGE DES ÉCOLES PRIMAIRES RURALES,
PAR ■. lllVlII-MIoniB.
Mbssisubs,
Gfai^ de vous rendre oonyle de roavrage iatiliilé :
m ProMmes iàgnonHmn «I d[ Économie rmrok à fuHige
• iêi écotm frimoirm r%rok$ » par M* Neveii^DeroIrie. »
Nous venoDS ntiafidre à b devende q«e k Société Acidé-
siique nom a fiûirboaaeiir de nous adresier.
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— 604 —
Il n'est pas dans ses usages d'autoriser des rapports sur
les ouvrages publiés par ses membres, mais elle a voulu y
déroger, à titre d'exception, dans cette circonstance, attendu
qu'il s'agit d'agriculture et d'instruction primaire, c'est-à-
dire des premiers et des plus cbers intérêts de la société.
L'état de souffrance ^at de 4étip$e dans lequel se trouve
rindustrie agricole excite, en effets la sollicitude publi-
que. Rechercher les moyens d'y remédier autant que pos-
sible, secoAdér las acbéliOraiioud, tes peifeationnements
qui doivent assurer l'avenir de l'agriculture, les fidre con-
naître et les répandre en tout lieu, tel est le but que pour-
suivent avec persévérance, au milieu de nos commotions
pqlitiqi^ ies Connoes , lea Sooiélés savantes et les
hommes qui ont à cœur la prospérité du pays.
Sous ce point de vue , il est à propos, ce nous semble, de
vous entretéodr , panlant quelques instaats, d'un livre que
nous croyons destiné à rendre des services agronomiques
aux écoles ^rimairas des cffiHpagnes.
L'auteur s'est proposé , comme il le dit lui-même « De
» fixer l'attentiâttrics 4lliies surtefiits lasplus intéressants
» de l'économie rurale et de l'agriculture perfectionnée,
» en présentant ces fiiitsiKnis la forme de problèmes dont
D la solution , quoique &cile , a besoin de quelque travail
» de l'esprit. »
L'ouvrage renferme 200 problêmes que les instituteurs
petfvMt donner It rèsawire aux élèves qui ont atteint les
ii0niieie degrés de l'enseignement primaire.
• Ces {MbMmes cempf^niiettt rêoODomie ttârale dans ses
liriocipales di»^iiciens , mmik t
« Les assoiements , les clmMeatioM des terres et
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m amendements, les engrais « les instruments aratoires et
» constructions rurales, les céréales et plantes fourra-
M gères , le service du bétail , les mesures agraires et de
» capacité I les plantajlioiu et exploitatioos des boia« »
Pour vous doDDier uoe idée plus exttcto des détaik de
TapplicatioD pratique , oo^s meiUms sous vos yeux quel-
ques exemples extraits de l'ouvragd même, en vous fusant
observer que les faits qui servent à coftiposer les que«U<>ns
suivantes ne sont pas absolue, invariables, wm subor***
donnés aux circoBstanoea locales et aux diverses naliires
de sol et de climat :
ÉCONOMIE RURALE.
PRODUIT RST.
fràbUme n.*" 1.
» Un cultivateur explohe une feme de 10 hectares de
» terres bboutables et 3 hectoiet (le prairik^ Il paie
• moneUem^t SO fr. de fermage par haetàre 'de terre ,
• ei 100 fr. par hettate de ptairie. Il paie de plus les
9 impte qui s'élèvent an dixième du revsna et les répa-
» rations locatives estimées 50 fr. par an. Il doit , en
a ontw, deux journées de ciMrffoispar aimée, évaluées 6
• frane8la}ournée. La dépense moyenne annuelle m été
» de i7l fraoca par hectaore pour lea terres consistanl en
m fitaris de cuhttDe, de vécohes, d'entretien des harnais,
» natensiies, et de 34 frahos par bactare df prairies. Ré-
» capitulant au beut de 9 ans la valeur de tous «ses pro-
a. dftîte, il iromia qu'Os s'élèvent à 25,302 fr* M c On
»>deiMndb ipiél aélé sM praArit net?
» Résultat : 408 fr. 60 c.
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— 506 —
▲SSOLUOBtfT.
ProblimiB n."" 58.
ff Un cultivateur a 2i têtes de bétail pesant ensemble
» 6,350 kilogrammes. On demande quelle devra être Té-
» tendue de la culture fourragère pour les nourrir pendant
» 122 jours, à raison de 15 kilog. 750 grammes par jour
» pour iOO kilog. de poids vivant de bétail, sachant que
» les fourrages donneront 2 coupes et que chaque coupe
» produira en moyenne 357 kilog. 892 grammes par
» are.
» Solution : 1 hectare 70 ares 46 centiares. »
KiieiÂis.
Pràblime n/" 95.
« Uo cultivateur a famé sa fetre en y dépoeant 240
a kitog. d'engrais par are ; chaque are a ptodoit 26 titras
a 83 centilitres de froment. On demaBde quelle quantité
a d'engrab et quelle snr&ce de temin il faudra dans les
a mêmes circonstances pour produire 45 beetoUtrea de
a froment.
a Solution. SutCmc : i hectare 67 ares 72 centiares;
a quantité d'engrais : 40,252 kilog. 800 grammes, a
Jusqu'à ce jour, lea questioni d'arilfamétiqae Ibimulécs
dans lés écoles primaires ne renfermaient rien 4'agrioole.
EHea étaient posées en dehors de tonte notion de ce genre,
parce que les inatitnteurs en général n'avaient pas de cou*
naissances sulBnntes en agronomie. L'enseignéoMnit élé-
mentaire offrait une lacune à cet égard ; il fidUt chercher
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— S07 —
à y aqpptéir ; pmonne ibniiepas, on n'iinproTtse pas
des agronomes da jour au lendemain.
Toiei donc un onvnigct qui peut senrir de spéoknen. Il
préaenlet dans un cadre restreint et d'une manière précise
et lucide , des questions d'arithmétique dont la formule
rémiit , en même temps, des fiiits de culture intéressants.
L'idée est ingénieuse et neuve, ou, du moins, c'est la
première fois que l'on publie des exemples de son appli-
cation dusique. Nous pensons que cette méthode doit
aider à perfectionner les études des jeunes agriculteurs.
En eSet, l'habitude de ces exercices profitera surtout à
ceux qui, sortis des écoles primaires, entreront comme
af prentis-élè?es dans les fermes-écoles. C'est ainsi que ces
derniers établissements, destinés à former des ouvriers
agricoles, des contre-maîtres, des métayers et des petits
fermiers, atteindront complètement leur but et produiront
le bien qu'il est permis d'en attendre en France, où, par
salle, de la dîyision des pn^riétés, la grande cidture dispa-
raît dd jour en jour,
. Déjà nous sommes à même de vous signaler des succès
remarquables dans notre département.
M. Guillard, instituteur à la Ghapelle-sur-Erdre, a obtenu,
dans son école, d'excellents résultats de l'étude des pro-
blèmes arithmétiques, appliqués à l'agriculture; M. Heur-
tevent,. a|i Gflvre, a suivi la même méthode; deux de ses
élèves sont aujourd'hui les meilleurs sujets de h Ferme-
École de Saint^Gildas.
Enfin, M. Spal, instituteur à Couëron, après avoir fiiit ,
defioîs. ptaM^u» années, im cours élémentaire aux adul-
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— 508 —
469, féémi iffdmnbuimt paMémm ks ^uealieM priaci-
pales.
Ceft t3roÎ3 ioâitittUdiira ûdA été pluneun {obcoaroDMs par
le comic0 oesAral, pow les bewevx résultats de laor anaei-
goasent agric4>le élémentaire,
ki 9 nous esprimerons le vœu de voir adopter généra-
fenient une mesure déjà prise avec succès eA difiéieatcs
localités : elle consiste à }<Miidrè ^pietques pai^^elles de ter^
rain à la maison d'École « pour donner aux enfrftts des Da-
tions ppemières et le goàt du jardinage,
Ceaexwiples ne sauraient trouver trop d'imitateurs , car
oià sait queUo puissante influence les instituteurs prinMÎres
peuvent^ exercer sur la destinée des fiis des cultivateurs» par
leurs observations et leurs conieib , en un mot , s'ils aaveat
remplir eaUàveinent les devoirs de leurs fonctiona.
Là doit étpe un des moyens les phissùis à naettre ai
usage pour modérer, le plus posaiUe, rémigratioû des
campagnes vers les villes, dans des teo^ tels queles
nôtres, lorsque les états de la Statistique crimincUe « publiés
récemment par T Administration, constatent, pour la pé-
riode des vingt dernières années^ de 1826 à 1847 , uae
notable augo^entation de certains crûpaes et délits dafts les
grands centres, industriels, et surtout lorsque le sein de la
patrie est décàiré par nos discordes civiles.
La nécessité de contenir ce penchent des populatioas
rurales, nécessité si vivement sentie denosîours, était re-
connue déjà, même à la fin du siècle dernier» pir un de
nos écrivains les plus célèbres qui, des bauteura de son
génie littéraire, s'occupa d'agriculture pratique çpannet-
tez-moi de le rappeler.
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■^ 50» —
Aprte avoir fiiii eséeuter â'ÎBQporiantA l«av<Ma afrimbd
à Ferney où , plu» d'une foi&i il vint en aide à de» o«l*
tWateiD» ]iialbeiireuie« Volfaife tt'ft^-U pas dit, daoa iea
devoiàrea aonéaa de soa eMsiaoee : « Ji*ai fiuit ute efaoao
» uUU dans ma vi^, >'aî eidtiiré la terre ; cekiî qui eutlive
» un champ^ esl plua mile ^ son pays qae toua Ijaa bfir-
j» bouilleurs de papier du monde. »
Si Voltaire existait aujourd'hui même, en présence d'une
situation pleine de difficultés et d'incertitude, instruit par
l'expérience des révolutions, il ne manquerait pas de re-
commander au bon sens public , les écrits consciencieux ^
les œuvres de mérite, tout ce qui diffère des systèmes
chimériques et des utopies dont il a iait, en s'exprimant
ainsi > la critique amère et spirituelle.
Il n'est pas, en effet, sans importance pour la société,
selon nous, d'accueillir avec sympathie, d'encourager et de
répandre les bons ouvrages élémentaires destinés à l'en-
seignement professionnel des campagnes.
Il importe plus que jamais^ sous l'empire des idées et
des institutions actuelles, d'éclairer moralement les jeunes
générations rurales et de rattacher à leurs villages , parce
qu'ils y trouveront à l'avenir , grâce aux progrès de la ci-
vilisation sans doute, un accroissement de ressources et
de moyens d'existence, ces travailleurs des champs qui
sont à la fois les meilleurs soldats de la France et ses ci-
toyens les plus paisibles.
En résumé, les Problèmes d'Agriculture et d'Économie
ruraUe à Ttuage des écoles primaires^ présentent un nou-
veau témoignage des vues éclairées de l'auteur et du zèle
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laborien qai TMinM depuis loDglemps m Cifaur des popu-
Ifttions agriooles. C'est rapplioâtHNi des principes posés
dans ses VeiUéei fUltfgtsoûei» livre dont sept édîtioDs at-
testent le sQOcès popolaire; anssii croy<MiSHM>us rendre
justice à cette oeuvre nouvelle en reecwnaissaDt les bonnes
et patriotiques intentions qui l'ont inspirée.
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RAPPORT
SUR LE PERFECTIONNEMENT
DE M. FOWTENEAU
APPLIQUÉ AUX ARMES A PERCUSSION.
Messieubs,
La oonunissioii que vous arez chargée de pr^idre
coDnaMsance du perfectionnement apporté par M. Fon-
tenean dans les armes à percussion, s'est réunie pour en
eunloer ks pièces , leurs fonctiœs , les résultais qu'on en
espère, et vous rend compte par me voix de ses observa-
tions et de ses expériences.
L'înveiklion de M. Fonteneau a pour but de rendre les
aoddents produitapar les armes à feu, non pas impossi*
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— 512 —
blés (rétourderie des hommes a des ressources inouïes
contre leur propre sûreté) , mais du moins beaucoup plus
rares.
Au temps des fusils à mèche, cette arme, tout au plus
dangereuse pour celui qui en était menacé, ne firappait
point son possesseur; quand vinrent les batteries à silex,
des accidents résultèrent de la plus grande facilité qu*ih
offraient à l'embrasement de la poudre; et,dq>uis que
remploi des fusils à piston est devenu général pour la chaase
et pour la guerre, les accidents se sont présentés aussi fré-
quemment; chaque année, de nombreux meurtres signa-
lent la saison de la chasse : l'étonnante fecilité avec laquelle
un léger choc détermine la combinaison des éléments du
fulminate et l'explosion qui en résulte , &it que les causes
les moins prévues et les plus futiles en apparence , vien-
nent apporter la mort au milieu des joies et des distractions
de la chasse. En effet, un obstacle fait choir le chasseur, il
franchit un fossé: dans les secousses qui résultent de ces
mouvements, le chien peut s'abattre; qu'il se serve de son
arme poar écarter les branches d'un buisson, qu'il la retire
d'entre les bancs d'une voiture, le chien peut être élevé et
retomber sur la capsule; vous retirez votre fusil de son
étui , de la botte où vous le placez en mentant à cheval, un
mouvement brusque de votre monture, le cabot d'un véhi-
cule , la patte d'un chien , la main d'un enfimt, mille causes
qu'on ne saurait prévoir peuvent fitire fonctionner la batte-
rie de l'arme , et c'est la poitrine déchirée que le malheu-
reux déplore l'imprudence qui lui arrache la vie.
Pour prévenir ces malheurs, les armuriers ont diverse-
ment modifié leur batterie : d'abord, oefot la eron d$ Hkreii
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— 515 —
de Lspftge* qui arrête le cbirâ au-deesw de la capsule,
quand le doigt ne pressait pas la détente. Puis vint le fusil
de M* Hossard : là, le chien ne peut s'armer sans que Ton
sfpnie sur une sorte de s&uê-garde à secret ; cette dispo-
flition est compliquée dans son exécution , et , à cause de
cela , peut^tre, peu employée. M. Coataleau a bit un cran
àe eûireîi à double effet qui empêche le chien de firapper la
cespBxàe et de s'armer quand le doigt ne presse pas la gâ-
chette. Toutes ces invitions, plus ou mcnns ingénieuses,
reodeot-elles le fiisil inoffensif? Non; les accidents se re-
nouvellent, le concours des petites circonstances nécessaires
pour mettre en jeu les ressorts peut se produire fortuite-
ment dans b chute de l'arme, par reuchevètrement des
petites branches dans la batterie, par le tâtonnement de
mains imprudentes ouinexpmmentées; quelquefois, ayant
ôté la capsule d'un fusil on le croit sans danger , il retfe
un atome de poudre fufaninaiotte, on joue avec , le coup part,
et tue!
Un de nos compatriotes , M. de Raymond , expire il y a
quelques années sous le coup d'une détonation impré-
vue. Quand cbaoun déplore sa perte , M. Fonteneau , l'un
de ses amis, plus péniblement affecté que chacun d'eux,
puise dans ses regrets le désir de prévenir le retour de ces
terribles événements, et, après uoe longue élaboration,
car rien n'est si difficile que les choses simples, produit le
système dont je vais donner k description.
Rien n'est changé au canon; rien n'est changé dans la
batterie; la cheminée a une embase plus lasge , plus résis-
taate, oi n'est pas &ite cette disgracieuse double entaille
destinée, dans les cheminées ordinai^, à servir de point
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— 514 —
d'i^ppai aa tourne-vis ; le chien, dont lafdniieapeadiaDg&,
vient reposer sur cette embese sans que le fond du dé
porte sur k cheminée : il eiiste , au conttaiie, enlre eux,
une distance égale à l'épaisseur du cuivre de la capsule; il
résuite de cette disposition toute nouvelle, que la partie su-
périeure de la cheminée ne sera pas dégradée par les
chocs répétés du tir, sa forme ne s'imprimera pas dans le
dé, et la capeule ne sera pas découpée comme par un en-
porte-pièce , laîssani dans la lumière une rondelle de cuivre
qui rendra le tir impossible jusqu'à ce qu'elle soit eaqwlsse.
La capsule se trouvant enfermée, on ne sera plus expoaék
dire blessé par ses éclats; enin, la capsule retirée, l'anae
ne pourra plus partir, car bien qu'il restât quelques parcel-
les de fulminate, elle ne serait pas touchée par le chien;
voilà qui rendra le tir plus sâr, les accidents moins fré-
quents , les chiens et les cheminées plus durables.
Le fond du dé est formé par une vb qu'on peot des-
serrer ou retirer, quand on ne veut pas se servir de l'anme;
il arrive alojrs, dans ces deux cas, que le chien ne pou-
vant plus toucher la capsule, l'arme devient înoSoDsive et
raccident impossible ; car , afin qu'un frottement ne pnisie
desserrer k vis ou la replacer quand elle aura été déto»-
née, M. Footeneau a imaginé un moyen fort ingémeax
consistant en un petit ressort qui tient k place de Ton des
filets de la vis, et produit sur les parois des trous uae
pression telle , que l'action de k volonté est nécessaire pour
la kire tourner.
Cette disposition, qui complète l'inventinil de IL Foa-
t«aeau, a des conséquences d'une immense portée taat
pour l'emploi civil que pour le militaire. Tout d'abord, le
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transport de l'âme « sechatei le meitiemeat, sont.cftns
danger quand la via eel dàiownée. Quand Tanne n'est plus
entre les mains éû chasseur et ^u'il en a retiré la vis, elle
peut être abandonnée aux enfcnts ; ils peuvent iinpuné*-
mcnt renonvelnr celle affreuse plaisaaierie qui a tué tant
de penonnes , mettre quelqu'un en joue et Urer. Un niai-
finteur peut s'emparer de votre arme, et, la vis (née,
il ne peo^ la tourner contre vous, tandis que, vous-même,
possédant la clé magique, pouvez la rendre morteUe en
un instant.
Cette imneatiûtt pout-^Ue, do^ être, même, appliquée
an fittik de notre armée. En temps de paix, les vis des
fasils, repérées et munérotées, seraient gardées par les
chefs. Alors, plus de ces meurtres, asses mres d'ailleurs,
qne eûsnmettent parfais des hommes avides de vengeance ;
plus de ces suicides par leurs armes dont Nantes a vu un
Inste exemple. Qu'june émeute éclate, et que les armes
des arsenaux soient pillées, ks Bmgasins des armuriers
dévastés, qu'une compagnie soit désarmée, on ne pourra
tourner oonire dos soldats les armes ainsi dérobées. Bans
Me campagne, un désastre £sât craindre que les armes
tombent dans les mains ennemies : comme Tartilleur en-
doee les canes» qu'il est forcé d'abandottuer, le soldat
enciouera son fusil en retirant la vis , et il ne sera alors
d'aucun secours i celui qui TaDia conquis.
EkMgnona-fnons de ces stippoaîtàons. pénibles, ponr ne
pas dire impossibles, en songeant que mus parions de
l'amna française; le aeUat nesera plusoUigé de couvrir la
cheminée de son fuaîl de raccessoire ridicide du tampon ;
qsmA à l'exercîee i blanc^ on commandera le feu« un
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— 616 —
brait sensible k l'oreille du commandaDt remphoen œ
coup mol et sourd; l'État ne dépensera plus les iOO,000
francs que lui coiktent tnnuellemeat les réparations dn
chiens et des cheminées des fusils.
Messieurs, quand une invention présentée à la Société
est empreinte de quelque mérite, tos sympathies lui sont
d'abord acquises; le rapporteur lui4Bèaie a recoeilfi pov
des objets que le succès n*a pas couronnés , des paroles
d'une affectueuse bienveillance; à plus forte raison, qoaad
à un mérite réel se joint un succès éclatant, quand k
succès a pour objet la sûreté de la vie des hommes, notre
Société doit-elle donner ses plus efficaces encouragemeato
et prodiguer à l'auteur ses plus louangeuses paroles. Li
commission , reconnaissant le mérite réel de l'ioventioD de
M. Fonteneau et le sentiment philanthropique qui l'a con-
duit, vous propose d'adresser à l'auteur l'expression de
votre adhésion à ses travaux , de le remercier de sa com-
munication et l'encourager de tout votre pouvoir dans la
poursuite d'une invention aussi utile.
La commission vous demande l'impression de ce rap-
port, et, vous rappelant l'article 40 de votre Règlement,
qui dit que la Société Académique décerne des médailles
aux artistes et aux inventeurs qui lui font part de leurs
œuvres, quand ces oeuvres Je méritent, vous propose de
décerner à M. Fonteneau une médaille d'argent.
La commission , enfin , s'adressent à l'auteur , et lui rap-
pelant que , quand il s'agit de préserver la vie des hommes,
aucune précaution n'est à dédaigner, émet le vœu qu'il
ajoute^ autant qu'il lui sera possible, aux armes qui re-
cevront son appareili les systèmes de sûreté qui tiennent
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— Ô17 —
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ANNALES
DE LA. SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES.
Séance du 2 oetobfe 1850.
pttÉsirancs ni m. ottr.
Le prooès*verbal de la précédente séance est^ hi et
adopté.
La Société a reçu :
1.0 Guide du Voyageur aérien , sans nom d'auteur.
37
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— 520 —
2.'' Rapport à rAcadémic des Inscriptions et Belles-
Lettres, au nom de la Commission des Antiquités de
France, par M. Lenormant.
S."" Séance publique annuelle de la Société d'Agri-
culture, Commerce, Sciences et Arts du département de
la Marne.
4.^ Letlre de M. Priou; prospectus de son ouvrage in-
titulé : lUustralions Brekmnes.
5." Lettre de M. Wolski^ pour demander la nomina-
tion d'une Commission chargée d examiner un procédé
de foncement de puits qu*il a imaginé et appliqué avec
succès dans le bassin houiller de fifaine-et-Loire.
MM. Cottin de Melviile, Bertrand-Geslin , Malherbe,
Callaud et Bobierre sont désignés pour composer cette
Commission.
M. le Président foit connaître h la Société que son bureau
a été invité à aller visiter, chez M. Lotz (ils, fondeur, une
machine à broyer la canne à sucre, exécutée daas
ses ateliers, et à assister à l'essai de cette machine.
M. Lotz père , modeleur en bois , a, de même , invité le
bureau de la Société à aller voir chez lui le modèle d'un
pont de biais destiné à la gare du chemin de fer.
Après un rapport fait, au nom d'une Commission, par
M. Vandier, et approuvé par le Comité central , relative-
ment à l'admission des étrangers à la Société, il est
décidé:
i.« Tout étranger, n'ayant à Nantes qu'une résidence
passagère, pourra être admis temporairement à la Société
Académique , sous le titre de visiteur, et en exemption de
tout droit.
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— 521 —
La présentation motivée sera signée de trois membres
résidants.
2." Sur le vu de la présentation motivée, le Comité
central, s'il juge les titres suffisants , soumettra la demande
à la Société , qui statuera , au scruliu secret , dans sa plus
prochaine séance.
3.^ Après répreuve du scrutin, l'étranger admis recevra
du Président de la Société une carte nominative et per-
sonnelle» qui lui accordera la libre entrée de l'Académie
pendant trois mois, à dater du jour de l'admission.
4.* Les avantages dont jouissent les membres de la
Société seront acquis à l'étranger admis comme visiteur,
sauf le droit de délibération.
II disposera, mais sans déplacement, des livres de la
bibliothèque.
5.^ Chaque membre résidant aura la faculté, sous s^i
responsabilité personnelle, d'introduire un étranger dnns
l'Académie , mais avec l'obligation de l'accompagner
pendant la visite du local que celui-ci aura désiré faire.
6.^ Aucun étranger ne pourra être admis à une séance
de la Société ou da l'une de ses Sections, s*il n'est pré-
senté par un membre résidant, et s'il n'a obtenu l'au-
torisation écrite du Président de la séance.
7." Tous les cas d'admission d'étrangers non prévus par
les dispositions ci-dessus, sont laissés à l'appréciation du
bureau.
M. Callaud lit^ au nom d'une Commission , uû rapport
favorable sur le perfectionnement apporté aux armes à
percussion, par M. Fontenau. La Société décide , sur la
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— 522 —
proposition de la Cmnmission , qu'une médaille d'argent
sera décernée à M. Fontenau, et que le rapport sera ren-
voyé au Comité de rédaction.
Séance exlraordinaire du 16 octebre 1850.
PRÉSm£RGE DE M. GBÉGOIBE , TICB-PRÉSIDBIIT.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
m. A. Guéraud lit l'introduction d'un travail intitulé :
Histoire et Bibliographie de la Société Acaiémi^ie de la
Loire- Inférieure.
M. Simon achève la lecture de ses travaux sur la Lit-
térature persane.
M. Foulon lit, au nom de M. Bizeul, l'analyse du ma-
nuscrit de Fournier, sur les antiquités de Nantes.
Séance du 6 novembre 1850.
P&àSIDERGE B£ K. GÉLY.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
Correspondance :
1.^ Mémoire sur la résurrection de rArchitecture go*
thique, par M. le baron de Wismes.
2.° Boulangerie sociétaire; ses dangers, par M. E.
Merson.
3.° Rapport de la Commission des Remèdes secrets de
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— 525 —
la Société de Médecine , Chirurgie el Pharmacie de Tou-
louse.
4.'' Bb^mphie hretaine, 8.« livraison, par JK. Levot.
M. le Maire de Nantes écrit à M. le Président, pour de-
romder TaTis de la Société Académique sur l'utilité que
pourrai! «roir la publication de tout ou partie du ma*
nuscrit laissé par Fournier.
Sur UQ raj^ort lu par M. Talbot, au nom d'une €oin««
naissioo, M* Chartes liiiret, né à Versailles, le t8 sep-
tembre 1800, proviseur du Lycée, a été admis au nombre
des membres réaîdants de la Société*
Lorsqu'au itiois de novembre 1849, a dit M. Talbot^ une
décision ministérieUe éleva le regrettable H. JuUien à la di-
gnité de Recteur de l'Académie de Lyon, les esprits des fonc-
tionnaireadu Lycée,non moins que ceux des familles, furent
sérieusemeot' préoccupés du choix que ferait le Conseil de
riDstructton publique pour remplacer le Proviseur que
nous perdioné. Un moi prononcé par M. Théry, recteur de
TAycadémiedeReiines, en installant notre nouveau dief,
vint ootts rasaorer tous. « Quand il s'est agi , dimt M.
Théry , de remplacer M. Julliea , l'admiiiistration supé-
rieure n'a pas jeté les yeux sur l'un des plus dignes, mais
sur le plus digne : elle a choisi M. Huret. »
Cet éloge ^ prononcé avec l'accent d'une intime convic-
tion et enipreînt d'une gravité imposante en rateon de la
situatioa élevée de celui qui le faisait, n'avait rien d'exa*
géré. Aiqottrd'hui > Messieurs , que nous avons ru M. Huret
à l'œuvre, nous comprenons que H. Jullien lui-même n'eût
pas souhaité^ pour kii succéder, un fonctionnaire plus dé-
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— 524 —
voué à rintérèi des élèves et des femilles, un admiiiislra-
leur plus éclairé, plus affectueux, plus digne de la confiance
et du respect de tous ceux qui entrent en relation arec
lui.
11 arrive souvent que riiorame qui se livre aax travaux
de rintelligenoe et aux études du cabinet manque des ta-
lents tout spéciaux que réclame la gestion d'un grand éta-
blissement ou d'une grande aiFaire. Autre chose est un
écrivain , autre chose un administrateur. Lorsqu'on se sent
entratné vers la méditation et le silence de la pensée , vers
ces réflexions calmes et sérieuses où vous plonge la lecture
d'un poète , d'un historien , d un philosophe, il est difficile
qu'on tienne contre^ ce tumulte incessant de l'esprit, ces
préoccupations continuelles, ces anxiétés de chaque mi-
nute , auxquelles vous attachent les fonctions administra-
tives. Par un heureux privilège de nature et de caraetère,
M« Huret a sa rapprocher ces éléments en discorde; il
a fait tourner au profit de l'administrateur les aimables
qualités de Thonune de lettres : il a mis au service do
Proviseur, ce père d'une si nombreuse lamiUe, les habi*
tudea graves et solides du philosophe. Nui ne l'aborde, qui
ne soit frappé de cet harmonieux mélange d'amabilité et
de réserve , d'élégance dans lé langage et de fermeté dans
le jugement, qui lui a déjà conquis tant d'estime et de
si vives sympatiiies. £n l'entendant parler avec précision et
avec justesse des moindres détails, de ces mille petits bits
qui composent la vie quotidienne du Lycée, on voit qu'on
a en iace de soi un homme versé dans tous les secrets de la
pratique, mais aussi un esprit accoutumé à la réflexion,
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— 535 —
à .la généralisation , à ces vues d'ensemble qui caractérisent
celui sur qui repose tout le soin d'un important service ;
et Ton 86 retire alors en répétant avec Voltaire : ir Le bon
sens s'applique à tout. »
C'est que cotte qualité précieuse est , en effet , le fond
même du naturel de notre candidat ; et les premières
études, vers lesquelles il a dirigé son intelligence, ont ré-
pondu au besoin qu'il avait d'exercer ce don , trop rare
parmi les hommes , ou bien ont contribué puissamment'
à le développer en lui.
Parmi les différentes écoles de philosophie qu'a enfcn-
tées le doute raisonné de Descartes , mêlé à l'esprit d'a-
nalyse de Locke , il en est une surtout qui , dans ces der-
niers temps , a joui d'un succès mérité : nous voulons
parier de l'école écossaise. Les meilleurs esprits de notre
époque , les Royer-Gollard , les Cousin , les Jouffroy se
sont plu à faire connaître en France les travaux des
Thomas Reid , des Fei^son tout remplis d'excellentes
théories, d'observations ingénieuses, d'analyses limpides
et cependant profondes. Tandis que la philosophie aile-
nnande se perd daos les conceptions nuageuses , les Écos-
sais^ se fondant sur lexpérience et sur le raisonnement, par-
tent des fsits reconnus vrais, pour en tirer des inductions,
et n'imposent point à l'esprit humain des modaUlés arbi-
traires. Ib reoonnaifBent dans l'entendement certains prin-
cipes qui ne dérivent pas de l'expérience et qui sont ir-*
réductibles aux sens, mais qui sont inhérents à notre
constitution intellcctueUe.
Guidés par le célèbre axiome de Leibnitx : NikU est
Digitizedby*CjOOQlC ^_^
— 526 -
m iateUeclu qmn prim fuerit m imèêU; extife : nim ift^
inteUwlus^ iU ramènent à des praporiions raisonnables
cette £imeuae théorie des idées Uioéesquî a fui prodiguer
tant de flot^ d'encre et de paroles..
£n un mot, ils se déclarent les clmmpîons du bon sens
coutrp le vague des systèmes et robecurité des rAveries
philosophiques.
La tournure d'esprit de If^ Uuret le conduisait, par une
voie toute oaturelle , vers les œuvres de ces sages pen-
seurs. Sa première publication fut donc une traduction des
Essais philosophiques (Phihtophical Esêoys) , de DagaU-
Stewart , l'un des plus illustres disciples de Reid et de
Ferguson. 11- a âiauîie pria part a la publication d'éditions
classiques, d'auteurs grecs et latins, qu'il a édairées de
notes judi<»euses et savantes, jusqu'à- ce qu'enfin ka (Mic-
tions administratives aient absorbé tont son ten^ps, et ré-
ckmé, depuis près de vingt années, les heures mêmes
qu'il consacrait avec tant de ancres à l'élude des langues
anciennes et modernes.
Nonuaé d'abord priaaipai à Dinan , puis à Perpignan
où s'est écoulée une partie de sa carrièna laborieuse, M.
Huret , dont la modestie n'a pu caeber la valeue el le zèle
au Conseil de rioatruotion publiii|tte> a été suoeessivement
nommé proviaeur à Amiens, où il n'a fait que passer, pour
y laisser de profonda negMts> puis à Nantes, où nnuasoBMies
heureux de le posséder.
Dans le court aéjonr qu'il a fait parmi noua, il a su
se concilier, vous le savez, Messieurs, la faveur éeiairée
de tous ceux qui le connaissent.
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~ 537 —
L'aveûir , lyovs en sommes convaincus , montrera mieux
encore ce que vaut M^ Huret, et la prospérité du beau Lycée
qu il ackniaîstre sera h preuve de la justesse des éloges
accordés k son directeur. .
M. Bobierre. lit , au nom d'une Commission , un rap-
port sur le procédé inventé par M. Wolski , pour foncer
les puits , à travers^ les couches aquifères inépuisables.
Renvoyé ap Comité de rédaction.
M. Colombel lit un travail intitulé : Législation des
Valois.
Séance publique du 24 novembre 1850.
M. Gély, président, entouré des principales autorités
de la ville et du département , prend place au bureau.
A une heure, IL G^y ouvre Uséanoepar un discours
dans lequel il s'attache à démontrer que les associations
savantes dmvont détourner leur attention des spéculations
hasardées , pour fiiire de la science utile et sérieuse , et
marcher dans la voie du véritable progrès.
M. le SeoréCaire générai rend compte des traviaux de
la Société pendant Tannée 1850.
9f. Tatbot, seeré^îre adjoint, fait connaître les résul-
tats du concours de 1850. Le prix proposé pour la ques-
tion de la médecine des pauvres es^ accordé à M. Verger,
D.-M. à Châteaubriant ; MH. Cazin, médecin à Boulognc-
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— 628 —
sur-Mer; Pîedvache , médecin de i*bôpital de Dinàn; Go-
guel, de Sainte-Suianne , près de Moatbéliard (Doubs);
Macé, soldat-iufinnier au Val-de-GiAce, étudiani en mé-
decine de.seconde année, obtiennent chacun, dans Tordre
où ik sont désignés, une mention honorable représentée
par une médaille de bronze.
La Société Académique accorde une médaille d'argent
à M. Fontenau , pour son perfectionnement des armes
à percussion.
M: le Président fait ensuite connaître les questions pro-
posées pour le concours de 1851 et pour celui de 1852.
€mwk€mm¥m dm 1SM«
Quelles peuvent être , pour Nantes , les conséquences de
rétablissement du bassin à flot de S^int-Nazaire ?
Indiquer les moyens de rendre cet établissement le plus
profitable possible aux intérêts de Nantes et de son com-
merce.
emntm'urm de ISftt.
1." Histoire abrégée de la Bretagne « pour servir à ren-
seignement élémentaire.
2.^ Essai d'une bune de la Bretagne.
Une médaille d*or de 300 fr. sera déeemée à Fauteur
du meilleur mémoire sur chacune de ces questions.
Les mémoires.devront être adressés fircmeo à M* Talbot,
secrétaire général de la Société, avant le 15 juillet 1851
pour la première question , avant le 15 juillet 1852 pour
les deux autres.
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— B30 —
Section des Lettres, Sciences et Arts.
MM. De Wishes.
Vàndieb.
SiHon.
Section des Sciences nalureUe».
MM. DUCOUDR^Y-BOCRGAULT.
De TojLLEIfAEB.
Peadal.
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~ 552 —
rhéritage des hommes éminents qui se sont succédé à h
place que j'occupe en ce moment. — Il aurait conquis la
faveur de c^tte assemblée en déployant , comme il l'a bit
dans son discours d'adieu, les ressources d'une imagina-
tion vive et d'un style s^nimé. — Dans ce'discours, que je
me plais à rappeler ici , non -seulement à cause de son
mérite, mais parce qu'il était en quelque sorte destiné à
cette séance > notre collègue avait pour but de rappeler
les avantages qui découlent des associations scientifiques,
et , tout naturellement entraîné par ses goûts et ses habi-
tudes , il avait spécialement insisté sur ceux qui sont le
fruit deë éludes littéraires et de la poésie. — Non pas, as-
surément , de cette triste littérature qui déifie les passions
humaines et qui marché à la lueur du flambeau de la fa-
talité^ mais de la poésie sjpilritualiste qui élève l'âme et
console l'humanité. — Qu'il me soit permis d'emprunter,
pour un moment , ses propres paroles , ce sera le moyen le
plus sûr de payer à notre collègue absent le public tribut
d'estime et de regret que nous lui devons, a Au milieu de
tous ces désordres du domaine de la pensée, vous disait
M. Lambert, s'il est une chose (fui soit restée pure, digne,
élevée , spiritualisle, enfin , c'est encore la poésiç. — Étu-
diez-la dans les grandes œuvres qu'elle a produite^ : vous
la verrez, à défaut du monde qui s'abandonne à lui-méipe,
se réfugier dans la nature, tout animer en elle, spiritua-
liser la création et l'admettre sans cesse en tiers dans nos
pensées, pour les élever à sa tranquille majesté et la
mêler à nos tristesses, pour les enivrer de ses éternels sou-
rires-. — Elle exprime partout que les beautés sans nombre
dont la nature est remplie répondent à nos plus secrètes
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— 555 —
et intimes impressions, et qu'elle est faite pour le dévelop-
pement de nos instincts moraux, bien plus encore que
pour la sattsfiiciion de nos besoins phjrsiqueé, parce qu'elle
parle incessamment à notre cœur, pour en épurer la
flamme « à nos passions pour en calmer le paroxisme, à
nos souvenirs pour adoucir leurs regrets, à nos espé-
rahees pour alléger leurs ailes. —^.Théorie charmante et
douce, philosophie consolante et vraie que cette fusion
de nos deux natures pour les purifier Tune par Tautre et
pour endormir les souffrances de celle qui est périssable
par le dégagement de celle qui est éternelle. Lien mys-
térieux entra nous et la création , lien brisé trop souvent
par la main glacée de* ce spectre myope et sourd qu'on
appelle le scepticisme, par le souffle desséchant de la
philosophie de Tesprit, mais rattaché puissamment par
la philosophie du cœur, c'est-à-dire par la poésie. »
M. Lambert ay vous le voyez > une noble manière de
comprendre la poésie. Elle n'est pas* pour lui un simple
délassement de l'esprit, la forme plus ou /moins heureuse
que revêtent nos mœurs^ nos idées, nos sentihients, il lui
voit yne autre mission dans' la vie morale des peuples.
« L'art, la science , la poésie ne sont pas seulement pour
lui des questions d'orgueil national et d'avenir intellec-
tuel , mais d'admirables instruments de bîen-ôtre et de mo-
ralisation sociale. »
S'il était possible que les sociétés savantes vinssent à
perdre de vue cette vérité, ce ne senait pas, -assurément, à
une épo<}ue tourmentée par l'esprit de seote et Tindivi-
dualisme. -^ Ramener l'harmonie au sein de l'humanité en
foisaot un appel à ce que la nature de l'homme renferme
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~ 554 —
(le plus élev^ , réprimer par cette iÀflaeuce l'exal-
tatioo donnée aui intérêts matérieU am dépens des plas
nobles instincts,. tells est la route dans laquelle doivent
marcbertous les hommes généreux , et dans laquelle les
sociétés eomme la nôtre -doivent s'engager les premières.
— - Si, dans les temps de loisir et de calkne, elles peuvent
borner leur ambition à réunir sur le terrain fécond de Té-
tude, dans un oommerce empreint d'aménité et debîen-
veillamce, des personnes que leur nature ou leur positioD
sociale auraient séparé^ s'il leur suffit alors de grouper
toutes les forces vives de Tesprit dans un foyer dont la
salutaire iitfluence développe et fortifie tout ce qui peut
être utile à Tiiomme^ leîir rdié cliange et. grandit dans
les temps d'agitation morale, où elles ont surtout pour de-
voir de casserver intact le précieux dépdt de la science et
de la philosophie. ^-^ La science qui enseigne ce qui est
vrai, la pjiilosopbie qui dirige la raison humaine dans la
recherche de la vérité. — Sans doute ces divines émana-
tions sont, comme les devinées humaines, au-dessus de
toute atteinte et n'ont rien à craindre <lu triomphe mo-
mentané de l'ersettr; mais l'ordre moral est si étroitement
lié à leur sort, qu'il reçoit le contre*coup de tout ce qui les
altère. -^ Le repos des sociétés et le bonheur des indivi-
dus sont troublés aussitôt qae leur lumière est obscurcie
par les éclats trompeurs du sophisme travaillant à détruire
réâific&de l'expérience au profit de systèmes mensongers.
— Toute science est sociale dans son application défini-
tive, à ce point-,'que celles qui paraissent s*élôignar davan-
tage de ce but concourent encore pour quelque chose
aux chanoes diverses que subit l'humanité. Pour la plupart
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- 83» ~
d'eatteieUës,,iLserait&al0*diô signaler» en ttaçant leiurhik.
toÎpe> ViûùXÈ^ïnoe. ifoe leurs vftriati<M{ks qnt exercée sar la
maittbe (le- Teppèce ) boiiiaiDe% Leâ suécAs,- les foutes, la
graodewoa U ruine des nations présenlent one Ikison in-
time avec la direction imprimée à diVersos époques aux
études lUtéraires el scientifiques. Et qui pourrait douter
que rinfluèno6«de la. philosofiiie ne^ ^it aussi réelle que
celle de la seienceqiiienémaneî^-^.a^C'estninfait, disait
riUusire Aqyev-CoUaid, qne la molpale .publique et privée,
qiie:ronlre>de& sociétés* et .le.btoheur des individus sont
eûgagés dans le débft de la vt:aie et d^e la faasse>phi{o^-
pliie. n Les procédés ,de Tesprit humain dans la redier-
cbe oies vérilïés fendapieotales ne sauraient être &U$$és
sao& Gonduii^à ^desorfreurs touÎQurs pféjudtciabies ; et là
où les mauvaises méthodes, les abstractions insaisissables,
les oondusiûBà téméraires^ont pris In place d'un^ piKldente
obaèliivalion et d'une' habitude de déduction ngout««ui9f,
là où il y •aerqeurdras la manière de^ poser iuneformtlle
scieDlifiqtie, il y a. toujours un péril poiiir la société, atiësi
bien daM Tordre physique que dans l'ordre knorial, aussi
hiqa pour . l'élude de* la vapeqr'que pour œll^ des condi-
tions desqdakiilité* La caupe â» oetle-ci ne saurait donc
être sépàiéei de ceU&;de la^ sctenee et de h «philosophie.
,Les.ooDiiai8s^çe6:humaines; <|ui. touchent ^le très prés
sL^oiiguMpaiioD jdts sociétés, sont aussi celles' •qui pnésen-
tept plustile dangers- datis tours déviations^, et qu^ilfiiBl,
par 'ooaaéqneot^ aouméttre pins rigomteiisemept au con^
trôle d'une .analyse sévère et d'une prudepte expérimen-
tation. Eu'peceiUa matière^, l'aulorité de la raison» eitquel-
que choatv mais^ l'aulbsité de«reipérienob est tout' «* Pr4«
38
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— 536 —
jdoDa .iaterrogilk^ quasi dimidiask scieatiœ , », diaatt Bwoa,
préeepte auwi sage que pm roflyecté de noi joura. Pnompt
à s'afficayer du mal ou à en eiagérer k portée, aideoU
désirer le bieot împaiieot de le réatber « i'Jiamnie eraît ie
saisir dès qu'il l'a toirevu, ai,fiiliguéde l'attendre, ilpréftie
s'acconunûder d'une solution -ineomplële, pkrtdi que de
rester dans le doute. De là tf nt de systèmea inspirés par
ce secret besoin dp transformation qui germe an sein des
société modernes, lueurs trompeuaes qui ptéteddent à
l'autorité de. la 3cience et qui, destinées à guérir les maux
de rfaumanité, n'ont encore féuaai iqu*à lapoosser sur des
éfipeils.
Des acienees d'observation qui peuvent prétendre i un
. cciractèru positif et qui, grâce à oe privilège, doitrent eur-
cer upe grande iofluanoe dans le goAvarnement du monde,
ont été faussées par l'iatroduction d'éiémeûts édos dans h
(écûqde iniagioaiion des fondateum de doctrine. -Cetlè si-
tuation in^pose un devoir aux bomidaea qui ae eonsaereat
ans travauji. de la pensée , qui culUvent, saas pr^oecofiatioii
de parti , le domaine des sciences d'observation ; c'est à
eiii. de séparer l'or de ce, trisié alliage, de bire Japart
de la science vraie, qui seule peut élever quehpieéhosede
solide dabtl l'ordre inatériel cômtne dans Taidre moral.
L'amour, i'allais dire la passion da vrai, qui duit être leur
prineipsL mobile, les met k même de rendre^aqpurd'liii à
la société le plus, grand de tous les services, ear« ainsi que
Fa dit un puUicistie moderne :.« La soîeooa vira» mèoe à
la vraie politique. »
&i,<pour cQiwrver notre valable rAte, nous n'avons
pasià d^ieendif dans de brûlantes adualitéa^ si notre mis-
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^ 557 —
sksa ^oit 60 bomer à préparer les matériaai qtie d'autres
se chargeront d'utUiaer, tecbons la remplir a?ec inteIKgefkce
et fenfeieié, en ^ disent tourner a tf profit du corps social le
mouvemcal incQBDU qui Tagiteet qui tend à l'ébranler. Ce
iMuveineni, qui prend sa aource dans ée justes aspirations
vers un état meilleur que la Pro^îdetice n'a sains doute
pas refusé à l'humaiiilé, n'«st pat de ceux qu'on airrôte ;
mais il veQt èlre^lirtgé, sous pleine d'aboutir à un terrible
catqisljrsme* Acceptons les conditions qui nous sont infli-
gées^ et, saoA notis irriter eonti'e notre époque, mettons-
nous oonrageiisement à Vuamte dti salut comnran. Montrons
à ceux qui se laisaent entrirfner par de trop impéimeux
désira dé réalisatioa immédiate, que les éléments sur lés»
qiieb ils s'afqpuieot ont besoin de s'épurer, d^ se mtrir
pour établir leur autorité ; que , pour prétendre à fixer la
règle dés sociétés modernes,. il faot autre chose que des
stériles ébauches, il fiiut des résultats hautement ^atiooés
par k Science et sanctionnés par bpratiq«e ; que, poér
aspirei à on ^palml* honnàir, une synthèse > si t>riUante
qu'elle smt.,* dbit au mofals s'appuyer snr un commence-
ment d'expérience, dans des conditions qui ne laissent
aqcmi donteaor.la portjée de son application* '
Que les sociétés savantes s'eiForcent surtout de rame-
ner aiMc boimes; métiiedes dans l'étude des sci eftetfs qnl ont
servi de point d'appui à ces fiotioms laborieusem^t éla-
borée», qu^6n a déeoré du nom de science sociale. Cette
doctffiiMl'des Ètmpa modernes ,' qni pnamet de tout expli-
quer-, de tout résDvdre , de délier le mend de toutes les
djikaidés de Tordit moral , est cependant TaeNe à oon-
veiaere. d'errem* *^ de sieriliUd , ' parée qu'elle foule aux
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— 558 —
pieds les règles éternelles qui doivent giûder lir raison ba-
maiqe dans la découverte de la v^ité. Ramener les esprits
à des habitudes de sévérité' dans l'analyse et- dans les 'dé-
ductions logiques f ce serait frapper sérieusement ces sys-
tèmes, qui peuveul , au premier irbord, provoquer lacu'^
riosUé et même atlireç Tintérèt^ mais doot la logique ne
saurait soutenir L'épreuve d'uu examen sérieux. *
Les eonoaissances sur lesquelles se sont appujés ces
systèmes ont-elles été nûeux respectées que la lo^oe ?
L'histoire, exclusivement envisagée- à un seul point de
vue , trop souvent dénaturée par uno critique hostile et
des appréciations passionnées ou tronquées par. des omis-
sfons^ volontaires , n'a été , en quelque sortes , iliterrogée
par ^eux que comme un iémoin à la clurge -de la société ,
qui devait la convaincre d'impuissance et de déerépitude.
Cette société est vivante et .fo^te cependant : il loi soffit,
pour se défendre ^ des forces qui loi ont donné naissance
et qui sont immuables , parce qu'elles déeoufent de h na-
ture de.i'horome ; mais s'il lui convenait de cbercben des
armes dans l'histoire, elle y ^trouverait devnmnbrenses
preuves des échecs subisipar certaines dooirines , qui , biea
des fois ressuscitées, oaiété,.chaqlie,fots, :C0QdaQmée5par
l'expérience.
Les nombreux emprunts dits à l'économie politique
ont-ils été plus rationoek et plus profitables? Bes études
incomplètes, des résultat» prématurés eut Irqp souvent
acMpvi de base à des> assertions exlravagantes daila les-
quelles on ne parvient que dtfSciltioent à débrouiller le
vrai ; et si l'on jdevait persévérer dans une setnUable
route, la science économique .recevrait btentAt lecootre-
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~ 559 —
coup du discrédit qui fc&pptra œs stéMies conceptions. Il
y a là un Tasie cliemp d'études que les Académies ne
saufftieoi abandonner plus longtemps à une exploitation
inintelUgente etpaastonnécEUes peuvent rendre de grande
services en posant atee éclat e|. fermeté dimportadtee
questions 'd'éeonomiô soeinle , en faisant un appel à des
travaux sériéux«et mnlNrement élaborés, et en les appuyant
de Fautorité qui s'attache nécesâairemeql au jugement
d'hommes dévoués et compétents. . En persévérant dans
cette voie -où Vous vous àtes heureusement engagés depuis
quelques anqéçs , vpus contribue^ei , dans la spbtoe de
votre înfluenise,' è ramena l'ordre et les bonnes méthodes
d'analyle dans une' étude d'une haute importance' , et
vous aurez préparé la solution de«quélques-unes des nom*-
breuses difficultés qui surgissent au sein de la société
actuelle.
Mais, pour se crohre le droit d'enseigner à l'homme
cette loi* nouvelle 'qui. doit changer ses conditions so-
ciales «il fiiut ^ionnaftre, appi;ofondir sa natuire, son ca^
ractère, ses* aptitudes^ il faut scruter ses besoins, ses fa-
cultés, sesinstiiiots^ a^ affections; voire système doit
l'absorber tout pati^, sous peine d'être bientôt brisé à
la première tentative d'application. La prétention de bien
connaître l'homiAe sorus tous ces rapports n'est pas ce
qui manque aux novateurs modernes; mais il n'en est pas
moins vrai que^ chez eux, la physiologie et' la psychologie
sont à la hauteur de l'économie politique. Chacun d'eux
a, pour ainsi dire, refait' Tbomme à l'usage* de son sys^
tente. On a méconnu ou .nié les contrastes f{uè présente
la ngture humaine ; les passions qui l'agitent et* qui réa--
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— ô4e ~
gissent sur la«0Gvétf ne tout pas nummi^e» en eUes-mémes,
ce soQt des ressorts qu'une bonne organisation sociale
parvientbtt à utiliser ! i.es uns n'ont pas sa tenir coMpte
de ce qu*il y. a de grandeur et de dignité dans son ca-
ractère, de profondeur dans ses attlchemente et de sin-
cérité daoe ses croyances; (es autres ont glorifié ees pas-
sions ou n'ont tenu aoeun comptedes tristes infirmitésmo-
latesqui l'assiègent* On hii* a tmèé une voie sans mesurer
ses forces pouria parooul'ir, et l'on a'surtodt surexeilé son
désff de bien-être au dépens de êsl dignité^ et des plos
nobles «entiments: Il ètf est qui n'ont pas craint de heurter
de front «cet impérieux besoin de liberté qui est comme
son essence; et qui peut seul donner hi mesure dn'mérite
desea actions. ■ ' • * ^ %
Que d'erreurs à redresser, Vfue de vérités à remettre
en -lumière ! Multiplions nos efforts pour poser plus se-
ri^isement des problèmes résolus af ec une légèreté dont
on ne "paraît pas avoir le 'sentiment* Opposons, *sans re-
lAclie, les données positives /le la science à la déviation Ai-
neste impridiée aux principes les plus tiémetftaires. Réta-
blissons dans leur autorité légitime les ftits primordiaux
de rbiàtoire de l'humanité : c'est anjourd'fttlti plus qu'un
devoir, c'est un pressant besoin auquel doivent, répondre
les associations scientifiques.
Créé pour vivre en ^bciété , l'hortimer accomplit sa
destinée en développant successivement des'insfhûtions
qu7 donnent la mesui^ de sa *ptiissiance et qui le condui-
sent graduellement au plus haet degré de dévelojppement
moral et intftlie<^tuel qu'il lui soit pbrmis d'atteindre.' Ls
sociétf's c^ast l'association qui, commue la iàmiHe, découle des
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— «41 —
lois I furtilliiN tie Ip MUpe hamaâiiê. Mms b fbnhe dé
OÊÊU mKHâé doitHBile varier toivADt l'iateUtgence «t ta
volcurti di ItMMnme, siiiviat desctroonilaaoes^KtériéttreB
de dmml^^ét soi?.... Oubies mIhI éwil iAmm I«b
biiflBilairfcBi]Hmifti^ttel'M80CMlimi4oitrei^Mif UM foiiM
uni^Bief se ooaeti^er sur ime tonuéB identifeiiae «U'
joVir perla foieMe de nos a^detnes réfélatews f Eh MM
oaa, cfllte^ionBMile eit diffioife à reconnaître an niiieo des
aysMaaasrqal ont, pour parler ici Içtelgâge des adeptes^
« divisé' cÉ sohdiKaé ia penaée mare dfi ïeveoir. » Noms
avQDSt disail nafake le priocipaiMpréseBtantdeoesdoGCii-
aes: s NoHssMHisdes^ecfteseifMKiQt d'église, despUlaèepliies
ittOompaliUes et pas de ratigion^ pas de orojra»ce col*
leotive jmliaoi les fidèles sous un seul sigae et haraaènisaiit
levas efbrifl. » Ce jogeaaeiit porfé sur la aoieoce nmfielle
par œux,^ Aecraignaat pas de &ire «a fippel anai pas«-
sioBs kumaines pour la soutenir, n'eslnil pas la plus ter-
rîMe condiMsuiatiop ' tiu'oQ. puisse proMncer oeotre elle-?
K'eat'^il.pës la prefive évidente que^bienloiadkMrearriaée.à
l'époqpe pratiqua, eUe est oaoqre doBiioée par Tiacertilude
eft reothousiasaaeyaoflDnie l'ont été presque lobtes ks cob«
naiasanees buMaines à leur bcroom't *
Osai de .plus^propra à^fitire proscrire le principe de
raaaoclatibn que les tristes eKsès de cew qui, le poussant
au-delà de ^toutes les limites qui lui sont imposées^pa^ la
natiBre Jwaaaiiie, enontrftit un aaoyen dlattaque etde des-
timiion eenire la religion, la fiuniUe^^.propnéléyr^Otîvité
et rîntellîgaaoe de VboBamèii a*exerçant dans 4a sphèHe de
sa lîb^. fie doit être, -en coatraira^ im pinsaont potif
poiir;amdier l'étndedaeé principe féoond, de^ce grand
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Utiec de ia ^iviiiNtUoA» è jdès mnm qui ae femBU que le
ccmpromeHre aux yeux du publie^ el qui teadeat, toat an
rogios, à appeler sur lui. «ne profonde dàbrettr db k part
d^ boonieB qui préekleBi à la direction des affûnas ptablî-
quea; uoe raisoa de phis de s efforcer-^ -le soumatm à
dm reoheidies ^ieoftefiy patienieftet propres à le dégÊfsCj
soiis»>Uietes aes ftces, des-èlMeiiriléfrqQi l'eMeloppent. . '
Plus ij a élé eonprooiis, dénaturé daiis^on bot bumi*
nitaire, plus iï iniporte de «levreleirer et de lui rendre»
valeur et ^ difirûté, sans a'étenner, sans éê téoaUer^ outre
mesure, des éehecs qui ont été la suite d'une précipitation
trofl cotamuine. Sachons poussuivre avec prudence Tétude
de son dév^loppeaient.efrde son application pour em Sùtt
sortir, s^il se peut,*de nouveaux éléments de boolleiir et de
prospérité. Si dou^ ne devons pas souffrir i|u'oû détruise;
enaonnoTO; la société ifttuelie, pour élever sur «ses ruines
une société inconnue, nous .devons aussi nous rappeler
que* rhumaoité progresse, depuis rorigiue^du Inbnde, vers
uji état meilleur, et qu'il n'est donné à personne de peser
déslMrnes à ce mouvement provi4entiel. Anlèsureqneles
siècles s'écoulent, la masse des (Sonnakasnces gvandh, leur
lumière s épure, les niosurs s'adoueisseat, un plus grsod
nombre, d'boraihes arrivent à la culture de ^intelligence,
et Tordre social ae développe en propertûnn de Tondre
moral et intelleotoei.
Le passé du-meinde nous prouve que Dieu n'a pas coa-
d$mné.l%ûmrae à l'immobilité. Si chienne en particolier,
doit lt|vaille^ à amélioser sa cfndilion/ la société ne doit-
elle pas aussi chercher sans cesse à^se perisctHmner.?- .
Les fiMites et les malheurs> de Thuàmoité nfe sont pas
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~ B45 —
complétemeni srts remanie ; ce remède, ik>us. le trouverons
d'ftbord dans la rèUgion, qui s'adressOi ce que l'iiopinie a
de plus pur et de plus élevé dans Tesprit et le cœur. Nous
le trouverons aussi dans u^e étude sérieuse et métliodique
des connaissances humaines et dans Tautorité de Texpé-
rience, qui dpiy^i » raipeoer Tordre d^ns le domaine de
riuteUigence et de ia raison.»
f
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n
COMPTE RENDU
DES TRAVAUX . "
LA SOCIÉTÉ ACADÉMlOUE DE HAKTES,
PBifOÂin L*AiiiiS£ 1850;
* PAR M. MÂLHEÏIBE ,^ D.-M. ,
SBCBiTAIU 6]fafiBA.l.
Messieurs,
Chargé de rendre coihple de vos travaux pendant Tannée
1850, j'éprouve un séntiflaent d'inquiétude bi^n légitime.
Le mérite de.^seux qui m'ont précédé à cette placn tft'aorait
fait craindre d'y paraître après eux, ai voua ne ni'avtex
donné un gage* assuré de votre bienveillance, en me con-
fiant la tâche honorable dont je viens m'acquitter aujour-
d'hui.
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— 543 —
PersoDoe de vous, Messiears, n'a p« ouMief» tes éner-
giques el sévères paroles pvec lesquelles M. Renoul , dans
votre séince publique de J'aïinée deroière ,' flétrissait Té-
gaisme, le vice domioanlde notre époque, Qootplus que
les' éloges bien sentis qu*i) donnait aux vertus contraires ;
vos applaudissemeots lui tat ténkoigné votre sympathie.-
.Vous avez de oième éboutéavec uià^ fiiveur marquée
l'intéressant rappdrt de M.* Grégoire. .Dans cette même
séance , je bisais connaître les Résultats du concours ouvert
pour 1M9 y.êt M, ie baron de Wismes rendait compte des
visites lattes pftr les commissaires de la Société dam di-
vers ateliers industriels el ar.tisiiq'ues de la- villes
Le lendemaini de cpite sétinoe; la Société a procédé au
renouvellement de son bureau et de son cbnseti d'adminis-
tration. M. Lambert ^ été élu président , M. le docteur
Gély, vice-président; vous m'avez chargé des'ibnotioas de
secMfairé général; et U. Talbot a été nommé seerétaire
adjoint. • . t • .
M. NuRud a été mainteriu 4ans )ee fonctions de trésorier ;
MM. les docteurs Le Ray et Delamaredans celles de bîblio*
tlié(îaire et de bibliothécaire adjoint. ,
Le Comité céhtral a été cornoosé : . « ^
l."» Pour la Section ^l'Agriculture, Gommei^oe et Indus*
trie, dé. MM. Wohki , Goupilleau , ^areavaux fils»
2.'' Pour la Section ^er Médeeine, de. MM*. Bonamy ^
Marcé'^et JouloD. ^ *
S."* Pour la Section des Sciences ^ Lettres et Arts, de
MM. «Grégoire , JSoette , de Wismes. - •
4.® Pour la Section des^Sciences naturelles, de MH.. De-
lalatKlè, Dueoudray-Bonrgault, de Tollenare.
Mais bientôt le Ëtuteuil de la présidence est resté vacant
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~ B46 —
par 1^ départ de Mw Umbei«, qii^ son élévatim dans la
hiéirarcbie judlamife forçait à quitter notre vilte ; et la
Société a dà pourvoir a son reBopiacement par de Nouvelles
élections^iqui ont eu lieu danssàséaDee exMordinaire du
19 décembre 1849. ♦ • * .■ * *.
AL Gétyi vice-pi*é6id^l ^ a élé élu préaident; 11. Gré-
goire «.membre d«. Caraîté central, -a été élu* vice-prési-
dent^ en remplaQçmeût de M/ Gély ^ erH. Vandier a été
appelé au Comité centrai à II» place de M. Grégoire. * *
Depuia. l'année derniëKe la mort a- Grappe uiTcIe nos
menibresréaidanis; M. Souél d'Ërmigny. }^à*Laon, en
1772 , il se, tron^va laooe*preagu*au sertir du coliéjie dans
ce déluge .d'idéea de réformes politiques et tieptogi^ès» so-
cial qui agixaienl alors les esprits. Quelques années pins
tard, il s'a$soeia à Télan- généreux qiy* feisait voler tètite ta
jeuneasci frtuçaise au^ secMre de k pairie ei^danijer.* H
servit aiiecdiitiflctieo, d*abord à l'armée duAhin , pais* en
Vendée , jusqu'en 95. Yoyant alors sa santé ébranlée par
leali^tigwes de la vie militaire, il demanda' fet obtint sa
réfot^e.. Depuis ce moment, il a exercé à Nantes les fonc-
tions d'essayeur de la, garamie des maiièves d'or et. d'ar-
gent , jusqi|'en 1 83Â , où,, sur ^ demandé , il Sut mis à la
retraita Ho9(USie ainuiblc^autanf qu'amateur plein de gbùt
et d'érudiiion « Mv ' Sou^ eoriserve une "flact dans la mé-'
moire de cous cauxH|ui l'otti x^onnu* « ^
Nous avons vu avec peine s'éloigner de nous plosteors de
uo$ ooUèguee que leur^tnté, leur âge oiidesoodttpat i ons mul- .
tipliées ont déterminé à nous adresser leur dânission (1).
T" — '^'-^-^ — r ; : c— '
{,{) MM. Maiionde Precé, Miehel^Jftobineau.de^qvgoii; Mi-;*
chel de la Monronnais, L. Guéraud , Gharyau , Légal , Roaillard.
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- S47 —
Mais opu&uoiis eslimoiis beureux dee honorables «Ijoiictiôns
qaî oui fiigiudé Te cours àe cette année; ainsi, au nombre
de vos mcmbras césidants , vous amez reçu iL^ Càrissan ^ litté-
rateur; 4(. .Champenois^ D.-M.; M. .Bobi^re, chimiste,
vérificateur en chef des eogmis; M. Bize«A fils, fV.-4lf. ;
jtf. ïfHihé Fqiiriiier , Cvxé dosia poroisse Saint*Nice|a», dont
le jïiérite est. trop eonna pour que j'ai besoin de le rap-
peleç; enfi;i« M.Huret, proviseaivdtt Lyeée, qui a su-, non
pas tâ^ .ouhl4er> Biais empêche^ da regfetttiÉ >d6Bq hono-
rable pc4déoesseur,.M/'Jallien (1).
Vous avez admis parmi vos correspondants M! ikmoix ,
. avQoat à Caen ai J^lanhte distingué (S).
MM* Duptlessix, «i<ambert et Serre, > forcés de quitter
Ne^fes, oçt vouhi rester memibres oorrespooiiants de la
Société; MM. Aubacbétet beborgoe^ revenant 'sVjr Gxer
apnte uo^iQBgua«abs8qce,''6esont«effftpre&séSde réclamer
leurs pkteeaj^amii y^ membres résidante. , > *
j^ant d'abdrder Kexpesë de vos travaux , je dois piirler
4eë impi^taptes déciatons que vous avez prises pendant
Tannée qui vient de s'écMlev. .' • ' ^
Laprefbière, et la^ptus «iiio detcfutes, x éié4e cfaan-
•gefoent de k>oal. Depitts* longtemps nous^étions resserrés
dans lin. iipfiarteipen|sin£9Dfi[^nl et f^u eÂ.iraf^oït avec
riaiportana».vde la pvemiëre «Soaiété savant^ d'une des
phia gnHUks viHesr de^raaee/ïnbardis ^r ia bianveii*-
lance. .dom n*adn<inistvation,. soil départementale, soit
(l) Sur les rapports de MM. Talbot , RouzeaU| Malherbe , Baré
et Colomb'el.
^l)'6ûr an rapport «de M; Àagé Se tassul ' * ' ' '
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- 548 —
muniçipalef notift a déjà duHmk tml de pMums, nous
avons choisi up Ueu coovenablev qui dm» pemettia
dfi recevoir (ÛgiieiiiâDi Im ^étraogeis qai wendront' iioos
viiîtar-- ...%.. • ♦ ' • • •
Pofir iimufwtri ea quelque sorte, votre^Donveau leeal,
vous %vez adrea^^uoie iwci^iiMi aa Gongqèade F Associa-
tioD Bretooae, eo meUani voina isaUe 'des aéancea à la
diq)oaitiop dç sa SeoUâajd'Ârobéologie. Nou^, saisiGsons
l*ocfia^a pyciBjmte. poiv aoqjQBcer qiie votre înviiàtieD a
été i^cceptée et que le Congrès iieôdra à Naolesaa.sessioo
de 1#61, . . •, ' . •
Dans 1^ vastes aalles dont vouSi dispoaex maiatêoanc,
voiis^aveGt pu ranger les livres de votre biUiollièque dans
un ordre. |)His conwQode ptor rètude, et. donner la plcce
qu'elle^ Qiép^i.à 1^ riche baUection d'ouurages de/niéde-
ciae qyuB vo^a jéigiuie, en mpurimt,. Tim de Vos mem-
bres lés plus hoooaabie^ 4^ m rap^Ueraitjxmit ici les
qualités, brillantes et ^Ud/es qui jpm rendilieai si ebère
la présence, cariai noiis, du.docAeurPaloia;^ jae redirai
point c^tte faciUté et celte éléga3^ de parole qu'il' con-
servait, pialgi^ les pio^èa de rftge^ oe^te di|pDi^ avec
laqueliejl s'acquittait dèafoociioaaiido' la.|>iéaidence c|pBt*
v(Mjis i>vijlz ptùsiefica-fi^is boAori; oyûa je doi^- rendre un
téoQoigwge ppblic à Vatteehementqu*iL a toujours HMintré
pour ^ptre Société, au&trâvamJl^ laquelle, pair de joues
avant sa moipt, il prenati encore une pari tctive*. Enfin ,
ne* pouvant s^ d^ider à vous guitter* mûoie' poii^ noiourir,
il avôulus^assurerune place durable dans vos souvenirs,
en vous léguant, en quelque sorte, une partie ^e lui-
même, ses livres^, pe qu!uu homipedUtUjle possède de
plus précieux.
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— 349 —
inprmef «aux éttties une impulsion mtm et en même
lempft une utile xKreetioii,^ c'est, pmt les associations
sevâritiBy up sérieux, devoir qqe vout^oue éte& toujours
montrés «ouôleux de remplir^ en mettant au côncoura des
questîMsdonllii s^httioA importait en bien^re, soitpby-
sâqve^ soit mondilé la<eaciété. Enedoptant^ cette année,
de «068 diap^itioss régl^mslUàiree sur>èe sujet, vous
avexdi)iiné «aux concurrents d^^raaties ffii ajjouteront à
raOtoMtè de ^oejugemeiitSt et^endront plus désiraMes les
Incompensée qm tous acooiderea. -
Vous vous êtes aussi , daos unade vos. derniers séances,
préoccupés des moyens d'exercer tes' devoirs àë l'kospita-
Klé à 4'égard des sairants étrangers ^ eéjeorneraient lasci-
defat^Ueoaênt dans la'viUe;
Si je if avais été devancé par Mtre hoaoraUe Président,
•je devrais* vois parler do^remarquaMe^diMMirs prononcé,
dans votre séance de décembre*^ iMt,* par M* Lanobert.
I^BMfu'en'fenam isceuper la 'place nufïi rlaissak vacante,
M. Qitf tepvima eombîen était regrettable Tabseitce d'Un
uaeMbrie doué, d'aussi éminiinces qualités, chacun de v6us
^flÇaasocîa'à^sa |wttsée, es aafonnl'hui 4Uius afiplandiftons
tous^ji rboBlmuige puMloqui^vienideluidure reudd; .
. Je me bile d^atriver à' la partie essentielle de . i^ rapport :
Vinofflératioii de vos tiaveux ; comme mes prédécesseurs,
je les (désseiui d'apHsrrofdre^e vee ieotionl.- ' *
•Mltvia éàgtiMitnre^ cimmeree et lisdttoirlé.
I«es.p|u4fs 9ii serrant à la notirriture dé rbomme em*-
prmtteBt Ji la lerra uneaçantf des éiéqieiiu 4^ i«ur eom-
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~ 560-
position, <naU le soi. s'épttisenttjL lMntôt,.iû m ne lai
reii4^, après un ceruia. tcfknpfi,. ce.qur'U n*a réeUmieiy
fait qtto prêter. ' II. cooviept diyi^ -d'étudié- avec; aoli^ 4b6
subsCtoces féeoadaoles^car da4epr «hoix,iiidtçiettx ou pon,
dé|i6ad Tabondance ouia pfmetfe^desfécdtBa, et par wite
la prospérité ou la œisàre publique. Fente ^O'CQiuiailDp ks
véritableslôiiVle. la végétàtioDf^a.n'e looglemp» possédé
sur 06 '8i4€t ^ue des^dûopéesiiiconiplètes ou jecnoaées;
aujoOrdlitti , aa coatràke.; eoipme jsous i> jsposè tM . fieiv
tin, grâce aux progrès <ie la diimie or^puûfuei oa « pu
fonniiterd^ lois d-uoe. <eMB^i|udc itethénriptiquc /On à. peu
M. fi^tio iGOûclut (les. étodas auxquelles 41 s'est iim,
que l'efficacité des engrais dépend. 'des substaÎM^pa niîpé-
raies qu'ils Tenfecment,^ qu'il est iiMfispensabié à l'agri-
culteiind^ cçcMMittre leur ooP»posiUèii sous ce ca|q)ori, s^l
veuï lesappli^r a#sa diasoriiinMDt.» . . * .
Malbeureiiseiueotfia'Spéqiiliitio^jS'est enpafée^dj|^«ii9-
inerce'des eQgrâis# et soiivout léSAdullératioM qu'ol^ leur
fait» subir «les -rendent in^M^^ee i dmmertles^résuilats
qulon aurait droiide lûur demander* Gelte«coupafile bma4^
causée à. l^gmulloço «o .ii^eatfiulàlAe, piÀfiidîce^y qai.nk
point écheppé ii^tt^tion de l'adnsiuislnieucéolaîrélque
nous avons à iâ t^ der notre. défHiriement; Nttl4onte.qQe
les sages mesures 4|u*i4 a ^n^^^ne liassent himit<i» dispa-
raître d*9assi regrettables abus.
• Il est ^uste » Messieurs y.de rendre |i(iÇBin|g^ jt ]fi,^i^qffi
pour tous les ré^ituts utiles dont elle nobs a dotés ; nous
possédons -maintenant assez de luntièretf pourVeWlHs i^gri-.
cultvre pro|pèr0(e^JorisM«ll^f«<|{^pefldaHtY'qû^^m adm)-
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^ ^51 -
râbles que soient les découvertes des savaitts, quelque fé-
conds que ptiissent être leurs précefifes, ils resteront sans
effet, si nous manquons de force matérielle pour'les ap-
pliquer. Car, Messieurs, aujourd*htPî cofnnîe au commen-
cement, ce n'est qu'à la sueur de son corps* que llîomme
peut arracher à la terre ce qui doit servir h entretenir sa
vie; et la perfection des' théorie^ ef des méthodes n'a point
le pouvoir d'effacer l'arrêt qui le condamne au travail. En
présence d'une pareille nécessité , n'at-on pas lieu de s'ef-
frayer de la' dépopulation des campagnes , et n*est-on pas
conduit, 'comme malgré soi,*à rechercher les causes de ce
mouvement incessant qui entraîne leurs habitants vers les
villes.
Dans certaines localités, 'cette dépoiyjlatron rend très-
difficile l'acc&mplissement des travaux agricoles ; mais la
plfas grave de toutes ses conséquences^ c'est de contribuer
à accroître dans les grande centres' d^activît^ ces masses
populaire^, qui ^nt, dams tous les. tetnps, un embarras , et
aux époques d'agitation politique un daftger toujours me-
naçant.
Sachant bien qu'on n'aVàit'encore pu saisir les véritables
causes dii phénomène dont nous parlons , et bomprenaDt
tout Tîntérét qui s'attache à la solution 'd'un pareil pro-
blème , M. R'choul , sans prétendre le résoudre , a pensé
que c'était déjà beâtrcoifp fetre que de le' poser sous -son
vrai jour. Laissant de côté le point de vue théorique ,'ir a
abordé la difficulté par son côté positif, ei ,'au moyen d'une
masse considérable de donnéj^ numériques, puisées aux
sources officielles ,il a 'composé un travail sthtistique , qui ,
sous le titre de : Mouvement comparé de la population des
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— 552. —
villes et de» campagnes en France, contieDt un exposé
lucide et exact des*&its pour toute l'étendue de notre
pays. W nous est impossible de suivre Tauteur dans les
détails dû son œuvre , les chiffres noué *^nt interdits; lâais
tous leç- hommes sérieux liront avec intérêt le métBoîre
de M. Renoul, et, à* TavenipV il devra être consalté par
tou§ ceux qui voudront.écrire sur le même sujet.
Nous sommes naturellement an\ené à mentionner un
livre intitdlé : ProbUffief d'agricûUtire. Nous ne jurions
trop louer la pensée qu*a eu^ M. Neveu-Derotrie de s'a*
dresser à cette-classe intéç^saflte d'écoliers de qui dépend
l'avenir de notre agriculture; et de venir en aide, aux in-
stituteurs ruraux, qui ne possèdent pas tous, sur lès tra-
vaux des champs, les connaissances pratiques qu'on pour-
rait désirer. Parmi les produits de rintelligenci^ humaine il
en est qui peuvent, pàn^leur élévation ou leur profondeur,
préiendre*à une carrière plus brillante ; mais, assurément,
quant à l'utilité f aucun n^Femportepa sur le' modeste ou-
vrage dont nous parlons.
• M. Callaud a achevé la lecture de son Histoire de la
division du Temps. Vous dire que^dans l'exposé de l'indus-
trie des pendules*, industrie pour laquelle aucun pays ne
peut rivaliser avec la France , M. Catlaud a toujours su
captiver Tattention de son auditoire par la variété du style
et la. finesse des aperçus , ce sérail répéter les éloges qui
lui ont été si justement donnés pac mon prédécesseur.
Mais son mémoire s'est terminé d'une manière inattendue.
On s est toujours^ plaint, a (^it y. Callaud, du désaccord
des horloges entr'elles, et c'est avea raison : combien de
désappointements, de malheurs même, dans là pratique
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— 555 -
de te vie, dépendent de peUe seirie cause J Eh bien ! rien
de plus fecile que de remédier au mal'. Au moyen de 1 e-
lectric^,- mettez en commuurcation^toutes les horloges
d'une viU6,*et vous aurez une marche par&itemeai syn-
chronique ; il i^e restera/ plus qu'à bien régler celle qui
devra guider toutes les autïes. M. Calhiud ast tout prêt à
faire l'application de son système, qu'il a exposé aveic dé-
tail devant le Qouseil général du département.
Outre ce travail original , nous devons à M. Callaud un *
rapporteur le perfectionnement apporté aux armes à per-
cussion, par M. Fontanàû, habitant de^notre ville. Cette
admirable, découverte, dont la simplicité égale l'impor-
tance, si précieuse pour l'humanité à cause des terribles
accidents qu'elle est destinée à prévenir , n'intéresse pas
moins vivement I^dministration de la^guerre, puisque son
adoption, par le Gouveroemeat réaliserait l'économie d'une
sommç considérable que coûte annpéllement la réparation
des fusib de l'armée. Les divers organes de la pressée ayant
donné las détails les plus précis sur le. système* de M. Fon-
tenau et sur ses avûttagès , nous nous abstiendrons de
rappeler ici ce que tout le monde cbtlnaît.
4ux nombreux témoignages d'approbation qu'areoueil-
Us M» Fontenau, la Société Académique de Nantis a voulu
joindre le. sien, en lui décernant une. médaille d'argent.
Elle a pensé que, dans cette circonstance, M! Fontenau
apprécierait l'intention plutôt que la valeur intrinsèque de
la récompense, et que cptte expreasron de la. sympathie de
ses concitoyens lui serait plus ch^re que des distinctions
plus bril^ntes, venues d'ailleurS.
Leanombreju0^ applications industrielles de la houille v
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qui font draibdra avec raison quô, dhm VtttMiT\ les mines
qui nous foliniissent ce précieux combustiUe ne viennent
à a'épuisef, lui^ assurent d^ débouchés &ciles et' fondent
très-fructueuse son exploitation. Néatimoins^ dans cer-
taines localités où le terràib ^ofatlkfr est neoooveri par des
couches a^ifôres d'une grande puissance /et, pa^s iné-
puisables par les moyens ordinaires j de grands sacrifices
d'argent sont nécessaires avant qtie des bénéfiees puissent
' être réalisés. Cette difiiculté avait été lèvéelen paftiè par le
procédé Triger, qui a peur basé remploi de Tafr oonipriitté;
mais le danger que courent les ouvriers à respirer son la
pression dé trois athmosphères et plus, était un inconvé-
nient des plus sérieux.
H. WolAi a fésohï hi question au moyen d'un ptùoèié à
la fois simple et économique, qui ne fait pas cfourir le
moindre danger aui ouvriers, et^iui peut^ s^appKqtier à
tra^rs tous lés terrains et à toutes les^profendeiir^ Dans
votre dernière séance, un rapport de M. Btibierre ¥0us a
exposé les inooBtestabiés avantages du procédé inventé par
notre coUèguey et qui* vient d'être appliqué po*. hiaifec
succès dans le t^ratif bouiller de ]iiiii6««t^ Loire.
Il me resfis à vous parler ici des visitées dites par le Jni-
reau delà Société cbe2 HH. Lotz père et fils. Le^prelfticr
nous a mis sovs les yeitic le modèle en^ boisd'im pontde
biais , destiné à b gare dû ebenrin de fer, modèle gui doit
avoir sa place* au Conserviatoire des Arts et Hétîer& On
concevira. l'intérêt qui. s'attache à uppaseil travail « si on se
rappelle que le modeleur aa boie est rintèrmédialre obligé
entre le mécanicien ou Tiiigénieuk* et le fonéeur : de la
bonne ou vicletise oonfsction du modttfe dépend la réunite
ou rinsucoès de toute l'entreprise.
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- 585 —
]|l. Iiots Vk BOUS a &ii assister à l'assat d'une nmcdme à
broyer Ul canoë à siu^re , dont nous avçns pU admirer la
force et l*exceU(^te ^écution.
Votfe Section de Médecine a continué de Aiarcber dans
la voie laborieuse où elle est entrée depuis longten^)s.; de
nombreux et importants travau^s soi\t venus témoigner de sa
cooptante activité. Déj^, dans une de vos séances n^ensiielles^
H. le docteur de. Rivas vous en a fait connaître une partie
dans*uu consciencieux compte-rend^, auquel j'emprun-
terai fréquemment dans la revqe que j'en vais faire ii. mon
tour, •
Ifi. SallioQ, en cesasipt les fonctions de -président, a
adressée ses collègues une allocution dans laquelle, jetant
un coup^d œil rétrospectif sur les travaux de Tannée écou-
lée , il a &it ressortir Timportance des associations de mé-
decins, soit pour protéger la dignité de la profession, soit
poijir développer les études pratiques, et, en particulier,
celle de la topographie médicale.
M. Piban-Dufeillay^ élu président pour 1850^ s*est atta-
ché à mettre en ^lumière l'importance toujours croissante
des $ciéi),oe8 accessoires, et a engagé la Section à leuV
consacrer une part de son attention.
A. Aubinais a terminé cette année la lecture de son tra-
vail sur 1^ supplice de la guillotine. Sans suivre l'auteur
dans les développements qu'il dpnue à sa pensée , nous fe-
rons ressortir son intention fondamentale : plaider en &-
veur de l'abolition de la pein^.de mort. Certes, le vœu si
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— 556 —
bien formulé par M. Aubinais ne peut manquer de\roQver
de l'écho dans tous les cœurs généreux; il n'est personne
qui ne souhaite, comme lui, que bientôt (es progrès de h
civihsation rendent imitile à la société l'exercice de ce
droit barbare, dont jusqu'ici 'pourtant de» hommes non
moins connus pour leur* humanité tpi'éminents par leur
savoir, n'ont pas pensé qu'elle pût sans inconvénient se
dessai^r. ^
M..Âubinais a également continué ses importantes com-
munications sur l'obstétrique , par. ua mémoire sur les
fièvres intermittentes étudiées dans leurs rapport? avec la
gestation. Les &its ctfrieux qu'il rapporte fournissent une
nouvelle preuve de la filcheuse influence* que les contrées
marécageuses exercent sur la santé de l'homme.
Votre Secrétaire général a communiqué à la Section uae
note sur Futilité de la belladone dans le traitement de la
colique dé plomb.
Parmi les moyens qu'emploie la chirurgie pour réunir
les parties molles divisées, iPen est un ,'la suture, dont
les anciejis faisaient un -grand usage. Plus tard et surtout
du temps de Desault , on' limita l'emploi de la suture à
un petit nombre de cas «spéciaux. Grftce à de nouvelles
études, elle a repris faVeur de nos jours.
M. Gély , notre honorable président , qui a déjà publié
un mémoire sur un procédé de son invention , pour la
réunion des blessures de Tintestin, vient de reprendre ce
sujet sur un plan plus vaste. Les premiers chapitres de son
ouvrage , dont il nous a donné lecture , sont consacrés à
rhistoire de cette curieuse partie de l'art chirurgical. L'au-
teur ne s^est point contenté de faire de l'érudition sur la
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— S57 —
foi d'autruî , H est remonté aux ftources ; et , appréciant
avec Ifrsévérité^de logique qui lui est babitiielle*^ les do-
coroeQts souvent trop rares et parfois contradictoirps f\\xil
a trouvés sur sqd chemin, il a éclairci plusieurs pojnts
obscurs, et rétabli, nutant que possible, ia chaîne entre
l'époque moderhe*et les temps les plus jreculés/ .
Si nous en jugeons par ce que M, Gély nous a fait con-
nahre, nous ne doutons point que son Kvre ne prenne
rang parmi tes^pl^s impoptantes publicationide Is presse
médicale< contemporaine. ; ' . ' '
If. Hélie a mis sous les yeux de 1^ Section une' admi-
rable ppparation anatomique , à propos d'un cas d'otite
interne qui savait donné lieu à l'abolition complète dp sens
de l'ouïe.
M. Sallion père ji lu une remyquablp observation de
hernie diaphragmatique , accompagnée d'un- dessin repré-
sentatif de ce cas rare de pathologie^.
M. Marcé s'est fait écouter avec intérêt dans le récit
d'une curieuse ot>serv«tion de rétention des n^enstrues causée
par rimperforatipn de l'hymen,
Pour achever ce qui regarde la àection de Méd^ine ,
il me^este à Qientionner le rapport de H. Bonamy sur
l'épidémie du choléra. La connaissance que vous avez tous
du zèle laboiieux et de la consciencieuse exactftudè de
l'auteur, me dispense de vous faire l'éloge de s^n mé*
moire: je me bornerai à emprunter les lignes* suivantes
au compte-rendu <{e H. de Rlvs^ :
y. Bonamy n'a- pas voulu achever son travaik'sans rap-
peler la belle conduite des docteurs Waizinski, Caiileteau,
Villeneuve et de l'élève Jalaber, qui sont aHés porter des
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- 558 -
secoui^ médicaux aux cb*o]ériques«sur différeiHs points de
notre déi)acteinei)t, et qyi.se sont acquittés. de leur UcIm
avec un zèle et un dévouement dignes des éloges et de la
reconnaissapc^ de leurs concitoyens.
Mais ce que M. Bonamj n'a pas dit et ce que nous vous
dirons, ç e$t le courage et l'abnégation dpnt il a fait preuve
lui-pième duràpt cette cruelle épfdémie. pès 1834, lors de
la première* invasion dU choléra , il obtint une médaille
d'argent pour être allé secourir les malades de Saint-
Naz^ire. La même année et la suivante ^ il fut délë^^
dans plusieurs communes de nôtre départeinent pQiirHx>m'
battre une dyssenterie épidémique qui y causait une ef-
frayante miJirtalité. . *
Tant de dévouement devait appeler sur lui 1 attention
de Fautorité supérieure; aussi, le 27 février 1846, fut-il
nommé méd.ecin des épidémies de 1 arrondissement de
Nantes , sur la prés^tdtionde M. Touré, qui en remplis-
sait les pénibles fonction^ depuis 40 aqnées..
Devenu po'ssess^r ' du titré officipL Jkl. Bonamy n'en
déploya que plus d'activité , et bientôt il dut parcourir les
commui^es de Sucé et de la Boissière-du-Doré pour com-
battre la fièvre typhoïde^ de la Cbapelle-Bas$e*Mer pour
là scarlatine, du l^roux-Bottereau pour la dyssenterie, de
Carquefou pour Tangine <:ouenneuse, etc. ^nfin, sa belle
conduite, lors de répidcmie de, 1849, lui a. valu. sa no-
mination dans' Tordre de la Légion-d'Honneur, distinction,
certes, bien due à tant d'éminents services.
Si je m'arrête plus longtemps à vouà^ parler du terrible
fléau dont nous QsOns à peine nous croire délivrés , ce
n'e^ pas que je me plaise^ rappeler de tristes souvenirs;
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- m —
noais Je ne puis in'empécher,|{'cxprimerc(mibien je mis fier
d appartenir à un corps, dont, pas un«mombre, au môme&t
du dangoi', n*a failli à son devoir. Jalouse de réconi|ynsér
le zèle des médecins , et ne pouvant s'adresser à chacun
en particulier , l'autorité a v.oiilu honoi^er le corps tout
entier, dans la personne d'uii de. ses membres les plus
recoramand^ble^. La croi» de U Légion-d'Uonneur à été
décer^née à M. le docteur Marion de Prcfté , à qui seë qua-
lités éminentes, soit comme 'Jiomme ,«soit comme mé-^
decin , avaient dès longtemps valu la haute considération
dont il est entouré ; dans la circonstance présente il se
trouvait tout naturelleçieiit désigné à J'attention du Pou*
voir. . •
• -
L'étude des sciences naturelles a un charme entraînant ,
dont la séduction n'est bien comprise que de ceux qui s'y
sont livrés avec ardeur. Ne craignez j^as , Messieurs, que
ce d^but vous annonce une description pompeuse des beau-
tés de^la ;aature, j'aurais peur de rester au-dassous d'au
pareil sujet; mais, iUfaut bien le dire, celui qui s'est une
fois épris de cette enchanteresse, ne connaît plus ni peine,
ni fatigue, s'il espère pouvoir lui dérober quefqu'un de ses
merveilleux secrets. Nous en avons la preuve ^fos l'activité
incessante de M. l'abbé Delalande, qui nous a donné, cette
année, la fin»de son aicellente nôticp sur lest î'^^ d'Houat
etd'Hœdic. , • .. •
Je ne reviendrai pas sur cette*œuvrQ.dotU le mérite vous
a été signalé des l'annéf dernière; mais. je tiens à vous.&ire
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- 560 —
savoirqud M. Delalaiide n*a pas hésité à Caire, sur ces deux
'tl6ts,une4)ouvelleçtCursion, poar vérifier Tauthentieilé et
l'exs^tîtude'dé ses documents.
M. F. Cailliaud a communiqué à la Section un^émbire
ayant pour titre : De la perforation des pierres par les
mollusques. H démontre que Tôpinion de M. Deshates ,
sur ce sujet, est beaucoup trop absolue, et qu'on ne peut
reiiisër à certaine mQllusques la feculté de percer les pier-
res mécaniquement. Il appris une valve de pholade, et
opérant dans Teau, il a, dans l'espace d'une demi-heure,
creusé par frottement des rainures -profondes , à la surface
dii la roche d'où était sorti.ranimal.
Quoique je n'aie pas à vous mentionner d'autres tra-
•vaux de la Section des Sdtenoes naturelles, il ne but
pas croire qlie l'ardettr studieuse de ses membres se soit
refroidie : on ne marche *qu'avec lenteur dans la voie de
Tobservation ; des mois et même des années peuvent s'é-
couler, avant qu'on ait atteint un résultât digne d'être livré
à la publicité.
Nous rappellerons que ^ dès l'année flernière , des * me-
sdres avaient été prises pour la compositiop.de l'herbier
du département. Les botanistes de .là Section s'occupent
activement de cette tâche qu'ils ont à cœur d'accomplir.
•ccAoïi des Ketipes^aclcnceii et Arts*
Ici , Messieurs , l'eQibarras redouble pour 'votre Secré-
taire; un vaste* champ s'ouvre devant lui , il y jvoit une riche
et abondante meisson , et H ose à peine y porter la main
de peur d'abuser de vos instants.,Rèsserré dans d'étroi-
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~ S6i -
ttt limites Y il sent i}a'il' ne pourra manquer <rétre in-
ccKiiptet. • *
M. Simon a continué ses communications sur la Littéra-
ture persane. Cette fois, ce n^ plus l'épopée; le poème
sérieux ei régulier, c'est le chant lyrique, le chant popu-
laire que nous allons entendre. Sur la scène s'avance un
bandit tiircoman\ nommé Kourrouglou , dont la carrière
«ventureu3e représente parfaitement, par se§ accidents va-
riés, k vie et le caractère de la race à laquelle il appairfient.
Poète en même temps que guerrier^ il chante ses propres
exploits, chaque événement excite son enthousiasme et
sa verve, et les vers coulent de sa bouche* comme de
source. Ce sont ces chants improvisés qui ont été recueil-
lis , et qui , disposés par ordre , sous le nom de rencontres ,
ont transmis sa mémoire à la postérité, {i'éducation du
héros' et celle de son merveilleux coursier, les hauts 'fiiits
qui signaient la première raoitfé de sa vie , les revers qui
viennent' plus tard l'accabler, et^ en dernier lieu, $a fin
malheureuse , tout cela est retracé avec cette richesse de
couleurs, cette surabondance d'images, cet;te harmonie qui
caractérise les langues de l'Orient.
Ce n'est, après tout, qu'un brigand que ce Kourrouglou, qui
tue sans pitié, et qui s'enrichit dùfruit de ses rapines ;IéTécit
de ses aventures est, d'un bouta l'autre, empreint d'exagé-
ration ; mais cette forfanterie a , pourtant au moins dans
son expression, quelque chose de grand et de majes-
tueux.
Quittons les régions lointaines et febuleuses de la Perse,
et rentrons en Occident, à propos des études sur la litté-
rature française au XVII.* siècle, que nous devoQS à H. Ch.
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Livet Qv^nd on remopte « Torigiiiede l*klk>nie^«e now
parlons f' on voit que deux éléments ont prkicipalenant
contribué à sa formation, l'élément giéoo4atin et Télément
gaulois. Tous deux, avant .d^arrirer à se fondre poor con-
stituer la langue telle qu,*eUe axiste aujourd'hui, se ioiit
longtemps disputé Tinfluence prépondérante. A tontes les
époques , les littérateurs de notre pays ont été comme di-
visés en deux eamps, dont ('un écmaîl sur son drapeau?
Imitation de Tari, antique ; et Tautre: Liberté de Vesprit
gaulois. Dans la première catégorie , 'il fiwit comprendre
tous les classiques proprement dits; dao& la seconde, ncius
trouvons, entre autres, Rabelais, Molière, Lafontaine,
Béranger^ qui sont bien, dans leur intraduisible origina-
lité , les représentants de l'esprit national.
M. Livet a arrêté son attention swr QBtte époque où le
langage, .qui avait jusque-là flotté entre des tendances
diverses « allait enfin se %ier, grflce i Imstitatton de
TAcadémie française, fondée par le cardinal de Richelieu.
A partir de làVinfluencede Tart antique a dominé généra-
lement, malgré quelques heureuses et b^illaptes prêtes-
tation^.
Parmi les défenseurs de Tesprit national , M. Lîvet nous
&i^ connaître Saint- Amant, Tun des premier^ membres
de l*Académie, qpi l'avait chargé de la partie de son dic-
tionnaire relative au style bufleaqu^. Ce poète, trop vive^
ment critiqué par Boileatf, mériterait bien quelques re-
proches pour ses mœurs plus que faciles, et pour ,1a
négligence qu'il apportait dans ses compositions; mais on
ire peut lui refuser de la verve , ni même de la grandeur.
Malgré les progrès du3 aux travail d^ TAcadémie, la
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plus grande partia ûe la nation française S6 -servait encore
d'un langage inculte ei^ où se reflétaient tes mœurs licen-
cieuses do temps. Une société d'élite se donna en quelque
sorte la mission de polir et de réformer à la fois ie lan-
.gage et les mœurs. Réunie à l'hôtel de Rambouillet , sous
les auspices d'une femme d'esprit et de goût, el(è s'atta-
cha* à proscrire tous- tes mots cûpables«de blesser l'oreille ,
ou contraires aux règles de la plus sévère bienséance. Hais
ce ' rigorisme*, poussé jusqu*à réxagération , ne tarda pas à
donner prise -è^ la critique, et ce fiit lui qui fôunfit S Mo-
lière le texte de sa eoinédie des Pr^iemes ridicides.
Quoi qu'il en soit, on ne pent nier l'influence que cette
compagQie distinguée a exercée sur notre langue : c'est
elle qui lui a imposé l'sir dé bon ton qui la caractérise
quand elle est parlée pur^me&t, ei qui a préparé aux -grands
écrivains du siècle de Louis XlV Ilnstrument dont ils
ont su faire un si brillant usage.
Nous ne devons pas oublier de motionner Ici* un livre
publié par un auteur nantais, mademoiselle Elisa Morin^
qui s'est aussi Mi connaître par de gracieuse poètes.
Supprimer d'un seul coup toutes <le^ règles embrouillées
des participes cassée , et les rem^^cer par un principe
aussi simple à appliquer que facile à concevoir , tel est le
mérite de ae consciencieux itwmïl d'érudHion.
Sur *le terrain de la littérature nous' retrouvons H. Cal-
laud. Vous saVeir déjà quelle part il a prise ^Itx travaux
d'une autre Section ; j'ai à v<Tus entretenir maintenant de
son talent pour la. poésie. L'analyse d*un p^ète^ c'est chose
assez difficile à £i«fe, etsuirtout pei» attrayante à écouter:
choisissant doDo parmi' les charmafites Mies que fauteur
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a lues à la Société, je le kiaserar parler hii-méine; j'y ga-
gnerai à coup sûr et mes auditeurs aussi.
Le VIc^TC»
Un Fleute parcourut une vaste contrée *,
De ses flots orgueilleux Y
A chaque source d'eau 'qu'il avait rencontrée ,
S'écriait dédaigneux :
Eh-! quoi, faible ruisseau, vers moi .4u vien$ encore
Apporter te tribut?
Tu viens baiser l^spied^ du mattre qui t'honore ,
Ton refuge et ton but ! . •
A d'autres il disait: 0 rivière indolente,
A l'ombre des roseaux
Tu viens mftler ton onde à ihon onde puissante :
Pour recevoir tes eaux.
Je suis bon tl 'écarter et d*o\ivrJr mes rivages ;
Va , va , porte plua loin
Cette eali tant désirée en des lieux plus sauvages.
Et dont je n'ai besoin.
Il en dit tant , qu'enfin ^ lassé de sa sottise ,•
Quelqu'un, en cheminant,
Répond : Tout beau, ^Seigneur, &ut-il donc qu'on te dise
' Ce qui te fait si grand 7
C'est npus*, quLremplissons^tôa lit profond et large
En nous mêlant à toi. '
Le moindre des fardeaux dont tu portes Ja charge
Serait trop lourd,. crois-moi,
Si tu te promenais seul, fims ta. longue course,
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Dont io semblés srfier.
Et rhumble' filet d'eau qui jaiUit à ta source .
Ne verrait pas la mer. *
M. Drio!Iet a écrit, pour une publication pittoresque sur
Nantes et la Loire-Inférieure, une curieuse notice sur
Tarchitecture nantaise au XVIU.« siècle. Cette intéres-
sante composition étant dans le domaine public, nous
n*avonç* point à nous y arrêter ici. J'appellerai au con-
traire voire attention sur. le mfémoire dix même auteur
concernant la«salubrité des logements d'ouvriers. C'est, en'
effet, une question dotit la solution est urgente. .Tandis
que notre vHle s'embellit chaque jour, que de gracieuses
et élégantes constructions s'y élèvent de toii^tes parts,
nW-il pas douloureux de penser (^ue^ dans certains quar-
tiers, des familles entières sont condamnées par l'étroiiesse
et la malpropreté de leurs lojgements , à vivre dans une
atmosphère dont la respiration les expose à> une foule de
maux. Si cotte plaie n'a pas atteint chez nous la terrible gra-
vité Qu'elle présente ailleurs, elle n'en appelle pas moins un
remède prompt et radical. Après avoir fait connaître l'é-
tat de la question , ainsi que les obstacles qiii empêchent
de réaliser les améliorations reconnues indispensables,
H. Driollet expose comment , au moyen d'un système de
primes sagement accordées aux propriétaires^ on viendrait
à bout d'j concilier tous les intérêts. Il trouve de plus,
dans ce système, un grand avantajge pour la salubrité gé^
nérale et la facilité de la circulation ; c'est d'arriver bien
plus vite à. élargir les rues et à en régulariser l'aligne-
ment, - . ;
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A ce propos, nous fêliciterons TAtlminislration ma-
nicipale de son empressement à ejcécuter la nouvelle loi
promulguée sur cette, matière. Elle a* bien (ait voir
toute sa sollicitude {n>ur*les classes laborieuse de no-
ire cité^eA remettant leurs intérêts les plus chers entre
les mains d'hommes dont les lumières égalent le dévoue-
ment.
M. deWismes nous a adressé une brochure, qui, sojis
le titre de Résurrection de rArchiteclurc gothiquie, re-
produit une communicafion orale, faite Tannée dernière,
par Fauteur , au Congrès de T Association Bretonne , en
réponse à uAe des questions du programme ^e cette So-
ciété.
La -pensée fondamentale de l'écrit dont nous parlons,
c'est que chaque genre* d'architecture correspond à une
époque de la ôivilisation humaine , et qu'il en exprime à^sa
manière l'esprit et les" mcBurs. Une revue rapide des
transformations de l'art depuis les temps les plus re-
culés jusqu'à nos jours, montre qiie^ chaque* phase du
développement de THUmanitéa eu son Système architectu-
ral ; notre époque est, jusqu'ici, la seule qui n'ait pas produit
le sien, 'froiâ écoles sont en présence: les partisans du
gothique, ceux dé l'art* gréco-romain, ceux de la renais-
sance. Toutes trois ont leur raison d'être, parce que cha-
cune d'elles répond à des' besoins divers : le gothique con-
vient surtout aux églises , l'art grécorromain aux palais et
aux édHices publics de toutes sorteis., le genre de là renais-
sance, au contraire, s'adapte mieux aux mille nécessités de
la vie privée. Le caractère de notre époque," c'est l'ecclec-
tisme dans fart ^mme dans là science , comme dans la
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pbilôsçplHe; - Hiftis avec ceHe t^ndancer on Ae ofeéê pas Je
système^, on se home à imiler çà'et là iantyJt un style, tan-
t6t faotre, l'essential e^ de se tenir a^sévprès de son mo-
dètfe potir en con^E^^r Tesprit et'I^ proportions. * ''
De nos jOtfrs, Icfs éludés historiques SbsorbeYit à elles
seaies ujpe gronde part8e»effoHs intenecCuéla;v<nre Section
des «Lettres n'est point restée étrangère à ce moutenient^
A llM.'.Vâpdier^t Tflbdt sent dues dlnt'éressantc? étales
biogcaphiques. Le prenli^r, à propo!^ d'Alain Chartier,
poète et èiârirain distingué du XT;* sièeie, dont les travaux
ont contribué à la formalipu du langage R'ainçais, Aoiiè a
p»éseMé le tableau de»Ia acK^iété de ce telhps-târ, '
H. Vandier* emprunte ses 'couleurs & un drapie d^Alain
Gharti^D, intitulé* iV €|irAi(,-^'e^t-ii«dire' le Courtisan,
copdfositimi dftîis laquelle les faits réels se produisent en
partie ^us le voilé de TaHégorie , et où sont traitées suc-
ceêsîveniéiit toutes les grandes quQstfons qui s'agitaif^t
aloTflb Gltortîer ihei éii seèn)g tour à tour chaque ck^se (le
la société > critiqpe sévëremenlf Jes vices dé tous, et ftrtt
vair.qpHis sontMa sourbe des maux de 'la Prân,ce qui
étaient à leur ogpibie^ àbrs qtiè l'invasion étrangère et
les diasensions tntestinesselrédnissâient «pour produire cet
affreiir désordre do^it son couvre offre 'une peinture fidèle
et sans exagération. * * ' '
En«8ongean|'à de partais désastre^, ajbiitc M. Vândier*',
on voit avee peine qu'à* toutes les époques de notre his-
toire ^ les mêmes pesions se sont reproduites, soùs une
formé ou cou» l^tre « et que toua nos nvittieurâ rtous sont
venus Ue la èivision et delà' haine des partis. •
Déjà le XYr 'tàM% avait été vrvenlent agité ptft lei
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— «as —
contrQyçrses relig^uses jiijui (Jevaieot ^boi^ir au XVI.*,
à ce gcaad schisme auqfUel oa » donoé le oom <le. Ré-
fpripe^ Parini les-nombreuses sectes^qu'çD tii surgir, celle
des anabaptistes n'est pas une. des moins* céièbrea, soit
parla sin^^ularité de 'ses doctridesj^soii à cause «des .flots
de sang qu'elle fit v'ertèr. M; Talbot vous a retracié Ja vie
du ^lu^ illustre de ces Sectairêçi, Jean Boeoid ou Bpckel-
sog-yplus connu sous Je «.omd^Jeaff'delieydiB. ; .
Ce fut une bizarae^destmée que celle de cet hoipme,
dont la célébftt;^ ne pourrait se .coniprendra/ si on- ne
se rappelait quçl délire frépétiqife possédait ^alofs les es.-
prits. Naissaoie lUégitiaie, pauvreté dans sqîi enfance,
éducation ^ presque nulle, ei^erciee d*un uiétier maniiel;
mais grande intelligenoe , c)évelq|>pée*.pluç tard par des
voyt^es, et' rehaussée par des. avantages physique ^ y&a-
gmation ardente^ talent poétiqv^e^ jxioQurs licepaie(ises,
ambition démesurée^: tele^tie tableau heurté et plein de
contrastas qi^e présentent la vie .et le paract^^ de Jean
Bocold. . *
II CQmmel^ce>sa vie publique en quittant son tiiétier d^
tailleur pour^lui d'hôidier etile poète.^Dans .cette >iou*
velle position, iL parvient à se Êiire des habitués (le son
hôtellerie et des fidmirateur^ de son talent -draoïatique
uhe foule de clients , qui , lorsqu'il chercha à devenir chef
de seqte- rdigieose, ^ traiisfocment tout t coup e* dis-
ciples. A leur tète y il ooçrt se joindre au^ aii^ibaptistes
qui fais^^nt de nombreux prosélytes, et ne tarde pas à se
placer pacmi les* plus infl^eata d'entre eus., AienUU, s'em-
parant de ^unster dont l'^v^que Waldeok avail été chassé,
il essaie, mais ei^'^yaiQi» d'^rgaaieer dans cette ville une
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sorte de RépuMiqne ég^lîtah-é. Irrité par tes' obstacles , tl
se sett de son fnflftenoe religieuse pour s'emparer du pou*
voir absolu > et -s'abandonne à \ous les * ex,cès 'de» la dé-
bauche et dé la cruatft'é, jusqu'à ce que, tcmibé au pou-
voir de ses ennemis, il ^uffre, sans proférer de plaintes,
les toitures qu'on lui fait endurer.-
M. Taibot Hembiné-' par (es réflexions suivantes ':
Le .spectacle que néus donne la vie de Jean ftocold, pour
parler avec un historien de ces époques fune$tes , fist une
tiaute le^n poiir ce^ Hommes qui ne craignent pas de
s'avent(in»r dans la. voie* des réformes, sans cbihptèr ce
qae rôn* doit à ta mélnoire-du 'passé; et sa'ns chercher
d'aiHre * appui, pouf réfaire le * monde ; .que le conseil de
leurs fealculs personnels, ou de leurs inspirations plus
trompeuses encore. Les intenfions de quelqûes#mis peu-
vent être louables, leur âMe grande ainsi que leur' cou-
rage ; maiiL leurs 'plans sont creulc et leur tridMphe é{{lié-
mère,' parce que* leur* intelligence des besoins de llidma'^
nité n'est pis compIëte.,Impuissan($ à résumer en eux les
idées compflefles de la société j ils damuen^ ce qu'ils ne
peuvent comprendre, et, à lear idsû^Hs se détachent du*
possible, peur habiter tes sphères étroites de Torgùeil^
de l'égotsme, deMa passion repue d'or 6t^qu6iquefdis'*de
Ce même siècle,- si fécond en* événements^ a* fourni à
M. Grégoire le sujet d*unè importante é(«desur. la Ligne
en Bretagne, ^loift H no'ùë a communiqué un fragment. " '
L'auteur rappelle d'abord les circonstances qui avaient
amëhé la réuhion du ducbé de Bretagner.à la courqtpmixle
Frlinte y et fiiit voir que si ^ d^ns eettè conji>ncture, leà
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souverains s'éftacbt n^ d'abc^,;ltt fW}Ctt n'avaieal pas
faU de mèQie. Les esprits -de la. nuqorité des^BcetODs
étaient restés Iipstiles à la Fcaacé ; les Mités, n'avaiefit pa,
en un inataol, &ire disparatlre l?e^it*nflti<iiai;.ea on
mot j les populations de la Bretagne n'étaiefift point epoore
devenues françaises. Qii*on- tienne compte ^ après- cek^ de
fattachenaent Aes Bretons à la religioâ tathôlkiae , on
concevi^ €|tfilaaienl quels germes de rébeHîon ezârtaieiit
dans lt'proYio<i9;etcopiment, ens^adrèssanfrà Ifr foîsatti
souvenirs tk Ui^tionalité et aux croyances religteusee, H
devepiait bcile d'ébranler Tautorité royale encore mal af-
ferniie.. RieA n'était Jonc plus naturel que renthmsiasme
avec lequel une -partie des Bretons , ^croyant sa foi me-
nàeée\ lûdbéra à la Sainte-^UniW La ^ faiblesse et les ter*
giversatioos de Hcjpri III éfiieùl peu. foites pour-iee hsso-
rer ,* et ils ne pouvaieta aeï^epter la pem^Mivë d'obéir à
un prince étranger et héréCque , torsquos par bi morC du
duc <f Ânjou^ Bent i de Navarrç fut devenu rhéntier légi-
time, du royaume de F/ aùce. . •
M. firégôine, en déroulant *(e tableau de «e^ temps de
^liscordâi, ^rappelle*' javTivalilé existant entre Nantes et
Rennes à propos du siégo dii Paiieq^ent « rivalilé qui. ^en-
traîna la première dans le parCi^ de la Ligue, tahdis que
la seconde resta fidèle au Roi. H^trace le portrait du. duc
de Mercoebrf^ cet homme aï 4iver9eiBent appréeié par les
lUstoriens^ qui aurait peutétreiétabli Ji son profit Tindé-
pendance bétonne» s'il avait eu dana^l^.-cavaetère'plusde
fiermeté etde^décisidn. Mercosur, devenu <^ef de la Ligue
eii.' Bretagne , y. soutint la guerre, pendant dix* ans; an
grand détriident dû pays qbe tous hs iéaax «ccablèrent à
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b Ibis. Il sasouiiît è'iienri IV , aprèf que celui-^i eàt 4lb-',
îufé lapnUaitanlûmet ^,'* de te jour, ia réunien Jie \n
proviftciç à* la 'Jtrmtm &t défMitiv^.
Noos terniaoas iwtte analvBe e& /Bxprioi«it le âéêk que
r«Biiirrtf êm iL. ÛrégQÎra soit' bienièt mise au joar^.'et Qu'elle
oblMene le«aiiQcès qu'aUe» nous a pàra^inèriter . ^ . »
DaM aa bqssîûa le 1848., le CcMOgiè^ de f As^ocurtmn
Breloone avait* fNlBd une quealiokî relative mt Saints de
Bralagne^ cai ^a été.traîtée, an pqint de vfte historique ,
par M«. k.fèe ia Boaderia^ nanbre correspondant de la*
Pi»mr, bien ooHipreadffé te rôle hiatoriqve" desJSaints de
Bretagne, i^ dia «notre «vaAl coUègue , tl faut sb faiiV
une idée exacte de re qu'a été Tocoùpatioa deÏA péninsule
armoffleane pa» les Iretona ôisuiaires épiigrés. Ce ne fut
poin Wa aonqufttê gueirièrez-eoBimecertaiils historiens
Tout avaaq^; anats les popoialiona cbtétieimeÀ de la Gam^
bri», aaaa (Sessa rafpuléea par réfpée' dea. Sanoaa, «don^
teura 4>'0diB., veipient mettre leurs per^MlDes.etlettr tulle
en aûielèaua le cominent. fëinigrtkti^ki a diHré' plusieara
sièelea, et s'est iiilo<, non en masse, m^is suçoessivèment
et par juwxMi plus ou moins, nombreuses, guidées, lapin-
paat-da lerap%^ p^ des^ebèfe spirituels. U est constant
que les Bmiatta. sésont fixée dans les «partieslas phis sau-
vages de*la*fMres4U'f)ev qui* ie trouvait alcnr? en grande
partie dé^raa^^Sur quelques points, des restes de popula-
tions gauioîaas ^leiit.«eneoré sovmises aiï druidisme , ^ui
résidla longtemps * et atee: ofAoifttreté à la' propagande
Qkfétieaae^ Cas cirèonstanoea eapliquâat l'action à la Ims
apdaiaK4ue'at>ci«tUeatriGedes Saints de Bretagne : partout,*
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enm^e temps qu*i|B pc^henl, l%fm§iifùi oa In voit
abatl|nt les fo(éta, défrid^qi la.terre'tfoodaBt'dei éooks;
plustard^ adoucissant, par leur eienqrie et,' an besoin,
par leui:s énergiques remontrances, le caiMtàre Ciraiicbe
des cbefe et des' vois bretons ; ^nfin , enseignanfc fc leurs
concitoyens les moyens les plus. efficace^ pour résialer à
leurs, ennemis et maiatenir rindépendance natiooye, si
souvent menacée par- lés Fraiiks leurs votsins.
C*est ici le lieu de nqppeler un ouvrage en conra de pa-
•blicatiûo, destiné .a conso^ver Ja mémoire de tous les
enfiints de la Bretagne, doht la vie a eu quelque éoiat^
nous vouloQS fiarler^ie la Biograpbie'Bret^uiedo>M, Levol,
qtii compte parmi se» collaborateurs plusieurs membres
de notre Société..' . ■ .
L'«rt,avoHSrno)isdUplus baut, re^ésenle, eii qadque
sorte, l'esprit et la civilisation de Tépoque qui l'a produit:
nous en trouvons une expression bien autrement fimppante
dittabwlég«slaiioO« L'ëiamen pai^aHèle .des fiùta bntoriqiies
et dos cbangemea^ successifs qnelu temps amtee dans le
Code des peuplea, moou*e' eliUre les uoa .et les aoferas une
parfaite corrélation. C*.est là «un sujet d'étude des plu&atta-
cbants, auquel M. .Cplombel conmcre les lolairs/pie lui
lais^^t ses nombreuses occupations puhli4tte8 el pavées;
et il* y trouve la matière (fimportantetf comoMmicatioos
qa^k-vous éyxMitez toufours avec un nouvel iméadt.
LIannée dernière^ M. Colombel vous avait ejqiosé les
vices des diffîi«nts systèmes e6niemporati9, donk le com-
moittsme eet la dernière eoft8éqttettce;petle fois, â reoher-
cbe l'origine de l'idée eommoniate , et oommeose par
démontrer «qu'elle n'e^ûsteit pas dans i'airtiqinté<*L'îi
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ikm ée Fesdavage et rextension-doBnée à \fL puissanee
paleiiidle présenraient lès ^sociétés anciennes 'des causes
dé désordre^ quU de nos: joaraf t)ht leur source dans le
prolétariat V d*uqe part^ et de Tautrê, ^dans l'esprit* re*
maan t ^le ia jeunesse. On ^nçoit ,- dès-lcm i l'application
poasiUe des théories ptiiloaophiques , par exemple, de lu
Répobliqu^de P]aton« pour une société d'élite, qui trou-.
vaitp daqs l'eaclavage un moyen de dégagement qui* nous
mamqsé aujourd'hui; mais ^le rêve spéculatif de «Platon
n'eet-poinf du communisme ,. les «esclaves restaient Hors )a
loi^ pMr lea anciens, c'étaient des hommes. d'une espèce
in^earn. . « *
L'Église, en affranchissant .les esclaves,, a créé le pau-
périsme et le prolétariat; nmis a-t-el|e prêché Je commu-
nisme? Assurément non. Elle^ recommande Taumône, le
renoncement f(ux biens de la terré ; m^is elle consacre la
tégitimîté do k prbpriét^V ep. indiquant ses source^, Thé-
rédité ei le travail.
'Les Pères de* l'Église- étaient des moralistes qui^ ne
prétendaient point à la science économique : les citations
^'on -leu* a lemprantées pour étâyer les théories cc^m-
rounautairesv n'ont point la signification qu'oh a.'vôûlu
leur attribuer. Enfin ^ les essais tentqs au*XVL' siècle -et
sur lesquels on veut s apguyep, ne s'appliquaient' qo'à des
associations limitées, et ne mènent point à une solution
géndraler de la qdestion..
Le secbnd travail de M.«Coldmbel est ^un etailien de la
législation des Valois, résumée dan3 le Code BrissoQ.
Au XYL* sièole, dit^fauteûr, la juridiction royale avait
presque partodt rempkcé les justices seigneuriales, tom-
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- S7À —
bées en discrédit* l^s jcoîs de Fnmce am^, <te \Kmaa
heure, seaii le daog^ de ûàss&c le droit pobKQ wt ■mâhs
d'une foule d^ particuliers,. ^ui ponvaieot «bvaar 4e lepir
pouvoir, et ils ayaiént travaillé avec.éDari^e ,et perBévé*
rauce à. j^ssaisic les lambeaux de puissaoce dont leur»
grands vassaux étaîent.en posaesaioii. De-nofnbreuaeaor-
dônnanees v)yales témoignent .des cpn^tes^
du' pouvoir oentrâl, et sont destini^à les ooasacror.
oea ordoonaiAces ne soo4 point liées entrç elte$ pat iioe
peasée d'ensemble, liées cb^une à preip^'d^im'fiâtbéler-
aûn2« elles réunissent souvent les objets le^plii^^ispaiatiis,
et présentant un pêle-mêle auquel Henri IIÎ voui^ fêtaé-
di^r en les codifiant.
Ce qa'(^ fit alors Xvec avan^ge pour le droit p^ic,
on n'osa te tenter pour Je droit civil. L*étai des biens et
des perstQoes continua d'être légi par la ootitunn^ féodale,
avec toutes les' variations <iu*elle {Késantaii, suivait les lo-
calités :, c'était un droit. dç sang, un d^(Ht de fiiaiiUe,
trop respectable pour qu'on osât y porter là oaaiia« Le
roi n'exerçait sur «tes matières «qu'un droit de surveillance
qui avait trait à la forme , mais n'^tieîgnait p^ 1^ fond.
IlfaH.ait la Révolution de 93 pour qu'on pût réalûserce
dont on sentait- {Mirtout le besoin , 'radoptioa4'ttii\.GQde
civil uniforme, pour toute l«étendue du paya» .
Ne pouvant ^suivae M. Golombel dans l'afqirépiatâaQ des
vices que présentaient, au XVI. ^ siècle, le6 lois^ péaates et
la procédure crio^oelie , nous.ae. devons^ onUier d'a-
jout^ ^que partout il^ a. su, {^ai; la clarlé de.rexpoaiiioD
et l'attrait de la forme littéraire^ i^jouter à rioCécéld^ si
grand de son sujets « *
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. Efi giiMval, «tt'*Qe dlôl pas aaser ce que; les recher*
cbes d*éradition exigent de patieqt labeur , de conaais-
saaces prctf^iifdea'^ èV variéiek Ope de vdlleâ coûtent par-
Iqn. ai&/nifaiita'lB fixation' d'une ^aClD ou ia dél^mina-*
IMH d'ttD poitit de la ^iograpltie aneienne IQue d'eiitfiiiis
et séaVftnt de déoeptbns , avant.de* pouveir réunir les
éURH)|Qfls 6p«rs dfwe démonstration J Ce n*e$t i^S/trop
de tfii^n netie recontoaiamiee |)ou^ oe& travaax qui hou^
rendent l'^étude facile, et ^our iés boçofties qui sy pansa-
oreAt \fHfi ^Miere^ Castrée que. fait depuis longtemps M.
Ittxeu) , qtti nous a dopaé. miette année deuK cârieux mé-*
meigeo sur Jlaatéa.' Le premier^ intiiUilé de Vuifkientu ea^
pitj^ de MamnèU9s étahUt d'ude m^ère inoontestafile »
pwr de iNiinbre«]L téttie^àagesv que cette .capitale n'était
pwit sHaée a» lieu que Baates occupe au|ottrd'bui. Miis
quelle était donc cette capitale ? C'est, ce que routeur ae
pvopese.de nous £iire«c«nnaitf'e plus* tard.
Le deuMèmé mtoooice est une analyse Critique du ma*
nuscrit laissé par JPoiiraiery ancien \oyer de la ville; sur
les aaAiqfi&éa de NanliQ3. Pour en foire* sentir le mérite,
il flw suffira de direque le BMnitserit'de Fouraier^oon-
tient- la descâptftHi detaus leâ mondments'anoieos dont
l'étede peut jeter quelque jour ifuf les premiers temps de
rbtstoice de rîraportanre cité que nous habitons. :
L'érudition et la bibliographie sa tiennent de près : la
première a souvent besoin que la seconde lui aplanisse
les çbstacles et les cjRffieultés. Que de mipes fécondes sont
négligées faute d'un guide pour 1^ parcourir sûrement.
On tte peut guère consulter une collection un<peu consi-
dérable, sans une table bien feile; et souvent on laisse
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— 576 ^
dé côté des documents d'une grande valeur, dai» la crainte
de. perdre inutilement «son (ertips. • "^
C'est donc uAe œuvre touaUe et digne d'0ire racou-
ragée qu'a entrepris M. A. Guéraud^ en ■ eoraposani, avec
le plus grand soin, pour la coVection de nos Annales ^ tieis
tables r d'après trois 'points de vue différents : tablé analy-
tique , labié méthodique et table alphabétique. I^r là ,
chacun de nous sera mis à même de mieux cotiaattre ia
passé ^e la. société et d%n d^utre ce .qii'îl hii restée
faire dans l'avenir ppur defoeurér fidèle -à s6ti prmdpe^
l'utilité gâiérale. C'est cette pensée qur a guidé M. A:
Guératid et qui Ta selitena dans i'aeeompKsiemeilt *de*sa
laborieqse tiftehe ; ear il he*s'est-pas dissimulé qu'u» ti^
vail de cette nature «ne donne jamais à, son acrteur une
réputation propertionnée à ce qu'il liii' if ooàté' de Tetiks
et de (ahorieuse application. *
Ce rapide aperçu des traVàux âtkiempU; par tes fnem-
bres la Société Académique; pendant FannéeiSSO, pronve
suffisamment que, loin de 4ais$er*lefiF activité se ralentir ,
ils s'asseoient de toutes ieurs forces au mouvéAient qui
entraine toutes lés' intelligences vers l'étude des questions
fntéressantes pocfr Thumanîté ; et que^ chaque aunée^ ils
font de taouveaux effortB-)!>our mMter^f estime et l'appro-
balioft* de leurs^ conèiteyens. - * > ' •
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9 *
- : RAPPORT
suB xe;>
MÉMOIRES ENVOYÉS AD CONCOUftS
POUR l'awnéb f850 ;
PAR M. E, TALBOT. . ,
Messieurs,,
• A
'•Aq miUeu du troiilile ialeUectuel où s'agile ift société
mederee, bu travaihd^an- monde iiouveati , selon iç8 uns ,
en proi^ anx convBbions de l*agoniQ> selon les aotres ,
c'est un spectacle confiant de voir les âmes gén^euses de
tolis 'lea parttir se ràliict autour de Tidée l^pluS sublime du
db^e chrétien : la: charité, âiocère ^4>u décvvantte, il n'est
pas, de nos jours, une seule école politique ou soeiale, qui
Re> prétende fi!9hder le 'bien-être dii. peuple, améliorer la
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— 578 —
condition de ceux qui souffreot et transformer la société
en. une fiiniille où régnent la concoide et le bonheur. Rêve
chiniétique, peut-être; mais dont. Tillusion salutaire a Cnt
naître, à côté des témérités^ks plus aventureuses et des sys-
tèmes les plus radicaux, ijuelqvas bienfiiita sérieux, un en-
semble d'institijtîons praticables/ en «partie ^éitUsées , et
perfectibles encore soys l'œil d^ T9tTg4(ienc% et du pn^pës.
Compo^ d^bommes-, non seulement voués aux scien-
ces spéculatives, mais intelligents des besoins de leur épo-
que, et pi;éaccupés/des moyens possibles d!en aUéger les
maux^ la Société Acadéftiique de la Loire-lnfiérieure a
v<#ulu , eHa «i(ssi,^ a|ip0rt^ s% t^ d*ei|PQi|ff»fe«iep^à laei
travayx d'amélioration' progressive, qui seront plus tard
l'honneur de notre siècle .et j'excuse do tant d'erreurs. Cette
vive inspiration de charité , qui.(k>nduit les eœbr» sensés
à la pratique du «bien, et qui donne aux utopiea elles-
mêmes qaelqtie ombre de raison, lui* a (ait rechercher la
solution d'un des problèmes les plus dignes , par leur iai^
portapce tout actuelle, d'attirer les regards des hommes de
théorie, de provoquer Iç dévouement et d'enfiammet le
zèle* des hommes d'action. £|lle a mis an eoncours une
question, quk^ rattache à ce vaste projet d'assistance publi-
que^ doût .la réâliaatioot tani4te êain Musayée, a.toifaiirs
soulevé, ^soulever eoisore dest grpndes diftettHéaf^niMa tt'-ea
est pas moins une des nécessités ifa^iérieuaes ib 0oti»
époque tdwmeatée.
Votoi les leroM^ ^a la qutetion, àrja sblotiOD 4c laj|ueHe-
étart pcopoiéev cMSfl^e f^/ une médaille d'er Nie u^i^
ceotsimias: , .
« Qtttk aeraieat les moyens les pHifl efBeaoea «t- en
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— 979 -
siémelâoips les plus écoDomiqaeftd'orgaoiser la médecine
4(88 ^aiivjM- dfiDs les viHes et dtns les ctmpagnês ?
« Faire J'histôrique des essais tentés jusqa'à ce jour. »
L'empretoeihent des travaiileors a r^ndb à la gra-
iPÎtéde'l'Qelnrrê^erte à iears éflbrts. Sehee mémoire» ont
été adressés à notre Secrétaire général. D'après les termes
du-règlèment^ une commiâ^ion, ciMoposée 3e neuf mem-
bl«9«(t),ti été chargée d'en apprécier lar valeur. C'est le
réaiiltal>dtt travail auquel dfe s'est liviéé, et^de la résolu-
tion qui en a été la suite ^ que sort rapporteur vous pré-
seate «ujomtVbui. * ^
. Avam 4ô komméùcer l'e^men A» travam soumis, à
sM jugMi«it,'lA esoiQiîssioD a. cru nfeeAaii^^ sthon de
Iher préoisémeol le cadre et la forme d'ob mémoire, tel
qu'elle souh^ltaîr de le voir eiLécuter , au moin» de -s'en
tracer à elle-même une sorte de crajon et d en détarmi-
ncr lés potnls principaux. Or,, le' sentiment individuel de
chaevn de ses ai6iMbres'nou9 a paru se confondre dfns
Vopifirioneolle^ttve'que.naus reproduisons.
Selon nmis, Meafienrs, pour obtenir vos sufeiges , {)eur
mériter rbonûrable diatinciion d'une récompense, décernée
dans votre séance sorenneHe, (e mémoire présenté à la
Soeiété*AGadéniiqiie,/en réponae «à la quertièo qu'elle a
préposée, devail tout d'abord en embrtssw la teneûi* côm-
plète^ pivsen dévelof^per 8ueoessivemebt^utes*les don-
Ci) MM, ÉtarifSte Col<>iiibel, Mareschal, TbibetQ4, H^noul,
Foulon^ L. GhMipisiftiièite, .Hulgatl, B. Bôntaij, Talbot, ra^-
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néeâ, sans omission, sans lacune» En eonsêqvcdce, le
travail devait se diviser tia trois parties ntettem^t tran-
chées:
1;® Histoira critiqae des essais tentés jns^'à* ce )Oor ,
poo^ organiser la médecine des pauvrcs dan» 4é8 villes et
dans les campagnes.
%• État actuel de cette organisation.
* 3.^ Solution, pratique offerte par Tauteur , en vue de
la pltlb grande économie «t de la • plus pnissame effi-
cacité. : ,
Tels étaient, nous 1è pensons, les trots diapitres
natùr^Pemem indi<|aés par le sujet oMm. A cette qualité
d'une divisîen Andple ^'méthodique darafts'afottte^- le mé-
rite d*un style dair , rapide , pnécis, cortime est celui db
tonte œuvre destinée «à passer de ia spéculation à Vap-
plièa|k)n. " - • .
A ceux qui trouveraient ce plan exclusif t>tt avtiîùaife
noya ferons observer que noçs n^ présentons pas 4'idée
comme bonne , mais comme nôtro ; et qu'il nous a filfci ,
afin d asseoir et de motiver notre jugeaient , ^blir cer-
tains points de repère , qui servissent à diriger notre erî-
tique et à éclairer |ior décisions;
Tous les méimoires' qui nous ont passft-sôus les yeux
nous oioît paru Tœuyt^'^d'bommes conseisnâeux, éprîs du
désif de bien firire et de servir la 6iuse de rbumanité ;
mais les auteurs n'ont pas également réussi , aoit à dispo-
ser dans des proportions convenables ^ le fond de leur tra-
vail, soit à donner à l'expression de leur pensée assez
d'élégance 'et même de^eorrectioDi!s.'La«commis8ioo a
donc été contrainte d'en éliminer un certain nombre; vfin
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~ 584 —
<k cmemtxêv. son e^imoM. sur ceux qui ae r^pprooliaieut
deiesp^^le modèle qu'elle s'éuilr» pour ainsi dire,
créé. \ • . '
* Vwm ces d«j^ier^t«i<* y eo a trois. qu'elle. a.*îugés
dignes d'iiiAér^t «1 sur lesquels elle a* vouii». appeler
voire «tientioa, tout en étam d'avi» de ne. pas leur ac-
corder d'autre &veuc : *ce jsoi^i les numéros -6.,- 15
hs mémoite Jtt*" T^est éort^.par uo fldédaeiû, qui pa*
V9H vers^ depuis lopglamps.tlans la pratique de son art :
il>notta le dii^ hii^m£me« et son travail en &it' foi. 11 dé-<
note vm esprit ,net, positif , ami de.ia méthode, mais
ttft peu dogo^liqoe et trop porté à réduire des. idées ,
parfok ceioteslables,wen.eede définitif et en*.lé(uklion
formulée, £a rovfiuûbe ,. Tauteur eotre dans dep détails
fort «înièressanta et tcës circonstanciés, sur l'organisation
des dispen^ires établis dans le.dépaHement jde Saôno'^t^
Lait^s^Y aifi^ que daea^oidui daRbAoe,^t notamment sur
1^ dispensaire géoéral de Lyon, ,. - * % . ,
Spvkfsmd,^ o^tfè que la partie historique etft com-
pUrtemeot .négligée et que le .tableau de Tétut, actuel de la
médeetoe des pauvres est restreint à deux Iqealités , Tgr-^
gamsationfuroposéepar Fauteur. pour le service pédical
des'ciampagaes a paru très ia^parfiut^ i^ la commission.
ijfi oaépioîrô. o.'' 15> qui prend pour base de son tra-
vail le système. adopté par je congrès médical de. 1845 «
ne^oaiMMlveiMtô démérite : ilcontieiit « ^ire autres bonnea
ét|id^«.une critique.iuotivéeib tinatitiitioqdes*médeeins
ca^oaux et de conacieoQfeuses recherches de. statistique
aucia^QfiiiUtîoniwIJt^te* Ëu^'outi^ l'auteur, oonvaÎMu
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— 5«fi —
saoft<ioiit0^f|ue les ffim belkfrtiiéoii^soiiltMl à iÎMtsI^
rites, si elles, ne vi^imeDt à. se produira dans le
réel, c'eât- à-dire à s*appuyer sur des opérations fit
ciàn^, est dfi|vis 4|ue'xI]Miue(9Dq;«piiiM)t, où t*orgMiift lé
secviped^ la médeetue dea^paavtee, prélève in<kii]i*«e»-
time anr le aaoataht 4es ^«lie eoatriMtioiM' en çriscipal,
pour.sttbfieiiir aux traifeniKDlsdesiiiédecioseiaiix fraiédis
reinè(^s prescrits. 11 présume que ce mode de répartitiaB
laispenit oéamnoMis.aux p^aoanes bieniMifiitea 4e dvoit
de sliaiposer €fU^«4iiémts , pour^U^^ir l'ioipAideaaatieSf
et amènerait la fusion ai désivaUe dei'asBistance iég^ «i
de la çhM^é privée. . ' * * *
Ce aotat là , vom la TOfsr i.Mêseieankt 4es àdéee qw
nemaoqueât pas d'une ceataiee^vaWwpnvtifiie» Ausaiest^
Eleheittfat dès» redites,* des loogueiua^t de gravée eni»-
sione dépateat les qualités que obacan 4e moi »'cst plu à
recenàattre 4aiie oe travail.
• Le munére 6 >se reaowisandeptr^ une «apoaitiiNi de
sujeti dont* nous avons appro^ivéla méthode.et la fitiei^
sioR. Lliuteur-.divifiesoetnKraîl en trah^nrtieedielNMles :
lepfissé, le piésentet ra!fenir,'de»itié|De qu'il veitdaes
toute oBgàoisatioii iiiédieale tedis éléttrala ^aamtkh z» ks
médacios, leaYaédicana|ils«et Jes seips.^ Piirtait de èaita
donnée, iLeo aait, «a quelque «Maûèie^ le film èlreivisles
sièdeai etil essaie d'abppdd'es^VPseçi'liistoicedeceqaiaAé
&it jusqu'ici pourla santé du peuple : on peut dire même
qu'il a tfeaooolré'^uelqeas traitoasses àeurîpesL; p»reueMpiip,
lorsqu'appès aveir parlée de ^la 8ci^noe.m4dieete a» moyen-*
âge, il appvécie etregrette avec justesse les biealiitsées
menaMèros et des ordfeaMUgieuxAl'égefd de» i
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vret ÛÊiÊimHfÊgnÊiy fHfmiemè^ dotitie viàb neftcufit'poiiit
Q0WUé>;^ m ^em. kMqiilt vetniqeliAi^Mtâire des
» M utage. MttM, dans ce» deux ejLposéa;
1«» ^iii iiftfimn laty iomyaoti à rgfyit des aai^liei»- <te
Vw$IÈ^r^%& èifcirt ftft JOMÇiK» sa omci|io « téfthetessB*
Ailleurs, il se jaitei-daWfinit-'Jîj^seioji -^foettsa $kit les
oihiirirdi Mile, d^ni il «Miftte avw MgVjonr âlnaiiiisMiee ;
puii iiiMi^pMir'tMl^ooMhiMOii^, par itonner-aon aasen*
lîiiiant.aifipkMi MM réaerveii TtaMiMlflB dés-mMeem»
cipMuMii^.-Or^liMi^ewoiib^lihialoitt qiieMe eoniiafiQe on
doil aiMi dioa<ïad|)ralèaief déjètiatèu en: bitelie'pttr le
oangfbfr iwéiiiffal'vde ttoyeiiibfB: Wii.
JkfMèaoifMMAi iwpa>»eeaiflé»iw<es^ raieiésrtlH coctodui^,
iMia tliwriillèii avec «l iom qu» «a déaUé ia <iomiiiis-
aioaiè.tta via» pawnM^t^'Mit à fitii<M (jubK ; vtemieht afen
ph^ Ipaiac^rjidat lé'iaérile ^ir <ie èeàucoajp> snpénaar^H'
oaM^: q«af aous aiaons ftiléa. La coriimieBiofi taa a eiaa^
dans wi-mét^pd» p»kiifré*«rialive^.el4eur a. teigné*à
lAaaM. «9»<faBg/pi^>aa|i0ptté •-taur valeur, ea Mvast
uMT fi^gaacwati aflccniiAinle.. €^ sont lea aamérçs 0, 8.,
*; ai fai g*a*fiaaîl6 dafe saMiMknla^et r^esoeHanoe^dit oobw
lÊmoÊt <aa> quaBiéi > authaalis -^mt réim^ dhrts un e#ii^
oa••a^,•^a■lé|a^d■ Mmmro p>» '8 -ae >%araft éle#^ ifesiMms,
àTaaedteprcMiiiyii phee&*Sa jeoaelse nfiéaie^ n'aopait
pas été liiv obstacle à son stf(fcèa, e^a ntniké ée Kratoa
l'jBûtt mmÊÊÊi^màè^fimymïmÊii*^mcQÊteM l%atîne' alfec-
tuan»4a sea^sM^paAriaiea^ « Vik- des iandca de la* Bre*
tapie v^K^ii' au éèbttt de son tmvttH, rpioeieurs ibis^éanolfi
dm aeet^^iUffaïahli ëiii nAyeapaysaiia joMîgéa de amiif r
41
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— 5«4 —
MBS sedMTt médioiitt , fai vétfiN éê lam pipl à h
àociM' AeddMimqoe d« Mantes des i^éi» qM* Wr
fées ta speolaele d'un piiMI é|M âm.
et4^WàrMéa;^B0iià
dleMl rjréBefilée, qa'ftn fcnmt(wilioiK •
Ce «Mrt làV'lfeweim, é^Wanerai byalM
et nous lenion» Il tm eileri«pifoei fa'ÏBllai eetiMl ém k
hMebe à'jitt «elta-Hlfifmîer, né dm ^el» paye, ^«i
Jeuli^JHftMDe, qui n'a -paa erailiidcr paanéra aar.^paliaa^
de tes feaetioii9 défwiéèe aeses d^lanlpa, fomt fta» effrir
une étude conyenableaoj^'éerile;
de Mis, el atleelant li»a laâwM««fiéia et
U fiwii pëpendani f afooer : le défini dVnfiéeieiieeida
avkeu^ se irahil eC. dàpa k diipiailieii^ 1- dai
*œwr«e des afatéekH» quil a teMailis. - Laa^
*lk|iiee se Meal dans la prolixe des dÉSailB,d Isa»
4\i'H éniet de juslesi et sanies Idées, oyçoyiHe^'a ait
quelquefois petdu de^viie le sujet qaM se |M|KMNi de
tiaitêr. fjB jsislesse de so^ esprit le lofce fur naaineuisd 7
revenir; mais c'est pour rabandonner et Iq lepwiudi^
eûcore.. Eu luison de eea* difeitts, ia GeÉsasiaâeiwi'utpa
pluoer ce MfaiJi^une plus gsaude kauleur,
rrauirv qv ^no 10 nwvsw vvptvoHBi* mw m 4S^
eendte [usriee à Féurtuaitt ^ d'eue onm§»ee
vuo de ess*' sueoès à «enir^ * "*
ca uMMifiie qiN nanqu^ uu peeeeosua
eeasinÉDde tout spéeialeuiênl eeM-qui f«fl^lu
■oniBlé de ooeuv et de réflnioB , iaitai de
duMins, qtt'eM'volt pei^se^ à
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— 585 —
cMWiOj l'aillitfr;f|iM n'èMl^ai médecin, â TUdmis la question
dWHynlitliow tnédlcalr qûè vous avr^z mise tra concours
limMMtiieftt ^ ftohner gibîre, ^omme il le dît fti'r-m^e,
a«* cbrtetîairiMlè ]|Nitt!«}ue , et sbrf zèle * ft'a pas voulu la
\mmêf éthapper. ^In |!gaA sage et safVieinent t^acé le conduit ^
au* ilMiions siritanïes : ' * * »
cr SiMilî^ii' et cônlpanfisOTt d«s nîalades pauv^es des
viHw et dwiAflifagnes:
• Nécessité sociale et poKttique d^uhe orgamsalion gêne-
rai» d^ h ittédecinetks psrdvrés! *
'» Bamia tentée jusque ce jour pour résoiidre 'lè pro-
blème, --i Essais, pa!^ les €61isei!s généhiux et lë^ Préfets.
--^ fiiaaia dina lea villes. — E^is' dans ks communes
rilrftles.* -^ ^éÊl/^è par les étabHssement$ industriels.
» Nfeessiié d^«n «Vstêflnre d^eUsemblë* • '
' j^'M¥aqtie nMspfopdsons/
> j$* 0^tc/l^wm él réflflatSon. w>
• Vantélir développe 'entité In dh'ision qu'il a ainsii
Ov*»i«r, aprèaavoit passé .en revue les dtfl^renllk établfs-
seineDtt die bienfaisance institués dans leé villes et dans les
campagnes, il propbse, outre Firistitution des ifaédecins
cattomMix, une aorte d'assurance mutuelle de Recours,
feoéte sur ce principe que la mutoalité , ou fraternité en
adMB-^.esl ee qu'il finit'cbercher àr établir en tout et pSf- *
toan 9$wt appsjw eeMe assertion ,' il tqpportc des preuves ,
prttées à ide noMibreux ouvrages ^<:!He des documente i lai
foumia^ psr*ba correspondance I et' groupe 'autour de ses
idée» de» détails de^ statistt^e, qni paraissent précfis. et
ooiM^loanta^ • ..•,--•
tSlMtoplMNf'deè'tnédêeilis oatitonabx, la com*
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— 586 —
misBioin a ti^ouvé feu de oboces gmrat à tnéim à cd«è*
mo[r«, dont, (a lecture est agstebie rel* fiml«i rapnn^iÉi
elle est tdmbée d'aocord sur ce •point, que iâ partit hia—
torique est loin devoir été siifiisanuMAl tmké»» 4|u^ lea
objectioos présentées par l'auteur à toa ^pt^ftte ajvIlaÉ»
sont plus fortes que les. réfutations qu'A ^>pposa, et 4|il'<ea-
fin rén.8eni)>le du projigt ue saiu&it qii'à > déni avx
exigences d$e la pratique; terme 4léfinM(, c^ vousvauliag,
Messieurs, TOtr aboutir la question. * • * * .
Des idées-saines^ une ridie abondance de déUH!», uot
connaissance approfMdie de roi^nisatioii des liApilauK,
des aperçus pleins de .JMStessfr «sur lesnoyaos d'établir aè-*
rieuseoient et largement * la médecine d^a pauvres ,- telles
sont les qualités racommandaUea du vitittâàire . o^» 18.
Aussi la commission Ta-t-elle e^apné a«ec.soia et avec
un vif. intérêt Elle s'est «crupuieusemeut attachée è sui-
vre Fauteur dans les développements siaçeasifr d«ft piao
^u*il* s'est tracé, et elle s'est iustmite, pa^îce^e étude,
d'un grand npmbr^ de bits qu'jr ont déposés rexpécîeaoe
et le travaH. » • , . .......
Voici les paints généraux établis par>técrivaiu«
Il ' commence par .-une revue oritigue des dîver^
inMitutiens chfiritables^ fondées en -vue des saeouca à
^donner aux malades indigents^ e'e$t-À-dire les bdpitaux,
les puceaux de bfepiaisance^les coomuMpléa reUgamiac
et Iqjs médecine cantonaux; puis il examiiia :qui^lles-aeut
les* conditions essejQtielles d'économie et d'effietaîté j|tte
doit présenter upe bonne organisa tion. de la»aiéd<iaèBe d^
pauvres. Notez-le bieri , Me^i^urs ; c'e^t la première fi»is
que ces deux ipôU, effieacilé et éceftemie, lnamftwiem à
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— 5«7 —
{NMltie Hum lérmémoiMs doBt n6ù& vous offrons l'analyse.
Il sfmM»<|ve iesauteutà, conprènaot nrâl votre pensée,
n'en aieât point' assez "teau compte. Le mémoire n;"" 12 a
llnportant yvaatage de s'en être souvenu. C'est une preuve
tia liaute saj^esse dont il fant loi savtrir gré. Le même
aaprit'sa rencontre^an; quelques autres propositions, que
la commission a vivement approuvées. De" ci nombre
■9Êiut cea prineipes somnAires : que l'exercice' de la mé-
deiine des* pauvres ne peut nullement être assimilé' à
nvfi ibnetitti pifbtiqoe^ que t^ médecin qui visi^ les
pauvres peut avoir droit à une indemnité , mais qu'tl ne
peol recevoir on véritable traitement; quelle nom de mé^
dacîn communal est le phis convenable pour désigner cdui
qai est charge de donner gratuitement des sofhs à Tin-
dlg^fit malade i enfin, que les modes d'organiairtidn doi-
vent être appropriés Aux ditefses .localités oà ils -sont ap-
pâtés à fonctionner. .^ - -
' Lorsque de ces idées générales, extraites Je l'étude des
iuttilîiâonsen viguem*^ rauteur passe à ('exposé' dO système
qu'il dérfre faire .prévaloir, il en détermine aihsi les bases
fondamentales': • * -
a i.\ Établissement d1i6piUn»c dans les vîMes-de trois
mfHe ftmeaetr dans tous les èhefc-lieux d'arrondissement
'^t/" Secoure à domicila orgahi^és sur nine- liste des
paavifo établie parle Conseil municipal, qui' noomie, en
outre, les* médecins -et désigne les circonscriptions' médi-
cales afleotées à : leur sérviee. * -
a CofoUaireê: Attributions des médêcio^confimanaux;
fixation de IHndemnité qui leur est allouée ; votes de fouds
pMr le ConaaU faumieipal^'le Conseil féiiérârl, avec inCér-
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— 5«« —
veoliop de r£Ui4:f<wriii(ipMs da
parun pharmacien, s'il ^ a Ueu, yir une coagré§itiM re-
ligieuse, pur . le» médecins, euirptees; CftnHiigii— ifvm
comité général da sunseiUMee dMi^géde iw^ «éoMter le
règkmant ei.coniposé 4q 8oiis-|»réfet, an euré , cl» I
habitants* désignés par le Gopseil générai et de ieois
decias élilB par leurs confrères. »• •
Vous voyez, llessiôiirs« malgré ja séehcneiMy de
sorta d'aoatomie que nous faisons subir au mémoire, qu'il
renferme d'exceUents aperçus et <fue l'auteur « mùrem^
réflépbi à l'idée gr^ve, émanée de votre Société. La (
mission eât* cependant -désiré trouver dans .cei
quable, travail de^ frits plus conckiaots, de^ driftcs plus
probai^ts^ on plan d'organisation fondé sur une discu»
sioa plp^- positive.' Elle l'a placé haut dans souestînae, et
elle appelle sur lui votre.aitaotion (^ttculiàra; mais elle a
cherché ailleurs l'osiivre qui méritait, selon- elle, le prar
mier rang.
Poursuivant '^enc ses a|tpréciatiens , eUe 4i iMi 9n
mémoire n.*"* |0 un examen sérieiik et détaillé, pfovoqué,
du reste , par un travail d'un incontestable .nsérito.* Ce-
pendant l'auleur détnite par une lacune que nous avens
jugée tous d'éutaat plus regrettable qu'elle es( systématique.
Sous, prétralr d'échapper au reproobe àë recberoilè, de
prétention, /d'érudition inutile, et de s aUlaeher ^aèut
au 'passé qi^'au «présent, il laisse esprte daînsuM sotte
d'arrière-plan les essais d'organisation médicale ou de éy
cours antérieur^ àMa société aotoeUe. Moua-eroiyQM, lles-
sieui9,. que e'es^ une erveur.
Qans un éieéHent petit livre publié' sur' un suîet
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ià«aiiH fM vèM.svMfiopofté aaiat eonoiiQifiils^
M. Lâut^ membre 4e l'Académie de& sciences politiques
ék moréUt^ a «m esatotiel. au contraire, de reqjKHiler
aiui yamwas estais d'ii|ilîltttioa fondis. <;iies les ançiâns^
pMr le. «oaiagafMn^- ées malades, {hittinre^ Le fMuisé , ta
efts> ert la. laçea éé ilaveajjr. El prendre ia dutrteé.eliré*
tieope à sa. 'naissance, .la suivre dans les âges pom
mmHaar les m^areiMetf qtt'ieUe,^ a enfimtéas , en vue d'jun
grand ioUpèt fàbKCvdeiNiis Fahîola jusqu'à Saint-Viocant
de Papd, depuis «Sainft^Vinoeot de Paiii.jus<(u'aw décrets
philanthropiques do la première Assemblée /consUtuaate,
enfin , dfp^ txe dl^rels «juaqié^ nés iostiluiiona mo-
deraaa> a'eal-ee pas, |M>ur nous sarrir de rbeureiidë
exfÊ^mtmà^Ywa des candidats ^fMrcourir la chidne-|le'
bianfaita qiu ae^iftlaobe, prolongée à traTers les- siècles, au
berceau même du Chr.istianiai|ie? ' •
Noua afOM donc «vu avm pfsine,. Hnsi^ursy que celte
laeuMae jMraaentâl an début du lyemtirqaible mémoiae que
nowuiaoMà |uger. ,
LapaclfMlrà*ced4frut>dau8 le plan, m peiytdiieque
le reste eat JEbrt bien diapeséw'
L'ouvrage 86, dmae en deux fMartiea âî^iqe^:
i.* Hédaeiaa des pauvres dans les villes, «recune'rf vue
critiquées tout ce qui est riialif aux instHutiqns de cbarilé,
buneaM de Menfiûsanee ,' assoêmtipns ixMitiialles de pré«
voywiae, dispensaires, sociétés matertieyes, etc.
2.' Médaoim» des |)auvrc8 dans les camÎMigness avec
une appréciatioa succincte de. le question d^ médeeios ca%
tonaua.'
iM MhUfen de K^ulmm ell , oottime pour le ménoire .
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Uf lé. . .....
l^our .les vHies , il cberche ewtoui à 4oo«âr de t*i»-
Dite à .ia diaU^Mtea des secioars acHiclisoinii
&n les naïades* pauvres^, ei U adnei Um les
de .bcmoe. folooté a soigiier les ffeuives de leurs qnw-
tîers^
• -t^our ks ca'aifMigiies, il *rcfeUe les mède^sss cantenainr,
et propose qae diaqse niabdé puisse., irppeler eim médb-
citi , oonme Ta ^i ssgemenl décidé le «Coagtès médical
deiMS. . • ^ •
Quant aux moyens iinanciei», faufeor propose ipie
rÉialf le départeinedt et la eomnione icontritMeal pMper-
ttonneUemeot aux dépasses , et il laisse au Gonaeils eao'-
toBaiix de^:8alabrisé le * soin défiler -les ii)de«uuléa ai i^
compenses affectées aux médecins.
A ces voies-d»'apilMcatieD ettle piatiqqel>Mileiir ajoiàt,
pour la nàédecine rurale «.une annexa fort inâéressaola et
fqrt curieuse de flore Indigène, proposée comme iiiie«sn
pèce de favda uaturel.de pbarmaoapée éconoaiiqBe. La
commission lui a su gré de cette beurettae idée, danlirifa
seul I&(^rivil^[^ €}ilre tiMM^les coocgrfems. C'est avec an
égal iatérét.qtt'elle a lu les docuoieols si. préeis^etrai abon-
dants, fournis par l'auteur suris £aissetdesJ<eco«rs «sut-
tuels.de Boulogne. Ces études* attestent des iiabttudes de
travail et de dévoueipent , «uxquelies la,copnmissioo 4ewt
aoeeeder i|n témoignage tout spéoial de son egtima : elle l'a
pUoé attseooad ntng. . - ^ . ^ . w
Le premier, en effet, a été tonquis par un ménuMn
que ia>oieid*élimination.suclessive adoyilée diiss natie
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— 591 —
nff#rt|'% MwÊB étiwtiMfc Mit-/ avMfeiBos estons ms
riiân;: BMSTotiIpiMparlerda mémoire insetit'Mras leniH
mé» 4fc- ; . •• -
Obirt^ il^ua médecin -que sa* corrèspoiMkiiise ikh» a
faM cdimtlre eonniteTun de ?08 compftfriotM , d'un; pn-»-'
ticîM qui , depuis près-de vingt* ans, exerce son imnisiitre
dcnrlee earapagnes, ce travail réiiptre- d'uti bont-l Tàntre
je 'ne sais qteiifbrfttm de probHé ]o)«le^ d'expérience pfo**
foade, de sagacité pénétrante ^ de eonvi<5tiôn refigieèee^
dmute aéttmtion nous a gagné teus. * . '*
l» piaf est dHinç èxtréinesimpHèité < et répond joift à
fiiii à' tSéée que la commission s'en étak tracée : séoieincnt
Tautsar «fait mieux encore ;*il a su passef des MtagépéHMnc' à
uiMiapiriieati&n partioiiAère; qui étergitpar le détiM^ \é cadre
qacf notBtvidl»$desaiflé/ÀprèsavQ)reKposé 1'histerî<|M delà
qoestiondaiistepasséetaiit époques récentes, ii s'appiteài^tit
sur deux points qui, selon Iuk, sont la* pierre angulaire de
tottVt^édttee :*d'Abordla question des médecins oatitonâut ;
enèmile'Korgaiteliott'de deux services médicaux qui loi pa-
raissent avotr réiBold votrts.probtôme : à skvoir ie» âi^pen-
saiffBsde Paris ^ de iyon pour la médecioe^lrbtiiné , ^t
l'organisation médtoale de ranroffdisseit^nt de Laval et
. de eéM de Cfaàtetubfiant pouf ta médecine Vorale.
Afin de bleo apprécier la valeur de Tiristitulion des lAé-
deaMeeMitMioit, miiencbnt^èuae déhominarion qui , d*a-
pMs Mmear^ Ait aa^^mgrès médical et' à la^ Clmmbre des
Pairs, comme une pomme de^^diseorde ^brouillant tdutes
lesédées' et capable de dire éobouer les meUiedfes.inten-
tiess f *le ^ge pVaticfen ne s*est pas eontenté de ses
réieftions^nonnelies;*iï est allé adroit aux laits. Il* s'est
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- 59» —
adoeaié iui^gnMid aomhrft^e iiéd<«M
savoir. d*eaz qfmA biao-ils powrMebC prodom, itiTiiwIii
de tootes les lettres par lui reçues et annexées à «en «lé**
moire f oowttie pièoea )usiti6eativesi ^'ili na |ii iiàwitt* ,
pour oN^i'^oi^i^ 4i^iwMui/naB«iriMi,f9iM»'Teila
es4 Ja réiMoeequ'il » re««e «ksi^tra^poiaiade la Ftasia ;
du HiSrRhm à la Gharante-teférieure , du Noid aux Bon-
clias-<ba-RiUM<. jÇflmmwrt ak— s'anréiac à mnb parciUe îé«
s(iiiili<^T • • ' *
Mais que mettra ^ la plaoe?^G*est€eqaaJ'aiiÉMr«aaia
de fioiié dire. Sera-ce te aentiç^ médical par aboMMMoft?
On^l a tenté. Il ee| imppisîblé ainlelà de deux «n quatie
kiloaièu^ da il régence du méd^Giik U se fcMe dooe
que las médeaina commusaiix , foiùft liiMiaoartaîaea fféaarvias^
et eo panapt de «qe pfiainpe ftudatfiertal « qila l« aarvica
médical ne doit pas être kméma d^aa tas villas que dans k^-
caaqpagoesi et réciproqu^osept. «
Divisant donc • cestta saeooda partie de son iMfaM oadgpx
paragrajUies, l'auteur étaUit les hases id'unAtMrfaniaalieQ de
médecjtoe rurale atasi qu'il soie ». ' ^ ^ . « ^ ^ .
i."" Un médecin qui oonsenle à tàr^ «en i^aear des tndi-
gentSt^cisacriâee deJa ilK>itié de sas kononârea^; ' ^
2.'' Une ou plusieurs penontes liicelaiianies, ohwiImi*
reat de bîeofeisaiice , ^u un Gonseii municipal qui veuiHe
bien coiissoitirè donner des bUtets de visite e^degensyHa-
tion au nialades indigengi qu'il lett^ pWn de sa^iwit el
autant qWilievr plaira d'^s-délivrar; .
3.^ Qa ou 'pluaiytrs biltota de visites at:de coimillaiiaffs
quireVianeei;4i4esme moyen, à 3,oû À ftunca.ehasnn, ai
qui BMl renvoyés à la fin^^^de lanniadîa
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- 5»« —
avec le oièMiie détoiilé i^QnlUDanl léB fMx aidîMtr« ol*l6$
prix réduits en regard , et de plus des notes ^ur hs mal»*
dies el fe ilte«Uiii du troîlenwil.
TeLiast le iééeaai«^ Wm simple espesé par l'aateitf
pour les s^Mura^à ddaner aux mab^ pauvres des. cam^
pagnes^ Il anil« «lAs fiiri .4#ttte, ie mérite de réoonoBiiè à
celui de l'efieacité: il dpmie TeaBor à "^latjharitÀ privée ,
et il a'aolrare point l'iater? eation de la e^riié légale. Ufàn
c'est un pliQ, lioe théorie, uYie oteptei Oui, Me8Bi^urs, c'est
uQa utopie i mM eomme celle de Galilée* Lenteur peat
s'éerôr tMêfOWimiêUâ m maul />L'arrondtsaMient de GIbA*
teauMeut est la ^pMre 4'activité oà foacliNiiine cesyatèmede
répartition judicieuse et d'iflgénîeux dévouefnttft.^ Pour
toute déOMiflitratien t 11 sttflBt de lire le règlement du^êr-
vicediédMi adopté pour, les coitimanes de cette ^insioi)
delà Loire^Ittf&rieure, el Ton verra que les'viagt'*deiix
articlasf dont, il se compose ne aaot ^ue l'expression mèaoe
des bile awasqtaeis ik s'appliquent c ainsi le doute le plus
partial doit se t^hanger en une'certitude atoolue.»
Da kr médecine deacampagneto^oùle mal est sans contre-
dit plus grand, plus mèuetrier, et appelle en conséquence
de plils prompt^ 6t de plus actifr romèdes, lauteor pass^
à celle des .villes, et rechercfaé <|nelle>érgaiiiaatien pour-*
rait èlfa înstîtuée à 1^ place dcTanafcliie qui paralyse les
fondations, exeellentes d'ailleurs, du aervie^ ipédieslttrbèm.
A cal égard , il ne trouve rien au- dessus des dispensai*
res ^ Farts et de Lyeiâ, qu'il a 'visîléd,' étudiés ésna fes
moindraa détaite^ La déolaxation d'un esprit , ai érainam'^
ment pratique , a été considérée par U commîsskm cràime
le dernier mot sur cet objet, et eHe a ôru qu'il fallait s'en
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tatkir à cette ergamiiitiott , dont les beaneui etéls se 4mit
obaqtie jour sentir.
Elle a donné le même assenlment Hux ehiffres bodgé-
taires que Tautetir croit indispensiMes à la réaltsition da
système qu'il propose^ et qui lui ont* f^ru abaissés à des
védoetions U*o|i:8agesfMiuf qu'il fttt possibie de les disealer.
Quant*. an style dv méanoînev il a, -sans être brinaot,
eeVélan, cette rerve^ cette chaleur qe'inspire toujours one
conviction ferme et arrêtées Jà phrase estviv«^, dégagée,
entraînante, plus pleine de choses que de mots*; et tft^
encore un des mérites sérieux par lesqueb cette œnrre
T'Cnipdrte sur d'autres mémoires, qui^imlgté leur valeur,
nous ontparu longs et dîfltas;
-Ost le, Messieurs, que s'atrète la tâobr confiée à sod
rapporteur par la eommit^ion-qui avait été chaînée d*eia-
miner les mémoires o<n)courant pour le prix , et dont Tap-
pféciation a donné lien amc propositions suivantes : «
Médailles de kronte acbordées^pàr ordre dé aaférite^ aux
mémoires lOy^iS, 3et8. * - «
MédaiUe d'or, accordée au ménurircA.'' 16^ coimne étant
le plus substantiel ,. le* plus complet de tons, le senl répon*
dant fi toutes les questions pesées, et surlout ayant pour
Initie &it«conchiant<» l'existence d*ut¥ éervfce médieal or-
ganisé danslavue.d'assnrer au peuple la santé du 'corps,
garantie de cdlc-de l'ème. > * ' -^
U^a antre question avait encore été ^proposée par vous,
Mé^siaiirs, conjointement avec celle dont vous donnes la
réponse: c'était l'iristoire de4'art«n Bretagne; mais aucun
mémoire ne noua a* été adressé.
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(• •
• • 'SYSTÈME .:
DE FONCEMÉNTBES PUITS
DAWS LES TÉRRAIJNS AQUIFÈRES.
IMOéniEVli CIVIL. .. ■• ^ .
BAPPORT FAIT AU IfOH D^'CNE COMllISSIOIf ÇOyppSÉS *
Dfi MM. COTTIN DE MBLVILUB, BSBTBAND-G^SL1I« « VABHEBBB,
> CALL4UD, ADOUBE BQBIEBBB, /{apppr/acr.
' MiSflBOM. *
Voiis id^ez . chargé une .Qinmnifaioi) de Vous rwdrd
compte 4u systéioe Uif eyt^ pir If. Wo)§Li, dan^ te buldet*
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foncer-des puiU dans les ternûos reeoinrerU par. de fortes
couches ^méables et inépuisables. Aprè^ avoir examiné ce
système et confié les avantages qu'H présente^ votre Coin*
mission me charge de vous exprimer l'opinioa^ résultai de
ses études. . , .
Les son^^es effectués dans le bassin houiHer de
Maine-et-Loire démontrent qu'une couche pehnéable de
16 mètrf$ environ de prôÈM|deu^<,^t0rmée^ par dés allu-
vions^ recouvre le terrain de transition. Cette coocbe, com-
posée de sable, de cailloux roulés et d'argile, offre de
t^es fecilif^ àt*jo|llrttiôii des .ewxqite io 6moenieDl or-
dipstre des ptiits y devient impi^ticaUe. Jioiis trouvons
un exenipie de ce liit dans les tentatives faites, à la con-
cession de Saint-Gerniainf-dès-Prés , où le directeur ^
defonoer«un puits'd'extractioq en pratiquant Pépun
au moyen de thMS pompes , et où il' était loin d'atteindre la
profondeur des ailovions.
C'est dans le but d^ surmonter de si graves obstacles
que. M. Triger appliqua « en 1840^*d«ins la charboooiàre
de Cbalonnes, l'air comprimé, afin de tenir en suspen-
sion h oolenne d'eau de laoooche>perméable. La hauteur
totale dec^t^ colonne étaot environ de 20 mètres, lapr^
sion de l'aUnosphère factice où travaillaient les oumers
s'élevait à 3 a^IlOsphères 1/2* Le rapport entre eercbiAes
démontre suffisamment le surplus de pression nécessité
par. l'échappement constant qui s'effectuait au moyen^des
fissures du terrain , échappement rendu ti^maoifiBste*,
d'eilieurs, par le boutUonnement constaté Ji la surface en-
vîMjAnante. Malgré sa eoQiplication , ce procédé- 4ilors
cmiqee dans ce genre' dé toavaux ftit appliqué dans I'^m-
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de jMfipy BraqoegMs ((MPfviiiee àê tbàtma).
(AMWÊhd6. dfit TraRTMix publics de Belgique. ~ Année 1 847.)
Ce^'oB devait piévoir enrive. Oope tafda pet à reeon-
aeltM'^ne des ouvrkvt foveés de% treveiller diMs «in air
etn3i.cooipviné< devaient être Boasmis à ud régime etcoep^
lîaDiielt et que »lfi Invail pvodiHir était moindrtf que dans
les cârooostencei oiîlîBaîvea. iia-cenatrnction si piovMen-
tielleaient délicate des organes respiratoires ei acéqaii-
fuea iodi^ne «.|N»terit d'aiUenrs, à quek acoidents\loit
dootter iieif le a^our dans an air cocnpri«ié à ptosieufs
adBBOsplièraa ;^tt8Bi dans la mine de Chalonnes hes euftflers
eoipke^ent4l8 15 à 20 minutée* à passer graduelleiàent
de la ^eesaîoB ordinali'e à celle de'trois"atni06pbères i/ï,
sous fioftaeoee^de laquelle devett s'exécuter Ut traveîl.
GeB.oeDsidénitÎDBé déiHiitrtni aufiBBammeut, IkMîeors,
ûonaUeiy ait pareil élal de eboaes est anotuÉM eu égard à
rhygiène des ouvriers. '. * > ^
LeLsyslèBede M.Woialti panit-*-indëpemlaniinentde
sa Baiae eBrCMvre «^ offinr unesiMpUcilé d'exécûtien que
?elne Co^^maaiM œ seuiaît méooBUaftre.
Pour traverser les terrains aquifères, on comaieiea pur
eoioiicer par peseuasioB. uo tube en tAleY'dedéaxVnèûres
OBviBOA dadifirtaa , 4 trairers Ib couobe peméaUe, en dé-
hlay9»i riAtériem aa fat el à Boeaura du tnvail « au OM^eu
d'uAeiseBA, d'une- tarière el d'un tubeà bonlel de grande
dhnffnaieo> fca> aeuk pféaauiiou qui t end^ cette ayéraëon
diitoante de l'eolaaûeBMBl des mbee-de stitodage, oon-
siate è «asdie élBMhaa les )oiiits.dea trettçotoa de tubes
iulredutla. »
GeHe G^retioB. effectuée f iLs^agit dalier-^errgaMam
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UQA {MiiiiWi impannéabîlîté .-r lé Kibe «vsq le
lîite, et- c'est ici que le procédé emplojé par M. Wold^i, à
SaiâtrGeraiainrde8*Pré8, apparatfcavèe sas atanteg».
H. Wakki anptoie uadaeaii à quatre ailes soolieiMi au
laojraA d'àne tige dont la longaur est déienniaée par la
profendeurde ia couche iK>lide à entamer» Ce ciseau est
gui4é/dao3 ses évolutions -verticales par ud appareil aussi
siasple qu'iDgé^ietti* . '
Qu'on .se figure deux pièces de boia disposées horiaou-
lalemeoi CD croix etdeseendnes dans le puits à*raided^noe
cluaideUe verticale fixée au point- d'intenecUon des deux
pièces. Cette croix, d'un diainèlre un peu moins considé-
rable que la section du puits « porte star l'un de ses bàis une
série de coinparttments convenablement disposés et dont
chacun- peut recevoir la tige senrant à Soutenir la ciseau.
Un ^Mivrier {Itait ainsi faise. danser cet instnmMii tmc &•
ctlité, et en imprimante l'axe de la croix un. aiouvement
rotateî^e herizoïital, il esteertàinde décrire^sme excora-
tioo circulaire ayant pouvirayon la distance comprise entre
le centre de la crott^^ et i'ôovertuae où passe^iaHîg^ suppar*-
tant leaiséauv.
Ce* qu'il est également facile de oompeendae 4 c'est que le
ciaeau, après avoir oscillé de baïutèa bas paa cbacane des
ouverlines placées dans.ia longueur «du bras de la^ eniix> a ,
en^aoïgnie, déerit une série dVfloavatîonsNMreuiaires eooeen-
triquet^i, «confondueaies unes avec les autresi par 4ear
rapprochemelit, ont fienais d'obtaiirfau seinanémede l'eau,
un forage eitc^aaenreat-aégttlier. Daas^le bit dfasaorer l'e(^
ficacité de ce travail, on fait danser verticalement un
iléeahr le bug .de k paroi dirçnlaire «ertioile 4» t^nain.
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lia tijje de cet alésoir est guidée par le compartiment
extrême de la croix. * , .
Cette seconde partie de Topération effectuée et Taîésage
terminé , on descend dans le puits uile pièce que l'auteur
appelle tiâbe-deff et dont le diamètre est un peu moins
giand que celjai du premier tube dpnt nous avons parlé.
Lorsqu^on s'est assuré que ce tube tiescend librement, on
le relève , on remplit TexcavatioA de mortier hydraulique,
et on l'enfonce de nouveau aif moyen d'une croit de bois
s'appuyant sur son bord. Cette croix est maintenue par
une chandelle verticale^ sur laquelle s'effectue la per-
çu^sioui
JLors^u'on juge le iportier hydraulique solidifié, on vide
l'eau du puits, on enlève tout ce qui garnit Tintérieur du
tube, et on attaque le terrain houilfer. U est inutile d'a-
jouter qu'^ cet instant l'espace annulaire compris entre
le uAe-def et la paroi du puits . est rendu imperméable
sous l'influence du mortier solidifie.
Le cadre de ce rapport ne po^et pas à votre Commis-
sion, Messieurs, d'entrer dans les détails techniques de
l'opération ' du cuvelage d'un genre tout particulier, qui
succède à l'emplçi des procédés ingénieux dont nous ve-
nons d'esquisser, la description. Nous nous bornerons à
constater que ce cuvelage est pratiqué de deux manières
distinctes. La première métliode est appliquée pour le
revêtement de toute ta hauteur où k rocher pr^otaii une
grande quantité de fissures ; ce cuvei^ge ^t en tôle^ sa
section passe d'un .cenole un .peu plus petit %ue c^liip du
tiibe«4def à un ovale assez pconatu^é. Cette dispôsitiQn est
d'une réalisation beaucoup plus prompte que l'installation
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d*un cuvelage ea bois^ circoQStance importante, si on ré-
fléchit que le suintement continuel de Teau; par les fissures,
nécessité un travail. essentiellement rapide.
La secpnde méthode est appliquée dès qu'on est arrivé
a un terrain plus solide, et que le grand axe de Fovale
s'est trouvé égal à la longueur d'un rectangle , habituelle-
ment employé pour déterminer la section des puits ordi-
naires. Qn pratique le cuvelage en bois, dont la section se
trouve, tout d/abord, Un dodécagone inscrit dans lovak
précité et arrive enfin au 'rectangle définitif.
L'eau provenant des fissures du rocher est constam-
ment enlevée par une pompe, mise en jeu au raoven d*an
moteur à vapeur, très-simple et très-économique. Ce moteur
consiste en un cylindre à vapeur, placé au-dessus de la
pompe , de telle sorte que les tiges de pistons de ces deux
pièces soient directement réunies. L'entrée et la sortie de
. là vapeur sont réglées par un taquet que le piston lui-même
met en jeu.
Votre Commission , Messieurs , croit devoir mettre sous
vos yeux le prix de revient du procédé Wolski , prix basé
sur l'expérience authentique pratiquée , par notre hono-
rable collègue, dans la concession de Saint-Genuain-des-
Prés. •
Diamètre*.. 2»<»
«auteur 17 00
Épaisseur de h tôle. 0 008
Soit, 8300 kilog., à 1 fr. on 8,50011 b c.
À reporter.. .. 8,500 •
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- 601 —
Report 9>500 »
TVIKV À B01}LBT.
Diamètre 0" 33
Hauteur t 00
Épaisseur de la tôle.. 0 005
Poids avec le boulet, etc.> 75 kilog.,
à ifr -. 75 »
GOLONnB DBS TI6SS.
Longueur. ...... ^ 20 "
Équarrissage. . • 0" 045 sur 0 " 045
[ 70 de raccords J
Poids, 320 k., dont «3 fr. | 345. 50
197àOfr. 50. )
Tourne à gauche , clef de retenue , etc. 1 20 »
Deux ciseaux^ pesant 60 kilog., à
2 fr. 50 150 n
Alésoir m fonte , fer ^t acier, 200 kif.,
à Ifr ,. J200 »
Fournitures pour répftrations d'outils. 300 »
Guide et mouton en bois et fer 600 »
Treuil à échappement «r • . • 550 »
Machine à vapeur de 4 chevaux, ap- •
propriée au battage ' du cisea>i ou du
iBouton, et nécessaire pour extraire Teau
pendant le cuvelage« • , 6i.000 »
PERSORIfBL.
Un chauffeur-ajusteur, à 5 fr. par jour
A reporter. ... 16,840 50
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— 602 -
RqK>rt 16,840 f. 50 c.
pendant 3^ mois. . • .% n- • 450
Unforgéron.è 2fr i8p
Un aide forgeron et 2 aides
chauffeurs, à 1 fr. 50 • v ....... . 40.5
Deux sondeurs, A 2 fr. . .' 3$0.
Deux manœuvres > à 1 fr. 50. . . 270
Un surveillant,' à 3 fr 270
— 1,935 »
MOBTIB& HTDRAUUQTJB BR iPÂtfi, î COkPlfB UB CiKBRT tetlADI.
9 mètres cubes, à 30 fr. le mètre. . . . 270 •
TtTBB-CLSF.
Diamètre 1 ■ 90
Hauteur S 00 ,
Épaisseur de la tdle 0 iG06
Poids avec les guides, 1000krlog.,i
1 fr .* 1,000 •
Chandelle en fer et hors pour la croix-
matière, ultérieiiremetit utilisable • 350 »
Charbon brûlé pendant le battage du
ciseau et au mouton, 'ainsi que pour la
forge, 300 hecno, à 3 fr. '900 a
Un mois de perte de temps pendant la
solidification du mortier : . ; 64^ i
Personnel pour foncer au pic, à 3 re-
prises différentes, 8 mètres, de profondeur,
environ 80 jours.
A reporter* . . • 21,940 50
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— 603 —
Report.... 21,940 f. 50c.
Pour placer 4 élafes de ftCQUsses picp^
tées, composées chacun de deux r^nga,
avec Uur» ecnrelages, égalamM 80 joufs»
En tout 160 joujrs , soit^sa ipois.
Ce travaj/ reviandra à :
lin ebauflCBur-mécaniçieç-aliasteur, à $
fr^ pwr 6 w Djpis. . , ^.... 9P0 i>
Un forgeron, à 2 fr p 360 i>
Un aide forgeron et deux aides chauf-
feirs^liff. 50 810 »
$ix ouvriers jp^ineurs, i 2 fr. &0 2,700 •
Un sQpveiilaDt, à 3 i^r. 33 fiOO »
Sois pour quatre étages de trousaeis •
doubles, 6 n^èf res cubes, i 1 fr. 50, tout
IÛU9^ * • • • 900 »
Trois iuj[>es de cuvc^Iage à 660 kilog.,
JB0HL fin |t<Mit 2^0 Jkilog., à 1 fr.. . .^ . 2j900 »
La pompe avec son bois de soutène-
inent. .'. 1,363 »
Xlharbon consominé à la machine et k
la fol-né. î,200 »
33,773 50
Imprévu 3,377 35
Total... 37,150 «5
Si, pendant l'exécution du travail décrit plus haut, des
instruments venaient à tomber dans le puits, M. Wolski
utilise, pour les chercher au fond de l'eau, un appareil de
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- 604 —
son invention qui, en raison de ses nombreoses applica-
tions, sera, de la part de notre coUègne, l'objet d'sne
communication ultérieure.
M. WolsLi a soumis à l'appréciation de la Goaimiasico,
la description des outils, propres à remplacer ceux de
Sainl-Germuin-des-Prés , dans le cas où l'oa rencontre-
rait des terrains calcaires de diverees hatures , ces outils
dénotent un esprit d'invention et de conAâissance dès ter-
rains que votre Commission , Messieurs , se platt à con-
stater.
En résumé^ votre Commission pense, Messieurs, que
le système de ^ncement des puits , inventé par M. Wokki.
peut et doit rendre tle signalés services là où le fonceAient
ordinaire des piiits^ devient trës*coûteux , par l'empicH de
fortes machines d'épuisement, et, à plus forte raison, k
où il est impossible. Ce système est> en effets applicable,
indépendamment de Tâge géologique des terrains et à des
profondeurs bien plus grandes que celles du bassin houiller
de Maine-et-Loire.
Les inconvénients de ta métjiode, dont il est dit quel-
ques mots au commencement de ce rapport, et qui consiste
à faire travailler les ouvriers dans un air comprimé à 3 i/2
atmosphères, sont, du reste, assez graves , pour que tous
les moyens de les éviter soient appréciés à leur juste
valeur.
Votre Commission , Messieurs, vous propose de donner
a M. Wolski, par racfoption de ce rapport, un témoignage
de Tintérêt que prend TAcadémic à ses utiles travaux.
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RAPPORT
SUH
LE LIVRE DE M/" MORIN,
PAR M. CH.-L. LIVET,
LB8 PARTICIPES PASSÉS BÉDUITS A UNE SEULE RÈGLE SANS
EXCEPTION ) PAR mJ^* ÉLISA NORIN.
L'Académie me permettra-t-elle de Tentretenir d'un ou-
vrage de grammaire? — Je sais que nombre d'écrivains
modernes traitent cette science avec un orgueilleux dédain.
La grammaire, disent-ils, ne peut dissimuler llabsence de
la pensée ni la pauvreté de Timàgination. Non , sans doute;
ce n'est pas h grammaire qui multiplie les volumes, mais
ce n'est pas elle qui les ùài oublier. Racine et Voltaire ont
accepté son joug sans être moins élégants ni moins
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— 606 -
clairs. Si Messieurs, — je ne les nomme pas, — récu-
sent ses lois, M. Villemain, M. Ampère ne s'y sont-ils pas
soumis 7
Il semble que ce raépHs de nos entrepreneurs de littéra-
ture vénale ait agi sur Topinion ; si les copistes sont nom-
breux, rares sont les gràmmairieDS originaux qui aient
prolongé le sentier frayé par Port-Royal, Vaugelas, Regnier-
Desmarais, Domergue et Beauzée: nous ne citerons ni
M. Poitevin , ni môme le P. Girard, qui ne diffèrent guère
de leurs rivaux que par une méthode plus heureuse. Pre-
nons un exemple particulier. Sur Je participe passé, quel ou-
vrage peut-on nommer qui lève les diflScultés qu'en pré-
sente remploi? Domergue, Bescher, Horel soift insuffisants.
Aucun d'eux n'a songé à rechercher^ dans les divers exem-
ples où il signale la variabilité du participe passé, le prin-
cipe général sur lequel la logique doit fonder une règle gé-
nérale ; on a constaté des faits : Tindùction n*y à jamais
cherché un élément commun.
Un livre cependant a été publié sur ce sujet, — à Nantes,
— par un auteur nantais, tt.^^' Rorin , une des plus remar-
quables émules des Élisa Mercœur et des Waldor, a daigné
quitter les régions poétiques de l'imagination et descendré
dans les champs arides du raisonnement grammatical : là ,
elle a recueilli une moisson nouvelle.
M.''^ Morin a publié le résultat de ses consciencieuses
reclierches dans l'ouvrage, intitulé : Les Participés passés
réduits à une seule régie sans exception.
Dire que , dans ce travail , l'auteur tient fidèlement la pro-
messe de son titre , et réduit à un principe unique les mille
et une règles et les mille et une exceptions des grammai-
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— 607 —
riens; ajouter qu une Ihéorie par&itement claire du verbe
prépare à Tintelligence de la règle ^ et que de nombreux
exercices à la fin du volume la confirment et Texpliquent;
constater enfin l'ordre et la simplicité qui régnent dans ce
livre f c'est rendre justice à fauteur et reconnaître à son
ouvrage un mérite trop ïèè\ poilr (|ue nous en fiEissions au-
trement réloge, c'est indiquer le livre à quiconque veut
avoir sur cet^te partie importante de la grammaire ^ — la
solution <les* diilBcùlté& du participe passé-, *— ftut^e chose
que de vagues théories; c'est, enfin, le recommander au
bienveillant intérêt de l'Académie.
20 oMobre 1810.
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LISTE
DES MEMBRES RÉSIDAISTS
DE
LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE NAT9TES,
PAR OBDRE DB UtoBPTIOIl.
Vottdatlott en ITtft.
Fouré, docteur-médecin, directeur de TÉcole de Médecine
et président du Conseil de Salubrité.
1799.
Dttbochet, chef de bureau.
1807.
Lafondf docteur en chirurgie, chirurgien des Hospices,
professeur à TÉcoIe de Médecine.
1813.
Mareschal, docteur-médecin, médecin des Hospices*
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— 609 —
1815.
Sallion^ docteur-médecin^ prof(^sseur à TÉcole de Méde-
cine, médecin des Hospices, secrétaire du Conseil de
Salubrité.
Simonin , professeur d'hydrographie.
1818*
Noaud , agriculteur.
Marioo (Calixte) , juge au Tribunal civil.
1819.
Huette, opticien, adjoint au Maire de Nantes.
Cailliaud (Frédéric) , conservateur du Muséum d'Histoire
Naturelle.
1820.
Cottin de MelviUe , ingénieur des ponts et chaussées.
1821.
Prevel, pharmacien, membre du Conseil de Salubrité.
Bertrand-Fourmand « ingénieur-mécanicien.
1823.
Bertrand-Geslin , naturaliste.
1825.
Le Ray, doctear-médecio.
1826.
Esmein , docteur-médecin.
1829.
Démangeât (Georges) , avocat , membre de la Commission
de Surveillance de la Bibliothèque.
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— 610 —
Favre (Ferdinand), ancien Maire de Nantes, représentant
du peuple.
Verger (François) , ancien négociant.
1830.
Édelin de la Praudière , agriculteui^.
Mesnil (Philémon)^ ingénietir-niécanicien.
1831.
Simon (C.-G.) , littérateur.
1832.
Boucher de la Villejossy , docteur-médedn.
1834.
Halgan (Emmanuel) , trésorier des Invalides de la Marine,
membre de la Commission de Surveillance des Prisons.
Seheult (Saint-Félix)^ architecte du département.
Drioliet, architecte-voyer.
18S5.
Allard (Emile) , docteur-médecin.
Barré, docteur-médecin, médecin des Prisons, adminis-
tratf ur des Hospices.
Boiscourbeau, docteur-médecin.
Bonamy (Eugène) , docteur-médecin , nédecin 4les Hos-
pices, médecin des Épidémies, membre du Conseil de
Salubrité.
Danet, phanoiacien, pharmacien de THospice général,
membre du Jury de Médecine.
Belamare, docteur-médecin, professeur à l'École de Mé-
decine.
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— en —
Galicier, lioettt^iiiédicîii.
GautroDf docteur-médecin.
Gély, docteur-médecin, chirurgien des Hospices, profes-
seur à rÉcole de Médecine, administrateur des Hospices.
Héiie, docteur-médecin^ médecin des Hospices, profes-
seur à l'École de Médecine.
Hignard, docteur-médecin, médeciQ des Hospkices,
Leroux (D.) , docteur-médecin , cbirargiep des Hospices.
Mabit, doûleur*>œédecin.
Haguero, pharmacien.
Mahot, docteur-médecin, médecin dès Hospices.
Maisonneuve (ils, docteur-médecin.
Malherbe, docteur-médecin^ médecin des Hospices, meoi-
bre du Conseil de Salubrité.
Marcé, docteur-médecin, tnédecin des Hospices, profes-
seur-suppléant à rÉcole de Méderàne.
Marchand, docteur-^iûédeeâo , chirurgien des flos|iio69,
professeur à TÉcole de Médecine.
Mauduit, docteur-médecin.
Menard, docteur-médecin.
Monceau , docteur-médecin , membre du Conseil munici-
pal, administrateur des Hospices*
Moisan, pharmacien.
Padioleau , docteur-médecin.
Pihan-Dufeillay, docteur-médecin, professeur-suppléant à
rÉcole de Médecine.
Saillant, pharmacien, membre du Conseil de Salubrité.
Thibeaud, docteur-médecin, médecin des Hospices, pro-
fesseur à rÉcole de M^ecine , membre du Conseil de
Salubrité.
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— 612 —
Vallin, doctear-médecin , chirargieD desftMpiees.
1836.
Besnard de la Giraudais, avocat.
De Commeqaiers, littérateur.
1837.
Pacquetaa père, juge.
Leboterf , avocat et botaniste.
NeveU'Derotrie, avocat, inspecteur d'agriculture du dé-
partement.
1838.
Gourdon, docteur-médecin.
Puysé«2ur, professeur de bettes lettres.
1839.
DanieULacombe, avocat.
Gftche (Vincent) , ingénieur-mécanicien.
1840.
Lequerré, docteur-médecin.
Bertin , pharmacien.
1841.
Thomas (Louis), sculpteur.
1842.
Cuissart (Pttre).
Grégoire, professeur d'Histoire au Lycée.
Braheix (Frédéric) , négociant.
Goupilleau, banquier.
Varsavaux (Charles) , agriculteur.
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_ 615 -
1843.
Foulon (Joseph) , docteur-médecin.
Dugast-Mattifeux , littérateur.
Colombel (Évariste) , avocat , maire de Nantes.
Lecour , négociant ^ ancien capitaine au long-cours.
1844.
Gatterre, docteur-médecin.
Vandier, littérateur.
Aubinais, docteur-médecin.
Sallion fils, docteur-médecin.
1845.
Ménard (Antbiinè)^ avocat.
De Wismes ( baron) , littérateur.
Laurent, littérateur.
Anizon , docteur-médecin.
1846.
Deluen (Ludovic) , docteur-médecin.
De Rostaing de Rivas (Eugène) , docteur-médecia.
Callaud, mécanicien.
Cbenantais , docteur-médecin, chef des travaux anatomi-
ques à l'École de Médecine.
1847.
Wolski , ingénieur civil.
De Boissy, naturaliste.
De la Tour du Pin Chambly (baron) , naturaliste.
Impost, naturaliste.
Ducoudray-Bourgault, naturaliste.
Auge de Lassus, naturaliste.
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— 614 —
Thomas, naturaliste.
E. Pradal, naturaliste.
Delalande (l'abbé) , professeur d'Histoire Naturelle au petit
Séminaire.
Blanchet, doetçur-médeciq.
Sesmaisons (Olivier de), propriétaire.
E. Talbot, professeur au Lycée.
Lemonnier , professeur au Lyoée.
Goullin de la Brosse (Henri).
1848.
Lemoine, professeur au Lycée.
Dauban, professeur au Lyoée.
Guéraud (Armand) , archéologue et Utt&rBteur.
De Cornulier (Victor) , membre du Conatil général.
D'Audiffret, receveur général.
Rouxeau, docteur-médecin.
Chevallier (Pttre) , littérateyir.
De Valori (Gharies), UUératdur.
Livet (Charles) , littérateur.
^uia,|>réfet4le la Loive-lol^we-
Lucas-Championnière, avocat
Bochet, ingénieur des mines.
1850.
Carissan, littérateur.
Champeqois, docteur-médecip.
Bizeul fils , docteur-médecin.
Foumier (l'abbé), curé de la paroisse Saint-Nicolas.
Huret (Charles) , proviseur du Lypée.
Voruz atnéf fondeur, adjoint au Maire de Nantes.
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TABLE
DU VINGT-ET-UNIÈME VOLUME,
TOME 1." DE LA TROISIÈME SÉRIE
Admission des étrangers, dispositions réglementaires,
520.
Architecture à Nantes au XVIII.» siècle, par Irf. Driollel,
139.
AtMnais , D.-M. — Sa participation aux travaux Je la
Section de Médecine , 398.
Axiqé de Lassus. — Rapport sur les titres de M. Renou,
386.
Beriin. — Des Engrais et de Timportaoce de leur choix
pour assurer Tabondance des récoltes, 18.
Bizeul. — Voie^romaine de Rennes vers le Mont-Saint-
Michel, 140. — De Tancienne capitale des Namnèles,
43
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— 616 —
499. — Antiquités de Nantes, analyse du manuscrit de
Fournier, 522.
BizetU fils, D.-M. — Son admission, 262.
Bobierre. — Son admission , 252. — Rapport sur un
Système de Foncement de Puits, par M. Wolski, 595.
Bonamy, D.-M. — Vice-Président de la Section de
Médecine, 16. • — Sa participation aux travaux de la Sec-
tion de Médecine , 402.
Callatid, — Membre de la Section d'Agriculture, Com-
merce et Industrie, 139. — Histoire de la Dimion du
Temps, suite : des Horloges, 441. — Rapport sur k
perfectionnement apporté par M. Fontenau aux armes à
percussion, 511.
Carissan, — Son admission, 138.
Champenois j D.-M. — Son admission, 252.
Changement de local, 138, 250.
Charyau, D.-M. — Démissionnaire, 17.
Colombel (Év.). — Rapport sur les titres de M. labbé
Fournier, 387. — Communisme au XVL« siècle, 497. —
Législation des Valois, 527.
Compte rendu des Travaux de la Section des Sciences
naturelles pendant Tannée 1849, par H. de Rostaing de
Rivas, secrétaire, 19.
Compte rendu des Travaux de la Société pendant Tan-
née 1850, par M. Malherbe, secrétaire général, 544.
Concours, dispositions réglementaires, 250.
Delalande. — Houat etHœdic, histoire, mœurs et pro-
ductions naturelles , 259, 263.
De Rostaing de Rivas ^ D.-M. — Compte rendu des
Travaux de la Section des Sciences naturelles pendant Pan-
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- 617 -
née 1849, 19. — Rapport sur les Travaux de la Section
de Médecine, l.«» semestre de 1850, 394. — Secrétaire
de la Section de Médecine, 16. — Membre du Comité cen-
tral, 529.
Discours d'installation prononcé par M. Gély, président,
séance du 9 janvier 1850, 14.
Discours prononcé dans la séance publique du 24 no-
vembre 1850, par M. Gély, D.-M., président , 53 1 .
Dubochet. — Membre résidant, 137. — Canalisation
latérale de la Loire, 496.
Ducrest de Villeneuve. — Mémoire sur le Heu de la nais-
sance de Duguesclin, 187. — Supplément au précédent,
208.
Duguesclin, lieu de sa naissance, par M. Ducrest de
Villeneuve, 187, 208. — Par M. Habasque, 198.
Duplessix (A.). — Démissionnaire, 17.
Driollet. — Architecture à Nantes au XVIII.* siècle ,
139. — Salubrité des logements d'ouvriers, 501.
Élections de la Société pour 1851 , 529.
— de la Section des Lettres pour 1850, 17.
— de la Section de Médecine pour 1850, 16.
— de la Section des Sciences naturelles pour
1850, 136.
Foumier (l'abbé). — Son admission , 387.
CéJy^D.-M. — Discours d'installation, 14. — Notice
nécrologique sur M. Souët d'Ermigny, 383. — Président
de la Société, 14. — Sa participation aux travaux de la
Section de Médecine , 402. — Discours prononcé dans la
séance publique du 24 novembre 1850, 531.
Grégaire. — Vice-président, 14. — Études sur la ligue
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— 618 —
cj) Bretagne, 382, 393. — Président de la Société, 529.
Guéraud (A.). - Histoire et Bibliographie de la So-
ciété Académique, 522.
Guéraud (L.). — Démissionnaire, 17.
Habasque* — Réponse à quelques objections de H. Du-
crest de Villeneuve, sur le lieu de naissance de DugoescUn,
198. .
Histoire de la Division du Temps, des Horloger, par
M. Callaud, 441.
Historique et état actuel de la question des Fourneaux
fumivores, par M. Wolski, 32.
Houat et Hœdic, histoire, morars et productions natu-
relles, par M. Delalande, 3f>3.
Huret, — Son admission , 523.
Lambert. — Discours d'installation et d*adieux , 5. --
Membre correspondant , 137.
Leborgne^ D.-M. — Membre résidant, 500.
Légal — Sa démission, 17.
Ligue (la) en Bretagne, par M. Grégoire, 382.
Liste des membres résidants de la Société, 608.
Littérature française au XVIl/ siècle , par M. Ch. Livet,
382.
Littérature persane, par M. C.-G. Simon: le Livre des
Bois, chap. VIII, 214. — Kourroglou, 137, 139, 497,
522.
Livet (Ch.). — Études sur la Littérature française au
XV11.« siècle, 382. — Rapport sur le Traité des Parti-
cipes passés, 605.
Malherbe, D.-M. — Rapport sur Tadmissiou de M. Bo-
bierre, 252. •*— Sa parlicipation aux travaux de la Section
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— 619 —
de Médecine, 400. — Compte rendu des Travaux de la
Société Académique pendant Tannée 1850^ 544* — Vice*
président, 529*
Mouvement comparé de la Population des Villes et des
Campagnes en France, par M. Benoul, 407.
Perfectionnement des armes à percussion , par M* Fon-
tenau, rapport par M. Callaud, 501.
Pihan-DufeUlay. — Président de la Section de Méde-
cine, 16. — Sa participation aux travaux de la Section de
Médecine, 396.
Problèmes d'Agriculture, par M. Neveu-Derotrie , rap-
port par M. Ch. Varsavaux , 503.
Procès-verbaux des séances, 5, 135, 249, 381 , 495,
519.
Questions proposées pour les concours de 1851 et de
1852, 528*
Rapport sur le Concours de 1850 , par M. Talbot, se-
crétaire adjoint , 577.
Rapport sur le Traité des Participes passés de M."'
Élisa Morin, par M. Ch. Livet, 605.
Rapport sur les Travaux de la Section de Médecine,
1.*' semestre de 1850, par M. de Rostaing de Rivas,
D.-M., secrétaire, 394.
Rapport sur le Concours pour les médailles décernées
aux artistes et aux industriels, par M. de Wismes, 106.
Benou. — Son admission , 386.
Renoui. — Mouvement comparé de la Population des
Villes et des Campagnes en France, 407.
RouiUard^ D.-M. — Sa démission, 17.
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— 620 —
Rouxeau , D.-M. — Rapport sur les titres de M. Cham-
penois, 252.
SoIItonpère, D.-M. — Sa participation aux travaux de
la Section de Médecine , 395.
Salubrité (de la) des logements d'ouvriers, par H. Driol-
let, 501.
Séance publique annuelle, 527.
Serre, — Membre correspondant, 495.
Simon (C.-G.). — Proposition relative aux Concours,
17. — Littérature persane. Livre des Rois, chap. VIII,
214. — Kourroglou, 137, 139, 497, 522.
Spiritualisme (du) dans l'Art, par M. E. Talbot, 99.
Souet d'Ermigny. — Notice nécrologique, par M. Gély,
383.
Talbot. — Spiritualisme dans l'Art, 99. — Rapport
sur l'admission de M. Carissan, 138. — Rapport sur les
Travaux de la Section des Lettres, 500. — Rapport sur
la présentation de M. Huret, 523. — Essai historique
sur Jean Bocold , 500. — Secrétaire général , 529. —
Rapport sur le Concours de 1850, 577.
Vandier. — Membre du Comité central, 14. — Créa-
tion d'une Caisse agricole, 170. — Rapport sur la pu-
blicité des séances, 500. — Rapport sur l'admission des
étrangers, 520.
Varsavaux (Charles). — Rapport sur le Livre de M.
Neveu - Derotrie , intitulé : Problêmes d'Agriculture,
503.
Voie romaine de Rennes vers le Mont-Saint-Michel , par
M. Bizeul, 140.
Wisffnes (baron de). — Rapport sur le Concours pour
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— 621 —
les médailles décernées aux artistes et aux iodustriels,
106.
Wolski. — Historique et État actuel de la question
des Fourneaux fumivores , 32. — Foncement des puits ,
595.
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4
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